Frank Capra
Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Cinéma (personnalité)
Francesco Rosario CapraModèle:Sfn, dit Frank Russell Capra, Frank R. Capra ou plus simplement Frank Capra, est un réalisateur, scénariste et producteur américain d'origine italienne, né le Modèle:Date à Bisacquino<ref>Modèle:Lien web.</ref> (Sicile, Italie) et mort le Modèle:Date à La Quinta (Californie, États-Unis)<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Fils d'immigrés italiens, Frank Capra débuta dans le cinéma par hasard, et apprit son métier auprès de Mack Sennett comme scénariste, notamment en tant que gagman (scénariste spécialisé dans les blagues), avant d'entamer une carrière de réalisateur. Il participa, grâce à son association avec le producteur Harry Cohn, à l'essor de la Columbia et devint l'un des metteurs en scènes les plus importants du cinéma américain<ref>Modèle:Article</ref> des années 1930<ref group="n">Pierre Berthomieu le décrit comme une "institution de l'âge classique hollywoodien". (Hollywood classique : le temps des géants, Modèle:P.).</ref>,<ref>Frank Capra, Modèle:10e Achievement Award de l'AFI (1982).</ref>,Modèle:Sfn, remportant trois fois l'Oscar du meilleur réalisateur (il fut le premier à en remporter trois)<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Il signa plusieurs grands succès, aujourd'hui considérés comme des classiques du cinéma américain<ref group="n">L'American Film Institute a classé, en 2007, trois films de Frank Capra dans la liste des 100 plus grands films de tous les temps : La vie est belle, Monsieur Smith au Sénat et New York-Miami (AFI'S 100 years … 100 movies)</ref>,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn : New York-Miami, L'Extravagant Mr. Deeds, Les Horizons perdus, Vous ne l'emporterez pas avec vous, Monsieur Smith au Sénat, L'Homme de la rue, Arsenic et vieilles dentelles et La vie est belle<ref>Modèle:Article.</ref>, ainsi que plusieurs films de propagande réalisés pendant la Seconde Guerre mondiale, dont la série Pourquoi nous combattons. Sa carrière déclinant, il prit sa retraite au début des années 1960 et publia son autobiographie, The Name Above the Title : An Autobiography, en 1971.
Salarié de studio, il fut néanmoins l'un des quelques metteurs en scène de Hollywood à bénéficier d'une totale liberté artistique pour la plupart de ses filmsModèle:Sfn. Fort de leur succès public et critique, il fut l'un des premiers à pouvoir imposer l'idée du réalisateur comme auteur du film<ref>Vito Zagarrio et Robert Sklar, Frank Capra : autorship and the Studio System, Temple University Press, 1998, Modèle:P..</ref>, ouvrant ainsi la voie à la politique des auteursModèle:Sfn. Fait rare, son nom était connu du public et figurait au-dessus du titre sur les affiches promotionnelles de ses films, avant celui des vedettes. Il tenta plusieurs fois, avec Liberty Films notamment, de fonder sa propre société de production indépendante, sans succès.
Biographie
Jeunes années
Francesco Rosario Capra est né en Sicile (Italie), dans le petit village de Bisacquino<ref group="n">Orthographié Bisaquino par Frank Capra dans son autobiographie (Modèle:Harvsp )</ref>, près de Palerme, le Modèle:Date, de Salvatore et de Rosaria Sarah<ref>Modèle:Lien web</ref> Nicolosi, paysans pauvres (son père, Salvatore Capra, était illettréModèle:Sfn ). En 1903, alors qu'il avait six ans<ref>Modèle:Lien web</ref>, une lettre envoyée par son frère aîné Ben qui se trouvait en Amérique, poussa la famille à partir vers les États-UnisModèle:Sfn,Modèle:Sfn . Les Capra s'installèrent à Los Angeles après un long voyage pour lequel ils avaient dû vendre une grande partie de leurs biensModèle:Sfn : les parents trouvèrent du travail, et Frank fut le seul des enfants à être envoyé à l'écoleModèle:Sfn . En février 1915Modèle:Sfn, il entra à l'université Caltech<ref>Modèle:Lien web.</ref> (California Institute of Technology)<ref>Modèle:Lien web.</ref> de Pasadena pour préparer un diplôme d'ingénieur chimisteModèle:Sfn , qu'il obtint trois ans plus tard, en 1918 (année de la mort, accidentelle, de son pèreModèle:Sfn ). Contre toute attente, il ne chercha pas à obtenir un poste dans une entreprise, préférant s'engager dans l'armée<ref>Modèle:Lien web.</ref>, pour se battre sur le front européenModèle:Sfn . Mais il fut envoyé dans la caserne de Fort Mason à San Francisco<ref>Modèle:Lien web</ref> pour enseigner la balistique<ref>Modèle:Lien web.</ref>, et ne trouva pas de travail au sortir de la guerre. Raillé par sa famille et les femmes de son quartier pour son oisivetéModèle:Sfn , il décida après plusieurs semaines cloué au lit (en raison d'un éclatement de l'appendiceModèle:Sfn ), de quitter le domicile familial pour gagner sa vie.
Pendant les trois années qui suivirent, Frank Capra mena une vie de bohême en Arizona, dans le Nevada et en Californie, alternant les petits jobs mal payésModèle:Sfn . Il arriva à San Francisco à la fin de l'année 1921, et trouva un premier emploi d'ingénieur chimiste, qu'il quitta rapidement. Après avoir lu, par hasardModèle:Sfn , une annonce dans un journal, il rencontra un comédien désireux de porter à l'écran des poèmes. Il parvint à gagner l'amitié et le respect de cet homme en se faisant passer pour un jeune réalisateur<ref>Modèle:Lien web.</ref> de HollywoodModèle:Sfn , et se vit confier la réalisation de l'adaptation d'un poème de Rudyard Kipling, The Ballad of Fisher's Boarding House<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Le petit film d'une bobine remporta un joli succès d'estime dans la presse lors de sa projectionModèle:Sfn .
Les débuts dans le cinéma
L'apprentissage
Désireux de tout connaître du métier qu'il voulait désormais exercer, Capra se fit engager comme stagiaire dans un laboratoire de cinémaModèle:Sfn , qui développait et montait des films d'actualités et des documentaires amateurs. Le laboratoire fut chargé de développer les rushes d'un film de Robert Eddy, un réalisateur de comédies de Hollywood, et Capra réussit à se faire engager à son service, comme accessoiriste remplaçantModèle:Sfn , puis comme monteur. Il monta ses trois films suivants, et devint son gagman attitréModèle:Sfn . Avec son aide, Frank Capra fut introduit à Hollywood auprès de Robert McGowan, réalisateur à succès du feuilleton pour enfants Our Gang, et devint employé du studio de Hal Roach - toujours comme gagman - où il rencontra l'acteur Will RogersModèle:Sfn . Six mois plus tard, avec sa recommandation, il décida de tenter sa chance auprès de Mack SennettModèle:Sfn , alors l'important producteur de comédies à Hollywood.
La collaboration avec Mack Sennett et Harry Langdon
Capra entra au service de Mack Sennett<ref>Modèle:Lien web</ref> comme gagman et scénariste, où il rencontra notamment le futur réalisateur Tay GarnettModèle:Sfn . Apprécié pour ses services, il manqua toutefois de se faire remercier définitivement, pour avoir osé défier le maître, très autoritaire avec ses équipesModèle:Sfn . Celui-ci imposa à ses scénaristes d'écrire pour sa nouvelle trouvaille, le comédien Harry LangdonModèle:Sfn . Comme ses collègues, Frank Capra fut d'abord réticent devant son prétendu potentiel comique mais trouva l'idée de lui créer un personnage reconnaissable, à l'instar de Charlot. Sa première apparition à l'écran fut un grand succès, et il devint rapidement une star mondialeModèle:Sfn . Gagnant sa confiance, Frank Capra fut de plus en plus présent sur les plateaux de tournage, à tel point que Langdon l'imposa comme coréalisateur quand il signa un contrat avec la First NationalModèle:Sfn . En 1925, il fut le scénariste (et réalisateur non créditéModèle:Sfn) du premier long-métrage de Langdon, Plein les bottes (Tramp, tramp, tramp) - avec une jeune débutante, Joan Crawford -, et en profita pour s'intéresser à tous les corps de métier que composaient l'équipe d'un film. Le film fut un succès commercialModèle:Sfn , et permit à Capra de pouvoir réaliser son premier filmModèle:Sfn, L'Athlète incomplet (The Strong Man), toujours avec Harry Langdon en vedette.
Son premier film en tant que réalisateur fut un succès commercial et critique, mais marqua le début des problèmes dans sa relation avec Harry LangdonModèle:Sfn , qui supportait de moins en moins d'être dirigé ou censuré dans ses idées<ref group="n">À l'instar de Charlie Chaplin ou Buster Keaton, Harry Langdon voulait tout assumer dans ses films : l'écriture des gags et la mise en scène. Capra ajoute que Langdon voulait se diriger vers un style plus dramatique, que le public ne suivrait pas. (Modèle:Harvsp )</ref>. En outre, son comportement de vedetteModèle:Sfn sur le tournage de Sa dernière culotte (Long Pants) fut l'objet d'une altercation entre la star et CapraModèle:Sfn , qui mit un terme à leur amitié et leur collaboration. Le film burlesque fut plébiscité par le publicModèle:Sfn, mais le réalisateur fit les frais des dires mensongers de Harry Langdon sur leur relation professionnelleModèle:Sfn, et fut banni par son agent et les producteursModèle:Sfn. Toutefois, il parvint à retrouver du travail au cours de l'année 1927, à New York. Deux frères associés lui confièrent la réalisation de leur nouvelle productionModèle:Sfn , Pour l'amour de Mike, avec la jeune Claudette Colbert notamment. Tourné avec un budget dérisoire, auquel s'ajouta le problème des salaires de l'équipe, le film fut un lourd échecModèle:Sfn ,Modèle:Sfn et Frank Capra revint à Hollywood au chômage et sans argent. Après avoir hésité à reprendre ses études scientifiquesModèle:Sfn , il retrouva son premier emploi de scénariste chez Mack Sennett.
Les années Columbia (1928-1939)
Un réalisateur de commande
Harry Cohn<ref>Modèle:Lien web</ref>, alors modeste producteur d'une nouvelle société de production cinématographique, la Columbia, décida d'employer Frank Capra<ref group="n">Robert Riskin raconta à Frank Capra que Harry Cohn avait simplement choisit le premier réalisateur qui venait dans l'ordre alphabétique de sa liste. (Modèle:Harvsp)</ref>, et de lui confier la mise en scène d'un film. Le rital<ref group="n" name="surnom">Surnom que donnait Harry Cohn à Frank Capra à ses débuts à la Columbia. (Modèle:Harvsp)</ref> écrivit et réalisa That Certain Thing avec très peu de moyensModèle:Sfn,Modèle:Sfn, et s'attira la sympathie du producteur qui lui fit signer un contrat pour deux nouveaux films : So This Is Love? et Bessie à Broadway (The Matinee Idol). Pour l'empêcher de reprendre ses études et le garder à la ColumbiaModèle:Sfn, Harry Cohn proposa un intéressant nouveau contrat à sa nouvelle recrue, le mettant ainsi à l'abri du besoinModèle:Sfn. Capra réalisa deux nouveaux films, dramatiques : Say It with Sables et The Way of the Strong, deux échecs commerciaux et artistiquesModèle:Sfn. La même année 1928, il fut appelé à remplacer d'urgence un réalisateur que Harry Cohn trouvait mauvaisModèle:Sfn, sur une autre production Columbia : L'Épave vivante (Modèle:Langue), premier film à gros budget de la sociétéModèle:Sfn. Il parvint, non sans mal, à rallier l'hostile équipe du film à sa cause - notamment les deux vedettes, Jack Holt et Ralph Graves, et imposa que les comédiens tournent dans des costumes réels, et sans maquillageModèle:Sfn. Le film fut un grand succèsModèle:Sfn et resta plusieurs semaines à l'affiche : il augmenta ainsi l'importance de la Columbia à Hollywood et celle de son nouveau réalisateur vedetteModèle:Sfn. Avec l'arrivée du cinéma parlant, Frank Capra devint un technicien important : sa formation scientifique en faisait un atout face à l'innovation que subissait le cinémaModèle:Sfn. Il tourna un film mi-muet mi-parlant, The Younger Generation en 1929, puis The Donovan Affair, au cours duquel il commença à développer son obsession d'être récompensé aux OscarsModèle:Sfn. Il retrouva le tandem Jack Holt-Ralph Graves pour un nouveau film de guerre, Flight, sur les pilotes du Marine Corps, au cours duquel il filma de réelles séquences aériennes. Pour la première fois, un film Columbia produit par Harry Cohn fut présenté lors d'une grande première à New YorkModèle:Sfn.
Les premiers films personnels
Frank Capra écrivit le scénario de son nouveau film, Femmes de luxe (Ladies of leisure), et le soumit à des écrivains que Harry Cohn avait fait venir de New York : l'un d'entre eux, Jo Swerling, virulent de critiquesModèle:Sfn, décida de le réécrire entièrement. Capra engagea une jeune actrice caractérielleModèle:Sfn, Barbara Stanwyck, et fut obligé de composer avec son rythme de travail<ref group="n">Barbara Stanwyck se donnait complètement lors de la première prise, et perdait en intensité lors des suivantes. Capra dut s'adapter avec les autres comédiens. (Modèle:Harvsp)</ref>. C'est elle qui récolta toute la gloire du film lors de sa sortie en sallesModèle:Sfn, lequel ne fut pas sélectionné aux Oscars. Vexé, Capra tenta tout son possible pour intégrer l'académie. Son action porta ses fruits : dès 1931, il en devint membre et siégea au conseil "d'élite"Modèle:Sfn. Il accepta aussi d'être "loué" le temps d'un film à la prestigieuse Metro-Goldwyn-Mayer, mais fut renvoyé après le premier jour de tournageModèle:Sfn. De retour à la Columbia, il persuada Harry Cohn d'acheter les droits d'une comédie musicale à succès, Rain or Shine, pour en tirer un film qui connut un grand succès publicModèle:Sfn, tout comme Le Dirigeable (Dirigible) tourné l'année suivanteModèle:Sfn.
Frank Capra décida de traiter de la religion dans un film, et fit acheter à Harry Cohn les droits d'une pièce de Robert Riskin, Bless You Sister, pour en faire The Miracle Woman, avec Barbara Stanwyck en vedette. Projet ambitieux noyé dans "du mélo et des clichés"Modèle:Sfn, le film fut un lourd échec. Déterminé à ne plus prendre de risquesModèle:Sfn, Capra réalisa La Blonde platine (Platinium Blond), une comédie écrite par Jo Swerling et dialoguée par Robert Riskin, avec Jean Harlow. Mais résolu à adopter un ton sérieux pour ses filmsModèle:Sfn, il retenta le film à thèse l'année suivante et écrivit avec Swerling, Amour défendu (Forbidden), qui évita de peu le même naufrage que The Miracle Woman. S'inspirant pour la première fois de l'actualité, Frank Capra décida d'écrire avec Robert Riskin une histoire se déroulant dans un contexte de crise financière. La Ruée (American Madness), réalisé en 1932, fut un des premiers filmsModèle:Sfn à traiter directement de la Grande Dépression qui touchait les États-Unis. Si l'accueil critique fut partagé, le film suscita un intérêt généralModèle:Sfn. Toutefois, malgré les espoirs de son réalisateur, le film ne fut pas nommé aux Oscars, pas plus que son film suivant, La Grande Muraille (The Bitter Tea of General Yen), qui fut censuré dans tous les pays du CommonwealthModèle:Sfn car il montrait une histoire d'amour entre deux individus de race différente. Il acheta la même année 1933 les droits d'une pièce de Damon Runyon, Madame La Gimp, que Robert Riskin rebaptisa Lady for A Day<ref>Modèle:Lien web</ref> (La Grande Dame d'un jour), avec en vedette May Robson (non sans avoir tenté d'obtenir la star de la Metro-Goldwyn-Mayer, Marie DresslerModèle:Sfn). Le film fut un succès et fut sélectionné dans quatre catégories aux Oscars, dont celle du meilleur réalisateur. Il n'en obtint toutefois aucun et la cérémonie fut pour Frank Capra un douloureux souvenir : quand Will Rogers annonça que le lauréat de l'Oscar du meilleur réalisateur était un ami à lui et s'appelait Frank, Capra se leva vers la scène, ovationné par ses amis, avant de comprendre que le véritable gagnant était Frank LloydModèle:Sfn.
Vers le succès et l'indépendance artistique
Capra fit acheter à Harry Cohn les droits d'une nouvelle de Samuel Hopkins Adams, Night Bus, et en confia l'écriture à Robert Riskin. La mode des films d'autocar ne connaissait pas le succès, et les dirigeants de la Columbia tentèrent par tous les moyens de décourager Harry Cohn de produire ce filmModèle:Sfn. En outre, aucune vedette ne voulait jouer dans New York-Miami (It Happened One Night)<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Claudette Colbert accepta à contrecœur mais pour un salaire importantModèle:Sfn, et Clark Gable, sanctionné par la Metro-Goldwyn-Mayer<ref group="n">Clark Gable était, de l'avis du patron de la Metro-Goldwyn-Mayer, Louis B. Mayer, indiscipliné. Pour le « punir », il l'envoya tourner un film de faible importance à la Columbia, toujours considérée comme une petite société de production. Clark Gable appelait cette petite société « La Sibérie ». (Modèle:Harvsp)</ref>, fut prêté à la Columbia. Le tournage fut très rapide, notamment à cause des exigences privées de Claudette ColbertModèle:Sfn, et détendu : Capra, fatigué de l'éprouvante production du film, voulait s'en débarrasser au plus vite et enchainer avec un nouveau projetModèle:Sfn. Le film sortit très discrètement et fut même retiré de l'affiche de certains grands cinémas au bout d'une semaineModèle:Sfn. Néanmoins, le film fut un très grand succès public. Nommé aux Oscars de 1935, New York-Miami remporta les cinq principales récompenses : Meilleur Acteur, Meilleure Actrice, Meilleur Scénario, Meilleur Film et Meilleur Réalisateur<ref>Nommés et Récompensés des Oscars 1935</ref>, record inégalé pendant près de 40 ans<ref group="n">Vol au-dessus d'un nid de coucou, de Miloš Forman, remporta également, en 1975, les cinq trophées principaux.</ref>.
Capra acheta les droits d'un roman intitulé Opera Hat racontant l'histoire d'un brave homme provincial, Longfellow Deeds, héritant d'une fortune colossale et de biens immobiliers dans une grande ville, et donna le scénario à écrire à Robert Riskin. Pour incarner L'Extravagant Mr. Deeds (Mr. Deeds Goes to Town), Capra choisit rapidement Gary Cooper, qui correspondait selon lui parfaitement à l'image de l'homme honnêteModèle:Sfn, et se battit pour imposer une jeune débutanteModèle:Sfn, Jean Arthur. Le film, qui permit à Capra de remporter son deuxième Oscar de la mise en scène<ref>Nominations et récompenses des Oscars 1937</ref>, fut un tournant dans sa carrièreModèle:Sfn,Modèle:Sfn : le réalisateur prit conscience de l'impact que pouvaient avoir ses œuvres sur les masses, et décida de donner un sens profond à ses films, de travailler plus longuement ses scénariosModèle:Sfn. Cette volonté d'ascendance sur la production de ses films, de voir le réalisateur comme un maître d’œuvre, accentua son indépendance artistique à une époque où les studios exerçaient un fort contrôle, et il fut l'un des premiers metteurs en scène salariés à avoir son nom au-dessus du titre sur les affiches promotionnelles de ses films<ref group="n">Cecil B. DeMille ou Charlie Chaplin avaient aussi leurs noms au-dessus du titre mais, à la différence de Capra, ils possédaient leurs propres sociétés de production.</ref>,Modèle:Sfn. Sa collaboration avec son ami le scénariste Robert Riskin en pâtitModèle:Sfn, celui-ci prétendant également à une plus forte reconnaissance de son talentModèle:Sfn. Il signa toutefois le scénario du nouveau film de Capra : Les Horizons perdus (Lost Horizon), adapté d'un roman de James Hilton. Auréolé de ses récents succès, le réalisateur put exiger un budget important, 2 millions de dollarsModèle:Sfn, et fit construire en grandeur nature une partie des décors dans le ranch de la Columbia. Il engagea des acteurs connus pour les rôles principaux : Ronald Colman, Edward Everett Horton et John Howard, et des figurants indiens pour incarner les habitants tibétainsModèle:Sfn. Une première publique fut organisée et se révéla si catastrophiqueModèle:Sfn, que Capra décida de couper les deux premières bobines du filmModèle:Sfn, et de les brûler. Présenté dans une version raccourcie, le film fut un grand succès commercialModèle:Sfn,Modèle:Sfn, y compris en Italie où les dialogues furent doublés et remaniés en faveur de l'idéologie fascisteModèle:Sfn.
En 1938, Capra assista à New York à une pièce de théâtre qui venait de remporter le prix Pulitzer, You Can't Take It With You, et décida immédiatement de l'adapter au cinéma. Vous ne l'emporterez pas avec vous fut interprété par Lionel Barrymore, Jean Arthur et James Stewart sur un scénario signé de nouveau par Robert Riskin, malgré ses tensions avec le réalisateurModèle:Sfn. Harry Cohn organisa une immense projection du film pour la presse du monde entier dans les studios de la Columbia le Modèle:Date-, quand Frank Capra apprit que son fils de trois ans venait de succomber à une embolie cérébrale fulgurante. La comédie fut un gros succès, et obtint deux récompenses majeures : l'Oscar du meilleur film et l'Oscar du meilleur réalisateur<ref>Nominations et récompenses des Oscars 1939</ref>. En outre, Capra eut même l'honneurModèle:Sfn,Modèle:Sfn de faire la une du Time Magazine.
Se voyant refuser son projet de film sur Frédéric ChopinModèle:Sfn, il menaça de quitter la Columbia, avant de se raviser et de commencer son nouveau projet, Monsieur Smith au Sénat (Mr. Smith Goes to Washington), dont il confia l'écriture à Sidney Buchman (qui avait déjà travaillé avec lui, sans être crédité, sur Les Horizons perdusModèle:Sfn). Capra fit reconstruire entièrement le Sénat en studio, dans les moindres détailsModèle:Sfn, ainsi que les pièces avoisinantes, et engagea rapidement James Stewart, « l'idéaliste pur et naïf »Modèle:Sfn, et Jean Arthur, « la secrétaire […] qui en est revenue »Modèle:Sfn. Le club national de la presse de Washington se chargea d'organiser une grande avant-première dans la capitale le Modèle:Date, en présence de quatre mille invités dont des juges, des sénateurs et des journalistes. La majorité du public bouda le film, quitta la salle ou insulta l’œuvre et son metteur en scèneModèle:Sfn,Modèle:Sfn : dans ce contexte de guerre, la classe politique ne toléra pas qu'un film montre que la corruption pouvait exister au sein du Sénat des États-UnisModèle:Sfn, et elle tenta, vainement, de faire interdire le filmModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Monsieur Smith au Sénat divisa la presse mais fut un gros succès auprès du public, y compris dans des pays européens : en France, il fut choisi pour être le dernier film de langue anglaise à être projeté dans les cinémas avant l'interdiction nazieModèle:Sfn, et remporta un gros succès<ref group="n">François Chalais, qui avait fait partie des spectateurs de l'époque, le confirme dans sa préface de Hollywood Story, en 1976 (Modèle:Harvsp.)</ref>. Le film fut lauréat de l'Oscar du meilleur scénario original et se classa parmi les dix meilleurs films de l'année par le [[The New York Times|Modèle:Langue]]Modèle:Sfn. En outre, le contrat d'exclusivité liant Frank Capra à la Columbia arrivant à son terme, le réalisateur décida de prendre sa liberté et de fonder sa propre société de production.
Les années 1940, entre guerre et rêves d'indépendance
Un réalisateur libre et convoité
Capra s'associa avec son ancien scénariste, Robert Riskin, et fonda les Productions Frank Capra, qui ne tardèrent pas à recevoir des propositions de toutes partsModèle:Sfn. Aucune major ne semblait toutefois vouloir laisser au réalisateur une complète liberté artistique, mais ce dernier finit par s'entendre avec Jack Warner, qui lui fit une belle proposition : distribuer le film et lui laisser tous les bénéficesModèle:Sfn. D'abord enclin à réaliser un film en costumes (il envisagea d'adapter Cyrano de BergeracModèle:Sfn), il revint à ce qui faisait sa gloire : une peinture de l'Amérique contemporaineModèle:Sfn. Tous les comédiens du film, Gary Cooper, Barbara Stanwyck ou Walter Brennan, acceptèrent de participer à L'Homme de la rue (Meet John Doe) sans même lire le scénario, qui resta inachevé jusqu'à la fin du tournageModèle:Sfn. Le film s'attira les éloges de la critiqueModèle:Sfn et le succès du public, mais ne remporta que l'Oscar de la meilleure histoire originale. Quant à sa nouvelle société, taxée par l'État sur des bénéfices qu'elle n'avait pas encore perçus, Capra décida d'y mettre finModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Le producteur David O. Selznick lui proposa un contrat à Modèle:Unité par films et la moitié des bénéfices, mais il refusa, préférant une nouvelle fois s'engager dans l'armée, au service des transmissionsModèle:Sfn.
Toutefois, en attendant qu'elle fasse appel à lui, Capra décida de réaliser un film, pour assurer à sa famille des ressources financières pendant la guerreModèle:Sfn. Il choisit une pièce facile à porter à l'écran, à peu de frais et en peu de tempsModèle:Sfn, Arsenic et vieilles dentelles. Avec Cary Grant en vedette, il mit en scène en quelques semaines un vaudeville classique, entièrement tourné dans les studios de la Warner Bros.Modèle:Sfn. La société dut toutefois attendre la fin des représentations de la pièce de théâtre à Broadway, soit plusieurs années, avant de sortir le film, qui rencontra un grand succèsModèle:Sfn.
La guerre : au service du moral
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Frank Capra sert dans les Transmissions de l'Armée de terre, avec le grade de major. Durant cette période<ref>Source : wikipedia anglais.</ref> :
- Il produit State of the Union ;
- Il coréalise avec Anatole Litvak, entre 1942 et 1945, la série Pourquoi nous combattons (Why We Fight). La commande vient du gouvernement américain qui veut diffuser un film didactique aux soldats américains avant leurs combats en Europe. Elle comprend sept épisodes :
- 1942 : Prélude à la guerre (Prelude To War)
- 1943 : Modèle:Lien (The Nazis Strike)
- 1943 : Diviser pour régner (Divide and Conquer)
- 1943 : Modèle:Lien (The Battle of Britain)
- 1943 : Modèle:Lien (The Battle of Russia)
- 1944 : Modèle:Lien (The Battle of China)
- 1945 : Modèle:Lien (War Comes to America)
La série est souvent considérée comme un chef-d'œuvre de propagande. En 1942, son premier épisode, Prélude à la guerre (Prelude To War) obtient un oscar dans la catégorie « documentaire ». Capra considère ces documentaires comme son œuvre la plus importante.
- il produit The Negro Soldier (1944).
- il coréalise avec Joris Ivens Know Your Enemy : Japan en 1945.
Comme colonel, il reçoit la Distinguished Service Medal en 1945.
Fin de carrière
Peu après la guerre, désireux de s'affranchir des grosses machines que sont les studios hollywoodiens, Capra fonda avec George Stevens et William Wyler une compagnie indépendante, la Liberty Films. Capra réalisa en 1946 La vie est belle avec James Stewart. Le film fut ignoré lors de sa sortie, mais depuis l'expiration de son copyright, il est rediffusé chaque année à Noël sur les écrans de télévision américains. La vie est belle est souvent considéré comme une bluette à la gloire de l'Amérique traditionnelle, mais recèle pourtant des critiques acerbes, notamment celle de la vie provinciale et de son étroitesse. Le personnage joué par James Stewart est aussi le portrait d'un dépressif aux tendances suicidaires, point souvent ignoré par le public. La force de Capra réside dans cette faculté à créer une histoire à deux niveaux de lecture. D'un côté, une situation terrible et problématique, de l'autre sa résolution dans un feu d'artifice de joie. L'échec commercial de La vie est belle fut suivi de ceux, relatifs, de L'Enjeu et de Si l'on mariait papa, qui ne trouvèrent pas leur public et sonnèrent le glas de Liberty Films en 1948.
Capra signa en 1950 avec la Paramount pour laquelle il tourna deux films avec Bing Crosby. Après plusieurs années loin des caméras, il revint au cinéma avec Un trou dans la tête en 1959 et tourna son dernier film, Milliardaire pour un jour en 1961 avec Glenn Ford et Bette Davis, nouvelle version de Grande dame d'un jour. Il avait un projet de film de science-fiction qu'il ne mit jamais à exécution, mais il produisit une série d'émissions télévisées sur la science pour la compagnie de téléphone Bell.
En 1971, Capra publia son autobiographie Hollywood Story (The Name Above the Title:An Autobiography) dans laquelle il raconta son expérience des studios américains.
Frank Capra décède le 3 septembre 1991 dans son sommeil à l'âge de 94 ans, il est enterré au Coachella Valley Public Cemetery , dans le comté de Riverside (Californie)<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Les archives de Frank Capra sont déposées au Reid Cinema Archives<ref>Modèle:Lien web.</ref> de l'Université Wesleyenne<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Son fils, Frank Capra Jr.<ref>Modèle:Article</ref>, né le 20 mars 1934 et mort le 19 décembre 2007<ref>Modèle:Article.</ref>, était président de Screen Gems Studios, à Wilmington en Caroline du Nord.
Filmographie
Comme réalisateur
Au cinéma
À la télévision
Documentaires
- 1942-1945 : Pourquoi nous combattons (Why We Fight) - série de films de propagande réalisée pour l'armée :
Modèle:Colonnes Modèle:Colonnes
Comme scénariste
Publications
Ouvrage
Articles
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Frank Capra, « Modèle:Langue », Modèle:Langue, 5 mai 1946.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Frank Capra, « Il faut savoir faire un film avant de le commencer », Cinémonde, 25 juin 1946.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Frank Capra, « Modèle:Langue », Modèle:Langue, 25 août 1980.
Distinctions
Décorations et honneurs
- 1945 : Distinguished Service MedalModèle:Sfn,Modèle:Sfn
- 1945 : Ordre de l'Empire britanniqueModèle:Sfn
- 1960 : Étoile sur le Hollywood Walk of Fame (située au 6614 sur Hollywood Boulevard).
Récompenses
Nominations et sélections
Voir aussi
Article connexe
- Liberty Films (société de production fondée par Frank Capra, et deux associés, en 1945)
Bibliographie
Biographies
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Frank Capra, The Name Above the Title, An Autobiography, Macmillan Company, 1971. Modèle:Commentaire biblio
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Leland A. Poague, Another Frank Capra, Cambridge University Press, 2005.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Christian Viviani, Frank Capra, Paris, Éditions des Quatre-Vents, 1988.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Vito Zagarrio et Robert Sklar, Frank Capra, Authorship and the Studio System, Temple University Press, 1998.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Vito Zagarrio, Frank Capra, Florence, La Nuova Italia, 1984.
Analyses et ouvrages thématiques
- Les commentaires indiquent ce qui est relatif à Frank Capra dans l'ouvrage concerné.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Pierre Berthomieu, Les Horizons perdus et les images primordiales, Hollywood Classique : le temps des géants, Nîmes, Éditions Rouge Profond, 2009, Modèle:P.. Modèle:Commentaire biblio
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Stanley Cavell, Pursuits of Happiness : The Hollywood Comedy of Remariage, Cambridge, Harvard University Press, 1981.
- (fr) David Da Silva, Le populisme américain au cinéma, La Madeleine, Lettmotif, 2015.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Leland A. Poague, The Cinema of Frank Capra, New York, Barnes, 1975.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Richard Schickel, The Men Who Made The Movies, New York, Atheneum, 1975. Modèle:Commentaire biblio
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Eric Loren Smoodin, Regarding Frank Capra : audience, celebrity, and American films studies, 1930-1960, Duke University Press, 2004.
- Modèle:Ouvrage. Modèle:Commentaire biblio
- Modèle:Ouvrage. Modèle:Commentaire biblio
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Bob Thomas, King Cohn : The Life and Times of Harry Cohn, New York, Putnam, 1967 Modèle:Commentaire biblio
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Olivier-René Veillon, Le Cinéma américain. Les années trente, 1929-1945, Paris, Éditions du Seuil, 1986, Modèle:P. Modèle:Commentaire biblio
Articles
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Amit Bellicha et Alain Caron, « Capra en prise sur l'air du temps », Jeune Cinéma, no 179, février-mars 1987.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Collectif, « Spécial Frank Capra », Positif, no 133, décembre 1971.
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- Modèle:Article
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Jeffrey Richards, « Modèle:Langue », Modèle:Langue, Routledge and Keagan Paul, 1973.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Sam Rodhie, « Modèle:Langue », Modèle:Langue, no 5, février 1970.
Liens externes
- Modèle:Bases audiovisuel
- Frank Capra, le cycle politique sur le site de la revue Jeune Cinéma
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