Albert Houtin

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}

Modèle:Infobox Biographie2 Albert Houtin, né le Modèle:Date à Sartre, près de La Flèche, dans la Sarthe et mort le Modèle:Date à Paris, est un prêtre, historien et philosophe français qui fut activement mêlé à la crise moderniste.

Biographie

Enfance et vocation

Fils d'un boulanger qui devient marchand de tissus et s'établit à Luché, Albert Houtin est imprégné de culture catholique par sa mère et ses grands-parents. Enfant, il est dirigé vers le petit séminaire Mongazon d'Angers<ref name="Laplanche 2001">François Laplanche, « Albert Houtin », in Jean-Pierre Chantin (dir.), Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, éd. Beauchesne, 2001, Modèle:P.</ref>.

En 1886, il entre au grand séminaire d'Angers, mais éprouve une attirance pour la vie monastique après une visite à l'abbaye de Solesmes où il entame son noviciat bénédictin. Mais, écarté par le maître des novices, il reprend trois ans d'études en théologie au séminaire d'Angers au terme desquelles il est ordonné prêtre le Modèle:Date<ref name="Laplanche 2001"/>.

Il est nommé maître d'études au petit séminaire de Mongazon, puis, à partir de 1894, y enseigne l'histoire et l'allemand. Ayant conservé des liens avec certains moines de Solesmes partis en Espagne, il leur rend une visite qui modifie sa perception du catholicisme. Durant les vacances scolaires, il voyage également en Allemagne et en Angleterre qui lui élargissent l'horizon<ref name="Laplanche 2001"/>.

Premières recherches et difficultés

Ses recherches en histoire le portent d'abord sur l'histoire locale et l'amènent à remettre en question l’apostolicité des Églises de France en se posant du côté de l'analyse critique qui en souligne l'aspect légendaire. Ainsi, sur le plan local, il remet en cause l'existence même du fondateur de l'évêché d'Angers saint René, personnage relevant de la légende tardive de Saint Maurille, tandis que l'historicité de l'épiscopat local n'était attestée que depuis le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>Les origines de l’Église d'Angers. La légende de saint René, Laval, 1901</ref>, ce qu'avaient déjà relevé les bollandistes au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name="Laplanche 2001"/>. Bien qu'elles ne soient donc pas révolutionnaires, ces conclusions et leur communication lors de conférences lui aliènent l'évêque d'Angers, [[Joseph Rumeau|Modèle:Mgr Rumeau]], qui le désavoue publiquement, marquant le début des difficultés d'Albert Houtin avec la hiérarchie catholique<ref>Il témoignera de cet épisode dans un ouvrage Mes difficultés avec mon évêque publié en 1903</ref>.

Son opposition avec l'évêque et une partie du clergé local l'amène à solliciter une affectation à Paris qu'il obtient en Modèle:Date-, accompagné d'un celebret<ref>Autorisation délivrée par l'autorité ecclésiastique à un prêtre de célébrer la messe</ref> qui lui permet d'être attaché comme « prêtre habitué » à l'église Saint-Sulpice de Paris<ref name="Laplanche 2001"/>.

En mars 1902, il publie un texte sévère contre la science catholique, La Question biblique chez les catholiques de France au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle quelques mois avant L’Évangile et l'Église d'Alfred Loisy : les deux ouvrages sont condamnés et interdits de lecture par les autorités ecclésiastiques. L'abbé Houtin n'obtient dès lors plus de poste à Paris, se voit retirer le celebret et se retrouve pratiquement « interdit » d’activités, prenant conscience, à l'instar de Loisy, que selon lui le gouvernement de l'Église catholique s'apparente à une police de la pensée<ref name="Laplanche 2001"/>. En 1904, il occupe brièvement un poste de secrétaire auprès de l'évêque de Tarentaise [[Lucien Lacroix|Modèle:Mgr Lacroix]], favorable au renouveau intellectuel<ref name="Laplanche 2001"/>. La même année, il prend en charge la chronique des Affaires religieuses du journal radical Le Siècle, activité qu'il poursuit jusqu'en 1909<ref name="Poulat 1972">Émile Poulat, édition critique et dossier historique de Une œuvre clandestine d'Henri Bremond : Un clerc qui n'a pas trahi. Alfred Loisy d'après ses mémoires. 1931, Edizzioni di Storia e Letteratura, 1972, Modèle:P.</ref>. Houtin enchaine les publications : L'Américanisme (1904), La Question biblique au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle (1906), La Crise du clergé (1907), Évêques et diocèses (deux séries 1907-1909)<ref name="Laplanche 1996">Francois Laplanche, Sciences religieuses : Le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle 1800-1914, éd. Beauchesne, 1996, Modèle:P.</ref>.

Éloignement de l'Église catholique

En 1907, sa candidature présentée par Maurice Vernes à l'École pratique des hautes études est refusée<ref>Parce que, selon Maurice Vernes, il n'est ni juif ni protestant ; cité par Fr. Laplanche, op. cit., 2001, Modèle:P.</ref>. La même année, Loisy lui confie le soin de rédiger sa biographie, une entreprise qui ne sera pas sans déception réciproque et amertume pour les deux hommes<ref name="Poulat 1972"/>.

Resté dans la marginalité du catholicisme<ref name="Laplanche 2001"/>, il renonce à son rôle de « franc-tireur de l'Église », et - ayant perdu progressivement la foi - abandonne son état de prêtre en 1912<ref name="Poulat 1972"/> juste avant de publier son Histoire du modernisme catholique. En 1913, il obtient, par l'entremise d'Alphonse Aulard, un modeste emploi au Musée pédagogique de Paris<ref>créé en 1878 et depuis devenu l'Institut français de l'éducation</ref> dont il devient administrateur en 1919, puis directeur quelque temps avant sa mort. Il ne cesse pas pour autant la publication d'ouvrages et d'articles pour une œuvre qui se répartit entre ouvrages d'histoire locale, contributions à l'histoire immédiate du catholicisme et des ouvrages consacrés aux débats historiques, exégétiques et pastoraux qui animent alors le clergé français<ref name="Laplanche 1996"/>.

Il meurt le Modèle:Date à Paris<ref>Revue historique, volumes 152 à 153, Librairie Germer Baillière et Cie, 1926, Modèle:P.</ref>. Parmi ses disciples, Roger Martin du Gard qui avec Alphonse Aulard et Julien Benda, lui consacre Le Tombeau d'Albert Houtin en 1927. Il a lui-même livré son expérience dans deux ouvrages autobiographiques datés de 1926 et 1928, dont le second est publié par son exécuteur testamentaire, Félix Sartiaux, qui comprennent une bibliographie détaillée de ses travaux.

Le modernisme

Prêtre et philosophe, Albert Houtin est ainsi un historien précis du catholicisme français et de sa crise contemporaine, à propos desquels il a écrit de nombreux ouvrages<ref name="Poulat 1972"/> qui, avec l'étendue de ses relations, l'ont amené à jouer un rôle de premier plan dans la crise moderniste<ref name="Laplanche 1996"/>. Il entretient ainsi des relations notamment avec Alfred Loisy et Marcel Hébert. Émile Poulat a évoqué les relations entre ces trois hommes et relativisé la légende de leur connivences intellectuelles : « L'historiographie du modernisme a longtemps été dominée par le thème de l'amitié Loisy-Houtin. Je pense avoir établi non seulement la profondeur de leurs divergences, mais l'importance théorique de ces divergences. S'il est une constante de la vie de Loisy, de sa jeunesse à sa mort, c'est bien son anti-rationalisme et son anti-scientisme : Loisy s'est toujours voulu un savant « indépendant en un sens différent de celui - polémique - que recouvrait alors le terme de « science indépendante », et si les milieux catholiques ne l'ont pas perçu, les milieux rationalistes, eux, ne s'y sont pas trompés »<ref>Émile Poulat, Modernistica, Les Nouvelles éditions latines, Paris, 1982, Modèle:P.</ref>. Si Loisy s'oppose au rationalisme et au scientisme, il n'en va pas de même d'Albert Houtin et de Marcel Hébert que Poulat appelle les « rationaux » par contraste avec les historiens que sont Louis Duchesne et Alfred Loisy <ref>Émile Poulat, op. cit., 1982, Modèle:P.</ref>.

Œuvres

  • La Question biblique chez les catholiques de France au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, éd. Picard, 1902
  • La controverse de l'apostolicité des Églises de France au XIXe siècle, Paris, 1903.
  • L’Américanisme, Librairie Émile Nourry, Paris, 1904
  • La Question biblique au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, éd. Nourry, 1906
  • La crise du clergé. P., 1908.
  • Histoire du modernisme catholique. Р., 1912.
  • Le Père Hyacinthe dans l'Église romaine 1827-1869. P., 1920.
  • Courte histoire du christianisme, Paris, Rieder, 1924
  • Un prêtre symboliste, Marcel Hébert (1851-1916), Paris, Rieder, 1925
  • Mon expérience. I : Une vie de prêtre 1867-1912, éd. Rieder, 1928
  • Mon expérience. II : Ma vie laïque 1912-1926. Documents et souvenirs, éd. Rieder, 1928
  • Albert Houtin et Félix Sartiaux, Alfred Loisy, sa vie, son œuvre, manuscrit annoté et publié avec une bibliographie de Loisy et un index bio-bibliographique par Émile Poulat, éd. CNRS, 1960

Notes et références

Modèle:Références

Voir aussi

Bibliographie

  • Alphonse Aulard, Julien Benda, Roger Martin du Gard et alii, Le Tombeau d'Albert Houtin, éd. Rieder, 1927
  • Émile Poulat, édition critique et dossier historique de Une œuvre clandestine d'Henri Bremond : Un clerc qui n'a pas trahi. Alfred Loisy d'après ses mémoires. 1931, Edizioni di Storia e Letteratura, 1972, Modèle:P.
  • Émile Poulat, Histoire, dogme et critique dans la crise moderniste, éd. Albin Michel, 1996
  • Francois Laplanche, Sciences religieuses : Le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle 1800-1914, éd. Beauchesne, 1996, Modèle:P.
  • François Laplanche, « Albert Houtin », in Jean-Pierre Chantin (dir.), Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, éd. Beauchesne, 2001, Modèle:P.

Liens externes

Modèle:Liens

Modèle:Palette Modèle:Portail