Marcello Malpighi
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Marcello Malpighi, né le Modèle:Date de naissance à Crevalcore (dans les environs de Bologne) et mort le Modèle:Date de décès à Rome, est un médecin et naturaliste italien. Il est considéré comme le fondateur de l'anatomie microscopique ou histologie. Son nom reste attaché aux structures dont il a donné les premières descriptions.
Biographie
Sa première jeunesse est consacrée à l'étude des Belles-Lettres. En 1645, à l'âge de 17 ans, il commence des études de philosophie à l'université de Bologne sous la direction du philosophe aristotélicien Francesco Natali<ref name=autobio1/>. Sur son conseil, en 1649, il s'oriente vers la médecine. Ses maîtres sont Bartolomeo Massari, puis Andrea Mariani. Il est l'un des neuf auditeurs qui se réunissent chez Massari <ref>Ces réunions préfigurent les sociétés savantes et les académies, diffusant une science nouvelle, à la marge des Universités plus conservatrices.</ref>; on y pratique les méthodes utilisées par William Harvey, qui reste pour Malpighi un modèle sa vie durant. Il termine ses études à Bologne, où il est reçu docteur en 1653.
Il acquiert rapidement une grande réputation, et le grand-duc de Toscane, Ferdinand II, le nomme professeur titulaire de la chaire de médecine théorique à l'université de Pise en 1656. C'est à Pise qu'il rencontre Giovanni Alfonso Borelli, mathématicien philosophe, qui lui fait connaitre l'atomisme de Démocrite et sans doute la microscopie. C'est à Pise aussi qu'il prend connaissance des techniques qui ont permis à Giovanni Battista Hodierna d'étudier l’œil de la mouche<ref name=voirMeli/>. Il ne reste à Pise que trois ans, sa santé précaire le poussant à rentrer à Bologne parmi les siens.
En 1659, Malpighi est de retour à Bologne. Lui et Carlo Fracassati y font des dissections et des vivisections. En 1662, il est nommé à la plus importante chaire de médecine de l'université de Messine, laissée vacante. Il est mal accueilli, car cette université restait très attachée au galénisme arabe, alors qu'il défend l'hippocratisme grec<ref name=":0">Modèle:OuvrageModèle:Commentaire biblio</ref>,<ref>Depuis la Renaissance, il existait une querelle d'école entre médecins arabistes et médecins hellénistes, sur la valeur respective de leurs sources.</ref>.
Il regagne alors Bologne en 1667. Il est invité à correspondre avec la Royal Society ; il entre dans la Société le Modèle:Date. En 1691, il devient médecin du pape Innocent XII. Mais lui-même souffre depuis des années de goutte, et de troubles cardiaques. Il meurt d'apoplexie le Modèle:Date au palais du Quirinal.
Son corps est embaumé, transporté à Bologne et inhumé dans l'église Saint-Grégoire<ref name=":2">Modèle:OuvrageModèle:Commentaire biblio</ref>.
Travaux
Physiologie
En 1657, il montre que le cœur du bœuf est formé de deux sortes de fibres, en spirale et rectiligne, qu'il s'agit d'un organe musculaire et non glandulaire sécréteur. Il se démarque ici de la médecine antique et médiévale qui faisait du cœur une source de vie, l'organe producteur d'un pneuma (souffle, esprit ou principe) de chaleur vitale<ref>Cette notion est restée dans le langage courant « avoir chaud au cœur » qui exprime le réconfort ou le bonheur de vivre.</ref>.
En 1659, il donne une première description de la structure de la rate (corpuscules de Malpighi de la rate, il aperçoit des globules rouges dans les capillaires) et de ce qu'il appelle « glandes lymphatiques » (follicules lymphoïdes de la rate).
Les travaux de Harvey démontrant la circulation du sang, s'ils étaient révolutionnaires, restaient incomplets. Harvey n'avait pu trouver comment le sang passait des artères aux veines. En utilisant le microscope et en axant ses recherches sur le poumon, Malpighi découvre les capillaires en 1661, et les décrit dans ses Observations anatomiques du poumon, bouclant ainsi le système de Harvey. Le tissu pulmonaire est une agrégation de membranes extrêmement fines, agencées « en vésicules semblables aux rayons d'une ruche d'abeille » entourées d'un réseau très dense de minuscules vaisseaux communiquant avec de minuscule terminaisons bronchiques<ref name=":1">Modèle:OuvrageModèle:Commentaire biblio</ref>. Ce livre est considéré comme l'un des ouvrages fondateurs de la médecine moderne.
il décrit de nombreuses structures variées auxquelles son nom est encore aujourd'hui attaché. Dans la langue, il découvre les papilles et leurs fonctions gustatives ; dans la peau, les glandes sébacées et sudoripares. Pour lui toutes les glandes sont des machines agissant en premier lieu comme des filtres, fournissant les produits issus du sang et destinés à être excrétés. Pour désigner leur structure en grappe, il crée le terme d'acini (acinus)<ref name=":0" />.
Le cerveau, le rein, la rate, le foie fonctionnent selon ce modèle glandulaire. Ainsi, le cortex cérébral est formé de « glandes » dont les conduits excréteurs produisent un « suc nerveux ». Il montre l'architecture interne du rein, en considérant la formation de l'urine comme un processus élaboré de « séparation », et non pas comme une simple filtration. Il note la structure lobaire du foie où il situe la formation de bile, et non pas dans la vésicule biliaire comme on le pensait<ref name=":1" />.
Il abordera également l'entomologie (sur le bombyx du mûrier, historiquement le premier mémoire consacré à un invertébré<ref name=":0" />) et l'embryologie (formation de l'embryon de poulet). Dans ce dernier domaine, il est partisan de la théorie de la préformation, selon laquelle l'œuf contient déjà en miniature l'individu tout entier.
Botanique
Malpighi fait paraître en 1671 un travail intitulé Modèle:Lang sur l'anatomie cellulaire des végétaux. Il montre que le tissu cellulaire est constitué de vésicules de forme variable qu'il nomme « utricules ». En comparant les tissus de divers végétaux, il voit que les utricules sont soudés entre eux par une substance qu'il nomme « cystoblastème ». Malgré tout, les illustrations de Malpighi, pourtant dessinateur hors pair, sont souvent difficiles à interpréter.
Malpighi propose une analogie entre les tissus osseux et ligneux, idée reprise plus tard par Duhamel du Monceau<ref name=DupontDeDinechin/>. Malpighi devine ainsi que tous les êtres vivants reposent sur une structure analogue de base<ref name=":1" />.
Il étudie également l'embryologie des végétaux. Bien que ses observations soient très poussées, il ne reconnait pas l'existence du sexe des plantes<ref>Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>L'existence du sexe des plantes ne sera pleinement reconnu que dans la première moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. (P. Rossi, op. cit., p.274).</ref>. Enfin, Malpighi reste attaché à la théorie de la préformation en décrivant le bourgeon comme une structure contenant tous les éléments de la future feuille, fleur ou branche.
Ces travaux font de Malpighi, conjointement avec Nehemiah Grew, l'un des fondateurs de l'anatomie végétale.
Méthode expérimentale
Les travaux de Malpighi vont à l'encontre du dogme galénique et lui attireront l'hostilité critique de ses adversaires. De son temps, ses travaux furent tournés en dérision, traités de « frivoles et vaines spéculations pour entretenir l'humeur curieuse des gens oisifs », en revanche ils furent bien accueillis par les grands anatomistes de l'époque<ref name=":2" />.
L’œuvre de Malpighi est à la rencontre d'un instrument, le microscope, et d'une méthode. Cette méthode, il la définit lui-même comme une méthode d'analogie<ref name="analogismo" />. Celle-ci se place dans un courant philosophique de l'époque : le renouveau de l'atomisme classique, c'est-à-dire « la libre philosophie de Démocrite » qui influence les recherches anatomiques du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, où l'on se propose de remplacer la dissectio (dissection) jugée grossière par la resolutio ad minutum, la décomposition du corps en ses éléments véritables à l'aide de microscopes<ref>programme suggéré par Marco Aurelio Severino, dans son ouvrage Zootomia Democritea.</ref>, procédé délicat analogue au démontage d'horlogerie<ref name=":3">Modèle:Ouvrage</ref>. Il ne s'agit plus de savoir pourquoi, mais comment les phénomènes se produisent<ref name=":1" />.
Les premiers microscopes du temps de Malpighi sont, au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, une lentille unique montée dans un tube en carton ou entre deux lames. Les améliorations successives durant ce siècle aboutissent à des instruments avec un grossissement de l'ordre de x 200 (jusqu'à x 270 pour le meilleur de Leeuwenhoek), mais le faible intervalle entre la lentille et le spécimen donne un manque de lumière, problème non résolu par les opérateurs qui se plaignent de fatigue visuelle<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Selon M. Grmek, le microscope joue un très grand rôle, mais presque plus comme idée que comme instrument réel<ref name=":3" />,<ref>Grmek attribue cette remarque à l'historien italien Luigi Belloni.</ref>. Les microscopistes s'efforcent de rendre visible ce qu'ils pensent déjà savoir, c'est-à-dire ce qu'ils posent comme hypothèse : à savoir que l'organisme vivant est composé d'unités fonctionnelles, « machines minuscules », invisibles à l'œil nu. Pour faire apparaitre cette composition, Malpighi combine l'observation microscopique avec la préparation de l'objet observé, préparation qu'il appelle « anatomie artificielle et subtile », en utilisant macérations, techniques de coupe<ref>Malpighi a travaillé dans le laboratoire zootomique de Borelli à Pise.</ref> et colorants<ref name=":1" />.
En plus de ses découvertes, Malpighi imaginera le schéma type des articles scientifiques tel qu'utilisé aujourd'hui. Il décrira notamment ses méthodes expérimentales afin que les autres médecins puissent vérifier et confirmer (ou infirmer) ses découvertes. Cette possibilité de critique est l'un des piliers de la science moderne.
Éponymie
Le nom de Malpighi reste attaché à des dizaines de structures du corps humain et de celui des insectes, les principales sont : les tubes de Malpighi, la couche de Malpighi ou l'épithélium malpighien, la cellule de Malpighi (constitutive de l'épithélium malpighien), le glomérule ou corpuscule de Malpighi (glomérule rénal).
D'autres sont : le canal de Malpighi-Gärtner<ref>Hermann Gärtner (1785-1825).</ref> (vestige du canal de Wolf, susceptible de former un kyste dit de Malpighi-Gärtner), la capsule de Malpighi (portion de la capsule fibreuse de la rate), les pyramides de Malpighi (structures coniques de la zone médullaire du rein).
Linné (1707-1778) lui a dédié le genre Malpighia, type de la famille des Malpighiacées et de l'ordre des Malpighiales, ce dernier introduit par la classification phylogénétique.
Plusieurs villes italiennes ont une rue nommée Marcello Malpighi : Milan, Pérouse, Cento (province de Ferrare) etc. ; il y a un lycée Malpighi à Rome, un à Bologne etc.
Œuvres (sélection)
Sauf mention contraire, les œuvres citées sont en latin.
- De pulmonibus observationes anatomicae (Observations anatomiques sur les poumons), Bologne, Giovanni Battista Ferroni, 1661 ; La Haye 1663 ; Leyde 1672 ; Francfort 1678.
- Édition de 1672, dans le même volume que De pulmonum substantia et motu diatribe de Thomas Bartholin, Leyde, F. Lopez, 1672.
- en italien, par L. Belloni, Milan, 1958.
- Epistolæ anatomicæ de cerebro ac lingua, Bologne, 1665.
- De externo tactus organo anatomica observatio, Naples, 1665.
- Dissertatio Epistolica de formatione pulli in ovo. Londres 1666, 1674.
- en français, Paris, 1686.
- De viscerum structura … Exercitatio anatomica, Bologne 1666 ; Amsterdam 1669 ; Londres 1669 ; Iena 1677 et 1683 ; Francfort 1678.
- Discours anatomiques sur la structure des viscères, Paris, 1683 ; Montpellier, 1683 — Aussi numérisé par BIU Santé.
- Anatome plantarum, Londres, J. Martyn.
- Anatome plantarum (Première partie), 1675.
- Anatomes plantarum pars altera (Seconde partie), 1679.
- Dissertatio epistolica de bombyce (Dissertation en forme de lettre sur le ver à soie), Londres, John Martyn et James Allestry, 1669<ref name="Stra" />. avec 54 figures en douze planches.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} La structure du ver à soie et De la formation du poulet dans l’œuf, Paris, Maurice Villery, 1686Modèle:Commentaire biblio SRL
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Traité du ver à soie, trad. E. Maillot, Montpellier, 1878Modèle:Commentaire biblio SRL
- Opera omnia (Œuvres complètes), 2 vol., Londres, Robert Scott, 1686 ; Leyde 1687.
- De structura glandarum conglobatarum, Londres 1689 ; Leyde, Pieter van der Aa, 1690.
- Opera posthuma … quibus praefixa est ejusdem vita a seipso scripta, Londres, A. & J. Churchill, 1697 ; Amsterdam 1698 ; Venise 1698 Modèle:Commentaire biblio SRL
- Modèle:AncreEn ligne : édition d'Amsterdam, Gallet, 1700 — Autobiographie, datée du Modèle:Date- (il avait 41 ans)
- De hepate. Opera omnia, Leyde, Pieter van der Aa, 1699
- Consultationum medicinalium centuria prima, Pavie 1713 ; Venise 1748.
- Ré-édition de toutes les œuvres complètes à Venise 1733, avec préface et annotations de F. Gavinelli, lecteur d'Anatomie.
Œuvres en ligne ou liens à des œuvres en ligne :
- Marcello Malpighi, site Internet Archive.
- Marcello Malpighi, site The Oneline Books.
Bibliographie
- Modèle:Ancre{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Howard Adelmann, Marcello Malpighi and the evolution of embryology, Ithaca (N.Y.), Cornell University Press, 1966, xxiv, Modèle:Nb p.Modèle:Commentaire biblio SRL
- Modèle:Ancre{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Luigi Belloni, « Malpighi, Marcello », dans Complete Dictionary of Scientific Biography, 2008 (encyclopedia.com)Modèle:Commentaire biblio SRL
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Matthew Cobb, « Malpighi, Swammerdam and the colourful silkworm : replication and visual representation », dans Ann. Sci., Modèle:Vol. (2002), no 2, Modèle:P. Modèle:ISSN
- Modèle:AncreBruno de Dinechin, Duhamel du Monceau : un savant exemplaire au siècle des Lumières, Connaissance et Mémoires Européennes, 1999 Modèle:ISBN.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Giovanni B. Fogazzi, « The description of the renal glomeruli by Marcello Malpighi », dans Modèle:Abréviation (1997) 12: 2191–2192
- Modèle:Ancre{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Domenico Bertoloni Meli, « La Rivoluzione scientifica : i protagonisti. Marcello Malpighi », dans Enciclopedia Treccani, 2002
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Domenico Bertoloni Meli, Reliability and generalization in early modern anatomy
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} A. W. Meyer, « Malpighi as anatomist », dans Science (1930), 72 (1862), Modèle:P.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} A. Mezzogiorno et V. Mezzogiorno, « Marcello Malpighi (1628-1694) », dans Garabed Eknoyan Modèle:Et al., History of nephrology, Modèle:Vol., Karger, 1997, Modèle:P.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} J. M. S. Pearce, « Malpighi and the discovery of capillaries », dans Modèle:Abréviation 2007, 58, Modèle:P. Modèle:DOI
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Marco Piccolino, « Marcello Malpighi and the difficult birth of modern life sciences », dans Endeavour 23.4 (1999): 175-179
Notes et références
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- Marcello Malpighi dans la Banque d'images et de portraits de la BIUM.
- Œuvres et portraits numérisés de Marcello Malpighi, site Europeana.