Célestin V
Modèle:Titre mis en forme Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Prélat catholique
Saint Modèle:Nobr (Pietro Angeleri, également connu sous le nom de Pietro de Morrone), né en 1209 ou au début de 1210 dans le Molise en Italie et mort le Modèle:Date à Fumone, était un moine-ermite italien appartenant à l'ordre des bénédictins. Il en fonda une nouvelle branche, qui prit par la suite le nom de célestins. Élu pape le Modèle:Date à l'âge de Modèle:Unité, il devient le Modèle:192e de l'Église catholique sous le nom de Modèle:Nobr, avant de renoncer à sa charge le Modèle:Date- de la même année. Il fut canonisé le Modèle:Date.
Biographie
Moine bénédictin
Né d'Angelerius et Maria, paysans, Pietro est l'avant-dernier d'une famille de douze enfants<ref name="EAS195">Modèle:Harvsp.</ref>. Il est sans doute élevé à Sant'Angelo Limosano dans l'actuel Molise, dans le sud de l'Italie<ref name="EAS195"/> — la région appartient alors au royaume de Sicile. À l'âge de vingt ans, Pietro prend l'habit bénédictin au couvent voisin de Santa Maria in Fayfolis<ref name="HER319">Modèle:Harvsp.</ref>. Il se fait ermite vers 1231, pour suivre la règle primitive de saint Benoît, et vit dans une grotte du massif de la Majella<ref name="HER319"/>. Il est ordonné prêtre à Rome quelques années plus tard, puis s'installe dans les années 1235-1240 sur le mont Morrone, dans les Apennins. Il y fonde une congrégation d'ermites et une église consacrée d'abord à la Vierge Marie, puis au Saint Esprit<ref name="HER319"/>.
Bien que la congrégation se rattache à la règle bénédictine, elle est profondément influencée par les franciscains<ref name="HER319" />, et en particulier le mouvement des Spirituels, disciples de Joachim de Flore, comme le montrent les nombreuses dédicaces de monastères au Saint-Esprit<ref name="HER320">Modèle:Harvsp.</ref>. La réputation de sainteté de Pietro attire de nombreux pèlerins qui le contraignent à fuir l'endroit pour gagner un lieu plus isolé dans la Majella<ref name="HER319" />. En 1264, l'évêque de Chieti incorpore la congrégation de Pietro dans l'ordre des bénédictins. En 1273, il se rend à pied à Lyon pour la faire confirmer par le pape [[Grégoire X|Modèle:Nobr]], alors occupé aux travaux préparatoires du second concile de Lyon<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Pietro devient abbé de Santa Maria in Fayfolis et, à plusieurs reprises, de Santo Spirito di Maiella : l'abbé général est élu pour trois ans et non à vie, comme c'est le cas chez les cisterciens<ref name="HER319"/>. Il sera également abbé de San Giovanni in Plano<ref name="HER319"/>. Il noue des relations avec [[Charles Ier de Sicile|Modèle:Nobr de Sicile]] et voyage en Toscane et à Rome<ref name="HER319"/>. En 1293, il revient dans la région de sa naissance et se retire dans la grotte à Sant'Onofrio, qui surplombe l'abbaye de Santo Spirito<ref name="HER319"/>.
Élection au trône pontifical
À cette époque, le trône pontifical est vacant depuis le Modèle:Date-, date de la mort de [[Nicolas IV|Modèle:Nobr]] : divisé entre factions, le Sacré Collège ne parvient pas à s'entendre sur le choix d'un successeur. Sur le chemin entre la Sicile et la Provence, [[Charles II d'Anjou|Modèle:Nobr d'Anjou]] fait halte à Rome et pousse les cardinaux à se déterminer, en vain<ref name="HER320"/>. Il s'arrête de nouveau à Sant'Onofrio pour saluer l'ermite qu'avait déjà connu son père et lui demande de rédiger une lettre pour admonester les cardinaux<ref name="HER320"/>.
Le cardinal Latino Malabranca Orsini connaît déjà le nom de Pietro, mais le courrier lui donne l'idée de le proposer comme nouveau pape<ref name="HER320" />. Le Modèle:Date-, Pietro de Morrone est élu pape à l'unanimité<ref name="HER320" />. L'octogénaire apprend la nouvelle par une délégation venue le rencontrer à Sant'Onofrio et accepte la charge<ref name="HER320" />. Il est couronné le Modèle:Date- à Santa Maria di Collemaggio à L'Aquila, qui appartient au royaume de Modèle:Nobr.
S'il a une expérience d'administrateur à la tête de plusieurs abbayes, le nouveau pape n'a reçu qu'une formation théologique sommaire et ne connaît ni le droit canonique, ni le fonctionnement de la Curie romaine<ref name="HER320"/>. Son latin est très médiocre, ce qui explique qu'il n'ait laissé aucun document écrit<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Il est rapidement dépassé par sa charge<ref name="FAV">Modèle:Harvsp.</ref>. Dès son élection, il tombe sous la coupe de Modèle:Nobr, qui l'empêche de gagner Rome et le contraint à s'installer au Castel Nuovo de Naples, c'est-à-dire dans la capitale de son royaume<ref name="HER320"/>.
En ce qui concerne l'administration de l'Église, il rétablit la constitution Ubi periculum de [[Grégoire X|Modèle:Nobr]] qui prescrit l'enfermement du conclave<ref name="HER320" />. Il accorde de nombreux privilèges à sa congrégation et attire à lui les chefs spirituels franciscains Ange Clareno et Pietro Liberato, qui sont appelés « pauvres ermites et frères du pape Célestin »<ref name="HER320" />. Il installe un membre de sa congrégation à l'abbaye Saint-Vincent du Volturne puis à l'abbaye du Mont-Cassin, malgré l'opposition des moines<ref name="HER321">Modèle:Harvsp.</ref>.
Le Modèle:Date-, il crée treize nouveaux cardinaux, soit plus que les trois précédents papes réunis<ref name="FAV" />. Six de ces nouveaux cardinaux sont moines, mais aucun n'est franciscain ni dominicain, ce qui remet en cause la représentation traditionnelle. Au niveau international, il confirme le traité de La Junquera qui met fin à la guerre sicilienne et envoie des ambassadeurs à [[Philippe IV de France|Modèle:Nobr de France]] et [[Édouard Ier d'Angleterre|Modèle:Nobr d'Angleterre]] qui se livrent bataille<ref name="HER321" />.
Renonciation
Modèle:Article détaillé Devant la montée des critiques sur son administration, Modèle:Nobr consulte des canonistes qui lui montrent qu'une démission pontificale est tout à fait licite<ref name="HER321"/>. Le 9 ou le Modèle:Date-, le pape octogénaire annonce à son entourage sa décision ; il invoque l'humilité, son insuffisance physique et intellectuelle face aux exigences de sa charge, et son souhait de se retirer dans son ermitage<ref name="HER321"/>. Il promulgue une constitution apostolique sur la renonciation pontificale dont le texte a disparu, mais qui est connu par un acte dans le même sens pris par son successeur<ref name="HER321"/>.
Le Modèle:Date-, Modèle:Nobr renonce au trône de Pierre devant le collège des cardinaux à Castel Nuovo. Le texte de son discours semble avoir été rédigé par le cardinal Benedetto Caetani, l'un des canonistes qu'il avait consultés<ref name="FAV" />. Le Modèle:Date-, le cardinal Caetani est élu pape sous le nom de [[Boniface VIII|Modèle:Nobr]] et fait placer l'ancien pontife sous surveillance au motif qu'il pourrait être enlevé par ceux qui contestent la licéité de la renonciation<ref name="FAV" />. Célestin V s'enfuit à Sant'Onofrio, puis à San Giovanni in Piano, avant de tenter de partir pour la Grèce. Il est arrêté en chemin et transféré à Anagni, puis au château de Fumone dans le sud du Latium sur l'ordre de Modèle:Nobr. L'ancien pape y meurt de mort naturelle le Modèle:Date-, à l'âge de Modèle:Unité<ref name="HER321" />.
Postérité
Conséquences de la renonciation
Dès la renonciation de Modèle:Nobr, des rumeurs circulent, non dans l'Église mais surtout dans le milieu politique sur la licéité de cet acte et donc sur la légitimité du pape Modèle:Nobr. Elles sont essentiellement le fait de quelques Spirituels, du parti de la puissante famille des Colonna, à Rome, et des partisans du roi de France, Philippe le Bel. Dès 1295-1296, le dominicain Robert d'Uzès identifie Modèle:Nobr au « pape angélique » ou « pasteur angélique » que prévoient certaines visions eschatologiques. Célestin figure également dans les Vaticinia de Summis Pontificibus, un recueil de prophéties, puis dans la prophétie du pseudo-Malachie<ref name="HER322">Modèle:Harvsp.</ref>.
Parallèlement, une controverse académique oppose plusieurs universitaires français sur la question juridique de la démission pontificale. Le premier écrit attesté sur le sujet est une lettre du franciscain Pierre de Jean Olivi écrite le Modèle:Date- en réponse au Spirituel Conrad d'Offida, et défendant la possibilité de la renonciation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. L'année suivante, Pierre d'Auvergne et Godefroid de Fontaines parviennent à la même conclusion. Dans la consultation qu'ils lancent à l'Université de Paris, seuls quelques bacheliers concluent le contraire<ref name="LEC189">Modèle:Harvsp.</ref>. En mai et Modèle:Date-, les Colonna publient trois manifestes en douze points destinés à prouver que l'élection de Modèle:Nobr est illégitime<ref name="LEC189"/>. Le cardinal Nicolas de Nonancour, chancelier de l'Université de Paris, répond en citant la constitution promulguée par Modèle:Nobr lui-même<ref name="LEC189"/>. Gilles de Rome écrit également un De renonciatione papae contre les arguments des Colonna<ref name="LEC189"/>. Les adversaires de Modèle:Nobr changent alors leur fusil d'épaule.
Canonisation
En 1305-1306, Philippe le Bel demande au pape [[Clément V|Modèle:Nobr]] l'ouverture d'une enquête sur la vie et les miracles de Célestin. Modèle:Nobr, qui a refusé au roi l'ouverture d'un procès contre Modèle:Nobr, finit par accepter. L'enquête débute en 1306, mais n'aboutit qu'en 1313. Le Modèle:Date-, Modèle:Nobr est déclaré saint, mais non reconnu comme martyr, comme le demandait Philippe le Bel. En 1517, la dépouille mortelle de Modèle:Nobr est transférée dans l'église abbatiale du monastère qu'il avait fait construire à L'Aquila et où il avait été intronisé pape en Modèle:Date-.
Dévotion et reliques
Tous les ans, le « Grand pardon » (la Perdonanza celestiana) y est célébré à la fin du mois d'août en souvenir du premier jubilé et pardon accordé à l'occasion de son intronisation. La fête est encore très populaire et la dévotion à Modèle:Nobr très vivace. Son culte ne s'est toutefois pas imposé partout : fixée au Modèle:Date- dans le calendrier de l'Église universelle en 1669, elle en est retirée lors de la réforme de 1969<ref name="HER322"/>.
Les papes récents, aussi bien [[Paul VI|Modèle:Nobr]] que [[Jean-Paul II|Modèle:Nobr]] et [[Benoît XVI|Modèle:Nobr]] ont visité la basilique du Collemaggio, se recueillant au pied du mausolée de saint Modèle:Nobr. Le Modèle:Date, lors de sa visite à la basilique fortement endommagée par le récent tremblement de terre, le pape Modèle:Nobr dépose sur le mausolée le pallium qu'il portait le jour de son intronisation<ref>Modèle:Article</ref>. Quatre ans plus tard, le Modèle:Date-, Modèle:Nobr annonce, à la stupéfaction mondiale, qu'il renoncera au trône pontifical, le Modèle:Date- suivant, à Modèle:Unité, devenant ainsi, après notamment Modèle:Nobr et Grégoire XII (ce dernier l'ayant uniquement fait par abnégation afin de mettre un terme au Grand Schisme), le dixième pape à abandonner volontairement le ministère papal.
Postérité dans la littérature
Au Modèle:60e du troisième chant de l'Enfer de sa Comédie, Dante place parmi les âmes damnées « l'ombre de celui qui, par lâcheté, a fait le grand refus (che fece per viltade il gran rifiuto) » : c'est le pape dont le peuple chrétien attendait beaucoup, et qui, par son « grand refus » du pouvoir, a compromis l'urgente réforme de l'Église que l'on attendait de lui et surtout a permis l'élection de Modèle:Nobr que hait le poète<ref name="FAV"/>. Bien que son nom ne soit pas mentionné, beaucoup de commentateurs estiment que Dante vise Modèle:Nobr — peut-être même a-t-il lui-même enlevé le nom du pape après sa béatification<ref name="MOR">A. Mandelbaum, A. Oldcorn, C. Ross (éd.), Lectura Dantis: Inferno: A Canto-by-Canto Commentary, University of California Press, 1999, Modèle:P.. 44.</ref>. Dante est à son tour critiqué pour ce choix par Pétrarque, dont le De vita solitaria fait de Modèle:Nobr un modèle et de sa renonciation un acte courageux<ref name="MOR"/>.
En 1957, Reinhold Schneider reprit le thème dans une pièce de théâtre, Der große Verzicht (Le grand refus). A travers la renonciation de Célestin V, saint homme incapable de réformer une institution corrompue, s'exprime aussi le pessimisme de l'auteur quant au possible salut de l'Europe après le drame de la guerre : même le témoignage des saints ne suffira peut-être pas.
En 1968, Ignazio Silone reprit à son tour le thème dans sa pièce de théâtre, l'Aventure d'un pauvre chrétien, mettant en scène l'opposition et la confrontation entre Modèle:Nobr qui, après son abdication, désire reprendre sa vie de « pauvre moine chrétien », et [[Boniface VIII|Modèle:Nobr]], son successeur, qui craint son influence et le parti de ceux qui estiment illégale l'abdication du vieux pape.
Saint Patron
Sous le nom de saint Pierre Célestin, Célestin V est patron des relieurs.
Notes et références
Annexes
Bibliographie
- Modèle:Article.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Arsenio Frugoni, Celestiniana, Rome, Istituto storico Italiano per il Medio Evo, 1954.
- Giovanni Papini, Lettres aux hommes du pape Célestin VI. Traduit de l'italien par Juliette Bertrand. Préface de Marcel Brion. Paris, Éditions du Pavois (Bibliothèque Internationale), 1948.
- Modèle:Chapitre
- Modèle:Article.
- Peter Herde, Modèle:Nobr (1294) (Peter von Morrone), der Angel papst, Päpste und Papsttum, Modèle:Vol., Stuttgart, Anton Hiersemann Verlag, 1981.
Articles connexes
Liens externes
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Nobr dans Catholic encyclopedia