Tomi Ungerer
Modèle:Homon Modèle:Infobox Artiste
Jean-Thomas Ungerer, dit Tomi Ungerer, né le Modèle:Date- à Strasbourg et mort le Modèle:Date- à Cork en Irlande, est un dessinateur, illustrateur et auteur alsacien de nationalité française.
Considéré comme un des plus brillants dessinateurs de sa génération, il a mené à partir de 1957 une carrière internationale dans de nombreux domaines des arts graphiques. Parmi ses livres pour enfants, plusieurs ont connu un succès international, comme Les Trois Brigands (1961) ou Jean de la Lune (1966). Célèbre aussi par ses affiches contre la guerre du Viêt Nam et la ségrégation raciale aux États-Unis, dont Black Power/White Power (1967), l'artiste est avant tout un fin observateur de la société de son temps. Il a ainsi livré une satire virulente de certains aspects de la société américaine, dans l'esprit de Daumier et de Grosz. Créateur multiforme, il s'est également intéressé à la sculpture et a écrit de nombreux textes, dont plusieurs autobiographiques <ref>Thérèse Willer, « L'œuvre graphique de Tomi Ungerer », in La Revue des livres pour enfants, no 171, septembre 1996, Modèle:P.</ref>. Un musée lui est consacré à Strasbourg.
Biographie
Enfance et adolescence
Issu d'une famille protestante qui compte des bouchers Modèle:Incise et des pasteurs, Tomi Ungerer est le fils de Théodore Ungerer et d'Alice Essler.
Son arrière-grand-père Auguste Théodore, son grand-père Alfred (1861-1933) et son père Théodore (1894-1935) travaillent dans l'horlogerie monumentale. L'entreprise d'horlogerie Ungerer active de 1858 à 1989 a notamment entretenu la troisième horloge astronomique de la cathédrale de Strasbourg.
Tomi Ungerer est âgé de trois ans quand son père décède. Ce dernier était ingénieur, fabricant d'horloges astronomiques, artiste et historien. Tomi lui rend hommage dans De père en fils (2002) : Modèle:Citation La famille quitte Strasbourg et part s'installer à Wintzenheim, dans le quartier du Logelbach au 12 rue Haussmann Modèle:Incise, dont les paysages calmes et romantiques inspireront l'auteur. C'est en Alsace que son œuvre plonge ses racines, malgré son tempérament de globe-trotter.
Durant la Seconde Guerre mondiale, l'Alsace est annexée par l'Allemagne. La maison et l'usine familiale sont réquisitionnées par les Allemands et, comme tous les Alsaciens, Tomi Ungerer subit un endoctrinement nazi à l'école qu'il fréquente et qui est soumise à la germanisation. Parlant alsacien et français, il a trois mois pour apprendre l'allemand. Les journées commencent alors par des chants nazis Modèle:Incise, et l'écoute des discours d'Adolf Hitler. Il lui est fait totale interdiction de parler français et son prénom jugé insuffisamment germanique est changé autoritairement en « Hans »<ref name=":0">Modèle:Lien web.</ref>. Cette période l'a traumatisé à vie indiquait-il au soir de sa vie, faisant encore des cauchemars chaque nuit liée à cette période.
Sa mère continue toutefois à lui parler en français malgré l'interdiction. Et quand elle est dénoncée aux autorités nazies, elle trouve un stratagème pour continuer : à l'officier de la Gestapo qui la reçoit, elle confirme parler en français avec son fils, et indique qu'elle continuera. Elle ajoute avec une feinte conviction : Modèle:Citation Convaincu, l'officiel admet : Modèle:Citation Et ainsi l'enseignement en français du jeune Tomi put continuer<ref>Tomi Ungerer, À la guerre comme à la guerre, Dessins et souvenirs d'enfance, Éditions de la Nuée Bleue, Strasbourg, 1991, page 55.</ref>.
Il se dit alors Modèle:Citation C'est là qu'il commence à dessiner son environnement, comme pour exorciser son quotidien.
Après la libération de l'Alsace, Tomi Ungerer est à nouveau français, mais il a beaucoup de mal à s'adapter à cette nouvelle situation. On lui interdit cette fois, comble de l'ironie, de parler alsacien<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Nouveau traumatisme pour lui. Il en dit avec amertume en 2009 : Modèle:Citation.
Il est marqué par l'autodafé organisé par les Français des livres de littérature allemande, brûlés devant lui, et le moindre mot d'alsacien à l'école valait sanction immédiate sous forme d'heures de colle ou d'une violente Modèle:Citation<ref>Modèle:Article</ref>.
Ces événements doublement douloureux pour lui le marqueront d'une sensibilité particulière, qui se traduira dans ses œuvres tout au long de sa longue carrière artistique.
Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, il pratique le scoutisme chez les Éclaireurs unionistes de Colmar et reçoit le totem de « Fourmi boute-en-train » : Modèle:Citation
En 1946, il explore la France à vélo puis, après son échec au baccalauréat en 1951, au lycée Bartholdi, il voyage par des moyens de fortune jusqu'en Laponie et au cap Nord.
En 1952, il s'engage dans le corps des méharistes en Algérie et est réformé en 1953 à cause d'une maladie. Il s'inscrit alors aux Arts décoratifs à Strasbourg mais est renvoyé au bout d’une année pour indiscipline. Il travaille ensuite comme étalagiste et publicitaire pour des petites entreprises.
Entre 1954 et 1955, il effectue de nombreux voyages en Europe, notamment en Islande, en Norvège, en Grèce et en Yougoslavie, toujours par des moyens de fortune, en auto-stop ou en s’engageant comme marin sur des cargos.
New York
En 1956, Tomi Ungerer part une première fois pour New York, où il débarque avec Modèle:Citation<ref name="musees">Biographie de Tomi Ungerer, sur le site des Musées de Strasbourg.</ref>. Après avoir obtenu sa green card, il s'y installe en 1957. C'est alors le succès immédiat : il travaille pour les journaux et magazines les plus prestigieux, dont Esquire, Harper's Bazaar, Life, The New York Times et Village Voice<ref name="musees" />,<ref name="Grangeray" />,<ref name="IrishTimes">Barry Roche, « French artist and writer Tomi Ungerer dies in his Cork home », irishtimes.com, 11 février 2019.</ref>. Sa rencontre avec Modèle:Lien des éditions Harper & Row est déterminante pour sa carrière dans le domaine des livres pour enfants<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Ce sont ses activités de dessinateur publicitaire et notamment d'affichiste qui lui apportent la notoriété<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Il est notamment l'auteur de l'affiche du film Docteur Folamour de Stanley Kubrick, sorti en 1964<ref name="IrishTimes" />. Il se fait aussi connaître comme dessinateur politique par ses affiches contre la guerre du Viêt Nam et la ségrégation raciale et comme dessinateur satirique par sa critique de la société américaine.
Nouvelle-Écosse
Après un divorce, Tomi Ungerer se remarie en 1971 avec Yvonne Wright et s'installe en Nouvelle-Écosse au Canada<ref name=":1">Modèle:Lien web.</ref>. Cette région sauvage les séduit malgré un voisinage digne du Far-West. Tomi Ungerer raconte leur expérience dans un récit illustré, Far Out Isn't Far Enough, paru en 1983<ref>Cité dans 100% Tomi Ungerer publié par les Dernières Nouvelles d'Alsace, Tomi au Canada par Burton Pike. « Les pêcheurs n'hésitent pas s'il le faut à mettre le feu à une maison vide… Tomi était en bons termes avec les gens du cru, mais comme il le montre clairement dans son livre, il veillait à se faire traiter avec respect. »</ref>.
Irlande
En 1976, Tomi et Yvonne Ungerer s'installent définitivement dans le comté de Cork en Irlande, pays dont la famille de son épouse est originaire, et où vont naître leurs trois enfants<ref name="musees" />,<ref name="IrishTimes" />.
Engagements
Tomi Ungerer est membre du comité de patronage du think tank strasbourgeois Forum Carolus, créé et dirigé par Henri de Grossouvre, car pour lui, comme il aime à le répéter, Modèle:Citation.
En 1975, il fait une première donation d'œuvres personnelles et de jouets issus de sa collection aux musées de la ville de Strasbourg. Cette donation est suivie de plusieurs autres. La collection compte aujourd'hui 14 000 dessins et 1 500 jouets.
À partir des années 1980, il s'investit énormément pour l'amélioration des relations franco-allemandes et dans la préservation de l'identité, du particularisme et du bilinguisme en Alsace.
En 1988, pour le bimillénaire de Strasbourg, il réalise Naissance de la civilisation, également connue sous le nom de fontaine de Janus, une œuvre située dans le square Markos-Botzaris, à côté de l'opéra.
Une de ses sœurs décède le 20 janvier 1992 dans la catastrophe aérienne du mont Sainte-Odile. Il fonde alors l'association Entraide de la catastrophe des hauteurs du Sainte-Odile (ECHO).
En 1998, il obtient le prix Hans-Christian-Andersen d'illustration, la plus haute distinction pour un auteur de livres d'enfants.
Lors de sa création en 2003, il adhère au comité pédagogique des écoles Steiner-Waldorf, dont la pédagogie est fondée sur l'anthroposophie<ref>Modèle:Lien web</ref>.
En 2008, il est le premier lauréat du Prix de l'Académie de Berlin<ref name="Académie de Berlin">Modèle:Lien web.</ref>.
Son œuvre compte 30 000 à 40 000 dessins. Elle s'étend aux domaines de la littérature d'enfance et de jeunesse, de la publicité, du dessin de satire sociale et politique, des alsatiques et de l'érotisme.
Mort et obsèques
En 2014, la commune de Juvisy-sur-Orge, en Essonne, baptise une école élémentaire du nom de l'auteur<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Père de quatre enfants, Phoebe Modèle:Incise, Aria, Pascal et Lukas<ref name="IrishTimes" />, Tomi Ungerer meurt le Modèle:Date de décès à Cork<ref name="lefigaro.fr mort Tomi Ungerer">Modèle:Lien web</ref> (Irlande), chez sa fille Aria. Ses obsèques sont célébrées le 12 février en l'église Saint-Brendan de Bantry en Irlande.
Une cérémonie œcuménique d'À Dieu est organisée à la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg le 15 février. Présidée par Luc Ravel, la prédication est donnée par le pasteur Christian Krieger et par le chanoine Michel Wackenheim, archiprêtre de la cathédrale, en français, allemand et alsacien. Roland Ries, maire de Strasbourg, prononce l’hommage de la ville. Selon les dernières volontés de Tomi Ungerer, un chant yiddish, Mein Ruheplatz, chanté par Astrid Ruff ouvre la célébration. Roger Siffer interprète ensuite trois chansons : Ich hatt’einen Kameraden, O Strassburg et Die Gedanken sind frei. La cérémonie qui s'achève sur une prière scoute réunit plus de mille personnes<ref>Charles Hagen, « Tomi Ungerer, fils de son temps », L’Ami Hebdo, Modèle:N°, 24 février 2019, Modèle:P..</ref>.
Une moitié des cendres de Tomi Ungerer repose au cimetière Saint-Gall de Strasbourg dans le caveau familial (section 4, tombe 37), l'autre est dispersée à Goleen, village de Cork en Irlande<ref>« Les cendres de Tomi Ungerer partagées entre Strasbourg et l’Irlande », Dernières nouvelles d’Alsace, 12 février 2019.</ref>,<ref>Cimetières de France et d'ailleurs</ref>.
Hommages
Square du Tivoli
Le square du Tivoli, situé à proximité de sa maison natale à Strasbourg, est pressenti pour être rebaptisé « place Tomi-Ungerer » et il est envisagé d'y installer une statue ou un buste de l'artiste<ref>« Strasbourg : une place et une statue Tomi-Ungerer », L’Alsace, 15 février 2019.</ref>. Le parc prend finalement le nom de « square du Tivoli - Tomi Ungerer ».
Sciences Po Strasbourg
La promotion 2019-2024 de Sciences Po Strasbourg choisit de porter le nom de Tomi Ungerer, de même que la promotion 2021-2022 des élèves conservateurs de bibliothèques de l'Institut national des études territoriales (INET), également situé à Strasbourg.
Le musée Tomi Ungerer
Le musée Tomi-Ungerer – Centre international de l'illustration est situé dans la villa Greiner, construite en 1884, avenue de la Marseillaise à Strasbourg.
Il conserve la collection Tomi Ungerer qui provient de plusieurs donations effectuées par l'artiste à sa ville natale depuis 1975. Elle est constituée de 14 000 dessins originaux, d’estampes, d’un fonds documentaire, d’une bibliothèque, et de 1 500 jouets et jeux provenant de la collection personnelle de l'artiste. Le musée a ouvert ses portes en novembre 2007 et présente le fonds Ungerer au rythme de trois expositions par an. Il est aussi consacré à l’Illustration du XXe et d’aujourd’hui, et conserve des œuvres d’une centaine de dessinateurs reconnus internationalement comme Blechman, Blutch, Hoppmann, Sajtinac, Searle, Steinberg, Steig. « Steinberg. L’écriture visuelle », « Du duel au duo. Images satiriques du couple franco-allemand », « Bosc. L’humour à l’encre noire », comptent parmi les expositions qui ont été conçues par le musée sur ce sujet.
Œuvres
Prix et distinctions
Vente aux enchères de ses planches originales
En mars 2016 sont vendues à l'hôtel Drouot à Paris les planches de la première version de son album Les Trois Brigands, datées de 1960. Modèle:Citation
Notes et références
<references />
Voir aussi
Bibliographie
- Une question de diversité, entretien avec Tomi Ungerer, revue Hopala!, Modèle:N°, Brest, mars-mai 2000, Modèle:P.
- Musée Tomi Ungerer - Centre international de l'Illustration / La collection, catalogue de la collection du Musée, sous la direction de Thérèse Willer, Éditions Musées de la Ville de Strasbourg, 2007
- Thérèse Willer, Tomi Ungerer : l'œuvre graphique, Université Marc-Bloch, Strasbourg, 2008, 9 vol. (thèse de doctorat d'histoire de l'art)
- Thérèse Willer, « Jean Thomas (dit Tomi) Ungerer », in Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 37, Modèle:P.
- Thérèse Willer, Tomi Ungerer, Tout sur votre auteur préféré. L'École des loisirs, 2008. Modèle:ISBN
- Merveilleux - Tomi Ungerer, catalogue d'exposition, 2008. Modèle:ISBN
- Thérèse Willer, Tomi Ungerer. Graphic Art, Paris, Éditions du Rocher, 2011.
- René Hoch et Serge Stein, Affiches et Posters de Tomi Ungerer édité par l'AIATU (Association internationale des amis de Tomi Ungerer), Strasbourg, 2006
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Article
Filmographie
Films inspirés par les contes de Tomi Ungerer
- Les Trois Brigands, (Modèle:Lang), film d’animation allemand réalisé par Hayo Freitag (2007), 79 min ; d'après son album éponyme publié en 1961. Modèle:Retrait
- Jean de la Lune, (Modèle:Lang), film d’animation français / irlandais / allemand réalisé par Stephan Schesch (2012), 95 min ; d'après son album éponyme publié en 1966.
Documentaires
- Tomi Ungerer : mine de rien, film d'Adrien Finck et Alain Desmet, CRDP d'Alsace, 1995, 26 min (VHS)
- Tomi Ungerer, port d'attache, documentaire réalisé par Manguin et Klein 1997, 27 min
- Tomi Ungerer, l’homme sur son ïle, documentaire réalisé par Percy Adlon, 2006, 44 min, qui l'a filmé pendant plus de trois heures pour Arte
- Trait pour trait : Tomi Ungerer, film de Philippe Poirier, Bix Films, Strasbourg, 2009, 27 min (DVD) ; contient aussi une interview de Thérèse Willer, conservatrice du Musée Tomi Ungerer
- Tomi Ungerer, l’esprit frappeur, documentaire réalisé par Brad Bernstein, 2012, 98 min
- Tomi Ungerer : laissons les mystères tranquilles/Lasst die Geheimnisse in Ruhe, filmé réalisé par Pierre Bischoff, Musées de la ville de Strasbourg, Canopé, 2014, 26 min (DVD, avec fiches d'accompagnement et pistes pédagogiques)
- Cérémonie d’hommage à Tomi Ungerer en la cathédrale de Strasbourg, France 3 Alsace, 14 février 2019.
Podcast
- Tomi Ungerer, l’enfant terrible, À voix nue, France Culture, 2012, cinq épisodes de 27 min.
Liens externes
- Modèle:Autorité
- Modèle:Dictionnaires
- Modèle:Bases
- Le site officiel de Tomi Ungerer (en anglais)
- Association internationale des amis de Tomi Ungerer
- La page sur Tomi Ungerer sur le site de son éditeur en France ; l'École des loisirs
- L'œuvre satirique de Tomi Ungerer
- Biographie de Tomi Ungerer - Musées de Strasbourg
- Émission de France Inter: « Août 1946, Tomi Ungerer découvre pour la première fois la mer et la ligne d'horizon », site consulté le 10 février 2019 [1]