Hégésippe Simon
Hégésippe Simon est un personnage inventé par le journaliste Paul Birault en décembre 1913 pour les besoins d’une mystification dont furent « victimes » de nombreux parlementaires de l’époque<ref name="guybreton">Modèle:Pdf Guy Breton, Hégésippe Simon, précurseur de la démocratie, citant comme source : Historama, hors série Modèle:N°47, Modèle:P.111-115.</ref>.
Le montage du canular
Forgeant le nom d'une personnalité supposée et calqué sur celui du poète Hégésippe Moreau, mort « oublié et de faim » en 1838, et du républicain Jules Simon<ref>Modèle:Lien web.</ref>, Paul Birault avait en effet créé en Modèle:Date- le « Comité du centenaire d'Hégésippe Simon » et envoyé une invitation à cent parlementaires du Parti radical (choisis au hasard) et à un ministre, leur demandant de bien vouloir prendre connaissance d'un monument commémoratif entièrement souscrit, de rejoindre le comité en tant que « membre d'honneur » et de se rendre le Modèle:Date- à Poil, dans la Nièvre, prétendument la ville natale d'Hégésippe Simon (donc « né à Poil »), pour l’inauguration de la statue de « ce grand précurseur qu’était Hégésippe Simon »<ref name="guybreton"/> né le Modèle:Date-. Ne réalisant pas que le compte rendu de cette inauguration fictive sur un personnage fictif aurait lieu la veille d'un [[premier avril|Modèle:1er avril]], certains députés n’avaient pas repéré le canular puisque Paul Birault reçut pas moins de dix-sept réponses positives, dont celle d’un député, qui deviendra par la suite président du Conseil, prétendant avoir Modèle:Citation<ref name="guybreton"/>,<ref name="JCC_2416">Modèle:Lien web.</ref>. Il s’ensuivit donc ce genre de réponse : Modèle:Citation
Par la suite, il relance des invitations à cent sénateurs, tout en changeant pour chacun d'entre eux le lieu de l'élévation de la statue<ref name="JCC_2416"/>. Parmi les personnes trompées figurent François Binet, député de la Creuse, et Charles Le Peletier d'Aunay, sénateur nivernais<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Hégésippe Simon était, d'après son créateur, un Modèle:Citation, un Modèle:Citation de valeurs aussi génériques que la liberté, la démocratie, et surtout l'auteur de la phrase : Modèle:Citation Cette devise, véritable lapalissade (quoique proche de la devise latine Post tenebras lux), avait été découverte par Birault dans l'article d'un quotidien signé par un célèbre vulgarisateur de l'astronomie, l'abbé Moreux<ref>Le Cri de Paris ibid., 1918.</ref>.
Cependant, certains élus et ministres lancent une enquête pour établir la véracité du personnage<ref name="JCC_2416"/>. Ami de Guillaume Apollinaire, imprimeur de livres d'art, Paul Birault révèle finalement le canular dans l’édition du Modèle:Date- du quotidien L'Éclair (qui fit un tiré à part)<ref>Modèle:Lien web</ref>, non sans regret : Modèle:Citation, disait-il<ref name="guybreton"/>. L'édition du lendemain y consacre sa une : Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web</ref>. Et le feuilleton se poursuit quelques jours : Modèle:Citation le 23 janvier 1914<ref>Modèle:Lien web</ref>, Modèle:Citation le 25 janvier<ref>Modèle:Lien web</ref>, Modèle:Citation le 26 janvier<ref>Modèle:Lien web</ref>, le directeur du journal Ernest Judet prenant finalement la plume le 27 janvier pour Modèle:Citation, espérant que l'exemple des infortunés crédules Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Toutefois, cette révélation passa suffisamment inaperçue pour qu'un magazine comme Je sais tout publié par Pierre Lafitte s'amuse à insérer en page de son sommaire au Modèle:Date-, l'annonce officielle de Modèle:Citation, suivie des noms de vingt personnalités dont Sacha Guitry, réputé alors pour son esprit farceur<ref>Page du sommaire, Je sais tout, 15 mars 1914, numéro en partie conçu par Sacha Guitry, en ligne sur Gallica.</ref>.
Le Journal des débats politiques et littéraires du Modèle:Date- rapporte dans un compte rendu du résultat des élections législatives sur la première circonscription de Cambrai, que des bulletins au nom de Modèle:Citation avait été déposés près des urnes lors du second tour, et que le décompte des voix en donna Modèle:Nombre pour celui-ci<ref>Modèle:Lien web</ref>, contre le candidat radical-socialiste Alfred Le Roy, qui l'emporta avec Modèle:Nombre sur Modèle:Nombre (pour Modèle:Nombre) : soit 41 % des voix pour un candidat fictif. Prévenue dans la journée seulement, la police serait intervenue pour retirer les bulletins et arrêter les distributeurs<ref>« Le Saviez-vous ? », dans Comité d'initiative pour le bicentenaire, en ligne.</ref>.
Postérité
Le Modèle:Date-, alors que la Chambre réfléchit à un projet de déménagement parlementaire depuis le palais Bourbon, la commission de comptabilité reçoit une lettre de Poil signée Modèle:Citation qui propose aux députés d'emménager à Poil : Modèle:Citation
Alain Mellet, auteur du canular de la Poldévie en 1929<ref>Modèle:Lien web</ref>, a rendu hommage à son prédécesseur en nommant « Cimon et Jésipe » deux évangélisateurs de ce pays imaginaire<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
En 2014, un comité célébrant le centenaire de ce canular et le bicentenaire de cette personnalité supposée fut créé en France et en Italie. En Modèle:Date-, l'académie Alphonse-Allais dépose dans le bourg de Poil une plaque en honneur d'Hégésippe Simon et de son créateur<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Bibliographie
- Paul Birault, Hégésippe Simon, précurseur, Paris, Éditions de L’Éclair, 1914.
- « Le baptême d'Hégésippe Simon », dans Le Cri de Paris, Modèle:Date-, no 1112, Modèle:P., cf. aussi no 1125 sur Gallica.
- Paul-Marcel Birault, Avec Hégésippe Simon, L. Soulanges, Paris, 1960.
- Jacques Franju, Le Grand Canular, Seghers, 1963.
- « Hégésippe Simon, précurseur de la démocratie » par Guy Breton, dans Historama, hors série no 47, « Énigmes et mystifications de l'Histoire », Paris, Modèle:Date-, Modèle:P..
- Georges Imann-Gigandet, « Hégésippe le Précurseur, histoire d'un comité d'honneur fondé pour célébrer un grand homme qui n'exista jamais », Historia.
- Reproduit dans Les Annales du Pays nivernais, La Camosine, 1985, no 46, Modèle:P..
- Pierre Bellemare, C'est arrivé un jour, 2005, page 39<ref>Pierre Bellemare, C'est arrivé un jour, 2005.</ref>.
- Philippe Di Folco, Les Grandes Impostures littéraires, Paris, Écriture/L'Archipel, 2006, Modèle:P. Modèle:ISBN.
- Jean-Louis François, 1914, un centenaire. Le dernier éclat de rire avant la Grande Guerre, Mille et une nuits, 2014, Modèle:ISBN.