Pétrarque

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}

Modèle:Infobox ÉcrivainFrancesco Petrarca<ref>« Il s'appelait Francesco Petracca qu'il transforma en un Petrarca plus harmonieux ». Bernard Guillemain, Les Papes d'Avignon (1309-1376), Éd. du Cerf, Paris, 2000, in Les papes et la culture, Modèle:P..</ref>, en français Pétrarque (Arezzo, Modèle:Date - Arquà<ref group="N">Qui sera nommé ensuite en son honneur Arquà Petrarca</ref>, Modèle:Date), est un érudit, poète et humaniste florentin. Avec Dante Alighieri et Boccace, il compte parmi les premiers grands auteurs de la littérature italienne, et en demeure l’un des plus éminents.

Plus que Dante avec Béatrice, Pétrarque est passé à la postérité pour la perfection de sa poésie qui met en vers son amour pour Laure de Sade. Pour beaucoup, l'ensemble de sa gloire, l'essentiel de sa renommée, la portée de son influence, tant stylistique que linguistique, tiennent uniquement à un volume, son immortel Canzoniere dans lequel il rénova la manière des écrivains du « dolce stil novo »<ref name="Dictionnaire">Mario Fubini, Dictionnaire des personnages littéraires et dramatiques de tous les temps et de tous les pays, Éd. S.E.D.E. & V. Bompiani, Paris, 1960.</ref>.

C'est dans cette œuvre majeure qu'il « se présente comme une sorte de Janus regardant à la fois vers le passé et l'avenir, l'antiquité et la chrétienté, la frivolité et le recueillement, le lyrisme et l'érudition, l'intérieur et l'extérieur »<ref>Vittore Branca, Modèle:Opcit.</ref>.

Il est également l'homme qui, durant ses nombreux voyages, a retrouvé les Correspondances de Cicéron jusqu'alors perdues. Ces dernières sont à l'origine de la volonté de Pétrarque de publier ses propres lettres.

Biographie

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Fils du notaire ser Pietro (Modèle:Lien) di Ser Parenzo<ref group="N">En 1302, Ser Petrarco, en tant que guelfe blanc ayant soutenu l'intervention en Italie de Charles de Valois, frère de Philippe le Bel, prétendant à la couronne impériale, eut tous ses biens confisqués par la partie adverse au pouvoir et fit l'objet d'un bannissement politique.</ref>, il passa son enfance dans le village de Incisa in Val d'Arno, proche de Florence car son père avait été banni de la cité florentine par les Guelfes noirs en 1302<ref group="N">Les guelfes noirs prirent le pouvoir à Florence le Modèle:Date-.</ref> en raison de ses liens politiques avec Dante<ref group="N">C'est la version popularisée par Pétrarque lui-même. En réalité, Vittore Branca indique que sa famille fut bannie en raison des démêlés personnels de son père avec Albizzo Francezi, l'un des chefs de la faction noire.</ref>. Le notaire et sa famille rejoignirent ensuite Pise puis Marseille et le Comtat Venaissin.

Études à Carpentras

Fichier:Arezzo-Casa di Francesco Petrarca.JPG
La maison natale de Pétrarque à Arezzo

Les exilés arrivèrent à Avignon<ref group="N">Ser Petrarco savait qu'à Avignon, il pouvait compter sur la protection du cardinal Niccolo da Prato, ami des Blancs.</ref> en 1312 puis François s’installa à Carpentras où « il fit ses humanités sous l'autorité de l’excellent maître toscan Convenole de la Prata »<ref>Cf. Henri Dubled, Modèle:Opcit. Il y étudia de 1313 à 1317. Son maître Convenole ou Convenevole de Prato (1270-1338) fut surnommé par Pétrarque le pauvre petit homme (homunculum). Il retourna à Prato en 1336, à la demande de ses concitoyens qui avaient créé pour lui une chaire de lecture de Cicéron.</ref>. La tradition veut que celui-ci ait reçu de son élève un livre de Cicéron contenant, entre autres, le De Gloria aujourd’hui perdu. Toujours gêné pécuniairement, le maître avait engagé ce livre et, malgré les offres de Pétrarque pour le lui racheter, il refusa toujours par fierté. À sa mort, le poète gémit d’avoir « perdu à la fois son livre et son maître ». Ce fut pourtant de lui que le jeune homme acquit le goût des belles lettres. Dans une lettre à son ami d’enfance, Guido Settimo<ref group="N">Certains auteurs élident son nom en Guido Sette.</ref>, archevêque de Gênes, qui étudia avec lui chez le maître toscan, il rappelle : Modèle:Citation bloc Pour payer ses études, son père donnait chaque année au recteur du collège quatorze éminées de blé, et le futur poète devait apporter son vase à vin et son gobelet pour boire au cours des repas.

À Carpentras, le jeune Pétrarque vécut un moment important. Il assista, le Modèle:Date, à l’arrivée du Sacré Collège venu élire un nouveau pape<ref>Lucien Charvin, Modèle:Opcit.</ref>. Les vingt-trois cardinaux Modèle:Incise entrèrent en conclave puis durent se disperser face à l’attaque armée des Gascons de la famille de Modèle:Souverain2, le pape défunt.

Universités

Fichier:Droit Montpellier cloitre.jpg
Cloître de la faculté de droit de Montpellier

François, qui avait terminé ses études, quitta Carpentras pour suivre des cours de droit à l'Université. C'est lui-même qui nous indique son cursus :

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Il arriva à Montpellier au cours de l'automne 1316 et y apprécia son séjour estudiantin si l'on en croit cette confidence épistolaire :

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En 1318 ou en 1319, Pétrarque perdit - en tant qu'adolescent - sa propre mère, Eletta, qui était alors âgée de Modèle:Nobr. Modèle:Citation

Pourtant, ce fut dans cette cité universitaire qu'à peine un ou deux ans plus tard, se déroula un autre drame. En 1320, son père brûla ses livres. Lui et son cadet Gérard<ref>Gherardo Petrarca était né en 1306.</ref> partirent alors continuer leurs études à Bologne, le plus grand centre européen d'études juridiques.

Ils étaient accompagnés de Guido Settimo, rencontrèrent les trois fils de l'influente et puissante famille Colonna, Agapito, Giordano et Giacomo et se lièrent avec ce dernier. Ce fut là, dès l'automne 1320, que le jeune homme prit conscience de la naissance d'une nouvelle forme de poésie écrite, non plus en latin, mais en langue vulgaire, le plus souvent le toscan.

La famille Colonna a une importance considérable pour Pétrarque ; il entre en 1325 au service de celle-ci à travers Giacomo et son père, Stefano le Vieux, et jusqu'en 1347. Il voue à la figure parentale de Stefano une affection et une admiration considérable, ayant trouvé en devenant orphelin des deux parents - le père de Pétrarque mourut en Modèle:Date - un père modèle qui lui permettra de faire face aux aléas de la vie. Dans les Correspondances, il témoigne de reconnaissance pour ce lien néo-parental<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Les deux frères ne revinrent à Avignon qu’à la mort de leur père, abandonnant leurs études de droit. François, âgé de Modèle:Nobr, attiré par la Cour pontificale, s’y installa en Modèle:Date. L'héritage paternel, bien écorné, permit aux deux frères de mener pendant quelques mois une vie insouciante et mondaine.

Séjour et imprécations contre Avignon

Fichier:Ritratto di francesco petrarca, altichiero, 1376 circa, padova.jpg
Pétrarque et ses amis

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François, flanqué de son ami Giacomo Colonna, s'est effectivement fait remarquer par son élégance, sa prestance et son éloquence avant de se faire admirer par ses talents poétiques. En effet, le jeune homme, qui avait définitivement abandonné le droit, s'adonna dès lors à une activité littéraire.

« Le talent qu'il va démontrer dans ces exercices poétiques et le raffinement de sa personne<ref group="N">Pétrarque lança à Avignon la mode des vêtements noirs, couleur qui fit florès chez les hommes durant une grande partie du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.</ref> lui permettent d'acquérir rapidement, dans cette société courtoise, une réputation prometteuse »<ref name="aa">Alain Artus, Modèle:Opcit.</ref>.

Mais, pour continuer à satisfaire autant leurs besoins que leurs ambitions, les deux frères durent s'assurer des revenus réguliers. C'est sans nul doute ce qui les amena à recevoir les ordres mineurs<ref group="N">Les spirituels occitans et les fraticelles italiens, partisans de la pauvreté de l’Église et de la thèse catharisante du mariage sacrement mineur, avaient comme maîtres à penser Pierre de Jean Olivi, en Languedoc, et Ubertin de Casale, en Toscane. Le premier avait publié, en 1276 à Narbonne, un traité contre le mariage (un bordel privé) intitulé De Perfectione Evangelica, le second, auteur de Arbor Vitæ Crucifixæ, avait réussi à ce que les thèses du frère Olivi ne fussent pas condamnées par le concile de Vienne. Elles étaient popularisées en Languedoc par Bernard Délicieux et Mathieu de Bouzigues ; en Provence, par Jean Joli et Philippe Alquier de Riez. Tous prêchaient que l’Église était en train de pourrir, gangrenée par les vices et l’argent, en clamant Modèle:Citation Des thèmes dont sut se souvenir Pétrarque.</ref>, seule possibilité de percevoir des revenus ecclésiastiques.

En 1330, Francesco rejoignit son ami Giacomo, évêque de Lombez où il retrouva son frère Gherardo, devenu chanoine, ainsi que deux autres de ses amis, Lello et Luigi di Campina<ref group="N">Pétrarque, dans ses Lettres, nomme les deux frères Laelius et Socrate.</ref>. Son séjour estival dans la cité a été idyllique : Modèle:Citation bloc De retour dans la cité papale, il entra au service du cardinal Giovanni Colonna<ref group="N">Pétrarque note dans son Épître à la Postérité : « J'ai été recherché principalement par la noble et célèbre famille des Colonna qui fréquentait alors la Curie romaine, ou pour mieux dire l'illustrait ».</ref>. Mais il ne se plaisait point à Avignon, la cité des papes lui semblant être une nouvelle Babylone. Il déversait sur elle les pires calomnies et médisances<ref group="N">En 1335 et 1336, Pétrarque avait adressé deux suppliques à Modèle:Souverain- pour l'exhorter à venir à Rome. Face à l'hostilité de Bologne, cité pontificale, il avait refusé. Dès lors, il fut traité d'ivrogne invétéré par le jeune homme.</ref>. La cité papale avait droit à ce type d'invective : « Ô Avignon, est-ce ainsi que tu vénères Rome, ta souveraine ? Malheur à toi si cette infortunée commence à se réveiller ! »

Pour lui, Avignon était « l’enfer des vivants, l’égout de la terre, la plus puante des villes », « la patrie des larves et des lémures », « la ville la plus ennuyeuse du monde »<ref name="épitre-postérité" /> ou bien « le triste foyer de tous les vices, de toutes les calamités et de toutes les misères ». Il ajouta même que « La Cour d’Avignon [était] un gouffre dévorant que rien ne peut combler ». Enfin, il eut cette formule qui fit florès « Avignon, sentine<ref group="N">Endroit, à fond de cale, où se rassemblent les eaux usées (→ égout, cloaque).</ref> de tous les vices »<ref group="N">Cette formule lapidaire a été pourtant formulée différemment par Pétrarque : « Avignon, ce n'est plus une ville, c'est la sentine de tous les crimes et de toutes les infamies »</ref>.

Attaques contre les cardinaux français d'Avignon

Fichier:Le Boucq - Petrarch (1304-1374).jpg
Pétrarque (sanguine de Jacques Le Boucq).

Mais plus que sa haine d'Avignon, c'est celle contre les cardinaux du Sacré et Antique Collège qui éclate dans ses lettres. Les affublant du nom de boucs, il leur réservait ses traits les plus acérés<ref group="N">Il est bon de souligner que, hormis Hélie de Talleyrand-Périgord et Philippe de Cabassolle, la haine du poète se concentra uniquement sur les cardinaux français. Ceux originaires d'Italie furent, par contre, parés de toutes les qualités.</ref>.

Il cloua au pilori un de ceux-ci qui « [pesait] de tout son poids sur les malheureuses chèvres et ne [dédaignait] aucun accouplement », dénonça son alter ego qui « [troublait] tous les enclos et ne [laissait] aucune chèvre dormir tranquillement pendant la nuit somnifère », fustigea un autre qui « n'[épargnait] pas les tendres chevreaux ».

Dans son « Invective contre le cardinal Jean de Caraman »<ref group="N">Jean de Caraman d’Euse (1350-1361), petit-neveu de Modèle:Souverain-, était notaire apostolique et cardinal-diacre de Saint-Georges au Voile d’Or. Pétrarque le cloua au pilori dans ce texte qu'il rédigea en 1355.</ref>, il s'attaquait en particulier à « un petit vieillard capable de féconder tous les animaux. Il avait la lascivité d'un bouc ou s'il y a quelque chose de plus lascif et de plus puant qu'un bouc ». Pour que ses contemporains l'identifient avec précision, Pétrarque indiqua « qu'il avait dépassé sa soixante-dixième année, qu'il ne lui restait plus que sept dents, qu'il avait la tête blanche et chauve et qu'il était si bègue qu'on ne pouvait le comprendre ».

Puis il narra à son sujet un épisode tragicomique. Le barbon dut, alors qu'il était dans le plus simple appareil, coiffer son chapeau de cardinal pour convaincre une jeune prostituée effarouchée qu'il était membre du Sacré Collège.

Et le poète de conclure :

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Rencontre avec Laure

Fichier:Musée Pétrarque 6.JPG
Buste de Laure de Noves (Musée Pétrarque de Fontaine-de-Vaucluse (84))
Fichier:Restes de la chapelle du couvent Sainte-Claire, rue du roi René Avignon by JM Rosier.jpg
Vestige d'une des chapelles de l'église du couvent Sainte-Claire d'Avignon
Fichier:Plaque dépossée sur la façade du Couvent Sainte-Claire Avignon by JM Rosier.JPG
Plaque commémorative apposée par l'Académie de Vaucluse sur la façade du couvent Sainte-Claire

Pourtant, en 1327, en dépit de la mort de sa mère Eletta Cangiani<ref group="N">Pétrarque composa alors une élégie en vers latins qui est sa première composition poétique.</ref>, la cité pontificale d’Avignon lui sembla parée de tous les charmes un certain Modèle:Date. Ce jour-là, pour la première fois, le poète rencontra Laure<ref group="N">Le Modèle:Date-, Laure de Noves avait épousé Hugues de Sade. Elle resta toujours fidèle à son mari et lui fit même onze enfants.</ref>. Sur son manuscrit de Virgile, il nota :

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Laure de Sade, épouse du marquis Hugo de Sade, venait d'avoir dix-sept ans et Pétrarque eut un coup de foudre. Un événement banal qui allait pourtant, par la grâce du génie d’un poète, entrer dans l’histoire de la littérature mondiale. Il allait, en effet, la chanter et la célébrer comme jamais aucun poète ne l’avait fait depuis le temps des troubadours.

Fidèle aux règles de l'Amour Courtois, le poète a peu donné de renseignements sur Laure. Il précisa seulement que « sa démarche n'avait rien de mortel », que « sa bien-aimée avait la forme d'un ange » et que « ses paroles avaient un autre son que la voix humaine »<ref group="N">Cette description de Laure se trouve dans le Canzoniere au sonnet XC.</ref>.

Il en conclut : « Moi qui avais au cœur l'étincelle amoureuse, quoi d'étonnant si je m'enflammais tout à coup. »

Depuis quelques années, une nouvelle campagne « négationniste » a été développée par certains pétrarquistes. Pour eux, il faut que Laure n'ait point existé charnellement et qu'elle soit réduite, si l'on en croit leurs analyses, à un simple mythe poétique. Le plus acharné est Nicholas Mann qui nie en bloc et l'existence même de Laure et la véracité, nous le verrons plus loin, de l'ascension du Ventoux par le poète<ref group="N">Nicholas Mann a formulé ses thèses dans deux ouvrages édités en 1994. Le premier, intitulé Pétrarque et les métamorphoses de Daphné, parut dans le Bulletin de l'Association Guillaume Budé, le second, intitulé Pétrarque et traduit de l'anglais par Edith Mac Morran-Babel, a été coédité par Actes-Sud et l'Aire. Il est revenu à la charge avec son Pétrarque : les voyages de l'esprit, Grenoble, 2004.</ref>. Une dernière et récente hypothèse suggère que le personnage de Laure ait été celui d'une chanteuse rencontrée en Vénétie vers le milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>Anna Chiappinelli, La Dolce Musica Nova di Francesco Landini, Sidereus Nuncius, 2007 Modèle:ISBN</ref>.

Ces hypothèses d'école sont battues en brèche par une lettre du poète à Giacomo Colonna, parue dans ses Epistolæ metricæ, I, 6, et qui a été écrite à Vaucluse, vers l'été ou l'automne 1338 Modèle:Citation<ref>Colette Lazam, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>.

Portraits de Pétrarque et de Laure

On sait que Simone Martini arriva à Avignon, en 1336, pour décorer le palais des papes. Giacomo Stefaneschi, le cardinal de Saint-Georges, en profita pour lui passer commande des fresques du porche de Notre-Dame des Doms.

C'est cette année-là que Pétrarque rencontra le maître qui, à sa demande, réalisa pour lui deux médaillons à son effigie et à celle de Laure<ref group="N">C. F. Trachsel a démontré que le grand Simone Martini, lors de son séjour avignonnais, réalisa à la demande du poète deux gravures représentant l’une Laure et l’autre Pétrarque.</ref>.

Un an plus tard, le poète accompagna le dauphin Modèle:Souverain2 lors de son pèlerinage à la Sainte-Baume<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. En cette année 1337, à Avignon, naquit Giovanni, son fils naturel; l'événement suscita un scandale. Dans la chapelle napolitaine de Sancta Maria dell’Incoronata de Naples, lieu de culte voulu par la souveraine et édifié entre 1360 et 1373, les fresques des voûtes représentent les sept Sacrements et le Triomphe de l’Église<ref group="N">Elles ont été réalisées par Roberto d'Oderisio, l’un des élèves du siennois Ambrogio Lorenzetti.</ref>. Dans le Mariage, les spécialistes ont pu identifier les portraits de Robert d’Anjou et de la reine Jeanne, et on suppose que dans le Baptême on a représenté Pétrarque et Laure<ref group="N">"Dans la scène du Mariage on peut supposer de voir le portrait de Giovanna, tandis que dans le Baptême, on veut voir les portraits de Pétrarque et de Laure, mais évidemment c'est ridicule (In the Marriage we may think to see the portrait of Giovanna, while in the Baptism, it is said, we see portraits of Petrarch and Laura, but this is obviously ridiculous)" Edward Hutton, Naples and southern Italy" Methuen, Londres (1915)</ref>.

Son portrait de profil est paru sur un timbre-poste émis par la principauté de Monaco en 2009, dessiné par Cyril de La Patellière (un des projets visibles au "musée-bibliothèque François Pétrarque" à Fontaine de Vaucluse).

Périples du poète et l’ascension du mont Ventoux

Il est sûr que la rencontre du poète et de sa muse ne le fixa pas sur place. De 1330 à 1333, il voyagea. Après sa visite à Lombez, il entreprit un périple qui, par Paris, Liège et Aix-la-Chapelle, lui fit traverser la France, la Flandre et la Rhénanie. Il retourna enfin vers Avignon par les Ardennes et Lyon.

Fichier:Petrarch Mont Ventoux Climbing map-fr.svg
L'itinéraire possible de l'ascension du Ventoux par Pétrarque
(d'après un croquis dressé par Pierre de Champeville)

Son cadet le rejoignit dans le Comtat Venaissin en 1336. Là, le Modèle:Date<ref group="N">L'ascension du mont Ventoux par les frères Pétrarque est datée du 6 des calendes de Modèle:Date-. Cette date correspond au Modèle:Date- du calendrier julien et au Modèle:Date- de notre actuel calendrier grégorien. Cf. Georges Brun, Le Mont Ventoux, recueil de textes anciens et modernes, Le Nombre d'Or, Carpentras, 1977.</ref>, François et Gérard firent l’ascension du mont Ventoux. Le poète décrivit sa randonnée de Malaucène jusqu’au sommet à François Denis de Borgo San Sepolcro. Cette expédition de Pétrarque tranche avec les autres auteurs médiévaux, qui se désintéressent des milieux montagneux<ref>Modèle:Article</ref>. Certains auteurs ont mis en doute la date de cette montée. Pour étayer leur thèse, les adversaires de la réalité de la montée du Ventoux, en 1336, ont été obligés de déplacer la date de l'ascension après 1350, période où effectivement, pendant un demi-siècle, les accidents climatiques se succédèrent. Cet artifice leur permet d'expliquer que, dans de telles conditions, ce périple était impossible à réaliser au printemps 1353<ref>Histoire de Lettre</ref> et parle donc d’une recherche uniquement mystique<ref group="N">Il est vrai que le poète avait apporté les Confessions de saint Augustin et qu'il lut, arrivé au sommet, ce passage : « Les hommes s'en vont admirer les cimes des montagnes, les vagues énormes de la mer, le cours large des fleuves, les côtes de l'océan, les révolutions des astres et ils se détournent d'eux-mêmes » (L. X, Modèle:Chap.).</ref>.

Personne aujourd'hui ne nie que la lettre relatant la montée du Ventoux n'est pas la relation primitive que Pétrarque fit à son confesseur. Si elle a été réécrite par le poète pour mieux passer à la postérité<ref group="N">C'est la quatrième lettre du premier livre des Familières.</ref>, cela ne peut servir d'argument pour expliquer que cette ascension n'eut pas lieu.

C'est bien pourtant la voie dans laquelle s'est lancé Nicholas Mann, un professeur d'histoire de la tradition antique au Warburg Institute de l'Université de Londres. Indiquant que « la lettre ne prit sa forme définitive qu'en 1353 », il glose :

« Dix-sept ans plus tard, l'excursion d'une journée était devenue un programme pour la vie. Même, si au bout du compte, Pétrarque n'escalada jamais le mont Ventoux, la chaleur du récit qu'il en tira est autant littéraire que morale : la difficulté d'adopter le chemin le plus escarpé qui mène au bien ».

Des arguments bien différents en faveur de la réalité de cette montée ont été apportés dès 1937, année où Pierre Julian a fait paraître une traduction du texte latin de François Pétrarque sur L'ascension du Mont Ventoux suivie d'un essai de reconstitution de l'itinéraire du poète par Pierre de Champeville<ref>Pierre Julian, L'ascension du Mont Ventoux traduction du texte latin de François Pétrarque, suivi d'un essai de reconstitution de l'itinéraire du poète par Pierre de Champeville, Éd. du Mont Ventoux, Carpentras, 1937.</ref>. En dépit du peu d'indications géographiques données, il en existe une essentielle. Le poète signale s'être reposé au pied de la Filiole.

Cette dénomination désigne toujours un ensemble toponymique qui comprend un piton dominant la combe la plus haute et la plus importante du Ventoux qui part du Col des Tempêtes et descend jusqu'au Jas de la Couinche. Cette combe est aujourd'hui dite Combe Fiole. Sa désignation a été, à l'évidence, faite par le berger qui guidait les deux frères<ref group="N">Pétrarque, en bon latiniste, ne comprend pas ce mot provençal - depuis passé en français - qui désigne un système d'irrigation. Le poète pense qu'il s'agit du diminutif de filia (fille). D'autres traductions indiquent : « Le pic le plus élevé est nommé par les paysans le Fieux ». Ce qui ne veut rien dire en provençal Mon ascension sur le Mont Ventoux.</ref>. Elle est largement suffisante, à moins de traiter le poète de menteur, pour prouver qu'il a atteint dans son ascension au moins ce point précis situé à quelques centaines de mètres du sommet.

Dans son essai de reconstitution de l'itinéraire des frères Pétrarque, l'alpiniste Pierre de Champeville suppose qu'après Les Ramayettes, à la différence de la route qui emprunte à partir de là le flanc nord, ils ont parcouru la face méridionale moins boisée et plus accessible de l'ubac<ref group="N">Cette première relation d'une ascension donne une date de naissance à l'alpinisme, Pétrarque serait alors Petrarca alpinista, le père de l'alpinisme</ref>.

Le projet humaniste

Mais Avignon, objet de tant d'amour et de haine, permit surtout à Pétrarque de mener à bien un grand dessein qui occupa toute sa vie, « retrouver le très riche enseignement des auteurs classiques dans toutes les disciplines et, à partir de cette somme de connaissances le plus souvent dispersées et oubliées, de relancer et de poursuivre la recherche que ces auteurs avaient engagée »<ref name="aa"/>.

Il a eu non seulement la volonté mais aussi l'opportunité et les moyens de mettre en œuvre cette révolution culturelle.

Fichier:The Young Cicero Reading.jpg
Symbole de l'humanisme retrouvé, Le jeune Cicéron lisant, fresque de Vincenzo Foppa de Brescia, datée vers 1464

Sa notoriété de poète et d'homme de lettres désormais reconnue, ses contacts avec la Curie qui lui ouvre ses portes, le soutien efficace de la famille Colonna, lui permirent de rencontrer tous les érudits, lettrés et savants qui se rendaient dans la cité papale. À titre d'exemple, sous le pontificat de Modèle:Souverain2, Pétrarque apprit les rudiments<ref>Histoire de la renaissance des lettres en Europe au quinzième siècle, Volume 1, par Jean-Pierre Charpentier, page 162</ref> de la langue grecque grâce à un grec calabrais, le basilien Barlaam, évêque de Saint-Sauveur, venu à Avignon avec le Vénitien Étienne Pandolo en tant qu'ambassadeurs du basileus Modèle:Souverain3 afin de tenter de mettre un terme au schisme entre les Églises orthodoxe et catholique. La condition était que les armées «franques » vinssent soutenir l’empire byzantin contre la poussée turque, les arguties réciproques firent capoter cette ambassade. L’évêque Barlaam, de retour à Constantinople, en butte aux persécutions quiétistes, préféra revenir en Avignon où il se lia d’amitié avec Pétrarque<ref>E. G. Léonard, Modèle:Opcit. Le roi-comte Robert d’Anjou le subventionna pour ses travaux de littérature et de traduction.</ref>.

Il créa, au cours de ces rencontres, un réseau culturel qui couvrait l'Europe et se prolongeait même en Orient. Pétrarque demanda à ses relations et amis qui partageaient le même idéal humaniste que lui de l'aider à retrouver dans leur pays, leur provinces, les textes latins des anciens que pouvaient posséder les bibliothèques des abbayes, des particuliers ou des villes.

Ses voyages lui permirent de retrouver quelques textes majeurs tombés dans l'oubli. C'est à Liège qu'il découvrit le Pro Archia de Cicéron et à Vérone, Ad Atticum, Ad Quintum et Ad Brutum du même<ref group="N">Pétrarque recopia sur place ces lettres à Atticus, Quintus et Brutus. Son manuscrit est conservé aujourd'hui à la Bibliothèque Laurentienne de Florence.</ref>. Un séjour à Paris lui permit de retrouver les poèmes élégiaques de Properce. En 1350, la révélation de Quintilien marqua, aux dires du poète, son renoncement définitif aux plaisirs des sens.

Dans un souci constant de restituer le texte le plus authentique, il soumit ces manuscrits à un minutieux travail philologique et leur apporta des corrections par rapprochements avec d'autres manuscrits.

C'est ainsi qu'il recomposa la première et la quatrième décade de l'Histoire Romaine de Tite-Live à partir de fragments et qu'il restaura certains textes de Virgile.

Ces manuscrits, qu'il accumula dans sa propre bibliothèque, en sortirent par la suite sous forme de copies et devinrent ainsi accessibles au plus grand nombre<ref group="N">Alain Artus indique que, pour faciliter la lecture, les premiers humanistes remplacèrent l'écriture gothique par la cursive humaniste.</ref>. Un de ses biographes, Pier Giorgio Ricci, a expliqué à propos de la quête humaniste de Pétrarque : Modèle:Citation bloc

Abordant la question d'une possible dichotomie entre humanisme et christianisme, il affirme : Modèle:Citation bloc

L'admiration de Pétrarque envers les auteurs classiques n'est pas simplement la marque de son humanisme mais révèle une prise de conscience nationale, un nationalisme romain qui, à l'instar de Dante, juge les autres cultures barbares toujours imprégnées de scolastique, ce qui entraîne en retour un réveil du nationalisme français<ref>Étienne Gilson, La Philosophie au Moyen Âge, vol.II : de saint Thomas d’Aquin à Guillaume d’Occam, Payot, 1922, Modèle:P.</ref>.

Les séjours du poète à la fontaine de Vaucluse

Fichier:Access Fontaine de Vaucluse by JM Rosier.jpg
Le site de la Fontaine de Vaucluse

Pétrarque, parce qu’il n’aimait point Avignon ou parce que Laure ne l’aimait pas, se réfugia sur les berges de la Sorgue à la fontaine de Vaucluse à partir de 1338. Décidé de mettre un terme à ses obligations mondaines et à mener une vie consacrée à la solitude, la poésie et la réflexion, il y fit installer sa bibliothèque<ref>Karl Heinz Stierle, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>. C'est ce qu'il explique dans son Épître à la Postérité : Modèle:Refsou

Il va y séjourner épisodiquement mais régulièrement jusqu'en 1353 faisant de ce lieu le Modèle:Citation<ref name="KHS8">Karl Heinz Stierle, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>. Philippe de Cabassolle, l’évêque de Cavaillon, qui y possédait son château épiscopal, devint dès lors son ami le plus cher. Ses amours ne l’empêchèrent point d’avoir le sens de la formule puisqu’il déplora ce « bien petit évêché pour un si grand homme »<ref group="N">Le poète dédia à Philippe de Cabassolle son De Vita Solitaria.</ref>.

Il resta en tout quinze années à Vaucluse. Le poète dit lui-même : Modèle:Citation. Dans l'une de ses lettres à l'évêque de Cavaillon, Pétrarque explique les raisons de son amour pour la Vallis Clausa : Modèle:Citation

Dans ses Familiarum rerum, il nota : Modèle:Citation

Fichier:FR-84-Fontaine-de-Vaucluse04.JPG
La Sorgue, reine de toutes les fontaines

Au cours d’un premier séjour de deux ans, il rédigea De Viris Illustribus et le monumental poème latin Africa dont les neuf livres inachevés ont pour héros Scipion l’Africain. Son second séjour, d'un an, eut lieu en 1342, après la naissance de Tullia Francesca, sa fille naturelle. Jules Courtet, le premier historiographe du Vaucluse, se permit de commenter « Cette faiblesse embarrasse quelque peu certains biographes (...) mais Pétrarque n’aima que Laure. C’est possible, sauf la distraction »<ref>Jules Courtet, Dictionnaire géographique, géologique, historique, archéologique et biographique du département du Vaucluse, Avignon, 1876.</ref>.

En 1346, il retourna à nouveau à Vaucluse. Il y écrivit De Vita Solitaria et Psalmi Penitentiales où il implorait la rédemption. Un an plus tard, il se rendit à Montrieux rencontrer son frère Gherardo<ref group="N">En 1342, Gherardo Petrarca, devenu veuf, entra à la chartreuse de Montrieux où il devint clerc rendu donc non astreint à la clôture. Son frère lui rendit visite par deux fois en 1347 et en 1353.</ref>. De retour de la Chartreuse, il composa De otio religioso (ou De Otio Religiosorum) : « Du Repos religieux » ou De la Paix et de la liberté des esprits contemplatifs et religieux.

L’année 1351 marqua le commencement des trois séjours consécutifs du poète à Vaucluse. Au cours de ces trois années, où il fustigeait les mœurs de la Cour pontificale d’Avignon, il composa ses traités Secretum meum et De otio religioso.

La somme de travail qu'il accumula est impressionnante, car c'est dans le Vaucluse que prirent corps toutes ses œuvres poétiques et littéraires<ref>Karl Heinz Steierle, Modèle:Opcit, Modèle:P.</ref>, le poète le reconnaît lui-même : Modèle:Citation<ref>Épître à la Postérité.</ref>

Fichier:04 Fontaine de Vaucluse Dessin de Pétrarque (manuscrit de Pline) BN fonds latin n° 6802.jpg
Dessin de la main de Pétrarque de la Fontaine de la Sorgue

Ce qui est certain, c’est que François, rêvant et travaillant sur les rives de la Sorgue, cultivait autant ses amours (platoniques) pour Laure que sa réputation (bien établie) de poète. La solitude de la Vallis clausa lui servit Modèle:Citation<ref>Karl Heinz Steierle, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>. En dépit de sa gloire, il revenait toujours à son séjour de prédilection. Il y organisait sa vie et écrivit à Francesco Nelli, prieur de l'église des Saints-Apôtres à Florence : Modèle:Citation

Pétrarque, comblé d’honneurs, cultivait donc conjointement sa muse et ses vignes. Comme il le nota lui-même la fontaine de la Sorgue aurait été un lieu parfait de résidence si l'Italie avait été plus proche et Avignon plus lointaine<ref name="KHS17">Karl Heinz Stierle, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>. C'est de plus à sa plume qu'est dû le plus ancien croquis de la Fontaine. Il dessina en marge de son Histoire Naturelle de Pline la Sorgue jaillissante du rocher sommé d'une chapelle avec en premier plan un échassier. Il légenda transalpina solitudo mea jocundissima<ref>Karl Heinz Stierle, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref> (en français : Ma solitude transalpine très joyeuse).

Les lauriers d'Apollon

Fichier:Francesco Petrarca2.jpg
Statue du piazzale des Offices représentant Pétrarque.

Sa notoriété était telle qu’en 1340, son maître et confesseur, le moine augustin François Denis de Borgo San Sepolchro, lui proposa de recevoir la couronne de lauriers à la Sorbonne où il professait. Les docteurs de Paris lui offraient cette distinction pour remercier celui qui permettait la renaissance des lettres, la redécouverte des textes anciens oubliés et ouvrait la voie aux humanistes.

Le Sénat romain lui fit la même proposition. Pétrarque eut donc le choix entre Paris et Rome. S’il opta pour la Ville Éternelle, ce fut avant tout pour être honoré par Robert d’Anjou, roi de Naples et comte de Provence. Car, expliqua-t-il, « Le roi de Sicile est le seul que j’accepterai volontiers parmi les mortels comme juge de mes talents »<ref group="N">C’était aussi l’opinion de Boccace qui affirmait qu’il était « le roi le plus savant que les mortels aient connu depuis Salomon ». Dans sa Cronica, Giovanni Villani renchérissait « Ce seigneur doux et aimable était le plus sage roi qui fut parmi les chrétiens depuis cent cinquante ans, aussi bien de plus naturel que comme maître suréminent en théologie et en philosophie de premier ordre ».</ref>.

Au cours de l’année 1341, Pétrarque quitta momentanément sa retraite de Vaucluse et sa fontaine pour se rendre au royaume de Naples. Le Vauclusien fut d’abord accueilli, en mars, par le roi Robert à Naples qui allait juger s’il était digne d’être couronné des lauriers d’Apollon comme prince des poètes.

Durant trois jours, Pétrarque se soumit publiquement à son jugement. Le premier jour, il discourut longuement sur l’utilité de la poésie ; le second, le roi l’interrogea sur des sujets allant de la métaphysique aux phénomènes naturels, de la vie des grands hommes à ses voyages à Paris ; le troisième, après lecture de quelques extraits de l'Africa, le souverain le déclara digne des lauriers et proclama « Nous l’engageons dans notre maison pour qu’il soit possesseur et jouisse des honneurs et privilèges que possèdent les autres familiers, après avoir prononcé le serment d’usage ». Ce que Pétrarque fit avec joie. Et le poète vauclusien proclama haut et fort : Modèle:Citation bloc

Robert d’Anjou lui ayant proposé de le couronner à Naples, le poète insista pour l’être à Rome. Il partit donc en compagnie de Giovanni Barrili, chambellan royal et fin lettré, après avoir reçu des mains du roi l’anneau et le manteau pourpre aux fleurs de lys. La cérémonie a eu lieu début avril au Palais Sénatorial sur la colline du Capitole, mais les sources donnent de dates contradictoires, les 8 et Modèle:Date- sont les dates fournies par Pétrarque, et la plus probable semble être la deuxième, cependant Boccace situe l'événement au 17 et le document officiel, le Modèle:Langue, au moins en partie rédigé par Pétrarque lui-même, porte la date du Modèle:Date-<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Dès lors, il fut porté aux nues par tout ce que l’Occident comptait de lettrés.

Mais ces lauriers si désirés déçurent rapidement le poète vauclusien. « Cette couronne n’a servi qu’à me faire connaître et me faire persécuter » écrivit-il à l’un de ses amis. Il confia à un autre « Le laurier ne m’a porté aucune lumière, mais m’a attiré beaucoup d’envie ». François Pétrarque adorait égratigner mais ne supportait pas de l’être.

Il quitta Rome et ses lauriers à l'invitation d'Azzo di Correggio, seigneur de Parme qui lui offrit l'hospitalité pour un an. Là, il découvrit et chérit sa seconde solitude à Selvapina.

Pétrarque et l’idéalisation de Rome

Fichier:BNMsItal81Fol18RomeWidowed.jpg
Pétrarque, dans son épître à Modèle:Souverain-, décrit Rome sous les traits d'une vieille femme qui supplie à genoux de la délivrer de son infortune<ref>Bernard Guillemain, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>
Bibliothèque Nationale, f° 18, Ms italien 81
Fichier:Roma-statua cola di rienzo.jpg
Cola di Rienzo statufié à Rome, il fut admiré puis méprisé par Pétrarque

Rome, où le poète avait été couronné, devint dès lors pour lui une obsession. Vénérant et idolâtrant cette ville plus que toute autre, il écrivit à son propos : Modèle:Citation bloc

Cette glorieuse cité ruinée, capitale d’un empire, devait retrouver tout son lustre. Pétrarque, partisan des gouvernements populaires, vit d’un bon œil la politique qu’y menait Nicola Gabrino, dit Cola di Rienzo. Mais, pour que Rome redevienne Rome, il fallait surtout que la papauté délaissât les berges du Rhône pour retourner sur celles du Tibre.

En 1342, travaillé par une profonde crise spirituelle due à sa lecture des textes de Saint Augustin, il quitta le Vaucluse pour revenir à Avignon. Là, il demanda à Modèle:Souverain2 de retourner à Rome qui bouillonnait de révolte sous la férule du jeune et brillant de Cola di Rienzo. Ce fut une fin de non-recevoir.

Un an plus tard, Cola di Rienzo arriva à Avignon à la tête d’une ambassade italienne. Le tribun et le poète ne purent que sympathiser. Ne venait-il pas demander au Souverain Pontife de quitter Avignon pour Rome ? Lors de sa réponse, le pape ne daigna pas aborder ce sujet mais accorda aux Romains un jubilé pour l’année 1350. Déçu, le poète retourna à sa chère maison de Vallis Clausa ruminer contre Clément quelques acerbes clémentines.

Le pape le sortit rapidement de sa réserve et le chargea d’une ambassade à Naples au cours de ce mois de Modèle:Date. Arrivé sur place, il constata que le Royaume était comme « un navire que ses pilotes conduisaient au naufrage, un édifice ruiné soutenu par le seul évêque de Cavaillon ». Pétrarque dénonça à Modèle:Souverain- la camarilla qui entourait Jeanne et mit particulièrement en cause un certain fra Roberto qu’il accusa d’être responsable de la décrépitude de la Cour napolitaine<ref group="N">Roberto de Mileto, dit fra Roberto, était un disciple de Philippe de Majorque. Pétrarque le décrivit comme un « horrible animal à trois pieds ». Petit et gras, ce frère de la Pauvre Vie marchait appuyé sur une canne, couvert de haillons, sans chapeau ni couvre-chef. Modèle:Souverain-, à la lecture de ce rapport, annula le conseil de régence et nomma son compatriote Aimery de Châtelus, cardinal de Saint-Martin-aux-Monts, légat pontifical pour le Royaume.</ref>.

Un an plus tard, le poète vauclusien, retourné à ses chères études, commença la rédaction des quatre livres de Rerum Memorandorum. Il reprit foi dans le devenir de Rome quand, en 1347, Rienzo se fit élire Tribun. Pétrarque rompit alors avec le cardinal Giovanni Colonna et partit rejoindre la Ville Éternelle pour le soutenir.

La déception fut à la hauteur de l’espoir. Chassé de Rome le Modèle:Date- aux cris de « Mort au tyran », Rienzo fut contraint de se réfugier chez les franciscains spirituels puis à Prague auprès de l'empereur Modèle:Souverain2<ref group="N">Cola di Rienzo demanda à l'empereur de le nommer Vicaire Général de l'Empire.</ref>. Celui-ci le fit incarcérer puis l'envoya à Avignon, où il fut emmuré pendant un an au Palais des Papes dans la Tour du Trouillas.

Pétrarque commença à se poser des questions sur celui en qui il voyait l'homme providentiel capable de faire renaître la splendeur de la Rome antique. Il écrivit à son ami Francesco Nelli : Modèle:Citation bloc

Un an plus tard, il envoya une lettre à Rienzo dans laquelle il put lire : « Vous me ferez dire ce que Cicéron disait à Brutus : Je rougis de vous ».

Incarcéré à Avignon, Rienzo est resté prisonnier jusqu’au Modèle:Date-. Rappelé à Rome par le cardinal Gil Álvarez Carrillo de Albornoz, il n'échappa pas à son destin et mourut lors d'une nouvelle émeute du peuple romain.

La mort de Laure et le Canzoniere

Fichier:Francesco Petrarca01 page.jpg
Laure

Le Modèle:Date-, vingt et un ans jour pour jour après sa rencontre avec Pétrarque, Laure, le parangon de toutes les vertus, trépassa, sans doute atteinte de la peste noire. Pétrarque était alors en ambassade auprès du roi Louis de Hongrie. Ce fut son ami Louis Sanctus de Beeringen qui, le Modèle:Date-, lui envoya un courrier d’Avignon pour l’informer. Pétrarque reçut la missive le Modèle:Date-. Outre la mort de l’aimée, elle l’informait qu’Avignon était vidé de ses habitants les plus notables, réfugiés dans les campagnes avoisinantes et que sept mille demeures étaient fermées.

De plus, le Modèle:Date-, son ami et protecteur, le cardinal Giovanni Colonna, décédait à son tour du mal contagieux. C'est à lui qu'en 1338, il avait confessé son amour pour Laure, cette dame de rang élevé, dont l'image le poursuivait dans ses pérégrinations et dans sa solitude de Vaucluse<ref>Karl Heinz Stierle, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>. Effondré, le poète ne put qu’écrire « La postérité pourra-t-elle croire à tant de malheurs ? ». Mais, son naturel reprenant le dessus, il composa un sonnet où il explique que « la mort paraissait belle sur son beau visage ». Celui-ci reste un des sommets de la poésie de Pétrarque, l'une des images les plus parfaites du concept idéal incarné par Laure<ref name="Dictionnaire"/>.

Il ne lui restait plus qu’à compiler ses différents sonnets pour composer le Canzoniere dit encore Rime Sparse ou Rerum Vulgarum Fragmenta<ref group="N">Pétrarque le divisa en deux parties : In Vita di Madonna Laura (1 – 263) et In Morte di Madonna Laura (264 – 366). Dans sa forme finale, le Canzoniere comporte 317 sonnets, 29 chansons, 9 sextines, 7 ballades et 4 madrigaux. Sa dernière mouture est le manuscrit autographe Vaticano Latino 3195 intitulé Francisci Petrache laureati poete rerum vulgarum fragmenta.</ref>. Dans sa première partie, In Vita di Madonna Laura, le poète apparaît tourmenté par sa passion amoureuse, l'humaniste épris de vie et de gloire se heurte au chrétien cherchant à renier toutes ses faiblesses. Dans la seconde, In Morte di Madonna Laura, les tourments du poète se sont apaisés et Laure, transfigurée par la mort, devient plus tendre et plus accessible pour un François dont l'amertume a laissé place à la mélancolie.

Des poèmes qui allaient faire pendant des siècles le tour de l’Europe entière. Grâce à eux, Laure et Pétrarque entrèrent dans l'imaginaire amoureux au même titre que Tristan et Iseut ou Roméo et Juliette. L’impossible amour de Messer Francesco pour Madonna Laura avait, de toute éternité, trouvé son cadre sur les rives de la Sorgue. Il avait suffi de la magie d’une rencontre pour que le génie d’un des plus grands poètes puisse le magnifier. Car si Vaucluse est le lieu où germèrent les Épitres, c'est aussi et surtout la vallée dans laquelle l'amant de Laure vagabonda Modèle:Citation<ref>Karl Heinz Stierle, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>.

Le départ pour l'Italie...

Si les rapports de Pétrarque avec Modèle:Souverain- avaient été quelquefois tendus, une estime réciproque unissait les deux hommes. Mais sentant venir la fin de ce pontife, le Modèle:Date-, le poète voulut quitter définitivement sa retraite de Vaucluse. Surpris par une pluie torrentielle, il dut s'arrêter à Cavaillon. Là, il apprit que les routes vers l'Italie étaient bloquées soit par la neige, soit par des soldats débandés. Il préféra faire demi-tour<ref name="KHS17"/>.

Ses relations avec le nouveau pape Modèle:Souverain2 furent peu amènes. Il faut dire que le poète avait pris en grippe non seulement la Curie mais aussi les physiciens de la Cour pontificale dont l'illustre Guy de Chaulhac et que son soutien affiché à Rienzo et ses partisans, contre lesquels luttait le cardinal Albornoz en Italie, lui avait valu l'hostilité du nouveau Souverain Pontife.

Il préféra quitter Vaucluse et le comtat Venaissin pour aller se faire oublier en Italie. Avant son départ, il s’arrêta à la chartreuse de Montrieux pour y rencontrer son frère Gérard. Pétrarque passa la frontière au Montgenèvre en Modèle:Date-. La vue de son pays d'origine depuis le col souleva son émotion littéraire et il versifia : Modèle:Citation bloc

Il avait quitté le village de Vaucluse au bon moment. En effet, le jour de Noël de cette même année, une bande de pillards pénétra dans la Vallis Clausa et la maison du poète fut brûlée.

…et l’impossible retour à Florence

En route à Padoue, Pétrarque se vit remettre une lettre du Sénat de Florence par l’intermédiaire de son ami Boccace. Elle lui proposait de venir enseigner à l’Université florentine qui venait d'ouvrir et de rentrer en possession des biens paternels. Dans leur missive, les sénateurs florentins le couvraient de louanges : Modèle:Citation bloc

Pétrarque répondit négativement : Modèle:Citation bloc

Et il ne retourna jamais à Florence.

Fichier:8112 - Venezia - Lapide per Petrarca - Foto Giovanni Dall'Orto 8-Aug-2007.jpg
La maison de Pétrarque à Venise sur la Riva degli Schiavoni

L’ambassadeur des Visconti

À l'invitation de l'archevêque Giovanni Visconti, il se fixa à Milan d'abord dans une petite maison près de Saint-Ambroise puis au monastère de Saint-Simplicien-hors-les-murs. Au cours des neuf années de son séjour lombard, il exerça à nouveau sa verve contre Guy de Chaulhac en publiant « Invective contre un médecin ».

En 1356, Barnabò et Galeazzo Visconti, potentats de Milan qui venaient de succéder à leur oncle Giovanni, le chargèrent de se rendre à Prague auprès de l’empereur Modèle:Souverain2. Sa présence en Lombardie n’empêcha point Modèle:Souverain2 d’utiliser ses talents d’ambassadeur auprès du doge Giovanni Dolfin en 1357.

Le Modèle:Date-, à Villeneuve-lès-Avignon, arriva l’ambassadeur de Galeazzo Visconti en l’Hôtel du Dauphin. C’était François Pétrarque. Après un discours d’une rare éloquence, il remit au roi de France, de la part du Milanais, la bague sertie d’un diamant perdu par Modèle:Souverain2 à Maupertuis. Puis il offrit au Dauphin Charles une autre bague montée d’un rubis<ref group="N">Pétrarque, qui avait impressionné le Dauphin, convint que ce prince était un jeune homme d’une très ardente intelligence (ardentissimi spiritus adolescentem).</ref>. Ravi, le roi voulut retenir le poète à sa Cour mais Pétrarque préféra rejoindre Milan.

À son retour, son fils Giovanni venait de mourir de la peste. Fuyant l'épidémie qui ravageait la plaine du Pô, il quitta les Visconti et se réfugia à Padoue à l'invitation de Francesco da Carrara. Il se rendit ensuite à Venise, en 1362, où il fut accueilli par le doge Lorenzo Celsi. Dithyrambique, le poète proclama :

Modèle:Citation bloc

Il allait y rester cinq ans et fut rejoint par sa fille et son gendre. Le couple venait d'avoir une petite fille, Eletta<ref group="N">Un second petit-fils, Francesco, naquit en 1366 mais il décéda avant son second anniversaire.</ref>. Au cours de ce séjour, il termina De Remediis et Familiari ainsi que son recueil Senili. Pour répondre aux attaques de jeunes vénitiens averroïstes, il composa De sui ipsius et multorum ignorantia, dégoûté d'avoir été traité d'ignorant par ce groupe.

L’installation à Arqua

Fichier:Prout, Samuel (1783-1852) - Petrarch's house at Arquà - da - Roscoe, Thomas, The tourist in Switzerland and Italy 1831.jpg
La maison du poète à Arqua, lithographie de 1831

En 1367, Pétrarque quitta la Sérénissime République avec sa fille Francesca et son gendre Francescuolo da Brossano pour se rendre à l’invitation de Francesco de Carrare, seigneur de Padoue. Le poète acheta alors une maison à Arqua, dans les Monts Euganéens.

Là, il apprit l’entrée triomphale d’Modèle:Souverain2 dans Rome le Modèle:Date-. Pétrarque afficha une joie sans retenue. Il en fit part à son ami Francisco Bruni : « Jamais mes paroles n’ont égalé ce que je pense de ce pontife. Je lui ai fait des reproches que je croyais justes, mais je ne l’ai pas loué comme je voulais. Mon style a été vaincu par ses mérites. Ce n’est point l’homme que je célèbre, c’est cette vertu que j’aime et que j’admire avec étonnement. »

Le Modèle:Date-, Modèle:Souverain- décréta Barnabò Visconti coupable de révolte contre l’Église et prêcha la croisade contre lui. Le pape désirait que Charles de Luxembourg en prenne la tête. Pétrarque quitta Arqua pour se rendre à Udine auprès de l’empereur et participer à la guerre contre les Visconti.

Deux ans plus tard, alors qu’il se rendait à Rome auprès d’Modèle:Souverain-, une syncope frappa le poète. Le Modèle:Date-, il dut rédiger son testament.

Quand, en 1373, Modèle:Souverain2 annonça à son tour son intention de retourner à Rome, Pétrarque en fut comblé d’aise. Un an auparavant, désespéré, il avait rédigé son Apologia contra Gallum, où il réfutait la thèse favorable au maintien de la papauté en Avignon<ref group="N">Pour contrer les assertions de Pétrarque sur la primauté romaine, les partisans du séjour avignonnais soulignaient que les papes n'avaient résidé à Rome que pendant cent vingt-deux ans entre 1100 et 1304.</ref>.

Cette année-là, le poète, fatigué par l’âge, accepta quand même de reprendre sa toge d’ambassadeur pour aider son ami Francesco de Carrare. Battu par les Vénitiens, ce dernier devait non seulement verser une forte rançon mais aussi livrer son fils en otage. Ce fut Pétrarque qui l’accompagna à Venise afin de le recommander au doge Andrea Contarini<ref group="N">Tout avait commencé, le Modèle:Date-, à Trévise lorsque les armées de Louis Modèle:1er de Hongrie et de Francesco de Carrare avaient battu les troupes du doge de Venise, Andrea Contarini. Le Modèle:Date-, le doge de Venise, après avoir armé des galères et recruté des mercenaires turcs, remportait la victoire sur les Hongrois et les Padouans cernés dans les marais de la côte. Le Modèle:Date-, Modèle:Souverain2 intervint pour faire signer la paix entre Venise et Padoue. Francesco dut verser une forte rançon et envoyer son fils, accompagné de Pétrarque, auprès d’Andrea Contarini pour obtenir son pardon.</ref>.

Pétrarque mourut à Arqua, le Modèle:Date-<ref>C'est la date que confirme Ève Duperray, conservatrice du Musée Pétrarque à Fontaine-de-Vaucluse : « C'est à Arqua que Pétrarque devait achever son existence le Modèle:Date- ». È. Duperray, Modèle:Opcit.</ref>, terrassé par une crise d’apoplexie. Sa fille le retrouva la tête reposant sur un livre. Francesca lui fit élever un mausolée et son gendre fut son exécuteur testamentaire. Sur un des piliers qui soutiennent son cercueil, figure la traduction littérale en latin d'un distique grec : Modèle:Langue (« J'ai trouvé le repos. Adieu illusions et fortune ! Vous n'êtes plus rien pour moi ; que d'autres vous servent de jouet »).

La tombe et les restes

Le tombeau

Fichier:Arqua petrarca tombe.jpg
Tombeau du poète à Arquà, près de l'église de Santa Maria Assunta.

Par testament, les restes de Pétrarque ont été enterrés dans l'église paroissiale du villageModèle:Sfn , puis placés par son gendre, en 1380, dans une arche de marbre à côté de l'église. Les vicissitudes concernant la dépouille de Pétrarque ont alimenté les comptes rendus. Comme le raconte Giovanni Canestrini dans l'un de ses volumes écrits à l'occasion du Modèle:500e de la mort de Pétrarque. Modèle:Citation bilingue bloc Les restes volés n'ont pas été retrouvésModèle:Sfn,Modèle:Sfn. En 1843, le tombeau, qui était en très mauvais état, fut restauré par l'historien Modèle:Lien, qui fut bouleversé par l'état dans lequel se trouvait le tombeau. Leoni, cependant dut abandonner et à la suite de complications bureaucratiques et de conflits de compétence et même de questions politiques, fut même jugé pour « profanation de tombe »<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Le dilemme des restes

En Modèle:Date-, des anatomistes ont annoncé vouloir exhumer le corps de Pétrarque à Arquà Petrarca dans le but de vérifier les rapports établis au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle indiquant qu'il avait une taille de Modèle:Unité, ce qui l'aurait rendu très grand pour cette période. Le groupe de scientifiques souhaitait aussi reconstruire son crâne pour obtenir une image numérisée de ses caractéristiques faciales. Malheureusement, la datation par le carbone 14 effectuée en 2004 a révélé que le crâne trouvé dans son cercueil n'était pas le sien<ref>Voir{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}}Analisi Genetica dei resti scheletrici attribuiti a Petrarca .</ref>,<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Petrarca - il poeta che perse la testa {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} in The Guardian du Modèle:Date-.</ref>.

Laure et la poésie

Dès le Modèle:Date-, un vendredi saint, à la vue de Laure à la sortie de l'église de Sainte-Claire d'Avignon, Pétrarque développa une longue passion célébrée dans le Canzoniere (Livre de Chant) puis dans I Trionfi.

Du Canzoniere...

Épouse de Hugues de Sade ou personnage anonyme idéalisé ? La représentation réaliste de Laure dans ses poèmes contraste avec les clichés des troubadours et de l'amour courtois. Sa présence lui causait une joie inexplicable mais son amour non partagé lui fit endurer un désir insoutenable. Plus que Laure, c'est le poète lui-même qui est le personnage central. Au fil de chaque poème, il déroule « l'inquiétude de celui qui n'est plus très sûr des valeurs morales de son époque »<ref name="mm">Marc Maynègre, Modèle:Opcit.</ref>.

Fichier:Laura Battiferri by Angelo Bronzino - detail.jpg
Détail du portrait de Laura Battiferri présentant le Canzoniere, Angelo Bronzino (1550 / 1555), Palazzo Vecchio de Florence

Partagé entre l'amour profane - il confesse son vil penchant pour les femmes - et la conception médiévale de l'amour - Laure, comme Béatrice, devant lui montrer la voie qui conduit au salut - Pétrarque se réfugie dans le rêve et magnifie dans ses vers ce qui pourrait être la réalité.

Marc Maynègre<ref name="mm"/> résume en deux phrases cette philosophie du poète : « Cette mise en scène, cette contemplation de lui-même, vont devenir contemplation esthétique, œuvre d'art. La Beauté devient alors l'Idéal du Poète ».

Maria Cecilia Bertolami<ref name="bertolami">Maria Cecilia Bertolami, Modèle:Opcit.</ref> constate : « Dès le premier sonnet, le Canzoniere se présente comme l'histoire exemplaire d'un échec. L'amour pour Laure, tel qu'il est décrit dans le premier sonnet du recueil, est un giovenile errore qui a conduit le poète à osciller constamment fra le vane speranze e il van dolore ».

Pétrarque a canalisé ses sentiments en poèmes d'amour exclamatifs plutôt que persuasifs et son œuvre montre son dédain envers les hommes qui harcelaient les femmes. À l'époque de la mort de Laure en 1348, le poète considérait son chagrin aussi difficile à vivre que l'était son précédent désespoir : Modèle:Citation bloc

Ève Duperray, commente : « Pétrarque reprend le thème néoplatonicien de l'amour comme médiateur entre le profane et le sacré. La poésie de Pétrarque est essentiellement une anagogie car elle se veut à la fois l'expression de l'extériorité des sentiments et de l'intériorité de la conversion ».

Et ce durant toute sa vie, c'est l'analyse que fait Pier Giorgio Ricci à partir du Canzioniere et des Triomphes, ses deux œuvres majeures en langue vulgaire : « Les désirs, les espérances, les angoisses, les tristesses de Pétrarque furent toujours les mêmes, à trente ans comme à soixante ans. C'est une remarque importante parce qu'elle révèle que le climat spirituel de Pétrarque n'eut point de développements quand bien même la disposition des poèmes du Canzioniere voudrait démontrer une ascension progressive de l'humain au divin, fait confirmé par les Triomphes qui manifestent également l'intention de considérer comme atteint ce « port tranquille » toujours convoité par le poète ».

... au Triomphe de l'Amour

Si, dans le Canzionere, Laure n'existe qu'à travers les effets qu'elle provoque dans l'âme du poète, il en va tout autrement dans les Trionfi. Commencé en 1354, ce poème allégorique est un testament spirituel où triomphent, tour à tour, le Désir et la Chasteté, la Mort et la Gloire, le Temps et l'Éternité. Ève Dupperay commente ainsi cette œuvre : « Ce poème en langue italienne, en tercets d'hendécasyllabes à la manière dantesque<ref group="N">Il est composé en terzine (unité métrique utilisé par Dante dans sa Divine Comédie.</ref>, participe à l'œuvre la plus expérimentale de Pétrarque. Il s'inscrit dans une structure emboîtante de six Triomphes distribués en douze chapitres selon le schéma combatif et homicide du vaincu-vainqueur-vaincu où les abstractions personnifiées terrestres Amour, Chasteté, Mort, Renommée et célestes Temps, Éternité s'affrontent et s'efforcent crescendo sous un pouvoir plus irréductible dans un mécanisme qui s'accélère en degrés ascendants avec une unique triomphatrice : Laure ».

Dans cette épopée amoureuse, le poète adresse à sa muse provençale cette question qu'il avait laissée sans réponse dans le Canzoniere : Modèle:Citation bloc Quittant enfin sa froideur habituelle, Laure déclare son amour à Francesco : Modèle:Citation bloc Et le poète lui fait préciser : Modèle:Citation bloc

Alors que le Canzoniere se clôt avec une invocation au nom de la Vierge Marie, les Triomphes se terminent sur celui de Laure, son éternel amour<ref group="N">Comme son ami Philippe de Cabassolle, Pétrarque était un dévot d'Elzéar et Delphine de Sabran, les « époux virginaux ». Ceux-ci avaient passé vingt-sept ans de vie conjugale sans consommer leur mariage et s'étaient déclarés que leur amour resterait éternel car n'étant pas charnel</ref>.

« Une Laure [qui] renvoie à quelque chose de plus haut, à une splendeur qui n'est plus humaine mais qui, cependant, garde et exalte cette humanité », explique Maria Cecilia Bertolami<ref name="bertolami"/>. Ce que confirme Pierre Dubrunquez pour qui Pétrarque, toujours hésitant entre attrait et retrait du monde, développe dans son œuvre : « Une sensibilité si neuve qu'elle ne sait pas encore ce qu'elle perçoit, et une conscience qui cherche dans son patrimoine spirituel une règle de conduite pour en user ».

C'est ce que laisse entrevoir Pétrarque dans une lettre adressée à l'un de ses amis :

Modèle:Citation bloc

Dans ce conflit entre l'humain et le divin, Pier Giorgio Ricci souligne que, dans chacune des œuvres du poète, « Il est possible de trouver des allusions au temps qui s'envole, à notre vie qui n'est qu'une course rapide vers la mort, au monde qui va, lui aussi, vers une fin inéluctable ».

Les sonnets

Le sonnet de Pétrarque, dit sonnet italien, comprend un huitain suivi d’un sizain. Le huitain est composé de deux quatrains, le sizain de deux tercets. Il comporte une volta qui consiste en un changement majeur du sujet entre le huitain et le sixain. Le poète, dans la première moitié du poème, rime sur un thème, la seconde lui permettant de présenter, grâce à la ‘’volta’’, une réflexion personnelle à propos de ce même sujet.

Modèle:Article détaillé

Œuvres

Fichier:François Pétrarque (1304-1374) - Rime. Trionfi, Manuscrit du XVe siècle (Bibliothèque nationale, Rome)..jpg
Rime, Trionfi de Pétrarque, Manuscrit du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle (Bibliothèque nationale, Rome)

Avec son premier gros ouvrage, Africa - une épopée en latin qui fait le récit de la deuxième guerre punique - Pétrarque devint une célébrité européenne. En effet, c'est cet ouvrage qui lui valut la couronne de lauriers des poètes et la reconnaissance de ses pairs.

Cependant, si ses œuvres en latin ont consacré sa célébrité de son vivant, c'est surtout son Canzoniere, rédigé en toscan, qui passa à la postérité. À partir du {{#switch: et jusqu'au

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}}, nombreux furent les imitateurs de son style pur et harmonieux. Ses imitations furent si nombreuses qu'elles ont donné naissance à un courant : le pétrarquisme. Il est caractérisé par les dialogues avec les modèles antiques, le recours aux antithèses, aux symétries et aux images.

Sa mort en 1374 empêcha Pétrarque d'achever ce qui aurait dû constituer sa troisième œuvre majeure : les Trionfi. Corrado Belluomo Anello, dans le catalogue de l'exposition Le Triomphe de l'Amour : Éros en guerre<ref group="N">Pour le septième centenaire de la naissance de Pétrarque, le Conseil général de Vaucluse organisa, du Modèle:Date- au Modèle:Date-, une exposition, à l'Hôtel de Sade d'Avignon, intitulée Le Triomphe de l'Amour : Éros en guerre.</ref>, souligne que le Carros de Raimbaut de Vacqueyras est parmi les sources possibles des Triomphes du poète<ref group="N">Raimbaut de Vacqueyras (1155-1207) est cité par Pétrarque dans Triomphus Cupidonis (IV, 46-47).</ref>. Le troubadour provençal l'a inspiré au même titre que la Divine Comédie de Dante et l'Amoroso Visionne de Boccace, la Bible ou les auteurs latins (Virgile, Ovide, Properce).

En dehors de l'Africa, du Canzoniere et des Trionfi, Pétrarque a laissé un très grand nombre de textes en latin : églogues invectives, biographies héroïques, récits exemplaires et plusieurs traités. Il faut ajouter à cela un Epistolario riche de plus de six-cents lettres adressées à ses parents, amis et même à certains grands penseurs de l'antiquité.

Parmi les œuvres latines de Pétrarque, on trouve De Viris Illustribus, le dialogue Secretum (dans lequel il fait le récit de ses pensées et de ses combats intérieurs et qui n'était pas destiné à la publication), un débat avec saint Augustin, un Rerum Memorandarum Libri, un traité incomplet sur les vertus cardinales, De Remediis Utriusque Fortunae, son œuvre en prose latine la plus populaire, Itinerarium, un guide sur la Terre promise et De Sui Ipsius Et Multorum Ignorantia, contre les Aristotéliciens. Il a écrit ses œuvres culturelles et son épopée poétique en latin, ses sonnets et chants en toscan, idiome qui allait dès lors fixer la langue littéraire italienne.

Un texte apocryphe de Pétrarque

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L'accouchement de Jeanne, gravure ornant le chapitre que Boccace consacra à la papesse dans ses Dames de renom

La Cronica delle vite de Pontefici et Imperatori Romani est généralement attribuée sans preuve à Pétrarque<ref group="N">Reprenant une tradition bien établie, F. X. de Feller, dans sa Biographie Universelle ou Dictionnaire Historique des Hommes illustres qui se sont fait un nom (Modèle:T., Paris, 1849), atteste qu'il en fut l'auteur.</ref>. Ce texte, qui fut pour la première fois imprimé à Florence en 1478 puis à Venise en 1534, est surtout célèbre car il élève la papesse Jeanne au rang de personnage historique.

En Italie, une tradition vivace voulait qu’une femme d'origine anglaise, mais née à Mayence, se fût travestie en homme pour poursuivre des études avec son amant. Ils se rendirent à Athènes puis à Rome. Anna ou Agnès, tel aurait été son prénom, dissimulant toujours son sexe, fut reçue dans les milieux ecclésiastiques et en particulier par la Curie. Son savoir et son charisme furent tels que le conclave l’éleva sur le trône de saint Pierre. Mais ce qui devait arriver arriva : la papesse se retrouva enceinte. Au cours d'une procession qui se déroulait entre Saint-Pierre du Vatican et Saint-Jean de Latran, elle fut prise de contractions et fut contrainte d’accoucher publiquement, ce qui lui valut d’être condamnée à mort<ref group="N">L’existence de la papesse Jeanne fut incontestée jusqu'au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Aux rares sceptiques, qui trouvaient l’anecdote un peu emberlificotée et les documents peu convaincants, on rétorqua longtemps que les preuves étaient abondantes et irrécusables. D’ailleurs au palais du Latran, après l’élection de chaque nouveau souverain pontife, un diacre était supposé vérifier manuellement l’existence de ses parties génitales (dénommées à juste titre les « pontificales »), au travers d’une chaise percée, faite de porphyre, spécialement destinée à cet effet. Après avoir effectué son contrôle, le diacre était censé lancer ce cri de victoire « Habet duos testiculos et bene pendentes ! ». L'argument semblait imparable.</ref>.

Manuscrits et incunables

Fichier:Simone Martini - Frontispice du Virgile.jpg
Le frontispice du Virgile de Pétrarque avec la miniature réalisée par Simone Martini (Bibliothèque Ambrosienne de Milan)

La Bibliothèque Ambrosienne de Milan possède dans ses collections le Virgile du poète avec son frontispice illustré par Simone Martini.

Dès le Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle commence la diffusion des œuvres du poète par des traductions.

En France, ce fut en 1378 que Jean Daudin rédigea De Remediis en français pour le Dauphin à la demande du roi Modèle:Souverain2.

Il fut suivi par Philippe de Mézières qui, entre 1384 et 1389, traduisit Griseldis<ref group="N">Cette nouvelle que Pétrarque avait écrite en latin en 1374 était tirée de Boccace qui en avait fait le dernier chapitre de son Décaméron. Il en fut informé par une longue lettre que lui envoya son ami.</ref>.

À la Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras se trouve l’un des plus anciens manuscrits du Canzoniere (milieu Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle) avec, sur deux médaillons, les portraits de Pétrarque et de Laure de Sade. Ce recueil des sonnets à la louange de Madonna Laura débute ainsi : « In comincia la cantilena di Messer Francesco Petrarco famossimo poeta fiorentina chiamato il canzioneri... ».

Le Canzoniere et les Trionfi figure dans le manuscrit vénitien du cardinal Mazarin dont les enluminures furent réalisées par Cristoforo Cortese en 1420. Ce manuscrit se trouve à la Bibliothèque nationale de Paris (MS. ital. 549).

Un manuscrit des Trionfi, calligraphié à Florence par Besse Ardinghelli en 1442 et illustré par Apollonio di Giovanni, fait partie des collections de la Bibliothèque Laurentienne (Ms. Med. Pal. 72). Un autre manuscrit florentin des Trionfi, provenant du studio de Francesco d'Antonio del Ghierico et réalisé vers 1456-1457, est déposé à la Bibliothèque nationale (MS. ital. 548).

La bibliothèque de l'Université de Manchester possède seize éditions incunables des « Rime » de Pétrarque, depuis l'édition princeps de 1470, imprimée à Venise par Vindelinus de Spira, jusqu'à l'édition de 1486 avec sa typographie à la mode différenciant les vers (imprimés en gros caractères) et les commentaires (en petits caractères).

Une attention toute particulière doit être portée à la merveilleuse et rarissime édition Lauer de 1471 ainsi qu'à trois éditions vénitiennes différentes de 1473.

En 1476, la ville de Florence offrit à Modèle:Souverain2, roi de France, un manuscrit des Triomphes somptueusement illustré (B. N. Ms. Ital. 548). Quant à celui de la Walter Art Gallery de Baltimore (Ms. W. 755), il a été composé à la fin des années 1480 par Sanvito.

Deux manuscrits vénitiens des Trionfi, datés de la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle se trouvent l'un au Musée Jacquemart-André (Ms. 17) et son jumeau à la Bibliothèque Apostolique du Vatican (Ms. Vat. Lat. 3157). Au cours de la même période, à Paris, fut enluminé un livre des Triomphes de l'Amour par un artiste inconnu dénommé le Maître des Triomphes de Pétrarque (BN. fr. 594)<ref>J. B. Trapp, in Le Triomphe de l'Amour : Éros en guerre (Avignon, 2004) indique : « Ces illustrations sont remarquablement novatrices et font preuve d'un esprit indépendant dans leur iconographie, leur mise en page et leur mode d'expression ».</ref>.

Manchester détient également deux éditions des Rime qui ne se trouvent pas dans la collection Willard Fiske de la bibliothèque de l'université Cornell : l'édition napolitaine de 1477 par Arnold de Bruxelles et une édition vénitienne de 1480 due à un imprimeur inconnu. Elle possède en outre quatre-vingt des (approximativement) cent-cinquante éditions publiées au cours du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, dont la totalité des éditions Aldine, les fameuses éditions lyonnaises contrefaites, ainsi que deux des dix exemplaires sur vélin de l'édition de 1501.

Enfin, la Bibliothèque nationale, le Musée Condé à Chantilly et le British Museum possèdent les éditions du Laure d'Avignon : au nom et adveu de la Royne Catharine de Médicis, Royne de France, extraict du poete florentin François Petrarque ; mis en françois par Vaisquin Philieul à Carpentras. La première fut imprimée à Paris en 1548, la seconde à Avignon, en 1555<ref group="N">Cet ouvrage a été réédité par les éditions Actes-Sud, en 1987, avec une présentation de Pierre Lartigue et Jacques Roubaud.</ref>.

Éditions des œuvres

  • Chansonnier. Rerum vulgarium fragmenta, édition de Giuseppe Savoca, introduction de François Livi, traduction de Gérard Genot, Les Belles-Lettres, 2009 Modèle:ISBN

Pétrarquisme et anti-pétrarquisme

Italie

Une Accademia degli Umidi fut fondée par un groupe de jeunes marchands florentins en novembre 1540. Son but était d'offrir « une seconde chance à ces marchands qui n’ont pas eu accès à la culture classique »<ref name="Plaisance54">Michel Plaisance, l'Accademia e il suo Principe. Cultura e politica a Firenze al tempo du Cosimo I e di franczco de Medici, Éd. Vacchiarelli, Rome, 2004, Modèle:P..</ref>. Elle était consacrée à la poésie, à la philosophie puis aux sciences<ref name="Plaisance54"/>. Ses principaux fondateurs furent Niccolò Martelli, Luigi Tansillo, Annibal Caro et le Bronzino. Réunis autour de Giovanni Mazzuoli da Strada par une même admiration pour Dante et Pétrarque, une commune passion pour les lettres, leur but était de défendre l'utilisation de la langue florentine.

Placée au départ sous le simple patronage de Modèle:Souverain2, elle passa sous sa coupe. Le grand-duc imposa statuts et membres, lieux de réunions et productions littéraires<ref name="Plaisance54"/>. Le Modèle:Date, elle changea son nom en Accademia Fiorentina o Società di Eloquenza<ref>Accademia Fiorentina in Instituto e Museo di Storia della Scienza</ref>, mais elle fut le plus souvent désignée sous celui de l'Accademia Fiorentina. Son premier secrétaire fut Anton Francesco Doni.

France

À la suite d'une rencontre entre Jacques Peletier du Mans et Joachim du Bellay, puis avec Pierre de Ronsard, l'idée d'un renouveau littéraire germa et prit tout d'abord le nom de « La Brigade ». Il allait donner naissance à la « Pléiade », réunissant sept poètes très influencés par Pétrarque qui allaient se retrouver dans une même démarche, celle de « La Défense et illustration de la langue française »<ref>Michel Lagrange, La Pléiade et Pétrarque, un jeu complexe : attirance et rejet, conférence du Modèle:Date-</ref>.

Au même moment, dans tous les pays de langue d'oc, une renaissance littéraire se fit aussi sous l'influence du pétrarquisme avec le gascon Pey de Garros (1525-1583), le provençal Bellaud de la Bellaudière (1543-1588) et le languedocien Auger Galhard (1540-1593)<ref>Pierre Bec, La Langue occitane, Éd. Presses universitaires de France, Paris, 1968. Modèle:ISBN</ref>. Il faut également compter parmi les adeptes du pétrarquisme le lyonnais Maurice Scève (1501-1564), à qui l'on a attribué de son temps la découverte du Tombeau de Laure<ref>André Pelletier, Jacques Rossiaud, Françoise Bayard et Pierre Cayez, Histoire de Lyon : des origines à nos jours, Éditions Lyonnaises d'Art et d'Histoire, 2007, Lyon, Modèle:Nb p. Modèle:ISBN, page 327</ref>.

Espagne

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Portugal

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Angleterre et Écosse

Parmi les recueils de sonnets de la Renaissance anglaise imprégnés des réminiscences de Pétrarque, on peut citer Astrophil and Stella de Philip Sidney, composé vers 1582 et publié en 1591, exprimant la rébellion de l'amant et du poète contre les conventions du pétrarquisme. En 1594, Michael Drayton publie Idea’s Mirrour, et en 1595 Edmund Spenser, traducteur de Pétrarque, publie Amoretti. Un recueil de sonnets de William Shakespeare est publié plus tardivement, en 1609. En 1621, une poétesse, Mary Wroth, publie elle aussi un recueil de sonnets, Pamphilia to Amphilanthus, en annexe de The Countess of Mongomery’s Urania, un roman à clef qui fait scandale.

Allemagne

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Jugements sur Pétrarque et sur son œuvre

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Statue de Pétrarque

Vittore Branca, dans sa biographie consacrée au poète, affirme que : « Pétrarque a occupé dans l'histoire de la poésie et de la culture de l'Europe chrétienne et moderne une place exceptionnelle : jamais, peut-être, un écrivain n'eut une influence aussi décisive ni aussi prolongée ».

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Quand il apprit la mort de Pétrarque, Modèle:Souverain2 salua en lui « une lumière éclatante de la sagesse morale »<ref>Modèle:Ouvrage</ref> et demanda à Philippe de Cabassolle, son vicaire en péninsule italienne de lui procurer ou de lui faire copier, « De Africa », ses « Invectives » et « De Vita Solitaria »<ref>Bernard Guillemain, Les papes d’Avignon (1309 – 1376), Éd. du Cerf, Paris, 2000, Modèle:P..</ref>.

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La reine Christine de Suède (1626-1689) qui lui portait une admiration sans borne eut ce mot à son sujet : « Grandissimo filosofo, grandissimo innamorato, grandissimo poeta ! ».

Madeleine de Scudéry, qui tenait le poète vauclusien en grande estime, lui rend hommage dans Clélie puis dans Mathilde où elle narre le récit de ses amours avec Laure. Dans cette dernière nouvelle, la Grande Précieuse fait quatorze fois référence à des sonnets du Canzionere.

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Le poète vauclusien a perdu toute son aura et est même dénigré. C'est ce que fait Voltaire en 1764 :

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Seul l'Abbé de Sade (1705-1778) s'intéressa au poète auquel il consacra trois tomes intitulés Mémoires pour la vie de François Pétrarque, tirés de ses œuvres et des auteurs contemporains avec les notes ou dissertations et les pièces justificatives.

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Chateaubriand et Victor Hugo, les deux géants de la littérature française, lui rendirent hommage en des termes tout à fait différents :

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Verlaine a écrit un sonnet intitulé : <poem> À la louange de Laure et de Pétrarque

Chose italienne où Shakspeare a passé Mais que Ronsard fit superbement française, Fine basilique au large diocèse, Saint-Pierre-des-Vers, immense et condensé,

Elle, ta marraine, et Lui qui t’a pensé, Dogme entier toujours debout sous l’exégèse Même edmondschéresque ou francisquesarceyse, Sonnet, force acquise et trésor amassé,

Ceux-là sont très bons et toujours vénérables, Ayant procuré leur luxe aux misérables Et l’or fou qui sied aux pauvres glorieux,

Aux poètes fiers comme les gueux d’Espagne, Aux vierges qu’exalte un rythme exact, aux yeux Épris d’ordre, aux cœurs qu’un vœu chaste accompagne.

Paul Verlaine Jadis et naguère<ref>Origine Wikisource</ref> </poem>

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Pierre de Nolhac (1869-1936), qui fut conservateur du musée de Versailles et l'un des meilleurs spécialistes de Pétrarque et de son école, écrivit : Modèle:Citation bloc

En 1947, Aragon et Picasso unirent leurs talents pour faire éditer à Modèle:Nobr Cinq sonnets de Pétrarque<ref group="N">Le poète et le peintre lui donnèrent comme titre ; Cinq sonnets de Pétrarque avec une eau-forte de Picasso et les explications du traducteur, À la Fontaine de Vaucluse, MCMXLVII.</ref>. Aragon, pour cet hommage, a finement pétrarquisé en plaçant en exergue « They said Laura was somebody else », jeu de mots bien dans la veine du poète vauclusien où le texte anglais qui affirme « Ils disent que Laure était une autre » laisse à entendre et à lire le nom d'Elsa<ref>Cf. Aragon et Pétrarque par Frank Merger</ref>.

En 2009, la principauté de Monaco rendit hommage à Pétrarque par l'émission d'un timbre-poste à son effigie, dessiné par Cyril de La Patellière. Le projet se trouve au Musée-bibliothèque Pétrarque de Fontaine-de-Vaucluse.

Bibliographie

Œuvres de Pétrarque

  • L’édition bilingue et critique en cours de publication aux Belles Lettres dans la collection « Classiques de l’humanisme », contient les œuvres suivantes dans la version la plus complète publiée à ce jour en français :
    • Lettres familières (6 volumes) ;
    • Lettres de la vieillesse (5 volumes) ;
    • L'Afrique (2 volumes);
    • Le Chansonnier (coffret de 2 volumes, incluant Rerum vulgarium et Fragmenta).

Traductions du Canzoniere en français

  • Canzoniere, tr. Ferdinand L. de Gramont, Paris, Masgana, 1842 ; rééd. Paris, Gallimard, coll. « Poésie », 1983.
  • Canzoniere, tr. Pierre Blanc, Paris, Bordas, 1988.
  • Je vois sans yeux et sans bouche je crie, Vingt-quatre sonnets de Pétrarque traduits par Yves Bonnefoy ; accompagné de dessins originaux de Gérard Titus-Carmel, Paris, Galilée, coll. « Lignes fictives », 2011 Modèle:ISBN.
  • Canzoniere, tr. René de Ceccatty, Gallimard, coll. « Poésie », 2018 Modèle:ISBN.

Bibliographie critique, études

  • Abbé de Sade, Mémoires pour la vie de François Pétrarque, tirés de ses œuvres et des auteurs contemporains avec les notes ou dissertations et les pièces justificatives, Modèle:T. à Modèle:III, Amsterdam-Avignon, 1764-1767.
  • V. Rossi, Studi sul Petrarca, Florence, 1830.
  • Alphonse Rastoul, Pétrarque, Paris, 1836.
  • C. A. Gidel, Les troubadours et Pétrarque, Angers, 1857.
  • P. de Nolhac, Pétrarque et l'humanisme, Paris, 1892.
  • P. de Nolhac, Le rôle de Pétrarque dans la Renaissance, Paris, 1892.
  • Henry Cochin, Un Ami de Pétrarque. Lettres de Francesco Nelli à Pétrarque, 1893
  • M. Piéri, Le pétrarquisme au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle : Pétrarque et Ronsard ou l'influence de Pétrarque sur la Pléiade française, Marseille, 1895.
  • Henry Cochin, La Chronologie du Canzoniere de Pétrarque, Paris, 1898.
  • G. Broche, Sur Pétrarque : ses imprécations contre Avignon, Avignon, 1913.
  • C. F. Trachsel, Franciscus Petrarca nuncius apud republicam Venetiam pax fecit cum Januenses. Médaille originale et authentique du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, jusqu’ici inédite modelée par Memmi, dit Maître Simon de Sienne, Lausanne, 1900.
  • E. Müntz et prince d’Essling, Pétrarque : ses études d’art, son influence sur les artistes, ses portraits et ceux de Laure. Illustrations de ses écrits, Gazette des Beaux-Arts, 1902.
  • Modèle:Ouvrage.
  • Henry Cochin, Le frère de Pétrarque et le livre de Repos des religieux, 1903

Modèle:Ouvrage.

  • Fr. Novati, Il Petrarca e i Visconti, Rome, 1904.
  • L. Venturi, La critica d’arte e Francesco Petrarca, L’Arte, Modèle:Vol., 1922.
  • Henry Cochin, Les Triomphes, de Pétrarque. Traduction et préface. 1923
  • A. Foresti, Anedotti della vita di F. Petrarca, Brescia, 1928.
  • H. Hauvette, Les poésies lyriques de Pétrarque, Paris, 1931.
  • C.A. Cingria, Pétrarque, Lausanne, 1932.
  • Pierre Julian, L'ascension du Mont Ventoux traduction du texte latin de François Pétrarque, suivi d'un essai de reconstitution de l’itinéraire du poète par Pierre de Champeville, Éd. du Mont Ventoux, Carpentras, 1937.
  • Modèle:Ouvrage
  • Pier Giorgio Ricci, Pétrarque in Dictionnaire biographique des auteurs, Éd. Laffont-Bompiani, Paris, 1958.
  • H. de Ziegler, Pétrarque, Neufchâtel, 1940.
  • U. Bosco, Petrarca, Bari, 1959.
  • A. Tripet, Pétrarque et la connaissance de soi, Genève, 1967.
  • E. F. Fuzet, Pétrarque en Provence : Carpentras, Avignon, le Ventoux, la Sainte-Baume, Vaucluse (1312-1353), Raphèle-lès-Arles, 1972.
  • H. Dubled, « Carpentras au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle » in Francesco Petrarca : père des renaissances, serviteur de l'amour et de la paix, Actes du Congrès international, 7-Modèle:Date-, Avignon, Association vauclusienne des amis de Pétrarque, 1975,
  • P. Amarguier, Pétrarque et la polémique contre la Curie, Cahiers de Fanjeaux, Modèle:N°, 1975.
  • A. Michel, Pétrarque et la pensée latine, Éd. Aubanel, Avignon, 1975.
  • J. Larner, L’Italia nell’età di Dante, Petrarca e Boccaccio, Bologne, 1982.
  • G. Billanovich, Il Virgilio del Petrarco. Da Avignone a Milano, Studi petrarchesi, 1985.
  • Vittore Branca, Pétrarque in Encyclopedia Universalis, Paris, 1985.
  • È. Duperray, François Pétrarque, (1304-1374) avec traduction en italien de R. Lisciandro, Éd. Musée Pétrarque, Fontaine-de-Vaucluse, 1987.
  • U. Doti, Pétrarque (Vita di Petrarca), Paris, Éditions Fayard, 1991. Modèle:ISBN
  • L. Charvin, Pétrarque et le conclave de Carpentras, Avignon, Éd. A. Barthélemy, 1996. Modèle:ISBN
  • R. de Ceccatty, Laure et Justine, Paris, Lattès, 1996.
  • È. Duperray, L'or des mots, une lecture de Pétrarque et du mythe littéraire de Vaucluse des origines à l'orée du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Histoire du pétrarquisme en France, Publication de la Sorbonne, collection Histoire Moderne, Modèle:N°, Paris, 1997. Modèle:ISBN
  • A. Ughetto, Pétrarque en Vaucluse, Carnets du Ventoux, Modèle:N°, 2004.
  • A. Artus et M. Maynègre, La Fontaine de Pétrarque, n° spécial consacré au Modèle:700e de la naissance de François Pétrarque, Avignon, 2004.
  • U. Hennigfeld, Der ruinierte Körper. Petrarkistische Sonette in transkultureller Perspektive, Würzburg, Königshausen & Neumann, 2008. Modèle:ISBN
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  • François Turner (tr.), Jean-Charles Vegliante (préf.) : Pétrarque, Sextines suivi de Madrigaux, Paris, Lavoir St. Martin, 2012.
  • E. Fenzi, Pétrarque, Paris, Les Belles Lettres, 2015.
  • Modèle:Ouvrage
  • Modèle:Ouvrage.
  • Antoine de Rosny, Ainsi parlait Pétrarque, Arfuyen, 2021 Modèle:ISBN.

Annexes

Articles connexes

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Notes et références

Notes

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Références

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