Couvent des Madelonnettes (Paris)

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Modèle:Infobox Édifice religieux

Les Madelonnettes est l’appellation courante de l'ordre des filles de Marie-Madeleine (ou des religieuses de l'ordre de la Madeleine<ref>À ne pas confondre avec les Filles Pénitentes.</ref>), censés accueillir et aider les anciennes prostituées ou des « victimes de la séduction qui avaient fait un retour sur elles-mêmes<ref>Voir Maurice Alhoy et Louis Lurine, Les Prisons de Paris, Paris, Gustave Havard, 1846, Modèle:P..</ref> ». Il a compté plusieurs établissements en France et en Europe<ref>Voir Pierre Hélyot 1863, et Max Heimbucher 1907.</ref>, dont un des plus connus est celui de Paris, fondé au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

Rapidement détourné de son projet initial, le couvent est dans les faits une maison de correction et un lieu d’enfermement arbitraire pour femmes jusqu’en 1790. On y enferme des prisonniers politiques à la Révolution française, entre 1793 et 1794, puis à nouveau des femmes après 1795<ref>En tant qu’annexe de la prison Saint-Lazare. Voir Modèle:Ouvrage.</ref>. Entre 1831 et 1836, les Madelonnettes sont une prison pour enfants, avant de devenir une prison pour adultes et enfants<ref>Annexe de la prison de La Force entre 1836 et 1838. Voir Modèle:Opcit, Les Prisons de l’Europe, Modèle:P.].</ref>. L’ensemble des bâtiments sera détruit, entre 1865-1866, lors du percement de la rue de Turbigo.

L'actuel lycée Turgot est, en partie, sur son emplacement, dans le [[3e arrondissement de Paris|Modèle:3e]] de Paris.

Localisation

Son entrée était située au no 14 ou au no 16 de la rue des Fontaines-du-Temple, bien que certains documents de la Bibliothèque historique de la ville de Paris indiquent le no 12<ref>Voir Jacques-Antoine Dulaure et Jules-Léonard Belin 1829, Modèle:P. (pour les no 14 ou 16) ; Modèle:Base Archim (indiquant plutôt le no 16) ; Félix Lazare et Louis Lazare, Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, Paris, F. Lazare, 1844, Modèle:P. (indiquant le no 14) ; Photo de Marville à la bibliothèque historique de la Ville de Paris (1867-1868) (indiquant le no 12).</ref>. D'autres bâtiments, sans doute dans son enceinte, sont aussi mentionnés dans la même rue, dont en 1852 une chapelle « de la maison de détention », au no 14<ref>Voir Historique de la restauration de la chapelle de la maison de détention dite des Madelonnettes, rue des Fontaines du Temple no 14, 11 août 1852, Paris, Imp. Surey, 1852.</ref>.

Aujourd'hui, le couvent des Madelonnettes serait situé dans un quadrilatère compris entre la rue des Fontaines-du-Temple, la rue Volta et la rue du Vertbois.

De manière incertaine, sa limite Est serait matérialisée par l'actuelle rue Sainte-Élisabeth (ouverte en 1807<ref>Selon paris.fr.</ref>), voire encore plus à l'Ouest dans l'axe du mur mitoyen entre les numéros 10 et 12. Un pan de mur, avec une plaque commémorative, est pourtant placé à l'Est de cette rue, entre les numéros 6 et 8 de la rue des Fontaines-du-Temple. Ce vestige pourrait toutefois correspondre au mur d'une maison annexe de l'ancien couvent<ref>Il est aussi possible qu'il s'agisse plutôt du mur d'un bâtiment inclus dans l'enceinte de l'Église Sainte-Élisabeth-de-Hongrie, la rue Sainte-Élisabeth séparant les deux pâtés de maisons depuis 1807. En 1790, le mur d'enceinte du couvent semble plutôt arriver au niveau du mur mitoyen entre les Modèle:N° et 12 de la même rue, d'après le plan d'Edme Verniquet. Mais d'autres bâtiments officiels ou religieux sont bien dessinés (des maisons ?) sur ce plan jusqu'au Modèle:N°. Voir le plan de Verniquet (1790) et aussi la carte d'État-Major (dont les levés ont été établis entre 1825 et 1866) (carte décalée vers l'Est) .</ref>.

L'origine

Modèle:Article détaillé Son origine remonte à 1618, quand un riche marchand de vin, Robert de Montry<ref>Robert de Montry ou Robert de Montré ou encore Robert de Montrey</ref>, ayant tenté de faire la morale à des prostituées qui l'avaient interpellé, décida finalement de les remettre sur le droit chemin en les hébergeant chez lui<ref>Robert de Montry, Relation véritable de la naissance et progrès du monastère de Ste-Marie Madeleine, Paris, S. Huré, 1649.</ref> près du carrefour de la Croix-Rouge.

Avec l'aide du curé Jean Dupont de Saint-Nicolas-des-Champs, du père capucin Athanase Molé et d'un officier des gardes du corps du roi, le sieur de Fresne (par ailleurs ami de saint Vincent de Paul), il entreprit d'étendre son œuvre charitable à d'autres prostituées<ref name="NPSN">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Rapidement dépassés par leur succès, ils louèrent dans un premier temps des chambres dans le faubourg Saint-Honoré, puis Robert de Montry prêta une maison qu'il possédait dans le quartier de la Croix-Rouge. Une chapelle y fut improvisée, desservie par les bénédictines de Saint-Germain-des-Prés<ref name="NPSN"/>Modèle:Rp.

La fondation

Fichier:1652 Gomboust Map of Paris, Couvent des Madelonnettes.png
Rue des Fontaines, détail du plan de Gomboust de 1652.

Modèle:Article détaillé

L'idée de la création d'un véritable couvent ayant fait son chemin, on fit appel au patronage de saint Vincent de Paul et à la générosité de la marquise de Maignelay (née Claude-Marguerite de Gondi, sœur de Jean-François de Gondi, archevêque de Paris) qui acquit, le Modèle:Date-, du sieur Dubuisson une propriété située rue des Fontaines, entre l’abbaye Saint-Martin-des-Champs et l’enclos du Temple, et leur légua Modèle:Unité sur son héritage<ref>Modèle:Article.</ref>.

En 1625, Louis XIII leur accorda 3 000 livres de rentes. Une constitution leur fut accordée par le pape Urbain VIII, en 1631. La plupart des bâtiments furent construits en 1637, une première chapelle fut inaugurée par Anne d'Autriche, le Modèle:Date-, puis une église fut érigée à partir de 1680 et dédiée le Modèle:Date-<ref name="NPSN"/>Modèle:Rp.

Du couvent au lieu d'enfermement

Modèle:Article détaillé

Modèle:Citation bloc

Du généreux rassemblement de pécheresses choisissant librement le chemin de la rédemption, on évolua insidieusement vers un établissement plus classique où l'on enfermait sur ordre du roi, des juges, ou simplement à la demande de leur famille, toute femme ou fille soupçonnée d'inconduite ; l’exemple le plus célèbre est celui de la courtisane Ninon de Lenclos, emprisonnée aux Madelonnettes en 1657 à la demande de la reine-mère, parce qu’elle « dogmatisait sur la religion<ref>Modèle:Article.</ref> ». Selon Tallemant des Réaux, elle n'y resta guère longtemps tant fut forte la pression de ses galants qui s'attroupèrent autour du couvent pour réclamer sa libération. Nombre des détenues étaient issues de familles aisées qui payaient d'ailleurs une forte pension<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Il fallut donc muscler l'encadrement, qui fut confié successivement :

  • en 1629, à 4 sœurs de la Visitation de Saint-Antoine ;
  • en 1677 aux Ursulines ;
  • et finalement en 1720, aux religieuses de Saint-Michel, réputées pour leur poigne.

On compte alors 165 pensionnaires, organisées en 3 catégories :

  • les sœurs de Sainte Madeleine proprement dites, ayant prononcé leurs vœux solennels, en habit blanc<ref>Voir leurs habits, par exemple, dans Hélyot 1715 ou dans Hélyot 1847 (Modèle:T.), fig. 200 Religieux de l'ordre de la Madeleine, en Allemagne ; fig. 201 Religieuse Madelonnette à Metz ; fig. 202 Madelonnette de la Congrégation de Sainte-Marie-Madeleine.</ref> ;
  • les sœurs de Sainte Marthe, ayant prononcé des vœux simples, en habit gris. Elles pouvaient accéder à l'ordre de Sainte Madeleine après 2 ans de noviciat ;
  • les sœurs de Saint Lazare, n'ayant prononcé aucun vœu et généralement retenues contre leur gré, en habit séculier mais le visage dissimulé derrière un voile de taffetas noir.

Elles étaient réparties dans trois bâtiments distincts.

À la suite du décret de l'Assemblée Nationale du 13 février 1790 abolissant les ordres religieux, un dernier inventaire des biens et des revenus fut effectué le 17 mars de la même année. Les religieuses ne furent que très progressivement dispersées puisqu'une supérieure et une économe furent encore nommées, le Modèle:Date-.

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La prison

Fichier:Mariaval Maison des Magdelonnettes, 1795.png
Plan de la Maison des Magdelonnettes. Détail de Jean-Prosper Mariaval (1740-1821), L'artiste dans sa prison, 1795 (Musée Carnavalet).

Modèle:Article détaillé Le couvent des Madelonnettes est fermé en 1790, puis, devenu propriété nationale, transformé en prison en 1793.

En 1793, face à la recrudescence des emprisonnements, les bâtiments devinrent un lieu de détention pour hommes détenus politiques et de droit commun. Les premiers prisonniers furent incarcérés le 4 avril, sous la direction du commissaire Marino et du concierge Vaubertrand. Le rythme s'accéléra à partir de mai (jusqu'à 47 par jour) conduisant à la surpopulation de cet établissement initialement prévu pour abriter 200 personnes, et qui en compte jusqu'à 319 (le 27 messidor).

S'y mêlaient les droits communs, surnommés les « pailleux », détenus au rez-de-chaussée, et des personnes de diverses origines généralement écrouées comme « suspects ».

Le ton était celui de la bonne société, on improvisait des poèmes, on chantait, on faisait de la musique ou de la gymnastique, sous l'œil de la gardienne, qui tricotait. Malgré tout, le régime y était pénible en raison de l'insalubrité et de l'exigüité des lieux. Le commissaire Marino interdisait toute sortie dans la cour sous prétexte que la détention n'était que provisoire, dans l'attente d'un transfert vers d'autres lieux. La promiscuité favorisait le développement de maladies infectieuses dont la petite vérole qui fit plusieurs victimes. Fin décembre 1793, les détenus politiques furent répartis dans les prisons de Port-Libre, de Picpus, de Saint-Lazare etc. et les détenus de droit commun furent envoyés à Bicêtre.

Rendue à sa première destination début 1794, elle devint une prison pour femmes détenues pour crimes, délits ou dettes et pour jeunes filles enfermées par voie de correction paternelle. En avril 1828, les filles publiques de la Petite Force y furent transférées, suivies en 1831 par les détenues de Sainte-Pélagie<ref name="StaFr">Modèle:Ouvrage.</ref>.

En 1836, toutes les détenues furent transférées à la Petite Roquette et les Madelonnettes devinrent une maison d’arrêt pour hommes, succursale de La Force<ref name="EDLB">Modèle:Ouvrage.</ref>. En 1848, bon nombre d’hommes politiques y firent un séjour<ref name="EDLB"/>Modèle:Rp. La prison a été démolie en 1868 et remplacée par celle de la Santé<ref name="ALJ">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Les prisonniers au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle

Peu à peu vidées de ses prisonniers après les événements de Thermidor, les Madelonnettes rouvrirent comme prison pour femmes en 1795 (en tant qu'annexe de la prison Saint Lazare) jusqu'en avril 1831. Pour illustrer le nombre et la diversité des causes de détention, voici deux états des lieux :

  • en 1818
  1. Femmes en état de prévention : 80
  2. Femmes prisonnières pour dettes : 8
  3. Condamnées à la réclusion : 183
  4. Jeunes filles par correction maritale ou paternelle : 8
  • le 14 septembre 1829 (à la suite d'un transfert en 1828 des détenues de la Petite Force)
  1. Condamnées aux travaux forcés à perpétuité : 3
  2. À la réclusion : 1
  3. Condamnées en correctionnelle : 20
  4. Femmes publiques détenues administrativement : 535

soit un total de 589, de 13 à 60 ans dont une majorité entre 20 et 30 ans.

Pour ne pas gâcher une telle force de travail, on créa alors des ateliers ; 219 d'entre elles furent affectées aux travaux du linge, des cardes ou de la gomme, tandis que 86 restaient inoccupées, 86 à l'infirmerie des syphilitiques, 54 à celle des fiévreuses et 11 à celle des galeuses.

De telles conditions de détention en menèrent plus d'une au suicide, comme l'illustre une gravure d'un ouvrage de médecine consacré à cette matière.

Les bâtiments furent à nouveau vidés de leurs prisonnières à la suite de la révolution de 1830, et transformés en prison pour enfants du 8 août 1831 jusqu'au 11 septembre 1836, à l'ouverture de la prison spécialisée de la Petite Roquette (on comptait 300 enfants détenus en 1833)<ref name="AdT">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Temporairement succursale de La Force, la prison devint à partir du Modèle:Date- une maison d'arrêt (c'est-à-dire lieu de détention provisoire) pour adultes et enfants, répartis à partir de 1842 en 8 catégories, selon leur âge et la gravité de leurs crimes. Les bâtiments furent aménagés pour isoler les groupes les uns des autres. La tradition des ateliers se perpétua (tailleurs, chaussonniers, cordonniers, serruriers, ébénistes, semeleurs et… fabrication de baleines pour corsets). Autre tradition, la croissance de la population carcérale fut vertigineuse : de 240 en 1842 à 442 en 1845<ref name="MAPP"/>Modèle:Rp.

La démolition

Fichier:Marville - Démolition de la prison des Madelonnettes.jpg
Démolition de la prison des Madelonnettes, vers 1865. Photographie de Charles Marville (Musée Carnavalet).

Les bâtiments furent détruits sous Haussmann en 1865-1866, lors du percement de la rue de Turbigo<ref>Charles Virmaître : Paris oublié</ref>. L'actuel lycée Turgot occupe une partie de leurs emplacements.

Détenus célèbres

Parmi les « suspects », on peut citer :

Les Madelonnettes dans la littérature

Les Madelonnettes sont évoquées dans diverses œuvres de fiction, parmi lesquelles :

Honoré de Balzac écrit dans son roman Splendeurs et misères des courtisanes à propos du personnage Asie : « Perverse comme toutes les Madelonnettes ensemble, elle pouvait avoir volé ses parents et frôlé les bancs de la Police correctionnelle<ref>Modèle:Ouvrage</ref> ».

Notes et références

Modèle:Références

Bibliographie et sources

Documentation ancienne et archives
Documentation graphique

Articles connexes

Liens externes

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