Jean-Baptiste Du Tertre
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Jean-Baptiste (né Jacques) Du Tertre est un homme d’Église (religieux dominicain) et un botaniste français, né en 1610 à Calais et mort à Paris en 1687.
Biographie
Après avoir servi dans l’armée néerlandaise, notamment lors d’une expédition au Groenland et au siège de Maastricht en 1633. Il rejoint alors l’ordre des Dominicains et adopte le prénom de Jean-Baptiste<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Il est envoyé comme missionnaire dans les Antilles en 1640 et compléta l'aller-retour de l'Atlantique à trois reprises, passant au total six années en trois séjours. Il servit en Guadeloupe, mais visitera la Martinique, la Grenade, Saint-Christophe, la Dominique, Sainte-Lucie et, en 1648, Saint-Eustache sous «des habits séculiers» comme il l'écrivit lui-même<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Le lien entre les missions des Antilles et les autorités de France
Ses cinq aller-retours entre 1640 et 1658 le voient à chaque fois choisi pour transmettre les messages entre les missions des Antilles et les autorités de France<ref name=KristinaKullberg>"Du Tertre, vie œuvre et mission par Kristina Kullberg, aux Editions Brill en 2020 [1] </ref>. Il est ainsi le "missionnaire officiel", choisi au départ pour son expérience de la Marine<ref name=KristinaKullberg/>.
Le futur gouverneur colonial de la Grenade Jean Faudoas de Cérillac, 1660–1664, l'embauche pour son cinquième voyage à titre privé car il prépare l'acquisition à titre privé, de cette île<ref name=KristinaKullberg/>, mais aussi celle qui s'est concrétisé dès le 28 septembre 1656, des Grenadines au gouverneur du Parquet, qui peu après, le 21 décembre 1657, conclut un accord de paix avec les Caraïbes.
Propriétaire d'esclaves
Pratiqué dans l'Europe non-ibérique mais seulement avec des «slaves» et plus après 1480, l'esclavage est au début du 17ème siècle était interdit et réprimé<ref>La chronique bordelaise de Gabriel de Lurbe, en 1571, cite une décision du Parlement de Guyenne libérant des esclaves africains vendus par un capitaine normand car «la France, mère de liberté, ne permet aucuns esclaves», cité dans "Archéologie de l'esclavage à la Martinique (1635-1660) " par Jacques Petitjean-Roget dans la revue Dialogues d'histoire ancienne en 1985 [2] </ref>,<ref>Selon «les institutions coutumières de la France» d'Antoine Loisel en 1607, «sitost qu'un esclave a atteint les marches du royaume» se faisant baptiser, il est affranchi. Cité dans "Archéologie de l'esclavage à la Martinique (1635-1660) " par Jacques Petitjean-Roget dans la revue Dialogues d'histoire ancienne en 1985 [3] </ref> et le problème se pose rapidement. Dès 1645 sur la petite île voisine de Saint-Christophe (colonie française), le gouverneur Longvilliers de Poincy n'a pas répondu à la demande des père Capucins, selon lesquels les fils des esclaves chrétiens, baptisés dès leur naissance, ne pouvaient rester maintenus en esclavage, selon Maurile de Saint-Michel, missionnaire carme venu d'Angers qui séjourna à la Martinique, la Guadeloupe, Saint-Christophe et la colonie néerlandaise de Saint-Eustache, de 1646 à 1647, avant d'être rapidement rappelé par ses supérieurs<ref>Modèle:Ouvrage</ref> et d'en publier en 1652 un récit<ref> Voyage des Isles Camercanes en l'Amérique qui font partie des Indes Occidentales par Maurile de Saint-Michel, en 1652</ref>,. Les religieux étaient privés aux îles de la dîme, leur principale ressource en Métropole<ref name=Roget/>, mais aucun cas de grandes habitations avec esclaves n'a été observé pour les capucins<ref name=Roget/>.
Dominicain, Jean-Baptiste Du Tertre avait reçu aux Antilles des esclaves<ref name=Roget/> et il estimait qu'ils doivent rester « des instruments de leurs maîtres»<ref name=Roget>"Archéologie de l'esclavage à la Martinique (1635-1660) " par Jacques Petitjean-Roget dans la revue Dialogues d'histoire ancienne en 1985 [4] </ref>.
Les trois versions de son histoire des Antilles
Du Tertre a rédigé dès 1648 un manuscrit de 780 pages<ref name=KristinaKullberg/>, qu'il va ensuite réécrire et augmenter, via des éditions de 1654 et 1667, à vocation plus "politique" et publication plus large<ref name=KristinaKullberg/>. La version de 1648 décrit déjà la fabrication du sucre<ref name=KristinaKullberg/>.
Celle de 1654 n'est plus un simple récit de voyage<ref name=KristinaKullberg/> mais se veut une "Histoire" des Antilles sur la période 1627-1645<ref name=KristinaKullberg/>, augmentée notamment d'un chapitre sur les esclaves noirs<ref name=KristinaKullberg/> et d'un plus long développement sur les Amérindiens<ref name=KristinaKullberg/>, alors en plein conflit avec les Français, ainsi qu'une annexe expliquant comme l'Ordre des Chevaliers de Malte s'est emparé de Saint-Christope<ref name=KristinaKullberg/>. Il publie, dit-il, parce qu'il eut vent que son manuscrit allait être publié par un pasteur de Rotterdam, Charles de Rochefort, toutefois sans le nommer.
L'édition de 1667, à vocation grand public, est écrite dans un style épique voire théâtral<ref name=KristinaKullberg/>, avec de très nombreuses illustrations. sur la faune et la flore<ref name=KristinaKullberg/>, mais aussi des documents officiels tentant de crédibiliser le récit<ref name=KristinaKullberg/>. Les 600 pages du tome consacré à l'histoire des îles<ref name=KristinaKullberg/>, qui est étendue à celles des autres puissances présentes dans la Caraïbe<ref name=KristinaKullberg/>, se veulent un avis sur la politique coloniale de la France<ref name=KristinaKullberg/>, très favorable, en plaidant pour un renforcement du soutien financier de Paris<ref name=KristinaKullberg/>. La partie sur les esclaves est encore augmentée<ref name=KristinaKullberg/>. Il se montre critique sur De Poincy, décédé depuis sept ans, qu'il soupçonne de complicité avec le protestantisme<ref name=KristinaKullberg/>.
L'édition de 1667, à vocation grand public, est écrite dans un style épique voire théâtral<ref name=KristinaKullberg/>, avec de très nombreuses illustrations. sur la faune et la flore<ref name=KristinaKullberg/>, mais aussi des documents officiels tentant de crédibiliser le récit<ref name=KristinaKullberg/>. Les 600 pages du tome consacré à l'histoire des îles, qui est étendue à celles des autres puissances, se veulent un avis sur la politique coloniale de la France, très favorable, en plaidant pour un renforcement du soutien financier. La partie sur les esclaves est encore augmentée. Il se montre critique sur De Poincy, décédé depuis sept ans, qu'il soupçonne de complicité avec le protestantisme<ref name=KristinaKullberg/>.
Pendant cette période de renforcement de son récit historique, il est d'abord témoin de ce que l'historien Philippe Boucher appelle Modèle:Cita<ref name=KristinaKullberg/>, notamment quand De Poincy, gouverneur de Saint-Christophe, fait en sorte que ses sujets soient exempts d'impôts à une époque où ce sujet est sensible en Métropole<ref name=KristinaKullberg/>. En 1660, la population de l'île a déjà fortement progressé, selon un recensement dont les chiffres sont en réalité inspirés par le rapport du prêtre Cosimo Brunetti, venu de Florence<ref>"Personnes et familles à la Martinique au XVIIe siècle : d'après recensements et terrier nominatifs" par Jacques Petitjean Roget et Eugène Bruneau-Latouche. Tome 2. Aux Editions Désormeaux en 2000 [5]</ref>.
Puis la politique coloniale évolue. En 1661, Colbert envoie Alexandre de Prouville de Tracy pour résister aux Anglais<ref name=KristinaKullberg/> car il craint une guerre civile aux Antilles<ref name=KristinaKullberg/>, à la suite des affrontements de 1659 à la Guadeloupe<ref name=KristinaKullberg/>. Puis en 1669, l'administration des îles passe des Affaires étrangères à la Marine, devenant Modèle:Cita<ref name=KristinaKullberg/>.
Dans les tomes de l'édition suivante (1667-1671), Du Tertre s'attaque de façon virulente et de façon répétée à certains faits historiques rapportés par Charles de Rochefort en 1658, témoignage d'une poignante inimitié. La dernière édition sera d'ailleurs reprise et annexée par Jean-Baptiste Labat à sa propre chronique antillaise de 1722.
Le témoignage botanique
Ayant passé plus de temps dans ces colonies françaises que ses contemporains (Maurile de Saint-Michel, Mathias Dupuis, Pierre Pelleprat), il semble sous le charme de ces régions. Il écrit « pour le regard des oyseaux, l'Amérique sans contredit l'emporte par deussus toutes les parties du monde » et sur l'oiseau-mouche :
Modèle:Début citationLe colibris est le plus petit, et le plus gentil, de tous les oiseaux du monde. Dans toutes les Indes Occidentales, il s'en trouve communément de deux sortes, qui toutes deux disputent de la beauté avec des avantages si égaux, que je ne scay de quel costé pencher pour donner mon suffrage : j'ayme mieux laisser cela indécis.
Le plus petit n'est pas plus gros que le petit bout du doigt ; il a toutes les grandes plumes des aisles et celles de la queue, noires. Tout le reste du corps et le dessus des aisles est d'un vert brun, rehaussé d'un certain vermeil, ou lustre, qui ferait honte à celuy du velours et du satin ; il porte une petite huppe sur la teste, de vert naissant, enrichy d'un surdoré, qui brille et éclate comme s'il avait une petite estoille au milieu du front ; il a le bec tout noir, droit, fort menu, et de longueur d'une petite épingle...Modèle:Fin citation
Par ailleurs, il est le premier à décrire la fièvre jaune lors de plusieurs épidémies ayant éclaté sur les îles de la Guadeloupe et de Saint-Christophe en 1635, 1640, 1648 et 1667.
Bibliographie
- 1654: Histoire générale des îles Saint-Christophe, de la Guadeloupe, de la Martinique et autres de l'Amérique
- 1659: La Vie de Sainte Austreberte
- 1667–1671: Histoire générale des Antilles habitées par les François (en 4 tomes)