Vert-de-gris
Les verts-de-gris (ou vert de gris) sont des pigments verts, généralement des acétates de cuivre, en usage depuis l'Antiquité ; ils ont été pratiquement abandonnés à cause de leur toxicité.
Ces pigments ne doivent pas être confondus avec la patine verte appelée vulgairement « vert-de-gris<ref>Paul Weiss, Le cuivre : origine, propriétés, applications, 1894, page 58</ref> » qui résulte de la corrosion atmosphérique de la surface des objets en cuivre et de ses alliages. Cette patine, de nature purement minérale, est constituée principalement de sels de cuivre basiques qui peuvent être selon les conditions atmosphériques des hydroxy-carbonates, des hydrosulfates ou des hydrochlorures<ref>Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>Dieter Landolt, Corrosion et chimie de surfaces des métaux, 2003, page 329</ref>.
Le vert-de-gris est par dérivation, un nom de couleur.
Pigment
Le nom « vert-de-gris » désigne un ensemble de pigments minéraux de synthèse solubles dans l'eau dont la composition chimique diffère selon les procédés de fabrication. Généralement ces pigments sont des acétates de cuivre mais il peut s'agir de mélanges plus inattendus obtenus à partir de minéraux cuprifères<ref name=COPENDIUM />. Parmi les acétates de cuivre on distingue le vert-de-gris basique et le vert-de-gris neutre, dit aussi verdet<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. La variété basique a pour formule générale Modèle:Fchim<ref name=COPENDIUM > Nicholas Eastaugh, Valentine Walsh, Tracey Chaplin, Pigment Compendium : A Dictionary and Optical Microscopy of Historical Pigments, 2008, page 391</ref>. Elle existe sous au moins quatre formes à l'état pur ou en mélange<ref name=COPENDIUM />. Sa couleur varie du bleu au vert<ref name=COPENDIUM />. L'acétate neutre d'un bleu plus pur est obtenu en diluant l'acétate de cuivre basique dans de l'acide acétique ; sa formule chimique est Modèle:Fchim<ref name=COPENDIUM />. Le Colour Index les désigne comme PG20. Leur toxicité et leur manque de solidité, tant au contact d'autres pigments qu'à la lumière, ont entraîné leur abandon presque totalModèle:Sfn.
Fabrication
Le nom de vert-de-gris dérive du procédé de fabrication du pigment : verte-grez se traduit de l'ancien français par vert produit par l'aigre<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Le vert-de-gris (acétate de cuivre) a été fabriqué comme pigment vert-bleu dès l'Antiquité par corrosion du cuivre métallique par des émanations de vinaigre, selon une recette attestée par Théophraste et Pline l'Ancien<ref>Modèle:Pline, XXXIV, 110.</ref>. On obtenait un mélange d'acétate basique de cuivre et d'autres acétates de cuivre, donnant, si on les sépare, des teintes plus ou moins vives ou grisées<ref>Modèle:Ouvrage ; Modèle:Harvsp.</ref>. On en a retrouvé sur des fresques à Pompéi, où il s'est bien conservé. Au Moyen Âge, le même procédé de fabrication subsiste dans l'Espagne arabisée et l a Grèce ; de nombreux ouvrages d'alchimie indiquent sa recetteModèle:Sfn il sert à l'enluminure des manuscrits, avec parfois le résultat désastreux que l'acidité restant dans la préparation attaque le parchemin ou le papier, tandis que d'autres pigments se détériorent à son contact<ref>Modèle:Harvsp</ref>. C'est pourquoi à la Renaissance on l'améliore en le combinant avec de la résine de térébenthine, mais ce pigment est, dans certaines formules, instable et vire au marron avec le temps, ce qui se voit sur les feuillages de peintures comme L'allégorie de l'amour (Respect) de Paul Véronèse (1570)<ref>Modèle:Harvsp</ref>.
Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Lémery indique la recette pour faire le verdet ou vert-de-gris : Modèle:Citation (Cours de chymie 1675, p. 109).
Patine verte
Sous l'action conjuguée de l'humidité et du dioxyde de carbone, le cuivre s'oxyde à froid par l'air atmosphérique selon la réaction chimique :
La patine verdâtre des objets en cuivre ou en bronze comporte différents composés, selon les conditions extérieures. En milieu très pollué, avec beaucoup de dioxyde de soufre dans l'air, il s'agit principalement d'antlérite. En milieu moyennement pollué avec peu de dioxyde de soufre dans l'air, il s'agit principalement de brochantite. Lorsqu'il y a un milieu salin à proximité (mer ou épandage de sel en hiver), il s'agit principalement d'atacamite. En fait, on retrouve toujours un mélange, en diverses proportions, de ces produits. La brochantite est le produit le plus fréquent<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
La malachite (CuCO3·Cu(OH)2), est un composé instable qui se transforme très vite en brochantite ou en atacamite.
Couleur vert-de-gris
Nuances
Au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, Michel-Eugène Chevreul entreprend de situer les couleurs les unes par rapport aux autres et par rapport aux raies de Fraunhofer. Il cite le vert-de-gris dans un index des Modèle:Citation, estimant sa couleur à 5 vert-bleu 8 ton<ref>Modèle:Article. 5 vert-bleu correspond à une longueur d'onde dominante de Modèle:Unité. 8 ton correspond à une clarté de 13/21, obtenue avec une luminance de 30,3%. L'illuminant correspondant aux expériences de Chevreul est D55 (soleil direct) ; le ton normal pour cette couleur (la clarté quand elle est pure) est sans doute 14 à partir de là, on ajoute du blanc. Les fonctions colorimétriques CIE XYZ permettent de convertir la lumière monochromatique en coordonnées trichromatiques, on ajoute ensuite le gris pour obtenir le 14 ton, puis le blanc pour otenir le 8 ton. On convertit ensuite en valeurs sRGB. La nuance n'est correcte que sur des écrans conformes et réglés selon la recommandation sRGB.</ref>. Le vert de gris sur soie de Tuvée, fabricant, est, lui, vert-bleu 7 ton<ref>Modèle:Harvsp. Vert-bleu 7 ton se calcule de la même manière, avec Modèle:Unité, L* = 8/21 (Y=36,2%), ton normal 15</ref>.
Dans les nuanciers modernes, on trouve, en fil à broder, 520 Vert de gris<ref>Modèle:Lien web.</ref> ; en couleur pour les arts graphiques, 547 Vert de gris<ref>Modèle:Lien web.</ref>, en peinture pour la décoration, Vert de gris<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Mode
Le vert de gris figure de temps en temps parmi les couleurs de la mode depuis le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, désignant en général des glauques, qui peuvent varier considérablement de nuance et de clarté.
Uniformes
En France, particulièrement pendant la Seconde Guerre mondiale, on a appelé vert de gris la couleur de l'uniforme militaire allemand, un vert grisâtre foncé (Modèle:Citation étrangère), et par extension, tout ce qui était allemand. Une intention péjorative contribue certainement au succès de l'expression ; on assimile l'occupant à une corrosion, toxique de surcroît.
La couleur ne correspond cependant pas à celles désignées auparavant par vert-de-gris dans le domaine de la mode, souvent plus claires et vives ; mais l'application à des couleurs d'uniforme n'est pas neuve. On trouve déjà l'expression appliquée, dans des articles bienveillants, à celle de la Légion espagnole franquiste pendant la guerre d'Espagne<ref>Modèle:Article ; les douaniers espagnols on Modèle:Citation déjà dans Modèle:Article.</ref> ; à celle de la milice fasciste autrichienne en 1933<ref>Modèle:Article.</ref>, et, de façon purement descriptive, au feldgrau allemand dès 1918<ref>Modèle:Article</ref>.
Botanique
Deux champignons non comestibles se désignent d'après leur couleur vert de gris :
- La russule vert de gris (Russula aeruginea), de 10 à Modèle:Unité que l'on trouve dans les forêts de feuillus et de conifères de juin à octobre.
- le strophaire vert-de-gris, de 3 à Modèle:Unité.
Toxicité
Modèle:Article détaillé La toxicité de l'oxyde de cuivre a été mise à profit pour la protection des coques de navires contre la prolifération des algues et coquillages. Les coques des navires en bois pouvaient être cloués de punaises de cuivre, ou entièrement doublés extérieurement de cuivre<ref>Bonnefous, Dictionnaire de marine à voiles, 1847, « cuivre » (réed. Ed. du Layeur, 1999, Modèle:P.).</ref>.
Le vert-de-gris a pu être employé comme poison : Modèle:Citation.
Manipulation
Le vert-de-gris est un mélange de différents composés cuivrés toxiques ou nocifs, il convient donc de se laver les mains après chaque manipulation de celui-ci.
Art, littérature et cinéma
- La Môme vert-de-gris est un film policier français de 1952 du réalisateur Bernard Borderie avec Eddie Constantine et Dominique Wilms.
- Le Groom vert-de-gris est un spin-off de Spirou et Fantasio par Yann et Olivier Schwartz. Il constitue le cinquième album de la série Une aventure de Spirou et Fantasio par ....
Chansons populaires
Une utilisation du poison... L'histoire du Sire Framboisy qui avait pris femme, la plus jeune du pays. La chansonnette indique qu'une fois la belle confondue d'inconduite dans un bal à Clichy "Dans son carrosse la r'mène à Framboisy, Il l'empoisonne avec du vert-de-gris, Et sur sa tombe il sema du persil, De cette histoire, la moral', la voisi: A jeune femme, il faut jeune mari !" <ref>Modèle:Lien web.</ref>
Le poison est aussi mentionné dans la chanson Le Pudding à l'arsenic du film Astérix et Cléopâtre.