Matteo Ricci

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}

Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Biographie2 Matteo Ricci, en Modèle:Zh-stp<ref>Son nom chinois se conformant à la manière chinoise d'annoncer le nom puis le prénom : Lì représente Ricci, Mǎdòu est l'homophone de Matteo.</ref>, né le Modèle:Date de naissance à Macerata et décédé le Modèle:Date de décès à Pékin, est un prêtre jésuite italien et missionnaire en Chine impériale. Ricci inaugura le processus d'inculturation du christianisme en Chine. La cause de sa béatification fut ouverte en 2010<ref>Depuis 2011 la cause de son ami mandarin Xu Guangqi, converti au christianisme, lui est associée.</ref>. Le 17 décembre 2022, le pape François signe le décret le déclarant Vénérable<ref name=vatican22>Modèle:Lien web. </ref>.

Présentation

Un des premiers jésuites à pénétrer en Chine impériale, Matteo Ricci en étudie la langue et la culture. Acquérant une profonde sympathie pour la civilisation chinoise, il y est reconnu comme un authentique lettré et comme l'un des rares étrangers à être considéré comme père fondateur de l'histoire chinoise. Au « Millennium Center » de Pékin, le bas-relief consacré à l'histoire de la Chine ne comporte que deux noms étrangers, tous deux italiens : Marco Polo à la cour de Kubilaï Khan et Matteo Ricci qui, revêtu de l'habit de mandarin confucéen, scrute le ciel.

Ricci dessine des mappemondes qui font connaître aux Chinois le reste du monde, traduit en chinois des livres de philosophie, de mathématiques et d'astronomie. Inversement, il révèle à l'Occident Confucius et sa philosophie, initiant de la sorte un dialogue culturel très fructueux avec les lettrés et les hommes de culture <ref name="DocumentationCatholique">La Documentation Catholique, 5 décembre 1910, no 2457, Modèle:P..</ref>.

Il incarne aussi la nouvelle démarche d'inculturation de la religion chrétienne en Chine<ref>Message du pape Benoît XVI, 6 mai 2009, agence catholique Zénit.</ref> telle que définie par Valignano. À l'ère de la mondialisation et des échanges interculturels généralisés, Matteo Ricci incarne ce que peut être un passeur et un pont entre la Chine et l'Occident <ref name="DocumentationCatholique" />.

Biographie

Fichier:Ricci Guangqi 2.jpg
Matteo Ricci (à gauche) avec son ami mandarin Xu Guangqi (à droite).

Né d'un père pharmacien, dans une famille de treize enfants<ref name="familleChrétienne" />, il étudie à Macerata puis à l'école jésuite de Rome. Matteo Ricci entre au noviciat des Jésuites le Modèle:Date- malgré l'opposition de son père. Il est étudiant au Collège romain où il suit l'enseignement de Christophorus Clavius<ref name="familleChrétienne" />.

Appelé à fonder une mission en Chine par le choix des pères jésuites Roger et Pasio, il quitte Rome pour Lisbonne (Modèle:Date-) où il embarque pour l'Inde portugaise - c'est-à-dire Goa - où il termine sa formation sacerdotale et est ordonné prêtre le Modèle:Date.

Ricci arrive à Macao en août 1582<ref>Modèle:Article.</ref>. Il apprend diverses langues chinoises, ainsi que la langue écrite, le mandarin. Doué pour les langues — il en connaît déjà plusieurs — il se met à l'étude du chinois. Au bout de trois mois<ref name="familleChrétienne" /> il se sent déjà à l'aise.

Il entre en Chine en 1583 et s'installe à Zhaoqing, près de Canton. Il prêche dans la province de Canton. Il reste dix-huit ans dans le sud de la Chine, à proximité de Macao. Il écrit en chinois des ouvrages de géométrie et de morale religieuse, thèmes demandés. Il traduit également d'autres ouvrages.

Lui et un de ses compagnons jésuites, Michele Ruggieri, s'habillent d'abord en moines bouddhistes, puisqu'ils sont religieux, mais adoptent plus tard le vêtement des lettrés, ayant appris que les bonzes étaient généralement incultes et mal considérés<ref name="familleChrétienne" />. Il prend l'habitude de se présenter comme un religieux qui a quitté son pays natal dans le lointain Occident, à cause de la renommée du gouvernement de la Chine, où il désire demeurer jusqu'à sa mort, en y servant Dieu, le Seigneur du ciel<ref>Philip Caraman, L'empire perdu, Paris, Desclée de Brouwer, 1988, Modèle:P..</ref>. Auprès des lettrés, il parle de Dieu, utilisant la sagesse et les écrits confucéens, soulignant ce qui y est semblable au christianisme<ref name="familleChrétienne" />. Il parvient à entrer en contact avec des mandarins, grâce à ses grandes connaissances en mathématiques et en astronomie. C'est pourquoi l'habile diplomate peut avec ces soutiens chinois entreprendre le voyage vers Pékin en 1600.

En 1601, il est le premier Européen à être invité à la cour impériale de Pékin auprès de l'empereur Wanli. L'invité est porteur de beaux présents : une épinette, une mappemonde et deux horloges à sonnerie. Sa rencontre avec les proches de l'empereur est à l'origine de l'essor de l'horlogerie moderne en Chine, au début de la dynastie Qing (1644-1911) <ref>L'horloge Guang-zhong, (zhong signifiant cloche, sonnerie, gong) dans la ville de Guangzhou, de la province de Guandong, suivie de la pendule de Nanjing ou Nanjing-zhong, puis, dans la province de Jiangsu, de la Su-zhong ou Ben-zhong, ben signifiant domestique).</ref>. Matteo Ricci enseigne les sciences au fils préféré de l'empereur<ref name="familleChrétienne" />.

Comme l'astronomie, la philosophie et l'horlogerie, la musique est également utilisée pour faire passer son message et opérer des conversions religieuses tout en gagnant les bonnes grâces de l'empereur.

Il chante des airs édifiants, souvent sur des textes traduits en chinois<ref>Rhapsody in red: how western classical music became Chinese Sheila Melvin, Jindong Cai, Algora publishing, 2004 (Google Books).</ref>. Il publie à Pékin en 1608 un recueil de huit airs avec accompagnement (西琴曲意; Xīqín qū yì : « Airs pour cithare européenne » - littéralement cithare occidentale, il peut s'agir également d'un clavecin ou d'un clavicorde). Le succès est grand : ses rééditions se succédèrent jusqu'au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle. La musique en semble perdue, mais les paroles en chinois ont été conservées<ref>Silkin : Paroles en chinois et anglais pour « Eight Songs for Western Keyboard ».</ref>.

Matteo Ricci tisse des liens culturels et scientifiques importants avec le lettré Xu Guangqi dont il devient grand ami. Ce dernier se convertit au christianisme et est baptisé en 1603 sous le nom de Paul<ref name="familleChrétienne" />.

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Le portail conduisant à la stèle funéraire de Matteo Ricci, à Pékin.
Fichier:旋转 DSCN1806.JPG
La stèle funéraire du premier jésuite à la cour impériale de Chine.

Ricci est le premier missionnaire chrétien des temps modernes, et premier Occidental, à avoir été aussi proche de l'empereur<ref>Les nestoriens (au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle et les Franciscains au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, avec Jean de Montecorvino, ont eu des missions en Chine.</ref>.

Ricci est considéré comme le fondateur de l'Église chinoise. Son travail et ses activités ont toujours eu une perspective d'évangélisation en profondeur, même s'il n'a pas cherché à baptiser en masse. En 1605, il fit édifier le Nantang, l'église du sud (actuel siège de l'évêché de Pékin). On estime à Modèle:Unité<ref name="familleChrétienne" /> le nombre de chrétiens chinois à sa mort. Et 9 des 18 jésuites œuvrant en Chine étaient chinois<ref>Philip Caraman, Tibet; the Jesuit century, Saint Louis (USA), Institute of Jesuit sources, 1997, Modèle:P..</ref>. Mais ses efforts d'évangélisation furent partiellement compromis, plus tard, par la virulente querelle romaine, dite 'des rites chinois'. Par faveur spéciale de l'empereur, un terrain fut accordé à la Mission à proximité de la Cité interdite pour qu'il y fût inhumé, comme il le souhaitait. C'est le cimetière Zhalan d'aujourd'hui.

La « méthode Ricci »

Alessandro Valignano (1539-1606) Modèle:Incise avait défini la ligne de conduite des Jésuites en Chine. Matteo Ricci la met en application de manière novatrice, si bien que les générations suivantes de missionnaires la désignent sous l'appellation de « méthode Ricci »<ref name="DocumentationCatholique" /> caractérisée par quatre principes directeurs :

  1. Une politique d'ajustement ou d'adaptation à la culture chinoise : Valignano insiste pour que les jésuites présents connaissent la langue et la culture chinoise. Sans doute inspirés par l'expérience japonaise, les jésuites commencent par adopter la tenue des moines bouddhistes, puis s'adaptent davantage aux modes de vie et aux usages de l'élite confucéenne composée de lettrés et de fonctionnaires ;
  2. La propagation de la foi et l'évangélisation par « le haut » : les jésuites s'adressent à l'élite instruite, estimant que si celle-ci, l'empereur et sa cour, se convertissait, l'ensemble du pays se rallierait au christianisme. Ricci étudie les classiques confucéens et, grâce à sa mémoire prodigieuse, devient un invité fort apprécié des cercles d'échanges philosophiques ;
  3. La propagation indirecte de la foi chrétienne : l'exposé des sciences et techniques européennes doit attirer l'attention des Chinois instruits et les persuader du degré d'avancement de la civilisation européenne. Ricci présente une horloge, des tableaux qui utilisent la technique de la perspective, les écrits mathématiques d'Euclide, les travaux du mathématicien jésuite Christophorus Clavius (1538-1612), une mappemonde sur laquelle figurent les résultats des dernières découvertes ;
  4. L'ouverture aux valeurs chinoises et la tolérance à leur égard : Ricci considère qu'il côtoie une société aux hautes valeurs morales, pour laquelle il éprouve une profonde admiration. Suivant la tradition humaniste, il estime que Confucius (552-479 Modèle:Av JC) est tout à fait comparable à « un autre Sénèque » <ref>Lettere, P 185 (Shaozhou, 10 décembre 1593).</ref>,<ref>Un altro Seneca, P 100 (Zhaoqing, 20 octobre 1585).</ref>,<ref>Paul Rule, K'ung-tzu or Confucius ?, The Jesuit Interpretation of confucianism, Sydney, Allen & Unwin, 1986, Modèle:P.28-29.</ref>. Il plaide pour un retour au confucianisme initial qu'il considère comme une philosophie fondée sur la loi naturelle et qui contient l'idée de Dieu. Enfin, il adopte une attitude de tolérance envers les rites confucéens tels que le culte des ancêtres ou la vénération de Confucius, considérés comme des « rites civils ».

Écrits

Béatification

La cause de sa béatification a été ouverte, au niveau diocésain, le Modèle:Date-. Elle fut close le Modèle:Date-. Le dossier est maintenant étudié à Rome par la Congrégation pour la Cause des Saints. Il est donc considéré par l'Église catholique comme Serviteur de Dieu. Depuis 2011 la cause en béatification de son disciple et ami chinois Paul Xu Guangqi lui est associée avec le soutien de responsables jésuites, comme Anton Witwer, postulateur général de la Compagnie de Jésus avec l'aide du vice-postulateur en Chine, Benoît Vermander<ref>Jin Lu écrit dans le numéro de juin de la revue Esprit consacré au pape François, l'article suivant La mystique et l'institution : les ressources de la spiritualité jésuite (p. 29-40). Elle y relate « Une idée brillante, soutenue par Anton Witwer, postulateur général de la Compagnie de Jésus et des Jésuites en Chine, comme par Benoît Vermander, suggère de béatifier Matteo Ricci et Xu Guangxi en même temps. »</ref>. Le 17 décembre 2022, le pape François signe le décret le déclarant Vénérable<ref name=vatican22/>.

Hommage et héritage

Mappemonde de Matteo Ricci

Matteo Ricci est à l'origine de la dénomination actuelle de nombreux pays. Il profite de sa présence en Chine pour affiner la cartographie de cette région du monde et hésite longtemps avant de présenter à l'empereur une carte dont la Chine n'est pas le centre<ref name=Iannaccone/>.

Fichier:Kunyu Wanguo Quantu (坤輿萬國全圖).jpg
Mappemonde de Matteo Ricci et contour des côtes des terres australes.
Fichier:Kunyu Wanguo Quantu by Matteo Ricci All panels.jpg
Carte de Matteo Ricci.

Année Ricci

En 2010 est célébrée, en Italie (Macerata et Rome), en Chine et en France, le Modèle:400e du « jésuite du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle qui nous a ouvert les portes de la Chine ».

En France, le douzième colloque international de sinologie a eu lieu les 27 et Modèle:Date- sur le thème « L’échange des savoirs entre la Chine et l’Europe »<ref>Colloque de Sinologie 2010 - Célébration nationale Modèle:400e de la mort de Matteo Ricci.</ref>.

Notes et références

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Voir aussi

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Articles connexes

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Bibliographie

Ouvrages anciens

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Dictionnaire portugais chinois de Ricci et Ruggieri.
  • Histoire de l'expédition chrestienne au royaume de la Chine rédigée par Nicolas Trigault à l'aide des papiers laissés par Matteo Ricci, en latin Modèle:Lire en ligne, traduction en français imprimée à Lyon en 1616, Modèle:Lire en ligne (bibliothèque de Lausanne), réédité dès 1617 Modèle:Lire en ligne (université de Tours) ; Édition moderne, Joseph Shih, Georges Bessière, Joseph Dehergne, Desclée de Brouwer, Paris, 1978.
  • The Diary of Matthew Ricci, in Matthew Ricci, China in the Sixteenth Century, trans Louis Gallagher, (New York: Random House, 1942, 1970), as excerpted in Mark A. Kishlansky, Sources of World History, Vol. 1 (New York: HarperCollins, 1995), le journal de Matteo Ricci.
  • Ricci, le P. Matthieu dans Biographie universelle ancienne et moderne de Michaud, Modèle:2e 1843 tome 35 page 555, en ligne sur Wikisource.

Ouvrages modernes

  • Pierre-Jacques Charliat, Le temps des grands voiliers, tome III de Histoire Universelle des Explorations publiée sous la direction de L.-H. Parias, Paris, Nouvelle Librairie de France, 1957, Modèle:P.
  • Jonathan D. Spence, Le palais de mémoire de Matteo Ricci, Payot, 1986
  • René Étiemble, L'Europe chinoise - I De l'Empire romain à Leibniz, Gallimard, 1988
  • René Étiemble, L'Europe chinoise - II De la sinophilie à la sinophobie, Gallimard, 1989
  • Li Mateou, l'horloge et le maître du ciel, biographie dans Jésuites de Jean Lacouture, volume 1 page 244, Le Seuil, 1991, Modèle:ISBN.
  • Étienne Ducornet, Matteo Ricci, le lettré d'Occident, Ouvrage publié avec le concours du Conseil de l'Université de Fribourg, Collection « Petits Cerf Histoire » 1992.
  • Jonathan D. Spence, La Chine imaginaire - Les Chinois vus par les Occidentaux de Marco Polo à nos jours, Presses de l'Université de Montréal, 2000.
  • Vito Avarello, L'œuvre italienne de Matteo Ricci : anatomie d'une rencontre chinoise, Paris, Classiques Garnier, 2014, Modèle:Nb p. Modèle:ISBN
  • Le Cerf/Institut Ricci : Liang Shuming, Les idées maîtresses de la culture chinoise, Trad. Michel Masson
  • Jacques Bésineau, Matteo Ricci — Serviteur du Maître du Ciel, Desclée de Brouwer, 2003
  • Paul Dreyfus, Matto Ricci : le jésuite qui voulait convertir la Chine. Paris : Éditions du Jubilé-Asie, 2004. 274 p. Modèle:ISBN.
  • Matteo Ricci et Confucius, Jean Charbonnier.- Missions Étrangères de Paris, no 450, Modèle:Date-, pages 51–58
  • Jean Sévillia, « Un jésuite chez l'empereur de Chine », Le Figaro Magazine, Modèle:Date-
  • Vincent Cronin, Le sage venu de l'Occident, Éditions Albin Michel, 1957 et 2010
  • Michela Fontana, Matteo Ricci, Un jésuite à la cour des Ming, Éditions Salvator, 2010 (Grand Prix de la Biographie politique en 2010).
  • An Huo, Lettres à Matteo Ricci, Bayard, 2010 (publié avec la caution scientifique et historique de l'Institut Ricci)
  • Michel Masson, Matteo Ricci, un jésuite en Chine — Les savoirs en partage au XVIIe siècle, Éditions Facultés jésuites de Paris, 2010
  • Matteo Ricci (1552-1610) une porte toujours ouverte entre Occident et Orient, Histoire et missions chrétiennes 2011/2 (n°18)

Cartographie

Liens externes

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