Pharamond
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Pharamond ou Faramond est le nom qui fut donné durant le Moyen Âge et l'Ancien Régime au premier roi des Francs et ancêtre des Mérovingiens.
Ses qualités de roi des Francs et d'ancêtre mérovingien sont depuis rejetées par la critique historique<ref group=Note>Notamment depuis les travaux de Godefroid Kurth.</ref> et son historicité est également mise en doute. Il est considéré depuis lors comme un personnage essentiellement mythique<ref>Pierre Riché et Patrick Périn, Dictionnaire des Francs - Les temps Mérovingiens, Bartillat, 1996.</ref>.
Étymologie
Le nom Faramond renvoie aux éléments franciques fara (du proto-germanique *faranan « voyager » ; cf. aussi allemand fahren)<ref>Modèle:Ouvrage</ref> et mund (du proto-germanique *mundō « protection »). Compte tenu de l'origine germanique du prénom, l'orthographe Faramond est préférable.
La réalité
Critique sur l'historicité du personnage
Après l'avènement de l'historiographie moderne (fin Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle), sa parenté avec les Mérovingiens a été reconnue comme légendaire. La raison en est la suivante : l'auteur anonyme du Liber historiæ Francorum (« Livre de l'Histoire des Francs ») résume les six premiers livres de Grégoire de Tours en y ajoutant vingt et une informations<ref name="Kurth">« Étude critique sur le Liber Historia Francorum », dans Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref name="RXL">Modèle:Ouvrage.</ref>. Il ne connaît donc pas l'histoire du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle puisqu'il n'utilise qu'une unique source<ref name="Kurth" />. Il est donc fortement improbable qu'il puisse découvrir, trois cents ans après, un personnage de la généalogie des Mérovingiens alors que Grégoire de Tours lui-même n'a pas réussi avant lui<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. L'auteur du Liber semble avoir puisé le nom de Pharamond dans une généalogie écrite au début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle<ref name="Kurth" />.
Voici ce que dit l'historien belge Godefroid Kurth à son sujet dans son Histoire Poétique des Mérovingiens en 1893 : Modèle:Citation bloc Modèle:Citation bloc
On voit, par cette seconde citation, que Godefroid Kurth n'affirme pas la non-existence historique d'un Faramond, mais rejette seulement sa qualité de roi des Francs et d'ancêtre des Mérovingiens.
Les Faramond historiques
L’histoire a retenu plusieurs personnes prénommées Faramond :
- Le prêtre Faramond de Paris : il serait né vers 550 près de Paris. C'était un prêtre parisien, frère de l'évêque Ragnemond de Paris (évêque de 576 à 591). L'évêque Ragnemond avait désigné son frère Faramond pour lui succéder. Mais en 591, à la mort de l'évêque, Faramond se fait ravir le siège épiscopal par un riche marchand syrien nommé Eusèbe. Faramond meurt sans doute vers 600-610.
- L'évêque Faramond de Maastricht : il serait né vers 625. En 675, après la mort de Childéric II, l'évêque Lambert de Maastricht est chassé de son siège par les partisans du maire du palais Ebroïn. Ceux-ci le remplace par Faramond. Vers 681/682, c'est Faramond qui est banni à son tour et Lambert reprend possession de son église. Faramond meurt sans doute vers 690-700.
- L'évêque Faramond de Cologne : il serait né vers 650. Il est évêque de Cologne d'environ 716 à environ 723, date probable de sa mort.
La légende
Présenté pour la première fois comme un roi des Francs dans une généalogie anonyme du début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, cette affirmation est reprise à nouveau en 727 dans le Liber Historiae Francorum. Il y est dit qu'il est le fils de Marcomir et le père de Clodion le Chevelu. Il y est présenté comme un législateur et comme l'initiateur de la loi salique. Il fut donc par la suite, longtemps considéré comme le premier roi mérovingien. Les historiens le faisaient régner au début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, aux alentours de 420.
Présenté comme le fils de Marcomir, Faramond fut élu roi car, affirment les Grandes Chroniques de France, Modèle:Citation.
Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Sigebert de Gembloux consacre dans sa Chronographia un long paragraphe à la loi salique<ref>Colette Beaune, Naissance de la nation France, Paris, éd. Gallimard, coll. « Folio Histoire », 1985 Modèle:ISBN, p. 26.</ref> : c'est sous le règne de Faramond que fut rédigée la loi salique par quatre conseillers du roi : Wisogast, Arogast, Salegast, Widogast.
Son existence répond au besoin qu'eurent les Francs puis les Français de conforter leur conscience nationale par celle d'un premier roi. Il était donc naturel que les manuels d'histoire de France commencent avec Faramond ou que les actes publics l'évoquent, ce dont témoignent de nombreux faits, par exemple :
- dans la Grand-Salle du Palais de la Cité bâtie à la fin du règne de Philippe IV le Bel, tous les rois des Francs puis de France étaient représentés sous forme de statues, le premier roi représenté étant Faramond<ref>Hervé Pinoteau, La Symbolique royale française, {{#switch: -
| e | er | = Modèle:S mini-{{#ifeq: XVIII|-| – | XVIII }}Modèle:S mini- siècle
| Modèle:S mini-{{#ifeq: -|-| – | - }}Modèle:S mini- siècle
}}, P.S.R. éditions, 2004, p. 20.</ref> ;
- en août 1789, Charles-François Bouche, avocat au Parlement, data un projet de déclaration « de l'an 1789 après J.-C., 1371 ans après Pharamond premier roi de France<ref>Stéphane Rials, La déclaration des droits de l'homme et du citoyen, Paris, 1988, p. 684.</ref> » ;
- peu avant la Révolution, on donnait Louis XVI soixante-sixième roi de France en commençant par Faramond<ref>Hervé Pinoteau, La Symbolique royale française, {{#switch: -
| e | er | = Modèle:S mini-{{#ifeq: XVIII|-| – | XVIII }}Modèle:S mini- siècle
| Modèle:S mini-{{#ifeq: -|-| – | - }}Modèle:S mini- siècle
}}, P.S.R. éditions, 2004, p. 21.</ref>.
Le roi Louis XV, inquiet du passé agité de sa nouvelle favorite, Madame du Barry, aurait demandé un jour au duc d'Ayen : Modèle:Citation Le duc lui aurait répondu : « Oui Sire, comme votre Majesté succède à Pharamond<ref>Anecdote rapportée par Jacques Levron, dans Louis XV : L'Homme et le Roi (Librairie académique Perrin, 1965, page 393).</ref>. »
Le Pharamond du récit arthurien
Un dénommé Pharamond (parfois sans le « d ») apparaît dans les récits arthuriens, comme chevalier de la Table ronde. Il y est présenté comme Gaulois, sa devise étant « Gaule ! Gaule ! ». Il est affublé d'un blason à trois crapauds,Modèle:Refnec le même que celui de Clovis Ier et des souverains francs. Il se pourrait que le Pharamond des récits arthuriens et celui des récits francs ne soient qu'un seul et même personnage semi-mythique. Son origine gauloise dans les histoires de la Table ronde s'accorde néanmoins mal avec le caractère d'ancêtre des rois francs du Pharamond « dynastique »<ref>Fichier:Armorial de la Table Ronde.djvu Armorial de la Table Ronde, BnF MS 4976, folio 19 verso.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Ouvrages historiques et œuvres littéraires évoquant Faramond
Ouvrages historiques
- En 455, Prosper d'Aquitaine (Prosper Tiro) écrit une Chronique de la Gaule. Une erreur de traduction d'une ancienne édition de sa chronique a fait croire qu'il parlait d'un personnage nommé Faramond. On sait aujourd'hui que Prosper n'a jamais parlé de Faramond.
- En 592 dans son Histoire des Francs Grégoire de Tours nous parle pour la première fois d'un des Faramond historiques. Voici le passage en question : « C'est alors que décéda Ragnemond, évêque de Paris et tandis que son frère le prêtre Faramond briguait l'évêché, un certain Eusèbe, marchand syrien de race qui avait fait de nombreux présents, fut nommé à sa place… » (Livre 10, chapitre 26). L'événement se passe en 591.
- Au début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle<ref group=Note>La première version de cette généalogie s'arrête au roi Clotaire II qui régna sur tout le royaume des Francs de 613 à 629. Il est placé dans la généalogie après Thierry II qui est mort en 612. La généalogie ne peut donc pas être antérieure à cette dernière date.</ref>, un Neustrien anonyme rédige une généalogie de rois francs. Il cite pour la première fois Pharamond : Modèle:Citation Cette généalogie, remplie d'erreurs<ref group=Note>Clovis n'est pas le fils de Clodéric. Clodomir n'est pas le frère de Clovis, mais son fils. Chilpéric {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:| }} }} (né vers 625) n'est pas un des fils de Childebert II (né en 670).</ref>, n'est pas retenue par la plupart des historiens contemporains. Christian Settipani, suivant d'autres auteurs comme Martin Heinzelmann, en tient compte mais en la modifiant : il considère en effet que c'est une interpolation, les liens de parentés ayant été ajoutés après coup, d'une liste de rois de francs rhénans (incomplète, car il y manque au moins Sigebert le Boiteux). Il admet que ni la généalogie de Frédégaire ni celle du Liber : « ne s'impose comme l'expression de la réalité<ref>Addenda 1990 - Les Ancêtres de Charlemagne, Modèle:P.8.</ref> ». Il pense que cette généalogie n'a pas servi de source à l'auteur du Liber Historiae Francorum, car ce dernier ne mentionne que Faramond sans citer Clenus<ref>Modèle:Article.</ref>. L'argument est faible car l'auteur n'a pas besoin de Clenus pour rattacher Marcomir aux Mérovingiens. Godefroid Kurth en revanche pense que cet auteur dispose d'un catalogue des rois francs indépendant de Grégoire de Tours<ref name="Kurth" />.
- En 727, le Liber Historiæ Francorum donne la généalogie suivante : Marcomir père de Faramond, père de Clodion le Chevelu. Voici le passage en question : « Regem vero sibi instar ceterarum Franci eligentes nationum, Faramundus Marchomiri filium solio sublimant regio. Cui filius successit Clodio crinitus<ref>Le Livre de l'histoire des Francs : Liber Historiae Francorum (trad. Nathalie Desgrugillers-Billard), éditions Paleo, 2007 Modèle:ISBN livre I, chapitre 4.</ref>,<ref group="Note">Modèle:Citation</ref>. »
- En 1461, Les Grandes Chroniques de France.
- En 1833, l'historien Augustin Thierry l'évoque dans son célèbre Récit des temps mérovingiens<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Œuvres littéraires
- En 1661, le dramaturge Gautier de Costes de La Calprenède lui consacre le roman Faramond.
- En 1715, Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon fait appel à Pharamond au début de ses Mémoires (tome 6, collection « La Pléiade », Gallimard) pour expliquer l'origine de la féodalité et de la pairie en France.
- En 1738, Georg Friedrich Haendel créé Faramondo un opéra en trois actes d’après le roman de Gautier de Costes de La Calprenède.
- En 1809, l'écrivain François-René de Chateaubriand le cite dans un passage de son épopée en prose Les Martyrs : « Pharamond ! Pharamond ! Nous avons combattu avec l'épée... ». En note dans sa Modèle:2e, il place l'histoire de son personnage au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
- En 1830, l'écrivain Victor Hugo le cite dans son roman Notre-Dame de Paris lorsque Quasimodo reçoit un carreau d'arbalète dans le bras : « Quasimodo ne s'en émut pas plus que d'une égratignure au roi Pharamond. » (Livre X)
- En 1848, l'écrivain Alexandre Dumas le cite dans un passage du tome I de son roman Vingt Ans après lorsque Porthos évoque avec dépit la noblesse locale qui le tient à l'écart : « ce sont des hobereaux qui ont tous un titre quelconque et prétendent remonter à Pharamond, à Charlemagne ou tout au moins à Hugues Capet. »
- En 1991, l'écrivain Jean Raspail y fait allusion fréquente dans son roman Sire qui met en scène le sacre de Philippe Pharamond de Bourbon en 1999 à Reims, sous le nom de Pharamond II, nom choisi en évidente référence à notre premier roi légendaire.