Répression de l'aide à l'entrée et au séjour irréguliers des étrangers

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Affiche symbolisant la fin du délit de solidarité en France.

Le contrôle de la circulation des étrangers sur son territoire fait partie des prérogatives de tout État souverain. La quasi-totalité des États du monde dispose d'une législation spécifiquement destinée à réprimer l'aide à l'entrée et au séjour irréguliers d'étrangers sur son territoire. La plupart du temps il s'agit avant tout de combattre les activités de réseaux de « passeurs » qui organisent l'entrée d'immigrants dans l'illégalité contre une rémunération financière.

Droit international

La Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée, préparée à la fin de l'année 2000 comprend deux protocoles additionnels destinés à lutter contre ces pratiques :

  • Le Protocole contre la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants concerne le transport de personne vers un autre pays, dans le but de les exploiter, de leur faire exercer une activité illégale ou tout au moins de les déplacer sans leur consentement. Ce protocole vise notamment les réseaux de prostitution et de travail forcé.
  • Le Protocole contre le trafic et le transport illicites de migrants concerne au contraire le transport de personnes consentantes. Il s'agit ici de lutter contre les réseaux qui organisent l'entrée illégale de migrants.

Europe

En Europe occidentale, la circulation des personnes est facilitée par l'Union européenne et les conventions internationales entre les pays concernés. La question de la répression de l'immigration illégale se pose essentiellement concernant les ressortissants d'autres pays du monde.

L'Union européenne mène également une politique d'harmonisation de la législation de ses États membres en la matière, notamment par le biais de la Convention de Schengen du Modèle:Date- et par la directive 2002/90/CE du Conseil du Modèle:Date- définissant l'aide à l'entrée, au transit et au séjour irréguliers.

Belgique

En Belgique, la gestion de la politique des étrangers revient à la Direction générale de l'Office des étrangers. Les règles de bases applicables en la matière sont décrites dans la loi du Modèle:Date- sur l'accès au territoire, le séjour, l'établissement et l'éloignement des étrangers et dans l’arrêté royal d’exécution du Modèle:Date-.

L'article 77 de cette loi punit « quiconque [qui] sciemment assiste un étranger […] dans […] son entrée illégale ou son séjour illégal dans le Royaume […] » à une peine de huit jours à trois mois et d'une amende de 1700 € à 6000 €. Le texte prévoit cependant que cette réglementation « ne s'applique pas si l'aide ou l'assistance est offerte à l'étranger pour des raisons principalement humanitaires ».

Cette législation a été durcie en 1995, par la loi du Modèle:Date- contenant des dispositions en vue de la répression de la traite des êtres humains et de la pornographie enfantine qui a introduit des peines plus lourdes pour lutter contre la criminalité organisée.

France

Depuis le Modèle:Date-, les règles relatives à l'entrée et au séjour des étrangers sont fixées par le Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile. Les articles L 622-1 et suivants concernent l'aide à l'entrée, à la circulation et au séjour irréguliers d'un étranger en France.

Cette législation est issue de l'Modèle:Nobr de l'ordonnance du Modèle:Date- relative aux conditions d'entrée et de séjour en France des étrangers et portant création de l'Office national d'immigration. Le texte de cette ordonnance a été de nombreuses fois réformé et les sanctions se sont durcies. En 1996, une immunité pour les membres de la famille des étrangers concernés a été introduite et depuis 2003 les personnes ou les associations menant des actions Modèle:Citation (notamment une assistance médicale) sont également protégées par l'Modèle:Nobr. La législation française n'inclut cependant pas le critère des Modèle:Citation défini au niveau européen.

L’Modèle:Nobr du CESEDA prévoit que Modèle:Citation.

Cette réglementation fait l'objet de vives critiques des associations de défense des migrants qui ont lancé en 2003 une campagne sur le thème du délit de solidarité.

Après avoir échoué sur une démarche semblable en 2009 dans la foulée de la sortie du film Welcome<ref>Modèle:Lien web</ref>, le député Daniel Goldberg avait obtenu la mise en déplaçant de dispositions devant protéger les personnes apportant un acte de solidarité sans contrepartie à une personne en situation irrégulière<ref>Modèle:Lien web</ref>

Après la crise migratoire ayant débuté en 2015, plusieurs personnes ont été condamnées au motif que leur Modèle:Citation aurait dépassé de simples préoccupations humanitaires, comme dans le cas de l'agriculteur Cédric Herrou condamné en appel à Aix-en-Provence le Modèle:Date- à quatre mois de prison avec sursis. La cour d’appel a estimé que sa Modèle:Citation ne rentrait pas dans le cadre des exceptions prévues par la loi<ref name="Décodeurs"/>. De même l'enseignant-chercheur Pierre-Alain Mannoni a lui aussi été condamné à deux mois de prison avec sursis par la même juridiction,estimant qu'il s’inscrivait dans Modèle:Citation<ref name="Décodeurs"/>.

En 2018 à l'occasion de l'examen du projet de loi sur l'asile et l'immigration défendu par Gérard Collomb élargit les exceptions prévues à l'application de l’article L 622-1, mais n'empêche pas formellement toutes nouvelles poursuites<ref name="Décodeurs"/>. Selon les nouvelles dispositions, le délit de solidarité ne serait plus retenu notamment Modèle:Citation. L’exemption concerne Modèle:Citation, des militants de l’association de soutien aux migrants Roya citoyenne, ayant été condamnés à une amende avec sursis sur le point relatif au transport de migrants<ref name="20M">Modèle:Lien web</ref>. Selon la députée Naïma Moutchou une circulaire à venir Modèle:Citation illustrant bien que le caractère exceptionnel des mesures dérogatoires adoptées par l'Assemblée nationale<ref name="Décodeurs">Modèle:Lien web</ref>.

Selon Magali Lafourcade, secrétaire générale de la Commission nationale consultative des droits de l'homme, le délit de solidarité réprimant les actes désintéressés commis par humanité vis-à-vis des migrants est contraire à la devise de la République : "quand la loi positive trahit la loi naturelle, il appartient au Conseil constitutionnel de faire résonner la devise républicaine, pour éviter l'insupportable indifférence qui ferait des valeurs de la République un songe creux."<ref name="HuffingtonPost">Modèle:Lien web</ref>

Le Modèle:Date-, le Conseil constitutionnel, saisi par la Cour de cassation de deux questions prioritaires de constitutionnalité dont une formulée par Cédric Herrou décide de censurer le premier alinéa de l'article L. 622-4 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile<ref>Modèle:Article</ref>,<ref name="QPC717-718">Modèle:Lien web</ref>. En particulier le Conseil constitutionnel considère, au nom du Modèle:Citation, que la liste limitative des actions n’entrainant pas de poursuites (prestation de restauration, d’hébergement ou de soins médicaux) doit être élargie à « tout acte d’aide apportée dans un but humanitaire »<ref name="QPC717-718"/>. Le Parlement doit voter un nouveau texte avant le Modèle:Date, date à laquelle la décision du Conseil constitutionnel prendra effet<ref name="QPC717-718"/>.

Notes et références

Modèle:Références

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

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