Être et Temps

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}

Modèle:Article général Modèle:Sous-titre/Littérature Modèle:Infobox Livre Être et Temps (en Modèle:Lang-de) est une œuvre du philosophe allemand Martin Heidegger publiée en 1927 dans les Annales de philosophie et de recherche phénoménologique éditées par Edmund Husserl<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Bien qu'écrit rapidement, et jamais terminé, ce livre, eu égard aux ambitions de son introduction, est un des livres marquants de la pensée du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle (Modèle:Citation selon Emmanuel Martineau<ref>Modèle:Harvsp</ref> et Emmanuel Levinas<ref group="N">Levinas, interrogé sur Heidegger et cité par Agata Zielinski : Modèle:Citation-Modèle:Harvsp lire en ligne}</ref>). Il est aussi l'ouvrage le plus connu de ce philosophe dont l'œuvre comportera environ 110 ouvrages dans l'édition complète de l'œuvre de Martin Heidegger.

Son influence s'est exercée dans des domaines très différents, qui débordent très largement le champ proprement philosophique : ainsi, avec l'existentialisme, la littérature et la sensibilité furent bouleversées, les sciences humaines, la psychiatrie, la théologie elle-même furent ébranlées ; l'herméneutique, la logique, le langage, l'histoire, la critique littéraire renouvelées et enfin la phénoménologie contrainte de revenir à son possible<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Fichier:Heidegger 4 (1960) cropped.jpg
Heidegger en 1960.

Problématique d'ensemble

Sommaire de la section

La réception de l'ouvrage

Cet ouvrage qui fit à sa parution, selon Christian Dubois, Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp</ref> a été l'objet d'innombrables commentaires, en toutes les langues. Il est difficile d'en avoir une vue d'ensemble en raison de la multiplicité des courants de pensée divers qu'il ressaisit : la phénoménologie, le néo-kantisme, l'existence, la philosophie de la vie, l'historicisme ; révolutionnaire par les pistes nouvelles qu'il ouvre et aussi l'influence qu'il a eue sur toute la pensée philosophique ultérieure du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, y compris chez ceux qui la rejettent, l'article présent renverra souvent à d'autres articles plus détaillés et au développement des grands concepts qu'il aborde, sans pour autant prétendre à présenter un panorama complet.

Les lecteurs francophones disposent de deux traductions à la suite de celles partielles de Rudolf Boehm et d'Alphonse De Waelhens en 1964 : celle de Emmanuel Martineau, accessible en ligne<ref>Modèle:Harvsp</ref> et celle de François Vezin<ref>Modèle:Harvsp</ref>, complète et enrichie de notes du traducteur. Ces traductions ont dû faire face à d'innombrables difficultés, tant devant la nouveauté des thèmes étudiés que devant l'inventivité conceptuelle et sémantique de l'auteur<ref group="N">Pour les lecteurs qui se lanceraient dans une lecture du texte original en allemand, il y a enfin d'ouvrage de la traduction Emmanuel Martineau, un glossaire très utile des termes techniques de la langue heideggérienne-Modèle:Harvsp</ref>.

Deux références majeures, correspondant à deux ouvrages récents, seront le plus souvent appelées pour la rédaction de cet article, à savoir les commentaires de Jean Greisch<ref>Modèle:Harvsp</ref> et de Marlène Zarader<ref>Modèle:Harvsp</ref>,<ref group="N">À noter que le livre de Marlène Zarader, contrairement à celui de Jean Greisch, est un commentaire qui ne concerne que la première section de Être et Temps, comprenant les paragraphes 1 à 44 c'est-à-dire l'analyse préparatoire du Modèle:Lang</ref>. On notera que ces deux interprètes procèdent à une lecture continue des paragraphes de cet ouvrage, plan qu'il n'est pas possible de suivre ici et auquel il a été substitué une architecture thématique.

Genèse

Modèle:Article connexe

Contexte

La rédaction d'Être et Temps s'étend de 1923 à 1926. Lorsque Heidegger arrive à Marbourg en qualité de professeur extraordinaire il n'a rien publié, depuis sa thèse d'habilitation sur Duns Scot en 1916. Pressenti pour postuler à une chaire qui venait de se libérer en 1925, il est conduit à livrer au public le manuscrit sur lequel il travaillait depuis 1922. La nouveauté qu'a pu représenter la publication de ce livre cache Modèle:Citation, écrit Servanne Jollivet<ref name="Jollivet2009p15">Modèle:Harvsp</ref>. Rien n'aurait pu se faire sans un constant débat avec ses contemporains et prédécesseurs<ref name="Jollivet2009p15"/>. Dès ses premiers cours de Fribourg il entreprend des recherches dans un domaine qu'il ne cessera d'approfondir jusqu'à sa nomination à Marbourg. Il s'agit de promouvoir la vieille idée phénoménologique reprise et aiguisée par Husserl, au détriment de la Théorie en prenant appui Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Servanne Jollivet dans son sommaire<ref>Modèle:Harvsp</ref>, présente Être et Temps comme l'aboutissement d'une recherche en vue d'un enracinement vital de la philosophie comme science originaire. Les années 1912-1921 ont été consacrées par Heidegger à des travaux sur la « logique », au renouvellement des « catégories d'Aristote », et à des recherches sur la « phénoménologie de la vie » étayée par ses travaux sur l'expérience de la vie religieuse à travers le primo christianisme qu'il mena en collaboration avec son collègue à Marbourg le théologien protestant Rudolf Bultmann. Il n'est pas douteux comme le note Hans-Georg Gadamer<ref>Modèle:Harvsp</ref> que cette œuvre, qui fit date, est née Modèle:Citation.De 1921 à 1923 le thème de la « facticité » mettant en exergue l'expérience de la « vie facticielle » et l'ouverture du Soi va conduire à l'émergence du concept de Modèle:Lang. Entre le projet initial de 1922 et la publication de 1927 l'accent s'est entièrement déplacé, la recherche du fondement en vue d'une science originaire cède la première place à l'élaboration de la « question de l'être » comme l'annonce Heidegger dès la première page de son ouvrage<ref>Modèle:Harvsp</ref>,<ref group="N">Comme le fait remarquer le philosophe John Sallis, Être et temps commence au milieu d'un dialogue platonicien, les premiers mots sont ceux de l'étranger d'Élée, qui montre que ceux qui parlent de l'étant ne sont pas capables de dire ce qu'ils entendent par être-Modèle:Harvsp</ref>.

Les sources de Être et Temps

Modèle:Article détaillé

Trois influences majeures menèrent Heidegger à Être et Temps :

On retiendra, tout d'abord, « la pensée aristotélicienne », dans laquelle insiste Franco Volpi<ref>Modèle:Harvsp</ref>, Heidegger découvre avec la Métaphysique, la question du « sens de l'être » mais aussi celle de l'âme et du comportement humain, dans le traité De l'âme et l’Éthique à Nicomaque. C'est aussi, le commentaire de Franz Brentano, De la signification multiple de l'étant chez Aristote (1862) qu'il lit dès 1907, qui aurait donné le coup d'envoi à son questionnement sur le Modèle:Citation. Dans les années 1920, il consacre quelques cours à l'interprétation phénoménologique des textes d'Aristote.

Ensuite, « la phénoménologie husserlienne ». Heidegger lit les Recherches logiques dès 1909. Automne 1916, il devient l'assistant de Husserl à Fribourg et anime des séminaires d'introduction aux Recherches logiques. En 1925, dans son cours sur Les Prolégomènes à l'histoire du concept de temps, il rend une nouvelle fois hommage à la percée que constitue, à ses yeux, les Recherches logiques de 1901 et ses trois découvertes fondamentales (l'« intentionnalité », le sens phénoménologique de l'« a priori » et l'« intuition catégoriale »)<ref>Modèle:Harvsp.</ref> mais prend ses distances à l'égard du tournant transcendantal de la phénoménologie husserlienne des Idées directrices (1913). Modèle:Lang est dédié à Edmund Husserl, Modèle:Citation. Heidegger lui succède à Fribourg en 1929.

Enfin, « la source théologique ». Modèle:Citation, écrit Heidegger dans son Modèle:Citation (in Acheminement vers la parole)<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Les préalables théoriques

Jean Greisch, dans une longue introduction de 66 pages de son livre, nous offre un large panorama sur l'itinéraire de pensée et l'acquis théorique du jeune professeur à l'orée de son travail sur Être et Temps, qui recouvre, avec la césure de 1923, les années d'enseignement de 1919 à 1928, ce qu'il appelle Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Cette introduction de Jean Greisch, constituerait, selon Marlène Zarader<ref>Modèle:Harvsp</ref> la présentation la plus complète de la genèse de Être et Temps, et de toutes les avancées et recherches antérieures que la rédaction de cet ouvrage fondateur implique. Jean Greisch parle à propos d'Être et Temps, d'un chantier de travail inauguré en 1919. La publication récente des enseignements donnés à Fribourg puis à Marbourg de 1919 à 1928 (voir biographie Heidegger) permet d'en préciser la genèse. Pour un résumé historique de la marche et des étapes vers Être et Temps, voir aussi la contribution de Christoph Jamme<ref name="Jamme1996">Modèle:Harvsp</ref>.

Jean Greisch<ref>Modèle:Harvsp</ref> va appeler la période 1919-1923,Modèle:Citation, dans laquelle sont produits des textes d'une importance décisive pour l'interprétation d'Être et Temps, période qu'il découpe selon cinq moments essentiels ; moment de rupture avec le néo-kantisme et notamment avec l'idée que la philosophie puisse espérer raffermir ses bases par l'apport des sciences empiriques ; celle de la rupture avec l'idée néo-kantienne, que toute grande philosophie doive nécessairement s'achever dans une « vision du monde », une « Weltanschauung » ; celle où la phénoménologie devient chez Heidegger synonyme d'interprétation et de comprendre, c'est-à-dire une véritable « herméneutique » ; où la vie vécue, celle qu'il appelle la « vie facticielle » telle qu'elle se comprend elle-même, dans son auto-suffisance et menée par le « Souci » devient la source de tout sens ; celle enfin de l'herméneutique de la facticité où le sens d'être devient un mode du je suis un mode d'être du Modèle:Lang.

Plan du Traité

Comme le souligne Alain Boutot<ref name="Boutot-1989-25">Modèle:Harvsp</ref> Modèle:Citation. Heidegger se propose de conduire cette élaboration en deux parties, écrit Philippe Arjakovsky<ref name="Dictionnaire p448">Modèle:Harvsp</ref> :

La première partie devait se scinder en trois sections comprenant : une analyse fondamentale préparatoire du Modèle:Lang ; une section consacrée au Modèle:Lang et à la temporalité qui mettra en évidence le sens temporel de son être ; une troisième section qui devait faire ressortir le sens temporel de l'être qui fut écrite et n'a jamais été publiée<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Notons que si la deuxième partie du traité qui devait se consacrer à la « Désobstruction/Déconstruction » de l'histoire de l'ontologie à travers quelques étapes décisives, n'a jamais été rédigée, c'est selon Philippe Arjakovsky<ref name="Dictionnaire p448"/> parce qu'elle Modèle:Citation.

Prise de contact

Fichier:Edmund Husserl 1900.jpg
Edmund Husserl en 1900.

Tel que publié en 1927, en vue de l'obtention d'une chaire professorale à Marbourg, Être et Temps, dédicacé à son professeur Edmund Husserl porte sur la page de titre la mention « Première partie », comme en attente d'un achèvement par une deuxième partie qui ne viendra jamais, sinon plus tard dans des travaux dispersés<ref name="Dictionnaire446">Modèle:Harvsp.</ref>. On a vu que, deux sections seulement de cette première partie furent publiées. Il faudra attendre 1962, et la conférence intitulée « Temps et Être », pour connaître le titre et le résumé de ce qui aurait pu correspondre à la troisième section de cette première partie ; quant à la deuxième partie de l'œuvre, il n'en fut plus jamais question<ref name="Dubois17">Modèle:Harvsp</ref>.

Ce livre complexe qui reste tout entier tendu par une unique question, ou plutôt la recherche du « sol » qui permette de la poser à savoir : « la question du sens de l'être »<ref>Modèle:Harvsp</ref>, s'inscrit dans le courant phénoménologique initié par son maître Edmund Husserl<ref group="N">Philippe Arjakovsky ira jusqu'à dire queModèle:CitationModèle:Harvsp</ref>.

Comme le titre le suggère, le thème central de l'ouvrage repose sur le lien supposé qu'entretiennent l'être et le temps<ref group="N">Il faut bien voir ce qu'a de révolutionnaire ce lien recherché entre l'Être et le Temps, qui implique que toute ontologie se meut dans l'horizon du temps alors même que l'ontologie classique les oppose fermement notamment dans la classique opposition, « être et le devenir »- Françoise Dastur Heidegger et la question du tempsModèle:Harvsp</ref> ; thème nouveau pour la pensée philosophique, cette problématique traverse déjà, comme le signale Jean Greisch<ref name="Greisch1994">Modèle:Harvsp</ref>, tous les premiers cours du jeune Heidegger, délivrés à Marbourg de 1923 à 1928. Sur ce rapprochement inédit, entre « être » et « temps », Françoise Dastur renchérit : Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp</ref>. La « temporalité » va être mise au centre de la réflexion sur l'être en lieu et place du « logos »<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Avec cette œuvre, une floraison de concepts nouveaux a fait irruption sur la scène philosophique, tels que : Modèle:Lang avec son correspondant français « être-là », Être-au-monde, Être-pour-la-mort, Être-en-faute, Être-avec ; d'autres plus traditionnels, ont pris une tournure inédite tels que : Phénoménologie, Vie, Temps, Monde, Vérité, Histoire, Liberté. De tous ces concepts, c'est celui de Modèle:Lang, dont on note l'apparition pour la première fois au paragraphe 9 de Être et Temps (SZ Modèle:P.), qui a le plus marqué les esprits et renouvelé dans l'histoire de la philosophie du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, l'approche du « sujet » ; approche qui était demeurée à peu près inchangée depuis Descartes, et qui sur la base de la distinction entre le sujet et l'objet, fonde tous les débats de la métaphysique ; débats stériles, selon Heidegger, qui ont conduit, la philosophie à devenir une annexe des sciences positives et à s'enfermer dans des problématiques insolubles concernant l'étant, comme celle de la théorie de la connaissance<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Il s'agissait donc pour la philosophie, à travers Heidegger, de s'assurer d'un objet qui lui soit propre, à savoir : l’« être » de l'étant. Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

La question fondamentale

Être et Temps commence littéralement, dans sa préface, par l'allusion à un passage du Sophiste de Platon. En rappelant dès l'introduction la question de l'« étranger d'Élée », sur le sens de l'étant, dans ce dialogue de Platon, interrogation bien oubliée depuis, Heidegger tente de réveiller la perplexité qui devrait être la nôtre quant au sens du mot « être »<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Ce thème de l’« oubli de l'être », Modèle:Lang<ref group="N">Comme le souligne Marlène Zarader ce thème de l'oubli se verra remplacé très rapidement après Être et Temps par celui du retrait de l'être</ref> va s'avérer absolument directeur pour toute la pensée du philosophe<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

François Vezin <ref name="Dicop1279">Modèle:Harvsp</ref>, ajoute que l'on doit aussi ce livre à l'étonnement qu'aurait ressenti Heidegger devant Modèle:Citation, car « être » signifierait Modèle:Citation dans lequel il y a manifestement, le temps. Être veut dire, être présent.

Alors que le thème central de l'œuvre est le rapprochement de l'être et du temps, tout le traité, remarque Alain Boutot<ref name="Boutot p22">Modèle:Harvsp</ref> est porté par la question fondamentale du « sens de l'être ». Philippe Arjakovsky<ref name="Dictionnaire446"/> note que cette Modèle:Citation

Les raisons de l'oubli
Tableau des principaux concepts de Être et Temps, avec indication de la traduction de F. Vezin (Gallimard), du terme original allemand et, le cas échéant, de la traduction de Emmanuel Martineau
Articulation des principaux concepts de Être et Temps

Heidegger avance dès le début (Modèle:§) la thèse selon laquelle la « question de l'être » aurait été oubliée par toute la tradition philosophique. Déjà pour Aristote, remarque Heidegger<ref name="Greisch1994p75">Modèle:Harvsp</ref>, après avoir assimilé l'« être » à la substance et à ses diverses catégories, cette question du sens de « être » avait, historiquement, en tant que telle, rapidement cessé de se poser , pour céder la place au questionnement Modèle:Citation. L'attitude de désintérêt, vis-à-vis de la question de l'être (au sens verbal), sera poursuivie par la Scolastique au Moyen Âge et par la suite par toute la philosophie occidentale. L'« être » est, depuis lors, perçu comme un concept « indéfinissable », dont tout un chacun possède une compréhension moyenne ou vague<ref group="N">Comme le note Modèle:Lien ce que montre l’indéfinissabilité de l’« être », c'est qu'il ne peut être conçu comme un étant et non pas que son sens ne soit pas un problème Modèle:Harvsp.</ref>. Ce dont la question a eu le plus à souffrir c'est de l'apparente « évidence » du concept<ref>Modèle:Harvsp</ref>. En tant qu'« universel », « évident » il ne mériterait, en lui-même, aucune attention particulière (un mot, une vapeur ira jusqu'à dire Nietzsche), par laquelle on justifie son oubli<ref>Modèle:Harvsp</ref>. L'une des conséquences majeures de cet « oubli », remarque Christian Dubois, c'est l'absence de remise en cause et l'acceptation par toute la tradition philosophique Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Modèle:Citation note de son côté Alain Boutot<ref name="Boutot p22" />.

Heidegger souhaite, depuis sa lecture de la dissertation de Franz Brentano<ref>Modèle:Harvsp</ref>,intitulée « De la signification multiple de l'étant chez Aristote », réveiller cette question et retrouver le sens unitaire des différentes acceptions du mot « être » qui lui permettra de réaliser son ambition du moment : bâtir une ontologie générale<ref name="Maurice Corvez1961p2">Modèle:Harvsp</ref>.

La structure formelle de la question

Il s'agit donc de passer d'une compréhension moyenne ou vague de l'« être », allant de soi, que tout homme possède naturellement, à une approche philosophique plus précise<ref group="N">Jean-François Courtine fait la remarque suivante Modèle:Citation-Modèle:Harvsp</ref>. Heidegger remarque que les fonctions de « visée », de « compréhension », de « choix », et de « conceptualisation » mises en œuvre ne sont rien d'autre que des « modes d'être » d'un étant déterminé, à savoir, nous-mêmes. Cela découle de la nature même de cette question dont Heidegger analyse (Modèle:§) la structure formelle

Comme dans toute question on peut discerner trois moments à ce qui est demandé : Modèle:Lang, c'est-à-dire ce sur quoi porte la recherche, en l'occurrence le « sens de l'être ». Secundo, ce qui est questionné, le domaine qu'on interroge : Modèle:Lang (dans cette question, l'être). Tertio, l'interrogé : Modèle:Lang (l'étant à qui il faut poser la question)<ref>Modèle:Harvsp</ref>. La détermination de cet interrogé qui doit servir de fil conducteur à la question de l'être doit être formulée avec précision. Modèle:Citation<ref name="Boutot1989p23" />. Il s'agira donc pour comprendre l'être de comprendre en tout premier lieu l'être de celui qui se pose la question, d'où la nécessité d'entreprendre une analytique de cet être qu'il dénommera Modèle:Lang.

L'analytique du Dasein ou analytique existentiale

Modèle:Article détaillé Cet être dénommé Dasein, que nous sommes nous-mêmes, dont la caractéristique fondamentale est d'avoir une compréhension naturelle pré-philosophique de l’« être », possède un « mode d'être » original qui le distingue de tous les autres « étants » : Modèle:Citation nous dit Alain Boutot<ref name="Boutot24">Modèle:Harvsp</ref>, autrement dit son être, à lui, ne lui est pas indifférent.

En gros, ce que l'analytique « existentiale » va étudier, ce n'est pas Modèle:Citation (des choix concrets), mais la structure de base de l'existence de tout Modèle:Lang pour en faire apparaître ses modes essentiels, modes que Heidegger va appeler des « existentiaux » pour les distinguer des traditionnelles catégories (quantité, qualité) qui elles s'appliquent de plein droit aux « choses ». L'analytique existentiale, Modèle:Citation va fournir le fil conducteur pour l'élaboration de la question de l’être<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Le déploiement de la question de l'être

Comment dévoiler le phénomène « être » et l'atteindre à travers l'étant ?

Modèle:Article détaillé Tous les étants sont et sont quelque chose sans doute, mais un seul a la parole, l'homme. De plus, de ce que le verbe « être » est devenu si banal, au point de ne plus apparaître comme question, Heidegger en déduit que l'homme en existant, et en ayant commerce avec les « étants », en a nécessairement une pré-compréhension spontanée et naturelle. Il faut donc partir de l'« existence » concrète et de son interprétation pour trouver l'« être », ce qui suppose non plus une simple phénoménologie, mais une herméneutique, autrement dit, une auto-interprétation de l'existant par lui-même. C'est la tournure que Heidegger a fait prendre précédemment à la phénoménologie husserlienne<ref name="Greisch1994p25">Modèle:Harvsp</ref> qui deviendra, avec lui, essentiellement une « phénoménologie herméneutique ». Il dénomme Modèle:Lang cet homme, ce pur concept, dont l'« être » consiste, par construction, contrairement aux autres étants, à en avoir une entente (une pré-compréhension d'être) dans son double sens nominatif et verbal, et qu'au long du livre, il va questionner à travers l'« analytique existentiale »<ref group="N">L'entrée du concept de Modèle:Lang à l'orée d’Être et Temps n'implique pas sa définition immédiate, car tout Être et Temps, est nécessaire précisément à cette analyse remarque Christian Dubois-Modèle:Harvsp.</ref>.

Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp</ref>

Comment lier l'existant au Monde ?

L'homme considéré sous l'angle du Modèle:Lang, est celui qui a une pré-compréhension naturelle de l'être et donc du fait qu'un étant, Modèle:Citation. Cette compréhension ouvre au Modèle:Lang un « monde » de significativités que Heidegger distribue en trois catégories : le « monde ambiant » (Modèle:Lang), le « monde du Soi » (Modèle:Lang), le « monde commun » (Modèle:Lang). À chaque fois, doit être mis en évidence les modes de liaison, qui sont des comportements ou des affects, entre le « Soi » et ces « mondes » divers. Sauf à rester dans le dualisme métaphysique traditionnel, du face à face entre le sujet et l'objet avec, comme conséquence, la perpétuation des apories qui impactent toutes les théories de la connaissance, il restait à envisager l'hypothèse d'un Monde (voir Monde (philosophie)) comme mode d'être fondamental de l'existant (ce qu'il va appeler un existential). Hypothèse qui va s'avérer très riche et qui donnera naissance au concept d'« être-au-monde » et fera l'objet dans la suite de son œuvre des plus grands développements comme le souligne Marlène Zarader<ref>Modèle:Harvsp</ref>. L’« être-au-monde », désigne selon Alain Boutot<ref name="Bouthot 98 p27">Modèle:Harvsp</ref> un phénomène unitaire qui comporte une pluralité de moments indissolublement liés : le monde, l'étant qui est dans le monde et « l'être-dans » qui seront étudiés successivement.

Comment lier être et temporalité ?

Dès le (Modèle:§), Heidegger avance la thèse à démontrer, que le Modèle:Lang comprend l'être dans l'horizon du temps, sur le fondement de sa propre temporalité, ainsi que le résume Christian Dubois<ref name="Dubois2000p28">Modèle:Harvsp</ref>. Cette prise en vue aurait dû être développée et amplifiée dans la deuxième partie de son ouvrage en tant qu'interprétation temporale de l'être ; partie qui ne verra jamais le jour pas plus que la troisième section de la première partie.

Une question préalable de méthode

Aborder phénoménologiquement ces questions pose enfin, une question préalable de méthode.

Il ne peut être question d'utiliser les méthodes et les conclusions des sciences de la nature ou des sciences humaines (anthropologie, biologie, psychologie, sociologie), historiques ou politiques car toutes ont pour fondement une conception de l'être de l'homme qui ferme le chemin d'accès à ce Modèle:Lang ; ces sciences, qui n'ont qu'un domaine d'étude sont fondées pour Heidegger sur autant d'« ontologies régionales » distinctes<ref name="Greisch1994p83">Modèle:Harvsp</ref>, alors qu'il entreprend de construire une « ontologie fondamentale » dans laquelle toutes les « ontologies régionales » devront trouver leur place et être fondées, comme le souligne Jean Greisch<ref group="N">Modèle:Citation. Modèle:Harvsp</ref>.

Impossible aussi de lui appliquer de l'extérieur et comme en surplomb des catégories logiques abstraitement déduites d'une idée préconçue de la nature humaine, créature, conscience, esprit, raison, etc. C'est l'idée même d'une nature humaine que va d'ailleurs contester Heidegger.

Dans la « compréhension » de l’être de l'homme, de ce Modèle:Lang, qui, par définition, est parmi les étants celui-là seul qui comprend l'être ; dans cette « compréhension » est donc impliquée quelque chose comme la « compréhension » d'un « Monde  », mais aussi la compréhension de l'être des étants qui ne sont justement pas des Modèle:Lang.

Les théories de la connaissance traditionnelles deviennent sans objet du fait même de la structure du Modèle:Lang, compris lui-même d'entrée de jeu comme indissolublement « être-au-monde ».

À la suite de Husserl, Heidegger en écartant les concepts méthodologiques traditionnels, entend enfin se situer en amont des sciences positives pour donner une interprétation cohérente et transparente du domaine qui les concerne. Ainsi de l'objet historique qui n'est pas directement un objet du passé devra préalablement être interprété dans son « historicité » (voir Heidegger et la question de l'histoire). Cette démarche qui concernera l'ensemble des sciences positives, histoire, psychologie, anthropologie, théologie, prendra toute sa signification dans la seconde partie de l'ouvrage<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Jean Greisch<ref>Modèle:Harvsp</ref> note que la percée phénoménologique que présuppose la rédaction de cette œuvre n'a été rendue possible que par les avancées majeures que représentent les Recherches logiques de Edmund Husserl sur les trois notions capitales à savoir : l'« intentionnalité », l'« intuition catégoriale » et l’« a priori ».

La visée d’Être et Temps

Sommaire de la section

Après une Introduction consacrée à exposer la structure formelle de la question, l'œuvre concrète s'ordonne autour de deux sections, alors que selon le projet initial, cette première partie livrée, aurait dû en comporter trois, dont la dernière qui a été retenue, aurait pu s'intituler, renversant le titre du livre « Être et Temps » en « Temps et Être»<ref group="N">Le cours intitulé Les problèmes fondamentaux de la phénoménologie comme le souligne son traducteur Jean-François Courtine dans l'avertissement introductif se présentent comme une nouvelle élaboration de cette troisième section qui n'a jamais été publiée Martin Heidegger Gallimard 1989</ref>,<ref group="N">« Temps et Être», c'est le titre attribué à une conférence de 1962 publiée dans Question IV Tel Gallimard</ref>. Les deux premières comprennent en section I, l'analyse préparatoire du Modèle:Lang et dans la section II l'exposé du rapport entre le Modèle:Lang et la temporalité en vue de son interprétation dans l'horizon du Temps.

Dans les tout premiers paragraphes sont exposés la nécessité de reprendre la question de l'être, comprise comme question du sens unitaire de « être », la voie que le chercheur entend suivre, s'appuiera sur la Modèle:Citation du Modèle:Lang, qu'il s'agit de comprendre en son être<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

De cette œuvre amputée qui reste extrêmement complexe<ref group="N">« Livre fourmillant, pluriforme, Être et Temps est pourtant tendu par une unique question, ou mieux, par l'essai de trouver un sol qui permette de la poser » Modèle:Harvsp.</ref>, il est impossible de présenter un résumé, on ne peut qu'en dessiner le projet, en examiner les conditions préalables et en détailler les thèmes et concepts importants qui sont mis en route.

Le projet

Dès l'Introduction, Heidegger expose le programme qu'il compte aborder :

D'abord réveiller une question oubliée

L'être est considéré traditionnellement comme le concept le plus général, à la fois le plus vide et le plus évident pour tous, il serait inutile de s'interroger à son propos. En effet dans les années 1920 Modèle:Citation<ref name="Dastur32">Modèle:Harvsp</ref>. Néanmoins cette question du « sens de l'être », négligée jusqu'ici, posséderait, selon Heidegger, une « primauté ontologique et ontique » qu'il souligne dès les premiers paragraphes (Modèle:§) et (Modèle:§).

Élaborer concrètement cette question

C'est grâce à l'approche phénoménologique décrite in extenso dans l'Introduction, que Heidegger pense (Modèle:§), pouvoir exposer dans sa structure complexe la question du « sens de l'être ». Modèle:Citation écrit Alain Boutot<ref name="Boutot1989p23">Modèle:Harvsp</ref>. Il va d'abord distinguer trois moments, dans cette question, le « questionné », Modèle:Lang, ce qui est recherché, c'est-à-dire l'horizon dans lequel la question doit s'inscrire ou la pré-compréhension, Modèle:Lang, le « demandé », c'est-à-dire, le résultat, et enfin, troisième moment, Modèle:Lang, celui qui visé peut répondre, « le témoin », en l'occurrence l’« être-là » ou Modèle:Lang<ref>Modèle:Harvsp</ref>,<ref>Modèle:Harvsp</ref>, méthode que l'on ne peut que résumer :

Quant à savoir sur quel étant lire la question, Heidegger interroge le Modèle:Lang, l'étant insigne qui pose la question et qui s'expose dans ses modes d'être, c'est-à-dire l'homme que nous sommes, ce sera l'objet de l’« analytique existentiale » qui réalisant ce programme, dévoilera la primauté phénoménologique du comportement ordinaire du Modèle:Lang en situation de quotidienneté sur toutes les spéculations théoriques<ref name="Boutot-1989-25" />. Pour Heidegger, la connaissance théorique représente toujours, un mode de connaissance en retrait, dérivé et moins fondé que l'engagement pratique auprès du monde.

Tout cela n'est possible que parce que nous avons une pré-compréhension, même vague, de l'être. Christian Dubois<ref>Modèle:Harvsp</ref>, parle d'une Modèle:Citation. En effet, si nous ne savions absolument rien du sens de l'être nous ne pourrions même pas nous interroger ; nous en avons donc toujours une pré-compréhension naturelle. Toutefois, l'être au « sens verbal », concerne tous les étants, et de ce fait l'être qui questionne, l'homme, est aussi inclus et présupposé dans la question, il semble qu'on ne peut rien avancer de l'extérieur quant à son sens sans risquer de tomber dans un cercle vicieux<ref group="N">Alexander Schnell note que cette circularité n'est pas chez Heidegger vicieuse car au sens où dans le chemin parcouru, le point d'arrivée n'est pas identique au point de départ</ref> ; le seul recours consiste à demander à celui qui questionne, que l'on va appeler Modèle:Lang et qui « entend » - comprend - l'être par définition, de s'auto-interpréter lui-même, dans son être<ref name="Boutot1989p23"/>,<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

La « question de l'être » porte sur l'être en tant qu'il permet de comprendre l'étant. Comme l'être est l'être de l'étant c'est l'étant qui va être interrogé. En conséquence nous pouvons théoriquement interroger n'importe quel étant dans son être, en fait nous ne pouvons questionner que l'étant qui a une certaine compréhension spontanée de l'être, et qui de plus, peut s'auto-interpréter. Mais, ajoute Alain Boutot<ref name="Boutot24"/>, il faut aller plus loin, il ne s'agit pas d'un être qui aurait en outre la compréhension de l’être en général, Modèle:Citation, mais d'un étant Modèle:Citation. En définitive, cette compréhension naturelle est pour le Modèle:Lang une Modèle:Citation à travers laquelle, ajoute Heidegger, dans une formule ramassée et répétée à plusieurs passages Modèle:Citation<ref name="Boutot24"/>.

Cette « auto-interprétation » qui vise pour le Modèle:Lang à expliciter tout mouvement de la vie en liaison avec le sens général qu'il donne à sa propre existence relève de « l'herméneutique », discipline à laquelle Heidegger s'est précisément intéressé dans ses recherches sur la « vie facticielle », dans la période qui précède la publication de Être et Temps , (voir Heidegger avant Être et Temps).

Le but poursuivi

La recherche du « sens de l'être », c'est la recherche de ce qui en fait l'unité en présupposant qu'il y en ait, une. Cette recherche du sens de l'être en général passe par l'« entente » de l'être du Modèle:Lang comme tel, dont le privilège est justement, par définition principielle, de comprendre, et lui seul le peut, l'« être » en général. Ce que veut démontrer l'« analytique existentiale » du Modèle:Lang, c'est que ce dernier comprend l'être Modèle:Citation Modèle:Lang<ref name="Dubois2000p28"/>. Avec la seconde section, Heidegger tente de mettre en évidence le sens de son être comme temporalité confirme Alain Boutot<ref name="Boutot-1989-25"/>.

La raison de cette recherche

Dans ses premières intentions, il s'agit pour Heidegger de construire une « Ontologie fondamentale ». Alain Boutot<ref name="Boutot-1989-25" /> écrit Modèle:Citation. Une « ontologie fondamentale » assise sur l'analytique existentiale du Modèle:Lang est un chemin vers la question de l'être, se construisant comme exploration de l'être de cet étant particulier note Christian Dubois<ref name="Dubois2000p28" />, avec en ligne de mire l'interprétation du temps comme horizon de l'entente de l'être.

Le Modèle:Lang comprend naturellement l'être (au moins le sien), dans l'horizon du temps (voir Heidegger et la question du temps et la « Temporalité » du Dasein)<ref name="Greisch1994p93">Modèle:Harvsp</ref>. À partir de cette affirmation, il s'agit d'« établir une connexion forte entre la « question du sens de l'être » d'une part, et le temps comme « horizon de compréhension » de l'être d'autre part »<ref name="Greisch1994p73">Modèle:Harvsp</ref>.

En retour l'être sera compris à partir du temps

Que l’« être » soit compris dans l'horizon du temps, signifie qu'il sera rendu visible, dans toutes ses acceptions<ref group="N">voir Franz Brentano Aristote. Les diverses acceptions de l'être, 1862, éd. Vrin, « Bibliothèque des Textes Philosophiques », 2000</ref>, en son caractère « temporal », ainsi de la perception qui se réfère au « maintenant » et du « pouvoir-être » ou « possible » qui se réfèrent au futur. Heidegger déclare expressément Modèle:Citation Être et Temps (SZ Modèle:P.), sauf qu'il ne s'agit pas du temps ordinaire mais d'un temps originel qui va être celui de la temporalité propre du Modèle:Lang<ref name="Dastur32" />.

Comme on ne peut dévoiler le temps spécifique comme ce qui constitue l'« être de l'étant » qui n'est pas le Modèle:Lang qu'à partir de la temporalité comme sens de l’être du Modèle:Lang, c'est cette « temporalité du Dasein » qu'il faudra en tout premier lieu mettre à jour<ref name="Dastur p33">Modèle:Harvsp</ref>. Pour atteindre la temporalité propre du Modèle:Lang, il s'avèrera nécessaire de dépasser le concept habituel chronologique du temps au profit d'un temps plus originaire<ref name="Greisch1994p92">Modèle:Harvsp</ref>.

Les conditions préalables

Modèle:Article détaillé La démarche de Heidegger implique :

La destruction de l'histoire de l'ontologie

Modèle:Article détaillé À travers le concept de « Déconstruction », déconstruction de la tradition, Heidegger entreprend au (Modèle:§) de réveiller la question du « sens de l'être », en démontrant d'abord son «oubli » chez tous ses prédécesseurs, puis en procédant à une critique méthodique de la tradition notamment des trois étapes décisives que sont, comme résume Alain Boutot<ref>Modèle:Harvsp</ref>, le « schématisme kantien », le « cogito sum » cartésien et la métaphysique aristotélicienne.

Avec la « Déconstruction », il va s'agir pour Heidegger, écrit Marlène Zarader<ref>Modèle:Harvsp</ref>, de Modèle:Citation, même à l'insu de leur auteur.

Cette intervention dans l'histoire, note Marlène Zarader<ref name="Zarader 72" />, va donner l'occasion à Heidegger dans le même paragraphe (Modèle:§) d'introduire une distinction entre histoire événementielle Modèle:Lang et histoire essentielle, cachée, qui sera celle de l'« être », la Modèle:Lang<ref group="N">Jean Greisch note Modèle:Citation, ou Modèle:Lang -Modèle:Harvsp</ref>, ainsi que le nouveau concept d'« historialité » la Modèle:Lang, qui va signifier que l'insertion du Modèle:Lang dans une histoire collective le définit dans son être même .

L'adieu à la métaphysique

Modèle:Article détaillé Au moment de la rédaction, Heidegger n'a pas encore totalement rompu avec la métaphysique (comprendre avec la tradition) et c'est à cette dépendance d'ailleurs que Heidegger attribuera plus tard l'échec relatif de Être et Temps<ref name="Boutot1989p39">Modèle:Harvsp.</ref>. L'interprétation de l'« être-là » (le Modèle:Lang) par rapport à la temporalité et l'explicitation du temps comme horizon transcendantal de la question de l'être, est, à lui seul révélateur. Avec le souci d'assurer un fondement à cette question, Heidegger aborde la « question de l'être » dans une perspective transcendantale qui relève encore de la Métaphysique et plus précisément de la métaphysique de la subjectivité, un peu à la manière de Kant<ref name="Boutot1989p39"/>.

Il s'agissait ainsi de parvenir à assurer à la «question de l'être », un fondement solide par l'exploration de « son sens unitaire » qu'Aristote, dans sa démarche, aurait raté, en concluant trop rapidement, à la polysémie incontournable de ce concept. Heidegger entreprend de cerner ce « sens unitaire », en partant de la temporalité de l'étant concerné, le Modèle:Lang que les premières études avaient mis au jour dans son exploration de la « phénoménologie de la vie » ; l'homme lui-même n'est plus défini comme une nature, une essence invariable et universelle, mais comme un « pouvoir-être ». L'existence prend le pas sur l'essence avec la célèbre formule qui donnera naissance à l'existentialisme : Modèle:Citation bloc

De l’aveu même de son auteur, cette tentative aboutit à un échec<ref>Modèle:Harvsp</ref>. De cet échec, Heidegger retire la conviction que la Métaphysique est définitivement dans l'incapacité d'atteindre sa propre vérité, à savoir la différence de l'être et de l'étant. Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

La refondation de l'ontologie et de la phénoménologie

Modèle:Article détaillé Dans les paragraphes suivants (Modèle:§ et Modèle:§), Heidegger s'emploie à clarifier les concepts de « phénomène » et de « logos » pour asseoir, contre Husserl dont il rejette l'analyse comme empreinte du préjugé substantialiste, sa propre vision de la phénoménologie.Hans-Georg Gadamer<ref name="Gadamer2002p123">Modèle:Harvsp lire en ligne</ref> note Modèle:Citation. L'essentiel de ce qui différencie Heidegger de son maître Husserl, résume Paul Ricœur, c'est que Heidegger s'intéresse non à la relation de l'homme au monde mais à la Modèle:Citation qui rend possible la rencontre de ce qu'il appelle Modèle:Citation ; en résumé au poids ontologique du Modèle:Citation de Modèle:Citation, préoccupé<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Dans une opposition frontale à Husserl, Heidegger avance (SZ Modèle:P.) que la phénoménologie a pour but de mettre en lumière ce qui justement ne se montre pas spontanément de lui-même et se trouve le plus souvent dissimulé rappelle Jean Grondin<ref>Modèle:Harvsp</ref>, d'où la nécessité d'une herméneutique comme le remarque Marlène Zarader<ref group="N">Modèle:Citation-Modèle:Harvsp</ref>.

Hans-Georg Gadamer<ref name="Gadamer2002p123"/> estime que ce qui s'exprimait ainsi dans cette opposition à Edmund Husserl c'est moins une différence de méthode descriptive Modèle:Citation.

Il puise néanmoins, chez l'Husserl des Recherches logiques, le concept « d'intentionnalité » qui est, selon Jean Greisch, Modèle:Citation<ref name="Greisch1994p48">Modèle:Harvsp</ref>, et surtout celui d' « Intuition catégoriale », sans lequel, dit cet auteur, il n'eut pas pu déployer sur de nouvelles bases, la question de l'« être ». Il n'y a que dans cette « Intuition » que l'être phénoménalement apparaît<ref name="Boutot2006p13">Alain Boutot, dans la préface de Modèle:Harvsp.</ref> sous les réserves, ajoute Heidegger, d'éviter le piège d'une subjectivité qui prendrait notamment appui sur la conscience, piège que n'aurait pas su éviter Husserl. Heidegger va s'attacher à laisser ouverte la question de l'être de l'homme et de l'être en général. C'est le « Souci » qui va apparaître comme la radicalisation et la vérité de ce que la phénoménologie conçoit par intentionnalité<ref name="Boutot2006p17">Alain Boutot, dans la préface de Modèle:Harvsp</ref>.

L'introduction de l'herméneutique dans l'ontologie fondamentale

Modèle:Article détaillé Pour Heidegger, qui consacre un long paragraphe à cette question (Modèle:§) on ne peut aborder de façon satisfaisante la question du « sens de l'être » qu'à la condition de respecter les modes de donation de l'étant selon le principe phénoménologique du « retour à la chose même ». Ce qu'exprime vigoureusement cette citation de Heidegger Être et Temps (SZ Modèle:P.) Modèle:Citation. Cette démarche est exclusive de toute autre et notamment des modes anciens de l'ontologie (science de l'être)<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Jean-François Courtine<ref>Modèle:Harvsp</ref> interprète la pensée de Heidegger ainsi : Modèle:Citation<ref group="N">Modèle:Citation</ref>.

Or ce que nous comprenons en vérité, ce n’est jamais que ce que nous éprouvons et subissons, ce dont nous pâtissons dans notre être même<ref>Modèle:Harvsp lire en ligne</ref>. Il y a donc nécessité d'une travail d'interprétation ou d'explicitation de ce qui se montre, afin de mettre en lumière ce qui ne se montre pas, de prime abord et le plus souvent, travail que Heidegger qualifie d'herméneutique écrit Marlène Zarader<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Jean Grondin<ref>Modèle:Harvsp</ref> note de son côté que pour Heidegger l'« ontologie phénoménologique »<ref group="N">Modèle:Citation-Modèle:Harvsp</ref>, trouve son fondement ou son assise (son point de départ, en tout cas) dans l'herméneutique du Modèle:Lang. Jean Grondin<ref>Modèle:Harvsp</ref> se référant à l'analyse de Jean Greisch parle, à propos de l'évolution du penseur de la phénoménologie à l'herméneutique, d'un Modèle:Citation.

La compréhension de l'être en général va ainsi passer par une compréhension de l'être de l'homme c'est-à-dire par une phénoménologie du Modèle:Lang (SZ Modèle:P.). Il en découle que la philosophie entendue comme « ontologie fondamentale » va dorénavant se construire à travers une forme d'explicitation, une Modèle:Lang ou une interprétation de l'être de l'homme par lui-même, une « phénoménologie herméneutique », d'où il s'ensuit logiquement un risque d'enfermement dans un cercle herméneutique (la compréhension de l'être supposant déjà sa pré-compréhension), qui va imposer, pour le briser, une démarche progressive et « répétitive »<ref name="Greisch1994p4-64">Modèle:Harvsp</ref>.

Le cadre général d’Être et Temps

Une nouvelle approche du phénomène de la vie

Modèle:Article détaillé Heidegger confirme dans ses premières recherches le primat de l'expérience concrète sur la théorie. Appliqué à la question de la Vie, mise au goût du jour au début Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, par la « philosophie de la vie » (voir Heidegger avant Être et Temps), ce principe débouche sur le concept de « vie facticielle», vie à la fois historique et « historiale », c'est-à-dire, se donnant exclusivement à comprendre, à travers le temps dans le concret, avec le privilège accordé au sens de l'« effectuation » Modèle:Lang<ref name="Jamme1996p225"> Modèle:Harvsp</ref>, ou sens d'accomplissement qui se mesure à la plénitude d'existence qu'elle procure<ref group="N">Le Vollzugssinn ou sens d'accomplissement apparaît comme le plus difficile à comprendre, il se trouve d'ailleurs mal explicité chez la plupart des commentateurs, Jean Greisch précise qu'il ne s'agit pas simplement de la différence du pratique par rapport au théorique. Ainsi ce n'est pas la prière en soi, la récitation de la même prière, qui nous fait comprendre, pour le chrétien ou le bouddhiste convaincu, le sens d'accomplissement, le sens d'existence qu'elle lui procure, mais la foi seule qui se surajoute à la prière et qui transforme le mode d'être du croyant</ref>. En privilégiant le sens d' « effectuation » ou d '« accomplissement », Modèle:Lang, Heidegger Modèle:Citation<ref name="Jamme1996p225"/>.

Les bases phénoménologiques concrètes

Avec Wilhelm Dilthey et le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle se développe déjà une Modèle:Citation. Reprenant la problématique, Heidegger en phénoménologue averti, s'attache dans ses cours de 1920 à exposer le « phénomène de la vie » détaché de tous les Modèle:Lang, à le saisir tel qu'il se donne. Cela suppose, de comprendre la « Vie », comme elle se comprend elle-même, comme un phénomène « UN » et «auto-suffisant»<ref name="Greisch1994p30">Modèle:Harvsp</ref>.

Il s'agit donc de refuser toute catégorisation Modèle:Lang ou typification de ses données avec lesquelles on risque de s'éloigner de la réalité concrète au profit d'une essence intemporelle<ref name="Martin Heidegger2012p10">Modèle:Harvsp</ref>. Heidegger dégage trois couches de significations concrètes qui constitueront un acquis sous-jacent permanent jusqu'à Être et Temps :

  1. La vie signifie d'abord une unité de succession et de temporalisation à travers des comportements infiniment divergents.
  2. La vie contient en elle des possibilités latentes, imprévisibles.
  3. La vie se contraint elle-même, elle est en quelque sorte un fardeau pour elle-même.

Des travaux sur la philosophie religieuse et des sources neo-testamentaires et patristiques viendront ultérieurement compléter et aiguiser ces premières analyses (voir article Phénoménologie de la vie (Heidegger)).

Toutes ces recherches antérieures sur la vie, préfigurent la problématique de la facticité, qui en privilégiant le concret contre l'attitude théorique, prendra une si grande importance dans Être et Temps<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Ce qui échappe aux analystes précédents du « phénomène de la vie » y compris Husserl et Bergson, constate Heidegger, c'est Modèle:Citation<ref name="Martin Heidegger2012p11">Modèle:Harvsp</ref>.

Heidegger verra dans cette cécité, « un exemple révélateur d'une certaine propension du Modèle:Lang à fuir son « être-là », à se fuir, pour trouver refuge dans l'objectivité (à voir préface Alain Boutot).

L'élargissement du phénomène de la vie vers le concept d'existence

Modèle:Article détaillé Cependant Modèle:Citation, car très rapidement, il abandonne cette thématique dans Être et Temps, pour l'intégrer à la problématique de l'existence, qui seule concerne le Modèle:Lang<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Il y a dans l'«être-au-monde », le Modèle:Lang, une « altérité » constitutive qui interdit de prendre la vie comme base de compréhension de l'homme à savoir : Modèle:Citation.

Ces travaux débouchent sur une « herméneutique » de la « facticité » et la mise en évidence de structures qui prépareront la future « analytique existentiale » du Modèle:Lang à savoir :

  1. La domination de la préoccupation soucieuse qui se transformera en « Souci ».
  2. Un monde de la vie qui donnera naissance au « ternaire » Modèle:Lang, Modèle:Lang, Modèle:Lang de l'analytique ainsi qu'au syntagme fondamental d'« être-au-monde » pour signifier l'étroite co-appartenance des deux termes pour former une structure unitaire indifféremment Modèle:Lang ou « être-au-monde ».
  3. Des comportements de tentation, de fuite, d'étourdissement et de regrets qui seront ontologisés (transportés dans la question de l'être), sous les concepts de déchéance, de négation, de verrouillement et de faute.
  4. Des sentiments d'ennui, d'étrangeté ou d'angoisse qui prépareront avec une nouvelle problématique sur la mort toute l'analyse du Soi et du propre, ainsi que le concept absolument essentiel dans l'analyse de la temporalité d'« être-vers-la-mort ».

Le nouveau concept d'existence

Modèle:Article détaillé Les (Modèle:§) esquissent les traits caractéristiques de ce nouveau concept d'existence qui chez Heidegger désigne la manière spécifique d'être du Modèle:Lang<ref>Modèle:Harvsp</ref> qui regroupe les différentes manières d'être recensées plus haut de cet étant. Globalement le Modèle:Lang a « à être » son être, d'où il découle, à grands traits : que le Modèle:Lang ne peut être défini qu'en étant décrit dans sa manière spécifique d'être ; que l'être de cette manière d'être est « à chaque fois à moi », c'est la notion de Modèle:Lang, ou «  mienneté » ; enfin, que pouvant se choisir, opter pour telle ou telle manière d'être, le Modèle:Lang, est chaque fois dans son être, « sa possibilité ».

Il faut distinguer entre les structures qui appartiennent à tout Modèle:Lang, et celles qui dépendent de son choix et entre deux possibilité : « authenticité » et « inauthenticité ».

Une nouvelle interprétation du Temps

Modèle:Article détaillé

Fichier:Temps réel.gif
Temps réel.

Au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Heidegger découvre une tradition philosophique où domine sans partage la conception aristotélicienne du Temps comme phénomène lié au mouvement. Quelques auteurs comme Husserl avec la phénoménologie et Bergson avec sa prédilection pour la durée et le vécu<ref name="Bergson1990">Modèle:Harvsp</ref>, commencent à ébranler l'évidence de ces certitudes sans toutefois réussir à les entamer profondément. L'aporie qui veut que le temps n'est en rien un étant et qu'il n'y a pas, au même titre que pour l'être, de lieu en surplomb qui nous permettrait de l'examiner, que nous y baignons dedans, que nous l'expérimentons dans notre propre existence, n'a pu être levée.Modèle:Citation<ref>Écouter à ce sujet : Modèle:Lien web.</ref>.

Pour Jean Greisch, il faut donc tenter de comprendre le temps à partir de lui-même, ce qu'il est pour nous, et non plus à l'aide de métaphores empruntées à l'espace. Autrement dit, il y a nécessité d'un usage de l'herméneutique ce qui implique travailler à une dissociation du temps entre celui des horloges et le nôtre, qu'Heidegger appellera « temporalité originaire » et d'où, par dérivation, serait issu le premier<ref name="Greisch1994p264">Modèle:Harvsp</ref>.

Levinas, en préface du livre de Marlène Zarader<ref name="Marlène Zarader1990">Modèle:Harvsp</ref> s'interroge : Modèle:Citation .

Heidegger relève dans ses cours de 1920 que Bergson avec Husserl, mais différemment de lui, conteste le caractère absolu du temps tel que le définit la tradition philosophique note Camille Riquier<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Le temps ne s'impose plus d'en haut, il a quelque chose à voir avec la nature humaine. À sa suite, Heidegger relègue le temps physique, celui des horloges dans un statut « dérivé » par rapport à un temps présupposé « originaire » à rechercher, mais qu'il ne situera pas, comme Bergson, dans le vécu de la conscience.

C'est enfin Bergson qui en liant les trois moments du temps, le présent, le passé et l'avenir, dans une unité « co-originaire », a mis Heidegger sur la voie de la temporalité « extatique» qui sera dans Être et Temps, l'autre nom de la temporalité originaire<ref>Modèle:Harvsp</ref>. La démarche n'en reste pas moins tout autre. La temporalité extatique du Dasein exposé au (Modèle:§) d’Être et Temps n'aurait rien à voir avec la durée pure de Bergson<ref>Voir La temporalité du Modèle:Lang dans l'article Modèle:Lang</ref>.

C'est dans Les Prolégomènes à l'histoire du concept du Temps, un cours de (1925), que se réalise l'intégration de toutes les analyses phénoménologiques disparates dans les recherches de 1919-1924 en un tout unitaire et systématique qui préludera à la rédaction définitive d’Être et Temps<ref name="Ciocan2011p232">Cristian Ciocan, dans Modèle:Harvsp</ref>.

Structure générale d’Être et Temps

Fichier:Da Vinci Vitruve Luc Viatour.jpg
L’Homme de Vitruve par Léonard de Vinci.
Sommaire de la section

Conformément au projet initial il s'agit pour Heidegger dans son cheminement, de manifester le « sens de l'être » en général, en analysant au préalable l'« exister » de l'être insigne qui comprend l'être, c'est-à-dire, l'étant que nous sommes, nous-mêmes<ref name="Boutot24" />. Pourquoi l'étant que nous sommes ? Parce que cette compréhension, ou plus précisément cette « entente » car il ne s'agit pas seulement d'une opération intellectuelle, mais d'un mode constitutif de notre être. Cette analyse préliminaire Heidegger l'appelle Modèle:Citation.

Face à la complexité de ce livre fourmillant, multiforme<ref name="Dubois17" /> nous choisirons comme axe privilégié la notion d'« existence ». Dans ce cadre, des développements particuliers correspondant à cette première section sont conduits dans les articles connexes suivants : Modèle:Article connexe

L'analyse préparatoire du Dasein

La spécificité de l'analytique existentiale

Heidegger dans le (Modèle:§) cherche à dégager l'analytique, de disciplines voisines, qui traitent aussi de l'homme et auxquelles on pourrait la rattacher, il s'agit mais non exclusivement , de l'anthropologie, de la psychologie et de la biologie. Ce paragraphe cherche à démontrer Modèle:Citation, écrit Marlène Zarader<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Jean Greisch<ref name="Greisch p117">Modèle:Harvsp</ref> parle à ce propos de Modèle:Citation. Le même reproche est adressé aux « philosophies de la vie » de Wilhelm Dilthey et Henri Bergson. Le Personnalisme de Max Scheler, qui ignore la question de l'« être-personne », ne trouve pas plus grâce à ses yeux.

Les objectifs de l'analytique existentiale

  1. Quel est l'objet de l'« analytique existentiale » ? : S'enquérir des structures qui rendent possible, Modèle:Lang, l'existence et donc le Modèle:Lang, qui se signale comme ayant un rapport insigne à l'être ; c'est cela l'« analytique existentiale » souligne Christian Dubois<ref name="ReferenceA">Modèle:Harvsp</ref>.
  2. Pourquoi une « analytique existentiale » ? : Dans Être et Temps, elle intervient comme projet d'« ontologie fondamentale », c'est-à-dire comme tentative de clarification du « sens de l'être » en général<ref name="ReferenceA"/>. Les sciences qui se partagent le domaine de l'étant en ont besoin<ref group="N">Les sciences ont besoin, même si elles ne l'expérimentent pas, d'une fondation philosophique de leur domaine qui en son essence est une fondation autre que l'auto-fondation scientifique, besoin d'un systèmes d'ontologies régionales ouvert par la philosophie Modèle:Harvsp.</ref>.
  3. L'« analytique existentiale » prétend ignorer les choix existentiels de la vie concrète, son rôle consiste à mettre en évidence la structure essentielle de l'existence, c'est-à-dire les différents modes d'être du Modèle:Lang que Heidegger va décrire sous le nom d'« existentiaux », indépendamment des choix de vie, afin de les distinguer des catégories ontologiques traditionnelles, celles d'Aristote reprises par Kant, qui ne concernent que les « étants » ordinaires, autres que le Modèle:Lang<ref name="Boutot-1989-25"/>.

Les thèmes principaux de l'analytique existentiale

Jean Greisch<ref>Modèle:Harvsp</ref> détermine d'abord sur la base des (Modèle:§) les 5 thèmes principaux de l'analytique à savoir : La Mienneté ou rapport de Soi à Soi, qui transforme la question du sens de l'être en auto-interprétation du Modèle:Lang, c'est-à-dire, un « qu'est-ce que l'être? » ou « qu'est-ce que je suis? », en un Modèle:Citation ; la différenciation entre l'existence des choses , « là-devant » ou Modèle:Lang et le phénomène tout autre de l'existence, Modèle:Lang, pour un Modèle:Lang ; le thème de l'« authenticité ou d'inauthenticité », qui qualifie le rapport de soi au « soi-même » de la mienneté en deux possibilités opposées soit comme « appartenance à soi » soit comme « perte de soi » ; le thème de la « quotidienneté » comme structure constitutive originelle et incontournable de tout « être-au-monde et enfin l'affirmation de la multiplicité des modes de l'exister humain et la mise à jour d'une série d'« existentiaux » en lieu et place des catégories traditionnelles.

Le phénomène fondamental l'« être-au-monde »

Dès le départ de l'analyse (Modèle:§), la caractéristique fondamentale de la structure de l'« être-au-monde, traduction de Modèle:Lang» est primitivement donnée dans une toute première esquisse, pour qualifier l'« exister particulier » qui va engager l'analyse ontologique du Modèle:Lang<ref name="Dubois 35">Modèle:Harvsp</ref>. Comme le note Marlène Zarader<ref>Modèle:Harvsp</ref>, le rapport à une extériorité, à une totalité, la (transcendance), est ce qui se donne, en toute priorité, lorsque l'on cherche à caractériser l'homme en son être. Toute la première section est consacrée à cette découverte qualifiée de phénoménologiquement « géniale » par Christian Dubois<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Les trois questions immédiatement générées par cette qualification d' « être-au-monde » ; qu'est-ce que le monde? qui est cet étant, et que veut-dire « être-à » ou « être-au », vont constituer la trame de la première section.

Phénomène inaperçu jusqu'ici, l'« être-au-monde » est une « relation » originaire, Modèle:Citation<ref group="N">Modèle:Citation-Modèle:Harvsp</ref>, faisant pièce à toutes les conceptions antérieures, notamment à la conception cartésienne de l'Modèle:Lang<ref name="Bouthot 98 p27"/>. Cette expression décomposée en ses trois moments -(être, monde, ainsi que le « au » de « être-au »)-va fournir le schéma d'analyse de la première section de l'ouvrage. Se rapportant au monde, le Modèle:Lang s'y déploie sur le mode de la préoccupation Modèle:Lang.

Dynamique de l'existence

Modèle:Article connexe Dans le mot « existence », qui va progressivement concentrer toute l'énigme du Modèle:Lang, surtout à partir de la deuxième section de l'ouvrage, il y a l'idée de la vie, mais aussi celle d'une mobilité (voir section : La Dynamique du Dasein), d'un « avoir-à-être »<ref group="N">,Alexander Schnell souligne en note bas de page 59 : le fait d'avoir « à être », ne signifie pas une sorte de devoir moral, car sinon on conférerait à l'« être-là » une essence qu'on lui demanderait de réaliser ; l'« à-être » exprime simplement l'idée que l'être spécifique de l'« être-là », consiste pour celui-ci, non pas à correspondre à son essence mais à se donner les possibilités d'être</ref>, ou de « faire place à être » (entendu comme exposition à l'être) qui ne concerne que le Modèle:Lang<ref name="ReferenceB"/> ; être qui est à chaque fois le « sien ». Si le Modèle:Lang perdu dans le « On » se méprend le plus souvent sur lui-même, dans l'épreuve de l'« angoisse », il lui est donné de se comprendre à partir de son existence, c'est-à-dire, Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp</ref>,<ref group="N">Cette alternative essentielle lui est adressée à travers la notion de « Modèle:Citation »(Note de François Vezin, Être et Temps Modèle:P.). Grâce à elle l'existence se trouve de manière tout à fait exceptionnelle et précise dans un rapport essentiel à sa propre compréhension. Modèle:Harvsp</ref>.

En résumé, l'approche phénoménologique sous-jacente de l'« existence » appliquée à l'homme, c'est l'idée d'un être, toujours décalé par rapport à lui-même, qui a « à être », d'un Modèle:Lang qui se rapporte à son être, à son « pouvoir être », à ses possibilités, Modèle:Citation<ref name="ReferenceB">Modèle:Harvsp</ref>. Le concept de Modèle:Lang exprime entre autres<ref group="N">l'approfondissement de la pensée du philosophe permet d'approcher la richesse surprenante de ce concept</ref>, un « décentrement » de la position métaphysique traditionnelle de l'homme. Ce Modèle:Citation, ou « avance sur soi », implique, sortie hors de soi, et donc « entente » originaire et spontanée du monde.

Une fois exposé l'impératif premier de l'existence, à savoir, l'« avoir-à-être », l'analyse va s'ordonner autour de trois autres grandes questions soulevées par l'interprétation du syntagme « être-au-monde » : l'énigme du monde, l'emprise de la quotidienneté et la délivrance du « On », à travers le dévoilement du Souci comme fondement du Modèle:Lang et l'essence phénoménologique du « comprendre »<ref name="harvsp|Dubois|2000|p=39">Modèle:Harvsp</ref>.

L'avoir à être

La « Mienneté »<ref name="Franck1986p31">Modèle:Harvsp</ref> -Modèle:Lang ou le retour sur soi au sens où son être est toujours en jeu- est le phénomène principal : le Modèle:Lang, se rapporte constamment à lui-même, comme à son « pouvoir-être », d'où le sentiment qu'il est toujours en avance sur lui-même, toujours « en-projet », ce qui soulève la possibilité de deux directions de mouvements contradictoires, ou la fuite devant le "Soi" dans l'affairement auprès du monde et la dispersion<ref name="Larivée2001p30-50">Modèle:Harvsp</ref>, ou Modèle:Lang, le retour sur son « pouvoir-être » le plus propre (caractère de ce qui est propre) ; l'« authenticité », ou la perte dans l'« inauthenticité »<ref name="Greisch1994p114">Modèle:Harvsp</ref>.

L'énigme du monde

L'idée de monde est tout à fait étrangère à celle de nature. Loin de l’idée triviale de réalité dans laquelle l'homme occuperait une place comme un arbre, tout Modèle:Lang possède au sens de l'« être-au-monde », un monde qui lui est propre, dans l'esprit de Heidegger qui puise au départ cette idée de monde dans des expressions courantes de la littérature comme le « monde de Proust » ou le « monde de la rue », « ce n'est pas ton monde »<ref name="harvsp|Dubois|2000|p=39"/>, le monde s'y dévoile non comme collection de choses mais comme une tournure d'ensemble, qui ayant une significativité propre à travers l'usage et la jouissance, fait de ce monde là, un monde qui a un sens. Remarquons que le concept général de « Monde » de l’« être-au-monde » ne résulte pas de la généralisation à postériori et de l'addition des mondes observables pour chacun de nous, mais désigne selon la terminologie de Être et Temps un « existential », étroitement imbriqué dans et avec un Modèle:Lang préoccupé par son être et est la condition de la constitution de tous les modes existentiels concevables<ref group="N">Le monde est bien et bel un existential, il est de l'ordre d'un projet du Modèle:Lang, ouvert pour la compréhension de soi : l'intériorité même ajoute Modèle:Harvsp</ref>.

L'emprise de la quotidienneté

On apprend que, Modèle:Citation, le Modèle:Lang vit la plupart du temps sur le mode de la « quotidienneté », Modèle:Lang, banalement, il vit au milieu des autres dont il ne se distingue le plus souvent pas, et tombe avec eux sous la dictature du « On », de l'opinion moyenne<ref>Modèle:Harvsp</ref>,<ref name="Dubois 35"/>. La première section remarque Michel Haar<ref>Modèle:Harvsp</ref>, montre que le « On » est une structure existentiale indépassable du Modèle:Lang d'où le thème amplement développé, imprégné de réminiscences religieuses de la « déchéance », Modèle:Lang ou du « dévalement » (voir sur ce sujet article Phénoménologie de la vie religieuse). On peut parler avec Hadrien France-Lanord<ref>Modèle:Harvsp</ref>, de véritable réhabilitation de ce mode d'être selon lequel Modèle:Citation<ref name="Dubois 362">Modèle:Harvsp</ref>.

Dans la section les « différentes figures de l'existence » de l'article Dasein sont résumés les modes d'être principaux que dégage l'analytique existentiale. Mienneté, Être-jeté, possibilité, projet, « avoir-à-être », fuite, déchéance, dissimulation, devancement, préoccupation, Souci et angoisse autant de termes soulevés dans l'analytique existentiale qui signent la constante mobilité du Modèle:Lang.

Le Souci comme fondement du Dasein

Le Modèle:Lang est préoccupé quant à la « propriété » et à l'« authenticité » de son être. De la même façon son monde fait l'objet de sa préoccupation, il en a le « Souci ». Au (Modèle:§), Heidegger va faire du concept de « Souci », élargi et entendu comme injonction d'« avoir à être », une structure fondamentale du Modèle:Lang, Être et Temps (SZ Modèle:P.). Dégagé de toute connotation psychologique, ce concept élargi, le « Souci », définitivement « ontologisé » va apparaître comme le « mode d'être » originaire et premier de tout homme dans son rapport au monde<ref>Modèle:Harvsp</ref>. C'est sous ce terme de « Souci » que Heidegger va regrouper l'ensemble des traits du Modèle:Lang Modèle:Citation rappelle Jean Greisch<ref name="Greisch 237">Modèle:Harvsp</ref> reprenant la formule de Heidegger. On voit donc que le Souci n'est plus lié à la conscience mais bien enraciné définitivement dans l'« existencre ». Dans ce concept remodélisé dont la structure ontologique est définie comme : Modèle:Citation, Heidegger pense trouver l'articulation originaire permettant d'unifier la « plurivocité » des modes d'être du Modèle:Lang écrit encore Jean Greisch<ref name="Greisch 237" />.

L'essence du comprendre

Modèle:Article détaillé La réponse à la question du « sens de l'être » Modèle:Lang, implique que le Modèle:Lang, que nous sommes, puisse le comprendre (SZ Modèle:P.). Pour Heidegger, en rupture avec la tradition, il n'y a de véritable « entente », Modèle:Lang, que là où le Modèle:Lang établit avec la chose visée Modèle:Citation Être et Temps (SZ Modèle:P.), et non dans la seule intelligibilité. Selon Jean-Paul Larthomas<ref>Modèle:Harvsp</ref> Modèle:Citation<ref group="N">Modèle:Citation</ref>. Christian Dubois<ref>Modèle:Harvsp</ref> écrit Modèle:Citation. Tout « expliquer », en tant que découverte compréhensive de l’in-compréhensible, se fonde dans le comprendre primaire du Modèle:Lang <ref>traduction Être et Temps, Emmanuel MartineauModèle:Harvsp</ref>.

L'entente intervient dans la constitution même du Modèle:Lang, elle n'est pas quelque chose qui tantôt nous échoirait, tantôt nous serait refusée, elle est une détermination constitutive de notre être<ref name="Greisch1994p188">Modèle:Harvsp</ref>,<ref name="Boutot24"/>. Modèle:Citation note Christoph Jamme<ref>Modèle:Harvsp</ref>

Heidegger tourne définitivement le dos aux préoccupations techniques et épistémologiques des fondateurs de l'herméneutique moderne Friedrich Schleiermacher et Wilhelm Dilthey, dorénavant il ne s'intéresse qu'à la compréhension et à l'explicitation (Verstehen/Auslegung) comme manières d'être du Modèle:Lang constate Jean Greisch<ref>Jean GREISCH, « HERMÉNEUTIQUE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 2 août 2014. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/hermeneutique/</ref>

L'entente du monde comme « réalité » séparée nous faisant face, qui est la nôtre spontanément, transposée philosophiquement comme réalité opposée à l'esprit, apparaîtra comme l'effet d'un aveuglement de l'ontologie traditionnelle à l'égard des structures du Modèle:Lang<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Dasein, Mondéité, Réalité, Vérité

Modèle:Article détaillé La première section se termine avec les paragraphes 43 et 44, qui traitent de la « réalité » et de la « vérité » dans une perspective rendue maintenant possible par l'analytique du Modèle:Lang.

Heidegger montre que c'est à partir d'un mode « déchéant » de ce dernier<ref group="N">l'ontologie grecque dont est issue la tradition philosophique, en tant qu'ontologie de la Modèle:Lang, présence constante et substantielle, prend ses racines dans une tendance inhérente au Modèle:Lang : le fait qu'il soit « de prime abord pris dans les choses »-Zarader op cité page 361</ref>, lorsque l'homme se comprend à partir des choses et ni plus ni moins qu'elles (Anthropologie, Psychologie), que s'impose l'idée d'un monde ; monde dans lequel co-existeraient deux états, d'un côté et séparés l'esprit ou conscience et de l'autre côté le monde, la réalitéphysique . Cette scission que la perspective de l’« être-au-monde» rend caduque contraint à bâtir des ponts destinés à les relier par des théories de la connaissance , vouées à l'échec parce que sans fondement<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Puis Heidegger, après avoir rejeté comme dérivée la conception traditionnelle de la Vérité, comme adéquation de la chose à l'idée, va tenter de réintroduire son sens grec primitif de Modèle:Citation de l'étant (voir Vérité et Heidegger et la question de la vérité) Être et Temps (SZ Modèle:P.).

Dasein et temporalité

Avec la deuxième section, Heidegger va introduire le concept d'« existence authentique» qui va permettre de mettre en évidence le caractère temporel de l'être du Modèle:Lang<ref name="Boutot-1989-25" />. Alain Boutot<ref name="Boutot1989p32">Modèle:Harvsp</ref> remarque que l'étude de la première section de l'ouvrage Modèle:Citation.

L'analytique a aussi mis au jour les structures fondamentales du Modèle:Lang et donc de l'être humain, ainsi que les divers moteurs de sa mobilité comme, l'angoisse, le dévalement, l'anticipation de la mort et son « avoir-à-être » à partir de son « être-jeté », son exposition au monde, et sa résistance décidée à la dispersion de son propre Soi<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Les concepts de base étudiés dans cette première section que l'on trouve dans l'article connexe « Dasein » comme : le « Souci » Modèle:Lang, la « Voix de la Conscience » Modèle:Lang, l'« Être-vers-la-mort » Modèle:Lang, l'« être-jeté » Modèle:Lang, la « Résolution anticipante » Modèle:Lang, vont être mobilisés pour articuler « l'être-temps » du Modèle:Lang, autrement dit pour manifester son essence temporelle<ref name="Heidegger1989p319-323">Modèle:Harvsp</ref>,<ref group="N">Une question de vocabulaire. Heidegger remarque que l'allemand utilise deux termes pour signifier la temporalité : Zeitlichkeit pour temporalité ou « temporellité » (traduction François Vezin) - comme temps Modèle:Citation - et Temporalität, le temps « comme horizon possible de toute entente de l'être en général » (Alain Boutot dans la préface aux Prolégomènes à l'histoire du concept du temps).Cette distinction est doublée d'une autre, Temporel et Temporal : le Temporel est le temps de l'histoire et des sciences, le Temporal le temps de l'être à rapprocher d'Historial, l'histoire de l'Être. Le Modèle:Lang est à la fois temporel en prenant place dans le temps historique et temporal en ce que ce temps est constitutif de son être</ref>.

Ce dont il s'agit

Alors que l'analyse menée tout au long de la première section avait conduit, en fin de compte, à faire du « Souci », le phénomène originaire qui paraissait constituer Modèle:Citation, il va s'avèrer, note Jean Greisch<ref>Modèle:Harvsp</ref> que l'approfondissement apporté par la deuxième section, allait faire apparaître un phénomène plus fondamental encore : la « temporalité », qui en tant qu'horizon ne pouvait se révéler que pour un Modèle:Lang « authentique »<ref name="Boutot1989p32"/>.

À propos de cette deuxième section, Greisch parle « Modèle:Citation », tout entier tendu vers la recherche d'une « originarité », que le premier parcours centré sur le phénomène du « Souci », c'est-à-dire, sur un Modèle:Lang toujours en avance sur lui-même (devancement) et en constant inachèvement<ref name="Boutot1989p32"/> n'avait pas permis d'atteindre. Si bien qu'à ce stade, Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp</ref>, on pouvait douter de la possibilité pour le Modèle:Lang, toujours en attente, d'accéder à l'« authenticité » de son être<ref group="N">Modèle:Citation</ref>, mais que sa conscience lui enjoignait néanmoins de rejoindre. Il s'avérera au cours de cette section que seule l'« anticipation de la mort », comme grande « puissance individualisante », peut permettre au Modèle:Lang de rejoindre son « être-en-propre » (voir Être-vers-la-mort), Modèle:Lang<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Heidegger va montrer que, le chemin vers cette «authenticité » est possible dans la «résolution anticipante » par l'« anticipation de la mort »<ref name="Boutot1989p32"/>

La méthode

Les structures du Modèle:Lang, mises à jour dans l'analytique fondamentale à savoir : le « Souci », l'« entendre », la «disposibilité », le « dévalement », la « parole », l'« être-au-monde », la « spatialité » et la « quotidienneté » dégagées dans la première section, reprises et amplifiées dans la seconde aux paragraphes 61 à 71 vont montrer, dans une longue étude menée pas à pas, que Modèle:Citation écrit Jean Greisch<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Deux phénomènes fondamentaux, auxquels sont consacrés les paragraphes (Modèle:§) à (Modèle:§), ignorés jusque-là, vont intervenir à l'occasion d'une reprise approfondie de l'analytique, l’« être-pour-la-mort » et la « résolution anticipante » et faire apparaître une nouvelle dynamique à l'œuvre dans la « mobilité » intrinsèque du Modèle:Lang<ref group="N">Dans l'article Modèle:Lang on trouvera une section consacrée à la temporalité du Dasein et une section consacrée à la dynamique du Dasein dans l'article Être-en-faute une section consacrée à la Voix de la Conscience</ref> et qui vont constituer des étapes dans la mise à jour du caractère « temporal » du Modèle:Lang.

Les phénomènes nouveaux

L'anticipation de la mort

Heidegger tente d'abord, de conduire, dans les paragraphes (Modèle:§) à (Modèle:§), le Modèle:Lang face à une phénoménonologie de sa propre mort. Pour l'homme qu'en est-il du sens existential de la mort? Bien entendu il ne s'agit pas de l'expérience proprement dite de la mort mais seulement pour un être mortel, ici et maintenant, de l'expérience de cette « possibilité » tournée selon son expression Modèle:Citation autrement dit sur sa propre fin, Modèle:Lang<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Ce rapport est constitutif de l'être du Modèle:Lang qui aussi longtemps qu'il existe, existe dans ce rapport indéterminé à sa fin. Alain Boutot<ref name="Boutot 33">Modèle:Harvsp</ref> écrit Modèle:Citation. Françoise Dastur<ref>Modèle:Harvsp</ref> note que s'ouvrant à la possibilité qu'elle est, Modèle:Citation<ref group="N">Modèle:CitationModèle:Harvsp</ref>.

Bien entendu, cette possibilité ontologique ne pourra être considérée comme légitime, et non théorique, que dans la mesure où cette exigence de confrontation à la mort monte de l'essence même du Modèle:Lang nous dit Christian Dubois<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

La résolution anticipante

La question préalable que cet interprète pose est : Modèle:Citation. En résumé, répond Heidegger, du fond de sa perte dans le On, parce qu'il est constitutivement ainsi, et qu'il a son « être » en charge, le Modèle:Lang, étranger à lui-même, est ramené à son «être-en-dette», c'est-à-dire à sa « nihilité »<ref group="N">L'homme Modèle:Citation-Heidegger-Modèle:Harvsp</ref> ou absence de fondement, par « la voix de la conscience », qui a pour objet de Modèle:Citation écrit Christian Sommer<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

La «voix de la conscience » l'invite à quitter sa fascination pour le monde<ref>Modèle:Harvsp</ref>, à cesser de se cacher et de se travestir<ref>Modèle:Harvsp</ref>, comme à cesser de s'entendre lui-même à partir de l'être-exposé en public et à Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Par ailleurs, l'analyse de l'« être-en-faute » montre que le Modèle:Lang, en tant qu'« être-jeté », doit être considéré comme toujours en dette<ref group="N">À comprendre dans le sens où Modèle:CitationModèle:Harvsp</ref>, au moins « vis-à-vis de lui-même », et qu'il l'est Modèle:Citation<ref name="Greish p307">Modèle:Harvsp</ref>. Le « devancement » ou Modèle:Lang témoigne d'une mobilité insigne du Modèle:Lang qui constitue la manière propre de soutenir sa culpabilité et son « être-pour-mourir ».

Dans l'écoute de cet appel, le Modèle:Lang s'ouvre pleinement à lui-même, à sa vérité originaire et c'est cette ouverture que Heidegger dénomme « résolution anticipante ». Ce concept de « résolution anticipante » ou Modèle:Lang du paragraphe (Modèle:§), va représenter selon Christian Dubois<ref name="Dubois 362" />, Modèle:Citation<ref>voir aussiModèle:Harvsp</ref>. Jean Greisch<ref name="Greish p307" /> démontre que dans Modèle:Citation.

La possibilité pour le Dasein d'être véritablement soi-même

Modèle:Article détaillé Heidegger consacre les paragraphes (Modèle:§) (Modèle:§) et (Modèle:§) à montrer que l'« être-là » peut devenir total et authentique sans cesser pour autant d'être l'étant qu'il est, dans le même état existentiel, grâce à « l'anticipation résolue » Modèle:Lang de la mort, sans que cela soit une vaine spéculation morbide mais au contraire dans le soutien permanent de sa possibilité<ref name="Boutot1989p32"/>,<ref group="N">Ici apparaît dans toute sa pertinence l'analyse de la notion de « possibilité », Modèle:Lang livrée dans le Dictionnaire Modèle:CitationModèle:Harvsp</ref>.

Cette lucidité se trouve saisie par le devancement (l'anticipation de la mort) qui transporte mentalement le Modèle:Lang, dans la situation incontournable du devoir mourir, c'est à cet aune, que le Monde, ses valeurs et ses attaches affectives vont être jugés et donc disparaître dans le néant pour libérer l’« être-en-propre » dans sa nudité. Christian Dubois<ref name="Dubois 73">Modèle:Harvsp</ref> précise que cette possibilité « irrelative » implique la dissolution de tous les rapports à autrui et Modèle:Citation. Le Modèle:Lang est mis en face de sa propre vérité lorsqu'il est renvoyé au néant de son fondement.

Dans l'« être-vers-la mort », où la mort n'est pas une possibilité quelconque mais bien « la possibilité ultime de l'impossibilité de l'existence » selon la formule maintes fois répétée<ref name="Boutot 33" /> , l'« être-là » existe Modèle:Citation (voir le pouvoir être authentique) par son double caractère d'isolement et d'« in-substituabilité »<ref group="N">La possibilité de la mort qui ne me propose rien de particulier à attendre, cette possibilité se donne comme la possibilité la plus propre parce qu'elle me délie de tous rapports à autrui, elle me donne à me comprendre moi-même à partir de mon isolement- Modèle:Harvsp</ref>. Comme être-jeté, le Modèle:Lang en fait l'expérience dans l'angoisse ; cette angoisse que quotidiennement déchéant, il fuit<ref name="Dubois 73" />.

Souci et être soi-même

Le paragraphe (Modèle:§) reprend la première analyse du concept de Souci comportant, le devancement de soi, le phénomène de l'anticipation de la mort et l'appel de la conscience. À cette occasion refait surface le problème de l'ipséité<ref>Modèle:Harvsp</ref>, que Heidegger aborde à travers la critique de la conception kantienne. Pour Heidegger Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Cette cécité l'oblige à s'aligner sur une ontologie de la substantialité.

Pour Heidegger, il faut penser le sujet dans le sens de la constance Modèle:Lang de l'ipséité à partir du Souci qui comme le souligne Jean Greisch<ref>Modèle:Harvsp</ref> n'est pensable qu'en termes de, et partir de la résolution

Souci et temporalité

Jean Greisch qualifie le paragraphe (Modèle:§) intitulé la temporalité comme sens ontologique du Souci Modèle:Citation. Françoise Dastur<ref name="Dastur1990p67">Modèle:Harvsp</ref> écrit Modèle:Citation.

Le sens de la temporalité chez Heidegger

Heidegger utilise le terme allemand de Modèle:Lang qui exprime Modèle:Citation ou la « temporation », son propos étant de «déconstruire » la signification traditionnelle du concept de temps<ref name="Dastur1990p67"/>. La temporalité n'est plus ce « milieu », où, selon l'expression de Françoise Dastur, à l'instar de St Augustin, Modèle:Citation ni l'unité de « protention et de rétention » husserlienne. Tout en conservant l'unité des trois moments du temps, il s'agit de dénier au "présent" tout privilège, pour le transférer au futur et ainsi épouser Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp</ref>,<ref group="N">Modèle:CitationModèle:Harvsp</ref>.

Temporalité originaire extatique
Fichier:Kairos-Relief von Lysippos, Kopie in Trogir.jpg
Bas-relief du Dieu Kairos de Lysippe, exemplaire de Trogir (Croatie)

La temporalité, comme phénomène, va être interprétée à travers l'« existentialité » qui s'expose (se donne phénoménologiquement) selon trois directions ou « extases » co-originaires. Dans la résolution devançante l'être-là se projette en avant de lui-même et s'ouvre à son propre avenir d'où le primat du phénomène originaire de « l'avenir ». L'« être-été », Modèle:Lang, qui va constituer le moment du passé originaire, résume la nécessité d'assumer ce que l'être-là a déjà été, il ne peut advenir à lui-même que dans la mesure où il assume ce qu'il est en propre. D'où le constat de Heidegger Modèle:Citation Être et Temps (Modèle:§) (SZ Modèle:P.). Enfin pour ce qui concerne le présent écrit Alain Boutot <ref>Modèle:Harvsp</ref>Modèle:Citation. Modèle:Citation bloc

Temporalité et quotidienneté

La temporalité originaire ici mise à jour ne peut trouver sa justification que tout autant qu'elle permet de comprendre les expériences du temps ordinaire, Modèle:Citation Christian Dubois<ref>Modèle:Harvsp</ref>. C'est à cette question que répond le paragraphe (Modèle:§) qui commence le {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | IVe{{#if:|  }} }} chapitre. À cet effet Heidegger procède à une répétition écrit Jean Greisch<ref>Modèle:Harvsp</ref> Modèle:Citation.

Les dernières analyses

Afin d'étayer ce lien entre « temporalité » et Modèle:Lang, Françoise Dastur<ref>Modèle:Harvsp</ref>, résume en quatre étapes une longue démonstration de Heidegger correspondant aux quatre derniers chapitres d'Être et Temps visant à montrer : que l'être du souci n'est rien d'autre que la temporalité et que successivement les quatre modes d'être du Modèle:Lang, la quotidenneté, l'historialité, l'intra-temporalité, sont aussi, autant de modes de temporalisation du Temps.

Christian Dubois<ref>Modèle:Harvsp</ref> note les trois directions d'analyse que les trois derniers chapitres accomplissent : pour le chapitre IV, la mise à jour du sens temporel de la quotidienneté, le chapitre V va tenter de dégager la notion d'historicité du Modèle:Lang, le chapitre VI explorer les conditions de la genèse du concept « vulgaire » du temps.

Les diverses approches

Des analyses denses et complexes développées par Heidegger concernant la temporalité du Modèle:Lang, Alain Boutot retient quant à lui trois thèmes<ref>Modèle:Harvsp</ref> :

  1. celui de l'« être-pour-la-mort » par l'analyse duquel il faut absolument passer pour comprendre ce qu'il en est de l’« être-au-monde » comme totalité et donc du chemin à emprunter pour la conquête de son «authenticité».
  2. celui de la signification originairement temporelle du « Souci » sur la base de quoi Heidegger atteindra le point culminant de la deuxième section, en montrant que le sens profond de la « résolution anticipante », réside dans la temporalité qui se déploie dans la triplicité d'une extase, dominée par l'avenir.
  3. celui de la confirmation concrète en parvenant à déduire de la temporalité, la quotidienneté, l'historialité du Modèle:Lang et l'intratemporalité de l’« être-là ».

Les acquis d’Être et Temps

Sommaire de la section

Nouvelle conception de l'homme

Critique de l'anthropologie moderne

Fichier:Frans Hals - Portret van René Descartes.jpg
René Descartes.

Pour Heidegger écrit Jean Greisch<ref name="Greisch p117" /> Modèle:Citation.

À ses yeux, précise Marlène Zarader<ref name="Zarader2012p95">Modèle:Harvsp.</ref>, en ayant manqué la question du sens de l'être , les sciences de l'homme se sont enracinées sur des fondements contestables. La position de l'homme, qui en découle, comme sujet, issue de Descartes et, bien avant Descartes, celle de Socrate est le fruit d'un oubli du fondement écrit Paul Ricœur<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Descartes aurait exploré, le « cogito », le « je pense », mais non le « je suis », qu'il aurait pré-supposé dans son raisonnement. Descartes dit textuellement Modèle:Citation, Heidegger adresse la même critique à Husserl et rejettera aussi l’« inconscient freudien ».

Heidegger pense que le sujet moderne dérive de l'upokeimenon grec qui signifie, l'en dessous, le sol, le substrat, autrement dit, le sujet est aussi ce qui subsiste inchangé, à travers le temps , une substance. À partir de ces pré-supposés il devient impossible, selon lui, de détacher le sujet de l'idée de chose et il ne suffit pas d'honorer subsidiairement la « personne humaine » en l'homme, comme le fait Husserl, pour lui conférer un statut ontologique éminent<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Cette pensée qui abandonne l'idée de sujet a été qualifiée d'anti-humaniste.

L'homme en tant qu'être au monde

Heidegger pense qu'on ne peut définir l'homme à partir de lui-même, qu'il est toujours dans un rapport à une totalité, à une extériorité, à un autre que lui-même, que ce « rapport à » est essentiel, Modèle:Citation, d'où l'introduction du concept fondamental d' « être-au-monde »<ref>Modèle:Harvsp</ref>. « Être-au-monde » n'est pas « être dans le monde », le Modèle:Lang n'est pas comme les choses posées dans le « monde », mais ce monde le concerne c'est positivement son affaire, il n'y est pas indifférent. Les caractères d'être du Modèle:Lang ne sont pas ceux des choses (les catégories). On les distingue par l'appellation « existentiaux ». Le plus souvent le Modèle:Lang vit en familiarité avec son monde. Il y établit son « séjour », il y « habite », il y « travaille ».

Jamais l'homme ne porte un pur regard de spectateur sur le monde, même pas théoriquement. Ce monde dans lequel il cherche refuge, le préoccupe et cette « préoccupation », (Modèle:Lang) est la forme première « du Souci ». Cependant cette familiarité est Modèle:Citation, le Modèle:Lang est essentiellement toujours, étranger à son propre monde, il est Unheimlichkeit, c'est-à-dire, sans abri, exposé à la violence de l’être<ref>Gerard Guest Séminaire Paroles des Jours Conférence Modèle:31e 05/2013 vidéo 5. L'être humain comme deinotaton, violence et contre-violencehttp://parolesdesjours.free.fr/seminaire.htm</ref>.

Ce phénomène d'« être-au-monde » est toujours mal-interprété, car le Modèle:Lang en s'identifiant aux choses se condamne à ne pas voir la spécificité de son essence et à croire pouvoir s'interpréter lui-même par les sciences dites humaines<ref group="N">Le schéma cartésien sujet face au monde Modèle:Citation-Modèle:Harvsp</ref>. C'est oublier que la connaissance elle-même, n'est qu'une modalité, de son être, une modalité de l'« être-au-monde ». Elle dérive de l'« ouverture » du monde, elle n'en est ni le préalable, ni la condition. Il n'y a donc pas une intériorité d'un sujet à « transcender », une autonomie d'un objet et pas de problème de connaissance direct entre le sujet et l'objet. Le problème de la connaissance n'est pas fondé sur le phénomène du connaître.

L'homme en tant qu'existant

Modèle:Article détaillé Après avoir dégagé les structures formelles de « l'être-là », Heidegger s'attache à cerner la mobilité du vivant en prenant appui sur la conceptualité aristotélicienne (Rhétorique II, 2-20 et II, 5). Il en dégage, selon Christian Sommer<ref name="Sommer2005p121_232">Modèle:Harvsp</ref>, des concepts oubliés qui seront enrichis de motifs néo-testamentaires.

La phénoménologie des affects

Jean Greisch écrit<ref>Modèle:Harvsp</ref> Modèle:Citation. L'« affection » se dit d'un être qui peut être altéré, Heidegger y reconnaît le « pathos » (Modèle:Lang) d'Aristote : qui visant la possibilité d'être affecté et concerné par quelque chose, décrit un état de mouvement; ce « pathos », comprend toutes les altérations nocives ou non qui me constituent comme Modèle:Citation, recense Christian Sommer<ref name="Sommer2005p125">Modèle:Harvsp</ref>. Plutôt que d'abandonner la théorie des affects aux psychologues Heidegger estime qu'Aristote lui donne les moyens, dans la Rhétorique, à partir de ses travaux sur l'art de persuader, de se placer sur un autre terrain, Modèle:Citation Être et Temps (SZ Modèle:P.) rapporte Jean Greish<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Seul Modèle:Citation  est susceptible de « pathos », et Heidegger note que pour Aristote, c'est bien « l'être intégral » qui est altéré et affecté par le monde dans lequel baigne le Modèle:Lang et pas uniquement une simple partie de lui-même qui serait son âme. Modèle:Citation <ref name="Sommer2005p127">Modèle:Harvsp</ref>. Le pathos implique un changement brusque, un saut d'humeur de Modèle:Citation . À partir de ces éléments, Heidegger forge son concept de Modèle:Lang, « disposition » affective ou même « disposibilité » selon François Vezin. Pour résumer, une disposition, affectée, se transporte dans une nouvelle disposition, celle-là même dans laquelle on est porté ainsi « c'est en se réjouissant qu'il se transporte dans la joie comme telle ».

La Disposition

La « disposition », traduction difficile du terme allemand Modèle:Lang révèle plusieurs traits essentiels du Modèle:Lang résumés par Christian Sommer<ref>Modèle:Harvsp</ref>, à savoir : un « être-jeté » au monde et livré à lui-même, en charge de lui-même, nu et exposé au monde dans ce qu'il est et dans ce qu'il a « à être » , de sa naissance à sa mort, esclave de sa nature, il est toujours pour son devenir asservi aux contraintes physiques et à la situation existentielle dans laquelle il se trouve jeté'.

Fichier:Le Cri dAuguste Rodin (musée Rodin) (6215583946).jpg
Le Cri d'Auguste Rodin (musée Rodin) (6215583946)

C'est la Modèle:Lang, qui ouvre toujours l'intégralité de « l'être-au-monde » à son monde<ref name="Sommer2005p143">Modèle:Harvsp.</ref>, car comme le précise Heidegger<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, Modèle:Citation.

Heidegger produit (Modèle:§) une analyse fouillée de la mobilité du Modèle:Lang (voir résumé dans articles Dasein, phénoménologie de la vie (Heidegger) et Être-vers-la-mort) où il fait état de pour qualifier la vie de : Souci, de tourbillon du monde et d'égarement, de « bavardage » et de curiosité, d'évitement de soi, de crainte et d'angoisse.

La nihilité du vivant humain

Modèle:Article connexe Modèle:Citation est une périphrase forte utilisée comme tête de chapitre par Christian Sommer<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Un des traits les plus caractéristiques du traitement qu'inflige Heidegger au statut de l'homme à travers le Modèle:Lang est son dépouillement absolu : sans fondement, sans monde et sans abri :

Modèle:Citation (Modèle:Lang) : l'être-jeté signifie que le Modèle:Lang ne s'est pas posé lui-même, il a « à être » et à « être lui-même ». C'est à lui-même, qu'il est remis, il a donc à être son propre fondement<ref name="Dubois2000p79">Modèle:Harvsp</ref>. On peut parler d'une double négativité la première c'est la négativité correspondant à son origine, en tant qu'« être-jeté », il n'est pas maître de son origine, il n'existe qu'à partir d'elle, partant Modèle:Citation<ref group="N">« L'être-là en tant qu'il est au monde, y est jeté; il n'est jamais la cause (l'origine) de son être-au-monde, et il en ignore la fin (dans les deux sens du terme » écrit Alexander Schnell-Modèle:Harvsp</ref>. La négativité est constitutive de son tout premier « être-là » facticiel, et aussi d'une seconde négativité, celle relative à son existence. Le Modèle:Lang est ainsi, toujours être-jeté-se-projetant (toujours en avance de lui-même) et doit se comprendre dans tel ou tel projet de soi en Modèle:Citation. C'est cette double négativité qui est reprise par Heidegger dans le concept d'« être-en-faute » ou « en dette » qui exempt de toute connotation morale ou juridique révèle seulement un état de fait existentiel incontournable(voir Modèle:§).

Modèle:Citation : « l’Modèle:Lang », l'homme littéralement « sans chez Soi ». C'est dans cette situation d'errance dans le vide, cette situation de nudité, que le Modèle:Lang angoissé se trouve transporté, éjecté qu'il est, de la quiétude de son monde (Modèle:Lang), caractérisé par la plénitude de sens (la Significativité) , l'habitabilité et la familiarité. Or la constitution fondamentale du Modèle:Lang, son mode d'être fondamental, a été donné, dès l'origine, par Heidegger, comme « être-au-monde » ; que devient alors cette constitution si ce monde tombe brusquement dans le néant ? C'est la question que se pose en conclusion Marlène Zarader<ref name="Zarader2012p407">Modèle:Harvsp</ref>. Peut-on se contenter de répondre avec Heidegger que l'Unheimlichkeit est aussi par opposition, un mode essentiel de son rapport au monde, comme le type de présence que représente l'ami absent ?.

Bien que les développements directement axés sur le Modèle:Lang dominent largement le livre, ce sont ceux ayant trait au Monde et à la Mondanéité qui vont représenter, selon Marlène Zarader, la base la plus riche pour les développements ultérieurs de l'œuvre du philosophe<ref name="Zarader2012p405_412">Modèle:Harvsp</ref>.

Nouvelle conception du monde

Modèle:Article connexe Dans Être et Temps, le concept de « Monde » que Hans-Georg Gadamer<ref>Modèle:Harvsp</ref> signale comme Modèle:Citation n'a de sens qu'à travers et pour le Modèle:Lang, toute autre approche interdit de saisir le phénomène en tant que tel. C'est pourquoi la notion dynamique de mondéité ou mondanéité l'emporte donc ici sur toute description statique. C'est à travers les manières d'être du Modèle:Lang que le phénomène du monde va apparaître et non à travers les propriétés objectives des choses<ref name="Jean Greisch1994p129">Modèle:Harvsp</ref>.

Le monde comme phénomène

Récusation du concept cartésien

L'ontologie cartésienne est dominée par la notion de substance, héritée de la scolastique, qui à aucun moment ne s'interroge sur les conditions originaires de la donation des phénomènes ; Descartes prescrit souverainement au monde son être véritable à savoir « une chose étendue », dans un espace mathématique. Le monde pour Descartes est une sommation de choses, il impose sa distinction « substance pensante/chose corporelle », qui masque le rapport originel à partir duquel, la conception traditionnelle s'explique . Selon Heidegger ce rapport fondamental se situe au niveau de « l'être au » de l'expression « être-au-monde »<ref name="Greisch1994p143-147">Modèle:Harvsp</ref>. Le monde de Heidegger n'est plus une « chose étendue », c'est tout au contraire l'étendue spatiale elle-même qui doit être découverte à partir du monde<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Le monde comme ouverture

La révélation de tout étant, quel qu'il soit, présuppose qu'un monde soit au préalablement ouvert<ref group="N">Modèle:Citation-Modèle:Harvsp</ref> (Modèle:Lang) a toujours déjà eu lieu. Toutefois le monde, n'étant pas un étant mais un existential, c'est-à-dire, un mode d'être du Modèle:Lang, ne peut jamais en tant que tel, être découvert<ref name="Zarader2012p156">Modèle:Harvsp</ref>. La traduction littérale de Modèle:Lang par ouverture néglige en fait, la nature existentiale du concept, c'est pourquoi Vezin ose utiliser dans sa traduction d’Être et Temps le terme étrange de Modèle:Citation « Le Dasein est son ouvertude » dit-il<ref name="Heidegger1986p177">Modèle:Harvsp</ref>.

C'est parce que le Modèle:Lang a une compréhension pré-ontologique, naturelle, immédiate et générale que quelque chose, aussi bien que lui-même, peut lui apparaître. Deux traits sous-tendent cette pré-compréhension, Modèle:Citation, et la Modèle:Citation.

Le monde comme préoccupation

Au quotidien, l’étant, les choses du monde, se donnent au Modèle:Lang dans la préoccupation Modèle:Lang, et non dans la visée théorétique d'un objet de connaissance. L'intentionnalité husserlienne est réinterprétée comme un « se-soucier-de » l'étant, dont l'éventuelle visée d'un objet de connaissance dérivera. Le Modèle:Lang utilise l’étant qui se donne à lui comme « outil », Modèle:Lang<ref group="N">. L'étant apparaît de prime abord, Modèle:Citation-Modèle:Harvsp</ref>, cet outil apparaît au regard de la « préoccupation », regard que Heidegger appelle Modèle:Citation.

Dans cette relation, dominée par « l'en vue de…, » on se saisit d'un étant « à-portée-de-la-main », Modèle:Lang pour réaliser quelque chose. La préoccupation englobe les activités les plus diverses. Dans l'optique d’Être et Temps, la distinction qui importe n'est plus celle qui existe entre la pratique et la théorie, mais entre la préoccupation qui discerne et le dévoilement théorique de l'étant<ref name="Heidegger1986p544">François Vezin, dans Modèle:Harvsp</ref>.

Les structures et choses du monde

Modèle:Citation, écrit Alexander Schnell<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Il s'agit de mettre à jour les modes par lesquels le monde et ses choses se donnent à voir. Heidegger y distingue, avec la généralisation du principe d'ustensilité, les structures de renvoi et les tournures :

Les choses du monde n'apparaissent que sous le regard circonspect d'un Modèle:Lang préoccupé, attentif au contexte. Dans cette optique élargie tout étant, apparaît, non pour lui-même, mais comme renvoyant à ce contexte. En ce sens tout objet devient « outil », une chose utile en vue de<ref>Modèle:Harvsp</ref>... Mais de même qu'il n' y a pas d'outil isolé (Modèle:§), il n'y a pas d'outil qui serve à personne. C'est dans l'action entreprise en vue de… que l'outil dévoile son être, il est donc Modèle:Citation à autre chose qu'à lui-même. Pour distinguer l'outil de la chose indifférente, simplement là, Heidegger utilise le terme de Modèle:Lang, que l'on traduit par « disponibilité » ou mieux « maniabilité », qu'il faut donc absolument distinguer de la notion de Modèle:Lang traduit majoritairement par « être-sous-la main » ou « être-à-portée-de-la-main » voulant signifier la présence constante ou subsistance sans autre détermination. Ce qui m'est primitivement donné c'est l'étant-disponible, donc « un en tant que », une chose en vue d'autre chose, le « pour-quoi » qui commande.

De proche en proche, toute la nature dans son caractère disponible, peut être découverte (la forêt réserve de bois, la carrière réserve de pierres pour la construction)<ref group="N">L'être des ustensiles c'est leur maniabilité Modèle:Lang au sens large. Et c'est précisément parce que le maniement n'est pas consécutif à une représentation mais à une pratique que la maniabilité n'est pas une simple présence Modèle:Lang sur laquelle se grefferait une nouvelle propriété Emmanuel Levinas En découvrant l'existence avec Husserl et Heidegger VRIN 1988 page 63</ref>

De la même façon il n'y a d'ustensiles que dans la mesure où le monde qui les justifie est compris préalablement. Le monde est toujours, en tout utilisable, déjà « là ». Heidegger prend l'exemple de la moissonneuse batteuse qui ne prend de signification qu'à l'intérieur de la ferme et de l'exploitation agricole. C'est, cet enchâssement, qu'Heidegger dénomme Modèle:Lang (Modèle:§), traduction Martineau « tournure » et traduction Vezin « conjointure », qui de proche en proche met à découvert, le monde. Chaque monde (la ferme, l'atelier, la salle de bains, l'église), est constitué des choses qui sont à leur place, c'est ce que traduit parfaitement le terme de « conjointure ». Tout monde est une entièreté de conjointures liées entre elles en vue de... « Modèle:Citation » pour le Modèle:Lang<ref name="Heidegger1986p551">François Vezin, dans Modèle:Harvsp</ref>. François Vezin (Modèle:P.), développe Modèle:Citation. C'est pourquoi, Jean Greisch<ref>Modèle:Harvsp</ref> peut dire , que la découverte, du, ou des mondes, précèdent celle des choses, dans les tournures et les conjointures qui leur sont propres. Le Modèle:Lang quotidien appartient essentiellement à un monde avec lequel il est étroitement relié.

Le problème de l'intramondanéité

Se reporter à la description de « la structure de l'espace heideggérien » dans Heidegger et le problème de l'espace . La maniabilité doit s'accompagner de proximité (Modèle:§). Le marteau doit être à sa place sur l'établi à peine de perdre son statut d'ustensile. La place va de pair avec la tournure<ref name="Greisch1994p149">Modèle:Harvsp</ref>. Chaque objet a sa place et les places sont regroupées en contrées correspondant à des tournures. Ici l'Modèle:Citation en rapport avec la préoccupation soucieuse du Dasein, pour qui la spatialisation est un existential.

Dans cet espace phénoménologique, c'est la préoccupation et non les distances objectives, qui va structurer le monde ambiant. Ainsi ce qui est le plus éloigné, et qui implique un long trajet, pourra apparaître plus « proche » qu'une démarche difficile à entreprendre auprès de son voisin (annonce d'un malheur) qui va être lourde et interminable<ref>Être et Temps Modèle:§ page 146 Vézin</ref>.

Y a-t-il un monde comme tel?

La question de savoir s'il peut être parlé d'un monde comme tel, c'est-à-dire d'un monde qui ne serait pas le monde ambiant du Modèle:Lang ne trouve pas de solution explicite dans Être et Temps, ou plutôt les deux positions peuvent y être soutenues, remarque Marlène Zarader<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

La découverte de la « mondéité »

Modèle:Article détaillé Le terme de mondéité Modèle:Lang suggère un lien essentiel entre le monde découvert et les manières d'être du Modèle:Lang, lien que l'ontologie classique a systématiquement négligé<ref name="Jean Greisch1994p129"/>. Heidegger distingue du sens « ontico-existentiel » de monde dans lequel tel ou tel Modèle:Lang vit, par exemple l'espace « mondain » de Proust, la dimension du monde religieux du croyant<ref name="Dubois2000">Modèle:Harvsp</ref> etc., le sens « ontologico-existential », la « mondéité » de ces mondes, c'est-à-dire leur sens d'être ou l'a-priori qui les structurent et les déploient dans leur être. Comme la « mondéité » est dans Être et Temps, un existential qui appartient à la structure d'être du Modèle:Lang, Heidegger commence son analyse à partir du monde ambiant quotidien Modèle:Lang. Familier de ce monde le Modèle:Lang circonspect s'y meut librement, sans nécessairement en avoir conscience. L'être du monde sous-jacent peut soudain se dévoiler :

  1. À la suite d'un mode déficient de la préoccupation Modèle:§). Soit que l'outil s'avère inutilisable dans sa fonction, soit qu'il fasse simplement défaut, là ou au moment, où il était recherché, soit qu'il fasse obstacle à l'utilisation d'un autre outil, interrompt la suite des renvois et révèle du même coup le complexe d'outils rassemblé en vue de… Ce qui était implicite devient manifeste (pensons à la perte d'une clef de voiture et à toutes ces conséquences possibles), tout le réseau de nos habitudes journalières se trouve bloqué.
  2. À la suite d'un renvoi qui fait signe. L'idée est que nous pouvons nous diriger, nous orienter dans un monde complexe par des signes composés de flèches, de panneaux, d'enseignes, d'insignes, d'uniformes, de bannières qui me disent ce que j'ai à faire, en me révélant ce qu'il en est du monde ambiant dans lequel je me trouve et, comment je dois m'y comporter. Non seulement le signe montre le monde ambiant mais en plus il nous montre comment il fonctionne (l'uniforme, les insignes, le drapeau dans une caserne)<ref name="Zarader2012p143">Modèle:Harvsp</ref>
  3. À la suite d'un effondrement de la familiarité sous le coup de l'ennui ou de l'angoisse. L'angoisse détruit progressivement toutes les déterminations (familiarité, significativité, habitation) qui faisaient du monde un Monde pour le Modèle:Lang. Les structures, les réseaux et les finalités, d'abord absurdes, finissent par disparaître, il ne reste que l'idée d'une perte, d'une absence qui jette le Modèle:Lang face à la pure nudité de son existence. Mais le Modèle:Lang pourrait-il continuer à satisfaire à sa propre essence « d'être-au-monde » si quelque chose comme une pure mondéité ne se survivait pas? C'est la question que se pose Marlène Zarader<ref name="Zarader2012p407_408">Modèle:Harvsp</ref>. Pour certains critiques l'angoisse ne dévoile que le caractère purement existential de la mondéité et non le monde en soi.
  4. Conséquence positive, en interdisant tout refuge dans le « On », l'angoisse a pour conséquence de singulariser le Modèle:Lang, autrement dit, autorise l'émergence d'un Soi singulier<ref group="N">Modèle:Citation-Modèle:Harvsp</ref>.
  5. La question du monde va dans une ultime étape déborder la question d'origine du sens de l'être dit Jean Beaufret<ref>Modèle:Harvsp</ref>,<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Nouvelle conception de l'histoire

Modèle:Article connexe Dès le paragraphe (Modèle:§), comme préalable à la déconstruction de l'ontologie, Heidegger entreprend une réinterprétation fondamentale du concept d'Histoire qu'il reprendra et poursuivra jusqu'à la fin (§ 72 à 77). Au (§ 75) l'histoire est abordée à partir de la question de l'« historialité du Dasein » - son caractère historial ou son existence continuellement en projet. Jacques Rivelaygue montre comment l'histoire, sous forme de reprise des possibilités facticielles délivrées par la tradition intervient pour compléter la contingence initiale à laquelle le Modèle:Lang serait, sans elle, condamné dans son être-jeté<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

La distinction entre l'historique et l'historial

C'est à partir des deux mots de la langue allemande « Modèle:Lang » et « Modèle:Lang », le premier renvoyant à une histoire effective en train de se faire et le second plus spécialement axé sur la science correspondante que Heidegger va construire une toute nouvelle interprétation<ref name="Zarader 72">Modèle:Harvsp</ref> à savoir : la Modèle:Lang va d'abord glisser vers la signification d'histoire essentielle, celle où se joue les événements décisifs, l'histoire de la philosophie se dirait Modèle:Lang au sens scolaire et Modèle:Lang pour désigner l'histoire de l’être qui se joue de manière souterraine dans l'histoire de la philosophie ; en puisant dans les ressources de l'allemand Heidegger va rapprocher Modèle:Lang des termes Modèle:Lang qui signifie « envoi » (lancement, mis en route) et Modèle:Lang que l'on peut traduire par « destin » ; enfin de la distinction Historie/Geschichte Heidegger va ensuite tirer deux adjectifs qui, traduits, donnent « historique » et « historial », et qui vont tenir une place considérable dans toute l'œuvre du philosophe. Est historial ce qui relève de l'histoire essentielle : Modèle:Citation<ref name="Zarader 72"/>.

L'historialité du Dasein

Le Modèle:Lang est inséparable de sa génération et de ce fait il a des prédécesseurs et des héritiers (Modèle:§). Mais aussi, existant, le passé, mon passé est déposé en moi constitutif de ce que peut être mon être, résume Marlène Zarader<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Tout d'abord exister voudra dire Modèle:Citation, écrit Jean Greisch<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Dire que le Modèle:Lang est « historial » c'est dire, en outre, qu'il n'a pas simplement une histoire mais qu'il est lui-même historial, c'est-à-dire qu'il est, lui, constamment Modèle:Citation et qu'il est cette « extension » qui constitue l'histoire. L'extension est pour ainsi dire consubstantielle à son être<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Heidegger combat ainsi de toutes ses forces le risque qui pèse sur une représentation temporelle d'être comprise en termes de spatialité ou de successivité qui supposerait l'existence d'un « Soi » auquel il échoirait en outre de s'étendre<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Nouvelle conception de la vérité

Modèle:Article détaillé Au paragraphe (Modèle:§), Heidegger s'attache à déconstruire la perception traditionnelle du concept vérité comme jugement de concordance entre la « chose et la pensée » que l'on en a. Jean Greisch<ref>Modèle:Harvsp</ref> résume sa position en deux alinéas :

Un tel concept traditionnel, qui d'Aristote à Kant, bénéficie d'un consensus impressionnant présente néanmoins des insuffisances ontologiques notamment parce que le mode d'être de l'adéquation qu'il présume possible n'est jamais élucidé. Il s'avèrera que Modèle:Citation écrit Alain Boutot<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

La vérité posséderait, du point de vue du penseur, un sens « existential » originaire d'où découlerait le caractère dérivé du concept traditionnel.

Ces considérations sur le phénomène de la vérité remonte à des élaborations antérieures qui visaient à trouver une réponse à la question « Qu'est-ce que la vérité ? » qui l'ont amené à refaire le parcours de l'histoire de cette notion depuis les présocratiques, Platon et Aristote<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

L'échec d’Être et Temps

Échec tout relatif, compte tenu de la dimension dans laquelle évoluent les deux seules sections écrites, on devrait plutôt parler de non aboutissement par rapport aux intentions de l'œuvre, pense Alain Boutot<ref name="Boutot1989p39"/>.

Raisons intrinsèques

L'ouvrage se donnait pour but de reprendre la question Modèle:Citation en général et non pas seulement la signification temporelle du Modèle:Lang à laquelle elle semble de prime abord s'être arrêtée. Modèle:Citation<ref name="Dastur p33" />. Cette troisième section, qui aurait dû s'intituler « Temps et Être »<ref group="N">« Temps et Être », va être le titre attribué à une conférence de 1962 publiée dans Question IV Tel Gallimard</ref> et non plus « Être et Temps », n'ayant jamais reçu une rédaction définitive, n'a pas été publiée. Au moment d'Être et Temps, conclut Marlène Zarader<ref>Modèle:Harvsp</ref>, Heidegger n'a pas réussi à démontrer sa thèse Modèle:Citation. Telle qu'elle fut livrée, cette œuvre avec celles qui la précisent comme Les Problèmes fondamentaux de la phénoménologie de 1927<ref>Modèle:Harvsp</ref>,<ref>Les concepts fondamentaux de la Métaphysique Monde-finitude-solitude 1929-1930.</ref>,<ref>Prolégomènes à l'histoire du concept du temps 1925.</ref>, marque néanmoins, par sa nouveauté, un tournant majeur dans la philosophie occidentale, reconnaît un de ses critiques les plus sévères (Levinas). On y trouve, dans une floraison extraordinaire, l'apparition de nouveaux concepts appelés à faire carrière dans toute la philosophie et au-delà, tels que Modèle:Lang, Monde et mondéité, Être-au-monde, Être-pour-la-mort, Être-avec, Être-en-faute.

Jean Greisch<ref>Modèle:Harvsp</ref> note dans sa partie conclusive, que pour Heidegger l'achèvement fragmentaire de l'ouvrage n'a jamais été synonyme de l'abandon du chantier d' Être et Temps et que Modèle:Citation.

Heidegger attribue cet échec à la langue d'Être et Temps qui restée prisonnière de la langue de la métaphysique ne pouvait en conséquence exprimer cela même qui tente de la dépasser<ref>Gerard Guest Modèle:P. 03/2005 Ligne de Risques voir:http://parolesdesjours.free.fr/evenement.pdf</ref>. Modèle:Citation<ref name="Boutot1989p39"/>. Toute l'analyse existentiale est restée très proche du schéma du sujet transcendant dont elle voulait absolument se distinguer. Le traitement du concept d'« ouverture », par exemple, fait appel au schème platonicien de la lumière avec les idées d'horizon et de « clairière ». Il n'en sera plus de même après ce que l'on appellera plus tard le « Tournant », Modèle:Lang, dans la pensée d'Heidegger, où l'homme n'apparaîtra plus comme configurateur de monde, mais comme le « berger de l'être » ; il s'agira d'une autre histoire de la pensée qui commence avec comme œuvre majeure les « Beiträge zur Philosophie (Vom Ereignis) ».

La réception de l'ouvrage

La réception de cet ouvrage considérable aurait fait l'objet, de plusieurs contre-sens. Être et Temps semblait consacrer, en dépit des intentions de l'auteur, une problématique existentielle proche de Kierkegaard et de Karl Jaspers<ref group="N">. En effet tant de lecteurs auraient-ils pu se tromper en même temps devant des pages où résonne la détresse humaine consacrées à l'angoisse, à l'Être-vers-la-mort, au projet d'être soi, à la condition de l’« être-jeté »</ref>. Philippe Arjakovsky<ref name="Dictionnaire446"/> va jusqu'à dire Modèle:Citation. Si l'analyse côtoie sans cesse des thèmes existentiels elle ne vise cependant qu'à dégager, comme note Paul Ricœur<ref>Modèle:Harvsp</ref>, à la faveur d'expériences de la vie facticielle concrète, telles que l'ustentisilité, les tonalités affectives d'angoisse la déréliction et en les dépassant, la structure ontologique du Modèle:Lang.

Les percées d’Être et Temps

La plupart des sciences humaines contemporaines ont puisé, à un moment ou à un autre, dans l'œuvre de Heidegger et particulièrement dans Être et Temps.

Sur un plan purement théorique trois autres percées méritent d'être soulignées :

  1. La nature quadrimensionnelle du Temps véritable ; Modèle:Citation. De ces quatre, la dimension « extatique », de l'Modèle:Lang, de l'entrée en présence, est la principale.
  2. L'intentionnalité spécifique de la vie et son sens d'accomplissement. La mobilité de la vie n'est pas une somme de mouvements dispersés; elle a un sens, le sens d'accomplissement<ref name="Dewalque2011p64">Modèle:Harvsp</ref>. Heidegger a mis à jour la structure intentionnelle de la vie facticielle à travers le ternaire suivant ; Gehaltsinn (teneur de sens), Bezugsinn (sens référentiel), Vollzugsinn (sens de l'effectuation). Le Gehaltsinn correspond à la catégorie phénoménologique de Monde. Le Modèle:Lang au Souci qui découvre le monde comme signifiant. Le Modèle:Lang correspond à la mobilité de la vie, attirance, répulsion, foi, extase, amour etc. Pour une analyse approfondie de ces concepts se référer à Jean Greisch<ref name="Greisch1994"/> ; accomplir, est appropriation des phénomènes dans à chaque fois une situation concrète ainsi de Proust qui goûtant sa madeleine est immédiatement transporté de tout son être sensible dans son enfance auprès de sa tante. La vie surgit ici dans sa pure facticité.
  3. Une nouvelle conceptualité pour l'interprétation de la foi chrétienne en collaboration avec le théologien Rudolf Bultmann C'est autour de leur commune conception de la structure ontologique de l'homme et de son historicité que le rapprochement a eu lieu au point que l'on a pu dire que l'analytique existentiale pourrait paraître calquée sur la représentation néo-testamentaire du Dasein<ref name="Malet">Modèle:Harvsp</ref>. À l'inverse leur amitié donnera au célèbre théologien l'occasion de réinterpréter le « Nouveau Testament » à la lumière de Être et Temps<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Le Modèle:Lang jeté et exposé, en souci de lui-même, est « à chaque fois » dans l'instant de la décision, dans son kairos, éclairé par sa conscience offre un modèle plus apte pour expliciter le comment de ses choix que l'animal raisonnable ou le sujet cartésien de la tradition. Les bases de ces analyses qui s'appuient sur les textes religieux du premier christianisme ont été posées dans les cours du début des années 1920 et repris dans Phénoménologie de la vie religieuse. Comme l'homme du Nouveau Testament, attentif à la grâce, le Dasein est invité à exercer pleinement sa liberté vis-à-vis du monde mais aussi vis-à-vis de lui-même.

La place du traité dans l'œuvre

Cet ouvrage de (1927), rédigé en vue de son habilitation pour Marbourg et qui apparaît dans la carrière du philosophe comme un premier aboutissement de ses premières recherches (voir Heidegger avant Être et Temps), est aussi une de ces œuvres majeures de la philosophie que certains ont pu comparer à la Métaphysique (Aristote). Il s'agissait au départ de développer une intuition majeure de Heidegger quant au sens temporel de l'Modèle:Citation. Il s'avèrera par la suite que cette démonstration ne pouvait être réalisée dans le cadre strict de la métaphysique et que son dépassement s'imposait.

Être et Temps occupe une place centrale dans l'œuvre du philosophe. Selon Christian Dubois<ref name="Dubois17"/> tous les chemins de pensée de Heidegger passent par Être et Temps, fût-ce pour le dépasser, il faut donc constamment y revenir, ce que le philosophe ne manque pas de faire en annotant son exemplaire personnel Modèle:Citation écrit Philipe Arjakovsky<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Bien qu'à l'époque de ce livre il ne soit pas encore agi pour Heidegger de renverser la métaphysique, comme le souligne Françoise Dastur<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

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Notes et références

Notes

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Références

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Annexes

Bibliographie

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Liens externes

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