Jean Eustache
Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Cinéma (personnalité)
Jean Eustache est un réalisateur français, né le Modèle:Date de naissance à Pessac et mort le Modèle:Date de décès à Paris.
Proche de la rédaction des Cahiers du cinéma et des réalisateurs de la Nouvelle Vague, il passe à la réalisation en 1963 avec Les Mauvaises Fréquentations puis tourne, en 1965 à Narbonne, Le père Noël a les yeux bleus.
En 1972, il réalise La Maman et la Putain qui obtient le grand prix spécial du jury au festival de Cannes 1973. Après ce succès, Eustache met en scène son enfance à Narbonne dans Mes petites amoureuses, dont le succès est moindre ; par la suite, il ne parvient pas à tourner un nouveau long métrage.
Biographie
Jeunesse
Jean Eustache naît à Pessac en 1938, son père, ouvrier communiste, est maçon<ref name="philippon">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="h305">Modèle:Harvsp.</ref>. Après le divorce de ses parents, il est d'abord élevé par sa grand-mère maternelle Odette Robert avant de rejoindre sa mère à Narbonne en 1951-1952 où il passe un CAP d'électricien<ref name="h305"/>,<ref name="azoury">Modèle:Article.</ref>. Il arrive à Paris en 1957 et travaille à la SNCF comme ouvrier spécialisé. Cinéphile, il fréquente la Cinémathèque française le week-end<ref name="h305"/>. Refusant de partir en Algérie, il fait une tentative de suicide en s'ouvrant les veines et passe un an en hôpital psychiatrique<ref name="h305"/>.
Il épouse Jeanne Delos avec qui il a deux fils, Patrick et Boris<ref name="h305"/>.
Cinéma
À la Cinémathèque française, et par l'intermédiaire de sa femme qui travaille comme secrétaire aux Cahiers du cinéma, il rencontre les principaux protagonistes de la Nouvelle Vague, Jean-Luc Godard, Éric Rohmer, Jean Douchet, Jean-Pierre Léaud et Paul Vecchiali<ref name="h305" />. En 1962, il assiste au tournage de La Boulangère de Monceau d'Éric Rohmer et du Mannequin de Belleville de Jean Douchet<ref name="philippon13">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Grâce à Paul Vecchiali, il peut réaliser La Soirée, son premier court métrage, en 1962. À l'hiver 1963, il tourne un moyen métrage, Du côté de Robinson, plus connu sous le nom de Les Mauvaises Fréquentations<ref name="h305"/>. Le film raconte l'histoire de deux copains, d'origine modeste, qui s'ennuient dans les rues de Paris. Ils abordent une fille dans la rue et l'emmènent au dancing. La fille finit par danser avec un autre garçon. Pour se venger, ils lui volent son portefeuille.
À l'hiver 1965-1966, il réalise à Narbonne un second moyen métrage, Le père Noël a les yeux bleus, avec des chutes de pellicule du film Masculin féminin de Jean-Luc Godard<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="h305"/>. Le film raconte l'histoire d'un jeune homme, Daniel (Jean-Pierre Léaud), qui, pour se payer un duffel-coat, accepte la proposition d'un photographe de se déguiser en père Noël pour poser dans la rue avec les passants.
En 1966, il travaille comme monteur pour la série de trois émissions que Jacques Rivette réalise sur Jean Renoir, Jean Renoir, le patron dans le cadre de la série Cinéastes de notre temps produite par Janine Bazin et André S. Labarthe<ref>Modèle:Harvsp.</ref> puis pour l'émission consacrée à Murnau<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Jean Eustache se sépare de sa femme en 1967<ref name="h305"/>. Il vit ensuite une histoire d'amour avec Françoise Lebrun<ref name="h305"/> qui sera l'une des deux principales actrices de La Maman et la Putain. Il tourne alors la première version de La Rosière de Pessac, le documentaire Le Cochon avec Jean-Michel Barjol et Numéro Zéro, un film sur sa grand-mère, Odette Robert, qu'il filme en continu grâce à deux caméras fixes qui permettent d'avoir un film « en temps réel ». Après une projection privée devant un petit nombre de proches, dont Jean-Marie Straub, Eustache lui-même décide de ne pas diffuser Numéro Zéro. En 1980, il accepte de le diffuser en version courte sous le titre d'Odette Robert à la télévision. Le cinéaste Pedro Costa, qui a entendu parler du film par Jean-Marie Straub, retrouve et restaure une version du film et permet ainsi la sortie en salle en 2003<ref>Modèle:Article.</ref>. Lors de sa sortie en salles en 2003, il fait Modèle:Nombre<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
La Maman et la Putain
En 1972, Eustache écrit et tourne son film autobiographique La Maman et la Putain, d'une durée finale de Modèle:Heure. L'histoire, qui s'inspire de sa vie réelle immédiate et notamment de son histoire d'amour avec Catherine Garnier, raconte quelques jours de la vie d'un jeune homme oisif, Alexandre (Jean-Pierre Léaud), qui passe sa vie à discuter dans les cafés. Vivant chez sa maîtresse, Marie (Bernadette Lafont), il tente désespérément de persuader son ancienne petite amie, Gilberte (Isabelle Weingarten), de revenir avec lui et sort avec Veronika (Françoise Lebrun), une infirmière abordée dans la rue. En 1973 le film, sélectionné au festival de Cannes, obtient le grand prix spécial du jury<ref name="h305"/> présidé par Ingrid Bergman, qui déteste le film, dans un climat houleux<ref>Bernadette Lafont, Le Roman de ma vie, Flammarion, 1997, p. 286.</ref>. Il divise la critique, Jean-Louis Bory (Le Nouvel Observateur), par exemple, n'apprécie ni le film, ni le style de jeu de Léaud qui selon lui Modèle:" Juste après Cannes, Catherine Garnier se suicide et Eustache passe quelque temps en maison de repos. Le film fait Modèle:Nb<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
La Maman et la Putain est devenu un film culte. Ainsi, dans son histoire du cinéma français, Jean-Michel Frodon le considère comme un des plus beaux films du cinéma français<ref name="frodon">Modèle:Ouvrage.</ref>.
Le succès relatif du film permet à Eustache de tourner Mes petites amoureuses dans de bonnes conditions<ref name="philippon"/>,<ref name="h305"/>. Le film raconte l'enfance et l'adolescence de Daniel dans un petit village proche de Bordeaux auprès de sa grand-mère, puis à Narbonne auprès de sa mère. Le film s'inspire de la jeunesse du cinéaste à Narbonne<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. À l'inverse du précédent, le film est presque muet<ref name="blum"/>. Il ne rencontre qu'un faible succès (Modèle:Nb)<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Eustache joue dans L'Ami américain de Wim Wenders, puis dans La Tortue sur le dos de Luc Béraud.
Il tourne aussi Une sale histoire et la deuxième version de La Rosière de Pessac, La Rosière de Pessac 79.
Mort
En Modèle:Date-, en Grèce, il chute du haut d'une terrasse et se brise une jambe. Cloîtré chez lui de longs mois, il apprend qu’il boitera toute sa vie<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="h305" />. En pleine dépression, il se suicide le Modèle:Date de décès<ref>Un jour avant la date anniversaire du suicide de Jacques Rigaut, auteur cité par Eustache, le 6 novembre 1929.</ref>, dans son appartement du 106 rue Nollet, à Paris, en se tirant une balle de pistolet dans le cœur<ref name="h305" />. Sur la porte de la chambre, il a punaisé une carte sur laquelle il a laissé ces mots lapidaires : Modèle:"
Il avait plusieurs projets en cours dont Peine perdue<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, La rue s'allume avec Jean-François Ajion, la suite de La Maman et la Putain et Un moment d'absence avec Sylvie Durastanti<ref name="h305" />,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Sylvie Durastanti est écrivaine et traductrice. Durant les dernières années de la vie de Jean Eustache, elle était sa compagne. Elle a écrit pour lui deux scénarios, dont Nous Deux, publié aux éditions Tristram en 2022.
Voir : L'Heure bleue, France Culture, par Laure Adler, le Modèle:Date-.</ref>.
Il est inhumé au cimetière parisien de Bagneux (division 94).
Analyse de l’œuvre
Aspect autobiographique
L'œuvre de Jean Eustache s'inspire largement de sa vie réelle (Les Mauvaises Fréquentations, Le père Noël a les yeux bleus, La Maman et la Putain, Mes petites amoureuses)<ref name="philippon"/>. Mes petites amoureuses raconte la fin de son enfance à Pessac et à Narbonne<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. La Maman et la Putain s'inspire directement de sa vie au moment même où il tourne le film et plus particulièrement de sa rupture avec Françoise Lebrun, de sa vie avec Catherine Garnier et de son amour pour Marinka Matuszewski<ref name="azoury"/>.
Travail avec les acteurs
Jean Eustache écrit des textes précis et demande que les acteurs respectent le texte. Dans un entretien avec Sylvie Blum et Jérôme Prieur, il explique : Modèle:"
Dans un entretien donné à la revue So Film en 2012, Jean-Pierre Léaud raconte que, sur le tournage de La Maman et la Putain, Jean Eustache était intraitable avec les acteurs et voulait absolument que le texte, particulièrement long et dense, soit connu au mot et à la virgule près. L'exigence était d'autant plus grande qu'il n'y avait qu'une seule prise par plan<ref>Modèle:Article.</ref>.
Dans Bernadette Lafont, une vie de cinéma (Atelier Baie, 2013), Bernadette Lafont évoque le rapport d'Eustache aux acteurs : Modèle:".
Filmographie
Réalisateur
- 1963 : La Soirée, inachevé
- 1964 : Les Mauvaises Fréquentations, 42 minutes (premier titre, film en 16 mm)<ref>Également connu sous le titre Du côté de Robinson (second titre, film gonflé en 35 mm).</ref>
- 1966 : Le père Noël a les yeux bleus, 47 minutes
- 1968 : La Rosière de Pessac, 65 minutes
- 1969 : Deux films de 26 minutes chacun, réalisés pour la télévision :
- Sur Le Dernier des hommes de Murnau
- À propos de La Petite Marchande d'allumettes de Jean Renoir
- 1970 : Le Cochon, 65 minutes, coréalisé avec Jean-Michel Barjol
- 1971 : Numéro zéro, Modèle:Heure (version télé raccourcie titrée Odette Robert, 54 minutes)
- 1973 : La Maman et la Putain, Modèle:Heure Modèle:Commentaire
- 1974 : Mes petites amoureuses, Modèle:Heure
- 1977 : Une sale histoire, volet document : 22 minutes et volet fiction : 28 minutes
- 1979 : La Rosière de Pessac 79, 67 minutes
- 1980 : Le Jardin des délices de Jérôme Bosch, 34 minutes
- 1980 : Offre d'emploi, 18 minutes
- 1980 : Les Photos d'Alix, 18 minutes, avec Alix Cléo Roubaud et Boris Eustache Modèle:Commentaire
Monteur
- Dedans Paris de Philippe Théaudière<ref name="h305"/>
- Les Taches de Raymonde Baaudry-Delahaye<ref name="h305"/>
- 1964 : Séquence de flamenco dans Octobre à Madrid de Marcel Hanoun<ref>Conférence de Stéphanie Serre sur Marcel Hanoun à la Cinémathèque française le 6 mai 2010.</ref>,<ref group="note" >Il est crédité comme assistant monteur au générique.</ref>
- 1966 : L'Accompagnement de Jean-André Fieschi
- 1966 : Jean Renoir, le Patron de Jacques Rivette pour la télévision<ref name="philippon"/>
- 1968 : Les Idoles de Marc'O
- 1971 : Une aventure de Billy le Kid de Luc Moullet
Acteur
- 1962 : Les Roses de la vie de Paul Vecchiali
- 1966 : L'Accompagnement de Jean-André Fieschi
- 1966 : L'Authentique Procès de Carl-Emmanuel Jung de Marcel Hanoun (figuration créditée au générique)
- 1966 : Les Cœurs verts de Edouard Luntz
- 1967 : Week-end de Jean-Luc Godard
- 1973 : Céline et Julie vont en bateau de Jacques Rivette
- 1975 : Vincent mit l'âne dans un pré (et s'en vint dans l'autre) de Pierre Zucca
- 1977 : L'Ami américain de Wim Wenders
- 1978 : La Tortue sur le dos de Luc Béraud
Publications
- Modèle:Article, réédité dans Modèle:Harvsp
- Modèle:Article
- Modèle:Article
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Article<ref>Modèle:Harvsp.</ref>
Hommages
Jean Eustache a profondément marqué ses amis et plusieurs lui ont rendu hommage depuis sa mort en 1981.
Après lui avoir dédié Elle a passé tant d'heures sous les sunlights en 1985<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, Philippe Garrel lui rend hommage dans son film Les Ministères de l'art (1988)<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
En 2000, l'écrivain Lucile Laveggi, une de ses amies, lui consacre son roman Damien<ref>Modèle:Article.</ref>. L'année suivante, Evane Hanska, une autre de ses amies, lui consacre également un ouvrage en 2001 intitulé Mes années Eustache. En 2006, son ami Jean-Jacques Schuhl lui rend hommage dans le journal Libération dans un article intitulé « Jean Eustache aimait le rien »<ref name="schuhl"/>.
En 2005, Jim Jarmusch lui dédie son film Broken Flowers<ref name="schuhl">Modèle:Article.</ref>.
En 2008, le cinéaste Vincent Dieutre lui rend hommage dans un court métrage intitulé Exercice d'admiration : Jean Eustache. Dieutre reprend le monologue final de Veronika dans La Maman et la Putain en compagnie de Françoise Lebrun.
Le cinéma de sa ville natale, Pessac, porte son nom.
Diffusion
DVD
L'œuvre de Jean Eustache était difficile d'accès en DVD. Pour des raisons liées aux droits d'auteurs, il y a eu peu d'éditions de la plupart de ses films<ref group="note" >Son fils Boris a rompu successivement plusieurs contrats avec MK2 et Tamasa Films. Il affirme : Modèle:" ; cela cause de vives protestations et la réclamation par certains d'une intervention étatique contre les ayants droit qu'on peut considérer comme abusifs (Modèle:Article).</ref>. Depuis 2022, Les Films du losange ont entrepris de restaurer et rééditer l'œuvre du réalisateur, à commencer par La Maman et la Putain, présenté au festival de Cannes 2022.
- Cinéma 06, Modèle:Date-, revue éditée par Léo Scheer, était accompagnée d'un DVD comprenant deux films de Jean Eustache : Le Jardin des délices de Jérôme Bosch et Offre d'emploi.
- Mes petites amoureuses, édité par le CNDP en 2005, avec bonus d'Alain Bergala et Anne Huet.
- Trois DVD édités au Japon en 2002 par Kinokuniya/Eurospace sous le titre de « Jean Eustache collection », comportant respectivement : La Maman et la Putain, Mes petites amoureuses et quatre courts métrages (Les Mauvaises Fréquentations, Le père Noël a les yeux bleus, Une sale histoire et Les Photos d'Alix).
- Une sale histoire, édité en 2017 par Potemkine.
Rétrospectives
- Novembre 1986 : Festival d'Automne, cinémas Studio 43 et 14 juillet-Parnasse, Paris (in Le Monde, 18 novembre 1986), puis tournée en province.
- Modèle:Date- : festival Premiers Plans d'Angers<ref>Modèle:Article.</ref>
- Modèle:Date- - Modèle:Date- : rétrospective intégrale au Centre Georges-Pompidou à Paris<ref>Modèle:Article.</ref>
- 3-Modèle:Date- 2017 : Cinémathèque française<ref>Modèle:Lien web.</ref>
Notes et références
Notes
Références
Voir aussi
Bibliographie
Ouvrages
- Jérôme Prieur, Nuits blanches, essais sur le cinéma, Gallimard, Modèle:Coll, 1981 Modèle:ISBN
- Jérôme d'Estais, Jean Eustache ou la traversée des apparences, LettMotif Modèle:ISBN
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
Articles
- Modèle:Article
- Jérôme Prieur, Modèle:", Les Cahiers du Chemin, Modèle:Date-
- Jérôme Prieur, Modèle:", Les Cahiers du Chemin, Modèle:Date-
- Jérôme Prieur, Modèle:", La Nouvelle Revue française, Modèle:Date-
- Modèle:Article
- Modèle:Article, réédité dans Modèle:Ouvrage ; disponible en version anglaise : Modèle:Lien web
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- Modèle:Article
- Modèle:Article
- Modèle:Article
- Modèle:Lien web
Films sur Eustache
- 1997 : La Peine perdue de Jean Eustache réalisé par Angel Diez Alvarez, documentaire, 53 min, 35 mm, noir et blanc ; page du film sur le site des Films du Poisson Modèle:Commentaire
- 2008 : Le Temps des amoureuses de Henri-François Imbert revient sur le tournage de Mes petites amoureuses Modèle:Commentaire
- 2010 : Une vidéo de Stéphane Kowalczyk sur Jean Eustache à Narbonne Modèle:Commentaire
- 2022 : Modèle:" dans la série Invitation au voyage, diffusé sur Arte en avril, avec notamment Michel le Hérissé, Michel Sidobre et Luc Béraud
Liens externes
- Dossier Jean Eustache sur cineclubdecaen.com