Race aryenne
Modèle:Confusion Modèle:Article général Modèle:TI
La « race aryenne » est un concept de la culture européenne qui a eu cours à la fin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle jusqu'au milieu du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle. Il dérive de l'idée selon laquelle les premiers peuples parlant les langues indo-européennes et leurs descendants jusqu'à l'époque moderne auraient constitué une « sous-race » de la race caucasienne. Dans son application la plus connue, le nazisme, il était affirmé que les premiers Aryens ressemblaient aux représentants des peuples nordiques, l'idéologie du Troisième Reich translatant le berceau oriental des Aryens sur le territoire du nord de l'Allemagne et du sud de la Scandinavie<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. La croyance en la supériorité de la « race aryenne » est parfois nommée « aryanisme »<ref>Il ne faut pas confondre « aryanisme » et « arianisme », courant de pensée des débuts du christianisme.</ref>.
Étymologie
L'expression « race aryenne » désigne à l'origine la « race » des Aryens, un ancien peuple de langue indo-européenne. Il pourrait venir de l'indo-européen aryos (« noble ») et pourrait être l'auto-ethnonyme des premiers Indo-européens.
Dérive du concept
L'expression a ensuite été largement utilisée par les nazis, reprenant les théories de classification et de hiérarchisation des races humaines édifiées dans des travaux tels que ceux de l'Anglais Houston Stewart Chamberlain ou du Français Georges Vacher de Lapouge. Ces théoriciens du racisme affirmaient la supériorité des types « nordiques » et des civilisations anglo-saxonnes et les plaçaient au sommet d'une pyramide, dont la base correspondait aux peuples d'Afrique noire.
Les nazis ont adopté ce type de classement, partant du principe que les Anglo-Saxons ne sont après tout que des Germains. Parallèlement, la « race humaine » aryenne était considérée comme supérieure à toute autre « race » et se devait de conserver ou restaurer sa « pureté ». Cette idéologie prend le nom d'aryanisme.
Les scientifiques de cette époque utilisaient l'expression « race nordique », dans un contexte où la notion de « race humaine » n'était pas encore abandonnée.
Historique
L'idée d'une race pure, la race indo-européenne ou aryenne, dont les nazis prétendaient rechercher la pureté, n'est que l'un des aboutissements de théories pseudo-scientifiques du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle cherchant à expliquer les inégalités sociales, ou encore à fonder la légitimité du colonialisme et de la ségrégation par la question des races, de l'eugénisme et du darwinisme social. La persécution des Juifs, avec l'application de la Solution finale, des Tziganes et des autres minorités dites « inférieures », instaurée par l'Allemagne nazie, ainsi que le réarmement et la conquête militaire de l'Europe, se voulaient justifiés par la nécessité d'assurer la suprématie de la « race aryenne » prétendue supérieure.
Darwinisme social
En 1859, Charles Darwin publiait L'Origine des espèces, livre dans lequel il expliquait le mécanisme de la sélection naturelle qui permet, lors de changements environnementaux, aux individus d'une espèce animale adaptés aux nouvelles conditions de survivre et procréer alors que les autres sont condamnés à ne pas avoir de descendance. Peu de temps s'écoula avant qu'Herbert Spencer, un autre anglais contemporain de Darwin, décidât d'appliquer l'idée de sélection des plus aptes aux individus et sociétés humaines. D'autres suivirent, tels Arthur de Gobineau ou Ernst Haeckel, fondateur du Deutscher Monistenbund (Ligue moniste allemande), qui contribua à l'élaboration de la doctrine biologico-politique des nazis.
Pourtant, ces nouvelles théories, que l'on appela darwinisme social, n'avaient que peu à voir avec les théories de Darwin, et relevaient d'une mauvaise interprétation de celles-ci. En effet, Darwin ne définit pas a priori les plus adaptés, les meilleurs du point de vue de la reproduction. Il constate plutôt a posteriori que certains individus, aidés par leurs caractéristiques physiques, ont plus de descendants que d'autres. Il définit alors ces individus comme étant les mieux adaptés. En effet, favoriser tel ou tel individu n'est donc pas constater sa supériorité, c'est au contraire la nier puisque les individus réellement supérieurs n'auraient pas besoin qu'on les favorise. Dans sa correspondance avec son neveu Francis Galton en date du 4 juillet 1873<ref>Modèle:Lien web</ref>, il écrit : Modèle:Citation Darwin fait référence à Alphonse de Candolle et à son chapitre L'hérédité et la sélection dans l'espèce humaine<ref>Modèle:Ouvrage</ref> (1873).
Mais l'idée originale de « survie des individus adaptés » fut graduellement transformée en « survie des individus supérieurs », pour finalement devenir « domination des individus supérieurs »Modèle:Refnec.
Développement raciste de ces théories
Arthur de Gobineau (1816-1882) soutint, dans son Essai sur l'inégalité des races humaines de 1855, que la « race » indo-européenne supposée était l'ancêtre de toutes les classes dirigeantes d'Europe, et notamment de la noblesse française, dont il était issu.
Son ouvrage n'avait, après tout, qu'un caractère rétrospectif et pessimiste car Gobineau y constatait le déclin manifeste des anciennes classes dirigeantes, dans le nouveau contexte plus démocratique. Il séduisit bien des milieux cultivés sans causer de désagrément à quiconque. Il faut dire qu'à l'époque, l'inégalité des races humaines paraissait démontrée à beaucoup d'Européens par l'unification colonisatrice du monde, que les colons d'origine européenne semblaient en passe de pouvoir achever.
En Allemagne
Modèle:Article connexe Modèle:Source secondaire nécessaire<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. En 1878, Theodor Poesche fait paraître Les Aryens : Une contribution à l'anthropologie historique. Il place l'origine des populations indo-européennes dans les marais de Rokitno, en Russie occidentale, où l'albinisme était fréquent<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Il attribue aux Aryens les caractéristiques des populations nordiques.
Entre 1883 et 1891, l'anthropologue Karl Penka utilise le terme « Aryen » dans un sens linguistique et l'étend dans une large acceptation de race et de culture. S'appuyant sur les différentes disciplines scientifiques de son époque, il popularise l'idée que les Aryens avaient émergé en Scandinavie et qu'ils pouvaient être identifiés par des caractères physiques propres aux populations nordiques (cheveux blonds, longue tête et yeux bleus), malgré les polémiques que ses écrits provoquèrent.
Le théologien Gerald Henry Rendall fit connaître ces idées en Angleterre en 1889 avec son ouvrage The Cradle of the Aryans. En 1899, Houston Stewart Chamberlain, gendre de Wagner, soutint, dans sa Genèse du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, que la race supérieure décrite par Gobineau n'avait pas cessé d'exister, et qu'elle subsistait à l'état pur en Allemagne et en Europe du Nord.
Or, de nombreux Allemands se laissèrent, en plus, aller au pangermanisme. Aussi accueillirent-ils comme une bénédiction le message de l'Anglais Chamberlain. D'autant plus que, pendant la Guerre de 1914-18, celui-ci se fit naturaliser allemand. Il fut l'un des principaux inspirateurs d'Hitler, qui a, d'ailleurs, assisté à ses funérailles, en 1927.
En France
L'anthropologue français Georges Vacher de Lapouge, anticlérical et socialiste militant, reprend à son compte les classifications raciales développées par Gobineau. Darwiniste convaincu et persuadé de la « victoire des Aryens sur les Juifs »<ref>L'Aryen: son rôle social, Modèle:P. et suiv. La phrase introductive de ce paragraphe commence par Modèle:Citation, cependant, dans les lignes suivantes, il se démarque de l'antisémitisme politico-social d'un Drumont.</ref>, il publie en 1899 le texte de ses cours sous le titre : L'Aryen, son rôle social, sous-titré « cours libre de science politique, professé à l'Université de Montpellier (1889-1890) », qui a fourni les éléments fondateurs de l'antisémitisme nazi<ref>Modèle:Article</ref>.
À partir de ses travaux d'anthropologie, il théorise sa vision raciste du monde. Il oppose la race blanche, aryenne, dolichocéphale, porteuse de grandeur, à la race brachycéphale, « inerte et médiocre ». Classant et hiérarchisant les races humaines, il détermine plusieurs types en Europe :
- l’Homo europeus, grand blond (anglo-saxon ou nordique), protestant, dominateur et créateur ;
- l’Homo alpinus, représenté par l'Auvergnat et le Turc, « parfait esclave craignant le progrès » ;
- l’Homo contractus, ou méditerranéen, enfin, incarné par le Napolitain et l'Andalou, appartenant aux races inférieures<ref>Alain Policar, professeur de l'université de Limoges, « Science et démocratie : Célestin Bouglé et la métaphysique de l’hérédité », 1999, Modèle:P..</ref>.
En Italie
Au début, l'Italie fasciste ne prônait ni le racisme, ni l'antisémitisme, bien que certains fascistes fussent déjà racistes et antisémites. Avec les Lois raciales fascistes, le racisme devient un racisme d'État. Des journaux antisémites naissent, comme La difesa della razza.
Paradoxes induits par la notion de « race aryenne »
Il a été constaté plus haut que l'existence d'une telle race, douteuse et sans fondement scientifique, s'opposait aux simples observations de la morphologie. En effet, pour appliquer de façon cohérente la législation nazie, il aurait fallu, eu égard au concept de races, séparer ceux qui avaient notamment des cheveux blonds, des yeux bleus et un nez droit, de ceux qui avaient des cheveux bruns, des nez busqués, des yeux bruns, etc. Or beaucoup de non-juifs, d'Allemands et de membres du parti nazi, appartenaient au second groupe. Selon une plaisanterie en vogue, le pur « Aryen » aurait dû être « blond comme Hitler, svelte comme Goering, et grand comme Goebbels »<ref>Modèle:Lien web</ref>.
À la suite notamment de Georges Vacher de Lapouge, certains scientifiques nazis ont prétendu identifier les Aryens en utilisant comme critère des proportions particulières du crâne<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Les lois hitlériennes disposèrent donc que l'on se fonderait sur la religion, la couleur de peau ainsi que sur la nationalité des grands-parents et non sur des critères tels que l'indice céphalique pour déterminer l'appartenance à la race aryenne : on décida que ceux qui avaient des grands-parents chrétiens étaient réputés aryens. Quant à ceux dont trois des quatre grands-parents étaient juifs, ils furent réputés de « race » juive et traités en conséquence<ref>Modèle:Harvsp</ref>.
La préhistorienne Marylène Patou-Mathis relève que les lois pétainistes d'Modèle:Date- ont eu Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Concept de race supérieure aujourd'hui
Une ou plusieurs races ?
Modèle:Article détailléÀ l'origine de la théorie des races, un conflit oppose les partisans de l'existence d'une race humaine unique (monogénisme), particulièrement le philosophe Kant et l'anthropologue et biologiste Johann Friedrich Blumenbach (1752-1840), et les tenants d'une diversité des races humaines (polygénisme), qu'il s'agisse du philosophe et naturaliste Christoph Meiners ou du physicien et biologiste Samuel Thomas von Sömmerring.
Races et structure génétiques
Modèle:Article détaillé Certains ont tenté de définir scientifiquement des races au sein de l'espèce humaine, notamment en considérant la structure génétique des populations. Cependant, les « races » ainsi définies manquent de pertinence, et leur utilisation en tant qu'unités biologiques est rejetée par les scientifiques. Ainsi, plusieurs études génétiques récentes tendent à réfuter l’existence d’une « race européenne » aux contours bien précis.
En effet, selon une étude de l'expert Chao Tian, en 2009, ayant calculé les distances génétiques (Fst) entre plusieurs populations en se basant sur l’ADN autosomal, les Européens du Sud tels que les Albanais et Italiens du Sud apparaissent soit à peu près autant distants des Arabes du Levant (Druzes, Palestiniens) que des Scandinaves et Russes, soit plus proches des premiers. Un Italien du Sud est ainsi génétiquement deux fois et demi plus proche d'un Palestinien que d'un Finlandais<ref>C.Tian et .al 2009, European Population Genetic Substructure: Further Definition of Ancestry Informative Markers for Distinguishing among Diverse European Ethnic Groups</ref>,<ref>Nelis et al. 2009, Genetic Structure of Europeans: A View from the North–East</ref>,<ref>Distances génétiques (Fst) autosomales calculées par Chao Tian et al. 2009 :
- Grec-Druze : 0.0052, Grec-Bédouin : 0.0064, Grec-Palestinien : 0.0057, Grec-Russe : 0.0108, Grec-Suédois : 0.0084,
- Italiens du Sud-Druze : 0.0057, Italien du Sud-Bédouin : 0.0079, Italien du Sud-Palestinien : 0.0064, Italien du Sud-Russe : 0.0088, Italien du Sud-Suédois : 0.0064
Autres distances génétiques (Fst) autosomales calculées par Nelis et al. 2009 :
- Italiens du Sud - Lettoniens : 0.0150, Italiens du Sud - Finlandais (Helsinki) : 0.0160
- Espagnols - Lettoniens : 0.0100, Espagnols - Finlandais (Helsinki) : 0.0110
- Européens – Chinois 0.1100, Européens – Africains (Yoruba) 0.1530
</ref> mais une telle distance avec les Finlandais n'est pas représentative des distances entre les Européens, elle s'explique parce que les Finlandais sont mélangés avec des asiatiques sibériens, d'affinité proche des Sami, les Finlandais sont donc un peuple génétiquement assez isolé des autres Européens (y compris des Scandinaves et des Russes), ce qui les éloigne du reste des Européens sur le plan des distances génétiques<ref>Modèle:Article</ref>. De même, les Italiens du Sud constituent un groupe plus distant<ref>Modèle:Article</ref>. Mais plus globalement les principaux peuples européens montrent une grande proximité génétique entre eux, qui les différencie nettement des populations extra-européennes<ref>Modèle:Article</ref>.
Survivance du concept
Le concept de « race aryenne » est abandonné par la majorité de la population au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, alors même que celui de « races » est contesté pour ce qui concerne les divisions de l'espèce humaine. Il continue d'être utilisé par des groupes extrémistes se réclamant de la supériorité de la race aryenne (skinhead nazis, néonazis, Ku Klux Klan, odinisites etc.).
Références
Voir aussi
Bibliographie
- Modèle:Ouvrage
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- Adolphe Pictet, Les origines indo-européennes ou les Aryas primitifs : essai de paléontologie linguistique, Paris, 1859-1863, 2 vol. (2e éd. rev. et augm : ibid., 1877, 3 vol.)
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien, The Aryan race : its origins and its achievements, Chicago : S. C. Griggs and Company, 1888 (lire en ligne).
- Georges Vacher de Lapouge, L'Aryen, son rôle social, Paris : A. Fontemoing, 1899 (lire en ligne).