Le Revizor

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}

Modèle:Titre en italique Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Pièce de théâtre Le Revizor (en Modèle:Lang-ru) est une comédie en cinq actes de Nicolas Gogol créée et publiée en 1836. Insatisfait, l'auteur a continué à travailler sa pièce de théâtre et en a livré une seconde mouture en 1841.

Gogol écrit cette pièce à l'humour corrosif sur une idée qu'Alexandre Pouchkine lui avait donnée en Modèle:Date-. Il compose une satire sur le pouvoir russe et s'attaque ouvertement aux abus de l'administration et à la corruption.

Argument

Le bourgmestre et toute l'administration d'une petite ville de la province russe sont en émoi, dans l'attente du « Revizor », inspecteur envoyé incognito par le gouvernement. Dans la panique que provoque cette arrivée, les fonctionnaires et autres officiels de la ville, qui ont bien des choses à se faire pardonner, débordent alors d'activité et prennent toutes sortes d'initiatives pour dissimuler leurs méfaits.

Comment recevoir cet inspecteur au mieux ? Et d'ailleurs, comment l'identifier ? Deux habitants croient le reconnaître en la personne d'un jeune voyageur exigeant récemment arrivé à l'auberge. Au lieu de l'ardoise qu'il attend, celui-ci va être couvert d'honneurs et de flatteries. Même après avoir réalisé qu'il s'agit d'un quiproquo, le jeune homme se jouera de la méprise des fonctionnaires qui, abusés et terrorisés, se prêteront à toutes les bassesses pour complaire à celui qu'ils imaginent être le « revizor », allant jusqu'à croire habile de devancer ses attentes quand il n'en formule même pas.

Genèse

Gogol s’est presque fait un point d’honneur à n’avoir rien inventé de ses sujets. Aussi il demande souvent à ses proches de lui fournir des sujets, Les Soirées du hameau à sa mère, Les Âmes mortes à Pouchkine et, comme Gogol lui-même le reconnaît dans sa Confession d’un auteur, Modèle:Citation

Réception

En Russie

La pièce est créée le Modèle:Date au théâtre Alexandra, à Saint-Pétersbourg, en présence de l'empereur [[Nicolas Ier de Russie|Nicolas {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:|  }} }}]], ce qui donne à la soirée une touche de mondanité aristocratique. Gogol, très nerveux, assiste au spectacle en coulisse. Mais la pièce est peut-être mal jouée<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, comme l'écrit Gogol lui-même dans une lettre à Pouchkine<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. De fait, la pièce suscite d'abord des réactions contrastées du public : les uns la considèrent comme une simple farce, les autres s'indignent de la satire sociale<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. C'est finalement une remarque de l'empereur, qui avait beaucoup ri<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, qui sauve la pièce : Modèle:Citation

Mais ce succès de scandale ne manque pas d'affecter Gogol et le laisse désabusé : Modèle:Citation bloc

Dans la même lettre, il annonce qu'il va partir à l'étranger, ce qu'il fait en Modèle:Date-. Ses retours en Russie ne seront qu'épisodiques<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Claude De Grève<ref>Modèle:Harvsp.</ref> relève toutefois que le succès initial en demi-teinte de la pièce n'est pas simplement dû à des gens qui se seraient sentis moqués ou vilipendés par la satire, mais aussi, plus simplement, parce que Le Revizor choquait les habitudes esthétiques du public, plus habitué aux codes du vaudeville et du mélodrame. Le succès s'accroît rapidement.

Le Modèle:Date-, Gogol refuse d'assister à la première de sa pièce au théâtre Maly, à Moscou, représentation qui souleva les mêmes réactions ambiguës<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Dans une lettre à Prokopovitch qu'il écrit en Modèle:Date- de Paris, Gogol fait part de sa lassitude : Modèle:Citation bloc

Le Modèle:Date à Moscou, Gogol assiste à une représentation du Revizor. Il est salué et applaudi par le public, mais il se dérobe et s'enfuit sous une fausse excuse<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

En France

Contrairement à celui de Tchekhov, le théâtre de Gogol ne connaît pas en France le succès qui est le sien en Russie, où il fait partie du répertoire classique.

La première parisienne du Revizor eut lieu le Modèle:Date, en pleine guerre de Crimée. Dans le contexte de la guerre de communication, la pièce fut d’ailleurs rebaptisée Les Russes peints par eux-mêmes. Elle fut interrompue après seulement quatre représentations, sous les huées et les sifflets du public<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Au-delà des circonstances particulières de la première, Maurice de Grève y voit deux raisons principales. D'une part, la langue de Gogol est très difficilement traduisible ; d'autre part, la pièce présenterait une réalité sociologique trop éloignée de la réalité française<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Gogol serait en quelque sorte trop local, « trop russe ». La liberté de ton et le langage familier (le sabir franco-russe de Khlestakov, par exemple), voire grossier, de Gogol choquèrent d'ailleurs le public à l'époque.

Dès l'origine, le statut réel de la pièce de Gogol fait débat. Certains ont par exemple conclu de l'absence d'intrigue amoureuse l'absence de toute intrigue. Dans Le Roman russe, Eugène-Melchior de Vogüé indique que : Modèle:Citation

Personnages

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Le Revizor, dessin de Nicolas Gogol (1836).

Les personnages de la pièce sont assez nombreux<ref>La liste complète est donnée par Modèle:Harvsp.</ref>. Gogol rajoute a cette liste une Modèle:Citation (une sorte de didascalie) dans laquelle, il précise les caractéristiques physiques et psychologiques des principaux personnages, ainsi que quelques indications scéniques. Le tout est déjà présent dans la version de 1836, et repris à l'identique dans la version de 1842.

  • Anton Antonovitch Skvoznik-Dmoukhanovski : bourgmestre (aussi appelé le « gouverneur » selon la traduction)
  • Anna Andréïevna, son épouse, Modèle:Citation
  • Maria Antonovna, sa fille
  • Louka Loukitch Khlopov, inspecteur des collèges
  • Ammos Fiodorovitch Liapkine-Tiapkine, juge, Modèle:Citation
  • Artemi Filipovitch Lafraise, curateur des œuvres de charité
  • Ivan Kouzmitch Chpékine, directeur des postes, Modèle:Citation
  • Piotr Ivanovitch Dobtchinski et
  • Piotr Ivanovitch Bobtchinski, propriétaires terriens
  • Ivan Alexandrovitch Khlestakov, fonctionnaire de Pétersbourg, le « revizor »
  • Ossip, son valet
  • Christian Ivanovich Giebner, médecin du district
  • Fiodor Andréïevitch Lioulioukov, Modèle:Citation
  • Ivan Lazarévitch Korobkine, fonctionnaire à la retraite, notable de la ville
  • Stéphanie Ilitch Oukhovertov, commissaire de police
  • Svistounov,
  • Pougovitsyne,
  • Dierjimorda, gendarmes
  • Abdouline, marchand
  • Févronia Pétrovna Pochliopkina, femme de serrurier
  • La femme du sous-officier
  • Micha, valet du gouverneur
  • Le garçon de taverne
  • Invités, invitées, marchands, bourgeois, solliciteurs.

Dans sa note préliminaire, Gogol insiste et précise soigneusement les conditions dans lesquelles doit se jouer la dernière scène : Modèle:Citation bloc

Déroulement de la pièce

Épigraphe

Acte I

La pièce s'ouvre par la lecture du bourgmestre aux responsables de l'administration locale d'une lettre dans laquelle on lui annonce une nouvelle désagréable et qui surprend tout le monde : la venue d'un revizor chargé d'une mission secrète, qui plus est. Le bourgmestre tente de « resserrer les boulons », en espérant dissimuler l'impéritie et les abus de l'administration : un tribunal transformé en poulailler et en entrepôt privé, les pots-de-vin que s'octroie un responsable. Tout semble aller un peu à vau-l'eau, jusqu'à un professeur d'histoire trop passionné : Modèle:Citation bloc

Dans la deuxième scène, le bourgmestre avoue à Chpékine, le directeur des postes, qu'il soupçonne la possibilité que quelqu'un les ait dénoncés et suggère à celui-ci d'ouvrir le courrier des administrés. Le directeur des postes lui répond, bonhomme : Modèle:Citation bloc Le directeur des postes précise qu'il n'a entendu parler d'aucun fonctionnaire de Pétersbourg et, pris d'enthousiasme, propose de lire au bourgmestre une lettre qu'il trouve particulièrement touchante.

Mais, déjà (scène 3), on annonce la présence à l'auberge depuis deux semaines d'un jeune homme du nom d'Ivan Alexandrovitch Khlestakov, qui vient de Pétersbourg et prétend se rendre dans la province de Saratov, mais que tous prennent immédiatement pour le revizor. Toute la notabilité locale cherche alors à se faire (bien) voir par le supposé inspecteur et se précipite in corpore au devant du visiteur, ce qui offre l'occasion d'apprendre que les rues sont un vrai capharnaüm, que la corruption règne à tous les étages, qu'un des gendarmes est saoul comme une barrique (Modèle:Citation) et Modèle:Citation, que l'un des notables est un voleur connu, que les monuments municipaux sont immédiatement transformés en dépotoir, que les constructions publiques donnent lieu à des détournements de fonds massifs... Modèle:Citation bloc

Acte II

Le deuxième acte (qui compte 10 scènes) commence à l'auberge, par un monologue<ref group="N">Une partie du comique de la scène vient du russe très approximatif du valet, qui écorche sa langue, prend un mot pour un autre, etc.</ref> d'Ossip, le valet du mystérieux voyageur, vautré sur le lit de son maître, qui récrimine contre lui : loin d'être le revizor que tous redoutent, Khlestakov n'est qu'un insignifiant « registrateur de collège<ref group="N">Le Modèle:14e et dernier des tchins de la table des rangs en vigueur dans l'administration impériale russe. Cf. aussi : Modèle:Harvsp.</ref> », parti de Pétersbourg il y a deux mois, escroc à la petite semaine, grand amateur de cartes, vivant d'expédients et de filouteries d'auberge, brûlant la chandelle par les deux bouts dès qu'il en a les moyens. Arrive Khlestakov, qui entame aussitôt une querelle avec son domestique. Les deux hommes ont le ventre creux ; l'aubergiste, mécontent de n'être pas payé, refuse de leur servir le repas et a déjà menacé de se plaindre au bourgmestre dès le matin. Un long monologue apprend au spectateur que Khlestakov se dirige vers Saratov, où son père, très fâché, attend des explications sur son manque d'avancement. Après quelques péripétie, les hôtes parviennent à se faire servir un repas modeste. Protestation de Khlestakov... À la scène huit survient le bourgmestre, ce qui provoque un quiproquo. Khlestakov croit que le bourgmestre vient l'arrêter, ou du moins le forcer à payer, tandis que le bourgmestre croit que le visiteur dissimule sa véritable identité pour mieux le prendre en défaut. Il pense que la surprise du voyageur est une feinte, et s'offre de lui prêter quatre cents roubles pour régler ses problèmes financiers : Modèle:Citation, et pour finir l'invite chez lui : Modèle:Citation bloc

Acte III

Le troisième acte se déroule chez le bourgmestre. On assiste d'abord à la querelle entre son épouse et sa fille, qui sont en opposition permanente, puis à l'arrivée de Dobtchinski, avant celle d'Anton Antonovitch Skvoznik-Dmoukhanovski et de ses hôtes prestigieux. Le bourgmestre a fait préparer la meilleure chambre pour son invité et tente de lui tirer les vers du nez. Khlestakov lui fait une description quelque peu enjolivée de sa position à Pétersbourg. À l'entendre, il est un personnage central dans l'administration impériale, il reçoit des comtes, a l'oreille de l'empereur. C'est un ami de Pouchkine et il connaît toutes les sommités du monde journalistique. Il donne des bals pour les diplomates étrangers, brasse des millions, etc. Alors qu'il s'enquiert s'il existe quelque cercle de jeu dans la région, le bourgmestre, lui-même joueur invétéré, lui rétorque horrifié : Modèle:Citation bloc

Après avoir réussi à se débarrasser de son redoutable invité en le saoulant, le bourgmestre interroge Ossip, le valet, pour tenter de vérifier les dires du jeune homme. Mais celui-ci, pris au dépourvu, lui donne précisément les réponses vagues qui viennent confirmer les allégations de Khlestakov. L'acte s'achève sur un mystérieux conciliabule entre la femme et la fille du bourgmestre, tandis que ce dernier fait placer devant la maison des gendarmes en faction pour empêcher quiconque d'arriver chez lui. Il veut protéger la tranquillité de son hôte, mais surtout pour interdire l'arrivée intempestive d'administrés qui viendraient réclamer ou protester.

Acte IV

Le quatrième acte se déroule également chez le bourgmestre, où le supposé revizor dort encore. L'acte commence par une conjuration des principaux notables de la ville, mais le bourgmestre juge préférable, car plus discret, que chacun d'eux se présente séparément, comme par hasard, pour ne pas éveiller de soupçons. Khlestakov se réveille avec la gueule de bois et commence à comprendre la méprise dont il bénéficie. Il profite de chacune de ses entrevues avec les notables pour leur soutirer de l'argent. Trop heureux de s'en tirer à si bon compte, chacun lui prête ce qu'il demande, pensant ainsi acheter son silence. Peu à peu cependant, les langues se délient et les malfaiteurs se dénoncent les uns les autres... À la fin de l'acte (scène 10), de simples citoyens parviennent à forcer le barrage des gendarmes et viennent se plaindre au revizor des nombreux abus du bourgmestre. L'air étonné et choqué par ce qu'il apprend, Khlestakov en prend bonne note et promet d'agir. En fait d'action, l'escroc se contente de faire savoir à un journaliste de ses connaissances le comportement indécent des notables. Il fait poster la lettre par son valet Ossip, qui exige que le port soit pris en charge par l'administration de la ville puisque c'est un soi-disant un courrier gouvernemental... Laissé seul. Khlestakov se met à faire une cour assidue alternativement aux deux femmes de la maison : la fille du bourgmestre et sa femme, Modèle:Citation. Le bourgmestre surgit et remarque à peine le manège de Khlestakov : ayant eu vent des manœuvres de ses administrés, il veut protester de son bon droit et affirme que les justiciables sont des menteurs : Modèle:Citation bloc Le revizor finit par demander la main de la fille au bourgmestre, et accepte que ce dernier le dépanne de quatre cents roubles supplémentaires pour une courte visite qu'il doit faire chez un oncle très riche de la région. L'acte se termine avec le départ de Khlestakov.

Acte V

Le cinquième acte s'ouvre sur le dialogue entre le bourgmestre et sa femme, qui se félicitent de leur bonne fortune : leur fille va épouser un homme important de Pétersbourg, ils vont abandonner ce trou perdu. Le maire se voit déjà général, décoré... Surviennent alors les notables de la ville. Le bourgmestre, plein de morgue, les rudoie d'un ton méprisant... Mais la nouvelle des fiançailles de la fille du bourgmestre se répandant, tout un chacun vient hypocritement féliciter le bourgmestre, qui se radoucit. Mais coup de théâtre. Le directeur des postes surgit, une lettre décachetée à la main : Modèle:Citation bloc Reprenant ses vieilles habitudes, le directeur des postes a ouvert la lettre de Khlestakov, dans laquelle le jeune homme décrit en termes peu aimables le panier de crabes qu'est l'administration locale : Modèle:Citation, Modèle:Citation, le curateur des œuvres de charité est Modèle:Citation, l'inspecteur des collèges Modèle:Citation, le juge Liapkine-Tiapjine est Modèle:Citation Dans la lettre, Khlestakov reconnait chercher à séduire et la femme du bourgmestre et sa fille. Il précise encore qu'il pense commencer par la mère, qui lui paraît plus réceptive à ses flatteries.

Comprenant, qu'ils ont tous été bernés par un escroc, les notables cherchent un bouc émissaire et finissent par s'invectiver de manière fort peu civile...

À l'avant-dernière scène, un gendarme vient annoncer un nouveau coup de tonnerre : le revizor attendu est à l'hôtel, où ils sont tout convoqués !

La dernière scène

La dernière scène est muette : tous les présents sont immobiles, silencieux, dans diverses postures, comme frappés par la foudre. Le texte original n'est composé que d'une grande didascalie.

Commentaires

Le rire

Gogol est avant tout un auteur comique. À travers Le Revizor, il veut montrer qu'il a aussi des idées et une vision du monde. Pour cela, il montre que l'utilisation du rire, façon universelle de communiquer avec le public, peut mettre en exergue les immondices les plus ancrées. Gogol ne se satisfait pas d'un comique bruyant et fanfaron. Le rire doit être celui Modèle:Citation.

Montrer le mal pour le bien

Montrer les plus hauts gradés ou notables en fripons vils de basses mœurs nous fait penser à un vaudeville. Gogol se défend d'avoir créé une pièce simple sans fondement important. Ce Revizor saura tout, il est au-dessus de tout. À la première annonce tout le monde plonge dans ces pensées retranchées, leurs gestes détestables, leurs méchancetés, leurs démons. Cette horrible image et la force du Revizor en sont même représentées par une scène muette (acte V, VIII). Le Revizor est un inspecteur omniscient et rien ne peut être caché. Ce mal et cette peur ont un effet salutaire. Ce monde se dévoile et montre ce qu'il a manqué de faire. Le Revizor devient finalement un accompagnateur qui permet à l'homme de se juger, de revenir à un esprit propre et serviable.

Quelques répliques

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Éditions françaises

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Adaptations

Mises en scène notables en France

Opéra

Adaptation au cinéma

Adaptations à la télévision


Notes et références

Notes

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Références

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Bibliographie

Liens externes

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