Harry Wu

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Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Biographie2

Fichier:Jerry with Harry Wu and Nancy Pelosi (2387719800).jpg
Jerry Yang (à droite) rend visite le Modèle:Date- à Nancy Pelosi (au milieu) pour solliciter un soutien dans la libération de dissidents chinois emprisonnés. Il est accompagné de Harry Wu (à gauche) qui administre le « Yahoo! Human Rights Fund ».
Harry Wu and His Holiness the Dalai Lama
Harry Wu fait visiter le Laogai Museum de la Laogai Research Foundation au dalaï-lama en Modèle:Date-.
Fichier:Harry Wu Joins Tibetans and supporters on Human Rights Day.jpg
Harry Wu se joint aux Tibétains le Modèle:Date-, pour la journée internationale des droits de l'homme.

Harry Wu (de son nom chinois Wu Hongda) est un dissident et détenu chinois catholique, né le Modèle:Date de naissance à Shanghai et mort le Modèle:Date de décès au Honduras.

Étiqueté comme « droitier contre-révolutionnaire », il a passé dix-neuf ans, de 1960 à 1979, dans le laogaï, ensemble de colonies pénitentiaires instauré sous Mao Zedong<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Anne-Laure Buffard, D.C. museum 1st in U.S. to look at Beijing's prison system, The Washington Times, November 14, 2008 : Modèle:Citation étrangère</ref>. Libéré et réhabilité politiquement, il obtient un poste d'enseignant à l'université de géoscience à Wuhan puis est invité comme chercheur-enseignant par l'université de Californie à Berkeley (San Francisco), de 1985 à 1987. Recruté ensuite comme chercheur par l'Institut Hoover, une boîte à idées conservatrice de l'université Stanford, il fonde en 1992 la Laogai Research Foundation, dont il est le directeur. Il est naturalisé américain en 1994. Auteur de plusieurs livres dont Vents amers, il crée aussi le musée du laogaï à Washington en 2008 et dénonce les violations des droits de l'homme en Chine comme le prélèvement forcé d'organes.

Biographie

Enfance

Honda Wu est né à Shanghaï au sein d'une famille de huit enfants de la haute bourgeoisie catholique vivant dans la concession française. Son père est banquier et sa mère est issue d'une famille aisée. Il est élève chez les jésuites, à l'école catholique Saint-François. Petit garçon choyé, il joue au baseball, parle l'anglais à l'école et le chinois à la maison. À l'issue du secondaire, il entreprend, en 1955, des études de géologie à Pékin<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Remembering Harry Wu, 'Troublemaker' For The Chinese Communist Party, npr, 29 avril 2016 : Modèle:Citation étrangère.</ref>,<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Sam Roberts, Harry Wu, Who Told World of Abuses in China, Dies at 79, The New York Times, 27 avril 2016 : Modèle:Citation étrangère</ref>,<ref name="ZENIT">Entretien avec Harry Wu, directeur de la Laogai Research Foundation, Le laogai est pire que le goulag, affirme un Chinois qui a survécu à 19 ans de détention, ZENIT.org, 8 octobre 2006.</ref>,.

Harry Wu se remémore ainsi ses jeunes années : Modèle:Citation<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Morgan Zo-Callahan, Intimate Meanderings: Conversations Close to Our Hearts, Modèle:P.</ref>

Arrestation et détention (1960-1979)

En 1957, Harry Wu participe à la campagne des Cent Fleurs, mouvement lancé par Mao Zedong. Il critique à cette occasion, lors de la réunion d'une organisation étudiante, la politique du Parti communiste chinois et l'invasion de la Hongrie lors de l'insurrection de Budapest par l’Union soviétique. Il sera alors considéré comme un Modèle:Citation et surveillé en permanence<ref name="ME">Harry Wu Martin Ennals Award</ref>. En dernière année de licence à l'université des géosciences de Chine<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Beyond the wire The Economist, 7 mai 2016.</ref>, il est incarcéré le Modèle:Date dans un camp du laogaï, à cause, selon ses dires, de ses « origines bourgeoises » et pour avoir critiqué l’invasion de la Hongrie, alors alliée de la Chine<ref name="Libe1997">Harry Wu, 59 ans, le plus célèbre des dissidents chinois, consacre sa vie à dénoncer les camps où il a passé dix-neuf ans. Le Chinois qui aimait Jean Valjean, Libération, 28 janvier 1997 : Modèle:Citation</ref>. Harry Wu est étiqueté comme « droitier contre-révolutionnaire »<ref>Bio express : Harry Wu Territoires de la mémoire, septembre 2000</ref>. Les membres de sa famille et ses amis sont contraints à le dénoncer comme « contre-révolutionnaire ». Sa mère, qui a refusé de le faire, se suicide<ref name="ZENIT" />.

Pour survivre dans le laogai, Harry Wu rapporte qu'il Modèle:Citation. Modèle:Citation, dit-il, Modèle:Citation<ref>Emily Langer, Obituary: Harry Wu, Chinese dissident and labour camp activist, The Independent, 29 avril 2016 : Modèle:Citation étrangère</ref>. Il ne peut plus pratiquer sa religion<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Alan Dowd, Harry Wu, a Friend of Freedom, Heads Home, Providence. A Journal of Christianity and American Foreign Policy, 6 mai 2016 : Modèle:Citation étrangère</ref>. Il conserve le livre Les Misérables de Victor Hugo qu'il réussit à cacher et qui le ramène à l'humanité. Un gardien le surprend et lui casse le bras pour cette lecture interdite d'un « livre bourgeois »<ref name="Libe1997"/>. Il se retrouve dans le camp de la ferme de Qinghe pendant deux ans (1961-1962), il y décrit la famine qui touche les détenus, l'absence de réelle rébellion de ces derniers mais aussi le comportement « convenable » des gardiens. Il est interné dans la « section 585 », un « mouroir » dont il réussit à sortir en vie<ref name="JLD2" />. À certaines périodes de sa détention, Harry Wu ne pèse pas plus de 36 kilogrammes<ref name="ME"/>. En 1965, il parvient, avec deux autres prisonniers, à sortir du camp une lettre adressée à Mao Zedong, pour lui demander quand les « droitiers » seront libérés. Il est alors condamné au cachot « qui le laisse à l'article de la mort »<ref name="LB">Modèle:Ouvrage.</ref>.

À partir de 1969, il est classé comme « prisonnier libre » dans un camp du Shanxi<ref name="JLD2"> Jean-Luc Domenach Harry Wu et Carolyn Wakeman. Bitter Winds. {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}}"A Memoir of my Years in China's Gulag" (compte rendu) Persée, 1994</ref>, il y est mineur de fond pendant 9 ans. Les conditions de détention du « travailleur libre » sont similaires à celles des condamnés à la réforme par le travail. Ils sont mal nourris, toujours séparés de leur famille, sans lien avec l'extérieur si ce n'est à travers les flots de propagande déversés continuellement par les haut-parleurs du camp et les lectures obligatoires Modèle:Citation<ref>Jean Pasqualini, introduction de Vents amers, Édition Bleu de Chine, 13 décembre 1995, Modèle:Page.</ref>.

Libération et réhabilitation (1979) puis émigration aux États-Unis (1985)

À la suite des bouleversements politiques consécutifs à la mort de Mao Zedong et la chute de la bande des Quatre en 1976<ref name="ME" />, il est libéré en 1979 après avoir purgé sa peine de dix-neuf ans et être passé par douze camps différents. Réhabilité politiquement<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Chinese human rights campaigner Harry Wu dies, ucanews.com, 27 avril 2016 : Modèle:Citation étrangère</ref>, il obtient en 1980 un poste d'enseignant à l'université de géoscience à Wuhan, poste qu'il occupe jusqu'en 1985. La même année, ayant reçu de l'université de Berkeley en Californie une proposition à y travailler comme chercheur invité jusqu'en 1987, il quitte son pays pour les États-Unis. Le poste n'étant pas rémunéré, pour gagner sa vie, il travaille la nuit dans un magasin de beignets<ref name="NYT"/> à San Francisco. Il est ensuite recruté comme chercheur par l'Institut Hoover, boîte à idées conservatrice sise à l'université Stanford<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Britannica Book of the Year: 1996, Glenn M. Edwards ed., Encyclopaedia Britannica, 1996, 928 p., p. 72 : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Campagne contre le laogai (1991-2016)

Cependant, les camps le hantent, et en 1991 il décide de retourner en Chine afin de filmer clandestinement la réalité des camps de travaux forcés du régime communiste chinois pour le magazine d'information américain 60 Minutes<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Remembering Harry Wu, 'Troublemaker' For The Chinese Communist Party, npr.org, 29 avril 2016</ref> avec Ed Bradley. Diffusé sur le réseau de télévision CBS le Modèle:Date<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Troublemaker: One Man's Crusade Against China's Cruelty, </ref>, il remporta les Emmy Awards<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Robert L. Suettinger, Beyond Tiananmen: The Politics of U.S.-China Relations 1989-2000, Modèle:P.</ref>.

Le Modèle:Date-, la Chine publie son premier livre blanc, intitulé The Human Rights Situation in China. Elle y répond aux détracteurs de la pratique des travaux forcés, au rang desquels figure Harry Wu<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Lawrence R. Sullivan, Historical Dictionary of the People's Republic of China, Scarecrow Press, 2007, 720 pages, Modèle:P.. : Modèle:Citation étrangère</ref>.

En 1992, Harry Wu fonde, avec le Français Jean Pasqualini, la Laogai Research Foundation à Washington DC<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} China's 'Re-Éducation Through Labor' System: The View From Within</ref>, avec le soutien de la NED<ref>1992 NED Annual Report</ref>,<ref>2009 NED Annual Report.</ref>. Wu a rencontré à Paris celui qui fut Prisonnier de Mao entre 1957 et 1964 : Modèle:Citation<ref name="Libe1997"/>. Dotée d'un budget annuel de 1 million de francs de l'époque, la Fondation fait travailler plus d'une dizaine d'enquêteurs<ref name="Libe1997" />.

En 1992, Harry Wu rencontre pour la première fois le dalaï-lama aux États-Unis<ref>Sofia Stril-Rever, Dalaï-lama, Appel au monde, Modèle:P..</ref>.

En 1993, la lettre à l'ONU d'un détenu, Modèle:Lien, dénonçant le travail forcé dans le laogaï, abonde dans le sens des accusations de Harry Wu. Celui-ci alerte le gouvernement américain, qui interdit d'importer les produits confectionnés dans ces conditions. L'Europe n'a aucune législation en la matière<ref>Sofia Stril-Rever, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>,<ref>Les universitaires James D. Seymour et Michael R. Anderson, dans leur livre New Ghosts, Old Ghosts: Prison and Labor Reform Camps in China (Routledge, 2015, 336 p., p. 292, Note 380), font remarquer qu'aux États-Unis il n'est pas interdit d'exporter des produits fabriqués par des détenus obligés de travailler : Modèle:Citation étrangère</ref>.

En Modèle:Date-, Human Rights Watch/Asia et Human Rights in China présentent un document secret du bureau de la sécurité publique élaboré en Modèle:Date-, donnant le nom de 49 personnes qui ne sont pas autorisées à pénétrer en Chine, Harry Wu en fait partie<ref>Dissidence politique -mise à jour Commission de l'immigration et du statut de réfugiés du Canada : Modèle:Citation</ref>.

Harry Wu est naturalisé américain en 1994<ref name="NYT"/>. Il prend à nouveau le risque de retourner en Chine en 1995, mais cette fois-ci il est arrêté à la frontière chinoise, gardé en détention pendant soixante-six jours, condamné pour espionnage à quinze ans de camp, pour être finalement expulsé à la suite des pressions américaines<ref>Mort du militant chinois Harry Wu, AFP, 27/04/2016.</ref>, les autorités américaines menaçant la Chine du boycott par Hillary Clinton d'une conférence de l'ONU à Pékin<ref name="NYT">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Sam Roberts Harry Wu, Who Told World of Abuses in China, Dies at 79, New York Times, 27 avril 2016.</ref>,<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Régine Torrent, First ladies: d'Eleanor Roosevelt à Hillary Clinton, Modèle:P..</ref>. Malgré cet emprisonnement, Harry Wu envisageait de retourner dans son pays : Modèle:Citation<ref>Chris Kutschera Chine: Harry Wu, dissident et fauteur de trouble, VSD, 6 juin 1996.</ref>. Quand on lui demande pourquoi il est revenu si souvent en Chine alors que le danger était si grand, il répond : Modèle:Citation<ref>Harry Wu, dissident and activist who endured 19 years in Chinese labor camps, dies at 79 Washington Post, 27 avril 2016 : Modèle:Citation</ref>. En 2002, Hong Kong lui refuse l'entrée sur son territoire alléguant un problème de sécurité<ref> {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien brisé The Wall Street Journal, 28 avril 2016 Modèle:Citation</ref>.

Il fait campagne, avec succès, pour présenter le terme « laogaï » dans l'Oxford English Dictionary<ref name="NYT"/> où il est entré en 2003, suivi en 2005 dans le Duden<ref>Modèle:Lien web Modèle:P..</ref>, un dictionnaire de la langue allemande, et en 2006 dans des dictionnaires de la langue italienne et française<ref>Modèle:Lien brisé English summary: "Modèle:Lien brisé"</ref>.

En Modèle:Date-, il dirige le Yahoo! Human Rights Fund. Ce fonds visant à soutenir les familles des cyber-dissidents chinois emprisonnés est lancé par Yahoo!, alors accusé de collaborer avec le gouvernement chinois pour arrêter des opposants, dont le journaliste Shi Tao<ref>Bérénice Dubuc, Dissidents chinois: Yahoo! se rachète une réputation, L'Express, 4 avril 2008</ref>.

En Modèle:Date-, il inaugure, à Washington, le musée du laogaï, Modèle:Citation<ref name="LC2016">Dorian Malovic Décès de Harry Wu, lanceur d’alerte des camps chinois La Croix, 27 avril 2016</ref>. Le musée présente l'histoire et la structure du système pénitentiaire chinois au moyen de photographies, de documents officiels et d'uniformes de détenus provenant des archives personnelles de Harry Wu ou de dons d'anciens détenus<ref>AFP, US museum displays China’s ‘laogai’, Taipei Times, 10 novembre 2008 : Modèle:Citation</ref>.

À partir de 2002, Harry Wu s'investit, aux côtés de Chen Kuide, dans le site web Guancha (littéralement « l'observateur ») de tendance progressiste (liberal en américain), épigone du journal progressiste du même nom paraissant à Shanghaï dans les années 1940. En 2012, l'ordre du jour de ce site devient nettement politique, directement lié aux clauses la charte 08. Son comité de lecture comprend, outre Harry Wu, Yu Jie, Zhang Dajun et Yang Lili, ce qui fait dire que le journal est désormais entre les mains de Chrétiens<ref>Gerda Wielander, Christian Values in Communist China, Routledge, 2013, 216 p. : Modèle:Citation étrangère</ref>.

En 2012, avec la Fondation pour la recherche sur le laogaï, il organise une conférence sur les laogaï au Tibet, à laquelle Ghang Lhamo et d'autres anciens prisonniers tibétains participent<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Tibetan Former Political Prisoners Recall Horrors of the Laogai at LRF Conference.</ref>.

Il a aussi défendu d'autres détenus et dissidents politiques dénoncés par Pékin, dont le [[Tenzin Gyatso|Modèle:14e dalaï-lama]] et le lauréat du prix Nobel de la paix de 2010 Liu Xiaobo, condamné en 2009 à une lourde peine de prison pour « incitation à la subversion du pouvoir de l'État » selon le gouvernement chinois ou pour avoir préconisé des réformes politiques selon le journaliste Christopher Bodeen<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Christopher Bodeen, China Human Rights Campaigner Harry Wu Dies, ABC News, 27 avril 2016.</ref>,<ref>Press Release: Harry Wu to Preside Over New Liu Xiaobo Book Release Event at 2011 Taipei International Book Exhibition, 8 février 2011</ref>).

En 2013, la Chine a mis fin officiellement au laogaï et aux travaux forcés (la réforme par le travail) ainsi qu'à une forme de détention moins sévère, le laojiao (la réforme par l'éducation) bien que le travail pénal demeure un élément clé du système carcéral chinois<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Christopher Bodeen, China human rights campaigner Harry Wu dies, AP, The Big Story, 27 avril 2016 : Modèle:Citation étrangère.</ref>.

Honneurs

Harry Wu a reçu diverses distinctions : en 1991 le prix Liberté de la Fédération hongroise des défenseurs de la liberté, en 1994 le Prix Martin Ennals pour les droits humains de la Fondation Suisse Martin Ennals, en 1996 la Modèle:Lien, médaille de la Liberté de la Fondation néerlandaise pour la Résistance de la Seconde Guerre mondiale. La même année, il a été fait docteur honoris causa de l'université de Saint-Louis et de l'université américaine de Paris. En 1997, Wu a reçu le Walter Judd Freedom Award<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien brisé</ref>. Il a été pressenti à plusieurs reprises pour le prix Nobel de la paix<ref>Alan Dowd, Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Points de vue

Laogaï

Harry Wu a été détenu dix-neuf ans dans le laogaï de 1960 à 1979. En 1992 il fonde la Laogai Research Foundation puis en 2008 le musée du laogaï.

Estimations du nombre de détenus

En 1997, Harry Wu estime à 50 millions le nombre de personnes ayant été internées dans le laogaï depuis 1949, date de la prise du pouvoir par le Parti communiste chinois. Il affirme que 6 à 8 millions de détenus sont enfermés en 1997, dont 10 % de prisonniers politiques<ref name="Libe1997"/>.

Ces chiffres sont récusés par des experts du ministère américain des Affaires étrangères au motif que Modèle:Citation<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} James D. Seymour, Sizing up China's prisons, in Crime, Punishment, and Policing in China, Børge Bakken ed., Rowman & Littlefield, 2005, 244 pages, Modèle:P. : Modèle:Citation</ref>.

Pour 1995, l'universitaire James D. Seymour estime le chiffre à 1,5 million de détenus en se basant sur un effectif de 300 000 pour le personnel pénitentiaire et un taux de 1 membre de ce personnel pour 5 détenus<ref>James D. Seymour, Modèle:Opcit, Modèle:P. : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Pour sa part, le sinologue Jean-Luc Domenach, dans son ouvrage Chine : L'archipel oublié, avance qu'en 1952, le nombre de prisonniers serait de 10 millions. Entre 1966 et 1968, les désordres de la révolution culturelle ont, selon lui, vraisemblablement conduit à une diminution du nombre de Chinois enfermés. Mais entre les années 1968 et 1971 avec les « répressions politique» et l'augmentation de la criminalité, le nombre de prisonniers est estimé à 11 millions d'individus vers 1971-1972. Puis commence un lent processus de régression et en 1976-1977 le nombre de prisonniers est estimé à 10 millions. Puis entre 1985 et 1988, le nombre de prisonniers serait de l'ordre de 4 à 5,7 millions non compris «les victimes d'internements illégaux» »<ref name="JLD">Jean-Luc Domenach, Chine : L'archipel oublié, Paris, Fayard, 1992, page 490 et suivantes.</ref>).

Les chiffres officiels, cités par James D. Seymour, sont de 10 millions de détenus entre 1949 et 1995, 5,92 millions (prison + rééducation par le travail) entre 1979 et 1998 et 3,84 millions entre 1983 et 1995, chiffres qu'il trouve peu crédibles<ref>James D. Seymour, Modèle:Opcit, Modèle:P. : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Comparaison avec le goulag et les camps de concentration nazis

Harry Wu compare le laogaï au goulag soviétique et aux camps de concentration nazis<ref name="ZENIT"/>,<ref name="NYT"/>, il estime que le système concentrationnaire chinois a conduit au décès de millions de prisonniers politiques et d'intellectuels. L'historienne et sinologue Marie-Claire Bergère, dans une lecture critique de l'ouvrage La récidive. Révolution russe, révolution chinoise de l'universitaire Lucien Bianco, indique à propos d'un chapitre comparant le goulag soviétique et le laogai chinois : Modèle:Citation<ref>Marie-Claire Bergère Lucien Bianco, La Récidive. Révolution russe et révolution chinoise </ref>. Pour l'historien Sylvain Boulouque la Chine a copié le goulag, l'idéologie est la base du dispositif<ref>Sylvain Boulouque La révolution chinoise au prisme de sa matrice soviétique, ou quand l'histoire se répète. Slate, 10 novembre 2014 : Modèle:Citation</ref>.

Pour les universitaires James D. Seymour et Michael R. Anderson, auteurs d'une enquête sur le système pénitentiaire chinois à la fin des années 1990 (New Ghosts, Old Ghosts)<ref>James D. Seymour, Michael R. Anderson, New Ghosts, Old Ghosts: Prison and Labor Reform Camps in China, Routledge, 2015, 336 p.</ref>, Modèle:Citation<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Anne-Laure Buffard, D.C. museum 1st in U.S. to look at Beijing's prison system, The Washington Times, November 14, 2008 : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Production du laogaï

Pour Harry Wu, le fruit du travail des détenus du laogaï, écoulé sur le marché intérieur aussi bien qu'à l'étranger, est un rouage essentiel de l'économie nationale<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Michael Dutton & Xu Zhangrun, A Question of Difference: The Theory and Practice of the Chinese Prison, in Børge Bakken (dir.), Crime, Punishment, and Policy in China, Rowman & Littlefield, 2005, 244 p., p. 103 : Modèle:Citation étrangère</ref>.

De leur côté, James D. Seymour et Richard Anderson, dans l'enquête qu'ils ont consacrée au système pénitentiaires chinois à la fin des années 1990, rabaissent l'importance économique des travaux forcés en Chine : Modèle:Citation<ref>Anne-Laure Buffard, Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère</ref>. Contrairement à Wu, ils affirment que le travail pénitentiaire en Chine est loin d'être rentable et qu'il constitue une perte nette pour l'économie nationale plutôt qu'un avantage<ref>Michael Dutton & Xu Zhangrun, Modèle:Opcit, p. 104 : Modèle:Citation étrangère</ref>. En 1988, la production totale des prisons du pays – 4 milliards de yuan – se montait à peine à 0,2 % de la production agricole et industrielle de la RPC<ref>Seymour & Richardson, New Ghosts, Old Ghosts, p. 174 (cité par Phillip F. Williams, Yenna Wu, The Great Wall of Confinement: the Chinese Prison Camp Through Contemporary Fiction and Reportage, University of California Press, 2004, 248 p., p. 174 : Modèle:Citation étrangère</ref>. Une étude officielle, publiée en 1990, indiquait que la production des entreprises carcérales en 1988 ne couvrait pas plus de 85 % des dépenses nécessaires au maintien en état du système pénitentiaire<ref>Phillip F. Williams, Yenna Wu, Modèle:Opcit, p. 42 : Modèle:Citation étrangère</ref>. Pour Jean-Luc Domenach, le système pénitentiaire de la RPC n'était pas régi par les règles de la rationalité économique, il avait été conçu en vue d'objectifs politiques et sortait d'un moule militaire<ref>Phillip F. Williams, Yenna Wu, Modèle:Opcit, p. 42 : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Prélèvement d'organes sur des prisonniers chinois

Modèle:Article connexe Des enquêtes et des rapports attestent l'existence de prélèvements forcés d'organes en Chine. Selon l'hebdomadaire protestant Réforme, dans les années 1990, les autorités chinoises récupèrent les organes sur les prisonniers des laogaï afin de les transplanter sur des membres du Parti communiste chinois ou sur de riches étrangers<ref>Kirk Donahue, La vrai nature du loagai, Réforme, 28 juillet 2008.</ref>,<ref>Bernard Debord, Alerte pour les lanceurs, Amnesty International, 2 février 2015 : Modèle:Citation</ref>,<ref name="LC2016"/>.

En 2000, dans son ouvrage Danse pas avec la Chine, Harry Wu affirme que le trafic d’organes en Chine permet à l’Armée populaire de libération de trouver des financements. Il affirme que les prisonniers sont tués d'une balle dans la tête afin de préserver les organes<ref>Trafic d’organes : le nouveau « business » chinois, Amnesty International, 10 mai 2002 : Modèle:Citation</ref>.

Allégations de prélèvements d'organes sur des pratiquants du Falun Gong

Modèle:Article général À la suite de la publication, en Modèle:Date-, par Epoch Times, journal lié au Falun Gong, d’un article alléguant l’existence d’un camp de concentration et de prélèvement d'organes à vif d’adhérents du Falun Gong à l'hôpital de Sujiatun, à Shenyang, dans le Liaoning<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Ji Da, New Witness Confirms Existence of Chinese Concentration Camp, Says Organs Removed from Live Victims, Epoch Times, 17 mars 2006.</ref>, Harry Wu fait parvenir à divers parlementaires et journalistes américains ce qu'il pense de la situation : tout d'abord, d'après les résultats d'une enquête effectuée sur place, le camp de concentration de Sujiatun et ses Modèle:Nombre n'existent pas. Ensuite, si depuis plus de 20 ans les organes de condamnés à mort exécutés sont prélevés en Chine, des prélèvements à vif à l'échelle de 4 500 sont impossibles et infaisables. Enfin, le vol d'organes de membres du Falun Gong n'est absolument pas crédible<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Harry Wu, Modèle:Lien brisé, Observechina, 18 juillet 2006. D'après une traduction en anglais, version originale non indiquée Modèle:Citation étrangère</ref>. Selon Modèle:Lien, Harry Wu remet en question la prétendue recrudescence de transplantations et de ventes d'organes qu'auraient subie les membres du Falun Gong. Il estime que les affirmations de traitement comparable à celui des victimes du camp d'Auschwitz mises en avant par le Falun Gong risquent d'être considérées comme de la « propagande politique ». Quoi qu'il en soit, à son avis, « le gouvernement communiste chinois est un mauvais régime qui commet de nombreuses atrocités, dont la persécution du Falun Gong »<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Harry Wu questions Falun Gong's claims about organ transplants, Modèle:Lien, 9 août 2006 : Modèle:Citation étrangère.</ref>.

Expositions de corps de Chinois

Harry Wu est convaincu que des corps présentés lors de l’exposition Bodies: The Exhibition sont ceux de condamnés à mort chinois, et parvient à la faire interdire dans certains États américains<ref> Richard Sedillot, Modèle:Lien brisé Rue 89, 2009 Modèle:Citation</ref>.

Prédictions de l'effondrement du régime communiste chinois

En 2001, Harry Wu, interrogé par le journaliste Anthony C. Lobaido pour le compte de WorldNetDaily.com, prédit que Modèle:Citation. Selon lui, Modèle:Citation<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Anthony C. Lobado, Harry Wu on the Real China, WorldNetDaily.com, 04/05/2001 : Modèle:Citation étrangère</ref>. En 2013, lors d'une interview sur CNN, il déclarait être sûr que le système communiste s'effondrerait en Chine<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Harry Wu Interviewed by CNN, Laogai Research Foundation, 30 janvier 2013 : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Lectures critiques

Alain Peyrefitte, auteur de Quand la Chine s'éveillera… le monde tremblera en 1973, indique avoir lu avec émotion Le Laogaï et Vents amers, par contre il a moins apprécié Retour au laogaï<ref>Alain Peyrefitte, La Chine s'est éveillée: Carnets de route de l'ère Deng Xiaoping (chapitre 43)</ref>.

Décès

Harry Wu est mort à l'âge de 79 ans au Honduras où il séjournait chez des amis. Il laisse derrière lui son épouse, Ching Lee, et leur fils, Harrison Lee Wu, qui vit en Virginie<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Publications

Notes et références

Modèle:Références

Annexes

Modèle:Autres projets

Bibliographie

  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} New Ghosts, Old Ghosts, Prisons and Labor Reform Camps in China (1999), James Seymour, Richard Anderson
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Nine Lives: Making the Impossible Possible (2009), New Internationalist Publications, qui raconte les histoires de Wu & 8 autres personnes qui, (en) « "operating outside the normal channels, have made the world a better"
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} I was sentenced to life in a Chinese labour camp. This is my story, The Independent, Modèle:Date-
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} The Sunflower (1998), Simon Wiesenthal, Hary James Cargas (éditeur), Bonny V. Fetterman (éditeur)
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} China's Growth and Productivity Performance Debate Revisited - Accounting for China’s Sources of Growth with a New Data Set, Modèle:Lien, Modèle:Date-
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Laogai: The Chinese Gulag (1992), le premier rapport complet sur le système des camps de travail chinois.

Articles connexes

Liens externes

Modèle:Portail