Réforme grégorienne

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Modèle:Voir homonymes Modèle:Confusion

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Modèle:Noble, miniature du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle.

La réforme grégorienne est une politique menée durant le Moyen Âge sous l'impulsion de la papauté. Si les historiens admettent que le pape Modèle:Noble (1049-1054) a commencé le redressement de l'Église, c'est néanmoins le pape Modèle:Noble (1073-1085) qui a laissé son nom à la réforme. De plus, les efforts pour sortir l'Église catholique d'une crise généralisée depuis le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle se poursuivent bien après le pontificat de Modèle:Noble-. Ainsi, l'expression « réforme grégorienne » peut paraître impropre puisqu'elle ne s'est pas limitée à quelques années mais concerne au total près de trois siècles.

Elle comporte quatre projets principaux. Tout d'abord l'affirmation de l'indépendance du clergé : les laïcs ne peuvent plus intervenir dans les nominations. Ce point ne va pas sans conflits, notamment entre le pape et les empereurs germaniques qui se considèrent comme les représentants de Dieu sur terre (Querelle des Investitures).

Le second point est la réforme du clergé, pour que celui-ci suscite le respect. Le clergé est mieux instruit et l'Église impose le célibat des prêtres ainsi que le mariage chrétien pour les laïcs.

La réforme grégorienne voit également l'affirmation du rôle du pape : à partir du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, le pape met en place une structure centralisée autour de la papauté. En 1059, le pape Modèle:Noble crée le collège des cardinaux qui élit le nouveau pape. De plus, on voit se développer la curie pontificale qui contrôle ce qui se fait dans l'Église. Enfin, le pape multiplie les interventions pontificales. L'une des plus connues est matérialisée par le Décret de 1059 réformant l'élection pontificale et interdisant le nicolaïsme et la simonie.

Enfin, le dernier point de la réforme met en œuvre la garantie du travail des moines tout en contrôlant les comptes de l’Église, qui est un sujet très polémique à l'époque.

Contexte historique

Modèle:Article connexe

=== L'Église aux {{#switch: e

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}} === Dans l'Occident de la fin du premier millénaire, les invasions sarrasines et scandinaves ont ébranlé l'ordre carolingien. Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, la dynastie ottonienne de ce que l'on appellera plus tard le Saint-Empire romain germanique se pose en héritière des Carolingiens. Modèle:Noble intervient dans les affaires des autres États et aussi dans les affaires religieuses. Ainsi, il a déposé deux papes, Modèle:Noble et Modèle:Noble. Son petit-fils Modèle:Noble impose son ancien précepteur Gerbert qui devient pape sous le nom de Modèle:Noble<ref name="Chelini198">Antonin-Marcel Henry et Jean Chélini, La longue marche de l'Église, Elsevier-Bordas, 1981, p.198-200.</ref>.

Plus généralement, Jacques Le Goff caractérise la chrétienté du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle par l'effondrement de l'organisation carolingienne et l'effacement de la papauté : les empiétements du pouvoir temporel ne sont pas le seul fait de l'empereur, d'une façon plus générale, les grands laïcs ont mis la main sur l'Église. La conséquence en est que le trafic des charges ecclésiastiques se généralise. Les prêtres vendent les sacrements, s'adonnent au trafic des reliques et en tirent des revenus substantiels. C'est ce qu'on appelle la simonie. Si les empereurs du Saint-Empire ont accaparé le droit d'investiture du pape, les rois capétiens vendent des évêchés et, après la conquête de l'Angleterre, les rois normands distribuent à leurs fidèles les sièges épiscopaux anglais. En outre, le mariage des prêtres se généralise en France, en Allemagne et en Italie<ref name="LeGoff811">Jacques Le Goff, « Le christianisme médiéval », dans Histoire des religions, Tome 2, Gallimard, coll. « La Pléiade », p.811-815.</ref>.

=== Crise de l'Église ({{#switch: e

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}}) === Avec le déclin du pouvoir carolingien et les invasions sarrasines et scandinaves en Occident, l'Église souffre à divers degrés de maux et de désordres.

Le premier est la féodalisation du clergé : de nombreux évêques et abbés sont devenus des seigneurs ; cela implique une insertion des prélats dans le système féodo-vassalique. Des principautés ecclésiastiques se sont formées à l'est de la France actuelle. L'archevêque de Reims est très puissant et possède des prérogatives comtales (ban, pouvoir de frapper monnaie, de lever les impôts). Ils doivent prendre en main la sécurité à l'intérieur de leur domaine. Les paroisses rurales tombent aux mains des seigneurs ou de simples chevaliers qui nomment à leur tête des desservants peu instruits, parfois des serfs. À l'ouest du royaume, les princes contrôlent leur clergé : par exemple, le duc de Normandie donne l'investiture aux évêques de sa principauté. Les évêques sont donc devenus des vassaux du duc et doivent par conséquent les mêmes services que les vassaux laïcs : l'ost, c'est-à-dire le service armé. Certains clercs participent donc aux combats. On voit des évêques normands prendre part à la bataille de Hastings en 1066 : l'évêque Odon de Bayeux, demi-frère du duc de Normandie, et Geoffroy de Montbray, évêque de Coutances. Les clercs s'éloignent ainsi de leurs fonctions pastorales et religieuses.

Le second désordre ressenti est le nicolaïsme qui atteint quelques évêchés : le principe du célibat et de la chasteté est battu en brèche en plusieurs endroits. En Normandie et en Bretagne, l'archevêque Robert d'Évreux, de la dynastie ducale, a eu un fils, comte d'Évreux.

La simonie est également présente : à quelques exceptions près (duché de Normandie par exemple), la simonie sévit partout. Les prêtres vendent les sacrements, s'adonnent au trafic des reliques et en tirent des revenus substantiels. Un des plus célèbres est Manassé de Reims.

Enfin, l'époque voit l'apparition d'hérésies : elles sont limitées et ne portent pas de nom précis. En 1022, le roi de France Robert le Pieux fait condamner au bûcher des hérétiques à Orléans, et [[Hérésies du XIe siècle en Occident|plusieurs hérésies apparaissent dès le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle]].

Face à tous ces problèmes, certains monastères essaient de remettre de l'ordre, dès les années 1020 (réforme clunisienne). Puis, la papauté décide d'intervenir, à partir de Modèle:Noble.

Prémices du renouveau

Modèle:Détail

Fichier:Dehio 212 Cluny.jpg
Reconstitution de l'abbatiale Modèle:Nobr romains.

Le monastère de Cluny, fondé en 909, donne le signal de la réforme. L'abbaye devient la tête de l'Ordre de Cluny qui impose sa réforme à partir de la règle bénédictine à de nombreux monastères. À la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, on en compte plus de mille deux cents en France, dans l'Empire et en Italie. Cluny devient une puissance de la chrétienté. Ce qui fait l'originalité de Cluny, c'est que l'abbaye est indépendante de toute autorité civile ou religieuse<ref name="LeGoff807"> Jacques Le Goff, Le christianisme médiéval, dans Histoire des religions, Tome 2, Gallimard, coll. La Pléiade, p.807</ref>.

La papauté s'émancipe de l'Empire à partir de 1049, élection du pape Modèle:Noble. Ce dernier avait été choisi par l'empereur Modèle:Noble sur les conseils de Hildebrand qui était déjà lui-même le partisan le plus convaincu de l'indépendance de la papauté. C'est une époque où les tensions sont particulièrement vives entre l'empereur et la population romaine qui n'hésite pas à assassiner les papes nommés par celui-ci<ref name="histleon">Prosper Alfaric, Un pape alsacien: Modèle:Noble- d'Eguisheim, Annuaire de la Société Historique, Littéraire et Scientifique du Club Vosgien, volume I (1-2), Strasbourg Imprimerie Alsacienne 1933, Encyclopédie universelle</ref>. Influencé par la réforme clunisienne, Modèle:Noble- a l'habileté de se faire élire aussi par la population romaine. Il choisit à son tour comme conseiller Humbert de Moyenmoutier, lui aussi fervent partisan de l'accroissement du pouvoir pontifical et nomme Hildebrand sous-diacre, chargé de l'administration des revenus du saint-siège. Dès le début du règne de Modèle:Noble-, pour affirmer la suprématie du souverain pontife, on cherche à élaborer des textes qui font référence à la Bible pour étayer la prééminence du successeur de Pierre. Un successeur de Modèle:Noble-, Modèle:Noble, s'enhardit en confiant l'élection du pape à un collège de cardinaux. Après le pontificat d'Modèle:Noble, qui doit affronter l'antipape Modèle:Noble, Hildebrand, élu pape en 1073, prend le nom de Modèle:Noble. C'est par simple notification qu'il prévient l'empereur Modèle:Noble de son élection<ref name="Chelini198" />.

L'éloignement, puis la rupture entre les églises d'Occident et d'Orient que l'on situe symboliquement en 1054 n'est pas sans rapport avec la réforme de l'Église que l'on associe à Modèle:Noble-. Né de querelles en apparence minime, pain azyme, mariage des prêtres, filioque, le schisme de 1054 se révèle définitif. Tout se passe comme si les Occidentaux, en prenant l'initiative de la rupture, avaient voulu rendre indépendante de l'Orient l'Église qu'ils voulaient réformer<ref name="LeGoff811" />.

Affrontement du pape et de l'empereur : l'affaire de Canossa

Modèle:Détail

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Bas-relief commémoratif du château de Canossa.

En 1073, Modèle:Noble est un jeune homme de 23 ans. À l'instar de ses prédécesseurs, il se considère comme le porteur de la tradition carolingienne. La condamnation, lors du concile romain de 1075, de l'investiture des évêques par les laïcs provoque l'incompréhension d'Modèle:Noble- devant cette violation de la coutume. Citant Tertullien, Modèle:Noble- lui réplique : « Le Christ n'a pas dit Je suis la coutume, il a dit Je suis la vérité<ref name="Chelini198" />. »

Devant ce qu'il ressentait comme une menace contre ses prérogatives, Modèle:Noble- réunit un concile à Worms en 1076 ; le concile destitue le pape. Modèle:Noble- réplique en excommuniant l'empereur et en déliant ses sujets de leur fidélité. Il oblige ainsi l'empereur à venir se repentir et faire pénitence à Canossa en 1077. Le pape et l'empereur continuent à s'affronter jusqu'à la mort du premier, en 1085. Modèle:Noble- se montre intransigeant sur la « théocratie pontificale » : l'auctoritas du pape est supérieure à la potestas du roi. De son côté, Modèle:Noble- défend la « théocratie royale » : l'empereur tient son pouvoir de Dieu seul, et l'Église et l'État se trouvent confondus<ref name="Chelini198" />.

Le conflit ne se termine qu'en 1122 avec le concordat de Worms mais il rebondira avec la lutte du sacerdoce et de l'Empire qui durera jusqu'au milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

La réforme de Modèle:Noble- à Modèle:Noble- (1049-1099)

Modèle:Noble- (1049-1054)

Fichier:Leon IX.jpg
Modèle:Noble, miniature du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle.

L'autorité de l'empereur est faible sur ses vassaux et pendant le règne d'Modèle:Noble, une puissante famille romaine, celle des comtes de Tusculum est maitresse de la ville. Habituée à faire élire le pape, elle tente de reprendre ses prérogatives. Critiquant la faible moralité des papes désignés par l'empereur, elle fait élire un pape concurrent, obligeant l'empereur à intervenir militairement et à réunir un grand concile le Modèle:Date- pour démettre les papes concurrents<ref name="histleon" />. Mais cela ne suffit pas, coup sur coup deux papes désignés par l'empereur sont assassinés (Modèle:Noble et Modèle:Noble). Le nouveau candidat envoyé par l'empereur a la finesse de demander aux Romains de l'élire, ce qui leur convient : il est élevé à la charge pontificale sous le nom de Modèle:Noble le Modèle:Date<ref name="histleon" />. Élevé dans l'esprit de la réforme monastique, il conclut que c'est l'indignité des papes précédents qui leur a valu leur désaveu par les Romains et leur déchéance. Il s'entoure de réformateurs et, en particulier, il nomme un clunisien, Hildebrand (le futur Modèle:Noble), sous-diacre et le charge de l'administration des revenus du Saint-Siège, proche de la faillite<ref name="bal176">Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, Le Moyen Âge en Occident, Hachette 2003, p. 176</ref>. Hildebrand, agissant en véritable éminence grise, est à l'origine des actes les plus importants du pontificat de Modèle:Noble- et de ceux de ses successeurs (Modèle:Noble- (1055-1057), Modèle:Noble- (1057-1058), Modèle:Noble- (1058-1061), Modèle:Noble- (1061-1073))<ref name="encygreg">MM. Berthelot, Hartwig Derenbourg et F.-Camille Dreyfus, Le pape Modèle:Noble-, La Grande encyclopédie : inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts par une société de savants et de gens de lettres, Paris, Société anonyme de La Grande encyclopédie, 1885-1902, Encyclopédie universelle</ref>. De fait, Hildebrand lance la réforme grégorienne vingt-cinq ans avant de devenir pape lui-même.

Modèle:Noble- meurt en 1054, mais une délégation romaine comprenant Hildebrand parvient à convaincre Modèle:Noble- de choisir Modèle:Noble. Le parti réformateur reste donc dans l'entourage du Saint-Siège, mais le pape reste choisi par l'empereur. Modèle:Noble- reste très fidèle à Modèle:Noble-, mais son ministère ne dure que deux ans et il décède quelques mois après l'empereur. Après avoir présidé aux obsèques impériales le Modèle:Date-, Modèle:Noble- est, le Modèle:Date- suivant, le principal artisan de l'élection du jeune fils de six ans d'Modèle:Noble- comme empereur, sous le nom d'Modèle:Noble, et met en place la régence d'Agnès d'Aquitaine, veuve de l'empereur.

Modèle:Noble- (1059-1061)

À la mort de Modèle:Noble, en 1057, le parti réformateur profite de la disparition de Modèle:Noble et de la minorité de Modèle:Noble pour faire élire Modèle:Noble puis Modèle:Noble, en 1059, sans l'assentiment impérial<ref name="bal176"/>. En avril 1059, le nouveau pape décrète que seuls les cardinaux peuvent nommer le nouveau pape<ref name="bal176"/> et que ce choix serait ratifié par acclamation par le clergé et le peuple de Rome<ref name="bal176"/>. Il y a en fait deux types de cardinaux : les cardinaux évêques (au nombre de 7), et les prêtres cardinaux (au nombre de 28 en théorie). L'élection est réservée au collège des cardinaux évêques où les réformateurs sont majoritaires, alors qu'ils sont minoritaires dans celui des prêtres cardinaux<ref>En 1081 le décret sera élargi aux prêtres cardinaux.</ref>.

Le décret élimine donc l'empereur dans le choix du pontife. Le même décret de Modèle:Noble- interdit aux prêtres de se marier et ordonne aux mariés de répudier leur femme (nicolaïsme) et il interdit à ceux-ci de revendre leur pouvoir spirituel (simonie).

Modèle:Noble- (1073-1085)

Modèle:Article détaillé

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Dictatus papæ, archives du Vatican.

La réforme grégorienne a commencé avant le pontificat de Modèle:Noble-. Ainsi, c'est Modèle:Noble qui, par décret lors du Synode de Latran (1059), institue la nomination d'un nouveau pape par les seuls cardinaux, éliminant donc l'empereur dans le choix du pontife. Le même décret de Modèle:Noble- interdit l'investiture laïque des églises (simonie) et l'assistance aux messes dites par des clercs mariés ou concubinaires (nicolaïsme)<ref name="LeGoff811" />.

En 1075, lorsque Modèle:Noble- écrit (mais ne publie pas<ref name="Chelini114">Antonin-Marcel Henry et Jean Chélini, La longue marche de l'Église, Elsevier-Bordas, 1981, p.114-117 </ref>) une série de vingt sept brèves propositions connues sous le nom de Dictatus papæ, il va beaucoup plus loin que la simple affirmation de l'indépendance pontificale, il propose l'instauration d'une théocratie pontificale beaucoup plus radicale. Selon la proposition XII, le pape serait habilité à déposer les empereurs<ref name="LeGoff811" />.

La réforme de Modèle:Noble- rencontre l'hostilité des princes. En 1076, l'empereur Modèle:Noble dépose Modèle:Noble- qui n'hésite pas à excommunier l'empereur. Modèle:Noble est finalement contraint à demander le pardon du pape lors de la Pénitence de Canossa en Modèle:Date-. Mais la lutte ne s'arrête pas, le pape renouvelle ses excommunications et l'empereur fait élire alors un antipape, Modèle:Noble. La querelle des Investitures n'est pas terminée à la mort de Modèle:Noble- en 1085. Le conflit ne prend fin qu'à la suite de longues tractations, à l'occasion d'une réunion organisée à Worms en 1122. Un Concordat est établi entre le Saint-Office et l'empereur de Germanie Modèle:Noble-.

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Modèle:Noble fait pénitence à Canossa.

L'empereur Modèle:Noble- n'est pas le seul à tenter de s'opposer aux réformes du pape dont les décisions sont également mal accueillies par une partie du clergé, surtout le haut-clergé et par l'ensemble des princes, néanmoins, la réforme réussit. Des solutions de compromis permettent de distinguer l'investiture spirituelle, soustraite aux princes et l'investiture temporelle, toujours conférée par celui-ci. Après l'acceptation du principe par le roi d'Angleterre, le roi de France et l'empereur d'Allemagne, le pape Modèle:Noble fait ratifier ce qu'il considère comme la « liberté de l'Église » par le premier concile du Latran<ref name="LeGoff811" />.

Jusqu'au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, il y avait en Occident des Églises en communion avec Rome beaucoup plus qu'une Église catholique dirigée par le pape. Les papes du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle font de Rome le siège d'un véritable gouvernement de l'Église latine. Pour faire triompher la réforme, ils forgent la monarchie pontificale. La réforme grégorienne institue un pape souverain, chef de l'Église universelle, exerçant sur tous ses membres la plénitude du pouvoir (plenitudo potestatis) disposant des glaives spirituel et temporel. À partir d'Modèle:Noble, l'Église est considérée par tous comme une monarchie élective, universelle et absolue, assimilée à la Cité de Dieu sur la terre. Le pape peut déposer, rétablir ou déplacer les évêques, ériger les abbayes, reconnaître les ordres religieux<ref name="Chelini114" />.

Œuvre d'Modèle:Noble- (1088-1099)

Au terme du bref pontificat de Modèle:Noble, successeur de Modèle:Noble-, Eudes de Châtillon convoque les évêques partisans de la Réforme grégorienne à Terracina, dans le Latium : Rome est aux mains des partisans de Modèle:Noble. Là, il est élu pape puis consacré le Modèle:Date sous le nom d'Modèle:Noble. Son premier acte est d'affirmer solennellement sa fidélité à l'œuvre de Modèle:Noble- ; il renouvelle les condamnations de ce dernier en matière de discipline ecclésiastique : simonie (trafic de biens spirituels), nicolaïsme (« incontinence » du clergé) ou encore investiture des clercs par les laïcs. En revanche, il se montre plus souple que Grégoire, notamment sur les cas de clercs ordonnés par des évêques simoniaques ou schismatiques : il considère leur ordination comme valide, s'attirant ainsi les critiques de théologiens comme Modèle:Lien, Deusdedit ou Bruno de Segni. Pour rendre plus souples les condamnations, il applique la doctrine de la dispense selon Yves de Chartres. Il ménage Modèle:Noble en conflit avec Anselme, l'archevêque de Cantorbéry qui veut assurer l'indépendance de l'Église vis-à-vis du roi. Dans la même logique, il conforte la papauté en faisant des royaumes hispaniques et de la Sicile des États vassaux du Saint-Siège. Modèle:Noble- continue à s'appuyer sur l'Ordre de Cluny et les souverains.

Sa position est difficile. Il ne peut rentrer à Rome, occupée par Modèle:Noble-. Il tente de la reprendre en 1089, mais est chassé par Modèle:Noble- l'année suivante. Par sa politique modérée en France et en Angleterre, il crée un parti romain en sa faveur, isole l'empereur. Il doit affronter personnellement le schisme du parti impérial, dont il triomphe avec l'aide de Conrad, fils d'Modèle:Noble-. En 1093, Modèle:Noble- peut regagner Rome. Il achète la reddition du palais du Latran l'année suivante, et fait tomber le château Saint-Ange en 1098, parachevant ainsi sa reconquête de la ville.

Sa politique devient alors plus rigoureuse. L'exemption, qui place les abbayes sous la responsabilité directe du pape, est largement pratiquée, concerne tous les établissements clunisiens. Les chanoines réguliers sont créés, les légats réutilisés, les primats instaurés. Il préside les conciles de Plaisance et de Clermont en 1095. Pendant le premier, il invalide toutes les ordinations effectuées par Guibert de Ravenne après sa condamnation. Il condamne également les thèses de Bérenger de Tours qui affirme, contre la thèse de la transsubstantiation, le caractère symbolique de la présence du Christ dans l'eucharistie. Enfin, répondant à l'appel de l'empereur byzantin Modèle:Noble, il exhorte les chrétiens d'Occident à défendre ceux d'Orient. La réforme grégorienne commence à aboutir, l'Église est indépendante et Modèle:Noble- est isolé.

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Modèle:Noble- arrivant en France pour prêcher la croisade, enluminure du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

Les valeurs de l'Église s'affirment dans la société féodale. L'action des rois est influencée par le serment du sacre: maintenir la justice, défendre les faibles. Les pillages, guerres privées sont combattues par la Paix de Dieu avec des ligues pour la paix, des forces de polices organisées par les évêques. Modèle:Noble- consacre la trêve de Dieu au concile de Clermont en 1095, qui suspend la guerre aux temps consacrés.

À Clermont, le Modèle:Date-, devant 13 archevêques et 225 évêques, Modèle:Noble- réitère la condamnation de l'investiture laïque et interdit aux clercs de rendre hommage à un laïc, même un roi. Il proclame solennellement la trêve de Dieu, déjà annoncée dans des synodes précédents. C'est aussi à cette occasion qu'il renouvelle l'excommunication prononcée par l'évêque Hugues de Lyon contre le roi de France Modèle:Noble pour son remariage avec Bertrade de Montfort. Enfin, le Modèle:Date-, il prêche la Croisade, conçue par lui comme un moyen d'unifier la chrétienté occidentale sous l'autorité pontificale. Il en fixe le début au Modèle:Date- ; pour en assurer la direction spirituelle, il nomme Adhémar de Monteil, évêque du Puy, le commandement militaire revenant à Modèle:Noble. Parallèlement, il encourage la Reconquista ou reconquête de l'Espagne occupée par les Maures. Cet appel apparaît en contradiction avec les valeurs ancestrales de l'Église. C'est en réalité une évolution logique. La guerre sainte était apparue avec l'empereur, afin d'agrandir l'espace chrétien. Dans un monde féodal où les rapports de puissance se jouent par la force (la diplomatie est inexistante), la guerre sainte permet à la chevalerie d'aller faire la guerre ailleurs. La croisade est en fait une tentative de pacification et une continuation de la Réforme grégorienne sur l'émancipation du pouvoir religieux de celui des clercs. Pour la motiver, Modèle:Noble- accorde l'indulgence plénière, la rémission de tous les péchés. Il développe ses objectifs dans plusieurs lettres aux clergés de différentes régions d'Europe. L'engouement est grand, relayé par des prédicateurs comme Pierre l'Ermite, suivi par près de Modèle:Nb. Les armées partent au cri de « Dieu le veut ! ».

Modèle:Noble- meurt le Modèle:Date, avant d'apprendre la nouvelle de la conquête de Jérusalem, tombée le Modèle:Date-. Il est béatifié le Modèle:Date- par Modèle:Noble.

Structures de l'Église à l'issue de la réforme grégorienne

Ce qu'on appelle la « réforme grégorienne » comporte trois aspects.

D'abord l'affirmation de l'indépendance du clergé : les laïcs ne peuvent plus intervenir dans les nominations. Ensuite une réforme du clergé incluant une meilleure instruction et le célibat des prêtres auquel fait pendant le mariage chrétien pour les laïcs. Enfin l'affirmation du rôle du pape.

Cardinaux

Longtemps, les papes avaient eu pour conseil élargi le synode romain, c'est-à-dire une assemblée représentative des clercs et des fidèles de l'Église locale de Rome. Ce synode se réunissait pour l'anniversaire de l'élection du pape ou au moment du carême. C'est cette assemblée qui sert d'instrument pour mettre en œuvre les premières réformes du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Peu à peu, le « conseil restreint », composés des « clercs cardinaux », c'est-à-dire les plus éminents prend le pas sur le synode romain et l'élimine définitivement. En 1061, Modèle:Noble est le premier pape à être élu par les cardinaux. Cette prérogative exclusive du collège des cardinaux est officiellement inscrite dans le canon I du troisième concile du Latran, en 1179. Dès lors, les cardinaux forment un collège dont les membres viennent immédiatement après le pape dans la hiérarchie. Au premier concile de Lyon, en 1245, et au deuxième concile de Lyon, en 1274, ils ont le pas sur les primats des églises nationales<ref name="Chelini114" />.

Curie romaine

Le camérier (que l'on appellera plus tard camerlingue) devient le véritable chef de la trésorerie pontificale. Il dirige la Chambre apostolique, nouveau bureau créé pour centraliser les produits de la fiscalité et mettre de l'ordre dans les finances. En outre, des fonctionnaires spéciaux sont créés pour résoudre les cas réservés à l'absolution pontificale. Des tribunaux commencent à se former. Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, les « auditeurs des causes du sacré palais » (auditores causarum sacrii palatii) constituent l'« auditorium » de la curie romaine, c'est-à-dire du gouvernement pontifical. La pénitencerie est un autre service qui se constitue entre le Modèle:S mini- et le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. C'est l'embryon du tribunal suprême de la Signature apostolique. Le prêtre pénitencier qui a le pouvoir d'absoudre dans les cas réservés au pape devient un des personnages les plus importants de la curie<ref name="Chelini114" />.

Revenus pontificaux

Les revenus pontificaux sont de deux origines différentes : ou bien ils proviennent de taxes propres aux États pontificaux, ou bien il s'agit d'impôts ecclésiastiques prélevés dans les différentes sphères de la chrétienté. Entre les deux catégories, l'Église perçoit le denier de Saint-Pierre en Angleterre, en Pologne, en Hongrie et dans les pays scandinaves<ref name="Chelini114" />.

Parmi les revenus en provenance de l'Église, on peut compter les contributions des églises et des monastères exempts, les droits de pallium versés par les nouveaux archevêques, les servitia communia payés par les évêques et les abbés à leur entrée en charge et qui se montent à un tiers d'une année de revenu, et enfin les droits de visite (visitationes) à payer lors de la visite ad limina des archevêques, obligatoires à partir du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, visite au cours de laquelle ils doivent notamment rendre des comptes<ref name="Chelini114" />.

Sur décision de Modèle:Noble, à partir de la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, le collège des cardinaux dispose de la moitié environ des revenus pontificaux et intervient dans la nomination des collecteurs pontificaux et dans le contrôle de la perception<ref name="Chelini114" />.

Droit canonique

Depuis les origines du christianisme, différents auteurs s'étaient livrés à « l'inventaire des auctoritates »<ref> Gabriel Le Bras, Histoire du droit et des institutions de l'Église en Occident, Prolégomènes, Paris, 1956.</ref>, c'est-à-dire, des textes faisant autorité en matière de droit et de jurisprudence ecclésiastique. À l'occasion de la querelle des investitures, des centres spécialisés se créent, comme l'école de Bologne, à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Un moine camaldule, Gratien, dont la vie reste peu connue, entreprend avec une équipe de collaborateurs de rassembler des milliers de textes concernant le droit et la discipline de l'Église. Cette compilation de textes classés et commentés est connue sous le nom de Concordia discordantium (« Concordance de canons discordants ») ou Decretum Gratiani, ouvrage dont l'objectif initial était l'enseignement, mais qui fait vite autorité dans les tribunaux ecclésiastiques. Les Décrétales de Grégoire sont ensuite constituées par le dominicain Raymond de Peñafort sur ordre de Modèle:Noble pour rassembler quelques décrétales postérieures au décret de Gratien. Ce droit canonique donne à la papauté des bases sûres pour l'action<ref name="Chelini114" />.

Évêques

Les évêques deviennent moins dépendants des princes laïques, mais plus dépendants de Rome. En 1234, le pape Modèle:Noble impose aux archevêques de se déplacer à Rome pour y recevoir le pallium et faire un serment d'obédience. Les chapitres des chanoines cathédraux deviennent les collèges électoraux naturels des évêques de la même façon que le collège des cardinaux pour le pape. Lors de ses visites sur le terrain l'évêque contrôle l'état des lieux, des objets, des livres sacrés et des vêtements liturgiques. En même temps, il fait ses prédications et distribue la confirmation. Pour l'assister, l'évêque désigne des vicaires généraux, révocables ad nutum (sans préavis)<ref name="Chelini114" />.

Les revenus de l'évêque proviennent des biens affectés à sa charge, la mense épiscopale et des taxes collectées sur les clercs. Les clercs perçoivent en effet la dîme sur toutes les récoltes, et le tiers de cette dîme tombe dans les caisses de l'évêque<ref name="Chelini114" />.

Conséquences de la réforme grégorienne

La réforme, en mettant l'accent sur la supériorité du Spirituel sur le Temporel, a en effet suscité dans de nombreuses régions un anticléricalisme virulent favorisant le développement des hérésies, les laïcs étant notamment sensibles aux discours dénonçant l'enrichissement du clergé à leur détriment, l'indignité morale des clercs ou l'insuffisance de leur zèle pastoral<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Dans différents pays

En France, le processus de féodalisation des clercs s'arrêta. Yves de Chartres distingue l'investiture temporelle (par le roi pour les biens matériels) et spirituelle ou par la crosse (accordé par le peuple, le clergé et conférée par le métropolitain).

En Angleterre, le roi exige un serment de fidélité de la part des clercs.

Dans l'Empire, après de longues discussions entre le pape et l'empereur Modèle:Noble, le compromis du concordat de Worms fut finalement accepté en 1122. C'est la fin de la querelle des investitures. Mais en 1152 débute la lutte du sacerdoce et de l'Empire dont l'enjeu est la domination sur la chrétienté occidentale.

Les relations avec le patriarcat de Constantinople se détériorent, car les chrétiens d'Orient y voient une forme d'autoritarisme spirituel et de renversement graduel des traditions.

Renouveau dans l'Occident du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle

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Le médiéviste Jacques Verger note que le renouveau récent de l'histoire religieuse des {{#switch: e

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}}, inauguré d'abord en Italie, puis étendu à tous les pays d'Europe occidentale, a complètement modifié l'étude de cette période. « Tous les historiens sont aujourd'hui d'accord pour voir dans la réforme de l'Église un grand mouvement de renouveau religieux qui s'étend sur la plus grande partie des {{#switch: e

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}}<ref>Jacques Verger, La Renaissance du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Cerf, 1999, p.18-19</ref>. » En ce sens, au-delà encore des traductions de textes gréco-arabes qui ont eu lieu pendant cette période, la réforme grégorienne a été un facteur essentiel de renouveau culturel en Occident pendant toute cette période.

L'autonomie des évêques et leur enrichissement, comme celui des chapitres cathédraux, entraînent la relance des grands chantiers de rénovation ou de reconstruction de cathédrales. S'y ajoute la construction de palais épiscopaux, de bâtiments canoniaux, d'hospices et d'hôpitaux. Ces édifices transforment le paysage urbain, et leurs chantiers représentent l'un des principaux facteurs de la nouvelle dynamique économique et démographique des villes, soutenue par l'essor des écoles urbaines lié à l'affirmation épiscopale et canoniale<ref>Florian Mazel, « L'Église et le nouvel ordre du monde », L'Histoire, n° 507, mai 2023</ref>.

Notes et références

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Voir aussi

Bibliographie

Ouvrages classiques

  • Fliche, La réforme grégorienne, 3 vol., Paris-Louvain, 1924-1937.
  • G. Tellenbach, Libertas, Kirche und Weltordnung im Zeitalter des Investiturstreites, Stuttgart, 1936. 

Ouvrages modernes

  • Modèle:Ouvrage.
  • Tristan Martine, Jérémy Winandy (dir.), La réforme grégorienne : une « révolution totale » ?, Paris, Classiques Garnier, 2021
  • Sylvain Gouguenheim, La réforme grégorienne. De la lutte pour le sacré à la sécularisation du monde, Temps Présent, Paris, 2010
  • Jean Chélini, Histoire religieuse de l'Occident médiéval, 1968, Nouvelle bibliographie, 1991, rééd. coll. « Pluriel », 1997
  • André Vauchez éd., Histoire du christianisme des origines à nos jours, Modèle:T., Apogée de la papauté et extension de la chrétienté (1054-1274), Desclée, Paris, 1993

Articles connexes

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