Projet d'union entre la Tunisie et la Libye

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}

Modèle:Confusion Modèle:Infobox Ancienne entité territoriale Le projet d'union entre la Tunisie et la Libye faillit mener en 1973-1974 à l'unification de la République tunisienne et de la République arabe libyenne au sein d'un nouvel État qui devait prendre le nom officiel de République arabe islamique (RAI) (Modèle:Lang-ar, Modèle:Lang). Approuvé par les dirigeants libyen Mouammar Kadhafi et tunisien Habib Bourguiba, il ne fut toutefois jamais mené à son terme.

Ce projet s'inscrit dans un contexte troublé pour les deux pays. La Tunisie est affaiblie par la crise économique induite par la politique menée par l'ancien ministre de l'Économie Ahmed Ben Salah. En Libye, le Modèle:Date, Kadhafi renverse le roi Modèle:Souverain2 et son charisme permet à beaucoup de retrouver en lui le nouveau héros arabe, celui qui effacerait les humiliations vis-à-vis d'Israël Modèle:Incise, qui relèverait le défi de l'Occident et rendrait sa fierté au monde arabe.

Contexte

Rivalités régionales

La tentative de fusion entre la Tunisie et la Libye doit être replacée dans son contexte historique car la République arabe islamique s'inscrit spécifiquement dans le cadre de la politique maghrébine du début des Modèle:Nobr.

Fichier:Nasser Gaddafi 1969.jpg
Mouammar Kadhafi (gauche) en 1969 aux côtés de Gamal Abdel Nasser, figure du panarabisme.

En effet, l'idéal de l'unité maghrébine figure alors dans les constitutions tunisienne, marocaine et algérienne<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Ahmed Aghrout et Keith Sutton, « Modèle:Lang », Modèle:Lang, Modèle:N° (1), 1990, Modèle:P..</ref> mais les intérêts divergents du Maroc et de l'Algérie, les deux principales puissances régionales, se trouvent en contradiction avec celui-ci. Selon un universitaire tunisien, « s'il n'y avait que l'Algérie et pas le Maroc, ou le Maroc et pas l'Algérie, il ne pourrait pas y avoir de Maghreb. La puissance principale nous aurait tous englouti. Pour qu'un Maghreb existe, vous avez besoin de ces deux puissances rivales en compétition l'une avec l'autre au sein de la région »<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Mary-Jane Deeb, « Modèle:Lang », Modèle:Lang, Modèle:N° (1), 1989, Modèle:P..</ref>. En conséquence, les tentatives d'unification au Maghreb n'ont le plus souvent été qu'un moyen par lequel contrebalancer l'une ou l'autre de ces puissances régionales.

Panarabisme

Modèle:Article détaillé

De plus, il faut considérer l'impact du panarabisme — « une nation arabe qui œuvre pour son unité de l'Atlantique au golfe Persique » selon les propres termes de Kadhafi<ref name="tahar137">Tahar Belkhodja, Les trois décennies Bourguiba. Témoignage, éd. Publisud, Paris, 1998, Modèle:P..</ref> — défendu par le leader libyen après la mort de Gamal Abdel Nasser le Modèle:Date. Dès décembre 1969, moins de trois mois après sa prise du pouvoir, Kadhafi déclarait déjà que « c'est vers l'Orient arabe que me portent ma raison et mon cœur. En voulant fonder une union maghrébine séparée, l'Algérie, la Tunisie et le Maroc risquent de retarder l'unité arabe et de rester longtemps tributaires de l'Europe »<ref name="tahar137"/>.

En conséquence, il quitte le Modèle:Date le Comité permanent de coordination maghrébine, fondé en novembre 1964 à Tanger et destiné initialement à harmoniser les politiques économiques des quatre pays maghrébins<ref name="tahar137"/>, et travaille à unir son pays avec divers États comme l'Égypte, la Syrie, le Tchad, le Soudan et la Tunisie. Le Modèle:Date, il annonce le projet d'une Union des Républiques arabes regroupant la Syrie, l'Égypte et la Libye<ref name="tahar138">Tahar Belkhodja, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>. De son côté, le président tunisien Bourguiba avait développé dès le Modèle:Date le thème du « Grand Maghreb arabe » et de l'unification de l'Afrique du Nord<ref>Tahar Belkhodja, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>.

Incident du Palmarium

Or, les liens étroits entre la Libye et l'Égypte troublent les leaders maghrébins qui craignent cette puissance potentielle sur leurs frontières orientales et travaillent donc à éloigner la Libye de l'influence égyptienne<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Mary-Jane Deeb, « Modèle:Lang », Modèle:P..</ref>. Car, malgré l'échec de la fusion Égypte-Syrie en une République arabe unie, créée en 1958 et dissoute quatre ans plus tard, cela n'empêche pas l'Égypte et la Libye d'annoncer le Modèle:Date une fusion totale qui prendrait effet un an plus tard, le Modèle:Date<ref name="tahar138"/>.

Dans la foulée, lors d'une visite de Kadhafi à Tunis, le Modèle:Date, dans l'espoir d'enrôler la Tunisie à ce projet<ref name="tahar137"/>,<ref name="wright">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} John Wright, Modèle:Lang, éd. Croom Helm, Londres, 1981, Modèle:P..</ref>, ce dernier prononce un discours surprise dans la grande salle de cinéma Le Palmarium abritant plus de Modèle:Nombre, en l'occurrence des jeunes cadres du Parti socialiste destourien au pouvoir et de l'administration<ref name="tahar139">Tahar Belkhodja, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>. Il se lance dans une plaidoirie panarabique : Modèle:Début citationLes luttes de libération nationale doivent maintenant déboucher sur un combat pour l'édification d'une nation arabe unifiée, du Golfe à l'Atlantique. Les dirigeants doivent répondre aux aspirations des masses, et les monarchies sont moins à même de le faire que les régimes républicains qui doivent savoir briser avec le passé. En Tunisie, la frontière avec la Libye est artificielle, elle a été inventée par le colonialisme. […] Le monde arabe doit répondre au défi de certaines puissances étrangères, au premier chef les États-Unis<ref name="tahar139"/>.Modèle:Fin citation

Le président Habib Bourguiba, qui écoute ce discours à la radio depuis le palais présidentiel de Carthage, rejoint précipitamment le lieu du rassemblement pour répliquer<ref name="tahar139"/>. Il arrive en trombe, à la stupéfaction générale, et, interrompant presque Kadhafi, monte sur scène et improvise une harangue associant son destin personnel à celui de son pays : Modèle:Début citationBourguiba ne doit pas sa charge à une révolution ou à un coup d'État, mais à une lutte héroïque d'un demi-siècle, qui a été tout ensemble celle de la Tunisie. Et cela, pour une patrie tunisienne et non pour devenir un fragment d'on ne sait quelle nation arabe<ref name="tahar139"/>.Modèle:Fin citation Il dénonce ensuite l'idée que « les Arabes auraient été un jour unis, rejette toutes les idées [de Kadhafi] sur une unité arabe rapide et exige même des Libyens de s'affairer à ce qu'il décrit comme leur propre manque d'unité nationale et leur retard »<ref name="wright"/>. Il cite ensuite l'éphémère union de l'Égypte et de la Syrie puis le projet d'union tripartite avec la Libye et déclare que l'unité arabe ne peut être improvisée : Modèle:Début citationL'unité arabe ? D'accord sur l'objectif final, mais la réalisation exige des délais. […] Le président Kadhafi est venu ici préconiser l'unité arabe et va jusqu'à me proposer la présidence d'une république commune. Son dévouement et sa sincérité ne sont pas en doute, mais il manque d'expérience. On peut, certes, concevoir une unité entre nos deux pays, mais toute action improvisée se solderait par un échec<ref name="tahar139"/>.Modèle:Fin citation

Malgré l'incident du Palmarium, la visite donne des résultats positifs avec un accord économique sur le plateau continental, doté de réserves de pétrole, et la liberté de circulation et d'installation pour les ressortissants des deux pays<ref name="tahar139"/>. Dans ce contexte, aussi bien en Égypte qu'en Tunisie et en Algérie, les dirigeants sont partagés entre deux soucis : contenir l'ardeur de Kadhafi sans le heurter de front, s'associer au moins en apparence à son exaltation et tenir compte de l'opinion publique qui est encline à rêver d'un leader arabe charismatique susceptible de remplacer Nasser<ref>Tahar Belkhodja, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>. L'union égypto-libyenne est finalement enterrée et Bourguiba, rassuré, part consoler Kadhafi le Modèle:Date- en lui faisant comprendre que l'avenir de la Libye passe par le Maghreb et non le Machrek : Modèle:Début citationAu Moyen-Orient, ce sont tous des Levantins. […] Votre union avec les Égyptiens, je n'y crois pas. […] Venez en Tunisie, ce sera plus sérieux<ref name="tahar141">Tahar Belkhodja, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>.Modèle:Fin citation Au cours de la quatrième conférence des non-alignés organisée à Alger, Bourguiba appelle à l'unification de l'Algérie, de la Tunisie et de la Libye, une idée qu'il propose toutefois de mettre en place par étapes sur une « période de temps indéterminée »<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Mary-Jane Deeb, « Modèle:Lang », Modèle:P..</ref>.

Déclaration de Djerba

Annonce surprise

Fichier:Drapeau de la République Arabe Islamique (Union tuniso-libyenne).svg
Modèle:FIAV Drapeau prévu pour la « République arabe islamique » constituée par l'union de la Tunisie et de la Libye.

Alors que le Premier ministre Hédi Nouira est en visite officielle en Iran depuis le Modèle:Date et que l'épouse du président, Wassila Bourguiba, est en tournée au Moyen-Orient depuis le Modèle:Date<ref name="tahar141"/>, Kadhafi annonce vouloir s'entretenir avec Bourguiba et se présente à l'improviste au poste frontière de Ras Jedir, le Modèle:Date, pour passer la nuit à l'hôtel Ulysse Palace sur l'île de Djerba<ref name="tahar142">Tahar Belkhodja, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>.

À l'arrivée de Bourguiba à l'hôtel, le lendemain matin, Kadhafi lui demande un entretien en tête-à-tête, ce qui suscite l'inquiétude de certains ministres en raison de l'état de santé de Bourguiba et du mystère entretenu par Kadhafi<ref name="tahar142"/>. Une heure plus tard, Mohamed Masmoudi, ministre des Affaires étrangères tunisien, se voit remettre une déclaration écrite de la main de Kadhafi annonçant que les deux dirigeants s'engagent à fusionner leurs deux États en un État unique baptisé « République arabe islamique »<ref name="simons">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Geoff Simons, Modèle:Lang, éd. Modèle:Lang, New York, 1993, Modèle:P..</ref>. Celle-ci est supposée avoir une seule constitution, une seule armée, un seul président, un seul drapeau et les mêmes pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire<ref name="tahar142"/>. Des référendums sont prévus le Modèle:Date dans chacun des deux pays pour se prononcer sur cette question<ref name="tahar142"/>. L'accord ratifié en fin de journée et diffusé à la radio<ref name="tahar143">Tahar Belkhodja, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref> prend le nom de « déclaration de Djerba » ou « accord de Djerba »<ref name="simons"/>. La liste du gouvernement est immédiatement établie avec Bourguiba comme président, Kadhafi et Hédi Nouira comme vice-présidents, Abdessalam Jalloud comme Premier ministre, Masmoudi comme vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Tahar Belkhodja comme ministre de la Défense et Kadhafi comme chef d'état-major des forces armées. En tout, seize ministres tunisiens et quatorze ministres libyens sont nommés sans consultation<ref name="tahar143"/>.

Causes potentielles

La « déclaration de Djerba » fait suite à de multiples accords traitant de questions spécifiques déjà conclus par les deux États sur « le commerce, les questions douanières, l'investissement, la régulation des travailleurs migrants, la sécurité sociale et la création d'une entreprise de transport commune »<ref name="simons"/> mais n'étaient pas destinés ouvertement à conduire à une union des deux États. Le soutien en faveur de l'unité vient, au-delà de Bourguiba, d'autres membres du gouvernement tunisien qui pensent que cela bénéficiera à l'économie de leur pays ; le principal d'entre eux est le ministre des Affaires étrangères Masmoudi<ref name="simons"/>. Pour Kadhafi, cette tactique d'union avec un autre État découle d'une approche différente de la précédente tentative d'union avec l'Égypte qui n'avait pas abouti<ref name="wright"/> : il pensait qu'une fusion au sein de la région conduirait à l'unification régionale et à terme à l'unification du monde arabe<ref name="wright166"/>. Inversement, il est possible que Bourguiba ait été le véritable initiateur de cette union car les Tunisiens souhaitaient un allié régional mais aussi « éloigner la Libye de l'Égypte »<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Mary-Jane Deeb, « Modèle:Lang », Modèle:Lang, éd. Modèle:Lang, Modèle:P..</ref>.

L'accord est toutefois une surprise pour les observateurs pensant que Bourguiba ne soutenait pas cette idée, en partie en raison de sa réponse au discours prononcé par Kadhafi à Tunis. Ce revirement pourrait avoir été influencé par la présence à cette époque de quelque Modèle:Nombre tunisiens en Libye et le soutien qui aurait été apporté à l'économie de la Tunisie<ref name="simons"/>. Car le pays souffre alors d'un surplus de travailleurs, d'une dette extérieure importante et d'un manque de ressources naturelles et une union plus resserrée avec une Libye riche en ressources mais démunie en travailleurs aurait été une alternative attractive<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} « Modèle:Lang », Modèle:Lang, Modèle:Date-.</ref>. Néanmoins, la raison pour laquelle Bourguiba approuva l'union n'est pas clairement connue. On peut avancer qu'il pensait créer une nouvelle donne politique dans la région face aux deux géants de l'ouest, l'Algérie et le Maroc, et stopper à l'est toute velléité unitaire entre l'Égypte et la Libye<ref name="tahar150">Tahar Belkhodja, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>.

Réactions

Dès la signature de l'accord, Radio Tunis annonce qu'elle prend désormais le nom de Radio de la République arabo-islamique, ce qui conduit au limogeage de son directeur. À Halfaouine, au centre de la médina de Tunis et sur l'avenue Habib-Bourguiba, quelques centaines de jeunes fêtent l'union mais sont vite dispersés par la police<ref name="tahar144">Tahar Belkhodja, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>. Dès son retour de Djerba, Bourguiba déclare à l'aéroport : Modèle:Début citationCette journée aura été historique, consacrant un demi-siècle de lutte marquée par la constitution de la République arabe islamique, laquelle est appelée à avoir un poids considérable, eu égard aux expériences, aux cadres et aux richesses dont elle dispose. Nous exprimons l'espoir de voir l'Algérie, la Mauritanie et le Maroc se joindre à la Libye et à la Tunisie […] C'est ce que j'ai voulu proclamer à tous les peuples d'Afrique du Nord. Nous formons le vœu de voir les peuples du Machrek suivre notre exemple, pour former une communauté puissante et solide<ref name="tahar144"/>.Modèle:Fin citation

De l'hostilité à l'enthousiasme

Le Modèle:Date, le Premier ministre Nouira de retour d'Iran, stupéfait par les événements, manifeste son désaccord profond<ref name="tahar144"/>. Aux plans régional et international, les réactions de l'Algérie, qui refuse de prendre le train en route, de la France et des États-Unis sont réservées<ref name="tahar145">Tahar Belkhodja, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>. La presse étrangère se montre également circonspecte, méfiante, voire franchement critique. Pour le Journal de Genève, Modèle:Citation<ref name="tahar146">Tahar Belkhodja, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>. Pour L'Orient, « les deux leaders représentent ce que la nation arabe a de plus diamétralement opposé : la réalité et la fiction, l'ordre et le désordre, la sagesse et l'impétuosité, la laïcité et le fanatisme religieux »<ref name="tahar146"/>. Modèle:Lang avance que « l'union de la Libye avec la Tunisie est, économiquement, plus raisonnable qu'une fusion de la Libye avec l'Égypte, car la Tunisie sera une charge économique moins lourde »<ref name="tahar146"/>. En Algérie, El Moudjahid écrit en revanche que Modèle:Citation<ref name="tahar147">Tahar Belkhodja, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>. La Presse de Tunisie manifeste quant à elle son enthousiasme dès le Modèle:Date en indiquant que Modèle:Citation<ref name="tahar147"/>. L'éditorial du journal L'Action tunisienne du même jour écrit qu'Modèle:Citation<ref name="tahar144"/>.

Enterrement en douceur

Face aux réactions extérieures, Bourguiba, mesurant la gravité d'une crise intérieure supplémentaire, destitue le Modèle:Date Masmoudi de ses fonctions<ref name="tahar147"/>,<ref name="simons254">Geoff Simons, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>. Le même jour, le ministre libyen de l'Intérieur annonce que les bulletins de vote du référendum sont déjà imprimés et en présente un spécimen portant les photos des deux chefs d'État et comportant deux questions : « Acceptez-vous l'union ? Acceptez-vous que Bourguiba soit le président de la République arabo-islamique et que Kadhafi soit son vice-président ? »<ref>Tahar Belkhodja, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>,<ref>Modèle:Image Aperçu du bulletin de vote prévu pour le référendum du Modèle:Date-.</ref>.

Le Modèle:Date, à l'issue d'une réunion devant les membres du gouvernement et du bureau politique, le Premier ministre Nouira déclare que Modèle:Citation<ref>Tahar Belkhodja, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>. Il est donc envisagé de repousser le référendum au Modèle:Date. Le Modèle:Date, dans un entretien au Monde, Nouira nuance ses propos : Modèle:Début citationPour moi, la déclaration du Modèle:Date- est la proclamation d'un idéal, l'affirmation d'un principe, la définition d'un objectif. […] Il faut continuer à créer des œuvres communes, notamment dans le domaine économique jusqu'au moment où il ne restera plus qu'à mettre sur l'édifice le chapeau constitutionnel de l'unité<ref name="tahar150"/>.Modèle:Fin citation

Fichier:Bourguiba portrait.JPG
Habib Bourguiba, un président affaibli.

Tout le monde commence à comprendre que le projet est mort-né et que le gouvernement cherche seulement des subterfuges pour le justifier politiquement<ref name="tahar150"/>. Finalement, le Modèle:Date, au cours d'un vif échange entre Bourguiba et Kadhafi à Genève, le projet est définitivement enterré<ref>Tahar Belkhodja, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>. Le [[1er février|Modèle:Abréviation discrète février]], l'accord est dénoncé par les députés de l'Assemblée nationale au cours d'un débat sur le projet<ref>Tahar Belkhodja, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>. Dès la fin du mois, les journaux tunisiens sont unanimes à dénoncer cette union issue d'une simple déclaration et non d'un traité international qui nécessiterait, pour être juridiquement valide, d'être ratifié par chacun des parlements des deux pays concernés. En outre, l'union est soumise à la procédure référendaire. Or, à l'époque, la constitution de 1959 ne la prévoit pas et il aurait fallu procéder préalablement à une révision constitutionnelle qui exige un délai de près de six mois<ref name="tahar145"/>. De plus, même si les bénéfices économiques étaient les bienvenus, les Tunisiens n'étaient pas prêts à abandonner leur souveraineté<ref name="simons254"/>. Le Modèle:Date, l'accord est dénoncé par Habib Achour, secrétaire général de l'Union générale tunisienne du travail. Le Parti socialiste destourien résiste aussi aux plans d'union car à ses yeux l'accord n'est pas assez clair et n'indique pas comment les institutions politiques seraient structurées. À la suite de cette volte-face, le jugement et la capacité de dirigeant de Bourguiba sont aussi questionnés<ref name="borowiec">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Andrew Borowiec, Modèle:Lang, éd. Modèle:Lang, 1998, Modèle:P..</ref>. Le journaliste tunisien Béchir Ben Yahmed résume la situation en ces termes : Modèle:Début citationPour moi, il [Bourguiba] est mort en Modèle:Date- à Djerba, lorsqu'au terme de plusieurs minutes de face-à-face [avec Kadhafi], il signa, dans cet hôtel, cette fameuse charte d'union<ref name="borowiec"/>.Modèle:Fin citation

La durée de l'union reste encore un contentieux, certains indiquant qu'elle dura un jour, d'autres quelques jours et d'autres encore un mois<ref name="simons254"/>,<ref name="wright166">John Wright, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>,<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Mansour El-Kikhia, Modèle:Lang, éd. Modèle:Lang, Gainesville, 1997, Modèle:P..</ref> même si elle n'exista que sur les seuls documents signés conjointement par les deux chefs d'État.

Raisons d'un échec

Bien que la raison exacte pour laquelle la tentative d'union a échoué avant même d'avoir été soumise à référendum soit encore inconnue, diverses théories ont été mises en avant. Pour commencer, il existe alors des différends idéologiques fondamentaux entre les modes de gouvernance de la Tunisie et de la Libye. La Tunisie de Bourguiba est lancée dans un processus de libéralisation et de sécularisation sur le modèle français. L'éducation est une priorité tout comme les droits de la femme, le système de santé public et la construction d'infrastructures. C'est pourquoi Bourguiba est souvent comparé au leader turc Mustafa Kemal Atatürk. Quant à la Libye de Kadhafi, elle est alors un État plus fondamentalement islamique : elle refuse la sécularisation et l'occidentalisation du pays et appartient politiquement au camp anti-occidental.

En plus de ces différends idéologiques, il existe également une divergence considérable sur ce à quoi la fusion ressemblerait. Pour Bourguiba, les États ne disparaîtraient pas mais verraient leurs frontières devenir « coopérativement perméables » à travers une « intégration fonctionnelle »<ref name="zartman">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} I. William Zartman, « Modèle:Lang », Modèle:Lang, Modèle:Date-, Modèle:P..</ref> à la manière de ce que deviendra l'Union du Maghreb arabe formée une décennie plus tard. Inversement, Kadhafi est plus intéressé par une fusion complète au sein de la République arabe islamique car il voit la Libye plus comme un mouvement révolutionnaire que comme un État territorial. Il estime qu'il n'existe qu'un peuple et que les frontières ont uniquement été le produit des élites dirigeantes et impérialistes<ref name="zartman"/>.

Enfin, il existe des difficultés politiques régionales. Les relations égypto-libyennes se détériorent après 1973. En raison de la menace égyptienne réduite, l'Algérie ne pense plus nécessaire de fusionner avec la Libye, elle y est même hostile, et n'est pas favorable à ce que la Tunisie aille sur cette voie<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Mary-Jane Deeb, « Modèle:Lang », Modèle:P..</ref>. C'est pourquoi, dans les 24 heures suivant l'annonce de la fusion, l'Algérie menace la Tunisie d'une intervention militaire si elle va plus loin dans le processus<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Mary-Jane Deeb, « Modèle:Lang », Modèle:P..</ref>. En tout état de cause, l'unification n'a jamais abouti et les relations entre les deux pays se détériorèrent pour une longue période : on assiste en effet à l'expulsion massive des travailleurs tunisiens<ref>Tahar Belkhodja, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>.

Notes et références

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Voir aussi

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