Bordurie
Modèle:Confusion Modèle:Infobox Lieu de fiction (bande dessinée)
La Bordurie est un pays imaginaire d'Europe orientale créé par Hergé dans Les Aventures de Tintin. Elle joue le rôle de l'antagoniste, en particulier en s'attaquant à son voisin, la Syldavie. La capitale en est Szohôd. C'est un régime totalitaire, d'abord inspiré de l'Allemagne nazie puis des régimes soviétiques.
Histoire
Une brochure dans Le Sceptre d'Ottokar indique que le roi de Bordurie conquiert la Syldavie en 1195. Le pays l'occupe jusqu'en 1275, lorsque le baron Almaszout chasse les Bordures. Depuis, de nombreux conflits opposent les deux pays, en situation de Modèle:Citation<ref name=":1">Modèle:Ouvrage.</ref>.
Lors des événements narrés dans Le Sceptre d'Ottokar, la Bordurie tente de s'emparer de son voisin en détrônant le roi Ottokar : en Syldavie, le Parti de la Garde d'Acier dirigé par Müsstler (dont le nom rappelle Mussolini et Hitler), doit provoquer des incidents avec la population bordure, tandis que des Modèle:Citation du Zyldav Zentral Revoluzionär Komitzät (Comité central révolutionnaire syldave)<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> sont chargées de s'emparer des points névralgiques de la capitale Klow ; les troupes bordures doivent ensuite pénétrer en territoire syldave<ref name=":0" />. Grâce à la découverte du complot par Tintin, le coup d’État échoue et les troupes bordures reculent à 20 kilomètres de la frontière<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Si la Bordurie n'est pas nommée dans la dilogie Objectif Lune — On a marché sur la Lune, l'agent au service de l'ennemi est le colonel Boris, c'est-à-dire l'agent chargé du coup d’État pro-bordure dans Le Sceptre d'Ottokar. La Bordurie tente de s'emparer de la fusée construite par le professeur Tournesol. L'album Objectif Lune, paru en 1953, rappelle les rivalités de la guerre froide dans la conquête spatiale<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Dans L'Affaire Tournesol, la Bordurie (tout comme la Syldavie) tente de récupérer l'arme à ultra-sons inventée par le professeur Tournesol afin de s'en servir à des fins militaires, mais échoue.
Plus tard, comme cela est rapporté dans Tintin et les Picaros, le régime de Szohôd fournit un soutien technique au dictateur du San Theodoros, le général Tapioca, éternel rival du général Alcazar, réfugié dans la jungle avec ses partisans<ref>Modèle:Article.</ref>. Le régime tapioquiste adopte alors l'idéologie et l'emblème de la Bordurie.
Localisation
L'histoire de la Bordurie selon Hergé permet de situer ce pays dans les Balkans. Plusieurs caractéristiques politiques la rapprochent cependant de l'Allemagne nazie<ref name=":2">Modèle:Ouvrage.</ref>, puis de l'URSS<ref>Modèle:Article.</ref>.
Le nom du pays renvoie à la notion de bordure, c'est-à-dire de limite ou de frontière : Hergé choisit ainsi de mettre une séparation avec le monde où évoluent Tintin et ses compagnons. Pour Z. Truchlewski, Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Régime
Régime fasciste de 1939
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Drapeau de la Bordurie fasciste. Interprétation d'après l'empennage de l'avion à bord duquel Tintin fuit la Bordurie dans l'album de 1939 en noir et blanc<ref>Modèle:CitationModèle:Harv.</ref>.
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Avion Heinkel, modèle de celui de 1939<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="Bellier">L'avion tel qu'il apparaît dans la version en noir et blanc : planche 94, Le Petit Vingtième, no 26, Modèle:Date-.</ref>.
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Drapeau de la Bordurie fasciste. D'après l'empennage du Messerschmitt de l'album de 1946 en couleur<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>.
Dans l'album Le Sceptre d'Ottokar, la Bordurie est clairement un régime totalitaire fasciste. Il existe de nombreux parallèles entre la tentative d'annexion de la Syldavie et les revendications territoriales de l'Allemagne nazie (Anschluss) à l'époque de création de l'album<ref name="Kauffer">Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>. Les uniformes des soldats bordures sont copiés sur les uniformes nazis<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, et Hergé s'est inspiré d'un avion allemand Heinkel (nom qui apparaît clairement sur le moteur dans la version noir et blanc<ref name="Bellier" />) pour dessiner l'avion bordure que Tintin dérobe sur un aérodrome avant d'être abattu par la DCA syldave<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Enfin, le chef du Parti de la Garde d'Acier se nomme Müsstler, contraction de Mussolini et Hitler<ref name=":2" />.
Régime stalinien après la Seconde Guerre mondiale
Après la Seconde Guerre mondiale, les références et inspirations indiquent plutôt une caricature des dictatures communistes d'Europe de l'Est<ref name=":0" />. Les indices les plus probants figurent dans L'Affaire Tournesol, où l'on voit Hergé brosser le portrait d'un pays glorifiant à tout propos son dictateur Plekszy-Gladz (dont la moustache évoque en partie celle de Joseph Staline<ref name=":0">Modèle:Ouvrage.</ref>, et dont le nom est calqué sur le Plexiglas, rappelant de façon parodique le pseudonyme de Staline, directement inspiré par l'acier, cf. Modèle:Langue en russe, Modèle:Langue en allemand), et où les visiteurs venus de l'Ouest sont en permanence accompagnés de « guides » appartenant à la police secrète. De même, l'intrigue de L'Affaire Tournesol tourne autour de l'espionnage et l'appropriation d'armes de destruction massive.
Néanmoins, le salut militaire bordure Amaïh Pleksy-Gladz évoque le salut nazi Heil Hitler !<ref name="algoud">Modèle:Chapitre.</ref> (ainsi que l'exclamation anverso-gantoise amaïModèle:Ref nec).
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Le brassard porté par les représentants du régime de Plekszy-Gladz est très proche de celui porté par les nazis.
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Joseph Staline dont les moustaches inspirent celles de Plekszy-Gladz.
Si le tyran Plekszy-Gladz et sa police politique évoquent Staline et le NKVD, ses généraux et le colonel Sponsz ressemblent surtout aux officiers du Troisième Reich ; quant à la capitale Szohôd, elle pourrait, par ses vitrines, son éclairage et ses nombreuses voitures, être n'importe quelle ville occidentale, s'il n'y avait, dans certaines vignettes de L'Affaire Tournesol, des minarets cylindriques de style turc qui la placent clairement dans les Balkans. On peut donc voir dans la Bordurie une caricature du totalitarisme en général<ref name=":0" />, que ce soit l'URSS stalinienne ou l'Allemagne hitlérienne.
Les généraux de l'armée bordure détestent assez les pays occidentaux, applaudissant en voyant une représentation de la destruction (fictive) de New York dans L'Affaire Tournesol.
Un régime totalitaire
Pour François Schuiten, Hergé utilise la Bordurie pour montrer les différences entre un régime autoritaire et un régime totalitaire : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Culte de la personnalité
Le culte de la personnalité du maréchal Plekszy-Gladz fait modifier jusqu'aux pare-chocs des voitures bordures eux-mêmes. On retrouve la forme de sa moustache (dans L'Affaire Tournesol) sur tous les véhicules bordures. La moustache se retrouve également sur les casques des motards bordures, sur le fronton des immeubles (page 47 de L'Affaire Tournesol), sur les montures des lampes du palace où séjournent Haddock et Tintin, sur les calendriers et même sur le rebord d'une table de la suite de Tintin à Szohôd (page 48 de L'Affaire Tournesol)<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Enfin, une statue monumentale du maréchal Plekszy-Gladz se situe au centre de la place Plekszy-Gladz à Szohôd. On peut remarquer un passant saluant la statue (page 47 de L'Affaire Tournesol), le bras droit replié contre la poitrine<ref>Gilles Ratier, L’Affaire Tournesol page 47, BDZoom.</ref>, ce qui n'est pas sans rappeler le Modèle:Lien en vigueur en Albanie sous le roi ZogModèle:Référence nécessaire.
Rivalité avec la Syldavie
La Bordurie, fidèle à sa rivalité héréditaire avec la Syldavie, lui livre une lutte acharnée. La Bordurie constitue ainsi l'alter-ego de la Syldavie<ref name=":0" />. La relation entre les deux pays permet à Hergé Modèle:Citation<ref name=":0" /> dans les années 1930 puis 1950.
Langue
Modèle:… La langue parlée en Bordurie est le bordure. Elle s'écrit avec l'alphabet latin et utilise beaucoup l'accent circonflexe, qui rappelle le symbole de la moustache. Pour Benoît Peeters, c'est une marque de la propagande du régime bordure, qui étend son influence jusque dans l'alphabet<ref name=":0" />. Le lexique est inspiré du bruxellois<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Lexique
- amaïh ! = salut !, vive ! (< Néerl. amai, expression de surprise ou d'étonnement)
- hôitgang = sortie (< Néerl. uitgang)
- mänhir = monsieur (< All. Mein Herr ; < Néerl. Mijnheer)
- ointhfan = bureau de réception (< Néerl. ontvangst)
- platz = place (< All. Platz ; Néerl. plaats)
- pristzy ! = juron (< Fr. sapristi)
- szonett = sonnerie (< Fr. sonnette)
- sztôpp = stop
- tzhôl = douane (< All. Zoll)
- zserviz = service
- zsnôrr = moustache (< Néerl. snor)
La capitale du pays est Szohôd (transcription du bruxellois zo-ot, « sot », aussi utilisé comme onomatopée avec le sens de « Mon œil ! »).
En dehors de l'univers d'Hergé
Le cas de la Syldavie et de la Bordurie a été réutilisé en dehors de l'univers des Aventures de Tintin, par exemple dans un manuel de droit international public<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> ou dans un ouvrage consacré à l'information et au renseignement<ref name=":1" />. En 1967, un roman de Jean-Marie Caplain relate le conflit syldavo-bordure en faisant intervenir de nouveaux personnages (ministres, ambassadeurs, militaires...) et enrichit son histoire<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
En 2011, des parlementaires français du « Club des parlementaires tintinophiles » organisent un débat sur la question fictive du conflit borduro-syldave. Tintin se voit nommé représentant de l'Union européenne pour résoudre la crise<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Notes et références
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
Liens externes
- Le bordure, sur Ideopedia.