Prolepse

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La prolepse, du grec Modèle:Grec ancien (ê) prolêpsis (pour les philosophes : action de prendre d'avance, notion acquise par les sens ; chez les Épicuriens : notion antérieure à toute perception par les sens ou à toute éducation de l'esprit, idée innée), est un procédé littéraire possédant quatre acceptions :

  1. en syntaxe, il s'agit d'une expression anticipée, dans le COD de la principale, du sujet de la subordonnée comme dans Modèle:Citation.
  2. en rhétorique, la prolepse est une figure par laquelle on prévient une objection, en la refusant d'avance comme dans Modèle:Citation.
  3. en stylistique, c'est une attribution anticipée, au sujet ou à l'objet d'un verbe, d'une propriété qu'ils n'acquerront qu'une fois accomplie l'action exprimée par le verbe : Modèle:Citation (Racine, Bérénice)
  4. en narratologie, la prolepse — ou anticipation — est une figure de style par laquelle sont mentionnés des faits qui se produiront bien plus tard dans l'intrigue : Modèle:Citation (M. Piquemal, Le Pionnier du Nouveau Monde) ; la célèbre première phrase de Cent ans de solitude, de Gabriel García Márquez, est à cet égard très éclairante : Modèle:Citation

Pour Patrick Bacry Modèle:Citation<ref>Patrick Bacry. Les figures de style, Paris, Éditions Belin, 1992 in Ni-Lu-Hoa Nguyen. Narration graphique: l'ellipse comme figure et signe peircéen dans la Bande Dessinée. Thèse Université de Montréal. 2009 Lire en ligne</ref>.

Définitions

En narratologie

Appelée également anticipation, la prolepse dite temporelle est une anticipation narrative qui vient rompre le parallélisme entre l'ordre du récit (ou diégèse) et celui des événements qui constituent l'histoire. Globalement la prolepse permet de transporter le lecteur dans un autre moment de l'histoire, en sautant une étape chronologique par une ellipse provisoire, parfois jusqu'à l'anachronisme lorsque la construction est mal conduite.

L'analepse appelée communément « flashback » est l'inverse de la prolepse, nommée flashforward dans le monde cinématographique<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Par exemple au début de Boulevard du crépuscule de Billy Wilder, nous voyons par anticipation que le protagoniste Joe Gillis va finir à l'état de cadavre dans une piscine, avant de revenir au début du récit.

C'est aussi le cas au début du Tombeau des lucioles d'Isao Takahata : on y apprend que Seita va mourir, de même que sa petite sœur Setsuko, avant de revenir en arrière dans le temps pour raconter comment on en arrive à cette triste fin. Un autre exemple de film entièrement construit par des flashs-forward imbriqués est Memento, de Christopher Nolan. Le débat reste cependant ouvert, car dans une narration non-chronologique, une même scène peut être considérée comme un flashback ou comme un flash-forward, selon le point de vue adopté<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Selon Gérard Genette, la prolepse désigne : Modèle:Citation bloc (Figures III)

On distingue par ailleurs les prolepses répétitives introduites par des expressions comme « nous verrons » ou encore « pour anticiper », qui marquent énonciativement la présence du narrateur ou de l'auteur (par épiphrase) et qui jouent un rôle d'annonce à destination du lecteur, prévenu de l'ellipse temporelle qui va survenir. Genette cite ainsi Marcel Proust dans La Recherche du temps perdu :

Modèle:Citation bloc


En linguistique

La prolepse consiste à extraire un mot d'une proposition à l'intérieur de laquelle il devrait normalement se trouver, et à placer ce mot avant elle pour le mettre en relief comme dans le célèbre exemple de Blaise Pascal :

Modèle:Citation bloc (Pensées, 162)

Le sujet proleptique le nez de Cléopâtre est repris dans la proposition conditionnelle par le pronom il.

Très employée dans la langue courante, la prolepse permet de ne pas répéter le sujet, par ellipse : Modèle:Citation.

Le mot proleptique peut être jeté en avant de la phrase :

Modèle:Citation bloc

Le groupe de mots anticipés un corps qui s'écrase au sol représente ici le complément du nom masse qui permet de reproduire le sens canonique de la phrase. L'adjectif possessif sa assure la reprise de ce complément du nom proleptique.

Sur le plan syntaxique, Modèle:Citation (Patrick Bacry). Lorsque le thème est mis en relief notamment par prolepse on parle de thématisation. En effet la construction proleptique vise le thème de l'énoncé, qu'elle permet de mettre en avant. Notons que l'analepse réalise la même fonction mais en rejetant le thème après sa place attendue ; on parle alors de reprise comme dans Modèle:Citation (Louis Ferdinand Céline, Mort à crédit).

L'effet stylistique est davantage connoté, ce que permet le procédé de reprise, qui ajoute une information sur l'état d'esprit du locuteur, marqué notamment par le point exclamatif.

En rhétorique

Appelée occupation ou prolepse argumentative par Robrieux, la prolepse désigne une figure de style rhétorique qui dépasse largement le cadre de la phrase et qui consiste à s'adresser à soi-même, au cours d'un raisonnement, une objection à laquelle on va s'empresser de répondre ; c'est donc une figure de l'organisation générale du discours que Reboul classe parmi les figures d’argument puisqu'elle devance l’argument (réel ou fictif) de l’adversaire pour le retourner contre lui.

Considérée comme une figure argumentative, elle consiste dans le discours à aller au-devant des objections de l'interlocuteur en énonçant en premier lieu la thèse qu'il pourrait soutenir, afin de mieux l'éliminer ou pour la réfuter avant même sa production par l'adversaire. La prolepse est souvent amenée par des expressions telles que : "on dira que…", "on objectera que…", "vous me direz que…" ou "…me direz-vous…". Comme pour son sens narratologique, on peut employer le terme d' anticipation.

Dupriez précise qu’il y a deux parties dans la prolepse : dans la première, on fait parler l’adversaire, en insérant par exemple une expression figée comme "direz-vous" dans l’énoncé de l’objection, c’est la prolepse proprement dite. Dans la seconde partie, on réfute, c’est l’upobole.
Pougeoise, également, décompose la figure en deux parties :

  • l’objection anticipée ou prolepse proprement dite d'une part introduite par une formule ci-dessus,
  • la réfutation d'autre part à laquelle il donne le même nom que Dupriez : upobole.

Figures proches

Notes et références

Modèle:Références

Voir aussi

Modèle:Autres projets

Liens externes

Bibliographie

Modèle:Bibliographie des figures de style

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