Dépêche d'Ems
La dépêche d'Ems est un imbroglio diplomatique qui a servi de prétexte pour engager la guerre franco-allemande de 1870 : il s'agit principalement d'un télégramme officiel envoyé le Modèle:Date par le chancelier Otto von Bismarck à toutes les ambassades, en s'inspirant d'un article publié la veille par le Modèle:Lang sur un très court dialogue entre le [[Guillaume Ier (empereur allemand)|roi de Prusse Modèle:Souverain-]] et l’ambassadeur de France à Berlin.
Pour apaiser les craintes d'encerclement de la France, le prince allemand Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen, sur les conseils du roi de Prusse, retirait le Modèle:Date- sa candidature au trône d'Espagne, à la suite de la demande de l'ambassadeur de France, le comte Benedetti, envoyé auprès du roi de Prusse, en cure à Bad Ems. Par le biais de son ambassadeur, la France demanda également au roi d'assurer qu'il n'y aurait plus jamais d'autres candidatures provenant de Prusse. Guillaume lui rétorqua qu'un tel engagement ne pouvait se prendre dans l'absolu<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Ajoutant courtoisement qu'il Modèle:Citation, il en réfère à Bismarck, qui en informe la presse, puis les diplomates étrangers<ref name="ZHIGUX">Modèle:Ouvrage.</ref> de manière trompeuse. La « dépêche d'Ems », émise par ce dernier, met de l'huile sur le feu<ref name="ZHIGUX" /> en éludant volontairement le retrait de la candidature allemande. Elle déclenche des manifestations nationalistes dans les deux pays. À Paris, les vitres de l'ambassade de Prusse sont brisées. Le Corps législatif vote les crédits de guerre dès le Modèle:Date-.
Ce télégramme a été précédé par quatre brefs récits de ce dialogue :
- un Modèle:1er privé, rassurant, du roi de Prusse au chancelier prussien Bismarck ;
- un court article, alarmiste, du Modèle:Lang, orchestré par Bismarck ;
- une dépêche de la Correspondance du Nord-Est signalant l'article ;
- une dépêche de l'Agence continentale allemande, diffusée par l'Agence Havas à ses clients français.
Une erreur de traduction par les Français a également aggravé la présentation alarmiste suggérant un incident diplomatique de grande ampleur : alors que Modèle:Lang signifie, en allemand, « aide de camp »<ref name="QP7XUJ">Modèle:Ouvrage.</ref>, il fut traduit par « adjudant »<ref name="QP7XUJ" />, suggérant que le roi de Prusse a congédié l'ambassadeur de manière vexatoire, et ce, par le biais d'un subalterne.
Le contexte médiatique et politique
La ruse de Bismarck
Alors que la France est censée être la victime de l'incident diplomatique allégué par la dépêche d'Ems, c'est le chancelier prussien Bismarck qui en est la source, le rédacteur et l'expéditeur. Conscient de la supériorité militaire prussienne, désireux d'unir les États allemands derrière lui, il souhaite que la France déclare la guerre, pour placer la Prusse dans le rôle de l'agressé. Bismarck a l'appui d'une partie de la presse allemande et de l'Agence Continentale, qu'il contrôle indirectement depuis 1865. Grâce au baron von Werther, l'ambassadeur de Prusse à Paris, il connaît les sentiments bellicistes d'une partie de la presse française, dont il va jouer.
L'affaiblissement d'Émile Ollivier
Le Premier ministre français Émile Ollivier cherche quant à lui une occasion d'unir l'opinion derrière lui, car il est affaibli par la démission en avril des ministres du centre gauche, Napoléon Daru et Louis Buffet. Le climat politique est par ailleurs tendu depuis l'assassinat le 10 janvier, par Pierre Bonaparte, du journaliste Victor Noir. Ses obsèques, suivies le 12 janvier par plus de cent mille personnes, ont engendré une agitation contre le Second Empire. Henri Rochefort, directeur du journal La Marseillaise, où travaillait Victor Noir, croupit en prison depuis février, avec onze autres salariés du journal et passe pour un martyr. Ses partisans sont actifs dans les manifestations de rue au moment de la dépêche d'Ems. Il est important de souligner que l'opposition républicaine au régime impérial tend à se renforcer depuis au moins 1865.
Le souvenir de la bataille de Sadowa
La bataille de Sadowa, perdue en Modèle:Date par l'Autriche face à la Prusse, est restée en France une mauvaise surprise, chargée « d'un profond contenu affectif »Modèle:Refnec. « Dans la presse, à la tribune de l'Assemblée, on a si souvent et si fortement reproché au Second Empire d'être resté passif en face de la victoire prussienne, on a si souvent déploré les conséquences désastreuses de cette passivité, que l'opinion, peu à peu, s'est prise à considérer Sadowa comme une véritable défaite de la France, comme un second Waterloo »Modèle:Refnec. « Depuis Sadowa , écrit dans Le Figaro Francis MagnardModèle:Refins — qui raille d'ailleurs ce sentiment —, il est admis que nous avons à l'orgueil national une plaie béante et saignante ». La bataille de Sadowa avait provoqué d'énormes pertes chez les agents de change qui avaient vendu à découvert le marché obligataire, deux d'entre eux, Doyen et Porché, ayant fait faillite<ref name="Colling p279">La Prodigieuse Histoire de la Bourse, par Alfred Colling, 1949, Modèle:Nobr.</ref> : le Modèle:Date, le cours de l'emprunt français à 3 % avait bondi de Modèle:Nombre à 70, soit une progression de presque 9 % en une seule journée et celui de l'emprunt italien à 5 %, de 42,60 à 70, soit une progression de 64 % en une seule séance<ref name="Colling p279" />. Plus généralement, le marché financier français était fragilisé depuis 1867 par une série de faillites bancaires et par une fièvre immobilière.
L'enchaînement des événements
Déclaration de Bismarck le 2 juillet
La candidature de Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen au trône d'Espagne, abandonné par la reine Isabelle en 1868, est perçue par le gouvernement de Modèle:Souverain2 comme un encerclement diplomatique. En Modèle:Date, les négociations avec le roi de Prusse permirent de retirer cette candidature.
Mais le Modèle:Date, Bismarck la réactive publiquement, et l'annonce dans une déclaration, en profitant de l'absence du roi de Prusse<ref name="TGECQD">Bismarck, par Jean-Paul Bled [1].</ref>. Aussitôt, la presse bonapartiste française s’enflamme, reprochant au gouvernement Ollivier, d'avoir réduit le contingent militaire de Modèle:Nombre.
Déclaration de Gramont le 6 juillet et agitation médiatique
Le Modèle:Date, le ministre des Affaires étrangères français Agénor de Gramont prononce à l'assemblée un discours belliciste. Plus d’une dizaine de journaux l'approuvèrent : Le Gaulois, Le Figaro, L'Univers, Le Correspondant, Le Constitutionnel, Le Pays, Le Soir, La Presse, L’Opinion nationale, Le Moniteur universel et La Liberté. Le Modèle:Date, dans un éditorial intitulé « La guerre », le quotidien Le Pays écrit : Modèle:Citation. Même agressivité pour le quotidien Le Gaulois : Modèle:Citation. Modèle:Souverain2 obtient le soutien du tsar de Russie et de plusieurs autres cours européennes.
Au contraire, Le Temps se désole d’une « espèce de fureur » qui s’est emparée de la presse<ref name="a">Guerre défensive provoquée ou duel pour la prépondérance ? Nouveau regard sur les origines de la guerre franco-prussienne de 1870-71 : mémoire de Carl Rudolf Lemieux, du département d’histoire de la Faculté des arts et des sciences de Montréal, Modèle:Date-.</ref> et d'autres journaux dénoncent une déclaration de guerre intempestive : Le Français, Le Temps, Le Siècle, Le Réveil, L'Électeur libre, Le Public, Le Rappel, L'Avenir national et La Revue des deux Mondes, selon Stéphane Audoin-Rouzeau<ref name="a" />.
Départ de l'ambassadeur de France pour Ems le 9 juillet
À Berlin, le secrétaire d’État prétend ne pas savoir où joindre Bismarck. Envoyé par l’ambassadeur de France, le comte Benedetti se rend à Ems le Modèle:Date, où le roi de Prusse prend les eaux. Il le prie de parler au prince Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen, qui retire officiellement sa candidature le Modèle:Date. Bismarck est pris à contre-pied<ref name="TGECQD" /> et menace de démissionner si le roi de Prusse reçoit une fois encore Benedetti. Le ministre français des Affaires étrangères Agénor de Gramont ne se satisfait pas de la déclaration de Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen. Il demande à Benedetti de solliciter une nouvelle audience auprès du Roi de Prusse, pour exiger un engagement à ne jamais présenter de nouvelle candidature. Modèle:Souverain- l'accoste au lieu-dit la « Promenade des sources » et lui dit : Modèle:Citation.
Les différentes versions de la dépêche d'Ems
Le télégramme du roi de Prusse
L'épisode de la dépêche d'Ems a été raconté par Bismarck dans ses mémoires, bien entendu à son avantage. Le roi de Prusse fait envoyer par son conseiller diplomatique Heinrich Abeken, le jour même du Modèle:Date-, à Modèle:Heure, un télégramme à Bismarck, qui est à Berlin. C'est un résumé de ce qui s'est dit. Par égard pour Bismarck, le conseiller diplomatique lui donne la possibilité d'en faire lui-même l'annonce officielle<ref>Dans ses Pensées et Souvenirs (parus à Stuttgart en 1898) Bismarck cite cette version initiale qu'il a reçue.</ref> :
texte allemand extrait des Modèle:Lang | texte français extrait des Pensées et Souvenirs par le prince de Bismarck (traduit par E. Jaeglé) - Paris 1899 - (Modèle:T. Modèle:P.) |
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Modèle:Citation étrangère | Modèle:Citation |
Bismarck rédige une version « condensée »
À Berlin, Bismarck dîne avec deux généraux prussiens : Moltke, chef des armées, et Roon, ministre de la Guerre. Le repas se déroule sans entrain. Il semble que le piège allemand ait été déjoué car un journal parisien titre en première page Modèle:Citation. Bismarck envisage sérieusement de démissionner, ce qui lui attire les reproches amers des deux généraux : ils se sentent abandonnés.
Il est Modèle:Nombre quand lui parvient le télégramme chiffré du conseiller diplomatique du roi de Prusse. Bismarck le lit à ses invités. Puis il demande à Moltke si l’armée serait prête à entrer en campagne et s’il croit possible de vaincre la France. Moltke se dit certain d’une victoire et précise que, s’il y a une guerre, il est beaucoup plus avantageux de la commencer au plus tôt.
Alors Bismarck rédige pour tous les ambassadeurs une version « condensée » (selon ses propres termes) du télégramme, dont il retire les passages apaisants. L'information la plus importante, le renoncement allemand à la couronne d'Espagne, est complètement absente de la version condensée du télégramme, entièrement centrée sur l'éventuel incident diplomatique, c'est-à-dire le fait que le roi de Prusse n'ait pas parlé à l'ambassadeur.
texte allemand extrait des Modèle:Lang | texte français extrait des Pensées et Souvenirs par le prince de Bismarck (traduit par E. Jaeglé) - Paris 1899 - (Modèle:T. Modèle:P.) |
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Modèle:Citation étrangère | Modèle:Citation |
Dans ses Modèle:Lang (Modèle:T., Modèle:P. & Pensées et souvenirs, Modèle:T. Modèle:P.), Bismarck précise : Modèle:Citation bloc
Le terme allemand Modèle:Lang, employé par le roi et par Bismarck, signifie « aide de camp » (en accord avec le Littré, le français « aide » vient du latin Modèle:Lang).
La dépêche de l'Agence continentale, incorrectement rédigée
Bismarck contrôle l'Agence continentale, financée depuis 1865 par son ami le banquier Gerson von Bleichröder. Celle-ci télégraphie le Modèle:Date-, très tard dans la soirée, à sa partenaire l’Agence Havas une dépêche qui reprend strictement, dans son premier paragraphe, les termes du télégramme que Bismarck enverra le lendemain aux ambassadeurs<ref name="ref-2">Modèle:Harvsp.</ref>. La dépêche est ensuite diffusée par l'Agence Havas à ses clients français, avec un second paragraphe, donnant la version du roi de Prusse. Elle porte la signature « service télégraphique Havas-Bullier », comme le veut l'accord d'échanges d'information entre les deux agences<ref name="ref-2" />. Ce second paragraphe a selon les historiens été très probablement rédigé de Paris à partir d'informations obtenues du ministère des Affaires étrangères, informé par Benedetti le Modèle:Date- à Modèle:Nombre, mais qui ne fera aucun commentaire le lendemain lorsqu'il sera questionné par le quotidien La Patrie<ref name="CH3AS2">« Aux origines de la guerre de 1870 : gouvernement et opinion publique », Modèle:Nobr par Jean Stengers, Revue belge de philologie et d'histoire, 1956, [2].</ref>.
C'est le second paragraphe de la dépêche qui donne l'information importante : le roi de Prusse a approuvé la renonciation de son petit-cousin Léopold au trône d’Espagne et considère « dès lors tout sujet de conflit comme écarté »<ref name="ref-2" />. L'Agence continentale aurait normalement dû commencer sa dépêche par cette information, en vertu du principe de découpage de l'information par priorité. Elle l'a en fait relégué au second paragraphe, en utilisant le conditionnel, sans donner la raison de ce conditionnel. L'information était pourtant étayée par le recoupement auprès d'autres sources d'information, anonymes mais parfaitement identifiées, à Ems, en application des principes de vérification des faits et de protection des sources d'information des journalistes. Et le vocabulaire à la fois précis et catégorique : la renonciation allemande « hautement » approuvée et « tout sujet » de conflit « écarté ».
La dépêche a préféré mettre l'accent, dans le premier paragraphe, sur l'accumulation de cinq détails mineurs relatés au passé simple et présentés comme constituant un incident diplomatique : insistance de l'ambassadeur, courtoisie extrême de sa démarche, refus par le Roi de recevoir, mention que le Roi n'a plus rien à lui communiquer et recours à un Modèle:Lang de service pour le dire.
L'erreur de traduction
Ce dernier détail — le recours à un Modèle:Lang de service pour éconduire l'ambassadeur — joue sur une ambigüité de vocabulaire, par un faux-ami qui a donné lieu à une erreur de traduction : un « Modèle:Lang » est un officier d'État-major dans les armées allemandes alors qu'il s'agit d'un sous-officier en France<ref name="QP7XUJ" />. Ce premier paragraphe ne donne pas la raison pour laquelle le roi n'a pas reçu l'ambassadeur, préférant suggérer, laisser entendre, que c'est par désir de vexation.
Les réactions
Les manifestations de rue des 13 et 14 juillet
En France comme en Allemagne, cette conversation courtoise dans les allées du parc d'une station thermale sera présentée comme un incident diplomatique par une partie de la presse. De violentes manifestations de rue, les [[Émeutes nationalistes des 13 et 14 juillet 1870|émeutes nationalistes des 13 et Modèle:Date-]] ont lieu à Berlin puis à Paris. Au soir du Modèle:Date-, Bismarck fait distribuer gratuitement dans les rues de Berlin<ref name="ref-1">Georges Roux, Thiers, Nouvelles Éditions latines, Modèle:P., Modèle:Lire en ligne.</ref> plusieurs milliers d'exemplaires d'un numéro spécial de la Modèle:Lang, son organe de presse officiel, afin de donner sa version de ce qui s'est passé à Ems<ref>Bibliothèque universelle et revue suisse, Modèle:Vol., Modèle:P., Modèle:Lire en ligne.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Le texte s'appuie sur une caricature présentant l'ambassadeur de France harcelant le roi de Prusse sur son lieu de cure thermale, en exigeant que le retrait de la candidature prussienne au trône d'Espagne soit suivie d'un engagement à ne jamais recommencer<ref name="ref-1" />. D'autres journaux de Berlin publièrent à partir de Modèle:Nombre<ref>Modèle:Article.</ref> des éditions spéciales, pour décrire à leur tour la scène. Le Modèle:Date-, lendemain de ces manifestations, Bismarck envoie sa circulaire aux ambassadeurs partout en Europe. Les manifestations de la veille les ont conditionnés, pour influer sur leur lecture des faits.
Le lendemain aussi, le journal du soir La France donne la réponse française à la Modèle:Lang, comme il en avait déjà l'habitude depuis le mois de Modèle:Date, chacune des deux publications dénonçant un activisme militaire de l'autre puissance<ref>Moniteur belge : journal officiel, Modèle:P., Modèle:Lire en ligne.</ref>. La France affirme dans cette édition du Modèle:Date- au soir que le gouvernement français s'apprête à réagir par une déclaration de guerre à l'incident diplomatique, ce qui déclenche des manifestations à Paris. La foule s'en prend à l'ambassade de Prusse, dont les vitres sont cassées<ref>Maurice Ezran, Bismarck, démon ou génie ?, Modèle:P., Modèle:Lire en ligne.</ref>. Le ministre de la Guerre rappelle les réservistes, le soir même. Cette dramatisation est précédée par un Conseil des ministres où il avait pourtant été décidé, par huit voix contre quatre<ref>Discours de réception d'Henri Bergson à l'Académie française en 1918.</ref>, que si le roi de Prusse ne souhaitait pas s’engager pour l’avenir, on ne pousserait pas plus loin l’affaire. Mais cette information n'est pas publiée. Le numéro de La France diffusé le soir même laisse au contraire entendre qu'on s'achemine vers une déclaration de guerre, ce qui galvanise les manifestants.
Les éditoriaux contradictoires de la presse française
La réaction en France varie en fonction des journaux et des partis politiques. Dans la soirée du Modèle:Date-, le quotidien parisien La France révèle que les ministres se sont réunis dans l'après-midi aux Tuileries autour d'Émile Ollivier, qu'ils y étaient encore à Modèle:Heure, pour rédiger une déclaration concluant à la guerre, demandant que le contingent militaire soit porté à Modèle:Unité<ref name="ref-3">Modèle:Harvsp.</ref>. Le journal précise qu'une dépêche chiffrée de l'ambassadeur Benedetti devait arriver vers Modèle:Heure, et que le gouvernement attendra de l'avoir déchiffrée pour faire officiellement sa déclaration de guerre, le lendemain<ref name="ref-3" />. Mais déjà les partisans de la guerre s'emballent. Dans la soirée du Modèle:Date- une Modèle:Citation en criant Modèle:Citation et Modèle:Citation, rapporte Le Constitutionnel. La dépêche Havas-Bullier, reçue dans la journée, est encore inconnue : la plupart des quotidiens sont imprimés dans la nuit et ne pourront la publier que le lendemain Modèle:Date-. Le lendemain justement, le journal La Liberté a déjà une opinion tranchée : Modèle:Citation bloc Plus prudent, le Journal des Débats en appelle au contraire au sang-froid du gouvernement, en espérant qu'il reviendra sur ses projets de guerre. Il ne lui demande qu'une chose : Modèle:Citation bloc Même son de cloche pour le quotidien Le Constitutionnel : Modèle:Citation bloc
La polémique au Parlement
C'est dans ce climat qu'éclate dès le Modèle:Date- à l'assemblée nationale une polémique violente, déclenchée immédiatement par le discours d'Émile Ollivier, protégé de l'empereur Modèle:Souverain2 et Premier ministre officieux du gouvernement : Modèle:Citation bloc
Adolphe Thiers lui répond : Modèle:Citation bloc Aussitôt, Modèle:Nombre menés par Adolphe Thiers, Emmanuel Arago et Gambetta, qui s'opposent à la guerre, demandent qu'on leur communique toutes les pièces diplomatiques, pour savoir ce qui s'est vraiment passé et ce que désire vraiment le roi de Prusse<ref name="ref-4" />. Finalement, la majorité requise des deux chambres s'oppose à la demande de l'opposition que soient dévoilés au public le télégramme de Bismarck et les autres pièces diplomatiques. La majorité réclame l'étouffement de l'affaire et la guerre est déclarée.
Chronologie
L'enquête de l'historien belge Jean Stengers, basée sur les documents datant de Modèle:Date, en particulier les articles des quotidiens, a donné un exact compte rendu du déroulement de l'affaire.
- 1868 : le trône d'Espagne, abandonné par la reine Isabelle.
- Modèle:Date- : candidature du prince allemand Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen au trône d'Espagne.
- Modèle:Date : déclaration de BismarckModèle:Refnec
- Modèle:Date : discours belliciste du ministre des Affaires étrangères Agénor de Gramont.
- Modèle:Date : ami personnel de Modèle:Souverain2, Vincent Benedetti est envoyé en tant qu’ambassadeur de France à Ems.
- Modèle:Date : le roi de Prusse retire officiellement la candidature de Leopold.
- Modèle:Date : Vincent Benedetti sollicite une nouvelle audience, il est éconduit<ref name="ZHIGUX" />.
- Modèle:Date, à Modèle:Heure<ref name="KSZV0U">La Guerre de 70, par François Roth [3].</ref> : Heinrich Abeken, conseiller diplomatique du roi de Prusse télégraphie à Bismarck un compte rendu de la discussion entre le roi et Benedetti.
- Modèle:Date- à Modèle:Heure : le ministère des Affaires étrangères reçoit un télégramme de Benedetti<ref name="CH3AS2" />.
- Modèle:Date en début de soirée : Bismarck dîne avec le général Helmuth von Moltke, chef des armées prussiennes et le ministre de la guerre. Il prend leur avis.
- Modèle:Date à Modèle:Heure<ref name="X28O0C">Article de Michèle Battesti, docteur en Histoire, chargée de cours à Modèle:Nobr romains-Panthéon Sorbonne, publié dans le numéro Modèle:Nobr de la revue Historia, reprise sur Hérodote [4].</ref> : Bismarck fait distribuer gratuitement à Berlin plusieurs milliers d'exemplaires d'une édition spéciale de la Modèle:Lang.
- 13 juillet à Modèle:Heure, sur les grands boulevards : manifestation dans les rues de Paris<ref name="X28O0C" />, avec Modèle:Nombre arrivant à Petite Bourse, dans le quartier de l'Opéra, relatée par le correspondant du Journal de Bruxelles<ref>« Aux origines de la guerre de 1870 : gouvernement et opinion publique », Modèle:Nobr par Jean Stengers, Revue belge de philologie et d'histoire, 1956, [5].</ref>, marquant le début des [[Émeutes nationalistes des 13 et 14 juillet 1870|émeutes nationalistes des 13 et Modèle:Date-]].
- Modèle:Date- à minuit : le chargé d'affaires de France à Berlin, Le Sourd, avisé par un télégramme de Benedetti, contenant moins que la dépêche Havas<ref name="CH3AS2" />.
- Modèle:Date- : Bismarck envoie sa circulaire aux ambassadeurs partout en Europe.
- Modèle:Date- : le ministère des Affaires étrangères français ne fait aucun commentaire lorsqu'il est questionné par le quotidien La Patrie<ref name="CH3AS2" />.
- Modèle:Date- : la Correspondance du Nord-Est<ref>« Aux origines de la guerre de 1870 : gouvernement et opinion publique », Modèle:Nobr par Jean Stengers, Revue belge de philologie et d'histoire, 1956, [6].</ref> de Modèle:Lien diffuse à Paris une traduction exacte de ce qui a été publié dans la nuit par la Modèle:Lang, utilisant l'expression « a demandé » pour Benedetti alors qu'Havas a écrit « a exigé », une éventuelle faute de traduction. Seule une partie de la presse parisienne était abonnée à la Correspondance du Nord-Est<ref name="CH3AS2" />.
- Modèle:Date- au soir : une « foule immense envahit les boulevards » en criant « À bas Bismarck ! » et « Au Rhin, Au Rhin ! ».
- fin juillet : la France, déjà engagée outre-mer, n'a mobilisé que Modèle:Nombre face à des Prussiens deux fois plus nombreux<ref name="KSZV0U" />.
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
- Modèle:Ouvrage.
- Jean Heimweh, L'Alsace-Lorraine et la paix, la dépêche d'Ems, A. Colin, Paris, 1894, Modèle:Nb p.
- Carl Rudolf Lemieux, Guerre défensive provoquée ou duel pour la prépondérance ? Mémoire de maîtrise, université de Montréal 2009, à lire en ligneModèle:Pdf.
- Jocelyn Émile Ollivier, La Dépêche d'Ems, Librairie Croville, Paris, 1937 (Modèle:3e), Modèle:Nb p.
- Barthélémy-Edmond Palat, « La dépêche d'Ems », in Les origines de la guerre de 1870 : la candidature Hohenzollern (1868-1870), Berger-Levrault, Paris, 1912, Modèle:P. (texte intégral sur Gallica [7]).
- Henri Welschinger, « La dépêche d'Ems », in La Guerre de 1870 : causes et responsabilités, Modèle:Vol., Plon-Nourrit, Paris, 1911 (Modèle:5e), Modèle:P. (texte sur Gallica [8]).
- Eberhard Kolb: Der Kriegsausbruch 1870: Politische Entscheidungsprozesse und Verantwortlichkeiten in der Julikrise 1870. Vandenhoeck & Ruprecht, Göttingen 1970.
- Wilhelm Liebknecht: Die Emser Depesche oder wie Kriege gemacht werden. Nürnberg, Wörlein 1891 (zahlreiche Neuauflagen und Reprints bis 2018, Digitalisat).