Cornelia Africana
- REDIRECT Modèle:Voir homonymes
Cornelia<ref group=note>Le surnom d'Africana est une invention moderne utilisée ici par commodité, pour mieux la distinguer de ses homonymes. La femme romaine porte le nom de la « gens » à laquelle elle appartient : Cornelia. Pour la distinguer, la filiation pouvait être indiquée : F pour Filia et le nom ou le surnom du père au génitif. Ainsi l'inscription de la statue de Cornelia au Champ de Mars la désigne comme fille de l'Africain (Africani F). Mais la postérité l'a désignée : Cornelia, mère des Gracques. </ref> (v. Modèle:Date--v. Modèle:Date-) est la fille de Scipion l'Africain vainqueur d'Hannibal Barca et la mère des Gracques dont les actes politiques ont eu un si grand retentissement sur l'histoire de Rome.
Elle est restée dans le souvenir des Romains comme le modèle de la mère romaine, présidant à l'éducation de ses fils et les formant pour accéder aux premiers rangs. Elle a été sans doute la première femme romaine à être honorée par une statue en bronze à son effigie au Champ de Mars dans le portique de Metellus avec l'inscription suivante : « À Cornelia, fille de l'Africain, mère des Gracques »<ref>’Histoire romaine, sous la direction de François Hinard, Fayard, 2000, t.1, p.533.</ref>.
Biographie
Son père Scipion l'Africain favorisa l'introduction de la culture grecque à Rome, Cornelia grandit et vécut dans un milieu cultivé et protecteur des écrivains, épris d’hellénisme, côtoyant le poète Ennius, puis l'historien grec Polybe de la même génération qu'elle, et l'auteur de théâtre Térence<ref>Marcel Le Glay, Rome, Grandeur et Déclin de la République, Ed Perrin, 1990, réédité en 2005, Modèle:ISBN, p 162</ref>.
Elle épousa Tiberius Sempronius Gracchus, un homme politique romain, consul en 177 av. J.-C.<ref name="belin"/>, censeur en 169 (il fit construire à cette occasion au Forum la Basilica Sempronia), à nouveau consul en 163. Selon Pline l'Ancien<ref>Pline l'Ancien, Histoire Naturelle, livre VII, 11, 13</ref>, elle aurait eu douze enfants, dont neuf moururent en bas âge<ref name ="belin"/>. Les trois survivants étaient les Gracques, Tiberius Sempronius Gracchus qui fut assassiné, Caius Sempronius Gracchus qui se donna la mort et Sempronia qui épousa Scipion Émilien le destructeur de Carthage<ref name ="belin"/>.
Recevant une mère de famille qui lui exhibait ses bijoux, elle fit durer la conversation jusqu'au retour d'école de ses fils, et déclara montrant ses enfants : « Haec ornamenta mea » (Les voici mes bijoux à moi !)<ref>Valère Maxime, Faits et dits mémorables, IV, 4</ref>,<ref name = "belin">Modèle:Ouvrage.</ref>.
Elle laisse dans le souvenir des Romains la réputation d'une mère exemplaire dans le soin et l'éducation de ses enfants, dont elle s'occupa elle-même sans le secours d'une nourrice<ref>Tacite, Dialogue des orateurs, 28, 6</ref>. Elle refuse ainsi, après son veuvage, d'épouser le roi d'Égypte Ptolémée VI pour se consacrer à leur éducation.
Selon Sénèque, Cornélie interdit à son entourage de maudire le sort et n'exprima point de regret<ref>Sénèque, Dialogues, livre XII, Ad Helviam Matrem de Consolatione, XVI, 6</ref>,<ref name="belin"/>.
Rôle dans la carrière politique de ses fils
désignant ses enfants comme ses trésors
Angelica Kauffmann, vers 1785
Virginia Museum of Fine Arts<ref>Musée de Virginie</ref>
Un des aspects les plus importants de la vie de Cornelia est sa relation avec ses fils adultes. La plus grande partie de l’information que nous possédons sur son rôle durant cette période provient de ce que Plutarque écrivit dans Vie des hommes illustres. Elle est dépeinte comme active pendant leurs carrières politiques, surtout celle de Caius.
Plutarque décrit comment Caius écarta une loi qui discréditait Marcus Octavius, le tribun que Tiberius avait destitué car Cornelia le lui demanda<ref> Plutarque, Vie des hommes illustres, vie des Gracques, 25</ref>. Il dit également qu’elle aidait Gaius à miner le pouvoir du consul Opimius en engageant des ouvriers agricoles étrangers. David Stockton pense que, que ce soit vrai ou pas, les fermiers et ouvriers agricoles étaient les partisans habituels des Gracques<ref>David Stockton, The Gracchi (Oxford: Clarendon Press, 1979), 20.</ref>.
Plutarque nous rapporte également des traits d’humour de Caius : Modèle:Citation bloc
Si cet incident est exact, on peut supposer que Cornelia avait la réputation d’être une femme noble et chaste et les Gracques utilisaient cette réputation à leur avantage dans la rhétorique politique.
Extraits des lettres de Cornelia
Cornelia est une des quatre femmes romaines dont les écrits ont survécu. On possède deux extraits de lettres écrites à Caius Gracchus, son plus jeune fils. Tous les érudits ne considèrent pas ces écrits comme authentiques<ref name="ReferenceA">Vivante, Bella ed. Women's Roles in Ancient Civilizations. Westport: Greenwood Press, 1999</ref>. La lettre démontre comment les femmes romaines exerçaient leur influence dans une famille romaine. La lettre fut écrite avant le tribunat de Gaius. Gaius fut tué en Modèle:Date Les extraits sont conservés dans les manuscrits de Cornelius Nepos, le plus ancien biographe latin Modèle:Citation bloc Modèle:Citation bloc
Au début des années 40 av. J.-C., Cicéron, un contemporain de Nepos, raconte comment son ami Atticus discute de l’influence des mères sur le langage de leurs enfants. Atticus déclara avoir lu les lettres de Cornelia, mère des Gracques. Le style de ces lettres semble démontrer, pour Atticus, que les Gracques furent beaucoup plus influencés par le langage de leur mère que par son éducation.
Cornelia dans la culture
Peinture
Pendant la Révolution française, il est demandé aux artistes de représenter les évènements contemporains par le biais de l'Antiquité. Ainsi, le motif de Cornélie, mère des Gracques, est très représenté car elle incarne la rigueur morale. De plus, elle se distingue pour son sacrifice afin de soutenir et former ses fils. En outre, le rôle de la mère est central dans la transmission des vertus des futurs citoyens.
Cornelia figure dans de nombreuses œuvres, parmi lesquelles :
- Cornelia en amure, Alessandro Varotari, v. 1620, Ca' Rezzonico, Venise
- Cornelia, mère des Gracques, désignant ses enfants en citant ses trésors, Angelica Kauffmann, v. 1785 (Virginia Museum of Fine Arts)
- Cornelia refusant la main du roi d'Égypte pour mieux s'occuper de ses enfants, Laurent de La Hyre, 1646, musée des Beaux-Arts de Budapest
- Cornélie, mère des Gracques, Pierre Peyron, 1781, Toulouse, musée des Augustins
- Cornélie, mère des Gracques, Joseph-Benoît Suvée, 1795, musée du Louvre
-
Cornélie mère des Garques - Alessandro Varotari - Ca' Rezzonico 1620
-
Cornélie refusant la main du roi d'Égypte pour mieux s'occuper de ses enfants (Laurent de La Hyre - 1646)
-
Cornélie, mère des Gracques (Pierre Peyron - 1781)
-
Cornélie, mère des Gracques (Joseph-Benoît Suvée - 1795)
Sculpture
- Une statue dont le socle, seule partie à avoir été retrouvée en 1878 à Rome, portait la mention "Cornélie, mère des Gracques" a été érigée en son honneur dans l'Antiquité<ref name ="belin"/>.
- Cornélie et ses deux fils par Jules Cavelier, 1855, musée d'Orsay<ref name ="belin"/>.
- Une sculpture orne la cour d'honneur du Collège Condorcet.
Art contemporain
- Cornelia Africana figure sous le nom de Cornelia Gracchi parmi les 1 038 femmes référencées dans l'œuvre d’art contemporain The Dinner Party (1979) de Judy Chicago. Son nom y est associé à Hypatie<ref>Musée de Brooklyn - Centre Elizabeth A. Sackler - Cornelia Gracchi</ref>,<ref>Judy Chicago, The Dinner Party : From Creation to Preservation, Londres, Merrel 2007. Modèle:ISBN.</ref>.
Notes et références
Notes
Références
Articles connexes
- Généalogie des Scipiones-Gracchi-Aemilii
- Place des femmes dans la Rome antique
- Cornélie, pièce de Robert Garnier