Solécisme

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Un solécisme est une erreur de langage qui enfreint les règles de la syntaxe (la forme existe), non celles de la morphologie (ce serait alors un barbarisme : la forme n'existe pas). Le mot, issu du latin Modèle:Lang, dérive du nom de la ville ancienne de Soles<ref name=cnrtl>Modèle:CNRTL</ref>, en Asie Mineure, dont les habitants étaient connus pour estropier la langue grecque.

Employé volontairement, par exemple de manière plaisante, le solécisme peut être une figure de style. Le solécisme relève de la norme prescriptive, c'est-à-dire qu'il n'a de sens que par rapport à une langue possédant une norme et une codification stricte, qui prescrit un « bon usage » en opposition à ce qui serait un « mauvais usage ». Le solécisme est donc un aspect de la conception sociale de la langue.

Exemples de solécisme en français

  • « Se rappeler de quelque chose », pour « se souvenir de quelque chose » (le verbe « se rappeler » est transitif direct, l'usage correct étant : « se rappeler quelque chose »).
  • « Il y a trop de circulation que pour pouvoir circuler facilement ». Le « que » est de trop et viole la syntaxe. « Pour » signifie « afin de ». « Que pour » dans ce contexte est donc l'équivalent de « qu'afin de ».
  • « J'habite sur Paris ». « Sur » signifie « dessus », mais dans cet exemple, il est improprement utilisé dans le sens de « à »<ref>Voir par exemple le site de l'Académie française : « Sur Paris ? »</ref>. Cette tournure, qui s'est récemment répandue en France<ref>Modèle:Article</ref>, peut être considérée comme un solécisme, sauf pour introduire une ambiguïté volontaire, comme « à ou aux alentours de » ou « vers ou à » (direction ou destination) : « Je descends sur Marseille » ou « Je monte sur Lille ».
  • « Après que » suivi du subjonctif là où l'indicatif, mode du réel, s'impose, puisque sont exprimés des faits déjà réalisés dans la temporalité du verbe principal : solécisme très répandu par attraction de la construction syntaxique de « avant que », locution qui, elle, demande le subjonctif, mode de l'irréel, les faits étant encore non réalisés.
  • Le non-respect de la concordance des temps, comme dans « Je voulais / voudrais qu'il vienne » au lieu de « qu'il vînt », relève aussi du solécisme, même s'il est aujourd'hui largement répandu, à l'oral comme à l'écrit, et qu'il n'est plus guère ressenti comme une faute de syntaxe. C'est, au contraire, l'emploi du subjonctif imparfait et plus-que-parfait qui, lorsque ses formes ne sont pas respectivement homonymes à celles du présent et du passé, suscite souvent l'interrogation ou l'amusement face à ce qui peut paraître, à défaut de pédantisme<ref>Définition du Wiktionnaire de pédantisme.</ref>, un purisme marqué<ref>Dans le film Sept morts sur ordonnance, le très conservateur professeur Brézé (Charles Vanel) dit au chirurgien Berg (Gérard Depardieu) : "Vous deviez opérer demain à la clinique. Nous préférerions que vous n'y vinssiez point</ref>.
  • L'emploi du conditionnel présent ou passé au lieu de l'indicatif imparfait ou plus-que-parfait dans une proposition conditionnelle introduite par si : « Si je serais riche, je serais heureux » au lieu de « Si j'étais riche ». Ce solécisme a été immortalisé dans le film de 1962 La Guerre des boutons par la phrase « Si j'aurais su, j'aurais pas venu ».

Dans la culture populaire

  • Dans la bande dessinée De cape et de crocs, le Solécisme est une région de la Lune, dont les habitants s'expriment avec de nombreux solécismes. En témoigne par exemple cette phrase : « Ils ourdissent à exécuter le roi, le jour de le couronnement à Jean, qui est remis au postérieurement à cause qu'il faut pallier au manque de comédiens pour la pièce de le prince ! »

En philosophie

Il existe une forme de sophisme appelée solécisme. C'est une faute de raisonnement induite, sciemment ou non, par une faute de langage. Tous les solécismes au sens philosophique (c'est-à-dire les solécismes qui sont aussi des sophismes) sont des solécismes au sens grammatical, mais la réciproque est fausse.

Sextus Empiricus, par exemple, décrit ainsi le solécisme dans ses Esquisses pyrrhoniennes (II, 22) :

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Sur ce passage, qui peut sembler obscur à un locuteur français du fait de la difficulté de traduire les jeux grammaticaux du grec ancien, Pierre Pellegrin écrit : Modèle:Citation Autrement dit, les exemples donnés par Sextus Empiricus jouent sur des ambiguïtés grammaticales afin d'exécuter des déductions logiquement erronées.

Aristote donne de cela un autre exemple dans les Réfutations sophistiques (fragment A 30 de Protagoras chez Diels-Kranz) :

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En guise d'explication de ce fragment, Jean-Paul Dumont note<ref>Les écoles présocratiques, Jean-Paul Dumont, Paris, Gallimard, 1991, p. 934.</ref> : Modèle:Citation Plus tôt dans le même ouvrage, Aristote parle ainsi du solécisme et des sophistes :

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Le solécisme trouve donc bien racine dans la grammaire, mais en l'occurrence il ne s'y limite pas :

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Autrement dit, le solécisme sophistique advient lorsqu'un solécisme grammatical (erreur syntaxique) laisse croire à une chose erronée concernant les éléments (erreur logique) que désigne cette syntaxe erronée.

Notes et références

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Voir aussi

Modèle:Autres projets Modèle:Bibliographie des figures de style

Articles connexes

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