Le Prince
Modèle:Titre mis en forme Modèle:Sous-titre/Littérature Modèle:Voir homonymes Modèle:Voir paronymes Modèle:Infobox Livre Le Prince, traduction française de l'ouvrage Il Principe ou De Principatibus est un traité politique écrit au début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle par Nicolas Machiavel, homme politique et écrivain florentin, qui montre comment devenir prince et le rester, analysant des exemples de l'histoire antique et de l'histoire italienne de l'époque. Parce que l'ouvrage ne donnait pas de conseils moraux au prince comme les traités classiques adressés à des rois, et qu'au contraire il conseillait dans certains cas des actions contraires aux bonnes mœurs, il a été souvent accusé d'immoralisme, donnant lieu à l'épithète machiavélique. Cependant, l'ouvrage a connu une grande postérité et a été loué et analysé par de nombreux penseurs.
Genèse de l'oeuvre
Circonstances d'écriture
De 1498 à 1512, Machiavel est employé comme fonctionnaire de la République florentine, notamment comme légat auprès de puissances étrangères comme la France, l'Allemagne ou de personnalités tel que César Borgia<ref>M. Bergès, Introduction : le mystère Machiavel, Première énigme : l'homme, le contexte et l'œuvre, Le fonctionnaire florentin, Le secrétaire de la République (1498-1512), Modèle:P..</ref>.
En Modèle:Date-, quelques mois après l'instauration d'une monarchie à Florence par les Médicis, il est déchu de sa charge ; en décembre, après la découverte d'un complot républicain ourdi par ses amis, il est emprisonné puis exilé dans sa métairie de Sant’Andrea in Percussina<ref>M. Bergès, Introduction : le mystère Machiavel, Première énigme : l'homme, le contexte et l'œuvre, Le fonctionnaire florentin, Épuration et création compensatoire (1512-1520).</ref>. C'est là qu'il écrit le Prince. La rédaction en est presque achevée en Modèle:Date-, comme en témoigne la lettre que Machiavel adresse à son ami Francesco Vettori<ref>Lettre à Vettori, Modèle:P..</ref> : Modèle:Citation bloc Mais, dans cette même lettre, il annonce que le travail n'est pas encore fini<ref>Modèle:Citation, lettre à Vettori, Modèle:P..</ref>.
L'ouvrage dans son ensemble aurait été composé entre juillet et Modèle:Date-<ref>C. Bec, Introduction, Modèle:P..</ref>, avec quelques ajouts ou retouches postérieures, comme la dédicace écrite entre 1515 et 1516<ref>C. Bec, Introduction, Modèle:P..</ref>. L'ouvrage est publié en 1532 <ref>Notice de l'incunable sur le site de la bibliothèque Sainte-Geneviève</ref>, après la mort de Machiavel (1527).
Fonction
La fonction de l'écriture du Prince, pour Machiavel, est discutée par la critique : alors qu'il était admis classiquement que l'ouvrage était issu d'une inspiration soudaine, pour rentrer dans la faveur de la monarchie<ref>Modèle:Citation, M. Bergès, Modèle:P..</ref>, Claude Lefort<ref>C. Lefort, Le travail de l'œuvre, Machiavel, Modèle:P..</ref> le considère comme un travail de longue haleine, issu de l'expérience pratique de Machiavel, de sa lecture des historiens antiques, ainsi que de la lecture de la Politique d’Aristote.
Il appuie ses propos, tout d'abord, sur la lettre à Vettori : Modèle:Citation ; ensuite sur les rapports diplomatiques de Machiavel<ref>Tableau des choses de France, Rapport sur les choses d'Allemagne, Comment traiter les populations révoltées du Val di Chiana, etc. Modèle:Référence incomplète.</ref>, ébauches de la pensée globale du Prince ; et enfin, sur la dédicace de l'ouvrage où Machiavel ne se fixe pas pour but de flatter le prince mais d'établir une pensée politique appuyée sur l'Histoire : Modèle:Citation
De même, alors que la rédaction du Prince était considérée comme entrecoupant dans le temps celle des Discours sur la première décade de Tite-Live, Lefort, s'appuyant sur une étude de Hans Baron<ref>H. Baron, The Principe and the puzzle of the date of the Discorsi, in Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance XVIII, Droz, Genève, 1956, Modèle:P..</ref>, considère le Prince comme antérieur aux Discours et notamment, la phrase du deuxième chapitre qui fait allusion à un ouvrage sur les républiques<ref>Modèle:Citation, Le Prince, chap. 2.</ref> serait un ajout postérieur à la première rédaction du Prince. Ainsi, Claude Lefort donne à l'ouvrage le double statut de pensée profonde et de pensée première.
Résumé
Écrit en italien, l'ouvrage comporte 26 chapitres.
Dans le premier chapitre, les différents États sont classés selon deux grands types : les républiques et les monarchies, ces dernières étant soit héréditaires, soit nouvelles. À cette occasion, l'essai évoque les événements récents qui agitent l'Italie au Quattrocento, notamment les agissements de César Borgia pour s'installer en Romagne et les intrigues des Sforza dans le Milanais visant à évincer les Visconti.
Dans les chapitres II à XI, l'auteur étudie les différents moyens de conquérir le pouvoir et de le conserver.
Dans les chapitres XII à XIV, les questions militaires sont abordées, Machiavel se prononce notamment en faveur d'une conscription nationale au détriment de l'usage de mercenaires, qui sont davantage susceptibles de se retourner contre l’autorité princière.
Les chapitres XV à XXIII exposent l’essentiel de ce que la postérité a interprété et retenu sous le nom de machiavélisme : des conseils relatifs à la conservation du pouvoir, dénués de morale.
Les chapitres XXIV à XXVI dévoilent les intentions de l'auteur : ces conseils doivent permettre de libérer et d’unifier l’Italie.
Dédicace : Nicolas Machiavel à Laurent II de Médicis
Modèle:Lang : le Laurent le Magnifique dont il s'agit ici est non pas le Laurent le Magnifique mort en 1492, mais son petit-fils, duc d'Urbin, fils de Pierre et neveu de Léon X, père de Catherine de Médicis<ref>Le Prince, Machiavel, traduction de Gohory chez Gallimard, 1980.</ref>.
Machiavel annonce qu'il fait cadeau au prince de ce qu'il possède le mieux, c'est-à-dire la Modèle:Citation. Il se défend d'employer pour plaire, comme de coutume, un style ampoulé : Modèle:Citation bloc
I. Combien il y a de sortes de principautés, et par quels moyens on peut les acquérir
Machiavel établit une taxonomie des États : ils sont des républiques ou des principautés, et celles-ci sont héréditaires ou nouvelles. Les principautés nouvelles sont soit vraiment nouvelles, soit conquises par un prince héréditaire.
Ces principautés nouvelles étaient auparavant soit des républiques soit des principautés ; et les moyens de leur conquête ont été soit les armées du conquérant, soit des armées de mercenaires ; et soit la fortune soit la vaillance.
II. Des principautés héréditaires
Le prince héréditaire a peu de difficultés à conserver son État car il a l’appui de son peuple, ce qu'explique Machiavel : Modèle:Citation bloc
III. Des principautés mixtes
La principauté mixte est une principauté nouvelle Modèle:Citation. Le statut du prince est alors difficile, car il a pour ennemis à la fois ceux qui avaient avantage à l’ordre ancien et ceux qui l’ont aidé à la conquête et envers lesquels il n’est ni en mesure de tenir ses promesses, ni en mesure de les attaquer car Modèle:Citation, comme le montre l'exemple de Louis XII vite chassé du Milanais.
Machiavel prodigue alors ses conseils. Si l’État conquérant est proche de l’État conquis, Modèle:Citation. Sinon, l’entreprise est plus délicate : le prince doit alors vivre dans sa nouvelle possession, pour réprimer les révoltes, empêcher les débordements des officiers, se faire aimer ou craindre par son peuple, résister aux attaques d'un autre État ; il doit aussi implanter des colonies, qui maintiendront l'influence de ses anciens États sur le nouveau et, n'étant nuisibles qu'aux quelques personnes qui seront délogées par les colons, ces derniers seront bien accueillis par la population ; cela évite d'entretenir une armée, qui à la fois est coûteuse et déplaît au peuple. À propos des relations avec les pays de la contrée de la principauté conquise, le prince doit s'allier avec les États faibles, sans pour autant augmenter leur force, et combattre avec leur aide les États puissants.
IV. Pourquoi les États de Darius, conquis par Alexandre, ne se révoltèrent point contre les successeurs du conquérant après sa mort
Machiavel s’étonne que les conquêtes faites sur Darius par Alexandre ne se soient pas révoltées après sa mort. Il l’explique en considérant deux sortes d'États : d'une part, l’État, comme le royaume de France, gouverné par Modèle:Citation dont le rang est indépendant de la volonté du prince, peut être facilement conquis, car il se trouve toujours pour aider le conquérant un baron hostile au prince, mais il est aussi facilement perdu, pour la même raison ; d’autre part, l’État à tête unique, comme la Turquie, avec Modèle:Citation dont il peut disposer comme ministre à sa guise, ne connaissant pas d'opposition interne, ne peut être conquis que par la victoire militaire dans une bataille rangée, mais il est ensuite facilement conservé, pour la même raison. Modèle:Citation
V. Comment on doit gouverner les États ou principautés qui, avant la conquête, vivaient sous leurs propres lois
Le prince a alors trois solutions : il peut détruire les États conquis, ou aller y vivre (cf. chap. III, l’exemple donné ici est celui des Romains détruisant Capoue, Carthage et Numance), ou encore il peut Modèle:Citation (comme le firent par exemple les Spartiates dans Athènes et dans Thèbes conquises). Modèle:Citation
Au contraire, si l’État conquis était déjà sous le règne d’un prince, ses habitants étant déjà Modèle:Citation, ils accueilleront un conquérant sans difficulté si s'éteint la lignée de leur prince.
VI. Des principautés nouvelles acquises par les armes et par l’habileté de l’acquéreur
Un homme qui prend le pouvoir de l’intérieur, c’est-à-dire sans que cela soit une conquête, Modèle:Citation ; mais Modèle:Citation. La voie la plus fiable est donc celle de Modèle:Citation, dont Machiavel prend pour exemples Moïse, Cyrus, Romulus et Thésée.
Ceux-là ne doivent à la fortune que l’occasion de s’emparer du pouvoir ; par exemple, Modèle:Citation. Les occasions sont donc nécessaires, même aux grands hommes, Modèle:Citation. La fortune ne leur fait donc pas de cadeaux, et notamment ils rencontrent des difficultés pour introduire de nouvelles institutions : dans cette entreprise le prince aura pour ennemis ceux qui profitaient de l’ancien ordre, alors que les autres ne seront que de Modèle:Citation tant qu’ils n'auront pas effectivement goûté les bienfaits des nouvelles institutions. L’idéologie n’est donc pas suffisante, elle est renversée si elle n’est pas défendue par des armes, comme ce fut le cas pour Savonarole, et ces armes doivent être celles propres du prince (cf. chap. XIII).
VII. Des principautés nouvelles qu’on acquiert par les armes d’autrui et par la fortune
Modèle:Citation En effet, en tant qu'anciens particuliers, ils n’ont ni l'expérience du commandement ni des forces propres et fidèles et leurs États, Modèle:Citation.
Le statut des princes partis de rien est donc très exigeant : il leur demande Modèle:Citation. Après avoir pris le contre-exemple de Francesco Sforza, devenu prince par son mérite (tout comme Hiéron de Syracuse, exemple du chap. VI), Machiavel explore l'exemple plus ambigu de César Borgia, car celui-ci qui n'était prince que par fortune, Modèle:Citation. L’échec final est donc dû à Modèle:Citation.
Pour procurer un État à son fils César Borgia, duc de Valentinois, le pape Alexandre VI Borgia s'allie au roi de France Louis XII et aux Orsini, ce qui lui permet de prendre la Romagne. César Borgia, pour se rendre indépendant, se retourne d'abord contre les Orsini : ils conspirent contre lui, il mate leur révolte, il feint de se réconcilier, puis il les fait tuer. Ensuite il s'assure du soutien populaire en Romagne : il nomme gouverneur le cruel Ramiro d'Orco Modèle:Citation ; quand c'est fait, il met en place une administration moins autoritaire, et pour apaiser le ressentiment populaire, Modèle:Citation.
Ses plans pour l’avenir, qui doivent lui permettre de s’affranchir des Français et surtout de ne plus dépendre du soutien de son père pour Modèle:Citation, prévoient de prendre Pise, puis Lucques et Sienne, puis Florence, c'est-à-dire toute la Toscane ; ces plans, Modèle:Citation, mais il ne peut résister à cette mort précoce, combinée à sa propre maladie et aux deux armées qui le prennent en étau. Après un éloge de la conduite de Borgia — Modèle:Citation —, Machiavel lui reproche cependant d'avoir laissé élire Modèle:Nobr pour pape et il qualifie cette erreur stratégique de Modèle:Citation.
VIII. De ceux qui sont devenus princes par des scélératesses
En dehors de la vaillance et de la fortune, on peut devenir prince par le plébiscite des concitoyens (cf. chap. IX) ou par la scélératesse, dont Machiavel donne deux exemples : celui d’Agathocle de Syracuse qui, ayant été désigné prince après une longue progression dans l’armée, convoqua les sénateurs et les citoyens les plus éminents pour délibérer des affaires publiques et les fit assassiner pour ne pas partager le pouvoir ; et celui d’Oliverotto da Fermo qui, sous prétexte d’une parade, fit entrer ses hommes dans la ville de Fermo et demanda à son oncle d'organiser une réception, dont il fit assassiner tous les convives, dont son oncle, pour prendre le pouvoir.
Machiavel est partagé entre la désapprobation morale et l’approbation politique. Il parle ainsi du Modèle:Citation d’Agathocle et de sa Modèle:Citation, en même temps que de Modèle:Citation. Cette contradiction surgit à nouveau plus loin, et Machiavel se demande comment la cruauté du prince, qui en général est l’objet du mécontentement populaire, de la rébellion et de l’échec politique, peut être conciliée avec un pouvoir sans faille. Sa réponse est que les cruautés doivent être Modèle:Citation, pour que l’Modèle:Citation n’en soit pas trop persistante dans le peuple, et pour avoir toujours de l’avance sur la nécessité.
IX. De la principauté civile
La principauté civile a un prince choisi par ses concitoyens. Soit c’est un homme du peuple choisi par les grands Modèle:Citation, soit c'est un grand choisi par le peuple pour le protéger. Le prince élevé par les grands est moins favorisé que le prince élevé par le peuple car Modèle:Citation. Le prince élevé par les grands doit donc, en plus de se débarrasser des grands qui sont Modèle:Citation et qui seraient nuisibles en temps de guerre, se concilier l’amitié du peuple tout comme le prince élevé par lui, amitié qui pourra être d'autant plus forte qu'elle était inattendue. Pour évaluer ce soutien du peuple, le prince ne peut se fier sur le temps de paix, car c'est dans le moment de l’adversité qu’il aura besoin des citoyens ; il doit donc Modèle:Citation.
X. Comment, dans toute espèce de principauté, on doit mesurer ses forces
Soit le prince peut se défendre par lui-même, c’est-à-dire qu’il a assez d’hommes et d’argent pour combattre un quelconque attaquant, c’est le cas développé dans les chapitres précédents ; soit il a besoin du secours d’autrui, c’est-à-dire que devant une attaque il doit se réfugier dans sa forteresse : à celui-là Machiavel conseille de se garantir l'affection de son peuple et la sécurité de sa forteresse, qui permettent de tenir un siège, sans se préoccuper du reste du pays. Il prend pour exemple des villes allemandes dont le territoire est réduit mais qui sont indépendantes vis-à-vis de l’Empereur et des autres États, ne craignant pas les attaques militaires grâce à leurs fortifications, leurs fossés, leur artillerie, leurs provisions et leurs réserves pour une année, ainsi que leur entraînement militaire. Le prince qui suivra ces conseils ne craindra aucune défaite, car l’ennemi ne restera pas un an sans bouger. L’assaillant peut mettre à sac le pays pour effrayer les citoyens ; le prince doit les apaiser, s’assurer des plus vindicatifs, attendre qu’avec le temps les esprits se calment et même profiter de la dette qu’il contracte envers ses citoyens lors de la destruction de leurs biens pour accroître leur fidélité envers lui.
XI. Des principautés ecclésiastiques
Les anciennes institutions religieuses suffisent à asseoir le pouvoir du prince ecclésiastique ; ainsi Modèle:Citation. Mais Machiavel attribue cela à des Modèle:Citation qu’il ne se permet pas de développer. En revanche, il développe les raisons de la Modèle:Citation actuelle de l’Église : autrefois, la division intérieure des États de l'Église entre Orsini et Colonna empêchait l'Église de s'agrandir ; sa grandeur actuelle, Machiavel l'attribue à l’initiative d’Modèle:Nobr — qui sut judicieusement s'allier aux Français et aider César Borgia, ce qui ne fut pas une vaine magnanimité puisque l’Église récupéra ses conquêtes après sa défaite —, initiative prolongée par Jules II qui conquit Bologne, battit les Vénitiens et chassa les Français d’Italie, tout en contenant Modèle:Citation.
XII. Combien il y a de sortes de milices et de troupes mercenaires.
Les armes et les lois sont les Modèle:Citation. Or Modèle:Citation : il suffit donc de parler des armes, qui sont soit propres au prince, soit mercenaires ou auxiliaires, soit mixtes. Machiavel dénonce les armes mercenaires : Modèle:Citation.
C'est à partir de ce principe qu’il analyse des exemples historiques. Si Rome, Sparte et la Suisse, tirent leur liberté de leurs armes propres, au contraire Carthage après la première guerre punique, Thèbes après la troisième guerre sacrée, Milan après la victoire sur les Vénitiens, subirent la trahison des mercenaires, de Modèle:Nobr ou de Francesco Sforza. Si Venise ou Florence connurent un temps le succès avec des capitaines mercenaires, c'est parce que ceux-ci ne purent ou ne voulurent pas les convoiter. Machiavel analyse ensuite l’histoire militaire de Venise : victorieuse dans ses campagnes navales où elle avait ses citoyens pour soldats, elle employa ensuite sur la terre ferme des mercenaires dont elle eut à subir les méfaits : c’est ainsi que les Vénitiens durent assassiner Francesco da Carmagnola pour se préserver de lui, et que plus tard ils perdirent à la bataille d'Agnadel contre Louis XII de France<ref>Chez Machiavel, Modèle:Citation. C. Bec, Modèle:P., note 4, nous apprend qu'il s'agit d'Modèle:Lang.</ref> Modèle:Citation.
C’est l’occasion pour Machiavel de dénoncer la conduite des mercenaires : ils n’ont presque pas d'infanterie, ne se tuent pas sur le champ de bataille, rendent les prisonniers sans rançon, n’attaquent pas la nuit, n’ont pas besoin de protéger leurs camps et ne se battent pas l’hiver : tel est l’Modèle:Citation.
XIII. Des troupes auxiliaires, mixtes et propres
Les armes auxiliaires, c’est-à-dire les armes d’un autre prince auquel un prince demande son aide, ont les mêmes défauts que les mercenaires : Modèle:Citation. Elles sont même plus dangereuses que les armes mercenaires, car elles sont unies derrière leur prince et donc valeureuses. Ainsi César Borgia ne fit que progresser lorsque après avoir recouru aux armes auxiliaires de la France, puis aux armes mercenaires des Orsini et des Vitelli, il finit par n'utiliser que les siennes propres. De même Hiéron de Syracuse (déjà cité au chap. VI) fit tuer ses mercenaires, et de même David refusa les armes de Saül pour ne combattre Goliath qu’avec sa fronde.
En France, Charles VII augmenta la valeur de son armée en formant dans son royaume Modèle:Citation, mais son fils Louis XI l’amoindrit en usant des forces auxiliaires suisses dont l’armée française est désormais dépendante. L’Empire romain connut la ruine pour avoir fait appel aux Goths. Machiavel conclut qu’il ne faut user que de ses forces propres.
XIV. Des fonctions qui appartiennent au prince, par rapport à la milice
C'est par la connaissance de l’art de la guerre qu’on reste prince ou qu'on le devient : un prince négligeant les armes est méprisé, à la merci de ses serviteurs et il ne peut pas faire confiance à ses soldats. Le prince exerce tout d'abord son corps à la guerre, notamment par l’exercice de la chasse, qui l’Modèle:Citation et lui fait la géographie de son pays — Modèle:Citation —, ce qui lui permettra à la fois de le défendre en cas d'attaque et de se familiariser avec la tactique militaire en général, en imaginant dans le paysage des positions adverses, comme le faisait Philopœmen lors de ses promenades. Il doit aussi préparer son esprit à la guerre, par la connaissance de l'histoire, des Modèle:Citation et de Modèle:Citation, en prenant pour modèle Modèle:Citation.
Modèle:Citation De plus, cela permet de tenir les sujets dans une bonne discipline.
XV. Des choses pour lesquelles tous les hommes, et surtout les princes, sont loués ou blâmés
Machiavel examine comment le prince doit se conduire envers ses amis et ses sujets ; il prévient que bien que le sujet ait été traité de nombreuses fois, il sera original, car plutôt que de se livrer à de Modèle:Citation, des Modèle:Citation, il affirme : Modèle:Citation Il établit d’abord qu'on loue ou blâme le prince selon qu’il est généreux ou rapace (cf. chap. 16), bienfaisant ou avide, cruel ou compatissant (chap. 17), sans foi ou fidèle à sa parole (chap. 18), craintif ou courageux, débonnaire ou orgueilleux, dissolu ou chaste, franc ou rusé, dur ou facile, grave ou léger, religieux ou incrédule, etc. Mais le prince ne peut éviter en même temps tous les vices ; il doit donc se forcer d’éviter les vices Modèle:Citation, et seulement Modèle:Citation éviter les autres vices ; d’ailleurs, de même que certaines vertus sont néfastes pour le prince, de même de certains vices Modèle:Citation.
XVI. De la libéralité et de l'avarice
Il est bon pour un prince d'être généreux mais s’il l’est vraiment, il dépensera tant pour offrir des somptuosités à quelques-uns que, s’appauvrissant, il devra se rattraper par une lourde fiscalité qui le fera haïr de ses sujets ; il plaira à quelques-uns et déplaira à beaucoup ; mais une fois qu’il aura commencé ainsi, s’il veut changer de mode de vie, on lui reprochera de devenir avare. Le prince doit donc ne pas craindre au départ le nom d’avare ; son économie lui permettra de soutenir une guerre et d'accomplir des entreprises utiles sans surcharger le peuple ; et alors Modèle:Citation.
On dit que César est parvenu à l’empire par sa libéralité : en effet, il faut avoir cette qualité pour devenir prince ; mais pour le rester, elle est dommageable. D’autre part, si le prince doit être parcimonieux seulement avec son propre bien, il doit distribuer celui d’autrui avec générosité, et notamment le butin de guerre, sans quoi il ne serait pas suivi par ses soldats.
En conclusion, un prince sage doit se résoudre à être qualifié d’avare, car la libéralité Modèle:Citation et Modèle:Citation.
XVII. De la cruauté et de la clémence, et s’il vaut mieux être aimé que craint
Le prince peut être cruel pour éviter les maux pires encore du désordre, notamment dans les débuts de son règne.
Ainsi César Borgia qui avait une réputation de cruauté Modèle:Citation, alors que les Florentins, pour ne pas être cruels, laissèrent détruire Pistoie.
Cela amène à la question : vaut-il mieux être aimé ou craint ?
Il vaut mieux être à la fois aimé et craint, mais cela est extrêmement difficile. Aussi, s'il faut choisir entre l'amour et la crainte, il vaut mieux être craint, car l’amour est volatil et disparaît dans l’adversité alors que la crainte subsiste tant que subsiste la menace du châtiment ; cependant, le prince doit inspirer la crainte sans inspirer la haine, c'est-à-dire qu'il ne condamnera pas ses citoyens sans motif, et surtout qu’il ne s'en prendra pas à leurs biens ni à leurs femmes.
La cruauté trouve surtout son occasion dans la guerre et le prince doit en user pour maintenir son armée unie et fidèle.
Ainsi, c’est grâce à sa cruauté qu’Annibal empêcha toute dissension et toute révolte dans son armée ; c'est au contraire à cause de sa trop grande clémence que son adversaire Scipion fut confronté au soulèvement de ses troupes en Espagne puis ne sut pas rendre justice aux Locriens.
XVIII. Comment les princes doivent tenir leur parole
Comme Achille éduqué par Chiron, le prince doit combattre en homme et en bête, c’est-à-dire avec les lois et avec la force ; et la bête doit avoir la force du lion et la ruse du renard.
Machiavel en déduit : Modèle:Citation Mais, pour ne pas laisser voir cette perfidie, il doit aussi Modèle:Citation. Son hypocrisie doit le faire paraître Modèle:Citation.
Machiavel assure que les hommes en général se tiennent à l'image des qualités, et d'autre part que le prince sera jugé sur le résultat et que tant qu'il conservera sa vie et son État, Modèle:Citation.
Machiavel finit par l’évocation des fourberies de [[Ferdinand II d'Aragon|Modèle:Nobr]]<ref>Machiavel cite Modèle:Citation ; le voile est levé chez C. Lefort, Modèle:P..</ref>.
XIX. Qu’il faut fuir le mépris et la haine
Pour éviter d’être haï, le prince ne doit pas attenter aux biens ni aux femmes de ses sujets (cf. chap. 17). Pour éviter d’être méprisé, il doit donner l’apparence Modèle:Citation : ainsi il sera clairement établi que ses décisions sont irrévocables et on ne songera pas à le tromper. Le prince doit se défendre contre les attaques extérieures, pour cela il lui suffit de bonnes armes, et contre les conjurations, pour cela il lui suffit d’avoir le soutien de son peuple. En effet, une conjuration est toujours risquée, car la dénonciation offre un profit certain contrairement à celui de la rébellion ; si à ce risque s’ajoute que le prince est soutenu par le peuple, aucune conjuration ne peut aboutir. Par exemple, après que dans une conjuration les Canneschi eurent tué Annibal Bentivoglio, prince de Bologne, les Bolonais, pleins d'affection pour leur prince, se soulevèrent, tuèrent les Canneschi et prirent pour prince un autre membre de la famille Bentivoglio.
Pour ménager le peuple, le prince peut avoir besoin d'abaisser les grands ; il doit alors confier cette tâche à une administration, comme dans le royaume de France où le Parlement constitue Modèle:Citation. Machiavel analyse ensuite le règne de quelques empereurs romains, qui devaient composer, plutôt qu’entre les grands et les citoyens, entre les soldats et les citoyens, ce qui était difficile à cause de leurs aspirations opposées. Pertinax et Sévère Alexandre durent leur chute au mépris qu’ils inspiraient à leurs soldats, à cause de leur modération ; Marc Aurèle, lui aussi tempéré, ne se maintint que grâce au prestige de son ascendance et de ses vertus. Machiavel loue Septime Sévère qui, faisant preuve de Modèle:Citation, réussit à éliminer tous ses rivaux à l’Empire : Didius Julianus sous prétexte de venger Pertinax, Niger grâce à une alliance avec Albin, Albin sous prétexte de trahison. Caracalla fut tué pour la haine qu'il inspira à ses proches, Commode pour le mépris qu'il suscita chez les citoyens, Maximin mourut dans la révolte due au mépris et à la haine qu’on lui portait à cause de son origine basse et de sa cruauté. Machiavel conclut que le prince doit prendre Modèle:Citation.
XX. Si les forteresses, et beaucoup d'autres choses que font chaque jour les princes, sont utiles ou inutiles
ou La dame aux jasmins
œuvre de Lorenzo di Credi.
Le prince doit armer ses sujets pour ne pas être haï, sauf les citoyens d’une ville conquise, qu’il doit désarmer et amollir. Le prince ne doit pas susciter de divisions au sein de ses États, lesquelles peuvent être bénéfiques à son pouvoir pendant la paix en empêchant une opposition unie, mais sont néfastes dans la guerre car le parti le plus faible aura tendance à rejoindre l'adversaire.
Il est important pour le prince de rallier à lui ses anciens ennemis (c’est-à-dire, pour le prince nouveau, ceux qui se sont opposés à sa prise de pouvoir) car d'une part le prince s’élèvera pour avoir surmonté un obstacle, d’autre part ses nouveaux amis, ayant à se racheter, le serviront avec plus de fidélité. Au contraire, parmi ceux qui l'ont aidé à prendre le pouvoir, il ne doit pas se fier à ceux poussés par des espoirs qu’il ne peut pas plus satisfaire que l'ancien gouvernement.
Le prince doit construire des forteresses s’il craint son peuple, pour se réfugier en cas de rébellion comme le fit Catherine Sforza ; s’il craint plus l'ennemi extérieur, il doit détruire les forteresses qui pourraient profiter à l'attaquant, comme le firent Niccolò Vitelli, Guido Ubaldo et les Bentivoglio. Mais le prince doit à tout prix chercher le soutien de son peuple, car Modèle:Citation, car le peuple soulevé trouvera toujours des alliés extérieurs, comme le montre l’exemple de Catherine Sforza que sa forteresse ne protégea pas de l'action conjuguée de son peuple et de César Borgia.
XXI. Comment doit se conduire un prince pour acquérir de la réputation
Modèle:Citation Machiavel donne l'exemple de Ferdinand II d'Aragon (cf. chap. 18) qui attaqua Grenade, puis l'Afrique, puis l'Italie, puis la France, sous couvert de la religion et avec l'aide de l'Église qu'il remercia par l'expulsion des Juifs d'Espagne<ref>Machiavel parle de Modèle:Citation ; explicité par C. Bec, Modèle:P., note 2.</ref>, dans un rythme efficace qui ne laissait Modèle:Citation. Le prince peut aussi se distinguer, comme Barnabé Visconti, par des récompenses ou des peines exemplaires.
Dans le cas d'un conflit voisin, le prince doit toujours prendre parti : celui qui ne se déclare pas a l'ingratitude du vaincu sans la gratitude du vainqueur — comme les Romains le dirent aux Achéens pour les convaincre de prendre leur parti contre Antiochus : Modèle:Citation — ; au contraire, si ce sont deux forces puissantes, s'allier à l'une apportera sa gratitude si elle vainc, son soutien si elle est vaincue ; si ce sont deux forces faibles, s'allier à l'une la rend victorieuse et donc dépendante, et c'est aussi l'occasion d'éliminer l'autre force. Cependant, pour rester indépendant, le prince ne doit pas s'allier à une présence supérieure pour en combattre une autre (cf. les erreurs de Louis XII au chap. 3).
Enfin, le prince doit honorer ses sujets talentueux et les laisser en mesure d'exercer leurs facultés ; il doit Modèle:Citation et se présenter aux réunions des corporations, Modèle:Citation.
XXII. Des secrétaires des princes
L'entourage que le prince a choisi permet d'estimer ses capacités : on estime ainsi Pandolfo Petrucci de Sienne pour son secrétaire Antonio Giordano. Le bon prince est donc celui qui, sans forcément être capable lui-même du travail du ministre, est en mesure de juger les opérations de celui-ci, Modèle:Citation. Le prince doit choisir un ministre qui ne cherche pas son propre intérêt mais celui du prince ; pour l'inciter à le conduire ainsi, il doit le combler de bienfaits, afin qu'il Modèle:Citation.
XXIII. Comment on doit fuir les flatteurs
[[Fichier:Albrecht Dürer - Portrait of Maximilian I - Google Art Project.jpg|vignette|[[Maximilien Ier (empereur des Romains)|Maximilien {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:| }} }}]], Albrecht Dürer, 1519, peinture sur bois, khm, Vienne.]] Se laisser flatter est une Modèle:Citation et le prince ne doit pas Modèle:Citation ; mais il ne doit pas non plus abolir dans tout le peuple l'hypocrisie, car Modèle:Citation. La solution est de ne choisir que quelques conseillers qui répondront franchement aux questions du prince ; Machiavel souligne qu'ils ne s'exprimeront que sur demande et que ce ne seront pas eux qui prendront les décisions, mais bien le prince après avoir entendu la vérité. La forme du groupe de conseillers permet au prince de consulter des opinions différentes, et donc de prendre la bonne décision ; ne pas entendre tout le monde, ni n'importe quand, lui permet de ne pas sans cesse changer d'avis. L'empereur Maximilien est érigé en contre-exemple : ne prenant pas de conseils, il est toujours confronté après ses décisions à des oppositions qui le font changer d'avis plusieurs fois, l'empêchant de suivre une volonté politique claire.
On ne doit pas considérer la sagesse du conseiller comme écran devant l'ignorance du prince : le prince bien conseillé est toujours un prince sage (cf. chap. 22) ; car un prince médiocre peut avoir pris au hasard un bon ministre, mais celui-ci profitera de sa faiblesse pour se retourner contre lui ; et s'il prend plusieurs ministres, il ne saura concilier leurs divergences. Modèle:Citation
XXIV. Pourquoi les princes d’Italie ont perdu leurs États
Le pouvoir du prince nouveau qui agit en suivant les préceptes de Machiavel vaut celui du prince héréditaire, et le dépasse même, car le peuple est plus touché des bienfaits récents que des bienfaits anciens, et car ce prince ne devra rien qu'à lui-même. Si malgré l'observance de ces préceptes certains princes d'Italie, comme le roi de Naples ou le duc de Milan, ont été déchus, c'est soit par leur mauvaise gestion militaire (cf. chap. 12-14), soit qu'ils n'ont pas su s'attacher le peuple ou s'assurer les grands. Au contraire, Philippe V de Macédoine, grâce à son talent de capitaine et au soutien de son peuple, résista aux Romains plusieurs années et conserva son royaume lors de la défaite. Ainsi, les princes déchus d'Italie ne doivent s'en prendre qu'à eux-mêmes, eux qui Modèle:Citation, puis, pris au dépourvu par l'adversité, se laissent tomber en espérant qu'on les relève ; mais, quand bien même on les relèverait, ils seraient redevables et donc en mauvaise posture : car Modèle:Citation.
XXV. Combien, dans les choses humaines, la fortune a de pouvoir, et comment on peut y résister
Certains grands événements imprévisibles ne dépendent pas de nous. Modèle:Citation La fortune est comme un fleuve qui, lorsqu'il déborde, balaye toutes les résistances sur son passage, à moins que des digues n'aient été construites à l'avance. Ainsi la fortune Modèle:Citation. Dans cette analogie, l'Italie est Modèle:Citation, contrairement à l'Allemagne, l'Espagne ou la France.
Machiavel analyse ensuite plus précisément le lien du prince à la fortune : s'il s'en remet à elle, il tombera avec elle ; sinon, il peut être circonspect ou impétueux, patient ou non, employer la violence ou l'artifice. Des princes de caractères différents, par exemple l'un circonspect, l'autre impétueux, peuvent tous deux réussir, parce qu'ils sont d'époques différentes et que Modèle:Citation. Ainsi, le prince patient et circonspect ne prospérera que si les circonstances ne changent pas, alors que l'impétueux au contraire sait changer avec les circonstances. Ainsi, contre l'avis de Venise, de l'Espagne et de la France, Jules II attaqua Bologne : son initiative figea Venise effrayée et l'Espagne intéressée, et obtint le soutien du roi de France. Cependant, ce pape aurait Modèle:Citation.
Ainsi le prince circonspect est heureux dans une période stable, le prince impétueux dans une période changeante, et à cause de leur obstination ils sont tous deux malheureux dans le passage de l'un à l'autre ; cependant Machiavel recommande l'impétuosité, Modèle:Citation.
XXVI. Exhortation à délivrer l’Italie des barbares
Les circonstances sont réunies pour qu'un prince unifie l'Italie : il fallait qu'elle fût malheureuse pour apprécier la valeur d'un nouveau prince (cf. chap. 6), il fallait qu'elle fût Modèle:Citation pour que Modèle:Citation. César Borgia a failli être cet homme<ref>Son nom n'est pas cité explicitement ; cf. C. Bec, Modèle:P..</ref> ; c'est maintenant Laurent de Médicis, auquel Machiavel s'adresse, qui doit répondre aux espoirs de l'Italie, ce qui sera facile en suivant les exemples donnés par l'ouvrage, et juste car Modèle:Citation.
La faiblesse militaire de l'Italie, qui a empêché toute unification précédente et toute victoire sur une armée étrangère, n'est pas due au peu de courage des soldats italiens, qui au contraire est très grand, mais à la faiblesse et l'insubordination des chefs. Laurent de Médicis doit donc Modèle:Citation qui vaincront les étrangers, même les infanteries suisse et espagnole qui ont leurs défauts que l'armée italienne n'aura pas. Machiavel continue avec une exhortation rhétorique et finit en citant Pétrarque :
<poem>Modèle:Citation bloc</poem>
Signification
Contrairement à la plupart des traités traditionnellement destinés à l'édification morale du chef d'État, supposés l'encourager à l'usage vertueux et juste du pouvoir, Machiavel pose rapidement qu'il n'y a pas de pouvoir vertueux s'il n'y a pas de pouvoir effectif. Aussi la question fondamentale posée par Le Prince n'est pas « comment bien user du pouvoir selon les vertus morales et chrétiennes ? » mais « comment obtenir le pouvoir et le conserver ? »
Il ne s'agit pas de se référer à des valeurs morales transcendantes comme le faisait Platon dans La République<ref>Modèle:Lien web</ref>, ni de poursuivre une utopie<ref>Modèle:Lien web</ref>. La politique doit s'exercer en tenant compte des réalités concrètes, ce qui fait nécessairement passer la morale au second plan, et d'une marge de liberté entre la contingence de l'histoire (la fortuna) et le caractère cyclique et éternel de celle-ci.
Plutôt que de partir de ce qui devrait idéalement être, Machiavel se propose de partir de la « vérité effective » des choses. Or, en politique, celle-ci concerne avant tout le conflit entre les hommes et la nécessité de réguler par les moyens les plus efficaces leurs relations. Parmi ces moyens, la crainte qu'inspire le prince, par le déploiement de sa puissance, est un des plus adéquats. Celui-ci devra donc s'employer au premier chef à acquérir tous les moyens militaires, économiques et juridiques qui garantiront sa force. Il ne devra pas non plus hésiter à punir sévèrement ceux qui contestent son autorité, de préférence en s'employant à marquer les imaginations (tortures publiques par exemple)<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, tout en se gardant d'être trop craint de tous, afin de ne pas s'attirer de haines trop dangereuses pour la stabilité de son pouvoir. Ainsi l'ordre sera préservé dans la cité et il lui rendra un bien meilleur service que si, par faiblesse ou « tolérance », il laissait s'installer la contestation et le désordre. De la sorte, il parviendra à être aussi bien craint qu'aimé pour ses qualités de chef. Dans une lettre à Piero Vettori du Modèle:Date-, Machiavel écrit ainsi : Modèle:Citation bloc
La « vertu » ou plutôt « l’habileté, l’énergie » du prince, ce que Machiavel désigne par virtù, n'est donc pas morale mais politique : c'est l'aptitude à conserver le pouvoir et à affronter les contingences de l'histoire (la fortuna) en sachant doser la crainte et l'amour qu'il peut inspirer de façon à maintenir l'ordre et l'unité de sa cité. L'originalité de la pensée de Machiavel est cependant de ne pas conseiller pour autant au prince de mépriser toute forme de moralité : pour s'assurer le soutien et l'appui de la population, le prince devra respecter publiquement, au moins en apparence, les règles de morale admises par son peuple. Peu importe qu'en privé, il méprise ces règles, et de fait il devra souvent aller contre la morale dans ses actions politiques secrètes, par exemple ne pas hésiter à trahir sa propre parole si c'est un moyen de conserver le pouvoir, mais publiquement il devra toujours être capable de « donner le change » afin que son peuple ne se retourne pas contre lui.
Enfin, un autre point important réside dans la division de la cité en deux humeurs antagonistes, celle du peuple et celle des grands. Or, Machiavel préconise au prince de s'appuyer sur le peuple plutôt que sur les grands afin de conserver son pouvoir, ce qui a été l'un des motifs permettant à un certain nombre d'auteurs (Rousseau<ref>Modèle:Lien web</ref> ou, plus près de nous, Philip Pettit<ref>Voir Ph. Pettit, Républicanisme. Une théorie de la liberté et du gouvernement, trad. de l'angl. par Jean-Fabien Spitz et Patrick Savidan, Paris, Gallimard, 2004 ; « The Republican Idea of Liberty », in Machiavelli and Republicanism, éd. Bock G., Skinner Q. et Viroli M., Cambridge University Press, Cambridge, 1990.</ref>), de le classer parmi les républicains<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Regards sur l’œuvre
À partir de sa publication en 1532, l’œuvre connaît un succès important : une quinzaine d’éditions seraient en circulation après une vingtaine d’années<ref>Modèle:Harvsp</ref>, alors que les premières traductions françaises paraissent dès 1553<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Dédiée à un cardinal, elle pouvait sembler être relativement inoffensive.
Mais, elle suscite rapidement des critiques, notamment pour son absence de considérations morales, qui se heurte aux principes religieux. Dans son Apologia ad Carolum V Caesarem (Apologie à l'empereur Charles-Quint, 1552), Reginald Pole, cardinal archevêque de Cantorbéry, fait une condamnation sans appel du livre de Machiavel, au sujet duquel il écrit : Modèle:Citation<ref>« I found this type of book to be written by an enemy of the human race. It explains every means whereby religion, justice and any inclination toward virtue could be destroyed » [Dwyer, p. xxiii]. Voir aussi cette citation dans Modèle:Ouvrage, p. 300.</ref>. Cet ouvrage lui avait été signalé par Thomas Cromwell<ref>A. F. Artaud, Machiavel. Son génie et ses erreurs, Modèle:P..</ref>. Le Modèle:Date, l’ouvrage est mis à l’Index dans le premier catalogue des livres interdits<ref>Nicolaus Macchiauellus figure à la lettre N parmi les Modèle:Citation (Modèle:Citation étrangère) de l’Index Librorum Prohibitorum de 1559 Modèle:Lire en ligne.</ref>, Le Prince est censuré en Italie à partir de 1564<ref>Cf. mention analogue de Nicolaus Macchiavelus dans l’Index de 1564 de Colonia Modèle:Lire en ligne.</ref>.
Dès 1576, Innocent Gentillet, homme de lettres français et huguenot, publie son Discours sur les moyens de bien gouverner, plus connu par son sous-titre, Anti-Machiavel. Les préceptes de Machiavel, selon lui, appliqués dans le royaume de France, sont responsables du passage d'un ancien royaume, prospère et pacifique, à une tyrannie déchirée par les guerres de religion : Modèle:Citation bloc
S’attaquant au succès des livres de Machiavel devenus en France Modèle:Citation, il qualifie d'Modèle:Citation les dirigeants du royaume<ref>Modèle:Citation, Modèle:Harvsp</ref>, faisant allusion à la fois à Machiavel et à la maison des Médicis<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Il n'hésite pas à qualifier Machiavel d'Modèle:Citation.
Montaigne, qui dans ses Essais prend le débat entre Machiavel et Gentillet comme exemple de controverse sans fin, où à chaque argument peuvent être fournies Modèle:Citation, cite aussi le Prince comme livre de chevet des grands de son époque<ref>Modèle:Citation.
Montaigne, Essais, II, 34 Modèle:Lire en ligne.</ref>. Cependant, il réfute Machiavel lorsque ce dernier affirme que le prince ne doit pas tenir ses promesses<ref name=":0" />, non en termes moraux, mais politiques, avançant que si le prince ne tient pas ses promesses, il perdra la confiance de ses partenaires et donc son influence sur eux<ref>Modèle:Citation, Essais, Modèle:Lire en ligne</ref> ; l’humaniste français est donc intéressé par l'œuvre de l'homme politique florentin, et on peut retrouver chez lui un esprit machiavélien, notamment dans une vision d'un réel mouvant et en perpétuelle mutation<ref>Pierre Status, Le réel et la joie. Essai sur l'œuvre de Montaigne, éd. Kimé, 1997 Modèle:Lire en ligne.</ref>.
En 1605, Francis Bacon cite plusieurs fois Machiavel dans son traité Du progrès et de la promotion des savoirs, affirmant notamment que le mérite du Prince est qu'il fait voir clair dans le jeu des tyrans, permettant ainsi de s'y opposer : Modèle:Citation bloc Au cours du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle et malgré l'anathème qui pèse sur Machiavel<ref>Article : Spinoza et le « très pénétrant florentin », Paolo Cristofolini, introduction, http://denis-collin.viabloga.com/news/spinoza-et-le-tres-penetrant-florentin</ref>, le Prince semble trouver résonance dans la philosophie rationaliste. Ainsi Descartes sort de son silence sur la politique<ref>Article : Descartes politiquement incorrect, Pierre Guenancia, http://www.itereva.pf/disciplines/philo/auteurs/Descartes/Descartes%20politique.htm</ref> pour commenter l'ouvrage dans une lettre à la princesse Élisabeth<ref>Descartes, lettre à la princesse Élisabeth, Egmond, septembre 1646 Modèle:Lire en ligne.</ref> ; même quand il réfute l'ouvrage, il en accepte le principe<ref>Modèle:Citation</ref> et ses arguments sont politiques plutôt que religieux ; il répond ainsi à Machiavel qui prône de ne pas tenir ses promesses<ref name=":0">Modèle:MacPri.</ref> : Modèle:Citation bloc Spinoza aussi évoque le Prince dans son Traité politique<ref>Spinoza, Traité politique, 1677, chap. V, 7 Modèle:Lire en ligne.</ref>, qualifiant son auteur d'Modèle:Citation, ce qui est de grand poids, la sagesse constituant dans le lexique de l‘Éthique le moment culminant de la perfection humaine<ref>Spinoza et le très pénétrant florentin, P. Cristofolini, 3. Machiavel homme sage</ref>. Le philosophe hollandais se pose la question du but de Machiavel : Modèle:Citation Spinoza émet des conjectures sur cette visée : mettre en garde le peuple de ne pas exciter la cruauté du tyran<ref>Modèle:Citation</ref>, ou montrer les méfaits du régime monarchique<ref>Modèle:Citation</ref>.
Cette dernière supposition, selon laquelle le Prince serait un livre républicain, est controversée au siècle des Lumières. Frédéric II de Prusse publie en 1740 un Anti-Machiavel, rédigé en français puis corrigé et édité par son ami Voltaire<ref>Œuvres de Frédéric le Grand, Avertissement de l'éditeur, « IV. L'ANTIMACHIAVEL, OU EXAMEN DU PRINCE DE MACHIAVEL, ET RÉFUTATION DU PRINCE DE MACHIAVEL. », Modèle:Lire en ligne.</ref>. Frédéric associe lui-même Spinoza et le Prince<ref>Modèle:Citation, Anti-Machiavel, Avant-propos, Modèle:Lire en ligne.</ref>, et il rejette la conjecture de celui-ci sur celui-là, affirmant qu'il s'adresse bien aux princes et leur propose de faire le mal<ref>Modèle:Citation, Anti-Machiavel, Avant-propos.</ref> L'ouvrage, dont les chapitres coïncident avec ceux du Prince<ref>Modèle:Citation, Anti-Machiavel, Avant-propos.</ref>, est construit comme une réfutation systématique, réfutation qui a un fondement moral, Frédéric parlant de Modèle:Citation et attribuant au prince une responsabilité éthique<ref>Modèle:Citation, Frédéric II, Anti-Machiavel, Avant-propos.</ref>, et à la fois politique. Ainsi, dans sa réfutation du chapitre « Comment on doit gouverner les États ou principautés qui, avant la conquête, vivaient sous leurs propres lois<ref>Modèle:MacPri.</ref> » qu'il exècre particulièrement<ref>Modèle:Citation, Anti-Machiavel, chap. V, Modèle:Lire en ligne.</ref>, Frédéric commence par rejeter moralement l'asservissement d'un peuple libre<ref>Modèle:Citation</ref>, puis montre son inutilité stratégique<ref>Modèle:Citation, Modèle:Lire en ligne.</ref>, puisqu'une fois que le prince a saccagé le pays pour s'assurer de sa fidélité, sa conquête ne lui sert plus de rien<ref>Modèle:Citation, Modèle:Lire en ligne.</ref>. C'est au contraire le parti de Bacon que reprend Diderot<ref>Modèle:Citation (La phrase correspond au passage de la Promotion des savoirs cité plus haut en note.</ref> en 1755<ref>Sur la date de publication, voir article : Dates de publication de l'encyclopédie, Modèle:Lire en ligne.</ref> dans l’article « Machiavélisme » de l’Encyclopédie : Modèle:Citation bloc De même, en 1762, Rousseau cite dans le Contrat social Machiavel comme celui qui a montré l'intérêt des princes à opprimer le peuple<ref>Modèle:Citation</ref>,<ref name="contratSocial">J.-J. Rousseau, Du contrat social, 1762, partie III, chap. VI « Des monarchies », Modèle:Lire en ligne</ref>. Il en déduit qu'Modèle:Citation Plus tôt, c'est Montesquieu qui est inspiré par Machiavel, surtout des Discours mais aussi du Prince dont il avait trois éditions<ref>Article : Modèle:Lire en ligne</ref> ; au-delà des quelques allusions directes, on peut voir un lien plus profond entre la pensée des deux philosophes, une attitude commune vis-à-vis de la politique et un même refus des préjugés<ref>Henri Drei, La vertu et la politique : Machiavel et Montesquieu, Modèle:P., Modèle:Lire en ligne.</ref>.
Dès le début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, alors que les éditions du Prince se multiplient<ref>Michel Bergès, Modèle:P., note 370.</ref>, l'ouvrage est considéré avec un nouveau regard qui ne lui suppose plus de sens caché. Ainsi, en 1807, Ugo Foscolo célèbre Machiavel dans son poème Sepulcri<ref>Ugo Foscolo, Sepulcri, v. 151-159, Modèle:Lire en ligne.</ref>, en insistant sur le message patriotique du Prince<ref>Modèle:MacPri</ref> dans le contexte du Risorgimento italien<ref>C. Lefort, « Le nom et la représentation de Machiavel », Modèle:P..</ref>,<ref>D'autres auteurs italiens pratiquent à l'époque le même retour au sens patriotique du Prince. Voir par exemple A. Ridolfi, Pensiero intorno allo scopo di Niccolò Macchiavelli nel Principe, Milan, 1810.</ref>. Dans la même optique d'une unification nationale contre l'envahisseur napoléonien<ref>Fichte publie l'essai cité ci-après dans Vesta, revue fondée en 1807 en résistance à l'occupation impériale de la Prusse, cf. Virginia Lopèz-Dominguez, « Le réalisme politique dans la doctrine de la science », in Fichte et la politique, sous la direction de J.-C. Godard et J. R. de Rosales, Modèle:Lire en ligne (fiche en ligne).</ref>, le philosophe allemand Fichte publie la même année un essai Sur Machiavel écrivain et sur des passages de ses œuvres<ref>Johann Gottlieb Fichte, Über Machiavelli als Schriftsteller und Stellen aus seinen Schriften, 1807, in Vesta, Modèle:N°.</ref>, où, se référant à Machiavel et le traduisant<ref>Voir par ex. Über Machiavelli, GA, I, 9, 254 (M 70, note), GA, I, 9, 259 (M 75) (se référant sur la neutralité à Modèle:MacPri) ou GA, I, 9, 264 (M 78-79) (citant Modèle:MacPri), cités dans les textes de Fichte Lettres et témoignages sur la Révolution française, compilés par Ives Radrizzani, Vrin, 2002, Modèle:Lire en ligne.</ref>, il prend l'attitude d'un Machiavel du royaume de Prusse qu'il veut voir résister à Napoléon et unifier l'Allemagne<ref>Ives Radrizzani, op. cit., préface, « Un nouveau Machiavel au service de la monarchie prussienne », Modèle:P., Modèle:Lire en ligne</ref>. Durant cette période, Alexis de Tocqueville émit lui aussi un avis peu favorable sur l'œuvre du philosophe italien. Dans une lettre à Louis Kergorlay, datée du Modèle:Date-, il s'exprime en ces termes : "Machiavel est le grand-père de M. Thiers. C'est tout dire." Il considérait sa conception de la politique comme amorale et cynique
Hegel introduit un nouveau point de vue : Le Prince serait une prise de conscience de la nécessité historique de l'époque. Dans son essai Sur la constitution allemande<ref>Hegel, Über die Verfassung Deutschlands, 1801-1802, II, 8 (« La formation des États nationaux »), Modèle:Lire en ligne</ref>, après avoir remarqué les similitudes entre l'Allemagne qu'il connaît et l'Italie de Machiavel<ref>Modèle:Citation étrangère</ref>, il condamne l'Modèle:Citation de ceux qui ont condamné le Prince comme un manifeste de la tyrannie, réfute l'interprétation du Prince comme portant un sens républicain caché<ref>Modèle:Citation étrangère</ref>, clame la justesse de l'ouvrage comme réponse à un contexte historique donné<ref>Modèle:Citation étrangère</ref> et conclut son développement sur cet ouvrage en affirmant : Modèle:Citation Il confirme son jugement dans ses Leçons sur la philosophie de l'histoire où il considère la Modèle:Citation des seigneurs féodaux italiens et la nécessité de l'instauration de l'État unifié comme justification éthique des crimes que suggère le Prince<ref>Modèle:Citation étrangère, Hegel, Vorlesungen über die Philosophie der Weltgeschichte, 1830-31, partie IV — « Le monde allemand », section II — « Moyen Âge », chap. III — « Transition du féodalisme à la monarchie », Modèle:Lire en ligne</ref>. Antonio Gramsci, chef communiste italien du vingtième siècle, voit aussi Machiavel comme un penseur des exigences de l'histoire et il se réfère à lui pour élaborer sa conception du parti communiste comme « Prince moderne »<ref>Les textes sont par exemple disponibles ici : [1] (troisième partie, II).</ref>. Louis Althusser, dont Machiavel fut une source d'inspiration importante, fait suite à ces analyses<ref>Voir Louis Althusser, Écrits politiques et philosophiques, tome II, STOCK/IMEC, présenté par François Matheron, texte « Machiavel et nous ».</ref>.
Bibliographie
- Nicolas Machiavel, Le Prince, Librio, 2014 : Modèle:Commentaire biblio
- Nicolas Machiavel, Le Prince, Éditions Ivrea, 2001 : Cette édition comporte la traduction française de J. Gohory (1571), le fac-similé de l'édition originale italienne Blado (1532), et la traduction française de Amelot de la Houssaie (1683).
- Machiavel, Le Prince, traduction française de Jean Vincent Périès, 1825 :
- Édition de 1962 sur le site Les Classiques des sciences sociales.
- Édition revue et corrigée par Joël Gayraud et Jérôme Vérain, postface de Joël Gayraud, éditions Mille et une nuits, Paris, 2003.
- Il existe une édition de Jean de Bonnot du livre avec les commentaires de Napoléon Bonaparte, à différents moments de sa vie. Ces commentaires ont été trouvés dans le carrosse de l'empereur, pillé par les Prussiens à la bataille de Waterloo.
- Modèle:Ouvrage.
- Machiavel, Lettre à Vettori du Modèle:Date-<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Article.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
Références
Voir aussi
Articles connexes
- L'Art de la guerre de Nicolas Machiavel
- L'Art de la guerre de Sun Tzu ;
- De la Guerre de Carl von Clausewitz.
- Canzoniere
- Gli Asolani
- Ragionamenti
Liens externes
- Le Prince sur Les classiques des sciences sociales ;
- Le Prince, en livre audio sur AudioCité.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Il Principe (eBook en HTML).