Normande
Modèle:En-tête label Modèle:Infobox Race
La normande est une race bovine française originaire de Normandie. C'est une vache de taille moyenne, qui a une robe caractéristique, blanche avec plus ou moins de taches brunes ou bringées (presque noire)<ref>Modèle:Lien web</ref>. Elle a la réputation d'être une race mixte, qui produit une viande de qualité et dont le lait est particulièrement bien adapté à la transformation fromagère, du fait de ses forts taux butyreux et protéiques, et de la nature des caséines qu'il contient.
Pour certains la normande trouverait ses origines chez des bovins amenés dans la région par les Vikings. Même si cette hypothèse a peut-être une part de vérité, la normande telle qu'on la connaît actuellement est proche d'autres races anglo-normandes comme la jersiaise, et est issue de la fusion de diverses races locales dont notamment la cotentine, de l'augeronne et de la Cauchoise<ref>Modèle:Lien web</ref>. La race a été ensuite influencée par l'infusion de sang durham au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, et a vu ses conditions d'élevage et donc son format s'améliorer avec les progrès de l'agriculture. Le herd-book de la race est créé en 1883, et la sélection de la race s'organise petit à petit. La race a été fortement affectée par la Seconde Guerre mondiale, car le débarquement de Normandie a provoqué des dégâts au sein de l'agriculture locale.
La race se réorganise cependant avec un système de sélection efficace qui en fait la principale race laitière française. Toutefois elle est concurrencée à partir des années 1970 par la Prim'Holstein, et ses effectifs déclinent progressivement. Elle est aujourd'hui la troisième race laitière française en termes d'effectifs derrière la Prim'Holstein et la Montbéliarde. La normande est en outre un animal emblématique de la Normandie. Elle étend toutefois son influence dans les régions avoisinantes depuis déjà longtemps, et est présente un peu partout dans le monde.
La Normande possède une bonne capacité d’ingestion et valorise bien l’herbe. Tarie, la Normande couvre ses grandes côtes avec une musculature développée<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Historique
Origine
On donne parfois à la normande une origine scandinave. C'est notamment le point de vue de Pierre Godefroy, journaliste et fin connaisseur du monde agricole, qui la compare à la race Télémark, à la robe mouchetée et bringée et exhibant des lunettes semblables à celles des vaches de Normandie<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Mais s'il est possible que les Vikings aient apporté des bovins dans leurs drakkars, ceux-ci n'avaient certainement rien à voir avec la vache que nous connaissons aujourd'hui. Le bétail normand était très hétérogène au Moyen Âge, et ce n'est qu'en 1718 qu'un marchand de bestiaux parle pour la première fois de vaches à la robe rouge ou bringée<ref name="siteacacias">Modèle:Lien web</ref>. Il est parfois suggéré l'existence d'un lien de parenté entre la race normande et jersiaise<ref name="mespoulhes27">Modèle:Harvsp</ref>. Avant l'arrivée des Vikings, au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, la population bovine qui peuplait le Cotentin était vraisemblablement identique à celle de Jersey. Les échanges entre les îles anglo-normandes, dont fait partie Jersey, et la péninsule cotentine, toutes deux intégrées au duché de Normandie, sont très importants<ref name="mespoulhes27"/> et l'étaient encore davantage autrefois. En 1204, tandis que la Normandie continentale passe sous domination du roi de France, Jersey conserve le statut qui était le sien dans l'empire Plantagenêt. Désormais l'arrivée d'animaux en provenance du continent se voit interdite sur l'île en raison de la rivalité entre le roi de France et le roi d'Angleterre, duc de Normandie. Par contre, les transferts dans l'autre sens sont autorisés et fréquents, et les animaux jersiais sont mêlés aux races normandes<ref name="mespoulhes27"/>. Il en résulte une certaine ressemblance physionomique entre la jersiaise et la normande, bien que leurs robes et leur format diffèrent, elles partagent un mufle un peu retroussé, des yeux et un cornage similaires, et d'excellentes aptitudes laitières et beurrières<ref name="mespoulhes27"/>. Certains auteurs suspectent d'ailleurs que le fort taux butyreux de la normande soit lié à l'infusion récente de sang jersiais<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
En réalité, la race normande est issue principalement de la fusion de deux races locales au cours du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle :
- la cotentine, race à laquelle on prête souvent une origine germanique et qui pourrait selon certains avoir été importée par les Vikings<ref name="mespoulhes23">Modèle:Harvsp</ref>. Les archives antérieures à 1850 montrent que deux types de vaches cotentines coexistaient en Normandie<ref name="mespoulhes23"/>. La « grande race » se distinguait par des proportions étonnantes. En effet les descriptions de l'époque indiquent que les bœufs mesuraient 1,90 à Modèle:Unité de haut pour Modèle:Unité de long et un poids compris entre 1 300 et Modèle:Unité<ref name="sarrazin3739">Modèle:Harvsp</ref>. Ces dimensions qui laissent aujourd'hui perplexes ont été validés par les « Inspecteurs de l'Agriculture » de l'époque. Toutefois, ces animaux étaient très mal conformés et peu précoces. Leur robe était rouge bringée. La « petite race » présentait des mensurations plus raisonnables : Modèle:Unité de haut pour Modèle:Unité de long et un poids moyen de Modèle:Unité pour les bœufs<ref name="sarrazin3739"/>, et Modèle:Unité de haut pour Modèle:Unité de long et un poids moyen de Modèle:Unité pour les vaches<ref name="sarrazin3739"/>. Également bringée, cette race très présente dans la Manche était une bonne laitière<ref name="sarrazin3739"/>. Plusieurs sources semblent confirmer que la cotentine formait une population de bovins à la robe bringée et à la conformation et la taille supérieure aux autres races de la région. Elle avait de bonnes aptitudes laitières et s'engraissait rapidement mais était peu précoce, exigeante en nourriture et peu douée pour le travail<ref name="mespoulhes24">Modèle:Harvsp</ref> ;
- l'augeronne, est une vache de couleur blanc truitée, plus petite que la cotentine, plus fine et plus apte à l'engraissement. Elle est issue de croisements des bovins locaux avec des animaux « hollandais »<ref name="mespoulhes25">Modèle:Harvsp</ref>, introduits dans le pays d'Auge dans les années 1720 et depuis régulièrement croisés avec les vaches du Cotentin<ref>Modèle:Ouvrage</ref> ;
D'autres races locales ont certainement plus ou moins contribué à la création de la normande. Parmi elles on peut notamment citer la cauchoise, une vache pie rouge avec une tête toute blanche ou majoritairement blanche. Cette vache d'origine flamande<ref>Modèle:Ouvrage</ref> était une médiocre laitière, haute en taille et peu musclée<ref name="sarrazin3739"/>. Les sources recensent aussi la race du Bocage dans la région de Coutances, une petite vache au poids compris entre Modèle:Unité, de couleur bringée ou caille, rustique et apte au travail<ref name="sarrazin3739"/>, la race du pays d’Avranches, rustique et travailleuse mais médiocre laitière et mal conformée<ref name="sarrazin3739"/>, la race à basse corne de la région de la Hague, la mayennaise, la Sarlabot (sans cornes par croisement d'introgression avec des animaux britanniques) et les animaux de Bessin, de petite taille<ref name="mespoulhes26"/>. Toutes ces races ont progressivement disparu, victimes des croisements avec la cotentine et la durham, et peu à peu assimilées aux autres races<ref name="mespoulhes26">Modèle:Harvsp</ref>.
Organisation et développement de la race
Au début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, l'apport de sang durham, ancien nom de la shorthorn, a été effectué, afin d'améliorer la précocité, la conformation bouchère, la finesse de la viande et l'aptitude à l'engraissement. Ces croisements étaient encouragés par le gouvernement pour améliorer la production de viande des races françaises, en s'appuyant sur cette race anglaise très bien conformée et spécialisée dans la production de viande<ref name="mespoulhes27"/>. D'abord timides, les apports d'animaux Durham deviennent petit à petit très importants, et des vacheries comme celle du Pin, dans l'Orne<ref>Modèle:Article</ref>, permettent d'accueillir les taureaux anglais qui sont diffusés dans les élevages. Ces croisements ne font toutefois pas l'unanimité, et de nombreux éleveurs reprochent la moindre production laitière et la moindre aptitude au travail des animaux croisés<ref name="mespoulhes27"/>. Ils sont finalement abandonnés au milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, les éleveurs jugeant que les races locales comme la cotentine n'avaient nul besoin d'être améliorées par du sang durham, qui avait un effet très négatif sur sa production laitière, mais nécessitaient plutôt une sélection drastique<ref name="mespoulhes28">Modèle:Harvsp</ref>. Ce court épisode de croisements n'a duré qu'une vingtaine d'années, mais il a permis aux éleveurs d'appréhender ce qu'était une race améliorée comme la Durham, et de préparer les améliorations de la sélection, mais aussi des techniques d'élevage et d'alimentation, nécessaires pour voir progresser les performances de leurs animaux<ref name="mespoulhes28"/>.
Ainsi, la seconde moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle est marquée par les importants progrès réalisés par l'agriculture, au niveau de la reproduction des animaux qui est de plus en plus raisonnée, des techniques d'élevage et de l'alimentation animale, mieux réfléchie et bénéficiant de l'importante amélioration des rendements des prairies via l'utilisation d'engrais et d'amendements, de nouvelles espèces fourragères et de nouveaux outils pour les récolter en quantité<ref name="mespoulhes2930">Modèle:Harvsp</ref>. Par ailleurs, l'agriculture se structure fortement à cette époque, avec la création des écoles d'agriculture, des comices, des sociétés d'Agriculture et de diverses organisations locales, dans lesquelles l'élite de l'époque a une place importante<ref name="mespoulhes2930"/>. Ainsi, dans les années 1830 est créée à Bayeux à l'initiative d'Arcisse de Caumont l'Association normande<ref>Modèle:Article</ref>, sorte d'académie locale regroupant toutes les compétences de l'époque (industrie, commerce, agriculture…)<ref name="mespoulhes2930"/>. Celle-ci s'intéresse de près à l'élevage à partir de 1840, et organise dès lors un concours agricole annuel, couplé au grand congrès de l'association<ref name="mespoulhes2930"/>. Cet évènement auquel peuvent participer tous les animaux de Normandie est l'occasion de récompenser les meilleurs éleveurs et leurs bêtes, mais également pour l'association d'évaluer la qualité du cheptel local et observer son évolution au fil des ans<ref name="mespoulhes2930"/>. C'est au cours d'un congrès de cette Association normande en 1847 que le comte Hervé de Kergorlay exprime son souhait de voir le concours s'intéresser également à la production laitière des vaches et aux capacités des taureaux à engendrer des femelles à forte production laitière, et la nécessité de raisonner les accouplements et les enregistrer pour obtenir des races bien fixées<ref name="mespoulhes2930"/>. Il exprimait ainsi les grandes lignes de ce qui deviendra le contrôle laitier et le herd-book normand<ref name="mespoulhes2930"/>.
Il faut tout de même attendre 1883 pour voir apparaître le herd-book de la race bovine normande, à l'initiative de diverses associations agricoles locales et du gouvernement. La commission qui le crée est chargée dans un premier temps de fixer les conditions d'inscription des animaux<ref name="mespoulhes3031">Modèle:Harvsp</ref>. Dans un premier temps on inscrit les mâles âgés de plus de 12 mois et les femelles de plus de deux ans, à condition qu'ils présentent une morphologie adéquate et une ascendance de race pure<ref name="mespoulhes3031"/>. Les inscriptions sont gratuites et les demandes nombreuses durant les deux premières années, puis le herd-book est fermé, n'acceptant plus que des animaux issus de ceux déjà inscrits, même si les exceptions demeurent courantes<ref name="mespoulhes3031"/>. Cette sélection qui s'organise obtient rapidement de bons résultats, et la race normande, qui se démarque par sa bonne conformation bouchère et ses excellentes aptitudes laitières et beurrières, se développe rapidement au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name="mespoulhes3031"/>. Le contrôle laitier se développe en Haute-Normandie, et certaines zones se démarquent par la qualité de leur sélection comme la Manche (Val de Saire, Cotentin), le Calvados (Bessin), l'Orne et la Seine inférieure (Pays de Caux, Pays de Bray). La race gagne également les régions voisines, et même l'étranger, et semble promise à un bel avenir<ref name="mespoulhes3031"/>.
Réorganisation durant l'entre deux guerres
Le herd-book normand est réorganisé après la Première Guerre mondiale. Il devient une association loi 1901 qui regroupe outre les éleveurs tous les acteurs intéressés par l'amélioration de la race normande : les syndicats des contrôles laitiers, les syndicats d'élevage, les mutuelles bétail, les sociétés d'agriculture, les syndicats agricoles, les comices y sont ainsi représentés<ref name="mespoulhes32">Modèle:Harvsp</ref>. Il a pour objectifs principaux de tenir le livre généalogique de la race normande et garantir le maintien de la pureté de cette race, l'amélioration de ses aptitudes à produire du lait, du beurre et de la viande, et la diffusion des reproducteurs de la race partout en France et à l'étranger<ref name="mespoulhes32"/>. Dans les années 1920 la tenue du livre généalogique était la principale préoccupation du herd-book, et de très nombreuses inscriptions ont été réalisées à cette époque<ref name="mespoulhes32"/>. L'inscription de nouveaux animaux étant possible, et les nouvelles conditions d'entrée au herd-book étant peu restrictives, pas moins de Modèle:Unité sont inscrits à titre initial entre 1924 à 1938, en plus des Modèle:Unité qui y entrent au titre de leur ascendance<ref name="mespoulhes32"/>. Cette politique d'ouverture du livre à de nombreux animaux était critiquée, certains l'accusant de s'intéresser surtout à l'intérêt financier immédiat de ces inscriptions qui étaient payantes plutôt qu'à l'amélioration de la race. Par ailleurs les taureaux inscrits à cette époque l'étaient uniquement sur leur aspect extérieur et leur conformation, et très peu furent à l'origine de bonnes souches de vaches<ref name="mespoulhes32"/>. On reprochait également le peu d'effort fait par l'association pour diffuser la race, son action se limitant à l'époque à délivrer quelques certificats d'exportation (900 taureaux ont été exportés, principalement vers l'Amérique du Sud, entre 1920 et 1939)<ref name="mespoulhes32"/>. De plus, le contrôle laitier n'est pratiqué que par un petit noyau d'éleveurs et mal utilisé dans la sélection, et les progrès dans la production laitière à l'époque sont plus le fruit de l'alimentation qui s'améliore que de l'amélioration génétique<ref name="sarrazin3739" />.
En 1929 est créé un livre d'élite, qui rassemble les animaux aux aptitudes bouchères et laitières au-dessus du lot : chaque animal du livre généalogique se voit attribuer une note sur 100 suivant des critères tels que la conformation, les aptitudes laitières et beurrières et la pureté de la race (robe et morphologie correspondant parfaitement aux standards), et seuls les animaux qui obtiennent une note supérieure à 80 rejoignent le livre d'élite, soit Modèle:Unité et Modèle:Unité entre 1929 et 1938<ref name="sarrazin3739" />. Le herd-book normand rejoint le registre des livres généalogiques des grandes races françaises en 1938. Il est alors dans une très bonne situation financière, et compte un grand nombre d'animaux, mais derrière cette apparente bonne santé se cache une sélection peu efficace et une race qui s'est peu développée au-delà de sa région d'origine, contrairement à d'autres races concurrentes<ref name="mespoulhes35">Modèle:Harvsp</ref>.
La reconstruction d'après-guerre et le développement de la race
La Seconde Guerre mondiale a porté de grands préjudices à la race normande<ref name="mespoulhes36"/>. Dans cette région qui s'est retrouvée au cœur du conflit à la suite du débarquement de Normandie, de nombreux bâtiments agricoles ont été détruits, des milliers d'hectares de cultures et de prairies ont été anéantis, et au total près d'un tiers du cheptel normand, y compris plusieurs élevages sélectionneurs, a disparu entre 1939 et 1945. Par ailleurs, le siège du herd-book normand, situé à Caen, a brûlé avec les archives qu'il contenait<ref name="mespoulhes36">Modèle:Harvsp</ref>. Il faut donc pour le herd-book se réorganiser, et faire un premier travail laborieux de recensement des élevages et des animaux encore présents<ref name="mespoulhes36"/>.
En 1946, le herd-book normand est réformé en profondeur par ses membres<ref name="mespoulhes36"/>. Les principaux changements sont la fermeture du livre généalogique pour les mâles, qui ne sont plus admis dans ce livre que par ascendance, et l'obligation de se soumettre au contrôle laitier pour tous les éleveurs inscrits au herd-book à partir de 1948<ref name="mespoulhes36"/>. Cette dernière décision va permettre de grandes améliorations dans la sélection de la race, en faisant prendre en compte aux éleveurs l'importance de cette sélection pour améliorer la performance de leurs animaux, et en la rendant plus efficace grâce à la connaissance précise des aptitudes laitières et beurrières des animaux, qui permet de trier plus précisément les meilleurs et donc les plus intéressants à garder comme reproducteurs<ref name="mespoulhes36"/>. Le livre d'élite de la race est réorganisé à la même époque<ref name="mespoulhes36"/>. La fermeture du livre généalogique pour les taureaux visait surtout à éviter les inscriptions de taureaux uniquement sur leur conformation, ce qui était fréquent durant l'entre-deux-guerres, alors que ces animaux n'avaient souvent aucun intérêt pour l'amélioration génétique de la race car piètres reproducteurs et engendrant des filles à la production laitière médiocre<ref name="mespoulhes36"/>. À la suite des demandes pressantes des éleveurs de la Manche qui étaient les plus impactés par l'arrêt des inscriptions initiales mâles, un livre B est créé pour ces animaux en 1952<ref name="noel">Modèle:Ouvrage</ref>, mais le suivi des animaux qui y sont inscrits n'est pas suffisant pour leur permettre de rejoindre un jour le livre principal<ref name="mespoulhes36"/>.
La sélection s'organise dès lors de manière plus efficace. À partir de 1952 la race se dote d'une station de testage des taureaux, consistant à mesurer les performances de taureaux à fort potentiel et celui de leurs filles, afin de connaître leurs aptitudes réelles à améliorer la race<ref name="noel"/>. Le développement de l'insémination artificielle, dont le premier centre est créé dans le Perche, non loin du berceau de la race, permet également d'accélérer le progrès génétique<ref name="mespoulhes38">Modèle:Harvsp</ref>. Comme en plus la race est dotée d'un bon potentiel de départ, elle obtient un grand succès à cette époque. Ainsi, lorsque des concours laitiers inter-races sont créés en 1952, la normande se montre à son avantage à tel point qu'après quelques années de domination sans partage de la race les concours sont stoppés en 1957<ref name="mespoulhes38"/>. Les éleveurs d'autres régions s'intéressent à la normande qui se développe dans une grande partie de la France, comme en Bretagne, en Vendée, en Dordogne, en Charente, dans la Loire, ou dans la Gironde, l'insémination artificielle rendant plus facile cette expatriation<ref name="mespoulhes38"/>. Ainsi, en 1960 on compte en France plus de Modèle:Unité de bovins normands, soit près d'un quart du cheptel du pays<ref name="mespoulhes38"/>.
La normande depuis les années 1970
À partir des années 1970, la normande est fortement concurrencée par une race en rapide développement : la frisonne pie noire qui deviendra la Prim'Holstein <ref name="mespoulhes40"/>. Cette dernière fait l’objet d'une sélection intense, en particulier dans les pays anglo-saxons, et sa production laitière progresse très rapidement pour supplanter celle des autres races<ref name="mespoulhes40"/>. Dans le contexte productiviste de l’époque, elle est donc préférée à la normande dans beaucoup d’exploitations<ref name="mespoulhes40">Modèle:Harvsp</ref>. Par ailleurs beaucoup d'exploitations possédant des normandes étaient des exploitations de petite taille, et nombre d’entre elles ont disparu dans la seconde moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name="mespoulhes4445">Modèle:Harvsp</ref>. Finalement, alors que le cheptel normand comptait Modèle:Unité de têtes en 1930, il n'en compte plus que la moitié en 2009<ref name="mespoulhes4445"/>. De même le nombre d’inséminations artificielles en normande décroit : de 670 000 en 1989 à 473 000 en 2000 et 370 000 en 2011<ref name="mespoulhes4445"/>.
Le cheptel français de race normande, avec environ Modèle:Unité de têtes en 2009 dont Modèle:Unité en lactation, est à la troisième place en termes d'effectif dans l'élevage bovin français derrière la Prim’Holstein et la Montbéliarde. Son cheptel est principalement concentré en Basse-Normandie, mais aussi dans les Pays de la Loire, en Bretagne et en Haute-Normandie. Elle est exportée depuis la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et depuis longtemps présente dans de nombreux pays étrangers en particulier en Amérique du Sud (Uruguay, Paraguay, Venezuela, Colombie…), à Madagascar et en Europe (Grande-Bretagne, Irlande, Belgique).
Description
Morphologie
Elle est de grand format, les mâles mesurant en moyenne Modèle:Unité au garrot pour Modèle:Unité et les femelles mesurant Modèle:Unité au garrot pour en moyenne Modèle:Unité<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Le corps est long (dos) et volumineux<ref>Modèle:Lien web</ref>.
C'est une vache à robe tricolore bringée noir, blond fauve et blanc caille, le ventre et la tête sont toujours blancs, avec sur la tête des taches de couleur (lunettes et museau). La répartition des couleurs, toujours en taches irrégulières, est très variable et on trouve trois types de robe : la robe « caille », blanche avec des petites taches colorées éparses, la robe « blonde », caractérisée par une grande tache rouge, qui ne recouvre pas le ventre, et la robe « bringée », avec une grande tache bringée recouvrant la plupart du corps, le ventre demeurant là encore blanc<ref>Modèle:Lien web</ref>. Tous les intermédiaires existent entre ces trois types de robe. La tête est blanche avec le tour des yeux et du mufle colorés. Elle se caractérise également par un mufle court et un front large et déprimé (creusé) entre les yeux. Les muqueuses sont foncées. Les cornes sont blanches ou jaunes, ont une section arrondie et sont recourbées vers l’avant<ref>Modèle:Article</ref>.
-
Robe caille
-
Robe blonde
-
Robe bringée
-
Détail robe bringée
Standard
Suivant les statuts du herd-book de la race, la race normande est une :
race de grande taille, extrêmement rustique et remarquable par sa triple aptitude à produire du lait, du beurre et de la viande. La robe est variée mais en général caractérisée par des rayures ou zébrures brun-foncé (pelage bringé). Elle varie du bringé au caille blond en donnant, suivant la nuance du fond de la robe et le dosage du blanc, des robes dites : bringé foncé, bringé blond, caille bringé et caille blond. Un certain nombre de sujets dont le fond de la robe est blanc ont un pelage tacheté de tigrures ou de mouchetures. La tête, le ventre et les extrémités sont également marquées de blanc.
La conformation est régulière : la tête expressive et à profil concave, porte des cornes fines, blanches ou jaunes, à section arrondie et recourbées en avant. Le front est large et légèrement déprimé, les yeux gros et saillants, les sus-naseaux droits et soudés en voûte plein cintre, le mufle gros et retroussé, la face, ni trop longue ni trop courte, est légèrement déprimée sur les côtés, la gorge dégagée, l’encolure moyenne et sans fanon, la ligne du dos rectiligne et horizontale, la poitrine bien développée, le garrot et les hanches larges, la culotte assez fournie et les cuisses bien descendues.
La peau d’épaisseur moyenne est souple et moelleuse. L’appareil mammaire est très développé et recouvert d’une peau fine et onctueuse, laissant apparaître à sa surface des veines fortes et sinueuses.
Règlement d'organisation technique des statuts du herd-book normand
Aptitudes
La normande est considérée comme une race mixte, dotée d'une bonne production laitière, notamment en termes de qualité, et d'aptitudes bouchères intéressantes<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Qualités laitières
C'est une race qui a d'excellentes aptitudes laitières, notamment vis-à-vis de la qualité. Les quantités de lait produites sont toutefois très bonnes également, avec une moyenne de Modèle:Unité de lait par vache et par an pour les vaches inscrites au contrôle laitier<ref>« France Contrôle Laitier », 2007.</ref>. Son lait est riche en matières grasses (taux butyreux à 42,8 grammes par litre) et en protéines (taux protéique de 34,3 grammes par litre), et la normande fait d'ailleurs partie des races chez qui ce taux est le plus élevé. Ce lait est apprécié pour la fabrication de fromage du fait de la plus grande fréquence de la présence d'un variant B de la kappa caséine par rapport aux autres races. Cette richesse du lait est un atout pour les éleveurs car leur rémunération en tient compte, le lait de race normande étant payé en moyenne Modèle:Nobr au-dessus du prix de base.
Qualités bouchères
La normande fournit également des carcasses lourdes avec un bon rendement en viande. Sa viande est très appréciée pour sa saveur et son persillé, qui lui ont permis d'être jugée meilleure viande par un jury du Gault et Millau. En 1992 a été mise en place la Filière Qualité Race Normande pour valoriser au mieux cette viande<ref>Modèle:Lien web</ref>. Tout cela permet aux éleveurs de bien valoriser leurs animaux destinés à la viande, contrairement aux éleveurs d'autres races laitières. Ils produisent des vaches de réforme mais également des veaux de boucherie ou des taurillons et des bœufs.
Type d'animal | Âge à l'abattage (mois) | Poids vif (kg) | Poids de carcasse (kg) |
Veau de boucherie | 3 à 4 | 180 | 120 |
Taurillon | 15 à 18 | 700 | 420 |
Vache ou génisse de boucherie | plus de 36 | 750 | 400 |
Bœuf | plus de 30 | 800 | 450 |
Qualités d'élevage
Ces vaches sont appréciées des éleveurs pour leurs qualités d'élevage. Ainsi, elles sont très fertiles, avec un taux de réussite en première insémination artificielle de 53 %, taux identique à celui de la montbéliarde, mais supérieur à celui de la prim'Holstein qui n'est que de 45 %<ref>Modèle:Lien web</ref>. La facilité de vêlage de cette vache est excellente, avec 91 % de vêlages faciles dont 65 % sans aucune aide, soit un peu mieux que les deux autres principales races laitières françaises que sont la prim'Holstein (89 % de vêlages faciles dont 53 % sans aide) et la montbéliarde (87 % de vêlages faciles dont 47 % sans aide)<ref>Modèle:Lien web</ref>. La normande est également dotée d'une bonne longévité et d'une grande docilité<ref>Modèle:Lien web</ref>. Elle montre également une bonne rusticité et des qualités d'adaptation dans divers climats, en particulier ceux qui se rapprochent du climat océanique normand. Elle a réussi à s'adapter aux conditions d'altitude et aux pentes abruptes de la Colombie et de l'Équateur<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Sélection
Premiers pas de la sélection
La sélection de la race normande commence à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Les éleveurs normands pratiquent des accouplements raisonnés et sont plus précis dans le choix des animaux qu'ils conservent pour la reproduction, ce qui permet des progrès importants au sein de leur cheptel<ref name="mespoulhes3031"/>. Toutefois, au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, la sélection en race normande est moins efficace que celle pratiquée par d'autres races à la même époque<ref name="mespoulhes32"/>. En effet, le herd-book est ouvert à un grand nombre d'animaux, et les taureaux inscrits en nombre uniquement sur des critères de conformation se révèlent souvent médiocres comme reproducteurs pour engendrer des vaches à bonne production laitière<ref name="mespoulhes32"/>. Par ailleurs le contrôle laitier reste peu développé, et il est difficile d'apprécier précisément la valeur génétique des animaux. À cette époque ce sont plus les progrès de l'alimentation que la sélection qui permettent l'amélioration des performances<ref name="sarrazin3739" />.
La sélection est véritablement lancée après la seconde guerre mondiale, avec la réforme du herd-book : le contrôle laitier devient obligatoire et le livre généalogique est fermé aux taureaux. Par ailleurs, à compter de 1951, le concours de Paris met en place une nouvelle méthode de classement des animaux via une note de synthèse qui additionne une note laitière et une note de conformation donnée par les juges, ce qui modifie fortement les résultats<ref name="sarrazin3739" />. Cette note, qui est améliorée par des coefficients, incitent les éleveurs à plus travailler sur les critères de production et moins sur la conformation seule<ref name="mespoulhes38"/>. Ces dispositions permettent une amélioration génétique de la production laitière et de l'aptitude beurrière des animaux. Ainsi, la production beurrière des vaches inscrites au herd-book normand passe de Modèle:Unité en 1950 à Modèle:Unité en 1960<ref name="sarrazin3739" />. Alors qu'elle avait été laissé complètement de côté, jugée mineure par rapport à la production de lait et de beurre, la production de viande redevient un critère de sélection à partir de 1955, quand certaines races spécialisées comme la charolaise commencent à supplanter les autres dans ce domaine dans les boucheries. Pour que la race ne se laisse pas trop dépasser au niveau des aptitudes bouchères, les grilles de pointage sont réadaptées et le herd-book mène des expérimentations avec l'INRA sur les vaches de réforme normandes<ref name="mespoulhes38"/>.
Ces progrès génétiques sont accélérés par le développement de l'insémination artificielle et par le testage des taureaux. L’insémination artificielle, qui apparait en 1946 et dont la première expérience réussie s’est faite sur une vache normande, se développe fortement dans la décennie suivante. Ainsi, en 1960, environ 1 250 000 vaches sont inséminées par 240 taureaux normands. Les taureaux de très bonne valeur génétique peuvent alors être diffusés à très grande échelle et l'amélioration génétique des animaux est rapide. Deux grandes coopératives se partagent alors l'insémination artificielle au sein de la race : l'UCARBN (Union des Coopératives d’Amélioration de la Race Normande) et la Coopérative des Éleveur-Sélectionneurs Val-de-Saire et du Nord de la Manche<ref name="noel"/>. L'élevage des taureaux reproducteurs connait par contre une crise liée au développement de l'insémination<ref name="godefroy">Modèle:Article</ref>. Le testage des taureaux est lui pratiqué depuis 1952, quand les coopératives d’insémination, le herd-book et le contrôle laitier décident de créer conjointement la Société de Testage des jeunes taureaux de race normande<ref name="noel"/>. Le testage consiste à prélever la semence d’un certain nombre de jeunes taureaux susceptibles d’être diffusés à grande échelle via l’insémination artificielle et dont on veut donc connaître la valeur avec précision<ref name="mespoulhes39"/>. Les veaux issus des inséminations de testage avec ces taureaux sont suivis, et on mesure leur conformation et leurs performances, notamment la production laitière des femelles<ref name="mespoulhes39"/>. À partir de là on peut calculer un index donnant une valeur assez fiable du taureau<ref name="mespoulhes39"/>. Les débuts du testage sont timides, et ce ne que vers 1960, alors que la Société de testage disparait et que celui-ci est géré par un organisme national, qu’il prend réellement son essor<ref name="mespoulhes39"/>. La possibilité pour les centres d’insémination de pouvoir acheter les taureaux alors qu’ils restaient au départ la propriété de l’éleveur a certainement contribué à ce développement<ref name="mespoulhes39">Modèle:Harvsp</ref>.
Schéma de sélection actuel
Modèle:Section à sourcer
Le schéma de sélection de la race normande s'appuie sur une base de sélection de Modèle:Unité laitières inscrites au contrôle laitier. Ce schéma est pris en charge par l'organisme de sélection normande au sein de la base de sélection ; deux coopératives financent les taureaux : ORIGENPLUS NORMANDE et EVOLUTION. Le potentiel génétique des animaux est basé sur des index qui leur ont été calculés par GENEVAL. Ces premiers index sont obtenus à partir de la morphologie et des performances affichées au contrôle laitier par ces animaux, celles de leurs parents, de leur famille et par le génotypage. Les performances des produits conforteront ensuite la précision des index (naissance, puis viande, puis production, morphologie et fonctionnels).
Diffusion
En France
Le berceau d'origine de la race normande se situe en Basse-Normandie, où l'on trouve depuis des siècles les races locales qui ont contribué à sa création, et qui ont vu ensuite se développer la sélection de ces animaux. Les principaux centres de sélection de la race sont historiquement situés dans la Manche (Val de Saire, Cotentin), le Calvados (Bessin), l'Orne et la Seine-Maritime (Pays de Caux, Pays de Bray)<ref name="mespoulhes3031"/>.
La normande est aujourd'hui présente un peu partout en France, mais les effectifs sont principalement concentrés dans le nord-ouest. Ainsi, la Basse-Normandie comprend 42 % des vaches normandes, les Pays de la Loire 23 %, la Bretagne 16 % et la Haute-Normandie 13 %<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Dans le monde
La normande s'exporte au-delà de la France depuis la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Elle s'est notamment installée durablement en Amérique du Sud, au Brésil, en Colombie, en Équateur, au Paraguay, en Uruguay, au Venezuela. La Colombie est le premier pays détenteur de normandes, avec pas moins de Modèle:Unité de têtes de bétail de race pure ou croisées avec des zébus<ref>Modèle:Lien web</ref>. Elle est aujourd'hui présente sur tous les continents. On la retrouve aux États-Unis, en Australie ou encore au Japon, pays dans lesquels elle est en train de se développer. En Europe, elle s'est développée en Belgique, en Suisse, en Grande-Bretagne et en Irlande<ref name="siteacacias"/>. Il existe aussi quelques sujets purs ou croisés au Sénégal et au Mali.
La normande dans la culture locale
La vache normande fait partie intégrante du patrimoine normand. Elle est issue du long travail de sélection des éleveurs normands, et est complètement adaptée au climat tempéré de Normandie. On peut l'associer au camembert, célèbre fromage dont son lait est à l'origine, qui est un autre des symboles de sa région d'origine<ref>Modèle:Lien web</ref>.
On peut également noter que la première vache inséminée artificiellement était une normande<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Notes et références
Voir aussi
Articles connexes
- Histoire de l'élevage bovin français
- Liste des races bovines de France
- Bos taurus. Élevage bovin. Élevage
- Liste des races bovines
Liens externes
- Unité Nationale de sélection et de promotion de la race bovine normande, France, site officiel
- Fiche de la race normande sur le site d'AgroParisTech
Bibliographie
- La race bovine normande. Isabelle Audinet. - Patrimoine Normand N°31. 2000.