Tauredunum

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L'arrivée du Rhône dans le Léman, depuis le Grammont.

Le Tauredunum, également appelé Tauretunum ou mont Taurus, est d'une part un fort ou castel du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, et d'autre part une montagne du Valais, en Suisse. Cette montagne fut le théâtre en 563, sous la domination alors récente des Francs mérovingiens, d'un écroulement qui ensevelit un fort et plusieurs villages avant de créer un tsunami dévastateur sur le Léman. Son emplacement précis n'est pas défini à ce jour et plusieurs hypothèses ont été avancées, en particulier la pointe de la Gagnerie et le pic de la Suche, dans le massif du Grammont.

L'étude, en 2010, de la sédimentation dans le Léman, tout en laissant ouvertes les spéculations sur l'emplacement exact de la montagne éboulée, a confirmé l'existence d'une perturbation majeure de l'écoulement du Rhône à cette époque. Selon l'hypothèse la plus plausible, le tsunami a été provoqué par la résonance de l'onde de choc de l'éboulement qui a ébranlé en profondeur la masse des sédiments déposés par le Rhône à son embouchure dans le lac, entraînant le déplacement d’un énorme volume d’eau.

Étymologie

Nommé Tauredunum, parfois Tauretunum, soit le « mont Taurus ». Le mot est composé du gaulois tauro- autre forme de taruos, « taureau », et dunum, du gaulois dunon, « colline, hauteur, lieu élevé, montagne »<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

D'autre part, le mot celto-romain *taur équivaut à passage, entrée, gorge ou défiléModèle:Refnec, et serait synonyme du mot latin clusa et du français cluse. Le Tauredunum signifie symboliquement un passage fortifié et pourrait être à l'origine des noms donnés à la Porte-du-Scex ou au fort de la Cluse (voir château de Saint-Maurice) suivant les deux hypothèses existantes. Les deux versions sont justifiées par la nature des lieux et parfaitement admissiblesModèle:Sfn.

Récits

Deux récits de contemporains sont connus à ce jour<ref>Modèle:Ouvrage Modèle:Lire en ligne.</ref> :

  • la chronique de l'évêque Grégoire de Tours (vers 539-594), livre IV de son Histoire des Francs<ref name="Graenicher">Modèle:Article</ref> ;
  • le bref récit de Marius, évêque d'Avenches (vers 530-601), dans ses Chroniques, année 563<ref name="Avenches">Marius d'Avenches, Chroniques (455-581), texte original et traduction. Œuvre numérisée et traduite par Marc Szwajcer.</ref>.

Récit de Grégoire de Tours (traduit du latin)

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Récit de l'évêque d'Avenches (traduit du latin)

Post-consulat de Basilius, Modèle:22e, Modèle:11e (c'est-à-dire 563) :

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Emplacement

L'emplacement de la montagne, du fort et des villages mentionnés dans les récits des deux évêques reste une énigme. L'endroit a été englouti et le delta du Rhône s'est considérablement agrandi.

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Le delta du Rhône dans le Léman aujourd'hui (Les Évouettes sont au second plan, à droite).

En effet pas moins de cinq ou six localités revendiquent d'être le théâtre de la fameuse catastrophe. Parmi celles-ci, il y a le Bois-Noir près de Saint-Maurice en Valais. Pour le géologue Frédéric Montandon, plusieurs éléments tendraient à prouver que le lieu de l'éboulement se trouverait être la pointe de la Gagnerie, un sommet voisin du massif des Dents du Midi<ref name="Montandon"/>. Depuis le milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, cette thèse semble avoir un certain crédit. D'ailleurs, l'universitaire français Jean-Pierre Leguay retient toujours l'identification entre Dent du Midi et Tauredunum<ref>Modèle:Leguay-catastrophes, Modèle:P..</ref>. Le géologue appuie aussi sa théorie sur l'étymologie de certaines localités voisines de Saint-Maurice, telles que Juvania, qui devint Evionnaz, et Épaune, aujourd'hui Épinassey (voir Saint-Maurice), ainsi que sur des relevés géologiques et des fouilles effectués lors de la construction de l'usine électrique du Bois-Noir. Les historiens réfutant cette thèse ont cependant relevé des incohérences avec les récits et ont notamment fait valoir que l'abbaye de Saint-Maurice aurait difficilement pu être épargnée par le déluge dont parle F. Montandon. Bien que Montandon ait soigneusement décortiqué et réfuté les arguments de ses détracteurs, ses hypothèses sont fragilisées : des tombes de l'époque celte ont été découvertes au Bois-Noir, à une profondeur insuffisante, selon les historiens, pour que la catastrophe du Tauredunum se soit produite en ces lieuxModèle:Refsou.

De nombreux spécialistes souscrivent à la thèse d'un éboulement du pic de la Suche<ref name="LeTemps20160802">Modèle:Lien web.</ref>, dans la montagne du Grammont, sur l'emplacement de l'actuel village des Évouettes en Valais, accréditant plutôt le récit de Marius d'Avenches. Les principaux arguments en faveur de cette piste sont les suivants : proximité avec le lac, découverte de tombes lors de la construction de la route H144 reliant Villeneuve aux Évouettes, géologie de la région. Les arguments tendant à infirmer cette thèse ont été soutenus par F. Montandon : la vallée du Rhône au niveau du village des Évouettes est trop large pour qu'un éboulement ait pu barrer la route au Rhône et empêcher qu'il suive son chemin jusqu'au lac et les traces de cet éboulement devraient être encore visibles aujourd'hui ; or il n'existe aucune trace d'un tel barrage<ref name="Montandon"/>. Montandon n'indique pas davantage de traces d'un tel barrage plus près du lac.

Ces arguments sont rendus caducs par le résultat des recherches sous-lacustres, publiés en 2012<ref name="tsunamiGeneva">Modèle:Article. Voir Modèle:Lien web ; et Modèle:Article.</ref>.

Le phénomène des ondes de résonance et la mesure de leur pouvoir potentiel n'étaient pas vraiment pris en compte avant la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

Recherches géologiques et archéologiques

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Temps de propagation de l'onde (en minutes) et hauteurs maximums du tsunami à des endroits clés au cours de la catastrophe du Tauredunum, selon une étude de 2012.

À l'orée du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, François-Alphonse Forel écrit dans sa Monographie du Léman : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage Modèle:Lire en ligne.</ref>.

Une thèse de 1991<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> et, plus récemment, les travaux de deux limnogéologues, Stéphanie Girardclos et Katrina Kremer, étudiant en Modèle:Date- la sédimentation dans le Léman, confirment l'existence d'une perturbation majeure de l'écoulement du Rhône à cette époque, mais laissent ouvertes les spéculations sur l'emplacement exact de la montagne éboulée, tant le Grammont qu'une autre montagne plus en amont dans la vallée du Rhône. Mais, selon Stéphanie Girardclos, le site de l'éboulement ne pouvait pas être très éloigné du delta<ref name="Tête-carré" />.

La mission de 2010 débouche sur une publication en 2012 dans Nature Geoscience<ref name="tsunamiGeneva" />, reprise sur de nombreux blogs dont celui du journaliste scientifique Pierre Barthélémy<ref>Modèle:Lien web.</ref>, et revues de vulgarisation scientifique<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Stéphanie Girardclos et Katrina Kremer ont retrouvé la trace d'un glissement de terrain sous-lacustre dans une nappe de sédiments datée entre 381 et 612, d'une moyenne de Modèle:Unité d'épaisseur sur Modèle:Unité, soit Modèle:Nombre de mModèle:3, vers la partie centrale du lac.

En 2019, des fouilles archéologiques découvrent des vestiges d'occupation gallo-romaine, pris dans la strate de boue, qui corroborent la date de l'éboulement<ref>Modèle:Article</ref>.

Partant, l'hypothèse la plus plausible pour la cause du tsunami est que, quel que soit l'emplacement exact de l'éboulement, lorsqu’elle arrive au sol, cette énorme masse de matière provoque la déstabilisation de Modèle:Nombre de mModèle:3 de sédiments déposés par le Rhône à son embouchure dans le lac, entraînant avec elle le déplacement d’un énorme volume d’eau, provoquant ainsi le tsunami<ref name="Tête-carré">Modèle:Lien web.</ref>. Cette même étude, en simulant les conséquences de l'éboulement, a trouvé une vague atteignant Modèle:Unité de haut à Évian-les-Bains, Modèle:Unité à Lausanne, Modèle:Unité à Thonon-les-Bains, Modèle:Unité à Nyon et Modèle:Unité à Genève. Étant en bout du lac, Genève a subi l'effet d'entonnoir avec resserrement du chenal de la vague<ref name="tsunamiGeneva" />, ce qui confirme le témoignage de Grégoire de Tours, qui indique que Modèle:CitationModèle:Sfn. La puissance du tsunami est estimée proche de celle de celui de Fukushima<ref name="Tête-carré" />.

Les populations d'alors étaient installées plus haut qu'à l'époque actuelle sur les rives du lac, à cause des fluctuations de niveau de ce dernier. Un tel tsunami de nos jours aurait des conséquences nettement plus dramatiques, tant en pertes humaines qu'en dégâts matériels<ref name="tsunamiGeneva"/>.

Dans la culture populaire

Tauredunum est le sujet d'un documentaire de Laurent Graenicher et d'un livre de Pierre-Yves Frei et Sandra Marongiu, réalisés en collaboration sous le titre Un tsunami sur le Léman et sortis en 2019<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref name="mdl"/>. Ceux-ci ont inspiré une exposition permanente au musée du Léman à Nyon, en Suisse<ref name="mdl">Modèle:Lien web.</ref>.

Notes et références

Modèle:Références

Voir aussi

Articles connexes

Articles généraux :

Catastrophes similaires :

Bibliographie

Liens externes

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