Catherine Bernard
Modèle:Voir homonymes Modèle:Autre4 Modèle:Infobox Biographie2
Catherine Bernard, dite Mademoiselle Bernard, née à Rouen le Modèle:Date-<ref group="Note">Sa date de naissance est cependant incertaine, sont parfois indiquées les dates de 1661 ou de 1662.</ref> et morte à Paris le Modèle:Date de décès, est une poétesse, romancière et dramaturge française.
Elle est la première femme à composer une tragédie jouée à la Comédie-Française (plusieurs autrices furent jouées au Théâtre Français ou à l'Hôtel de Bourgogne, avant la réunion des théâtres sous l'appellation de Comédie-Française, et Modèle:Mlle Pitel de Longchamps y donna en 1687 une farce intitulée Le Voleur ou Titapapouf). Elle s'inscrit dans la seconde vague du courant littéraire de la préciosité, aux côtés de [[Marie-Jeanne L'Héritier de Villandon|Modèle:Mlle L'Héritier]] ou de Madame d'Aulnoy, ses contemporaines<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Biographie
Née dans une famille protestante, elle s'installe à Paris avant l’âge de dix-sept ans<ref name=":1">Modèle:Lien Web</ref>. On l'a dite, sans que le fait n'ait jamais été prouvé<ref>Modèle:Article</ref>, proche de l'écrivain Fontenelle et du dramaturge Jacques Pradon<ref name="FranceCulture2017">« Catherine Bernard, La Voix oubliée », France-Culture, Modèle:Date-</ref>. Elle publie son premier roman en 1680. Elle se convertit au catholicisme avant 1685, date de la révocation de l'Édit de Nantes<ref name=":0">Modèle:Lien web</ref>. C'est aussi la date de la rupture avec sa famille protestante. Dès lors Catherine Bernard vit de sa plume et se consacre entièrement à l'écriture<ref name="FranceCulture2017" />. Elle compose deux tragédies, Laodamie et Brutus, qui sont représentées à la Comédie-Française, en 1689 et en 1691, qui représentent les meilleurs succès théâtraux de la fin du siècle.
Elle est couronnée par l’Académie française en 1691, 1693 et 1697 et obtient trois prix aux Jeux floraux de Toulouse. À partir de 1691, le roi Modèle:Souverain2 lui fait verser une pension annuelle de Modèle:Nobr. Elle fréquente le salon de Marie-Jeanne L'Héritier de Villandon, nièce de Charles Perrault<ref name="FranceCulture2017" />. Avec Riquet à la houppe et Le Prince rosier, elle est l'une des premières à rédiger des contes de fées, participant ainsi au renouvellement de ce genre littéraire<ref name="FranceCulture2017" />. En 1699, elle fait partie de l’Académie des Ricovrati de Padoue, sous le nom de Calliope, l'Invincible. Elle cesse ensuite d'écrire pour le théâtre, sans doute à la demande de Madame de Pontchartrain, sa mécène. Elle abandonne toute activité publique. Elle continue cependant d'écrire des vers qu'elle ne publie pas<ref name=":0" />.
Elle meurt dans la pauvreté en 1712<ref name=":0" />. Selon son testament, elle lègue ses biens à son domestique<ref name=FranceCulture2017/>.
Œuvre littéraire
Catherine Bernard publie un premier roman en 1680 Frédéric de Sicile. Ce récit conte l’histoire de la fille unique d’un couple royal, que celui-ci travestit en prince. Le personnage est qualifié tantôt par « il » ou « elle »<ref name=":0" />. Le roman Commerce galant publié en 1682 est attribué à Catherine Bernard et Jacques Pradon. À partir de 1687, Catherine Bernard se consacre entièrement à l'écriture. Elle publie trois nouvelles, deux tragédies et de nombreuses poésies. Ses deux tragédies sont jouées à la Comédie française et rencontrent le succès : Laodamie, traitant des problèmes de la souveraineté féminine, est jouée vingt-deux fois à la Comédie française. Pour la chercheuse Derval Conroy, « l'autrice y souligne le conflit irréductible entre la gynocratie (au sens de gouvernement par des femmes) et le patriarcat »<ref>Modèle:Article</ref>. Brutus est mis en scène le Modèle:Date, la pièce est jouée vingt-cinq fois<ref name=":0" />, et y résonne également « la critique des valeurs patriarcales » qui font « l'originalité (pourrait-on dire féminocentrique ?) de la voix dramatique de Catherine Bernard »<ref>Modèle:Article</ref>.
Controverses et attributions
Quarante ans après la publication du Brutus de Catherine Bernard, Voltaire publie en 1730 une tragédie du même nom. Une polémique éclate. Dès les premières représentations de la pièce de Voltaire, il est accusé d'avoir copié le plan de la tragédie de Catherine Bernard et d'en avoir plagié plusieurs centaines de vers<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>. Voltaire se défend en disant que le Brutus de Catherine Bernard aurait en fait été écrit par Fontenelle et non par elle<ref name="FranceCulture2017" />. En 1751, il persiste et affirme dans la notice qu'il consacre à Catherine Bernard pour son Siècle de Modèle:Souverain- que Bernard de Fontenelle a rédigé la pièce Brutus<ref name=":0" />. C'est seulement à partir de là que la maternité littéraire de Catherine Bernard sera régulièrement remise en question.
La tragédie Bradamante en 5 actes publiée en 1695 chez Modèle:Souverain- Brunet, 1696, attribuée à Catherine Bernard par Pierre-François Godar de Beauchamps dans ses Recherches sur les théâtres de France paru en 1735<ref>http://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Bernard-Brutus-Preface.html voir Note 2 </ref>, est aussi attribuée à Thomas Corneille.
Depuis les années 1980, de nombreux travaux (trois thèses doctorales et plus de vingt-cinq articles) ont permis de réhabiliter et redécouvrir l’œuvre de Catherine Bernard. En 1990, Perry Gethner publie Laodamie dans son anthologie Femmes dramaturges en France (1650-1750) : Pièces choisies. En 1993, Franco Piva édite les œuvres complètes de Catherine Bernard permettant ainsi une ré-attribution de ses œuvres et une redécouverte de l'autrice<ref name=":0" />. En 2011, Derval Conroy, Aurore Évain, Perry Gethner, Henriette Goldwyn rééditent ses deux pièces pour la première fois en France, dans le volume 3 de l'anthologie Théâtre de femmes de l'Ancien Régime (Publication de l'Université de Saint-Étienne, réédition prochaine chez Classiques Garnier)<ref>Modèle:Lien web</ref>.
En Modèle:Date-, une Journée d'étude a été consacrée à l'auctorialité de Catherine Bernard, par le Cérédi, à Rouen : JE l'auctorialité fantôme de Catherine Bernard.
Contexte historique
Elle vit dans une fin de siècle et une fin de règne, marqué par les conquêtes militaires, les guerres de Religion et l'absolutisme de Modèle:Souverain-. Elle est une représentante « exemplaire », selon son biographe Franco Piva<ref name=":2">Modèle:Ouvrage</ref>, « de ce monde touchant à sa fin » et entamant sa mutation vers les Lumières. Pour Faïka Besbes-Bannour (autrice d'une thèse sur « Le pathétique et la femme » soutenue en 2011), les décennies situées entre la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et le début du siècle des Lumières sont un moment de mutation de l'écriture romanesque où Modèle:Citation<ref name="FBB2011">Le pathétique et la femme : l'écriture romanesque féminine du pathos dans les années charnières 1678-1720 par Faïka Besbes-bannour, thèse soutenue le Modèle:Date- à Paris 3, dans le cadre de l'École doctorale (résumé)</ref>. Selon elle, de Madame de Lafayette à Catherine Bernard, l'écriture romanesque féminine évolue vers plus de sobriété et de concision, en lien avec la représentation du pathétique<ref name="FBB2011" />.
Les écrivaines, dramaturges et autrices de théâtre (c'était déjà le terme utilisé à l'époque, dans les registres de comptes notamment<ref>Modèle:Article</ref>) de l'Ancien Régime Modèle:Incise semblent avoir été effacées du corpus théâtral à partir du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name=":3">Modèle:Article</ref>. Aurore Évain a analysé les mécanismes d'effacement et de dépréciation des autrices dans l'émergence d'une Histoire du théâtre et en conclut que « plus cette Histoire s'institutionnalise au cours du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, plus cette expulsion du panthéon littéraire devient effective<ref name=":3" /> ». Une autre hypothèse est que les historiens littéraires les auraient, au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, associées au Modèle:Citation et à un discours passionnel exalté notamment autour du thème amoureux<ref name="FBB2011" />.
D'après plusieurs historiens et historiennes (dont Henri Coulet<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, Franco Piva<ref name=":2" /> et Aurore Évain<ref name=":1" />), Catherine Bernard serait la fille littéraire de Modèle:Mme de Lafayette, et le chaînon manquant entre cette romancière et l'abbé Prévost, Modèle:Mme de Tencin, Rousseau.
Prix et distinctions
- prix de poésie de l'Académie française en 1691, 1693, 1697<ref name=":4">Modèle:Article</ref>
- prix de poésie de l'Académie des jeux floraux de Toulouse en 1696, 1697, 1698<ref name=":4" />
Œuvres
Théâtre
- Laodamie, reine d’Épire tragédie ; Modèle:Date Modèle:Lire en ligne - Réédition Théâtre de femmes de l'Ancien Régime, dir. Aurore Évain, Perry Gethner et Henriette Goldwyn, Modèle:Vol., Publications de l'Université de Saint-Étienne, 2011.
- Brutus, tragédie, Chez la veuve de Louis Gontier, Paris 1691 Modèle:Lire en ligne - Réédition Théâtre de femmes de l'Ancien Régime, dir. Aurore Évain, Perry Gethner et Henriette Goldwyn, Modèle:Vol., Publications de l'Université de Saint-Étienne, 2011.
Romans, nouvelles et autres textes en prose
- Frédéric de Sicile, Lyon, T. Amaulry, 1680 Modèle:Lire en ligne
- Les Malheurs de l'amour. Première Nouvelle. Éléonor d'Yvrée, Paris, M. Guérout, 1687 Modèle:Lire en ligne ; réédition, Genève, Slatkine, 1979
- Le Comte d’Amboise, nouvelle galante, Paris, C. Babin, 1688
- Inès de Cordoue nouvelle espagnole, Paris, M. et G. Jouvenel, 1696 (recueil incluant la première version de Riquet à la houppe) Modèle:Lire en ligne ; réédition, Genève, Slatkine, 1979
- Relation de l’isle de Bornéo, Paris, G. Peignot, 1807 (date de composition inconnue, publié avec d'autres textes de Fontenelle) Modèle:Lire en ligne ;
- Le Commerce galant ou Lettres tendres et galantes de la jeune Iris et de Timandre, Catherine Bernard et Nicolas Pradon, 1696 Modèle:Lire en ligne.
Édition des œuvres complètes
- Œuvres, textes établis, présentés et annotés par Franco Piva, Paris, Nizet, Modèle:Coll, Modèle:Nb vol. (Modèle:Nobr rom, Romans et nouvelles, Modèle:Nb p. ; Modèle:Nobr rom, Théâtre et poésie, Modèle:Nb p.), 1993-1999 (Inclut Brutus, Laodamie, reine d’Épire, Frédéric de Sicile, Histoire de la rupture d’Abenamar et de Fatime ; Inès de Cordoue, nouvelle espagnole, Riquet à la houppe ; Les Malheurs de l'amour, Première Nouvelle ; Éléonor d’Yvrée ; Edgar, roi d’Angleterre, histoire galante ; Le Roi seul, en toute l’Europe, défend et protège les droits des rois ; Plus le roi mérite les louanges, plus il les évite ; Le Roi, par la paix de Savoie, a rendu la tranquillité à l’Italie, et a donné à toute l’Europe l’espérance de la paix générale ; L’Imagination et le Bonheur.
Annexes
Bibliographie
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} F. E. Beasley (2000) Altering the fabric of history: women's participation in the classical age. A History of Women's Writing in France, 64 (résumé).
- F. Besbes-bannour (2011) Le Pathétique et la Femme: l'écriture romanesque féminine du pathos dans les années charnières 1678-1720 (Doctoral dissertation, Paris 3) (lien).
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- D. Conroy (2011), édition de Brutus et Laodamie, dans Théâtre de femmes de l'Ancien Régime, Modèle:Vol., dir. A. Évain, P. Gethner et H. Goldwyn, Publications de l'Université de Saint-Étienne, 2011.
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- M. Kulesza, Enjeux politiques-enjeux amoureux dans les romans de femmes de la seconde moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle
- M. Kulesza, (2010), L'amour de la morale, la morale de l'amour. Les romans de Catherine Bernard, Warszawa, Uniwersytet Warszawski Wydział Neofilologii, 2010.
- Titiou Lecoq, Les Grandes oubliées. Pourquoi l'Histoire a oublié les femmes, L'Iconoclaste, 2021 Modèle:ISBN Modèle:P.
- C. Plusquellec (1985) Qui était Catherine Bernard ? Revue d'Histoire littéraire de la France, 85(4), Modèle:P. (résumé).
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Émission
- Modèle:Écouter en ligne, France Culture, documentaire de Marie Potonet, avec Aurore Évain, Franco Piva, Agathe Sanjuan, et les comédiennes Aline Le Berre et Alice Le Strat (Modèle:Date-).
- Modèle:Écouter en ligne, Bibliothèque nationale de France, conférence d'Edwige Keller-Rahbé, maîtresse de conférences en littérature française du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle à l'université Lumière-Lyon-II, et lectures par Aurore Évain, comédienne, durée Modèle:Heure.
- Modèle:Voir en ligne, série en stop motion de Julie Gavras (2021), Arte, durée Modèle:Heure.
Notes et références
Notes
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Références
Voir aussi
Articles connexes
- Littérature française : Moyen Âge - [[Littérature du XVIe siècle|Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle]] – [[Littérature française du XVIIe siècle|Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle]] - [[Littérature française du XVIIIe siècle|Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle]] - [[Littérature française du XIXe siècle|Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle]] - [[Littérature française du XXe siècle|Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle]] - [[Littérature du XXIe siècle|Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle]]