San (lettre grecque)

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San (capitale: Ϻ, minuscule: ϻ) est une lettre archaïque de l'alphabet grec, notant probablement une sonorité proche de Modèle:SAPI. D'une graphie similaire à un Μ moderne, elle est une alternative au sigma dans certains alphabets grecs archaïques, où elle est placée entre le pi et le koppa. Il est possible qu'elle descende de la lettre Sade, Fichier:Phoenician sade.png, de l'alphabet phénicien.

Historique

Sigma et San

Fichier:Crater Hippolyte Painter Louvre E636.jpg
Le nom « ΗΙΠΠΟΛΥΤΟϺ » (Hippolytos) inscrit sur un cratère corinthien (v. 575-550 av. J.-C.) ; l'inscription comprend des formes de lettres particulières à Corinthe : un hêta rectangulaire (inline), un iota en zigzag (inline), un pi archaïque (inline) et un san en finale au lieu d'un sigma.

L'alphabet grec dérive de l'alphabet phénicien à partir du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle Modèle:Av JCModèle:Vérification siècle. Dans les alphabets grecs archaïques, on pense que l'existence de deux lettres en concurrence, sigma et san, résulte d'une confusion lors de cette adoption, le phénicien disposant de plus de sons sifflants (apparentés à /s/) que le grec. Selon l'épigraphiste Lilian JefferyModèle:Sfn, la distribution des lettres sifflantes en grec est due à une confusion entre les sons et les positions alphabétiques des quatre signes sifflants phéniciens : le sigma grec (Σ) prendrait la forme et la position du shin phénicien (Fichier:Phoenician sin.svg), mais le nom et la valeur du Semka. Inversement, le xi grec (Ξ) aurait la forme et la position du Semka (Fichier:Phoenician samekh.svg), mais le nom et la valeur du shin. Le même échange se produirait entre les zen et sade phéniciens : le zêta grec recevrait la forme et la position du premier (Fichier:Phoenician zayin.svg) et le nom et la valeur du deuxième, tandis que le san prendrait la forme approximative et la position du sade (Fichier:Phoenician sade.svg), et ce qui pourrait être à l'origine la valeur du zen, c'est-à-dire un Modèle:SAPI voisé. Toutefois, comme le {{#ifeq:1|0|z|[[Alphabet phonétique international|Modèle:Nobr]]}} voisé et le Modèle:SAPI non voisé ne sont pas des phonèmes distincts en grec, le sigma et le san en arrivent à remplir essentiellement la même fonction. Les dialectes doriens qui conservent san au lieu de sigma pourraient toutefois avoir eu une telle prononciation de /s/Modèle:Sfn.

Selon Roger WoodardModèle:Sfn, « san » serait le nom original de ce qui est actuellement connu comme « sigma » et correspondrait ainsi directement au shin phénicien. Le nom aurait été par la suite associé à une lettre locale alternative dont le nom original est inconnu. Le nom moderne « sigma » serait quant à lui une innovation grecque qui signifierait simplement « sifflement », sur la base du verbe Modèle:Lang (sízô, « siffler »). Woodard avance également que san pourrait noter le son {{#ifeq:1|0|ts|[[Alphabet phonétique international|Modèle:Nobr]]}}Modèle:Sfn.

Une réinterprétation moderne des valeurs des sifflantes du proto-sémitique, et donc du phénicien, pourrait rendre compte des valeurs des sifflantes grecques en ayant moins recours à une éventuelle « confusion ». Le shin aurait la valeur {{#ifeq:1|0|s|[[Alphabet phonétique international|Modèle:Nobr]]}} et serait donc la source de la valeur du sigma ; semka serait reconstruit en une consonne affriquée, {{#ifeq:1|0|ts|[[Alphabet phonétique international|Modèle:Nobr]]}}, une meilleure correspondance pour le groupe plosif-fricatif {{#ifeq:1|0|ks|[[Alphabet phonétique international|Modèle:Nobr]]}} du xiModèle:Sfn.

Le tableau suivant résume les différentes sifflantes du phénicien et du grec :

Phénicien Grec
Lettre Unicode Position Nom Son
(traditionnel)
Son
(KoganModèle:Sfn)
Lettre Unicode Position Nom Son
Fichier:Phoenician sin.svg 𐤔 après R (rosh) Shin 0|/ʃ/|[[Alphabet phonétique international|Modèle:Nobr]]}} 0|/s/|[[Alphabet phonétique international|Modèle:Nobr]]}} Fichier:Greek Sigma normal.svg Σ après R (rhô) Sigma 0|/s/|[[Alphabet phonétique international|Modèle:Nobr]]}}
Fichier:Phoenician samekh.svg 𐤎 après N (nun) Semka 0|/s/|[[Alphabet phonétique international|Modèle:Nobr]]}} 0|/ts/|[[Alphabet phonétique international|Modèle:Nobr]]}} Fichier:Greek Xi archaic.svg Ξ après N (nu) Xi 0|/ks/|[[Alphabet phonétique international|Modèle:Nobr]]}}
Fichier:Phoenician zayin.svg 𐤆 après W (wau) Zen 0|/z/|[[Alphabet phonétique international|Modèle:Nobr]]}} 0|/dz/|[[Alphabet phonétique international|Modèle:Nobr]]}} Fichier:Greek Zeta archaic.svg Ζ après W (digamma) Zêta 0|/dz/, /zd/|[[Alphabet phonétique international|Modèle:Nobr]]}}
Fichier:Phoenician sade.svg 𐤑 après P (pey) Sade 0|/ts/|[[Alphabet phonétique international|Modèle:Nobr]]}} 0|/tsʼ/|[[Alphabet phonétique international|Modèle:Nobr]]}} Fichier:Greek San slanted.svg Ϻ après P (pi) San 0|*/z/|[[Alphabet phonétique international|Modèle:Nobr]]}}? > {{#ifeq:1|0|/s/|[[Alphabet phonétique international|Modèle:Nobr]]}}

Dans tous les cas, chaque dialecte tend à utiliser san ou sigma à l'exclusion de l'autre, et bien que les premiers abécédaires listent les deux lettres séparément à leur position alphabétique respective (san entre pi et koppa, sigma entre rhô et tau), les exemplaires ultérieurs au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle Modèle:Av JCModèle:Vérification siècle tendent à ne lister que l'une d'entre elles. San est utilisée à Argos jusqu'à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle Modèle:Av JCModèle:Vérification siècleModèle:Sfn, à Sicyone jusque vers 500Modèle:Av JCModèle:Sfn, à Corinthe jusqu'à la première moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle Modèle:Av JCModèle:Vérification siècleModèle:Sfn et en Crète encore quelque temps après. Sicyone conserve le signe comme emblème local sur ses pièces (de façon similaire à Corinthe, qui utilise la lettre archaïque koppa, et Byzance, qui emploie une forme locale du bêta).

San peut s'écrire avec les deux barres verticales droites (Fichier:Greek San straight.svg) ou légèrement inclinées vers l'extérieur (Fichier:Greek San slanted.svg), et d'une longueur égale ou supérieur aux traits intérieurs (Fichier:Greek Mu 02.svg). Elle se distingue de la lettre mu (Μ) par sa symétrie, le mu possédant une barre gauche plus longue dans ses formes archaïques (Fichier:Greek Mu 04.svg, Fichier:Greek Mu 08.svg, Fichier:Greek Mu short.svg)<ref name="poinikastas" />.

Hors de Grèce, le san est emprunté par l'alphabet étrusque (𐌑, transcrit par Ś). Il conserve initialement sa forme en M dans l'alphabet étrusque archaïque, puis change d'aspect à partir du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle Modèle:Av JCModèle:Vérification siècle pour prendre une forme similaire à celle de la rune dagaz, D.

« Tsan » arcadien

Le dialecte arcadochypriote de Mantinée utilise une lettre particulière, Fichier:Greek Sigma 01.svgModèle:Sfn. Cette lettre ne se rencontre que dans un seul document, une inscription du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle Modèle:Av JCModèle:Vérification siècleModèle:Sfn dédiée à Modèle:Lien<ref name="nicholas_05" />,<ref name="ig" />. On suppose généralement qu'il s'agit d'une innovation locale basée sur le san, bien que Jeffery la classe comme variante du sigmaModèle:Sfn. Elle semble noter un son {{#ifeq:1|0|/ts/|[[Alphabet phonétique international|Modèle:Nobr]]}}Modèle:Sfn et est appelée « tsan » par certains écrivains contemporains<ref name="nicholas_05" />.

Dans le dialecte arcadien local, ce son se produit dans les mots qui font référence au proto-grec {{#ifeq:1|0|*/kʷ/|[[Alphabet phonétique international|Modèle:Nobr]]}}. Dans ces mots, les autres dialectes grecs utilisent généralement {{#ifeq:1|0|/t/|[[Alphabet phonétique international|Modèle:Nobr]]}}, tandis que le dialecte chypriote apparenté emploie {{#ifeq:1|0|/s/|[[Alphabet phonétique international|Modèle:Nobr]]}}. On trouve par exemple :

De ces correspondances, on peut conclure que la lettre correspond le plus probablement à un son affriqué, peut-être {{#ifeq:1|0|[ts]|[[Alphabet phonétique international|Modèle:Nobr]]}} puis {{#ifeq:1|0|[tʃ]|[[Alphabet phonétique international|Modèle:Nobr]]}}, ce qui serait l'étape naturellement intermédiaire entre {{#ifeq:1|0|*/kʷ/|[[Alphabet phonétique international|Modèle:Nobr]]}} et {{#ifeq:1|0|/s/|[[Alphabet phonétique international|Modèle:Nobr]]}}Modèle:Sfn. La lettre est représentée dans les transcriptions savantes modernes de l'inscription par <ś> (s muni d'un accent aigu) ou <σ̱> (sigma avec un macron souscrit)<ref name="nicholas_05" />.

En Pamphylie, une lettre épichorique distincte partage la même forme que le « tsan » arcadien mais possède la valeur {{#ifeq:1|0|/w/|[[Alphabet phonétique international|Modèle:Nobr]]}}, complètement différente. Elle est nommée par convention digamma pamphylien.

Nom

En grec ancien, la lettre est appelée Modèle:Lang ou Modèle:Lang (sán)<ref name="perseus" />.

Le nom de la lettre subsiste comme nom alternatif (dialectal ou archaïque) pour « sigma » à une époque où la lettre elle-même est partout remplacée par le sigma standard. Ainsi, Hérodote rapporte à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle Modèle:Av JCModèle:Vérification siècle que la même lettre est appelée « san » par les Doriens et « sigma » par les Ioniens<ref name="h%C3%A9rodote" />,<ref name="nicholas" /> : « Modèle:Lang ». Athénée, dans Les Deipnosophistes (vers 200), cite une épigramme qui contient le nom épelé d'un philosophe, utilisant « san » à la place de sigma<ref name="ath%C3%A9n%C3%A9e" /> : <poem>

Modèle:Lang
Modèle:Lang

</poem> <poem>

« Nom : thêta rhô alpha san upsilon mu alpha chi omicron san (Θ-Ρ-Α-Σ-Υ-Μ-Α-Χ-Ο-Σ),
lieu de naissance : Chalcédoine ; profession : sagesse »

</poem>

Usage moderne et codage

Fichier:San (Ϻϻ).png
La lettre san telle qu'elle apparaît dans quatre polices de caractères courantes : Times New Roman, Lucida Grande, Arial et Helvetica

Dans les éditions et transcriptions modernes de l'écriture grecque archaïque, le san est rarement utilisé comme lettre distincte. Comme il n'est jamais différent du sigma à part dans les abécédaires, il est généralement régularisé en sigma dans les pratiques éditoriales modernes<ref name="nicholas" />.

Le standard d'encodage Unicode introduit la majuscule et la minuscule du san dans sa version 4.0 (2003)<ref name="unicode_derived" />. Cette inclusion rend alors nécessaire la création de formes minuscules pour la typographie moderne, pour lesquelles aucune tradition typographique précédente n'existe<ref name="perry" />. Par convention, la plupart des polices de caractères distinguent le san majuscule du mu en ne faisant descendre sa section centrale en V qu'à la moitié au-dessus de la ligne de base, et le san minuscule en lui attribuant une branche verticale à gauche qui descend sous cette ligne de base. Cette convention va d'ailleurs à l'opposé de la pratique épigraphique historique, où le san est plutôt symétrique et le mu possède une branche verticale à gauche plus grande que celle de droite.

La variante « tsan » arcadienne est unifiée avec le digamma pamphylien, de forme identique, depuis la version 5.1 du standard Unicode<ref name="unicode_0370" />.

Caractère Représentation Code Bloc Unicode Nom Unicode
Ϻ Modèle:UniCar U+03FA Grec et copte<ref name="unicode_0370" /> Lettre majuscule grecque san
ϻ Modèle:UniCar U+03FB Grec et copte Lettre minuscule grecque san
Ͷ Modèle:UniCar U+0376 Grec et copte Lettre majuscule grecque digamma pamphylien
ͷ Modèle:UniCar U+0377 Grec et copte Lettre minuscule grecque digamma pamphylien

Annexes

Modèle:Autres projets

Articles connexes

Bibliographie

Références

<references> <ref name="ath%C3%A9n%C3%A9e">Modèle:AthDei, X, 81.</ref> <ref name="h%C3%A9rodote">Modèle:Méta-modèle source{{#if: |Modèle:Espace« {{{référence}}} »|}}, I, 139.</ref> <ref name="ig">Modèle:Lien web</ref> <ref name="nicholas">Modèle:Lien web</ref> <ref name="nicholas_05">Modèle:Pdf Modèle:Lien web</ref> <ref name="perry">Modèle:Pdf Modèle:Lien web</ref> <ref name="perseus">Modèle:Lien web</ref> <ref name="poinikastas">Modèle:Lien web</ref> <ref name="unicode_0370">Modèle:Pdf Modèle:Lien web</ref> <ref name="unicode_derived">Modèle:Lien web</ref> </references>

Liens externes

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