Pari de Pascal
Le pari de Pascal est un argument philosophique mis au point par Blaise Pascal, philosophe, mathématicien et physicien français du [[Grand Siècle (histoire de France)|Modèle:S mini- siècle]]. L'argument tente de prouver qu'une personne rationnelle a tout intérêt à croire en Dieu, que Dieu existe ou non. En effet, si Dieu n’existe pas, le croyant et le non-croyant ne risquent rien ou presque. Par contre, si Dieu existe, le croyant gagne le paradis tandis que le non-croyant est enfermé en enfer pour l'éternité<ref name=":0" />,<ref name=":1" />.
Le texte original du pari se trouve dans un fragment (Lafuma 418 - Brunschvicg 233)<ref>Modèle:Ouvrage</ref> des Pensées, un ouvrage de défense de la religion chrétienne contre les sceptiques et les libres-penseurs.
Extrait des Pensées
Explications
Selon Pascal, nous n'avons pas de raisons de croire que Dieu existe vraiment mais nous avons intérêt à y croire. En effet, si Dieu n’existe pas, le croyant et le non-croyant ne perdent presque rien. Par contre, si Dieu existe, le croyant gagne tout, c'est-à-dire le paradis tandis que le non-croyant va en enfer pour l'éternité. Il est donc plus avantageux de croire en Dieu<ref name=":1">Modèle:Ouvrage</ref>,<ref name=":0">Modèle:Ouvrage</ref>.
Présentation sous forme d'un tableau
Les gains et les pertes possibles peuvent aussi se représenter sous forme d'un tableau<ref group="iep">b. The Expectations Argument</ref>,<ref group="sep">2. The Argument from Superdominance</ref>:
- Si vous pariez sur l'existence de Dieu et que Dieu n'existe pas, vous expérimentez une perte (pour les athées, contraints de respecter une morale religieuse) ou un gain (pour les théistes, trouvant un réconfort dans la religion), dans les deux cas finis.
- Si vous pariez sur l'existence de Dieu et que Dieu existe, votre gain est infini. Vous vivez un bonheur éternel au paradis.
- Si vous pariez contre l'existence de Dieu et que Dieu n'existe pas vous obtenez une perte ou un gain fini inverse de celui du 1, selon qu'on est athée ou théiste.
- Si vous pariez contre l'existence de Dieu et que Dieu existe, votre perte est infinie. Vous êtes enfermé pour l'éternité en enfer.
Dieu existe | Dieu n'existe pas | |
---|---|---|
Vous pariez sur l'existence de Dieu | Vous allez au paradis = vous gagnez indéfiniment (+∞) | Vous retournez au néant = vous subissez une perte ou un gain fini (f1) |
Vous pariez sur l'inexistence de Dieu | Vous brûlez en enfer = vous perdez indéfiniment (−∞) | Vous retournez au néant = vous obtenez un gain ou une perte finie (f2) |
Critiques du pari
Le pari peut déplaire à Dieu
Il faut aussi considérer que l'avantage personnel est une raison de croire en Dieu qui peut se retourner contre le parieur. En effet, Dieu, étant par hypothèse omniscient, saura si le parieur a mené la vie d'un croyant par intérêt. Il est alors possible qu'il considère la motivation du parieur comme inadaptée et qu'il décide de le punir par la damnation éternelle plutôt que de le récompenser par la béatitude éternelle. Il faut cependant noter que Pascal avait conscience du problème et qu'il considérait son pari comme permettant de réaliser un premier pas vers une foi plus authentique. L'argument du pari avait pour but, non pas de convaincre le lecteur d'opter pour la religion chrétienne, mais plutôt d'occasionner en lui une prise de conscience afin qu'il se libère de l'emprise qu'ont sur lui ses habitudes terrestres<ref name="iep wag">Modèle:Lien web</ref>.
Objection des dieux multiples
Pascal semble supposer qu'il n'existe qu'un seul Dieu, le Dieu catholique. Le problème semble être qu'il existe ou qu'il a existé de multiples conceptions de Dieu et que la probabilité de leur existence ne peut pas être négligée dans le cadre du pari. La question se pose alors de savoir comment on doit parier. Il semble à première vue rationnel de croire en tous les dieux. Mais cela est impossible car de nombreuses religions exigent justement de ne pas croire en d'autres dieux<ref name=":0" />. Diderot exprime succinctement l'argument en écrivant : « Pascal a dit: " Si votre religion est fausse, vous ne risquez rien à la croire vraie ; si elle est vraie, vous risquez tout à la croire fausse". Donc, si vous croyez vraie une religion qui est fausse, vous croyez fausses les autres dont une pourrait être vraie, le pari est donc toujours perdant et Pascal avait tort<ref>Modèle:Lien web</ref>. »
La croyance n'est pas un acte volontaire
Il peut être argumenté que croire ou ne pas croire ne sont pas des choix qui nous appartiennent. Il n'est pas certain qu'il soit possible d'adopter une croyance simplement parce que nous décidons de l'adopter. Si l'on nous offre Modèle:Unité pour croire que le ciel est vert, il semble peu probable que nous puissions adopter cette croyance simplement car c'est dans notre intérêt. En conséquence, on pourrait argumenter que le pari de Pascal ne permet pas de nous motiver à croire en Dieu, car croire en Dieu n'est pas un acte volontaire<ref name="iep wag" />.
Inversion du pari
Le Marquis De Sade suggère d’inverser le pari. Dans le roman Eugénie de Franval, Franval préconise de ne pas faire l’éducation religieuse de sa fille : Modèle:Citation bloc
Notes et références
Modèle:RéférencesModèle:Références
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie complémentaire
- Pierre Cariou, Pascal et la casuistique, Paris, PUF, 1993.
- Vincent Carraud, Pascal et la philosophie, Paris, PUF, 1992.
- Benoît Chantre et Jacques Julliard, Le Choix de Pascal, Paris, Desclée de Brouwer, 2003.
- Jules Lachelier, « Notes sur le pari de Pascal » dans Du fondement de l'induction, Paris, Alcan, 1924, p. 175-208.
- Jean Laporte, Le Cœur et la Raison chez Pascal, Paris, Elzévir, 1950.
- Pierre Magnard, « Le Principe de similitude » dans Méthodes chez Pascal, actes du colloque tenu à Clermont-Ferrand, les 10-Modèle:Date-, Paris, PUF, 1979, p. 401-408.
- Pierre Magnard, Pascal. La clé du chiffre, Mames, Presses universitaires, 1991.
- Jean Mesnard, Blaise Pascal, l'homme et l'œuvre, Cahier de Royaumont, Philosophie n°1, Paris, Minuit, 1956.
- Jean Orcibal, « Le fragment Infini-rien et ses sources », Études d'histoire et de littérature religieuse, Paris, Klincksieck, 1997, p. 357-383.
- Martine Pécharmant, « Il faut parier, Locke ou Pascal », Les Études philosophiques, 2010, p. 479-516.
- Guillaume de Tanoüarn, Parier avec Pascal, Paris, Cerf, coll. « Théologies », 2012.
- Guillaume de Tanoüarn, L'Évidence chrétienne, Paris, Servir, 2005.
- Analyse du Pari de Pascal
- Présentation du Pari de Pascal (vidéo)