Jaspe
Le jaspe est une roche sédimentaire contenant de 80 à 95 % de silice, souvent classée avec les quartz microcristallins mais qui peut aussi contenir de l'argile. Elle est constituée de radiolaires calcédonieux pris dans un ciment de calcédoine. Sa cassure est écailleuse, parfois conchoïdale. Le jaspe peut avoir plusieurs aspects : tacheté, rubané, rouge (ou oriental), à taches rouges sur fond vert, noir (de Sicile), etc. Par contre, il ne contient pas de grains de quartz détritique. D'origine sédimentaire ou volcanique, c'est donc un minéral de transformation, parfois classifié comme minéral, parfois comme roche, selon le point de vue ou son taux d'impuretés. Sa particularité essentielle, outre son abondance, est sa large palette de coloris naturels. On peut estimer, a priori, qu'aucun coloris n'est impossible pour le jaspe, ce qui, d'ailleurs, rend complexe son identification.
Variétés
Il existe un grand nombre de jaspes dans la nature. Autrefois, ils étaient nommés par leurs couleurs dominantes, ou encore avec les corps minéraux ou cristaux qu'ils étaient susceptibles de contenir : ainsi, le jaspe pyritifère, le jaspe quartzifère, le jaspe argileux, jaspe rouge… Ils faisaient l'objet de collections spécialisées.
Voici une liste actuelle, non exhaustive :
Nom | Étymologie | Couleur | Composition | Gîtologie | Image |
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Basanite dite aussi Lydite<ref>Basanite, Mindat.</ref> | ... | Noire | ... | .. | Basanite et Dunite |
Bois silicifié<ref>Au cœur de la silice, ... du silex au wafer, sur le site www.futura-sciences.com</ref> | Bois fossilisé par de la silice | Bariolé | C'est une catégorisation de bois fossile versé dans les jaspes car les cellules ont été remplacées par de la silice | Zones de sédimentation profondes riches en silice | Bois pétrifié du Brésil |
Cacholong<ref group="Atlas_RoMi" name="jaspe_taille"/> | ... | Blanc | Avec de l'opale | .. | Croix en jaspe blanc |
Chrysoprase<ref group="Atlas_RoMi" name="jaspe_taille">Fiche de la gemme jaspe tailée.</ref> | ... | Vert poireau à vert bleuté | ... | .. | Chrysoprase |
Cornaline<ref group="Atlas_RoMi" name="jaspe_taille"/> | ... | Rouge à orangé | Contient de l'hématite en quantité | .. | Cornaline |
Jaspe bréchoïde | Vient de sa composition rocheuse en brèche | Beige à marron | Nous quittons ici les minéraux pour rentrer dans les roches | .. | ... |
Jaspe de terre | ... | Beige à marron | ... | .. | Sphéroïde |
Jaspe léopard | Nommé ainsi car comportant des taches comme une peau de léopard | Tacheté | Constellé de taches avec des centres parfois en quartz pur | .. | Jaspe léopard |
Jaspe océan | ... | Verdâtre, à motifs | ... | .. | Jaspe océan de Madagascar |
Jaspe plasma<ref group="Atlas_RoMi" name="jaspe_taille"/> | ... | Vert foncé uni | Coloré par la chlorite ou la serpentine | .. | |
Jaspe sanguin | ... | Fond vert à taches rouges ou complètement rouge-brunâtre | ... | .. | Intaille représentant la tête d'Athéna Parthénos |
Jaspe orbiculaire<ref>Jaspe orbiculaire, sur le site www.futura-sciences.com</ref> | ... | Fond vert à taches dorées | Son nom lui vient des nombreux formations en cercle | Parsemés de réseaux serrés de taches circulaires concentriques | Origine Madagascar |
Jaspe zoné | Parce que comportant les traces de couches de dépôt | Multicolore | Il comporte la trace des différentes couches de dépôts | Volcanique en mélange avec des roches | Jaspe océan de Madagascar |
Lamparci ou Dalmatien<ref group="Atlas_RoMi" name="jaspe_taille"/> | ... | Blanc à taches noires | ... | .. | Dalmatien |
Lydienne<ref name="Foucault et Raoult">A. Foucault et J.-F. Raoult, Dictionnaire de géologie, Dunod, Paris, 2001.</ref> | ... | Gris ou noir | présence de matières charbonneuses, un peu de pyrite et quelques grains phosphatés | Elles alternent souvent avec des calcaires et des schistes, en bancs réguliers, dans les séries du Carbonifère. | |
Onyx<ref group="Atlas_RoMi" name="jaspe_taille"/> | ... | Noire à marron | Peut être une agate ou jaspe, selon sa composition | .. | Onyx polie |
Phtanite<ref name="Foucault et Raoult"/> | Vient du grec et signifie Modèle:". | Gris ou noir | Plus argileux que les lydiennes, formées de quartz en très petits cristaux, de quelques radiolaires encore visibles, de matière charbonneuse ou graphiteuse (d'où leur couleur), elles sont généralement considérées comme issues de dépôts marins. | Les phtanites annoncent souvent le passage à des schistes. | Gros plan d'un bloc de phtanite |
Sardoine<ref group="Atlas_RoMi" name="jaspe_taille"/> | ... | Marron | ... | .. | Patène en Sardoine |
Sardonyx<ref group="Atlas_RoMi" name="jaspe_taille"/> | ... | Bariolé | ... | .. | Camée en Sardonyx |
Unakite | ... | verte tranchée d'orangé | ... | .. | Unakite |
Étymologie
Du latin iaspidem venant du grec ἴασπις (iaspis), venant lui-même des langues sémitiques (cf. hébreu יושפה yushphah, akkadien yashupu), probablement du persan یشپ yašp<ref> [1] etymonline.com</ref>, tous signifiant « pierre tachetée ».
Utilisations
Outillage
Le jaspe a été utilisé pour réaliser des forets à archet, pour allumer des feux, dans le Mehrgarh, entre le IVe et le Ve millénaire Modèle:Av JC
La phtanite a été utilisée pour façonner des outils préhistoriques en Bretagne<ref group=Note>La Préhistoire de Bretagne et d'Armorique, Jean Laurent Monnier, Les Universels Gisserot, 1991, Modèle:ISBN.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Le jaspe a également été utilisé pour tailler des outils : c'est le cas du jaspe de Fontmaure<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref> par exemple, mais aussi, très localement, du jaspe de Bretagne.
Bijoux
Le jaspe est connu pour avoir été le bijou préféré dans le monde antique, son nom peut être retracé en arabe, en persan, en hébreu, en assyrien, en grec et en latin. Sur l'île minoenne de Crète, le jaspe a été sculpté pour produire des sceaux vers 1800 Modèle:Av JC, comme en témoignent les découvertes archéologiques dans le Palais de Knossos.
- Bijou et sceau dans l'Antiquité
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Anneau jaspe vert et or, avec un sceau amovible, Égypte, 664 à 322 Modèle:Av JC, Walters Art Museum, Baltimore, Maryland.
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Sceau cylindrique en jaspe : lions et aigles à tête de lion, Période d'Uruk, (4100–3000 Modèle:Av JC), Musée du Louvre, Paris.
Décoration
Les chrétiens du Moyen Âge se servaient du jaspe sanguin, pour graver des scènes de la Crucifixion, ce qui amena l’appellation de « pierre des martyrs », compte tenu des taches rouges d'oxyde de fer, contenues dans la pierre, qui évoquent les gouttelettes de sang, ou la couleur du soleil couchant, d'où le nom héliotrope donné à la pierre<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Modèle:Pays (actuellement Modèle:Pays)
- Le jaspe (associé à de l'améthyste), a été utilisé pour réaliser l'ornementation des façades ou des murs, comme dans la chapelle Saint-Venceslas à Prague, ou dans l'église de la Sainte-Croix à Karlštejn<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
- Murs d'églises, décorés avec du jaspe, en République tchèque
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Intérieur de la chapelle Saint-Venceslas (XIVe s), à Prague, en mai 2014.
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Intérieur de l'église de la Sainte-Croix, (1348), à Karlštejn.
- La passion des Médicis pour les objets en pierre semi-précieuse (jaspe, onyx, cornaline, améthyste, malachite, agate, marbre, ou lapis-lazuli) conduisit le grand-duc Ferdinand Ier de Médicis à fonder, à Florence en 1588, la manufacture d’art spécialisée dans le travail des pierres dures (Trésor des Grands-ducs). Dès la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, la mode se répandit des vases et du mobilier en pierre dure et s’affirmèrent le goût et la technique de la mosaïque florentine. La manufacture poursuivit son activité pendant plus de trois siècles, et est devenue le Musée de la Manufacture de pierres dures de Florence.
- Une coupe en jaspe sanguin, issue de l'atelier du maître lapidaire milanais, Gasparo Miseroni, (1518-1573)<ref>Modèle:Lien web.</ref>, est exposée au musée de l'Argenterie, au palais Pitti, à Florence.
- Musée de l'Argenterie, au palais Pitti, à Florence
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Coupe en jaspe sanguin, en forme de coquillage, par Gasparo Miseroni (1557).
- Un superbe spécimen de jaspe, portant le monogramme « I.R.I », de l’empereur germanique Rodolphe II, est exposé au musée du Louvre, à Paris. La nef est l'œuvre (vers 1608), du lapidaire italien, Ottavio Miseroni, (1567-1624)<ref>Modèle:Lien web.</ref>, dans ses ateliers de Prague. Il est devenu (entre 1653 et 1661), le plus grand vase<ref>Modèle:Lien web.</ref> de la collection de gemmes du roi Louis XIV<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
- Les maîtres lapidaires des trois manufactures lapidaires impériales de Peterhof, Ekaterinbourg, ou de la Modèle:Lien, en Sibérie<ref group=Note>Après l'effondrement de l'URSS, l'usine intègre le ministère des Services publics de la Russie. Dès 1990, l'usine n'a pas été en mesure de survivre. Elle est mise en faillite en 1998. Depuis Modèle:Date, l'usine fabrique des produits en granit, telles les bordures de protection. En conséquence, le premier centre de taille de pierre de la Sibérie, continue à fonctionner, à ce jour.</ref>, avaient l'habitude de travailler sur des objets d'art volumineux, en utilisant la technique de la mosaïque russe (ou école russe de la mosaïque florentine)<ref>Modèle:Lien web.</ref>, par placage de fines lamelles de pierres semi-précieuses telles que la malachite, la rhodonite, le lapis-lazuli, habilement assemblées sur des œuvres d'art en bronze ou en pierre. Le jaspe a été aussi utilisé pour réaliser des coupes ornementales<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>. De nombreux vases et objets d'art en jaspe, de différentes couleurs, sont exposés au Musée de l'Ermitage, à Saint-Pétersbourg<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
- Œuvres d'art, en jaspe de Sibérie
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Vase en jaspe d'un poids de 3,2 tonnes, offert par la Russie, au palais de la Paix, à la Haye, Pays-Bas.
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Détail de l'ornementation du vase en jaspe, offert par la Russie, au Palais de la Paix.
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Panier à têtes de chèvre, en jaspe rouge, (Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle russe), Armurerie du Kremlin, Moscou.
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Vase aux griffons, musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg.
- Le célèbre vase de Kolyvan ou « Tsarine des vases », pesant Modèle:Unité<ref>Modèle:Lien web.</ref>, est le symbole de l'extrême professionnalisme des tailleurs de pierre de l'Altaï et la preuve irréfutable de la richesse unique de cette chaîne de montagnes. Le vase a été conçu par l'architecte Modèle:Lien, qui a lui-même supervisé la fabrication de 1831 à 1843. C'est un processus extrêmement difficile de travailler un bloc de cinq mètres de « jaspe de Resnev » pendant plus de onze ans. Un bloc monolithique trouvé en 1819 dans la montagne Revnyoukha<ref group=Note>La montagne Revnyukha, se trouve dans le district de Zmeinogorskiy.</ref>, et extrait en Modèle:Date. Cette variété de pierre est très dure, mais en même temps fragile et incapable de résister à des chocs. La coupe ovale, de Modèle:Unité de long sur Modèle:Unité de large, a été taillée à la Manufacture lapidaire impériale de Kolyvan, puis transportée sur un traîneau, tiré par Modèle:Nombre, vers la rivière Chusovaya, pour être transférée sur une barge, et atteindre Saint-Pétersbourg, en Modèle:Date. Le vase porte un grand nombre de retouches et de reprises (patches), mais elles ont été appariées avec une telle habileté qu'elles ne peuvent pas être repérées. Le travail a été achevé dans le Nouvel Ermitage, et maintenu emballé sur le remblai de la Neva. Ce n'est que le Modèle:Date, que la « Tsarine des vases » a été transportée, grâce à un percement dans un mur et mise en valeur dans le hall sur un piédestal<ref group=Note>Les archives indiquent que deux socles destinés au vase ont été cassés pendant la fabrication.</ref> construit spécialement pour elle<ref group=Note>Le vase de Kolyvan figure sur les armoiries du kraï de l'Altaï.</ref>.
- Certains jaspes polis développent des images surprenantes, à tel point que certaines origines, telles que celles de l'Idaho, ou de l'Oregon, ont reçu une dénomination distincte, comme le Jaspe Bruneau (ou Bruneau jasper)<ref>Modèle:Lien web.</ref>, ou encore Owyhee<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
- Jaspe des États-Unis
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Jaspe Bruneau, A.E. Seaman Mineral Museum, Idaho.
Gisements
Le jaspe est extrêmement répandu dans le monde, mais chaque pièce est quasiment unique<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Formation
Il est soit de source volcanique par hydrothermalisme, soit sédimentaire via les boues de dépôt des radiolaires et parfois nommé alors radiolarite<ref group="Universalis_RoMi" name="jaspe">p. 466-467.</ref>.
Critères de discernement
Le jaspe est constitué de SiO2 et donc formé de calcédoine<ref name='dicogeol187'>A. Foucault, JF Raoult, dictionnaire de Géologie, 1980, Dunod, Modèle:6e édition, 2005, page 187 ; Modèle:ISBN.</ref>, très proche de l'héliotrope mais, surtout, des agates<ref name='dicogeol187' />.
On le différencie des autres à cause de ses coloris infinis, sa non-fluorescence, qu'il ne contient pas de quartz détritique mais, surtout parce que le jaspe contient 5 à 20 % d'autre chose que le gisement d'origine.
L'identification est d'autant plus délicate qu'il n'y a pas de fixation de critères objectifs entre ces 3 formations qui ont toutes la même origine. De nombreux minéraux resteront donc contestés ou indéterminables<ref>Ole Johnsen, Guide Delachaux des minéraux, 2002, Paris, Delachaux & Niestlé, 438 pages, Modèle:ISBN, page 357.</ref>, la littérature étant parfois même contradictoire sur le sujet.
Si l'on a affaire à des jaspes très riches en impuretés, la densité peut être le facteur déterminant pour autant que la moyenne de la densité des matériaux ajoutés soit très différente de celle du quartz.
Les formations rubanées ou tachetées sont majoritairement des agates et c'est l'opacité qui sera souvent alors déterminante dans l'identification.
Galerie
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Jaspe de Madagascar.
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Jaspes jumeaux.
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Jaspe de Modèle:Lien…
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… et sous forme de macro-photo.
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Jaspe poli en sphère.
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Jaspe dalmatien.
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Un bloc de phtanite, le « rocher Sainte Véronique » (Vendée).
Notes et références
Notes
Références
Bibliographie
- Modèle:Ouvrage (Universalis_RoMi)
- Modèle:Ouvrage (Atlas_RoMi)
- Modèle:Ouvrage (RoMiGuide)