Georges Fontenis
Georges Fontenis, né le Modèle:Date de naissance à Paris et mort le Modèle:Date de décès à Reignac-sur-Indre<ref>Relevé des fichiers de l'Insee</ref>, est un instituteur, puis professeur à l’École normale d’instituteurs de Tours. Syndicaliste et communiste libertaire, il est une des principales figures anarchistes des années 1940-1950<ref>Dictionnaire des anarchistes, « Le Maitron » : notice biographique.</ref>.
Parcours syndical et professionnel
Georges Fontenis approche le mouvement libertaire à l’occasion des grèves de juin 1936.
Instituteur, il rejoint la CGT clandestine<ref>La CGT a été réunifiée par les accords du Perreux de 1943. Elle regroupe les sensibilités présentent, après la scission de 1948, à la CGT, à FO et à la FEN à laquelle appartenait Fontenis en tant que militant du Syndicat national des instituteurs (SNI). Source: notice biographique sur Georges Fontenis dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français dit «Dictionnaire Maitron» établie par David Berry.</ref> et continue une activité clandestine avec ses amis anarchistes. Membre du bureau et du conseil syndical de la section de la Seine du Syndicat national des instituteurs (SNI), il participe à la Libération, avec Marcel Pennetier et Maurice Dommanget <ref>La notice sur Fontenis dans le Maitron ne mentionne que Marcel Pennetier, également militant de la section de la Seine du SNI. Voir aussi la notice sur Maurice Dommanget, qui était pour sa part militant de la section de l'Oise.</ref>, à la reconstitution de la tendance syndicaliste-révolutionnaire École émancipée<ref>Les militants de l'École émancipée, qui se réclamaient du syndicalisme révolutionnaire et affichaient souvent un engagement militant dans les mouvements se situant dans le courant de l'éducation active, tout particulièrement la pédagogie Freinet, venaient de sensibilités politiques très différentes (avec parfois des évolutions): anarcho-syndicalistes ou syndicalistes-révolutionnaires se situant dans la tradition des militants d'avant-guerre, trotskystes, anarchistes comme Fontenis.</ref>. C'est à ce double titre (SNI et École émancipée) qu'il participe en 1945 aux commissions d’épuration de l’éducation nationale<ref name="Maitron">Notice biographique du Dictionnaire Maitron.</ref>.
Après la grève des instituteurs de la Seine de novembre-Modèle:Date-, Georges Fontenis rejoint un temps la CNT puis revient rapidement au SNI où il continue à militant à l'École émancipée<ref >Le Dictionnaire Maitron relève candidatures au Conseil syndical de la Seine et responsabilité comme secrétaire du SNI du {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Xe{{#if:| }} }} arrondissement de Paris entre 1953 et 1959.</ref>. Après son arrestation par la DST et sa condamnation en 1957 dans le cadre d'une répression visant la Fédération communiste libertaire, il est incarcéré. En 1958, il est amnistié puis obtient sa réintégration à l'Éducation nationale. Il est alors admis au stage de l'École normale supérieure de Saint-Cloud et devient inspecteur primaire en zone rurale puis professeur de psycho-pédagogie à l'école normale d'instituteurs de Tours<ref name="Maitron" />.
Secrétaire général de la Fédération anarchiste
Après la Seconde Guerre mondiale, il est parmi les refondateurs de la Fédération anarchiste aux côtés de, notamment, Robert Joulin, Henri Bouyé, Maurice Joyeux, Suzy Chevet, Renée Lamberet, Georges Vincey, Aristide et Paul Lapeyre, Maurice Laisant, Maurice Fayolle, Giliana Berneri, Solange Dumont, Roger Caron, Henri Oriol et Paul Chery<ref>Cédric Guérin, Anarchisme français de 1950 à 1970, Mémoire de Maitrise en Histoire contemporaine sous la direction de Mr Vandenbussche, Villeneuve-d’Ascq, Université Lille-III, 2000, texte intégral, page 10.</ref>.
Sa vie va dès lors se confondre avec celle du mouvement libertaire, jusqu’en 1957, date à laquelle il est arrêté par la Direction de la surveillance du territoire (DST) pour son soutien aux indépendantistes algériens.
En 1946, il est élu secrétaire général de la Fédération anarchiste. Homme neuf, il fait consensus car n’appartenant à aucun « clan ». Effectivement les tendances communiste libertaire et individualiste cohabitent mal au sein de la FA. Les individualistes, menés par les frères Lapeyre et André Arru, forment une fraction que Maurice Joyeux qualifiera de « lobby épistolaire » <ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} « Il ne s’agissait pas d’un groupe structuré destiné à expulser hors de la Fédération anarchiste ceux qui pensaient différemment d’eux, mais d’un réseau de correspondance dans le pays qui aboutissait à des résultats identiques, c’est-à-dire à conditionner le congrès sur des propositions élaborées en dehors de lui » (Maurice Joyeux, « L’Affaire Fontenis » in La Rue no 28, premier trimestre 1980).</ref>.
En 1951, Georges Fontenis participe à une tentative d’assassinat du général Franco, avec des anarchistes espagnols en exil.
Animateur de la Fédération communiste libertaire
Au début de 1950, une partie des militants, autour de Serge Ninn et de Georges Fontenis, s’organisent pour créer une tendance communiste libertaire (un « parti clandestin au sein de la Fédération anarchiste » pour reprendre les termes de Maurice Joyeux), qu’ils nommeront Organisation Pensée Bataille (OPB) <ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Citation.(Maurice Joyeux, « L’affaire Fontenis », dans La Rue no 28, premier trimestre 1980).</ref> en hommage à l'œuvre de Camillo Berneri. Les membres de l'OPB décident de garder secrète leur existence.
En mai-Modèle:Date-, lors du congrès de Bordeaux il fait exclure Aristide Lapeyre et Paul Lapeyre, Fayolle et Joyeux<ref>"Dictionnaire de l'anarchie", Michel Ragon, Albin Michel, 2008</ref>.
Au congrès de Paris, en Modèle:Date-, la tendance communiste libertaire l'emporte : le congrès adopte le projet de "Déclarations de principes" qui précise que le but de l'organisation est le communisme libertaire. Comme les participants ne peuvent s'entendre sur un nouveau nom à donner à l'organisation, ce n'est qu'après un référendum en Modèle:Date-, que la Fédération anarchiste française devient la Fédération communiste libertaire <ref>Cédric Guérin, Anarchisme français de 1950 à 1970, mémoire de maîtrise en histoire contemporaine sous la direction de M. Vandenbussche, Villeneuve-d’Ascq, université Lille-III, 2000, texte intégral, pdf</ref> de seize groupes comportant 130 à 160 militants sous le contrôle de l'OPB. Les groupes d'Asnières, Louise-Michel et de Bordeaux sont exclus. Les individualistes et une partie des communistes libertaires regroupés autour de Maurice Joyeux qui n’a pas toléré les méthodes de l’OPB, vont constituer une nouvelle Fédération anarchiste.
La même année 1953, la FCL publie le Manifeste communiste libertaire<ref>Téléchargeable sur http://www.monde-nouveau.net/spip.php?article368</ref>, qui reprend en partie une série d'articles publiés les années précédentes dans Le Libertaire sous le titre « Problèmes essentiels ». L'opuscule est analysé par certains historiens comme léniniste<ref>Jean Maitron, "Histoire du mouvement anarchiste en France" , Éditions Maspero, Paris, 1982.</ref> et avant-gardiste<ref>Roland Biard, " Histoire du mouvement anarchiste, 1945- 1975" Éditions Galilée, 1976</ref> ou bolchevisant<ref>Alexandre Skirda "Autonomie individuelle et force collective, les anarchistes et l'organisation, de Proudhon à nos jours", Éditions AS, 1987</ref>.
Le groupe "Kronstadt" (FCL) publie en Modèle:Date- un mémorandum dénonçant la structuration secrète et le léninisme de la FCL et est exclu en 1955<ref>Georges FONTENIS (1920-2010): Parcours d’un aventuriste du mouvement libertaire (1/2). le monde libertaire n°1604, 16 septembre 2010</ref>.
À partir de 1954, la FCL et Georges Fontenis s’engagent dans le soutien politique et « logistique » à l’insurrection algérienne.
Le Modèle:Date-, la FCL présente une liste aux élections législatives comportant 10 "candidats révolutionnaires" dont Georges Fontenis<ref>René Bianco, 100 ans de presse anarchiste : notice.</ref>.
En 1957, la FCL est détruite par l’État français et plusieurs animateurs de la FCL, dont Fontenis, incarcérés à la suite de l'attaque contre une permanence du mouvement poujadiste<ref>Jean-René Genty, L'immigration algérienne dans le nord pas de calais 1909-1962, Éditions L'Harmattan, 1999, p. 200.</ref>. Il sera libéré en 1958, à l'occasion de l'amnistie générale décrétée par De Gaulle.
S'ensuit une dizaine d'années de traversée du désert.
Après mai 68
En 1968, il participe à la fondation du Mouvement communiste libertaire (MCL), qui se transforme bientôt en Organisation communiste libertaire (OCL dite « première manière ») mais disparaîtra en 1976.
En 1979, il adhère à l’Union des travailleurs communistes libertaires. Georges Fontenis resta membre d’Alternative libertaire jusqu'à sa mort, survenue à son domicile de Reignac-sur-Indre le Modèle:Date.
En 1990, il édite ses mémoires sous le titre L'Autre communisme, histoire subversive du mouvement libertaire. L'ouvrage est augmenté et réédité en 2000 et 2008 sous le titre Changer le monde, histoire du mouvement communiste libertaire (1945-1997).
Œuvres
- Manifeste du communisme libertaire, Problèmes essentiels, 1953, Éditions L, 1985.
- L'autre communisme : histoire subversive du mouvement libertaire, Éditions Acratie, 1990.
- Changer le monde : histoire du mouvement communiste libertaire, 1945-1997, Éditions Le Coquelicot/Alternative libertaire, 2000.
- Avec Gilbert Estève, Non-conforme, Édition Bénévent, 2002.
- Avec André Marty, Claude Bourdet, Daniel Guérin, Jacques Danos, Un homme, une cause, Pierre Morain un prisonnier d’État, 1956.
Textes
- Ce que fut l’ICL (Modèle:Date--Modèle:Date-), n°33, avril-Modèle:Date-, texte intégral.
- Il y a 50 ans, l’insurrection algérienne, L’Emancipation syndicale et pédagogique, Modèle:Date- - Modèle:Date-, texte intégral.
Bibliographie
- Michel Ragon, Dictionnaire de l'Anarchie, Albin Michel, 2008, extraits en ligne.
- Frédéric Charpier, Histoire de l'extrême gauche trotskiste, de 1929 à nos jours, Paris, Éditions 1, 2002, extraits en ligne.
- Floréal, Histoire de la Fédération anarchiste, Modèle:Date-, texte intégral.
- Sylvain Pattieu, Mohamed Harbi, Les Camarades des frères : trotskistes et libertaires dans la guerre d'Algérie, Syllepse, 2002, 2018 Modèle:ISBN.
- Sidi Mohamed Barkat, Des Français contre la terreur d'État. Algérie 1954-1962, Éditions Reflex, Paris, 2002.
- Roland Biard, Histoire du mouvement anarchiste en France (1945-1975), Éditions Galilée, 1976, Modèle:ISBN, lire en ligne.
Vidéos
- Daniel Goude, Guillaume Lenormant, Une résistance oublié. Des libertaires dans la guerre d'Algérie (1954-1957), 32 min, 2001, voir en ligne.
- Franck Wolff, Parcours libertaire, 45 min, 2008, voir en ligne.
Notices
- Dictionnaire des anarchistes, « Le Maitron » : notice biographique.
- Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français : notice biographique.
- Le Monde, Modèle:Date- : notice nécrologique.
- Anarkismo.net : notice biographique.
- Centre International de Recherches sur l'Anarchisme (Lausanne) : notice bibliographique.
- RA.forum : notice bibliographique.
- Libcom : notice biographique.
Articles connexes
- Histoire de l'anarchisme
- Anarchisme
- Anarcho-communisme
- Extrême gauche
- Anarchisme en France
- Libertaire
- Syndicat national des instituteurs
- Giliana Berneri
- Anarchisme en Algérie
- Renée Lamberet
Liens externes
- Dossier sur la disparition de Georges Fontenis, Alternative libertaire, Modèle:Date-.
- Georges Fontenis : parcours d’un aventuriste du mouvement libertaire, Le Monde libertaire, 2010, part. 1, part. 2.
- Stéphane Moulain, Georges Fontenis (1920-2010), anarchiste iconoclaste, Tout est à nous !, n°14, Modèle:Date-, texte intégral.
Notes et références
<references group="DBMOF"/> Modèle:Références