Massacres de Machecoul

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Modèle:Infobox Massacre Les massacres de Machecoul sont l'un des premiers événements de la guerre de Vendée. Ils se déroulent en mars et avril 1793, à Machecoul, petit chef-lieu de district de Loire-Inférieure, centre d'un commerce de grains prospère. La ville compte alors de nombreux bourgeois, administrateurs et marchands, qui sont les principales victimes des massacres perpétrés par les Vendéens<ref name="petitfrère">Claude Petitfrère, « Machecoul », dans Albert Soboul (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, PUF, 1989 (rééd. Quadrige, 2005, Modèle:P.697-698).</ref>.

Les premières tueries débutent le Modèle:Date, lorsque plusieurs milliers de paysans insurgés du Pays de Retz prennent la ville d'assaut. Les 250 gardes nationaux locaux sont mis en déroute, 15 à 25 patriotes sont tués et plusieurs autres faits prisonniers. Maîtres de la ville, les insurgés mettent en place un comité royaliste dirigé par René Souchu afin d'administrer la ville.

Le 23 mars, l'armée insurgée du Pays de Retz subit cependant une lourde défaite à la première bataille de Pornic, où Modèle:Unité sont tués au combat ou exécutés sommairement par les républicains. En représailles, le comité de Machecoul ordonne le 27 mars l'exécution des prisonniers patriotes. Pendant plusieurs jours, Modèle:Unité sont fusillés ou tués à coups de piques dans les douves du château. Les exécutions s'achèvent le 15 ou le 22 avril 1793, date de la reprise de la ville par les troupes républicaines du général Beysser.

Contexte

En Modèle:Date, l'Ouest de la France est touchée par de nombreuses insurrections contre la levée en masse. Dans le Pays de Retz, au sud du département de la Loire-Inférieure, le bourg de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu tombe aux mains des insurgés le 10 mars<ref name="Dumarcet144">Modèle:Harvsp.</ref>. Ces derniers prennent pour chef un noble, Jean-Baptiste de Couëtus, ancien capitaine au [[60e régiment d'infanterie|Modèle:60e régiment d'infanterie]]<ref name="Dumarcet145">Modèle:Harvsp.</ref>. Le lendemain, ils marchent sur la ville de Machecoul, située à une dizaine de kilomètres au sud-ouest de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu<ref name="Dumarcet144"/>.

Dès le 10 mars, le directoire du district de Machecoul est informé des menaces pesant sur la ville<ref name="Dumarcet151">Modèle:Harvsp.</ref>. Celle-ci ne dispose pour sa défense que de 250 gardes nationaux et d'une brigade de gendarmerie<ref name="Dumarcet151"/>. Deux émissaires nommés Besseau et Guérin sont envoyés à Bourgneuf-en-Retz pour demander des renforts, mais ils trouvent la route barrée au bourg de Fresnay-en-Retz<ref name="Dumarcet151"/>.

Déroulement

Prise de Machecoul par les insurgés

Fichier:Soulèvement de Machecoul.jpg
Soulèvement de Machecoul, gravure d'Adolphe Pierre Leleux, 1845.

Le Modèle:Date vers huit heures du matin, Machecoul fut assaillie par une foule qui arrivait par toutes les issues de la ville. Cinq à six mille paysans, hommes, femmes et enfants, armés de fusils, de fourches, de couteaux de pressoir et de piques, venus des campagnes environnantes, venaient exiger l'arrêt de la campagne de recrutement de Modèle:Nombre. D'après Boullemer, membre du district de Machecoul, qui fut le seul témoin direct et en laissa un récit imprimé en Modèle:Date à mille exemplaires par le représentant en mission Garnier de Saintes pour être envoyé à la Convention, au Conseil exécutif et à tous les départements<ref name="Grille">François Joseph Grille, La Vendée en 1793, Paris, Chamerot 1852, tome III, Modèle:P.3-4.</ref>, il servit également de base au rapport que François-Toussaint Villers présenta à la Convention<ref name="fife">Graeme Fife, The Terror: The Shadow of the Guillotine, France 1792-1794, Macmillan, 2006, 436 pages, Modèle:P.108-109 Modèle:ISBN.</ref>, Modèle:Citation D'après Claude Petitfrère, le petit peuple du faubourg Sainte-Croix se joignit aux assaillants, afin d'assouvir sa rancune à l'encontre des « Messieurs »<ref name="petitfrère"/>. Une centaine de gardes nationaux et les gendarmes se portèrent à leur rencontre<ref name="gérard"/>. L'ancien constituant Louis-Charles-César Maupassant, membre du directoire de département, tenta de haranguer les révoltés, mais il ne put se faire entendre ; devant la foule menaçante, les républicains se dispersèrent, hormis un petit groupe. D'après Louis Mortimer-Ternaux, il ne restait plus que trois officiers et cinq ou six gendarmes avec lui. À ce moment, toujours selon lui, quelques gardes nationaux qui s'étaient jetés dans une ruelle, pour s'échapper, furent repoussés à coups de fusil par des paysans placés en embuscade et vinrent tomber aux pieds de Maupassant. La foule le jeta alors à bas de son cheval et le perça d'un coup de pique, avant de tuer le lieutenant de gendarmerie Simonis et le commandant de la garde nationale Pierre-Claude Fleury, ancien membre du district en 1791<ref name="mortimer">Louis Mortimer-Ternaux, Histoire de la terreur, 1792-1794, Modèle:P.269-270.</ref>. Modèle:Citation

La garde nationale ayant été mise en déroute, les révoltés, parmi lesquels de nombreuses femmes, s'emparèrent de ceux qu'ils qualifiaient de « patriotes »<ref name="gérard"/>, étant considérés alors comme des « Bleus » ceux qui prenaient des responsabilités administratives, politiques, judiciaires ou cléricales, ceux qui participaient aux assemblées électorales<ref>Modèle:Harvsp</ref>, pour les mener en prison<ref name="gérard"/> dans le vieux château et dans le couvent des Calvairiennes et massacrèrent les « habits bleus » et certains habitants notables<ref name="petitfrère"/>. D'après le témoignage de Boullemer, 26 patriotes furent ainsi tués le premier jour, 18 le lendemain. Alfred Lallié, de son côté, n'en admet que 22<ref name="gérard"/>. Parmi les victimes, figuraient le curé constitutionnel Pierre Letort, le juge de paix Pagnot et le principal du collège Étienne Gaschignard.

La maison commune fut pillée, les archives du district incendiées<ref name="mortimer"/>, les maisons des patriotes visitées, leurs caves et leurs armoires vidées<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Les jours suivants, on fit la chasse aux patriotes des autres localités. Boullemer, qui, selon son témoignage, était resté 42 jours caché dans le grenier de la veuve du greffier du tribunal (l'une des victimes des massacres) jusqu'à la reprise du bourg par les troupes républicaines, avant de partir vers Nantes, Angers puis Le Mans, a décrit ainsi les massacres, qui commencèrent le 11 mars et durèrent pendant le mois d'avril<ref name="Grille"/> : Modèle:Citation bloc

D'après Boullemer et le rapport des commissaires de la Convention, 44 personnes sont tuées les 11 et 12 mars<ref name="Gérard67"/>,<ref name="Dumarcet153">Modèle:Harvsp.</ref>. Pour l'historien Alain Gérard, quatre garde nationaux sont tués les armes à la main et 15 à 25 patriotes sont massacrés par la foule pendant ces deux journées<ref name="Gérard64">Modèle:Harvsp.</ref>. Jean-Clément Martin estime quant à lui entre 15 et 26 le nombre des tués lors du premier jour<ref name="Dumarcet152">Modèle:Harvsp.</ref>.

Exécutions ordonnées par le Comité royaliste de Machecoul

Fichier:Républicains fusillés par les insurgés (Yan' Dargent).jpg
Républicains fusillés par les insurgés, illustration de Yan' Dargent, 1866.

Boullemer, dans son récit, affirme qu'il ne se passa pas quatre jours sans tueries<ref name="gérard"/>,<ref name="Gérard67"/>. Cette affirmation est cependant contestée par Alain Gérard, pour qui il n'y a qu'un à quatre assassinats entre le 12 et le 27 mars<ref name="Gérard62">Modèle:Harvsp.</ref>. Pour Jean-Clément Martin, les exécutions ont lieu les 27, 28, 29 et 31 mars, puis les 3, 4, 12 et 15 avril et peut-être encore le 22<ref name="Martin41"/>.

Modèle:Article détaillé

Le 23 mars, les insurgés de Machecoul s'emparent de la ville de Pornic, mais en sont chassés par une contre-attaque des républicains<ref name="Martin40">Modèle:Harvsp.</ref>. Entre 200 et 500 insurgés sont tués, dont certains sont exécutés sommairement<ref name="Martin40"/>,<ref name="Dumarcet160-161">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="Gérard63">Modèle:Harvsp.</ref>. En représailles, un comité présidé par Souchu commence à juger et à faire exécuter les prisonniers patriotes<ref name="Martin40"/>,<ref name="Gérard64"/>.

Selon le témoignage de survivants, Jacques Marchesse, prêtre constitutionnel de Bourgneuf, fit partie<ref>Joseph Le Clainche, Bourgneuf... jadis, Imprimerie Lussaud, 1969, 339 pages. Cité par Jean-Clément Martin, Révolution et contre-révolution en France : les rouages de l'histoire, Presses universitaires de Rennes, 1996, 226 pages, Modèle:P.41 Modèle:ISBN.</ref>, avec Pierre-Étienne Baré, notaire et ancien maire, des victimes du 3 avril, évaluées à 58 par Alfred Lallié<ref>Alfred Lallié, Le district de Machecoul, 1788-1793 ; études sur les origines et les débuts de l'insurrection vendéenne, Forest, 1869, 438 pages, Modèle:P.433.</ref>,<ref>Suivant l'évaluation de Lallié, G. Lenotre parle, dans Monsieur de Charette : le roi de Vendée, Hachette, 1924, 295 pages, Modèle:P.18 de 54 républicains fusillés au jardin des Calvairiennes, 4 autres l'étant au château. Outre les grandes séries d'exécutions, il signale une quinzaine d'exécutions isolées, arrivant à un total de 100 personnes massacrées.</ref>, à 98 par d'autres auteurs<ref>Chiffre cité par Jean-Clément Martin, Révolution et contre-révolution en France : les rouages de l'histoire, Modèle:P.41.</ref>.

Compagnon de Charette, Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière, a ainsi décrit les massacres : Modèle:Citation bloc

Fichier:Machecoul Thomas Drake.jpg
Vue de Machecoul, gravure de Thomas Drake, vers 1850

Souchu, né en Touraine, fut procureur fiscal de l'oncle de Charette jusqu'en 1787 puis receveur des gabelles, avant de prêter serment comme avoué le Modèle:Date et de devenir chef de bureau dans l'administration du district du Modèle:Date aux premiers mois de 1792<ref name="rostu">Loïc Du Rostu, Histoire extérieure et maritime des guerres de Vendée, Le Cercle d'or, 1987, 191 pages, Modèle:P.33, note 3.</ref>,<ref name="gérard"/>. Présent, Charette, dont l'autorité n'était pas encore assise à cette date, ne semble avoir rien tenté pour arrêter les massacres<ref name="petitfrère"/>.

Modèle:Article détaillé

Ceux-ci durèrent environ un mois, jusqu'au 22 avril, jour de l'entrée dans Machecoul, désertée par les insurgés, de Modèle:Nombre commandés par Beysser. À cette date, il restait une vingtaine de survivants parmi les prisonniers des insurgés<ref name="touchard-lafosse">Georges Touchard-Lafosse, La Loire historique, 1844, Tome IV, troisième partie, Modèle:P.278.</ref>. Surpris par une patrouille républicaine au moment où il escaladait un mur<ref>Gérard Walter, La guerre de Vendée, Plon, 1953, 362 pages, Modèle:P.175.</ref> et capturé, Souchu fut aussitôt décapité avec la hache d'un sapeur et sur l'affût d'un canon<ref name="rostu"/>. Le même jour, le colonel Jean-Conrad Wieland s'installa dans le bourg avec un bataillon de grenadiers nantais et quelques détachements précédemment établis à Sallertaine et La Garnache<ref name="touchard-lafosse"/>.

Dans son rapport, Wieland écrivait : Modèle:Citation bloc

Retombé en juin entre les mains des insurgés, emmenés par François-Athanase de Charette de La Contrie (la bataille de Machecoul de juin 1793), le bourg fut définitivement repris par Beysser le 12 septembre<ref name="touchard-lafosse"/>.

Bilan humain

Les bilans donnés par les républicains font état de plusieurs centaines de morts. Ancien procureur syndic du district de Montaigu, le représentant en mission Goupilleau signale 575 victimes<ref name="petitfrère"/>,<ref name="Dumarcet179-180"/>, tandis que Boullemer évoque 552 morts<ref name="Martin41"/>,<ref name="Gérard67">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="fife"/>. Le général Beysser parle de 600 morts<ref name="Dumarcet179-180">Modèle:Harvsp.</ref>, le chef de bataillon Wieland de 400<ref name="Martin41"/>,<ref name="Dumarcet179-180"/>, le grenadier Louis Marchais de 660<ref name="Dumarcet179-180"/> et le gendarme Chantrel de 550<ref name="Dumarcet179-180"/>. Un clerc, nommé Béziau, monte jusqu'à 800<ref name="Martin41"/>, nombre également donné par Carrier en 1794<ref name="Martin41"/>,<ref name="Gérard71">Modèle:Harvsp.</ref> et par l'adjudant-général Jean Hector Legros en 1795<ref name="Gérard70">Modèle:Harvsp.</ref>. Le 5 mai 1793, des députés nantais à la Convention avancent le nombre de 550<ref name="Martin41"/>. Devant la Convention, les députés François-Toussaint Villers et Joseph Fouché reprennent quant à eux le bilan de Boullemer, mais le réduisent à 542<ref name="Gérard70" />. En 1823, Charles-Joseph Auvynet, ancien secrétaire de Charette, fait quant à lui état de 600 morts<ref name="Dumarcet179-180"/>,<ref name="Gérard74">Modèle:Harvsp.</ref>.

Le bilan est cependant revu à la baisse par les historiens. En 1869, Alfred Lallié le réduit à 100 morts en s'appuyant sur des certificats de décès<ref name="Hussenet527"/>,<ref name="Dumarcet179-180"/>,<ref name="Gérard66">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Alfred Lallié, Le district de Machecoul, 1788-1793 : études sur les origines et les débuts de l'insurrection vendéenne. Cité dans « Le district de Machecoul » (Modèle:P.373-389), dans les Annales de la Société académique de Nantes et du département de Loire-Inférieure, 1868, tome XXXIX, Modèle:P.386.</ref>. En 1972, l'abbé Joseph Le Clainche identifie de nouvelles victimes et évalue le nombre des morts entre 180 et 200, dont la moitié sont originaires de Machecoul<ref>Joseph Le Clainche, Les massacres de Machecoul, Nantes, autoédition, 1972, 46 pages, Modèle:P.23.</ref>,<ref name="Hussenet527">Modèle:Harvsp.</ref>. En 1988, Simone Loidreau donne une évaluation de Modèle:Unité<ref>Simone Loidreau, Bulletin du Souvenir Vendéen, décembre 1988.</ref>. Dans les années 1990, Jean-Clément Martin estime que le nombre des victimes est vraisemblablement d'environ 160<ref name="Martin41">Modèle:Harvsp.</ref>,. Pour Lionel Dumarcet, une estimation d'environ 200 morts semble raisonnable<ref name="Dumarcet179-180"/>. Alain Gérard donne une fourchette de Modèle:Unité<ref name="Gérard632">Modèle:Harvsp.</ref>.

D'après Jean-Clément Martin, les républicains tués appartiennent aux notables locaux : officiers municipaux, prêtres constitutionnels, fonctionnaires, gardes nationaux, greffiers et employés des douanes<ref name="Martin41"/>. Des artisans, des boutiquiers, et quelques journaliers et métayers figurent également parmi les victimes<ref name="Martin41"/>.

Notes et références

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Bibliographie

Liens externes

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