Conférence d'Évian (1938)
La Conférence d'Évian de 1938 fut organisée à l'initiative du président des États-Unis, Franklin D. Roosevelt. Elle se déroula du 6 juillet au Modèle:Date à Évian (France). Son but était de venir en aide aux réfugiés juifs allemands et autrichiens fuyant le nazisme, peu après l'Anschluss. Elle ne déboucha sur aucune mesure concrète, hormis la création du Comité intergouvernemental pour les réfugiés (CIR).
Origine
À la suite de la création du « Grand Reich », le Modèle:Date, l'afflux de migrants juifs d'origine allemande et autrichienne aux États-Unis augmente considérablement. Le problème est que seuls 150 000 visas par an sont délivrés, dont 27 000 pour les Allemands et les Autrichiens.
Le Secrétaire d'État des États-Unis, Cordell Hull, et son adjoint, Modèle:Lien, proposent au président Franklin Delano Roosevelt d'organiser une conférence internationale pour venir en aide à ces réfugiés.
La conférence
Ne faisant pas partie de la Société des Nations (SDN), les États-Unis se chargent d'organiser la conférence qui est prévue de se dérouler à huis clos, la presse ne devant être informée de son déroulement que par la voie de communiqués officiels. La Suisse, pays où réside le siège de la SDN, ne voulant pas recevoir la conférence, c'est la France qui héberge la conférence dans la ville d'Évian, avec à la tête de sa délégation officielle le sénateur Henry Bérenger<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Cordell Hull souligne qu'aucun des pays participants à la conférence ne sera dans l'obligation de recevoir les réfugiés. Partant de là, trente-trois pays seront invités. L'Italie de Benito Mussolini refuse de venir, par solidarité avec Hitler<ref name=MS>La conférence d'Évian sur le site du Mémorial de la Shoah.</ref>. L'URSS décline de même l'invitation. La Hongrie, la Pologne, la Roumanie et l'Afrique du Sud n'envoient que des observateurs<ref name=MS/>. Ni l'Allemagne, ni le Portugal de Salazar ne sont invités, Washington jugeant que vu leurs politiques, ils ne seraient d'aucune aide (à l'époque, les nazis envisagent encore la « solution au problème juif » en tant qu'expulsion massive et relocalisation des communautés juives hors du Reich, avec par exemple la mise au point du plan Madagascar). Le Royaume-Uni accepte l'invitation, en s'assurant préalablement que Washington n'exigerait de leur part aucune augmentation des quotas d'immigration. En tout, 32 pays sont représentés dont 20 d'Amérique latine et 9 pays européens<ref name="Vuillermet">La Conférence de la peur, film documentaire de Michel Vuillermet, 68 min, 2009</ref>.
La conférence s'ouvre le Modèle:Date. Pendant plusieurs jours, les différentes délégations font de nombreux discours expliquant pourquoi leur pays ne peut changer sa législation pour recevoir les réfugiés juifs. La Grande-Bretagne refuse d'en accueillir en Palestine alors sous mandat britannique craignant des troubles avec la population musulmane<ref name="Vuillermet"/>. La France, par la voix d'Henry Bérenger, est sur la même position avec l'Algérie ou d'autres territoires d'outre-mer<ref name="Vuillermet"/> (Madagascar évoqué en 1936 avec la France par la Pologne pour l'émigration de sa propre population juive avait été définitivement refusé par le ministre Georges Mandel<ref name="Vuillermet"/>). La Suisse indique qu'elle ne peut plus accueillir de réfugiés autrichiens et a même rétabli le système de visa<ref name="Vuillermet"/> avec ce pays. Le représentant australien indique que son pays ne souhaite pas « importer un problème racial<ref name="Vuillermet"/> ». Seul le représentant de la République dominicaine et frère du dictateur Trujillo propose d'accueillir Modèle:Nombre réfugiés juifs contre subventions<ref name="Vuillermet"/> ; cette proposition intervenant quelques mois après le massacre de milliers d'Haitiens n'aura que quelques suites en République Dominicaine, à Sosúa, où seront accueillis des réfugiés juifs allemands et autrichiens<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Des organisations non gouvernementales, en majorité juives, s'invitent<ref name="Vuillermet"/> à la conférence mais ne pourront assister qu'aux séances publiques. Elles seront entendues lors d'une sous-commission pour expliquer leur point de vue. Golda Meir, future Première ministre d'Israël, est la représentante de l'Agence juive<ref name="Vuillermet"/>. Elle écrira dans ses mémoires<ref name=":0">Modèle:Ouvrage.</ref> : Modèle:Citation.
De fait, la majorité des intervenants avait évité de mentionner les juifs pour ne parler que de réfugiés politiques ; et à aucun moment il ne fut fait allusion à la politique répressive de l'Allemagne<ref name=":0" />.
Résultat
Les délégations américaine, britannique et française se mettent d'accord pour une résolution finale qui sera approuvée par l'unanimité des autres délégations<ref name="Vuillermet"/>.
Seule la création du Comité intergouvernemental pour les réfugiés (CIR), aussi appelé le Comité d'Évian, sera décidée.
En décembre 1938, Roosevelt demanda à Isaiah Bowman, président de l'Université Johns Hopkins, d'élaborer un plan afin d'accueillir les réfugiés juifs européens<ref name="GR">Modèle:Article</ref>. Le président des États-Unis pense en particulier à l'Amérique latine voire à l'Afrique, imaginant les disperser dans des communautés rurales. Bowman, cependant, n'y est pas favorable. En mai 1939, le raté du paquebot Saint-Louis, affrété pour Cuba avec à bord près d'un millier de réfugiés juifs, renforce ses doutes sur l'efficacité d'une telle politique<ref name=GR/>. Les États-Unis refusent d'accueillir les réfugiés refoulés par Cuba, qui leur avait pourtant accordé des visas <ref name=GR/>.
Prenant acte de cet échec, Roosevelt cherche d'autres voies. Début 1942, alors que la Seconde Guerre mondiale bat son plein, il déclare : Modèle:Début citationLorsque cette guerre sera finie, il y aura en Europe et en Asie des milliers ou peut-être des millions de gens qui ne sauront pas où aller. Il faudra bien que quelqu’un fasse quelque chose – et en grand – pour résoudre ce problème. Si nous voulons être prêts à temps, nous avons intérêt à chercher des réponses dès maintenant<ref name=GR/>.Modèle:Fin citation
Robert Strausz-Hupé, qui sera par la suite chargé du Projet M prévu par Roosevelt, déclarera : Modèle:Début citationNi strictement militaire ni même d’importance politique immédiate, le problème [des réfugiés] mobilisait la générosité humanitaire du Président ; en outre, il n’était pas sans incidence sur la paix future<ref name=GR/>.Modèle:Fin citation
Références
Voir aussi
Bibliographie
Articles connexes
- Conférence des Bermudes (1943)
- Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés
- Conférence d'Évian sur l'Algérie
- Hôtel Royal (Évian-les-Bains)
- George S. Messersmith
Liens externes
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Procès-verbal concernant les décisions prises lors de la Conférence d'Évian
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Juillet 1938, Évian ou les espoirs déçus des juifs du Reich
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} "Évian 1938, la conférence de la peur" de Michel Vuillermet, Stéphanie Roussel et Ilios Yannakakis - documentaire de 66' diffusé par France 3 en 2011, primé par la SCAM en 2012 [1]