Pierre Chaillet
Pierre Chaillet est un prêtre catholique français de la Compagnie de Jésus, résistant, théologien et enseignant né le Modèle:Date à Scey-Maisières (Doubs). Il est mort le Modèle:Date à Bron (Rhône)<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Biographie
Paysan d'origine comtoise, le père Chaillet opposa un non catégorique à toute forme de collaboration avec l'envahisseur nazi, refusant le silence des prudents et des faibles. Homme d'action et de réflexion, il réunit autour de lui d'autres frères chrétiens, entre autres le Père de Lubac et le Père Pierre Bockel, et organisa un groupe de résistants dont il devint Modèle:Citation<ref>Pierre Bockel, L'Enfant du rire, Grasset, 1973, Modèle:P.51-52.</ref>. Prêtre jésuite, le père Pierre Chaillet fut aussi agent de renseignement, puis chef dans la Résistance française.
Son action était surtout tournée vers l’aide aux Juifs. Il fut notamment président du Comité des œuvres sociales de la Résistance (COSOR), puis créa les Cahiers du Témoignage chrétien.
Il a été le maître de la Résistance spirituelle face aux nazis. Maurice Schumann, porte parole de la France libre à Londres, lui adressa cette lettre en Modèle:Date- :
En 1981, Pierre Chaillet a été honoré du titre de « Juste parmi les nations » pour son activité au service du sauvetage des Juifs<ref name=":1">Modèle:Lien web</ref>.
Enfance et formation
Pierre Chaillet est né dans une petite ferme du Doubs, dans une famille très religieuse de paysans. Élève au petit séminaire de Maîche, puis à Faverney et au grand séminaire de Besançon<ref name=":0">Modèle:Ouvrage</ref>.
Il entre dans la Compagnie de Jésus à l'âge de 22 ans et sera ordonné prêtre en 1931. Il fait en l'église du Gesù sa profession ignatienne six ans plus tard<ref name=":0" />.
En 1934, il est nommé au collège de Carinthie en Autriche, où il est témoin de la montée du nazisme. En 1939, il publie « L’Autriche souffrante »<ref name=":0" />. Dans ce livre il dénonce les persécutions contre les catholiques et les persécutions antisémites, ce qui lui vaut d’être surveillé de très près par la Gestapo.
Déjà conscient des risques de la puissance nazie, c’est en homme averti qu’il entre dans la Seconde Guerre mondiale<ref name="beda">Renée Bédarida, article Pierre Chaillet dans Dictionnaire historique de la Résistance, dir. François Marcot, Robert Laffont, 2006, p.386-387.</ref>.
Les Cahiers du Témoignage chrétien
Dès le début de la guerre, Pierre Chaillet entre au Modèle:5e de renseignements. Il est envoyé en Hongrie d’où il apprend la signature de l’armistice du 22 juin 1940.
De retour en France en Modèle:Date-, il reprend l’enseignement à la faculté de théologie de Lyon, il entre en contact avec des chrétiens hostiles au régime de Vichy et au nazisme. Recherché par la Gestapo, il obtient de faux papiers et prend le nom de Prosper Charlier, qui restera son pseudonyme de Résistant.
Déjà respecté en tant que théologien pendant les années 1930, sa notoriété grandit par ses actions de Résistance et son extrême dévouement pour la cause juive. C’est une résistance caritative qu’a menée ce jésuite, même s’il prit part à des actions armées de Résistance face à l’occupant.
Sa rencontre avec Henri Frenay, au printemps 1941 l’oriente vers la presse clandestine. Sous le pseudonyme de Testis, il écrit des chroniques religieuses pour « Les Petites Ailes » et « Veritas », puis il crée l’un des premiers journaux de la Résistance spirituelle : les « Cahiers du Témoignage chrétien »<ref name="beda" />.
Quatorze numéros se succéderont jusqu'en Modèle:Date-. En Modèle:Date-, il édite un supplément Courrier du Témoignage chrétien. La particularité de ce journal tient à son aspect spirituel et catholique de la résistance. Par voie de presse, le jésuite dénonce clairement et à l’aide des Évangiles, la politique antisémite des nazis et son danger pour la religion chrétienne et pour l’homme. Son agent de liaison qui assure la diffusion de Témoignage chrétien et qui lui transmet sa correspondance à Louis Cruvillier, est le curé de Collonges-sous-Salève, le père Marius Jolivet<ref>Christian Sorrel, La Savoie, éd. Beauchesne, 1996, 441 p.</ref>.
À Lyon, avec l’abbé Pierre Bockel et d’autres, il coordonne des activités d’aide aux Juifs et aux victimes du nazisme dans un organisme inter-confessionnel, l’Amitié chrétienne où il s’associe avec l’abbé Alexandre Glasberg<ref name="beda" />. Cette organisation vient en aide aux populations étrangères en fournissant logements, faux papiers<ref>Faux papiers généralement fournis par Jean Stetten-Bernard, résistant faussaire basé à Lyon puis à Vourles.</ref>, tickets de rationnement et secours financier. Il mobilise ainsi des bonnes volontés de toutes confessions : juifs, protestants, catholiques.
Il est arrêté en Modèle:Date- par la Gestapo ; se faisant passer pour un simple curé, il est libéré. Placé en résidence surveillée, puis poursuivi par la Gestapo, il leur échappera jusqu’à la Libération.
Pendant la guerre, il sauve nombre d’enfants juifs en les faisant passer en Suisse et en Espagne, ce qui lui vaudra d’être honoré par l’Institut Yad Vashem du titre de Juste parmi les nations en 1981<ref name=":1" />.
Compagnon de route du Parti communiste français, avec Albert Bayet, il rencontre en Modèle:Date- le Comité Allemagne libre pour l’Ouest<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
En 1944, il est nommé président du Comité des œuvres sociales de la Résistance (COSOR), il le restera jusqu’à sa mort.
Thèmes et rédacteurs des Cahiers 1941-1945
Liste des Cahiers rédigés entre 1941 et 1945<ref>Modèle:Ouvrage </ref> :
- I. « France, prends garde de perdre ton âme ». Nov. 1941. R.P. Fessard, R.P. Chaillet.
- II-III « Notre combat ». Déc. 1941-janv.1942. R.P. Chaillet, Stanislas Fumet.
- IV-V « Les racistes peints par eux-mêmes ». Févr.-Modèle:Date-, R.P. Chaillet, Pasteur de Pury.
- VI-VII « Antisémites ». Avril-Modèle:Date-, R.P. Chaillet, R.P. Ganne, J. Hours, R.P. de Lubac.
- VIII-IX « Droits de l’homme et du chrétien », Juin-Modèle:Date-, R.P. Chaillet, R.P. de Lubac.
- X-XI « Collaboration et fidélité », Oct.-nov. 1942, R.P. Chaillet, R.P. Fessard, R.P. de Lubac.
- XII « Les voiles se déchirent » cahier saisi et détruit par la police.
- XIII-XIV « Défi », Janv.-févr. 1943, Cardinal Hlond, R.P. Chaillet.
- XV-XVI « Les voiles se déchirent », Modèle:Date-, J. Vialatoux, R.P. Chaillet, R.P. de Lubac.
- XVII « Déportation », Modèle:Date-, A. Mandouze.
- XVIII-XIX « « Où allons nous ? Message de Bernanos », Août-sept. 1943, G. Bernanos, R.P. Chaillet.
- XX-XXI-XXII-XXIII « Alsace et Lorraine terres françaises ». Oct.-déc 1943, Abbé P. Bockel, E. Baas, R.P. Chaillet, Abbé Held.
- XXIV « Puissance des ténèbres », Modèle:Date-, R. d’Harcourt, R.P. Chaillet.
- XXVI-XXVII, « Exigences de la Libération », Modèle:Date-, A. Mandouze, R.P. Chaillet, R.P. Chambre, R. d’Harcourt, R.P. de Montcheuil.
- XXVIII-XXIX, « Espoir de France », Modèle:Date-, A. Mandouze, J. Hours, J. Lacroix, H. Marroux.
L’après-guerre de la solitude et du renoncement.
À la Libération, Pierre Chaillet est nommé brièvement secrétaire général adjoint au ministère de la Santé. Il créé peu après en 1945, les éditions du Témoignage chrétien.
Pendant la guerre d'Algérie, en raison de l'engagement du journal en faveur d'une négociation avec le Front de libération nationale, ses supérieurs de la Compagnie de Jésus lui demandent d’en quitter la présidence en 1956, jugeant incompatibles les opinions du journal avec la doctrine de sa congrégation<ref>Les cinq étapes de Témoignage chrétien, Étienne Fouilloux, dans Vingtième Siècle. Revue d'histoire 2015/1 (N° 125)</ref>.
Il vit ses dernières années dans le silence et le renoncement. Le père Pierre Chaillet est mort des complications d'une attaque cérébrale le 27 avril 1972, alors que l'on effectue son transfert vers Lyon à partir du sanatorium du Plateau d'Assy où il est en convalescence<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
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- Recension sur le site Persée.
- Modèle:Ouvrage INIST-CNRS, Cote INIST : 24437, 35400008857519.0070.
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Articles connexes
- Germaine Ribière
- Cahiers du Témoignage chrétien
- Fernand Belot
- Raymonde Guyon-Belot
- Jean Flory
- Pierre Bockel
- Jean-Marie Soutou
- Résistance spirituelle au nazisme en France
Liens externes
- « Pierre Chaillet, jésuite atypique », Renée Bédarida, Chemins de Mémoire, ministère des Armées
- Modèle:Video « Pierre Chaillet, un jésuite dans l'Histoire » (1/3), Laurent Ducerf (2022), KTO, YouTube