Thémistocle
Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Personnalité militaire Thémistocle (en Modèle:Lang-grc), né vers 524 av. J.-C. à Phréarres et mort vers 459 av. J.-C. à Magnésie du Méandre, est un homme d'État et stratège athénien. Il fait partie d'un nouveau type de politiciens d'origine non aristocratique qui prend de l'importance dans les premières années de la démocratie athénienne. En tant qu'homme politique, Thémistocle est un populiste, ayant le soutien des Athéniens de classes inférieures et étant généralement en désaccord avec la noblesse athénienne. Élu archonte en 493 av. J.-C., il convainc la polis d'augmenter la puissance navale d'Athènes, thème récurrent dans sa carrière politique. Lors de la première invasion perse de la Grèce, il combat à la bataille de Marathon (490 av. J.-C.) et était peut-être l'un des dix stratèges (généraux) athéniens de cette bataille.
Dans les années qui suivent la bataille de Marathon et à l'approche de la seconde invasion perse de 480 à 479 av. J.-C., Thémistocle devient l'homme politique le plus en vue d'Athènes. Il continue à plaider pour une marine de guerre athénienne forte et, en 483 av. J.-C., il persuade les Athéniens de construire une flotte de Modèle:Unité ; celle-ci s'est avérée cruciale dans le conflit à venir avec l'Empire perse. Lors de la seconde invasion, il commande effectivement la marine alliée grecque lors des batailles de l'Artémision et de Salamine en 480 av. J.-C.. Grâce à leur ruse, les Alliés parviennent à attirer la flotte perse près de l'île de Salamine, et la victoire de la Grèce qui s'ensuit est le tournant de la guerre. L'invasion est définitivement repoussée l'année suivante après la défaite perse à la bataille de Platées.
Après la fin du conflit, Thémistocle continue sa prééminence parmi les politiciens athéniens. Cependant, il suscite l'hostilité de Sparte en ordonnant la re-fortification d'Athènes, et son arrogance perçue commence à l'aliéner des Athéniens. En 472 ou 471 av. J.-C., il est ostracisé et s'exile à Argos. Les Spartiates y voient une occasion de se débarrasser de lui et l'accusent dans le prétendu complot de 478 av. J.-C. de leur propre général Pausanias. Thémistocle s'enfuit ainsi du sud de la Grèce. [[Alexandre Ier (roi de Macédoine)|Alexandre {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:| }} }}]] de Macédoine lui donne temporairement refuge à Pydna avant qu'il se rende en Asie Mineure où il entre au service du roi perse [[Artaxerxès Ier|Artaxerxès {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:| }} }}]]. Il est nommé gouverneur de Magnésie du Méandre et y vit le reste de sa vie.
Thémistocle est mort en 459 av. J.-C., probablement de causes naturelles. Sa réputation est réhabilitée à titre posthume et il est rétabli comme un héros de la cause athénienne, voire grecque. Thémistocle peut encore raisonnablement être considéré comme Modèle:Citation face à la menace perse, comme le décrit Plutarque. Sa politique navale a également un impact durable sur Athènes, puisque la thalassocratie athénienne est devenue la pierre angulaire de l'empire athénien et de son âge d'or. Plutarque précise qu'il amène Modèle:Citation. Thucydide juge Thémistocle comme Modèle:Citation.
Biographie
Origine et famille
Thémistocle est né dans le dème attique de Phréarres vers 524 av. J.-C.. Il le fils de Néoclès, un Léontien de Phréarres<ref name="Plutarque-258">Modèle:Harvsp [lire en ligne : 258].</ref>qui, selon les mots de Plutarque, n'est qu'un Modèle:Citation<ref name="Plutarque-258" /> qui n'appartient pas à l'aristocratie. L'identité de sa mère est plus obscure : son nom serait Euterpe ou Abrotonum<ref name="Plutarque-258" />, et elle serait d'origine méconnue, certaines sources indiquant diversement Halicarnasse<ref name="Plutarque-258" />, la Thrace<ref name="Plutarque-258" /> ou l'Acarnanie. Comme beaucoup de contemporains, peu de choses sont connues sur ses premières années. Certains auteurs rapportent qu'il est indiscipliné dans son enfance et est donc désavoué par son père, ce que réfute notamment Plutarque. Ce dernier indique qu'en raison des antécédents de sa mère, Thémistocle est considéré comme un « bâtard »<ref name="Plutarque-258" />, c'est-à-dire un enfant qui n'est pas né de père et mère athéniens. En outre, sa famille semble vivre dans un quartier d'immigrants à Athènes à l'extérieur des murs de la ville<ref name="Plutarque-258" />. Dans un premier exemple de son charisme, Thémistocle parvient à persuader des enfants « bien nés » de faire du sport avec lui au Cynosarge, un gymnase, brisant ainsi la distinction social entre « bâtards » et « vrais citoyens »<ref name="Plutarque-258" />. Plutarque rapporte en outre que Thémistocle a Modèle:Citation<ref name="Plutarque-259">Modèle:Harvsp [lire en ligne : 259].</ref>. Il est préoccupé, même enfant, par son rôle possible dans la vie publique<ref name="Plutarque">Modèle:Harvsp</ref>. À l'école, son maître lui aurait dit : Modèle:Citation<ref name="Plutarque-259" />.
Thémistocle a trois fils avec Archippe, fille de Lysandre, du dème d'Alopèce : Archéptolis, Polyeucte et Cléophante<ref name="Plutarque-295-296">Modèle:Harvsp [lire en ligne : 295 et 296].</ref>. Platon mentionne Cléophante uniquement comme un Modèle:Citation<ref name="Plutarque-295-296" />. Thémistocle a également deux fils plus âgés que ces trois-là, Néoclès et Dioclès<ref name="Plutarque-295-296" />. Néoclès est mort jeune d'une morsure de cheval, et Dioclès est adopté par son grand-père maternel, Lysandre<ref name="Plutarque-295-296" />. Thémistocle eut de nombreuses filles : Modèle:Lien, issue de son second mariage, qui épouse son beau-frère Archéptolis et devient prêtresse de Cybèle<ref name="Plutarque-295-296" /> ; Italia qui s'est mariée à Panthoïde de Chios<ref name="Plutarque-295-296" />, et Sybaris mariée à Nicomède, un Athénien<ref name="Plutarque-295-296" />. Après la mort de Thémistocle, son neveu Phrasiclès se rend à Magnésie du Méandre et épouse une autre fille, Nicomaché<ref name="Plutarque-295-296" />. Phrasiclès prend ensuite en charge sa sœur Asia, la plus jeune des dix enfants de Thémistocle<ref name="Plutarque-295-296" />.
Carrière politique et militaire
Contexte
Thémistocle grandit dans une période de bouleversements à Athènes. Le tyran Pisistrate meurt en 527 av. J.-C., passant le pouvoir à ses fils, Hipparque et Hippias<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Hipparque est assassiné en 514 av. J.-C., et en réponse à cela, Hippias devient paranoïaque et commence à compter de plus en plus sur des mercenaires étrangers pour garder le pouvoir<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Le chef de la puissante, mais exilée famille des Alcméonides, Clisthène, commence à comploter pour renverser Hippias et revenir à Athènes<ref name="Holland-128-131">Modèle:Harvsp</ref>. En 510 av. J.-C., il persuade le roi spartiate [[Cléomène Ier|Cléomène {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:| }} }}]] de lancer une attaque d'envergure contre Athènes, qui réussit à renverser Hippias<ref name="Holland-128-131" />. Cependant, dans la foulée, les autres familles nobles (eupatrides) d'Athènes rejettent Clisthène, élisant Isagoras comme archonte, avec le soutien de Cléomène {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:| }} }}<ref name="Holland-128-131" />. Sur le plan personnel, Clisthène veut revenir à Athènes, cependant, il veut aussi probablement empêcher Athènes de devenir trop proche de Sparte. Manœuvrant mieux que les autres nobles, il propose au peuple athénien un programme radical dans lequel le pouvoir politique serait investi dans le peuple : une « démocratie »<ref name="Holland-128-131" />. Le peuple athénien renverse ainsi Isagoras, repousse une attaque spartiate de Cléomène {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:| }} }} et invite Clisthène à retourner à Athènes pour mettre son plan en action<ref>Modèle:Harvsp</ref>. L'instauration de la démocratie va radicalement changer Athènes selon Hérodote : Modèle:Citation.
Premières années de démocratie
Le nouveau système de gouvernement à Athènes ouvre une mine d'opportunités pour des hommes comme Thémistocle qui auparavant n'auraient pas eu accès au pouvoir<ref name="Holland-164-167">Modèle:Harvsp</ref>. De plus, les nouvelles institutions de la démocratie exigent des compétences qui n'ont jusque-là pas d'importance dans le gouvernement. Thémistocle doit se montrer maître du nouveau système : Modèle:Citation<ref name="Holland-164-167" />. Thémistocle déménage au Céramique, un quartier peu en vue d'Athènes. Cette décision le classe comme un Modèle:Citation et lui permet d'interagir plus facilement avec les citoyens ordinaires. Il commence à constituer une base de soutien parmi ces citoyens aux nouveaux pouvoirs : Modèle:Citation<ref name="Holland-164-167" />. Cependant, il prend soin de s'assurer qu'il ne s'aliène pas la noblesse d'Athènes<ref name="Holland-164-167" />. Il commence à pratiquer le droit et est la première personne à Athènes à se préparer ainsi à la vie publique<ref name="Holland-164-167" />. Sa capacité d'avocat et d'arbitre, utilisée au service des gens ordinaires, lui vaut une popularité supplémentaire<ref name="Plutarque" />.
Archontat
Thémistocle a probablement trente ans en 494 av. J.-C., ce qui le qualifie pour devenir archonte, la plus haute des magistratures d'Athènes. Fort de sa popularité, il décide manifestement de se présenter à cette fonction et est élu « archonte éponyme », la plus haute fonction gouvernementale l'année suivante (493 av. J.-C.)<ref name="Holland-164-167" />. L'archontat de Thémistocle voit les débuts d'un thème majeur dans sa carrière : le développement de la puissance maritime athénienne. Sous sa direction, les Athéniens commencent la construction d'un nouveau port au Pirée pour remplacer les installations existantes à Phalère<ref name="Holland-164-167" />. Bien que plus éloigné d'Athènes, le Pirée offre trois ports naturels et peut être fortifié<ref name="Plutarque-280-281">Modèle:Harvsp [lire en ligne : 280 et 281].</ref>.
Puisqu'Athènes doit devenir une puissance essentiellement maritime au Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle, la politique de Thémistocle a une importance énorme pour l'avenir d'Athènes, et même de la Grèce. En faisant progresser la puissance navale, Thémistocle préconise probablement une doctrine qu'il juge essentielle pour les perspectives à long terme d'Athènes<ref name="Holland-164-167" />. Cependant, comme le sous-entend Plutarque, puisque la puissance navale repose sur la mobilisation massive des citoyens ordinaires (thètes) en tant que rameurs, une telle politique met plus de pouvoir entre les mains des Athéniens moyens<ref name="Plutarque-281" />, et donc entre les mains de Thémistocle lui-même.
Première guerre médique
À la suite de la révolte de l'Ionie, le roi perse [[Darius Ier|Darius {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:| }} }}]] décide de châtier les cités grecques qui avaient apporté leur aide à ses sujets rebelles. Après avoir pris Naxos et Érétrie, l'expédition perse, sur les conseils d'Hippias qui espère reprendre le pouvoir à Athènes, débarque en 490 av. J.-C. sur la plage de Marathon. Thémistocle est alors nouvellement élu stratège et s'illustre au côté d'Aristide dans la victoire décisive à la bataille qui s'ensuit<ref name="Plutarque-Aristide">Modèle:Ouvrage.</ref>. En effet, après cinq jours de face-à-face, la phalange athénienne et platéenne écrase l'infanterie perse qui prend la fuite et rembarque au prix de lourdes pertes. L'armée grecque se replie alors rapidement sur Athènes pour empêcher le débarquement de l'autre partie du corps expéditionnaire perse à Phalère. Cette victoire met fin à la première guerre médique.
Rivalité avec Aristide
Après la bataille de Marathon, probablement en 489 av. J.-C., Miltiade, le héros de la bataille, est grièvement blessé dans une tentative avortée de prise de Páros. Profitant de son incapacité, la puissante famille des Alcméonides s'arrange pour qu'il soit poursuivi<ref name="Holland-214-217">Modèle:Harvsp</ref>. L'aristocratie athénienne, et même les aristocrates grecs en général, répugnent à voir une personne si prééminente, et de telles manœuvres sont alors monnaie courante<ref name="Holland-214-217" />. Miltiade reçoit une amende massive pour le crime d'avoir Modèle:Citation, mais meurt des semaines plus tard des suites de sa blessure<ref name="Holland-214-217" />. À la suite de cette poursuite, le peuple athénien choisi d'utiliser une nouvelle institution de la démocratie, qui fait partie des réformes clisthéniennes, mais est restée jusqu'à présent inutilisée<ref name="Holland-214-217" />. C'est l'« ostracisme » où chaque citoyen athénien doit écrire sur un tesson de poterie (ostrakon) le nom d'une personnalité politique qu'il souhaite voir exilée pour une période de dix ans<ref name="Holland-214-217" />. Cela peut avoir été déclenché par les poursuites envers Miltiade et utilisé par les Athéniens pour tenter d'arrêter de tels jeux de pouvoir parmi les familles nobles<ref name="Holland-214-217" />. Ce qui est sûr, c'est que dans les années qui suivirent, les chefs des grandes familles, dont les Alcméonides, sont exilés<ref name="Holland-214-217" />. La carrière d'un homme politique à Athènes devient ainsi plus difficile, car déplaire à la population risquait de conduire à l'exil<ref name="Holland-214-217" />.
Thémistocle, avec sa base de pouvoir fermement établie parmi les pauvres, agit naturellement pour combler le vide laissé par la mort de Miltiade et, au cours de cette décennie, devient l'homme politique le plus influent d'Athènes<ref name="Holland-214-217" />. Cependant, la noblesse commence à s'unir autour de l'homme qui allait devenir le grand rival de Thémistocle, Aristide<ref name="Holland-217-219">Modèle:Harvsp</ref>. Aristide est présenté comme l'opposé de Thémistocle : vertueux, honnête et incorruptible ; et ses partisans l'appelaient « le juste »<ref name="Holland-217-219" />.
Au cours de la décennie, Thémistocle continue à préconiser l'expansion de la puissance navale athénienne. Les Athéniens sont certainement conscients tout au long de cette période que l'intérêt perse pour la Grèce n'est pas terminé : le fils et successeur de Darius, [[Xerxès Ier|Xerxès {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:| }} }}]], poursuivant des préparatifs d'une nouvelle tentative d'invasion de la Grèce<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Thémistocle semble se rendre compte que pour que les Grecs survivent à l'assaut à venir, il faut une marine grecque capable d'espérer affronter la marine perse, et il tente donc de persuader les Athéniens de construire une telle flotte<ref name="Holland-164-167" />,<ref name="Holland-214-217" />. Aristide, en tant que champion des zeugites (de classe supérieure : la « classe des hoplites ») s'est vigoureusement opposé à une telle politique<ref name="Holland-217-219" />.
En 483 av. J.-C., un nouveau filon massif d'argent est découvert dans les mines du Laurion<ref name="Plutarque-262">Modèle:Harvsp [lire en ligne : 262].</ref>. Thémistocle propose que l'argent acquis soit utilisé pour construire une nouvelle flotte de Modèle:Unité, tandis qu'Aristide suggère qu'il soit plutôt distribué aux citoyens athéniens<ref name="Holland-219-222">Modèle:Harvsp</ref>. Thémistocle évite de mentionner la Perse, estimant qu'il s'agit d'une menace trop éloignée pour que les Athéniens agissent, et concentre plutôt son attention sur Égine<ref name="Plutarque-262" />. À l'époque, Athènes est impliquée dans une guerre de longue date avec cette cité et la construction d'une flotte permettrait aux Athéniens de la vaincre enfin en mer<ref name="Plutarque-262" />. En conséquence, le discours de Thémistocle porte facilement, bien que seulement Modèle:Unité trières sont construites<ref name="Plutarque-262" />. Aristide refuse d'approuver cela, et à l'inverse Thémistocle n'est pas content que si peu de navires soient construits<ref name="Holland-219-222" />. La tension entre les deux camps s'accentue au cours de l'hiver, de sorte que l'ostracisme de 482 av. J.-C. devient un concours direct entre Thémistocle et Aristide<ref name="Holland-219-222" />. Dans ce qui a été vu comme le premier « référendum », Aristide est ostracisé et les politiques de Thémistocle sont approuvées<ref name="Holland-219-222" />. En effet, prenant conscience des préparatifs perses pour l'invasion à venir, les Athéniens votent pour la construction de plus de navires que Thémistocle n'a initialement demandé<ref name="Holland-219-222" />. À l'approche de l'invasion perse, Thémistocle est ainsi devenu le principal homme politique d'Athènes<ref name="Plutarque" />.
Seconde guerre médique
Les Athéniens, craignant l'immense armée perse, vont d'abord consulter l'oracle d'Apollon à Delphes. Aristonicé, la pythie de Delphes, leur conseille en premier lieu de partir aux extrémités du monde<ref name="Hérodote-VII-131-132">Modèle:Harvsp (livre VII) [lire en ligne : 131 et 132].</ref>. Cela effraie encore plus les Athéniens, pour qui abandonner Athènes sans se battre est presque inimaginable. Ils décident donc de la consulter une deuxième fois<ref name="Hérodote-VII-131-132" />. Elle leur conseille alors de se réfugier « derrière une muraille de bois ». Les Athéniens sont divisés et une partie pense alors à se protéger grâce aux fortifications en bois de l'Acropole. Thémistocle conseille plutôt aux Athéniens de se préparer à un combat naval, car cette muraille de bois signifie la flotte<ref name="Hérodote-VII-131-132" />,<ref name="Plutarque-269">Modèle:Harvsp [lire en ligne : 269].</ref>.
En 481 av. J.-C., un « congrès » des cités-États grecques a lieu au cours duquel une alliance est formée contre l'invasion à venir. Les Spartiates et les Athéniens sont les principales forces dans cette alliance, étant les ennemis jurés des Perses. Les Spartiates revendiquent le commandement des forces terrestres, et puisque la flotte grecque alliée est dominée par Athènes, Thémistocle tente de revendiquer le commandement des forces navales<ref name="Holland-226">Modèle:Harvsp</ref>. Cependant, les autres puissances navales, dont Corinthe et Égine, refuse de donner le commandement aux Athéniens et Thémistocle fait pragmatiquement marche arrière<ref name="Holland-226" />. En guise de compromis, les Spartiates (une puissance navale insignifiante), en la personne d'Eurybiade, commande les forces navales<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Il ressort clairement d'Hérodote, cependant, que Thémistocle est le véritable chef de la flotte alliée.
Le « congrès » se réunit à nouveau au printemps de l'année 480 av. J.-C.. Une délégation thessalienne suggère que les alliés grecs peuvent se rassembler dans l'étroite vallée de Tempé, aux confins de la Thessalie, et ainsi bloquer l'avancée de Xerxès<ref name="Holland-248-249">Modèle:Harvsp</ref>. Un contingent de Modèle:Unité est envoyé sous le commandement du polémarque spartiate Euenetus et de Thémistocle à cet endroit où ils pensent que l'armée perse doit traverser. Cependant, une fois là-bas, [[Alexandre Ier (roi de Macédoine)|Alexandre {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:| }} }}]] de Macédoine les avertit que la vallée peut être contournée par plusieurs autres cols et que l'armée de Xerxès est extrêmement nombreuse ; ainsi les Grecs se retirent. Peu de temps après, ils reçoivent la nouvelle que Xerxès avait traversé les Dardanelles (Hellespont)<ref name="Holland-248-249" /> sur des ponts de fortune faits de bateaux accrochés entre eux.
Thémistocle développe alors une seconde stratégie. La route vers le sud de la Grèce (Béotie, Attique et Péloponnèse) oblige l'armée de Xerxès à traverser le passage très étroit des Thermopyles<ref name="Holland-255-257">Modèle:Harvsp</ref>. Cela peut facilement être bloqué par les hoplites grecs malgré le nombre écrasant de Perses. De plus, pour empêcher les Perses de contourner les Thermopyles par la mer, les marines athéniennes et alliées peuvent bloquer la zone du cap Artémision<ref name="Holland-255-257" />. Cependant, après la « débâcle » de la vallée de Tempé, il n'est pas certain que les Spartiates soient prêts à quitter à nouveau le Péloponnèse<ref name="Holland-251-255">Modèle:Harvsp</ref>. Pour persuader les Spartiates de défendre l'Attique, Thémistocle doit leur montrer que les Athéniens sont prêts à faire tout le nécessaire pour le succès de l'alliance. Concrètement, toute la flotte athénienne doit être envoyée au cap Artémision.
Pour ce faire, chaque homme athénien valide serait tenu de constituer l'équipage des navires. Cela signifie que les Athéniens doivent se préparer à abandonner Athènes<ref name="Holland-251-255" /> et persuader les Athéniens de faire ce choix est sans aucun doute l'un des moments forts de la carrière de Thémistocle<ref name="Plutarque" />. Comme le dit Holland : Modèle:Citation<ref name="Holland-251-255" />.
Ses propositions acceptées, Thémistocle ordonne que les femmes et les enfants d'Athènes soient envoyés dans la ville de Trézène, en toute sécurité à l'intérieur du Péloponnèse, derrière l'isthme de Corinthe. Il peut alors se rendre à une réunion des alliés grecs, au cours de laquelle il propose sa stratégie : avec la flotte athénienne pleinement engagée dans la défense de la Grèce, les autres Alliés acceptent logiquement ses propositions<ref name="Holland-255-257" />.
Bataille de l'Artémision
Ainsi, en août 480 av. J.-C., alors que l'armée perse approche de la Thessalie, la flotte alliée grecque navigue vers le cap Artémision et l'armée alliée grecque marche elle vers les Thermopyles<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Thémistocle prend lui-même le commandement du contingent athénien de la flotte et se rend sur place. Lorsque la flotte perse arrive finalement après un retard important, Eurybiade, le général spartiate qui, selon Hérodote et Plutarque, n'est pas le commandant le plus charismatique qu'il soit, souhaite s'éloigner sans combattre<ref name="Plutarque" />. Il est en effet effrayé en voyant l'importance numérique de la flotte de Modèle:Souverain2 et préconise de battre en retraite, sans doute aussi pour protéger sa patrie d'origine, le Péloponnèse. La population locale propose une somme d'argent à Thémistocle pour que la flotte reste au cap Artémision, et il en utilise une partie pour soudoyer Eurybiade pour qu'il reste, tout en empochant le reste<ref>Modèle:Harvsp</ref>. À partir de ce moment, Thémistocle semble avoir été plus ou moins responsable de l'effort allié dans cette bataille<ref name="Plutarque" />.
Pendant trois jours de bataille, la flotte alliée grecque tient tête à la flotte perse beaucoup plus importante, tout en subissant des pertes importantes<ref name="Hérodote-VIII-183">Modèle:Harvsp (livre VIII) [lire en ligne : 183].</ref>. Sur le continent, l'armée grecque est battue aux Thermopyles et les Perses s'emparent de la Béotie, puis de l'Attique, rendant la présence de la flotte alliée grecque continue au cap Artémision sans importance, et partent donc<ref name="Hérodote-VIII-183" />. Les femmes et les enfants d'Athènes sont envoyés en sécurité à Trézène, Égine et Salamine<ref name="Hérodote-VIII-193">Modèle:Harvsp (livre VIII) [lire en ligne : 193].</ref>. Selon Hérodote, Thémistocle laisse des messages à chaque endroit où la flotte perse peut s'arrêter pour se ravitailler en eau douce, demandant aux Ioniens de la flotte perse de faire défection, ou du moins de ne pas vraiment se battre<ref name="Hérodote-VIII-185-186">Modèle:Harvsp (livre VIII) [lire en ligne : 185 et 186].</ref>. Même si cela ne fonctionne pas, Thémistocle a apparemment l'intention de créer des dissensions dans les rangs perses<ref name="Hérodote-VIII-185-186" />.
Bataille de Salamine
Au lendemain des Thermopyles, la Béotie tombe aux mains des Perses qui rasent Thespies et Platées et avancent alors sur Athènes<ref name="Hérodote-VIII-196">Modèle:Harvsp (livre VIII) [lire en ligne : 196].</ref>. Les alliés grecs, principalement des Péloponnésiens, préparent la défense de l'isthme de Corinthe<ref name="Hérodote-VIII-199">Modèle:Harvsp (livre VIII) [lire en ligne : 199].</ref>, abandonnant ainsi Athènes aux Perses<ref name="Hérodote-VIII-199" />. Depuis le cap Artémision, la flotte alliée grecque navigue vers l'île de Salamine où les navires athéniens aident à l'évacuation finale d'Athènes. Les contingents du Péloponnèse souhaitent naviguer vers la côte de l'isthme pour concentrer les forces avec l'armée<ref name="Holland-302-303">Modèle:Harvsp</ref>, mais Thémistocle tente de les convaincre de rester dans le détroit de Salamine situé entre l'Attique et l'île de Salamine<ref name="Hérodote-VIII-200" />, invoquant les leçons de la bataille de l'Artémision : Modèle:Citation<ref name="Hérodote-VIII-200">Modèle:Harvsp (livre VIII) [lire en ligne : 200].</ref>. Il ajoute Modèle:Citation<ref name="Holland-302-303" />. Après avoir menacé de naviguer avec tout le peuple athénien en exil en Sicile Modèle:Incise, il persuade finalement ses autres alliés, dont la sécurité repose après tout sur la marine athénienne, d'accepter son plan<ref name="Hérodote-VIII-200" />. Par conséquent, même après qu'Athènes soit tombée aux mains des soldats de [[Xerxès Ier|Xerxès {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:| }} }}]] qui détruisent la cité et que la marine perse soit arrivée au large de Salamine, la marine alliée grecque reste dans le détroit. Thémistocle semble avoir eu pour objectif de mener une bataille qui pourrait paralyser la marine perse et garantir ainsi la sécurité du Péloponnèse<ref name="Holland-302-303" />.
Pour provoquer cette bataille, Thémistocle utilise un mélange astucieux de subterfuge et de désinformation, exploitant psychologiquement le désir de Xerxès {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:| }} }} de finir son invasion<ref name="Holland-310-315">Modèle:Harvsp</ref>. Les actions du roi perse indiquent qu'il tient à terminer la conquête de la Grèce en 480 av. J.-C., et pour ce faire, il a besoin d'une victoire décisive sur la flotte alliée<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Thémistocle envoie un serviteur, Sicinnos, à Xerxès {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:| }} }} avec un message proclamant que Thémistocle est Modèle:Citation et Modèle:Citation<ref name="Hérodote-VIII-208">Modèle:Harvsp (livre VIII) [lire en ligne : 208].</ref>. Thémistocle affirme que les commandants grecs alliés se disputent, que les Péloponnésiens prévoient d'évacuer cette nuit-là et que pour remporter la victoire, tout ce que les Perses doivent faire c'est de bloquer le détroit<ref name="Hérodote-VIII-208" />. En exécutant cette ruse de guerre, Thémistocle semble avoir tenté d'attirer la flotte perse dans le détroit<ref name="Holland-310-315" />. Le message a également un objectif secondaire, à savoir qu'en cas de défaite des Grecs, les Athéniens puissent recevoir un certain degré de pitié du roi perse<ref name="Holland-310-315" />. Dans tous les cas, c'est exactement le genre de nouvelles que Xerxès {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:| }} }} souhaite entendre<ref name="Holland-310-315" /> et la flotte perse est envoyée dans le détroit. Peut-être trop confiante et n'attendant aucune résistance, la marine perse entre dans le détroit<ref>Modèle:Harvsp</ref> seulement pour constater que, loin de se désintégrer, la marine alliée grecque est prête pour livrer le combat<ref>Modèle:Harvsp</ref>.
Selon Hérodote, après que la marine perse commence ses manœuvres, Aristide arrive au camp allié depuis Égine<ref name="Hérodote-VIII-209-210">Modèle:Harvsp (livre VIII) [lire en ligne : 209 et 210].</ref>. Aristide avait été rappelé d'exil avec les autres Athéniens ostracisés sur l'ordre de Thémistocle, afin qu'Athènes puisse être unie contre les Perses<ref name="Hérodote-VIII-209-210" />. Aristide indique à Thémistocle que la flotte perse encercle la flotte alliée grecque, ce qui indique à Thémistocle que les Perses sont tombés dans son piège. Les commandants grecs semblent également avoir plutôt bien pris cette nouvelle, ce qui suggère qu'ils sont dans la confidence de la ruse de Thémistocle<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Quoi qu'il en soit, les Grecs se préparent au combat et Thémistocle prononce un discours devant les hommes avant qu'ils n'embarquent sur les navires. Dans la bataille qui suit, le côté exiguë du fin détroit gêne la marine perse beaucoup plus importante et qui se désorganise, et les Alliés grecs en profitent pour remporter une victoire décisive<ref>Modèle:Harvsp</ref>.
Salamine est le tournant de la seconde guerre médique et des guerres médiques en général<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Bien que la bataille ne met pas fin à l'invasion perse, elle assure effectivement que toute la Grèce ne soit pas conquise et permet aux Alliés grecs de passer à l'offensive en 479 av. J.-C.. Un certain nombre d'historiens estiment que la bataille de Salamine est l'une des batailles les plus importantes de l'histoire humaine<ref>Modèle:Harvsp</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Étant donné que le plaidoyer de longue date de Thémistocle pour la puissance navale athénienne permet à la flotte alliée de se battre et que son stratagème provoque la victorieuse bataille de Salamine, il n'est probablement pas exagéré de dire, comme le fait Plutarque, que Thémistocle Modèle:Citation<ref name="Plutarque" />.
Automne et hiver des années 480 et 479 av. J.-C.
La victoire alliée à Salamine met fin à la menace immédiate pesant sur la Grèce, et Xerxès {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:| }} }} retourne en Asie avec le plus gros de ses forces dans la crainte que les Grecs ne piègent son armée en Europe<ref name="Hérodote-VII-75-76" />. L'autre partie de son armée est placée sous les ordres de son général Mardonios afin de tenter d'achever la conquête<ref name="Hérodote-VII-75-76">Modèle:Harvsp (livre VII) [lire en ligne : 75 et 76].</ref>. Mardonios hiverne en Béotie et en Thessalie, et les Athéniens peuvent ainsi retourner dans leur ville, qui a été mise à sac et rasée par les Perses<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Pour les Athéniens, et Thémistocle personnellement, l'hiver est éprouvant. Les Péloponnésiens refusent d'accepter de marcher au nord de l'isthme de Corinthe pour combattre l'armée perse et les Athéniens essayent d'infléchir leur position, sans succès<ref name="Holland-332-335">Modèle:Harvsp</ref>.
Au cours de l'hiver, les cités-États grecques tiennent une réunion à Corinthe pour célébrer leur succès et décerner des prix pour leurs réalisations. Cependant, peut-être indisposées par les Athéniens qui soulignent leur rôle à Salamine et demandent une nouvelle action contre les Perses, elles décernent le prix de l'accomplissement civique à Égine<ref name="Holland-332-335" />,<ref name="Plutarque-278" />. De plus, bien que les amiraux votent tous pour Thémistocle à la deuxième place, ils votent tous pour eux-mêmes à la première place, de sorte que personne ne remporte le prix de l'accomplissement individuel<ref name="Plutarque-278" />. En réponse, réalisant l'importance de la flotte athénienne pour leur sécurité et cherchant probablement à satisfaire l'ego de Thémistocle, les Spartiates l'invitent à Sparte<ref name="Holland-332-335" />,<ref name="Plutarque-278" />. Là, il reçoit un prix spécial Modèle:Citation et les éloges de tous<ref name="Plutarque-278">Modèle:Harvsp [lire en ligne : 278].</ref>. De plus, Plutarque rapporte qu'aux Jeux olympiques suivants : Modèle:Citation<ref name="Plutarque-278" />.
Après son retour à Athènes en hiver, Plutarque rapporte que Thémistocle fait une proposition à la ville alors que la flotte grecque hiverne à Pagases<ref name="Plutarque-281">Modèle:Harvsp [lire en ligne : 281].</ref> : Modèle:Citation<ref name="Plutarque-281" />.
Printemps et été de l'année 479 av. J.-C.
Comme cela est arrivé à de nombreuses personnalités éminentes de la démocratie athénienne, les concitoyens de Thémistocle deviennent jaloux de son succès et peut-être lassés de sa vantardise<ref name="Holland-332-335" />. Il est probable qu'au début de l'année 479 av. J.-C., Thémistocle se voit retirer son commandement et c'est Xanthippe Modèle:Incise qui commande la flotte athénienne et Aristide les forces terrestres<ref name="Holland-332-335" />. Bien que Thémistocle soit sans aucun doute politiquement et militairement actif pendant le reste de la campagne, aucune mention de ses activités en 479 av. J.-C. n'est faite dans les sources anciennes<ref>Modèle:Harvsp</ref>.
Au cours de l'été de cette année-là, après la réception d'un ultimatum athénien, les Péloponnésiens acceptent finalement de rassembler une armée et de marcher pour affronter Mardonios, qui a envahi l'Attique et détruit Athènes une seconde fois en juin<ref name="Hérodote-IX-244">Modèle:Harvsp (livre IX) [lire en ligne : 244].</ref>. Lors de la décisive bataille de Platées, les alliés Grecs détruisent l'armée perse Modèle:Incise, tandis qu'apparemment le même jour, la marine alliée grecque détruit les restes de la flotte perse lors de la bataille du cap Mycale en Ionie<ref name="Holland-358-359">Modèle:Harvsp</ref>. Cette double victoire complète le triomphe des Grecs et mettent fin à la menace perse contre la Grèce<ref name="Holland-358-359" />.
Reconstruction d'Athènes
Quelle que soit la cause de l'impopularité de Thémistocle en 479 av. J.-C., cela ne dure pas longtemps. Diodore de Sicile et Plutarque suggèrent qu'il semble avoir connu une période de popularité relativement longue<ref name="Diodore de Sicile" />.
Au lendemain de l'invasion et de la destruction d'Athènes par les Achéménides, les Athéniens commencent à reconstruire leur ville sous la direction de Thémistocle à l'automne de l'année 479 av. J.-C.. Ils souhaitent restaurer les fortifications d'Athènes mais les Spartiates s'y opposent au motif qu'aucun endroit au nord de l'isthme ne doit pouvoir être potentiellement utilisé par les Perses comme forteresse<ref name="Diodore de Sicile" />. Thémistocle exhorte les citoyens à construire les fortifications le plus rapidement possible, puis se rendit à Sparte en tant qu'ambassadeur pour répondre aux accusations portées par les Spartiates. Là, il leur assure qu'aucun travail de construction n'est en cours et demande l'envoi d'émissaires à Athènes pour le constater par eux-mêmes<ref name="Diodore de Sicile" />. Au moment où ces derniers arrivent, les Athéniens ont fini de construire et sont mis devant le fait accompli, puis mettent au fer les Spartiates lorsqu'ils se plaignent de la présence des fortifications<ref name="Diodore de Sicile" />. Avec le recul, Thémistocle en faisant traîner les discussions en longueur, a donné aux Athéniens suffisamment de temps pour fortifier la ville, et ainsi conjurer toute attaque spartiate visant à empêcher la nouvelle fortification d'Athènes. De plus, les Spartiates sont obligés de rapatrier Thémistocle afin de libérer leurs propres ambassadeurs<ref name="Diodore de Sicile" />. Cependant, cet épisode créer un passif qui marque le début de la méfiance spartiate envers Thémistocle.
Pour renforcer les murs de l'Acropole, les Athéniens réutilisent les ruines de l'ancien Parthénon et de l'ancien temple d'Athéna. Le « mur de Thémistocle », entourant la ville basse, est construit pour se défendre contre une nouvelle invasion. Une grande partie de ces efforts de construction est réalisée à l'aide de spolia, les restes des destructions du conflit précédent.
Thémistocle s'emploie dès lors à garantir la sécurité d'Athènes, en poursuivant sa politique maritime et en développant des entreprises plus ambitieuses qui augmentent la position dominante de son État natal<ref name="Diodore de Sicile" />. Il étend et fortifie le complexe portuaire du Pirée<ref name="Diodore de Sicile" /> et Modèle:Citation. Thémistocle vise probablement à faire d'Athènes la puissance navale dominante de la mer Égée<ref name="Diodore de Sicile" />. En effet, Athènes créée en 478 av. J.-C. la suite la Ligue de Délos en 478 av. J.-C., unissant la puissance navale des îles de la mer Égée et de l'Ionie sous la direction athénienne<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Thémistocle introduit des allégements fiscaux pour les marchands et les artisans, pour attirer à la fois une main d'œuvre qualifiée et favoriser le commerce dans la ville afin de faire d'Athènes un grand nœud de commerce<ref name="Diodore de Sicile" />. Il demande également aux Athéniens de construire vingt trières par an pour s'assurer que leur domination dans les affaires navales se poursuivent<ref name="Diodore de Sicile" />. Plutarque rapporte que Thémistocle propose également secrètement de détruire les navires étrangers qui s'échouent dans leur zone d'influence pour assurer une domination navale complète, mais cela est rejeté par Aristide et le conseil d'Athènes.
Ostracisme
Malgré les services rendus à sa patrie, il semble clair que, vers la fin de la décennie, Thémistocle commence à accumuler un nombre important d'ennemis et passe pour arrogant. Ses concitoyens deviennent jaloux ou craintif de son prestige et de son pouvoir<ref name="Plutarque-283-284">Modèle:Harvsp [lire en ligne : 283 et 284].</ref>,<ref name="Diodore de Sicile" />. Le poète Timocréon de Rhodes est parmi ses ennemis les plus éloquents, composant des scolies calomnieuses<ref name="Plutarque-282-283-284">Modèle:Harvsp [lire en ligne : 282, 283 et 284].</ref>. Pendant ce temps, les Spartiates agissent activement contre lui, essayant de placer Cimon (fils de Miltiade) comme rival de Thémistocle. De plus, après la trahison et la disgrâce du général spartiate Pausanias, les Spartiates tentent d'impliquer Thémistocle dans le complot, sans réussite. À Athènes même, il perd du crédit en construisant un sanctuaire pour Artémis, avec l'épithète Aristobule (« de bon conseil »), près de chez lui dans le quartier de Mélité<ref name="Plutarque-283-284" />. Il s'agit d'une référence flagrante à son propre rôle dans la délivrance de la Grèce de l'invasion perse<ref name="Plutarque-283-284" />. Finalement, en 472 ou 471 av. J.-C., il est ostracisé<ref name="Plutarque-283-284" />,<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} John F. Barrett, « The Downfall of Themistocles », Roman and Byzantine Studies, 1977 ; 18, 4. Modèle:Lire en ligne</ref>. En soi, cela ne signifie pas que Thémistocle a fait quelque chose de mal car l'ostracisme, selon Plutarque, Modèle:Citation<ref name="Plutarque-283-284" />.
Thémistocle se réfugie dans un premier temps à Argos<ref name="Plutarque-284-285">Modèle:Harvsp [lire en ligne : 284 et 285].</ref>. Cependant les Spartiates, percevant qu'ils ont maintenant une excellente occasion de « faire tomber » Thémistocle pour de bon, portent de nouveau des accusations de complicité de Thémistocle dans la trahison de Pausanias. Ils exigent qu'il soit jugé par un « Congrès des Grecs », plutôt qu'à Athènes, bien qu'il semble qu'en fin de compte, il ait été effectivement convoqué à Athènes pour y être jugé<ref name="Plutarque-284-285" />. Réalisant peut-être qu'il a peu d'espoir de survivre à ce procès, Thémistocle s'enfuit, d'abord à Corfou (Corcyre) où il avait autrefois exercé le rôle d'arbitre dans une querelle avec Corinthe<ref name="Plutarque-284-285" />, puis en Épire auprès d'Admète, roi des Molosses<ref name="Plutarque-284-285" />. La fuite de Thémistocle ne sert probablement qu'à convaincre ses accusateurs de sa culpabilité, et il est déclaré traître à Athènes, ses biens devant être confisqués<ref name="Plutarque" />. Diodore de Sicile et Plutarque considèrent tous deux que les accusations sont fausses et faites uniquement dans le but de détruire Thémistocle<ref name="Plutarque" />. Les Spartiates envoient des émissaires auprès d'Admète, menaçant que toute la Grèce entrerait en guerre avec les Molosses à moins qu'ils ne livrent Thémistocle<ref name="Diodore de Sicile" />. Admète, cependant, permet à Thémistocle de s'échapper, lui donnant une grosse somme d'or pour l'aider sur son chemin. Thémistocle s'enfuit alors de Grèce, apparemment pour ne jamais revenir, mettant ainsi fin à sa carrière politique.
Vie ultérieure dans l'empire achéménide, mort et descendants
D'Épire, Thémistocle s'enfuie apparemment à Pydna d'où il prend un bateau pour l'Asie Mineure (Anatolie)<ref name="Plutarque-287">Modèle:Harvsp [lire en ligne : 287].</ref>. Ce navire est poussé par une tempête à Naxos, qu'une flotte athénienne est en train d'assiéger<ref name="Plutarque-287" />. Désireux d'éviter les autorités judiciaires, Thémistocle, qui voyage sous une fausse identité, se révèle au capitaine du bateau et le menace de dire aux Athéniens qu'il a soudoyé le navire pour le prendre s'il n'est pas mis en sécurité<ref name="Plutarque-287" />. Selon Thucydide, qui a écrit de mémoire d'homme sur les événements, le navire rejoint finalement Éphèse en toute sécurité, où Thémistocle débarque. Plutarque fait lui amarrer le navire à Cymé en Éolide<ref name="Plutarque-287" />, tandis que Diodore n'indique pas comment Thémistocle se rend en Asie. Diodore et Plutarque racontent ensuite une histoire similaire, à savoir que Thémistocle reste brièvement avec une connaissance (Lysithèides ou Nicogène) qui connait également le roi perse, [[Artaxerxès Ier|Artaxerxès {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:| }} }}]]<ref name="Plutarque-288-289">Modèle:Harvsp [lire en ligne : 288 et 289].</ref>. Puisqu'il y a une prime sur la tête de Thémistocle, cette connaissance conçoit un plan pour transporter en toute sécurité Thémistocle au roi perse dans une sorte de cariole couverte dans laquelle les concubines du roi voyagent. Les trois chroniqueurs conviennent que la prochaine action de Thémistocle est de contacter le roi perse : selon Thucydide, c'est par lettre, tandis que Plutarque et Diodore indique une rencontre en face à face avec le roi<ref name="Plutarque-288-289" />. L'esprit est pourtant le même dans les trois : Thémistocle se présente au roi et cherche à entrer à son service<ref name="Plutarque-290">Modèle:Harvsp [lire en ligne : 290].</ref> : Modèle:Citation<ref name="Plutarque-290" />.
[[Fichier:William Rainey, Thermistocles at the Persian court.jpg|thumb|upright|Illustration de William Rainey montrant Thémistocle devant le roi [[Artaxerxès Ier|Artaxerxès {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:| }} }}]].]]
Thucydide et Plutarque indiquent que Thémistocle demande une année de grâce pour apprendre la langue et les coutumes des Perses, après quoi il servirait le roi, et Artaxerxès le lui accorde<ref name="Plutarque-291-292">Modèle:Harvsp [lire en ligne : 291 et 292].</ref>. Plutarque ajoute que, comme il est possible de l'imaginer, Artaxerxès {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:| }} }} est ravi qu'un ennemi aussi dangereux et illustre vienne le servir, allant jusqu'à crier Modèle:Citation pendant son sommeil<ref name="Plutarque-291-292" />.
À un certain moment de ses voyages, la femme et les enfants de Thémistocle sont exfiltrés d'Athènes par un ami et le rejoignent en exil<ref name="Plutarque-286">Modèle:Harvsp [lire en ligne : 286].</ref>. Ses amis réussissent également à lui envoyer beaucoup de ses biens, bien que jusqu'à cent talents de ses biens lui sont confisqués par les Athéniens<ref name="Plutarque" />. Quand, après un an, Thémistocle revient à la cour du roi, il semble avoir un impact immédiat, et Modèle:Citation. Plutarque raconte que Modèle:Citation<ref name="Plutarque" />. Thémistocle conseille le roi sur ses relations avec les Grecs, bien qu'il semble que pendant une longue période, le roi soit distrait par des événements ailleurs dans l'Empire, et ainsi Thémistocle Modèle:Citation<ref name="Plutarque-294">Modèle:Harvsp [lire en ligne : 294].</ref>. Il est nommé gouverneur du district de Magnésie sur le fleuve Méandre en Asie Mineure, et se voit attribuer les revenus de trois villes : Magnésie du Méandre (environ Modèle:Unité par an — « pour le pain »), Myonte (« pour Modèle:Lien » — la base des repas) et Lampsaque (« pour le vin »)<ref name="Plutarque-292-293">Modèle:Harvsp [lire en ligne : 292 et 293].</ref>. Selon Plutarque, Néanthès de Cyzique et Phanias en signalent deux autres, la ville de Scepsis (« pour les vêtements ») et la ville de Percote (« pour la literie et les meubles de sa maison »), toutes deux près de Lampsaque.
Exil grec chez les Perses
Thémistocle est l'un des nombreux aristocrates grecs qui se réfugient dans l'Empire achéménide à la suite de renversements chez eux. D'autres célèbres personnalités étant Hippias, Démarate de Sparte, Modèle:Lien ou plus tard Alcibiade<ref name="MM">Modèle:Ouvrage.</ref>. En général, ceux-ci sont généreusement accueillis par les rois achéménides et reçoivent des concessions de terres pour les soutenir, régnant ainsi sur diverses villes d'Asie Mineure<ref name="MM" />. À l'inverse, certains satrapes achéménides sont accueillis en exil dans les cours occidentales, comme Artabaze<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref name="EDC">Modèle:Ouvrage.</ref>.
Premier portrait d'un souverain sur une monnaie
Les pièces de monnaie sont les seuls documents contemporains restants de l'époque de Thémistocle<ref name="TAM" />. Tandis que bon nombre des premières pièces de monnaie de l'Antiquité affichent les images de divers dieux ou des symboles, les premiers portraits de véritables dirigeants n'apparaissent qu'au Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle. Thémistocle est probablement le premier souverain à émettre des pièces de monnaie avec son portrait personnel, en tant que gouverneur achéménide de Magnésie en 465-459 av. J.-C.<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Thémistocle se trouvait peut-être dans une position unique où il pouvait transférer la notion de portrait individuel, déjà courante dans le monde grec, et en même temps exercer un pouvoir dynastique qui lui permettant d'émettre ses propres pièces et de les illustrer comme bon lui semblait<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Cependant, il est aussi possible que ses pièces de monnaie aient représenté Zeus plutôt que lui-même<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Au cours de sa vie, Thémistocle est connu pour avoir érigé deux statues à lui-même, l'une à Athènes et l'autre à Magnésie du Méandre, ce qui donne du crédit à la possibilité qu'il se soit également illustré sur ses pièces<ref name="TAM19" />. La statue de Thémistocle à Magnésie du Méandre a illustrée le revers de certaines des pièces magnésiennes de l'empereur romain Antonin le Pieux au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle<ref name="TAM19">Modèle:Article.</ref>.
Les dirigeants de Lycie, producteurs prolifiques de pièces de monnaie, ont suivi son exemple vers la fin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle en affichant le portrait de leurs dirigeants<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref name="SW">Modèle:Ouvrage.</ref>. À partir de l'époque d'Alexandre le Grand, le portrait du souverain émetteur devient une caractéristique standard et généralisée de la monnaie<ref name="SW" />.
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Pièce de Thémistocle en tant que gouverneur de Magnésie (vers 465-459 av. J.-C.). Avers : grain d'orge et lettres « ΘΕ » à gauche. Revers : portrait possible de Thémistocle.
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Didrachme de Thémistocle en Magnésie. Avers : Apollon debout en chlamyde, légende autour : ΘΕΜΙΣΤΟΚ-ΛΕΟΣ (Themistokles). Revers : aigle avec les lettres « MA » (Magnesia)<ref name="TAM">Modèle:Article.</ref>.
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Hémiobole de Thémistocle en Magnésie (vers 465-459 av. J.-C.) où il est montré portant un bonnet serré avec une couronne d'olivier (une coiffe similaire peut être vue sur la monnaie de Modèle:Lien)<ref name="HC19">Modèle:Article.</ref>. Cela reflète peut-être les bonnets des satrapes achéménides, comme on le voit dans la Modèle:Lien<ref>Modèle:Article.</ref>. Les initiales « ΘΕ » sont visibles autour du portrait et au revers<ref name="HC19" />.
Mort
Thémistocle meurt à Magnésie du Méandre en 459 av. J.-C., à l'âge de Modèle:Unité<ref name="Plutarque-295" />. Selon Thucydide, de causes naturelles, mais, peut-être inévitablement, il y a aussi des rumeurs entourant sa mort, disant Modèle:Citation<ref name="Thucydide-144" /> et que ne voulant pas suivre l'ordre du roi de faire la guerre à Athènes Modèle:Incise, il s'est suicidé en prenant du sang de taureau ou du poison<ref name="Plutarque-295">Modèle:Harvsp [lire en ligne : 295].</ref>. Plutarque fournit la version la plus évocatrice de cette histoire : Modèle:Citation bloc
La rumeur dit qu'après sa mort, les os de Thémistocle sont transportés en Attique conformément à ses souhaits et enterrés en secret dans son sol natal<ref name="tomb" />. Les Magnésiens construisent un tombeau sur leur marché pour Thémistocle, qui se tenait encore à l'époque de Plutarque, et ils continuent à consacrer une partie de leurs revenus à la famille de Thémistocle<ref name="Plutarque" />. Cornélius Népos au Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle écrit sur une statue de Thémistocle visible dans le forum de Magnésie<ref name="DH">Modèle:Ouvrage.</ref>. La statue apparaît également sur un type de pièce de monnaie de l'empereur romain Antonin le Pieux frappé en magnésie au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle<ref name="TAM19" />.
Succession et descendants
Archéptolis, fils de Thémistocle, devient gouverneur de Magnésie après la mort de son père vers 459 av. J.-C.<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref name="JH">Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref name="ANS">Modèle:Chapitre.</ref>. Archéptolis frappe également sa propre monnaie d'argent alors qu'il dirige la Magnésie, et il est probable qu'une partie de ses revenus continue à être cédée aux Achéménides en échange du maintien de leur concession territoriale<ref name="JH"/>,<ref name="ANS"/>. Thémistocle et son fils forment ce que certains auteurs ont appelé Modèle:Citation<ref>Modèle:Chapitre.</ref>.
D'une seconde épouse, Thémistocle a également une fille nommée Modèle:Lien, qu'il nomme prêtresse du temple de Modèle:Lien en Magnésie avec le titre de « Mère des Dieux »<ref name="DH" />. Mnésiptoléma épouse son demi-frère Archéptolis, les mariages homopatriques (mais pas homométriques) étant autorisés à Athènes<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Thémistocle a également plusieurs autres filles, nommées Nicomaché, Asia, Italia, Sybaris et probablement Hellas, qui a épousé l'exilé grec en Perse Modèle:Lien et dispose encore un fief en Anatolie persane en 400-399 av. J.-C. en tant que veuve<ref name="DH" />.
Thémistocle a également trois autres fils, Dioclès, Polyeucte et Cléophante, ce dernier étant peut-être un dirigeant de Lampsaque<ref name="DH" />. L'un des descendants de Cléophante a publié un décret à Lampsaque vers 200 av. J.-C. mentionnant une fête pour son propre père, également nommé Thémistocle, qui avait été un bienfaiteur pour la ville<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Plus tard, Pausanias le Périégète écrit que les fils de Thémistocle Modèle:Citation, qu'ils dédient une peinture de Thémistocle au Parthénon et qu'ils érigent une statue de bronze à Artémis, la déesse de Magnésie, sur l'Acropole d'Athènes<ref name="DH200">Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Ils sont peut-être revenus d'Asie Mineure à un âge avancé, après 412 av. J.-C., lorsque les Achéménides reprennent en main les cités grecques d'Asie, et ils ont peut-être été expulsés par le satrape achéménide Tissapherne entre 412 et 399 av. J.-C.. En effet, à partir de 414 av. J.-C., le roi Darius II commence à en vouloir à la puissance athénienne croissante dans la mer Égée et fait conclure une alliance avec Sparte contre Athènes via Tissapherne, ce qui en 412 av. J.-C. conduit à la conquête perse de la plus grande partie de l'Ionie<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Plutarque au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle indique qu'il a rencontré à Athènes un descendant direct de Thémistocle (également appelé Thémistocle) qui recevait encore des revenus d'Asie Mineure, Modèle:Unité après les événements en question<ref name="Plutarque-297">Modèle:Harvsp [lire en ligne : 297].</ref>.
Postérité
Caractère
Doué, hardi, éloquent, avide de gloire et de richesses, fougueux, vaniteux et ambitieux, Thémistocle montre une absence totale de scrupules, mais a toutes les qualités d'un grand homme d'État, avec la capacité de voir à long terme, et le courage de défendre et d'imposer ses idées. Il est possible de tirer quelques conclusions sur le caractère de Thémistocle. Son trait le plus évident est peut-être son importante ambition. Il est ainsi rapporté par différents auteurs : Modèle:Citation<ref name="Plutarque-263">Modèle:Harvsp [lire en ligne : 263].</ref> et Modèle:Citation<ref name="Holland164">Modèle:Harvsp</ref>. Il est fier et vaniteux<ref>Modèle:Harvsp</ref>, ainsi que soucieux de la reconnaissance de ses actes<ref name="Plutarque" />. Son rapport au pouvoir est d'une nature particulièrement personnelle : alors qu'il désire sans aucun doute le meilleur pour Athènes, nombre de ses actions semblent également faites dans son propre intérêt<ref name="Holland164" />. Il semble également être corrompu Modèle:Incise et est connu pour son penchant pour les pots-de-vin<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Thémistocle aime le luxe et son orgueil tyrannique irrite beaucoup de ses compatriotes : Aristide le Juste l'accuse notamment de détournement d'argent public<ref name="Plutarque" />.
Pourtant, face à ces traits négatifs, il y a un génie et un talent apparemment naturel pour le commandement<ref name="Holland164" />. Thucydide dresse un portrait élogieux du stratège athénien : Modèle:Citation bloc
Thémistocle est sans aucun doute intelligent, mais possède aussi une ruse naturelle : Modèle:Citation<ref name="Holland164" />. Thémistocle est évidemment sociable et semble avoir bénéficié d'une forte loyauté personnelle de la part de ses amis<ref name="Holland164" />. En tout cas, il semble que ce soit le mélange particulier de vertus et de vices de Thémistocle qui fait de lui un homme politique si efficace<ref name="Holland164" />.
Thémistocle s'oppose à Cimon, fils de Miltiade le Jeune, sur la stratégie à employer pour assurer l'hégémonie athénienne, Thémistocle estimant que la principale menace viendrait de Sparte et non des Perses. Ses opinions médisantes sont moquées par le poète lyrique Timocréon de Rhodes, qu'il aurait par ailleurs trahi en ne le rapatriant pas sur Rhodes, malgré paiement, et alors qu'il naviguait en mer Égée à la suite du repli des Perses, après leur défaite à Salamine<ref name="Plutarque-282-283-284" />.
Entre autres traits d'humour que lui attribue Plutarque, il y a celui-ci : comme le fils de Thémistocle abusait de la tendresse de sa mère, et se servait d'elle pour gouverner son père, Thémistocle remarque en plaisantant que son fils a plus de pouvoir qu'aucun Grec ; Modèle:Citation<ref name="Plutarque-279-280">Modèle:Harvsp [lire en ligne : 179 et 280].</ref>.
Le philosophe Eschine de Sphettos dit de lui dans son Alcibiade qu'il ne peut décider que de très grands espoirs de salut pour les AthéniensModèle:Citnec. D'après Thucydide, Thémistocle et Pausanias sont Modèle:Citation<ref name="Thucydide-144" />.
Réputation historique
Thémistocle meurt avec une réputation très faible, étant considéré comme un traître par le peuple athénien : le Modèle:Citation est devenu l'ennemi de la liberté<ref>Modèle:Harvsp</ref> Cependant, sa réputation à Athènes est réhabilitée par Périclès dans les années 450 av. J.-C., et au moment où Hérodote écrit, il est à nouveau considéré comme un héros<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Thucydide tient évidemment Thémistocle dans une certaine estime et est inhabituellement flatteur dans ses éloges pour lui. Diodore de Sicile fait également l'éloge de Thémistocle, allant jusqu'à offrir une justification de la longueur à laquelle il en parle : Modèle:Citation. En effet, Diodore de Sicile, dont l'histoire comprend Alexandre le Grand et Hannibal Barca, va jusqu'à dire que Modèle:Citation.
Plutarque offre une vision plus nuancée de Thémistocle, avec plus d'une critique de son caractère. Il ne conteste pas ses réalisations, mais souligne également ses échecs<ref name="Plutarque" />.
[[Napoléon Ier|Napoléon {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:| }} }}]] s'est comparé à Thémistocle après la bataille de Waterloo (1815), dans sa lettre de reddition : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Héritage politique et militaire
Le nom de Thémistocle est généralement associé à la démocratie<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, au même titre que ceux de Périclès, Éphialtès et Cléon, même si celle-ci n'a pas encore réellement vu le jour. En effet, pour Thémistocle, Athènes ne peut exercer son hégémonie en Grèce, notamment contre Sparte, et se protéger des Perses qu'en développant sa flotte : Modèle:Citation<ref name="Plutarque-262">Modèle:Harvsp [lire en ligne : 262].</ref>. Or, jusque-là, la guerre est le fait d'une élite capable de payer son équipement, les hoplites. Le développement de la flotte par Thémistocle renforce le pouvoir des marins, des hommes du peuple, contre les nobles<ref name="Plutarque" />. C'est là l'embryon d'une forme d'égalité qui suscite l'opposition aristocratique, notamment celle de Cimon, fils de Miltiade le Jeune. D'après Plutarque, il est reproché à Thémistocle d'avoir arraché aux Athéniens Modèle:Citation<ref name="Plutarque-262" />. Sa politique navale a finalement un impact durable sur Athènes<ref>Modèle:Article.</ref> : Plutarque précisant que Thémistocle amène Modèle:Citation<ref name="universalis">Modèle:Lien web.</ref>.
Sans aucun doute, la plus grande réussite de la carrière de Thémistocle est son rôle dans la défaite de l'invasion de la Grèce par [[Xerxès Ier|Xerxès {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:| }} }}]]. Contre toute attente, la Grèce résiste et la culture grecque classique, si influente dans la civilisation occidentale, peut se développer<ref>Modèle:Harvsp</ref>. De plus, la doctrine de Thémistocle sur la puissance navale athénienne et l'établissement d'Athènes en tant que puissance majeure dans le monde grec ont d'énormes conséquences au Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle. En 478 av. J.-C., l'alliance hellénique est reconstituée sans les États du Péloponnèse dans la Ligue de Délos, dans laquelle Athènes est la puissance dominante<ref name="Holland-362">Modèle:Harvsp</ref>. Il s'agit essentiellement d'une alliance maritime entre Athènes et de ses colonies, des îles de la mer Égée et des cités ioniennes. La ligue de Délos mène la guerre en Perse, envahissant finalement ce territoire persan et dominant la mer Égée<ref name="Holland-362" />. Sous la direction de Périclès, la ligue de Délos évolue progressivement vers un « empire athénien » et l'apogée de la puissance et de l'influence athéniennes<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Thémistocle semble ériger délibérément Athènes en rivale de Sparte à la suite de l'invasion de Xerxès {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:| }} }}, fondant cette stratégie sur la puissance navale athénienne en opposition à la puissance de l'armée spartiate<ref name="Plutarque" />. La tension augmente tout au long du siècle entre Athènes et Sparte, alors qu'elles rivalisent pour être le principal État de Grèce<ref name="Holland-371">Modèle:Harvsp</ref>. Enfin, en 431 av. J.-C., cette tension éclate dans la guerre du Péloponnèse, le premier d'une série de conflits qui déchirent la Grèce pendant le siècle suivant. Cet héritage imprévu, bien qu'indirect, est celui de Thémistocle<ref name="Holland-371" />.
Diodore de Sicile fournit un résumé rhétorique qui reflète les réalisations de Thémistocle : Modèle:Citation.
Les érudits modernes approuvent ce point de vue, considérant Thémistocle comme un commandant et un stratège par excellence capable de transformer le régime même de sa ville dans la poursuite d'une théorie navale de la victoire.
Dans la culture populaire
La vie de Thémistocle a fait l'objet de trois opéras : Modèle:Lien (1718) par Nicola Porpora, Temistocle (1772) par Johann Christian Bach<ref>Modèle:Lien web.</ref> et Modèle:Lien (1785) par François-André Danican Philidor<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Thémistocle est joué par l'acteur Ralph Richardson dans le film La Bataille des Thermopyles (1962) réalisé par Rudolph Maté<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Wikidata}}/{{#if:||reference}} {{#if:||La Bataille des Thermopyles}} sur l’Modèle:Lang</ref> et l'acteur Sullivan Stapleton dans 300 : La Naissance d'un empire (2014) réalisé par Noam Murro<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Wikidata}}/{{#if:||reference}} {{#if:||300 : La Naissance d'un empire}} sur l’Modèle:Lang</ref>. Dans le film Lawrence d’Arabie (1962) réalisé par David Lean, une référence en faite par un des personnages : le général Murray, après avoir critiqué l’excentricité de Lawrence, conclut : Modèle:Citation et Lawrence lui rétorque en citant Thémistocle : Modèle:Citation. La citation est rapportée en termes très voisins par Plutarque : Modèle:Citation<ref name="Plutarque-259">Modèle:Harvsp [lire en ligne : 259].</ref>.
Thémistocle est également le personnage central du roman Thémistocle (2021) d'Olivier Delorme<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Plusieurs toponymes sont liés à Thémistocle : près de la cathédrale de la Sainte-Trinité du Pirée, un parc du Pirée porte son nom et comporte une statue de lui. Non loin de là, face à la mer, le « tombeau de Thémistocle » est un lieu-dit où se trouvent des vestiges archéologiques<ref name="Plutarque-296">Modèle:Harvsp [lire en ligne : 296].</ref>,<ref name="tomb">Modèle:Pdf Modèle:Lien web.</ref>. Selon la légende locale, ce serait le véritable lieu de repos des restes de Thémistocle<ref name="tomb" />.
En science
En 1851, le botaniste Johann Friedrich Klotzsch publie Modèle:Lien qui est un genre de plantes à fleurs d'Amérique du Sud appartenant à la famille des Ericaceae et dont le nom honore Thémistocle<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Notes et références
Modèle:Traduction/référence Modèle:Références
Annexes
Sources antiques
- Hérodote, Histoires (vers les années 440 av. J.-C.) ;
- Thucydide, La Guerre du Péloponnèse (fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle Modèle:Av JCModèle:Vérification siècle) ;
- Diodore de Sicile, Bibliothèque historique (Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle Modèle:Av JCModèle:Vérification siècle) ;
- Plutarque, Vies parallèles (Vies des hommes illustres), Thémistocle (entre 100 et 120 après J.-C.).
Bibliographie
- Modèle:Article.
- Modèle:Article.
- Modèle:Article.
- La Véritable Histoire de Thémistocle, recueil de textes antiques réunis et présentés par Jean Haillet, Paris, Les Belles Lettres, 2012. Modèle:Isbn.
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Filmographie
- Au nom d'Athènes, documentaire-fiction de Fabrice Hourlier diffusé sur Arte le 24 novembre 2012.