Négritude
La négritude est un courant littéraire et politique, créé durant l'entre-deux-guerres<ref>Dossier sur le mouvement de la négritude, Assemblée nationale française.</ref>, rassemblant des écrivains francophones noirs, comme Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor, les sœurs Paulette et Jeanne Nardal (considérées comme les figures inspiratrices du mouvement<ref>Modèle:Article.</ref>), Jacques Rabemananjara, Léon-Gontran Damas, Guy Tirolien, Birago Diop et René Depestre. Lié notamment à l'anticolonialisme, le mouvement influence par la suite de nombreuses personnes proches du nationalisme noir, s'étendant bien au-delà de l'espace francophone.
Origine
Dans Négritude Agonistes, Christian Filostrat publie le numéro 3 (mai - Modèle:Date-) de L'Étudiant Noir, journal mensuel de l’Association des étudiants martiniquais en France, dans lequel Aimé Césaire a initialement forgé le terme « négritude »<ref>Christopher L. Miller, The (Revised) Birth of Negritude: Communist Revolution and “the Immanent Negro” in 1935, PMLA, vol. 125, n° 3, May 2010</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>. Dans la rubrique « Conscience Raciale et Révolution Sociale » de ce numéro de L'Étudiant Noir, Césaire revendique l'identité noire et sa culture, d'abord face à une « francité » perçue comme oppressante et instrument de l'administration coloniale française (Discours sur le colonialisme, Cahier d'un retour au pays natal). Césaire l'emploie de nouveau en 1939 lors de la première publication du Cahier d'un retour au pays natal. Le concept est ensuite repris par Léopold Sédar Senghor dans ses Chants d'ombre, qui l'approfondit, opposant Modèle:Citation à l'Modèle:Citation : Modèle:Citation bloc
Auparavant, sans que le mot soit revendiqué, le sociologue et militant panafricain W. E. B. Du Bois avait dans son ouvrage Les Âmes du peuple noir (1903) commencé à poser les caractéristiques de la négritude. En France, la Revue du monde noir contribue à diffuser ce mouvement d'idées. Selon la spécialiste de la littérature noire Lilyan Kesteloot, c'est en Modèle:Date-, avec la publication de Légitime défense par un groupe d'étudiants (Étienne Léro, René Ménil et d'autres militants marxistes) que la pensée de la négritude est constituée : dénonciation de la honte de soi, du mimétisme et de la dépersonnalisation, critique du capitalisme colonial, etc.<ref name=":0">Modèle:Ouvrage</ref>. Pour Aimé Césaire, Modèle:Citation<ref name=":0" />. René Maran, auteur de Batouala, est généralement considéré comme un précurseur de la négritude.
Claude McKay (1889-1948), poète, romancier, de langue anglaise, jamaïcain puis américain, est un inspirateur possible de la "Négritude", avec Ghetto noir (1928), Banjo (1929), etc.
Signification selon ses auteurs
Le terme « négritude » désigne l'ensemble des caractéristiques et valeurs culturelles des peuples noirs, revendiquées comme leur étant propres, ainsi que l'appartenance à ces peuples. Il a été créé vers 1936 par les poètes et hommes politiques français Aimé Césaire (1913-2008), Léon-Gontran Damas (1912-1978) et Léopold Sédar Senghor (1906-2001) pour se placer du côté du sentiment des personnes de couleur noire et pour s'approprier la meurtrissure infligée par l'histoire.
La naissance de ce concept, et celle d'une revue, Présence africaine, qui paraît en 1947 simultanément à Dakar et à Paris, va faire l'effet d'une déflagration. Elle rassemble des Noirs de tous les horizons du monde, ainsi que des intellectuels français, notamment Sartre. Celui-ci définit alors la négritude comme : Modèle:Citation.
Pour Senghor, la négritude est Modèle:Citation ou encore : Modèle:Citation.
Pour Césaire, Modèle:Citation.
Critiques
Par la suite, des écrivains noirs ou créoles ont critiqué ce concept, jugé trop réducteur : Modèle:Citation (Wole Soyinka)<ref>Modèle:Article</ref>, ce à quoi Léopold Sédar Senghor répond : Modèle:Citation. Les propos de Soyinka ont fait davantage de bruit que la réponse de Senghor.
Stanislas Spero Adotevi fait une analyse sévère dans son essai Négritude et négrologues : Modèle:Citation.
En 1968, Yambo Ouologuem participe à ce débat avec son ouvrage polémique Le Devoir de violence.
Il sera ainsi globalement reproché à la négritude de véhiculer une vision « négriste » de la poésie, et d'enfermer les Noirs dans un schéma réducteur.
Mais les principaux auteurs de la négritude en ont également fait un mouvement controversé de par leurs désaccords. En effet, ils n'en avaient pas tous la même vision. Selon l'écrivain guadeloupéen Daniel Maximin, la négritude ne se définit pas comme un mouvement, mais comme une génération d'intellectuels rassemblés par une même prise de conscience<ref>dixit Aimé Césaire</ref>, tandis que Léopold Sédar Senghor la théorise comme telle<ref>Liberté, L.S Senghor</ref>. Enfin, du fait d'origines différentes (Guyane, Martinique, Sénégal), la négritude trouvant sa source dans les vécus de chacun d'eux, il s'agit de points de vue personnels, de leur propre négritude, à la fois singulière et plurielle (dépasser la révolte pour prôner la paix et la fraternité<ref>Hosties noires, Léopold Sédar Senghor</ref>, exhorter à la révolte<ref>Cahier d'un retour au pays natal, Aimé Césaire</ref> ou bien exprimer sa rancœur<ref>Pigments Névralgies, Léon Gontran Damas</ref>).
Dans les années 1960, Aimé Césaire estime que le mot « négritude » risque de devenir une « notion de divisions » lorsqu’il n'est pas remis dans son contexte historique des années 1930 et 1940<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Notes et références
Annexes
Articles connexes
- Discours sur la négritude
- Congrès des écrivains et artistes noirs
- Festival mondial des arts nègres
- Maison de la Négritude
- Littérature africaine
- Kémitisme
Personnalités
Bibliographie
- Aimé Césaire, Cahier d'un retour au pays natal 1939 dans la revue Volontés, réédité en 1956, Présence Africaine
- Stanislas Spero Adotevi, Négritude et négrologues, Paris : Éditions Le Castor Astral, 1972 réédité en 1998
- Léon-Gontran Damas, Poètes d'expression française, Paris : Éditions du Seuil, 1947
- Christian Filostrat, Negritude Agonistes, Africana Homestead Legacy Publishers 2008, Modèle:ISBN
- Lilyan Kesteloot, Histoire de la littérature négro-africaine, Karthala, AUF, 2004 (mise à jour), 386 p. Modèle:ISBN
- Mouhamadou Kane, Birago Diop, l'homme et l'œuvre, Paris : Présence Africaine, 1971
- Sélim Lander, Crépuscule de la négritudeModèle:Référence insuffisante
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} I. L.Markovitz, Leopold Sedar Senghor and the Politics of Negritude, New York, Atheneum, 1969, VIII-300 p. (Thèse)
- Léopold Sédar Senghor, Liberté 1 : Négritude et humanisme, Paris: Éditions du Seuil, 1964.
- Léopold S. Senghor, « Qu'est-ce que la négritude ? », Études françaises, vol. 3, n° 1, 1967, p. 3-20 (lire en ligne).
- René Piquion, L'épopée d'une torche, Deschamps, Port-au-Prince, 1979
- Léopold Sédar Senghor, Ce que je crois, Paris : Grasset, 1988
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Véronique Tadjo, Latérite/Red Earth, Spokane, WA : Eastern Washington University Press, 2006
- Peter Thompson, Négritude et nouveaux mondes - poésie noire : africaine, antillaise, et malgache, Concord, MA : Wayside Publishing, 1994
- M. Steins, Les antécédents et la genèse de la négritude senghorienne, Paris, Université de Paris III, 1981, 3 t., 1346 p. + 9 p. (Thèse d’État)
- Annie Urbanik-Rizk, Étude sur Aimé Césaire : Cahier d'un retour au pays natal, Discours sur le colonialisme, Ellipse Marketing, 1998 Modèle:ISBN
- Karfa Diallo, Matins noirs, essai poétique pour une nouvelle négritude. Édition Ex Æquo10, Collection Hors cadre, Châlons en Champagne, 2010.
- Supra-négritude, essai, éditions Fiat Lux, 2013, préface de Grégoire Biyogo Modèle:ISBN
- Black Nihilism, essai, éditions New African Cultures Éditions, 2014 Modèle:ISBN
- Obscure époque, fiction géopolitique, éditions New African Cultures Éditions, 2016, préface de Rockin' Squat Modèle:ISBN
- L'Afrique libre, ou la mort, récit politique, édition Groupe CCEE, 2018, préfaces de Biram Dah Abeid, Alexandre Douguine, Élie Domota, Pedro Biscay, Djimon Hounsou, Ganiou Soglo et Nicolas Anelka Modèle:ISBN
Filmographie
- Négritude : Naissance et expansion du concept, film documentaire réalisé par Nathalie Fave et Jean-Baptiste Fave, produit par Maison Africaine de la Poésie Internationale, tourné au Sénégal en 2005, 56 min (édité en DVD, premières minutes disponibles en ligne). Le film comprend des interventions d'Amadou Lamine Sall, Racine Senghor, Lilyan Kesteloot, Jean-Louis Roy, Jacqueline Lemoine, Gérard Chenêt, Victor Emmanuel Cabrita, Nafissatou Dia Diouf, Amadou Ly, Youssoufa Bâ, Raphaël Ndiaye, Alioune Badara Bèye, Hamidou Dia, Georges Courrèges, Baba Diop
- Modèle:Ina
Liens externes
- Modèle:Autorité
- Modèle:Dictionnaires
- Modèle:Bases
- La dimension diasporique de la négritude dans le Nouveau Monde
- Colloque Léon-Gontran Damas Discussion autour du thème "Négritude et Surréalisme"
- Damas et la Guyane : "La négritude et les idéologies des racines : quels héritages dans l'identité créole guyanaise ?"
- Négritude et surréalisme : le style canaille de Damas
- Léon-Gontran Damas : poète jazz du trio de la Négritude
- Articles et présentation "Négritude"
- Présentation de la Négritude sur Écrit créole, Langue et culture et sur l'Encyclopédie de la francophonie
- L'Étudiant noir, journal mensuel de l'Association des étudiants martiniquais en France, première année n°3 mai-juin 1935