Aliment fonctionnel
Un aliment fonctionnel (traduction du terme anglais « Modèle:Lang), appelé aussi alicament (terme notamment utilisé en France)<ref name="passeport">Modèle:Lien web.</ref> ou médicaliment, désigne un aliment qui contient des Modèle:Citation. C'est une notion récente issue d'une tendance à exiger de l'alimentation des qualités nutritionnelles ou organoleptiques, mais aussi d'amélioration de la santé. Pour Roberfroid ( 2000), Modèle:Citation<ref>Roberfroid M.B (2000). A European consensus of scientific concepts of functional foods. Nutr, 16(7-8):689-691.</ref>.
Il peut s'agir d'aliments naturels contenant certaines molécules actives ou d'aliments industriels artificiellement enrichis en ingrédients (composés appelés nutraceutiques ou nutriceutiques, désignant les substance extraites d'un aliment et vendues sous forme de supplément, appelés aussi ingrédients fonctionnels)<ref name="passeport"/>.
Alicaments industriels
- Les aliments enrichis en oméga-3, en calcium, en probiotiques.
- Les aliments destinés à réguler le transit (« Bifidus actif » et autres).
- Certains laits fermentés à boire contiennent, en plus des deux ferments traditionnels du yaourt, un probiotique spécifique qui contribuerait au bon équilibre de la flore intestinale. Voir Yakult ou Actimel.
Ces allégations santé provenant de l'industrie alimentaire, il est permis de douter de leur véracité, notamment concernant la supériorité de ces aliments sur d'autres plus classiques (un simple yaourt ou un fromage). Le plus souvent, les substances vantées dans le produit sont de simples inventions de publicitaires et les formules chimiques savantes qui les nomment sont de simples marques déposées aux noms fantaisistes (comme les Modèle:Citation du sucre Beghin Say)<ref name="psychologies.com"/>. Et, même si des études scientifiques aboutissant à la fabrication d'alicaments sont sérieuses et bien établies, les alicaments échappent à tous les contrôles que subit un médicament avant et après sa mise sur le marché.
Alicaments naturels
Certains végétaux seraient des alicaments naturels : c'est le principe de l'herboristerie et de la phytothérapie, deux sous-disciplines de la pharmacie impliquant Modèle:Précision nécessaire.
Mais outre la notion d'« ingrédient santé », il existe une seconde définition de l'alicament. L'alicament serait un aliment « totum » doté d'une allégation scientifique globale reconnue par un organisme officiel de sécurité alimentaire ou sanitaire<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Ainsi l'AFSSA (Agence française de sécurité sanitaire des aliments) a reconnu en 2004 l'allégation concernant les effets bénéfiques du jus de canneberge sur les infections urinaires<ref>AFSSA avis n° 2003-SA-352, lire en ligne</ref>, avis qui a été depuis contredit en 2009 par l'AESA, qui, dans le cadre de la révision de toutes les allégations de santé (Règlement 1924/2006), a jugé que les études fournies n'étaient pas suffisantes pour étayer les allégations de santé concernant les infections urinaires pour les produits de l'entreprise Ocean Spray (Ocean Spray cranberry drinks et Cramberries séchées et sucrées Craisins) Modèle:Précision nécessaire<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} EFSA Journal - Ocean Spray Cranberry Products® and urinary tract infection in women</ref>,<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lang</ref>.
L'ail et son principal principe actif : l'allicine, et ses éléments soufrés sont aussi censés faciliter grandement la respiration chez les asthmatiques grâce à leurs propriétés mucolytiques (permettant de fluidifier le mucus) et mucocynétiques (permettant d'expectorer le mucus)Modèle:Référence nécessaire.
À titre d'illustration, Richard Béliveau cite<ref>Au Québec, la nutraceutique sort de l'éprouvette, Sciences et Avenir, avril 2008, page 68.</ref> : Modèle:Colonnes
Aucun de ces aliments n'a cependant de propriétés comparables à un réel médicament pharmaceutique : la production et la vente de végétaux ayant des effets puissants sur l'organisme est d'ailleurs étroitement réglementée et surveillée en Europe, pour éviter les cas d'intoxication à la suite d'une auto-médication amateure<ref>Les articles L.5132-1 à -9 et R.5150 à R.5219-15 du Code de la santé publique réglemente production, la fabrication, le transport, l'importation, l'exportation, la détention et la vente des substances et préparations vénéneuses à utilisation pharmaceutique, dont les stupéfiants, et ceci dans le cadre de la convention des Nations unies sur les stupéfiants du 21 mars 1961.</ref>.
Critiques et pertinence des allégations nutritionnelles et de santé
Le marketing agroalimentaire fait passer de nombreux aliments en alicaments, en utilisant des allégations nutritionnelles et de santé et Modèle:Référence souhaitée, qui posent des problèmes éthiques et commerciaux, considérés par le docteur Laurent Chevallier comme relevant souvent de l'escroquerie<ref name="Laurent Chevallier"/> et dont la pertinence est questionnée.
Si de nombreux aliments peuvent apporter à l'organisme des éléments utiles à son bon fonctionnement, les propriétés des alicaments sont régulièrement exagérées par leurs promoteurs, et aucun de ces aliments n'a d'effets comparables à ceux d'un vrai médicament (ce qui est heureux, car cela le rendrait aussi dangereux en cas de mauvaise utilisation)Modèle:Refnec. Selon le docteur Daniel Rigaud, cardiologue et spécialiste en nutrition, sur le plan médical, il n'existe aucun aliment, naturel ou retravaillé, qui, « pris isolément, aurait une action thérapeutique sur l'évolution ou la survenue d'une maladie »<ref name="psychologies.com"/>, même si certains aliments (et surtout une alimentation saine et variée) peuvent « participer à la prévention ou au traitement de certaines maladies » (comme le sel iodé pour prévenir les affections thyroïdiennes)<ref name="psychologies.com"/>.
En 2002, l'étude SU.VI.MAX, menée pendant 8 ans sur 13 000 patients, a conclu à une efficacité négligeable de deux types de compléments alimentaires (vitamines et minéraux antioxydants) sur trois paramètres médicaux majeurs (risque de cancer, de maladie cardiovasculaire ischémique ou de mortalité globale)<ref>Arch Intern Med. 2004 Nov 22;164(21):2335-42.The SU.VI.MAX Study: a randomized, placebo-controlled trial of the health effects of antioxidant vitamins and minerals. Hercberg S, Galan P, Preziosi P, Bertrais S, Mennen L, Denis Malvy, Roussel AM, Favier A, Briançon S.</ref>. Dans ces cas, la notion d'alicament est essentiellement un artefact de marketing<ref name="Laurent Chevallier">Modèle:Lien web. </ref> de promotion d'aliments, régimes, stages ou livres de diététique pas toujours sérieux<ref name="novethic.fr">Modèle:Lien web. </ref>.
Le docteur Laurent Chevallier, dans une tribune au Point, rappelle que ce n'est pas parce qu'un aliment industriel contient une molécule bénéfique (souvent en dose infinitésimale) qu'il est bénéfique dans son ensemble : l'ajout d'une molécule présentée comme bénéfique est surtout un argument pour mieux vendre un aliment par ailleurs ultratransformé et globalement nocif pour l'organisme<ref name="Laurent Chevallier"/>. Modèle:Citation dit-il<ref name="Laurent Chevallier"/>.
Les alicaments ne sont pas sans risque : l'observation du marché américain ou japonais montre que Modèle:Citation<ref name="psychologies.com"/>.
Réglementation
La communication d'allégations de santé doit prendre en compte le droit des consommateurs de manger en toute sécurité, et de pouvoir cultiver leur santé en se basant sur des messages nutritionnels fiables, reste un grand défi scientifique. Elles Modèle:Citation et pas simplement de celles émanant des laboratoires des entreprises mettant sur le marché ces aliments fonctionnels. De plus, ces preuves doivent être sous-tendues Modèle:Citation. Enfin, cette information nutritionnelle est rendue souvent chaotique aux yeux des consommateurs, en raison de la multiplicité des sources qui véhiculent des messages contradictoires (scientifiques, industrie agroalimentaire, autorités publiques, médias, organisations de consommateurs…)<ref>Marcel B. Roberfroid, Modèle:Opcit, p. 65</ref>.
La notion d'alicament n'est pas reconnue par les pouvoirs publics, et la plupart des grandes marques comme Danone évitent de l'utiliser pour ne pas tomber sous le coup de la loi pour allégation médicale frauduleuse : ils préfèrent par exemple utiliser la formule encore plus floue de « produits-santé ».
En Europe
Au niveau européen, la directive 79/112/CEE interdit toute allégation relative à la maladie dans l'étiquetage ou la publicité des denrées alimentaires. La Commission Européenne a également rendu un épais rapport interdisant un certain nombre d'Modèle:Citation frauduleuses<ref name="Laurent Chevallier"/>.
En France, la direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) est chargée en France de la réglementation concernant la communication sur l'impact sanitaire de certaines denrées alimentaires, et relève de nombreuses fraudes chaque année<ref name="psychologies.com"/>. Celle-ci a alerté en 2021 sur les « allégations de santé non autorisées » concernant la Modèle:Citation, qui ne correspond à aucun phénomène médical objectif et n'a fait l'objet d'aucune étude sérieuse concernant les produits qui s'en réclament (au même titre que d'autres intitulés pseudo-médicaux comme Modèle:Citation)<ref name="superfruit">Modèle:Lien web. </ref>.
Au Canada
Au Québec existe la notion pas beaucoup plus claire d'« aliment fonctionnel »<ref name="psychologies.com">Modèle:Lien web. </ref>.
Références
Voir aussi
Bibliographie
- Collectif, Guide des alicaments, éd. Marabout, 2000
- Collectif, Modèle:Lien, Ligue nationale française contre le cancer et Fondation pour l'avancement de la recherche anti-âge, Québecor World, Montréal, Canada 2002 Modèle:ISBN
- Jean-Marc Darguère, Lexique des compléments alimentaires, éd. Dangles, 2000
- Bernhard Kitous, Les Alicaments, École Nationale de Santé Publique
- Richard Béliveau, Les aliments contre le cancer - Éditions Trécarré - 2005 - Modèle:ISBN
- Modèle:Ouvrage