Communautarisme (concept politique)

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Le communautarisme est un terme désignant, en politique, plusieurs concepts.

Dans son sens premier, il désigne une philosophie politique qui met l'accent sur le lien entre l'individu et la communauté. Cette philosophie est basée sur la conviction que l'identité sociale et la personnalité d'une personne sont largement façonnées par les relations communautaires, un degré de développement plus faible étant placé sur l'individualisme. Bien que la communauté puisse être une simple famille, le communautarisme est généralement compris, au sens philosophique plus large, comme un ensemble d'interactions, au sein d'une communauté de personnes dans un lieu donné (emplacement géographique), ou au sein d'une communauté qui partage un intérêt ou qui partage une histoire<ref>Avineri, S.and de-Shalit, Avner. (1992) Communitarianism and Individualism, Oxford: Oxford University Press.</ref>. Le communautarisme s'oppose généralement aux formes d'individualisme qu'elle juge trop extrêmes, ou bien à la notion d'individualisme dans son ensemble.

Dans des contextes de débat politique francophone, le terme de communautarisme désigne souvent la tendance au repli, réelle ou supposée, d'une communauté culturelle, ethnique, religieuse ou sociale. Une telle tendance conduirait ainsi la ou les communautés concernées à réduire ses échanges avec le reste de la société et entrainerait des dissociations et des incompréhensions entre cette communauté et le reste de la société. L'usage du terme dans ce sens n'est pas reconnu par la sociologie ou par les sciences sociales en général, qui considèrent qu'il s'agit d'une catégorie du débat public et médiatique plutôt que d'une conception défendue et mise en pratique par des individus ou des groupes sociaux.

Étymologie

Le terme vient du latin « communis », formé de « cum » qui signifie « avec, ensemble » et de « munus » signifiant « charges, problèmes, dettes ». D'un point de vue strictement étymologique, le communautarisme désigne donc le fait de se mettre ensemble pour affronter des problèmes communs, ou au contraire un groupe d'individus possédant comme dénominateur commun le trait religieux, culturel, ethnique, linguistique ou idéologique caractérisant leur « communauté » et les distinguant des autres, de ceux qui n'en font pas partie.

Communautariste ou communautarien

Les communautaristes et les communautariens n'ont pas les mêmes conceptions politiques. En anglais, il existe deux sens au mot communautarian. On ne le retrouve pas en français. Il est fréquent de séparer en communautariste et communautarien<ref name="Gauvin2011" />.

Les communautaristes voient les droits des individus d'abord comme des droits collectifs liés à l'appartenance à une communauté. C'est le sens souvent retenu en France. Charles Taylor précise Modèle:Citation. Ils peuvent revendiquer des droits différents justifiés par l'appartenance à une communauté (droit de régler les problèmes selon des lois propres, de manifester une appartenance religieuse…)<ref name="Gauvin2011" />.

Les communautariens sont un courant qui s'oppose au libéralisme politique<ref>Modèle:Article</ref>. Ils refusent l'atomisme des libéraux. C'est-à-dire les comportements individuels organisés uniquement par des lois. Les communautariens vont préférer le bien au juste. Ils pensent qu'un ensemble de valeurs doit être donné par la communauté et que l'individu est fait pour vivre en communauté. Ils rejoignent Karl Marx lorsqu'il disait Modèle:Citation. Les principaux porteurs de ce courant sont Charles Taylor, Michael Walzer<ref>Modèle:Article</ref>, Michael Sandel ou Alain de Benoist. Certains communautariens se définissent aussi comme des libéraux communautariens. John Rawls, auteur de la théorie de la justice, finira par admettre que la vie sociale suppose une adhésion commune à des valeurs. Comme l'explique Charles Taylor Modèle:Citation<ref name="Gauvin2011" />.

Définition

Arrêt sur images indique que si Modèle:Cita à partir de la fin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, Modèle:Cita en France<ref name="ConceptBaladeur"/>. Le terme intègre Le Petit Larousse en 1997<ref name="ConceptBaladeur"/>.

Selon Pierre-André Taguieff : Modèle:Citation bloc

En France, le terme s'emploierait de manière péjorative et généralement idéologique pour désigner une sorte de menace qui pèserait sur la nation et les droits de l'homme, et qu'on oppose de façon équivoque autant au républicanisme qu'à la laïcité, au nationalisme, à l'universalisme ou à l'individualisme<ref name="Halpern"/>.

Gil Delannoi, chercheur au CEVIPOF, le définit ainsi : Modèle:Citation bloc

Selon Marwan Mohammed, sociologue au CNRS et coauteur du livre Communautarisme?, « le terme communautarisme vise moins à décrire qu’à prescrire des normes et des codes de conduite au nom de l’injonction à l’assimilation, et proscrire des pratiques et des demandes publiques de la part de groupes dont les singularités sont construites comme une menace pour la cohésion sociale »<ref>Marwan Mohammed : « Le concept de communautarisme nie aux minorités la possibilité de s’affirmer et d’agir dans l’espace public », Le Bondy Blog, 31 octobre 2018.</ref>.

Dans le rapport de 2004 de la direction centrale des Renseignements généraux sur les Modèle:Cita, le Modèle:Cita est évalué à partir de huit critères : un nombre important de familles d’origine immigrée, Modèle:Cita ; un Modèle:Cita ; la Modèle:Cita ; la Modèle:Cita ; le port d’Modèle:Cita ; les graffitis Modèle:Cita ; l’existence, au sein des écoles, de primo-arrivants ne parlant pas français ; la Modèle:Cita<ref name="ConceptBaladeur"/>.

Dans le débat public français

Selon Fabrice DhumeModèle:Note<ref name=":0">Modèle:Lien web</ref>, dans la presse française, avant 1994, Modèle:Cita. Entre 1994 et 1995, la fréquence dans les dépêches AFP est multipliée par 15 ; puis entre 2001 et 2002, la moyenne annuelle est encore multipliée par 7. L'année 1995 correspond à l'affaire Khaled Kelkal et l'année 2001 aux attentats du World Trade Center à New York. Dans ces deux cas, la notion de “communautarisme” est liée à la réalité du terrorisme islamiste. Selon ce chercheur, si le terme est au départ surtout appliqué à des musulmans, il est rapidement appliqué dans certains discours politiques et médiatiques également à d'autres situations et d'autres communautés (noires, asiatiques, etc.), mais quasiment toujours dans un sens péjoratif<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Fabrice Dhume estime que ce concept se développe Modèle:Cita<ref name="ConceptBaladeur"/>,<ref name=":0" />.

Jusqu'alors appliqué à la situation du Liban, le terme est notamment importé en France en 1989 par plusieurs figures avant d'être progressivement repris par les titres de presse :

Selon la sociologue Sylvie Tissot, le rapport de la direction centrale des Renseignements généraux de juillet 2004 sur les Modèle:Cita constitue un moment important de sa diffusion dans les médias<ref name="ConceptBaladeur"/>. Selon Arrêt sur images qui s'appuie sur le sociologue Fabrice Dhume, Modèle:Cita<ref name="ConceptBaladeur"/>. Fabrice Dhume indique que Modèle:Cita<ref name="ConceptBaladeur"/>. Pour ce chercheur, communautarisme est un Modèle:Citation<ref>Modèle:Article</ref>. Selon lui, c'est devenu en France Modèle:Citation<ref>F. Dhume-Sonzogni, F.vLorcerie, Racisme, antisémitisme et communautarisme ?: l'école à l'épreuve des faits, L'Harmattan, 2007.</ref>.

À l'approche des élections municipales de 2020, la préparation de Modèle:Cita, venant notamment de l'Union des démocrates musulmans français dans une cinquantaine de communes, suscite une polémique dans la classe politique et dans les médias<ref name="ConceptBaladeur"/>. Xavier Bertrand (Les Républicains), président du conseil régional des Hauts-de-France, demande leur interdiction<ref name="ConceptBaladeur"/>. En octobre 2019, Emmanuel Macron annonce qu'il sera Modèle:Cita dans sa Modèle:Cita, évoquant Modèle:Cita pouvant consister à Modèle:Cita<ref name="ConceptBaladeur">Modèle:Lien web.</ref>. Il reçoit alors à l'Élysée les responsables du Conseil français du culte musulman pour les exhorter à Modèle:Cita<ref name="ConceptBaladeur"/>. L'universitaire Philippe Corcuff relève qu'à partir de l'intervention d'Emmanuel Macron devant les députés de La République en marche le 11 février 2020, Modèle:Cita dans le débat public, notion empruntée selon lui, dans un sens ethno-culturel, à Christophe Guilluy qui l'utilise dans son livre Fractures françaises de 2010<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Différents communautarismes

Argumentation

Selon Modèle:Qui les droits d’un individu risquent de devenir différents en fonction de son appartenance à telle ou telle communauté, fondée sur une religion, une ethnie ou une communauté linguistique<ref>Selon René Andrau et Antoine Sfeir, Modèle:Citation Modèle:Ouvrage</ref>.

Pour Modèle:Qui, le communautarisme remet en cause l’espace public neutre, et empêche l’individu de se définir ou de se redéfinir<ref>Modèle:Article</ref> : une fois membre d’une communauté, il devient difficile d’en sortir (par exemple, le Conseil français du culte musulman (CFCM), sous la pression de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), refuse d’accepter le droit à changer de religion pour les musulmans, et préfère que ne soit cité dans la charte, que la référence aux droits de l'homme et non à la seule liberté de changer de religion car cela accréditerait l'idée qu'il y ait quelque chose en islam qui limite cette libertéModèle:Référence obsolète).

Communautarisme et communautés

Modèle:Section à sourcer Il convient de distinguer le communautarisme des communautés. Cette distinction est faite par le CEVIPOF dans un article « autour du communautarisme » où ce dernier se dénote par sa fermeture et son emprise sur les parties de la communauté.

Ainsi, Cyprien Avenel dans « sociologie des quartiers sensibles » considère que sont considérées souvent à tort comme communautaires des personnes issues de l'immigration où enfants d'immigrés. Il démontre que « plus on est pauvre, plus on est isolé socialement et plus l'univers de sociabilité se ferme au lieu de résidence ». Il parle alors de « sociabilité contrainte » pour expliquer la tendance en particulier des « jeunes de quartier » à rester ensemble. En réalité, bien qu'englobés de façon très large comme « communauté arabo-musulmane » ou « immigrés », ces groupes sont très hétérogènes, que ce soit dans leur façon de vivre l'islam (la majorité des Modèle:2e n'étant pas pratiquante) ou encore dans leurs origines et trajectoires sociales.

Si Isaiah Berlin défend une théorie où dans le cas où deux cultures se rencontrent, soit l'une cède le pas à l'autre (assimilation) soit les deux fusionnent (intégration), Gil Delannoi ajoute l'hypothèse négative : celle de la perte de la culture d'origine sans adhésion à la nouvelle culture. La ségrégation spatiale des couches populaires issues de l'immigration et les diverses discriminations (au faciès, à l'embaucheModèle:, etc.) les confinant dans un espace de sociabilité réduit, ils ne peuvent accéder à la culture française, et en même temps, pour les enfants nés en France de parents immigrés, ils n'ont plus que des restes lointains de la culture de leurs parents.

Anticommunautarisme européen

En septembre 2006, le terme a été employé dans un article du Figaro.fr pour désigner l'attitude, jugée hostile par la Commission européenne, du gouvernement allemand d'Angela Merkel à l'égard des institutions européennes<ref name="PierreAvril" />. Au niveau d'une communauté de pays, comme l'Union européenne, le terme peut être employé pour désigner une attitude ou une politique hostile à l'égard de cette communauté ou de ses institutions<ref name="PierreAvril" />. Certains inversent le terme, présentant par exemple les défenseurs de la Communauté européenne comme communautaristes, auxquels s'opposent les souverainistes, en fait plus repliés sur leur communauté nationale.

Canada et Québec

Le communautarisme au Québec s'apparente beaucoup plus au communautarisme américain qu'au communautarisme français et se base sur un concept socio-ethnolinguistique. Il est presque exclusivement associé aux regroupements issus de l'immigration (Italo-Québécois<ref>Les écrivains italo-québécois dans leur rapport à la langue et à la culture ou comment se positionner comme écrivain à part entière dans le contexte québécois par Jérôme Ceccon, Universiteit Antwerpen.</ref>, Québécois d'origine haïtienne, Arméno-québécois, ou Irlando-québécois) incluant les Anglo-québécois qui sont également considérés comme une communauté historique (peuples fondateurs). En général, le terme de communautarisme ne s'applique pas aux autochtones du Québec. On va plutôt parler de « communauté autochtone » pour définir une population spécifique dans un territoire donné (réserve ou établissement). Le facteur social n'étant pas nécessairement pris en compte.

L'équivalent québécois des débats français sur le communautarisme (question de l'intégration des immigrants) tourne plutôt autour de la politique fédérale de multiculturalisme.

États-Unis

Le mot serait apparu aux États-Unis dans les années 1980Modèle:Refnec. Mais selon le militant contre le racisme Louis-Georges Tin, le mot y serait très peu utilisé, mis à part dans les milieux ultra-conservateurs<ref>Modèle:Lien web.</ref>. En revanche, le terme de communauté est omniprésent dans le discours public comme dans le discours privé, que ce soit pour désigner une localité ou une petite ville, ou pour désigner un groupe humain. Dans ce cas précis, l'appartenance à une communauté se caractérise principalement par rapport à une différence extérieure par rapport à la majorité, d'où l'usage du terme pour les communautés LGBT, noire, hispanique, asiatique, ou encore musulmane.

Critique du terme

Le terme a été critiqué, notamment par Pierre-André Taguieff, pour son usage jugé tendancieux pouvant servir à légitimer un discours raciste : Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref>. Selon le sociologue Fabrice Dhume, l'usage de ce mot révèle une forme subtile de nationalisme : il sous-entend que la seule communauté valable serait pour lui, la communauté nationale, et que les autres communautés seraient une menace à l'hégémonie du groupe majoritaire et dominant<ref>Le communautarisme, cette chimère toxique, France Culture, 24 septembre 2016.</ref>.

De même selon Pierre-André Taguieff : Modèle:Citation et Modèle:Citation<ref name="Halpern"/>. Il avance ainsi : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Selon la sociologue Sylvie Tissot, le terme est constamment utilisé pour désigner des minorités ethniques ou religieuses, mais jamais l’entre-soi bourgeois, blanc et masculin qui structure largement le monde des décideurs économiques et politiques. Elle souligne également ce paradoxe : la « communauté » se voit « parée de toutes les vertus quand elle est nationale, et elle appelle une allégeance, un amour, un dévouement impérieux et exclusifs (un « bon communautarisme »). Elle devient suspecte dès qu’elle est régionale, sociale, sexuelle, religieuse, ou plus précisément dès que, sous ces différentes modalités, elle est minoritaire »<ref>Qui a peur du communautarisme ?, Les mots sont importants, 7 novembre 2012.</ref>.

Pour de nombreux militants LGBT, il est indu de reprocher aux minorités discriminées leur « communautarisme » puisqu'elles sont précisément exclues par le groupe majoritaire. Selon Yohann Roszéwitch, ex-président de SOS homophobie : « Les accusations de communautarisme sont fréquentes de la part des opposants à l'égalité des droits. Moi je n’emploie pas le terme communautarisme. »<ref>Les propos du nouveau référent homophobie inquiètent des militants LGBT, Slate, 7 juillet 2016.</ref>.

En 2019, Arrêt sur images relève que selon l'enquête « Trajectoires et Origines » de juillet 2013 de l'Institut national d'études démographiques<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, Modèle:Cita. Arrêt sur images note également que Modèle:Cita<ref name="ConceptBaladeur"/>. De même, les chercheurs Marwan Mohammed et Julien Talpin affirment dans leur ouvrage Communautarisme ? (2018) que Modèle:Cita, et le politologue Jérôme Fourquet analyse la Modèle:Cita des Modèle:Cita dans un rapport intitulé « 1985-2017 : quand les classes favorisées ont fait sécession », publié en février 2018 par la fondation Jean-Jaurès<ref name="ConceptBaladeur"/>.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Modèle:Liens

Bibliographie sur le sujet

  • Jérémy Guedj, Réalité(s) du communautarisme religieux, Paris, CNRS Éditions, 2020.

Ouvrages critiques envers le communautarisme

  • Joseph Macé-Scaron, La Tentation communautaire, Paris, Plon, 2001.
  • Robert Grossmann et François Miclo, La République minoritaire. Contre le communautarisme, Paris, Michalon, 2002.
  • François Devoucoux du Buysson, Les Khmers roses. Essai sur l'idéologie homosexuelle, Éditions Blanche, 2003 (essai plus spécifiquement centré sur ce que l'auteur analyse comme « un communautarisme gay »).
  • René Andrau et Antoine Sfeir, Liberté, égalité, Islam. La République face au communautarisme, Paris, Tallandier, 2005.
  • Julien Landfried, Contre le communautarisme, Paris, Armand Colin, 2007.
  • Eric Keslassy, La République à l'épreuve du communautarisme, Les notes de l'Institut Diderot, 2011.
  • Anne-Sophie Nogaret et Sami Biasoni, Français malgré eux. Racialistes, décolonialistes, indigénistes : ceux qui veulent déconstruire la France, L'Artilleur, 2020.

Ouvrages et articles critiques envers l'« anti-communautarisme » et/ou explicitement favorables au communautarisme

Autres

Notes et références

Notes

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Références

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