Tusculanes

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{{#invoke:Bandeau|ébauche}} Modèle:Infobox Livre Les Tusculanes (en latin : Modèle:Langue) sont une œuvre philosophique de Cicéron, dans laquelle l'auteur cherche à établir l'immortalité de l'âme et démontrer que le bonheur ne peut se fonder que sur la vertu. Il s'agit d'un manifeste du stoïcisme.

Présentation générale

Contenu

Les Tusculanes prennent la forme d'un dialogue supposé entre Cicéron et un individu anonyme. Cicéron adopte comme technique argumentative de reprendre les arguments et exemples de ses prédécesseurs philosophes, pour fonder son propre raisonnement.

Les cinq conférences des Tusculanes abordent les questions existentielles traitées traditionnellement par les écoles philosophiques : la mort et si elle est un mal ; la douleur et si elle est le plus grand de tous les maux ; la douleur de l'âme et si le sage est susceptible de chagrin ; l'âme du sage et les passions ; la vertu et si elle assure le bonheur<ref name="Grimal360">Modèle:Harvsp.</ref>.

Forme et style

La forme utilisée, le dialogue supposé, est habituelle dans l’enseignement philosophique, mais elle est adaptée et simplifiée.

Le titre latin de l’œuvre précise le genre de l’ouvrage : il s'agit d'une disputatio. Le mot Modèle:Citation signale le lieu de l’entretien, le Tusculum.

Le dialogue étant fictif, les interlocuteurs n'opposent pas à Cicéron des arguments forts ni ne défendent des positions tranchées. Il ne s'agit pas non plus d'un dialogue aristotélicien classique, où un maître expose de façon continue à des disciples, seulement entrecoupé de questions sur les points à préciser<ref name="Harvsp|Muller|1990|p=254">Modèle:Harvsp.</ref>. L’auditeur présente le sujet du débat et intervient seulement pour marquer les étapes du parcours philosophique et accepter les arguments du maître. Il n’est désigné que par son appartenance à une classe d’âge : c’est un adolescent ou un jeune homme, interlocuteur anonyme et falot, qui peut être une partie de la personnalité de Cicéron, ce que Carlos Lévy interprète comme un artifice pudique pour parler de soi sans utiliser la première personne<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Historique de publication

Le 29 mai 45 av. J.-C., Cicéron entreprend la constitution d'un recueil d'entretiens qu'il a eu avec ses amis dans sa villa de Tusculum. Ces travaux sont menés en même temps que la publication du De finibus bonorum et malorum<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Les cinq livres des Tusculanes furent publiés sans doute durant le mois d’août, car Cicéron, dans une lettre du 29 juin 45, fait part à Atticus de son intention d'écrire désormais dans la tradition d'Aristote, c'est-à-dire en se figurant comme interlocuteur principal, procédé qu'il adopte pour la première fois avec les Tusculanes<ref>Cicéron, Ad Atticum, XIII, 19, 4</ref>,<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

L'ouvrage est émaillé de références au deuil que traverse Cicéron à cette époque. Sa fille Tullia est en effet morte quelques mois plus tôt, au début de l'année 45. Sans qu'il y fasse allusion directement, ce deuil atteint encore Cicéron, qui fait du chagrin le thème de son troisième livre<ref name="Harvsp|Muller|1990|p=254" />. En exhortant les autres au courage et à la dissimulation de la douleur, il s’exhorte lui-même.

Résumé

Livre I : la mort est-elle un mal ?

La nécessité de philosopher

Cicéron commence par remercier un certain Brutus, qui l'a conseillé de reprendre l'étude de la philosophie. Elle est nécessaire, soutient Cicéron, car elle Modèle:Citation, Modèle:Citation et Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

L'auteur défend ensuite la possibilité pour Rome de développer ses propres pensées philosophiques, sans regarder la Grèce comme systématiquement supérieure. Il soutient que Rome a aussi eu de grands poètes, qui n'ont rien à envier aux Grecs<ref name=":0">Modèle:Ouvrage</ref>.

Le mort ne peut pas être misérable et le fait d'être mortel n'est une mauvaise condition

La discussion commence sur une question d'un ami de Cicéron : la mort n'est-elle pas un mal ? Les hommes morts sont misérables, car morts, et les hommes vivants le sont aussi, car mortels. Cicéron, par une série de questions, démontre les imprécisions et erreurs de son ami : le mort n'existe plus, or il faut exister pour souffrir et être misérable<ref name=":0" />.

Si après la mort il n'y a plus aucun mal, car on n'est plus, alors être mortel signifie que l'on est disposé à parvenir à la fin de nos maux. Face aux enchaînements logiques du philosophe, l'ami prie Cicéron de procéder par un exposé plutôt que par questionnement, ce qu'il accepte<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

L'âme est immortelle

Pour expliciter sa position, Cicéron va avoir recours à une étude de l'âme. Par une rapide doxographie, il rappelle la position des philosophes sur l'âme : certains croient que l'âme est éternelle, d'autre périssable ; certains, que l'âme est Modèle:Citation (Empédocle), d'autres, Modèle:Citation ou du feu (Zénon de Kition). Il rappelle la position de Platon et d'Aristote, qu'il tient comme le plus grand et le deuxième meilleur philosophes<ref name=":0" />.

Dès lors qu'on postule l'existence de l'âme, alors lorsqu'on meurt, ou bien elle périt et on ne sent plus rien (et donc on ne peut être misérable ou malheureux), ou bien elle va au ciel, et alors on ne peut qu'être heureux. Sans qu'on puisse rien affirmer de certain, des indices vont en faveur de son immortalité<ref name="Grimal360" />. Cicéron rapporte que Platon était parti en Italie rencontrer les pythagoriciens et avait été conquis par leur théorie de l'immortalité de l'âme, à laquelle il a donné consistance<ref name=":0" />.

Cicéron définit l'âme comme un principe Modèle:Citation. Elle Modèle:Citation. L'âme permet de voir et d'entendre, et Modèle:Citation. Platonicien, Cicéron soutient que le corps n'est Modèle:Citation. Ainsi, il faut comprendre l'injonction gnothi seauton non pas tant comme connais-toi, mais comme : connais ton âme<ref name=":0" />.

La mémoire et l'intelligence

Le philosophe s'attache à définir la mémoire. Il rappelle que dans le Ménon, Platon a défini la théorie de la réminiscence, selon laquelle du fait de notre âme, nous n'apprenons pas, nous nous souvenons. La mémoire ne procède, selon Cicéron, Modèle:Citation. Mais elle paraît divine. La mémoire serait-elle un réservoir qui serait dans l'âme, Modèle:Citation ? Non, cela serait absurde<ref name=":0" />.

L'âme voit de quoi elle est capable, elle sait qu'elle a intelligence et mémoire, et qu'elle se meut par elle-même. C'est Modèle:Citation. En effet, l'intelligence est aussi l'intelligence première, celle qui a formé le monde comme le pense Platon, ou celle qui le conduise et le gouverne de toute éternité (selon Aristote et sa théorie du premier moteur)<ref name=":0" />.

Mépriser la peur de la mort

Selon Cicéron, il faut mépriser la peur de la mort, qui n'est que faiblesse. Il faut au contraire chercher Modèle:Citation. En effet, en attente de ce qui va advenir, nous sommes balancés par les craintes et les angoisses. Cicéron se montre ainsi admiratif de Théramène, car il s'est montré digne et valeureux face à la mort : Modèle:Citation<ref name=":0" />.

Ainsi, Modèle:Citation<ref name=":0" />. Nous n'avons rien à craindre : la mort n'est rien pour les morts, qui ne sont plus, ni pour les vivants, qui ne peuvent encore l'éprouver<ref name=":0" />.

Livre II : La douleur est-elle le plus grand de tous les maux ?

Le besoin de philosopher et les bornes de la philosophie

Cicéron cite Pyrrhus Ier qui, dans Ennius, affirme qu'il est bon de philosopher, mais un peu, Modèle:Citation (nam omnino haud placere). Cicéron rappelle qu'il a lui aussi besoin de philosopher car sa situation politique et juridique fait qu'il ne peut plus occuper de fonctions publiques. Contrairement à Pyrrhus, toutefois, Cicéron refuse de fixer des bornes à l'activité philosophique<ref name=":0" />. La philosophe est une Modèle:Citation qui exige de poser les bonnes questions<ref name=":0" />.

Cicéron réaffirme ce qu'il écrivait dans le premier livre, qu'il est nécessaire de cesser l'adoration de ce qu'ont fait les Grecs. Il appelle tous les savants à ce Modèle:Citation. Cette naissance de la philosophie à Rome doit se faire contre les dogmes, car ils empêchent l'avancement de la connaissance. La philosophie se heurtera donc à Rome aux dogmes : Modèle:Citation<ref name=":0" />.

Doxographie des thèses sur la douleur

Qu'ont pensé les anciens de la douleur ? Cicéron rappelle qu'Aristippe, disciple de Socrate, Modèle:Citation ; Épicure s'est rendu, à ses yeux, coupable de s'être Modèle:Citation<ref name=":0" />.

Si l'on soutient que le mal est le pire des maux, alors on est lâche, car ce que l'on dit réellement, c'est que Modèle:Citation<ref name=":0" />.

Travail et douleur

Le travail et la douleur ne sont pas la même chose, mais se ressemblent assez : le travail est une fonction pénible de l'esprit ou du corps. La douleur, elle, est un mouvement incommode, contraire au sens. Or, Modèle:Citation. L'habitude joue un rôle clef, de telle manière qu'une personne qui mange d'ordinaire peu a la capacité de faire un jeun long, quand un athlète qui mange beaucoup se sent dépérir en peu de temps<ref name=":0" />.

L'âme et la douleur

Cicéron reprend le dualisme de l'âme de Platon, selon lequel l'âme se divise en une partie raisonnable, et une partie privée de raison. Les commandements que nous nous donnons sont permis par la supériorité de la partie rationnelle sur celle qui ne l'est pas. Cela est dû à ce que toute âme dispose d'un Modèle:Citation. Si l'homme n'était que cela, Modèle:Citation, mais ça n'est pas le cas : la raison, Modèle:Citation, s'y trouve aussi, se perfectionne, et devient la Modèle:Citation<ref name=":0" />.

Philosophie et douleur

Le philosophe, qui a appris à dompter la douleur, s'en sortira mieux que les hommes. La douleur reste toutefois redoutable ; la volonté peut la surmonter, et le désir de gloire peut soutenir cette volonté. L'individu peut faire appel aux forces de l'âme pour ne défaillir. Si la douleur devient insupportable, il reste le recours à la mort, argument que Cicéron emprunte aux stoïciens<ref name="Grimal360" />. Heureusement, les douleurs les plus vives, remarque le philosophe, sont aussi les plus courtes<ref name=":0" />.

Livre III : Le sage est-il susceptible de chagrin ?

Cicéron en a une expérience personnelle avec la mort récente de sa fille Tullia. Mais pour lui les douleurs de l'âme se nourrissent de faux jugements. Il fait un parallèle avec une autre maladie de l'âme, l'ambition. S'il existe un sentiment de gloire mérité par de grandes actions vertueuses, il en est un autre, recherche effrénée de magistratures, de commandements militaires et d'acclamations du peuple - César est ici implicitement visé. Se livrer au chagrin ou à l'ambition, deux maladies de l'âme<ref>Cicéron, Tusculanes, III, 3.</ref>,<ref name=Grimal360/>.

Livre IV : L’âme du sage est-elle totalement à l’abri des passions ?

La question est une généralisation de la précédente. Sur ce sujet, Cicéron rejoint les analyses des stoïciens, et de Chrysippe de Soles en particulier. Les passions prennent source dans des jugements erronés, la pratique de la philosophie permet de les éviter<ref name=Grimal360/>.

Livre V : La vertu suffit-elle à assurer le bonheur ?

Cicéron reprend là une thèse qu'il avait déjà débattue avec Pison dans le Modèle:Langue<ref name=levy29>Modèle:Harvsp.</ref>. Il remonte à Platon, pour qui le bonheur ne peut être atteint que par l'être à sa perfection. Sans vertu, le bonheur n'est pas possible.

Cicéron recours à des exemples historiques, pour montrer que l'homme injuste ne peut connaître le bonheur. Après un rappel de Cinna et de Marius que le pouvoir brutal n'a pas rendu plus heureux (Tusculane V, XIX), il s'attarde longuement (Tusculane V, XX-XXII) sur la figure de Denys l'Ancien, tyran de Syracuse, doué de grandes qualités mais se condamnant lui-même à la solitude du pouvoir, vivant malheureux du fait de ses injustices. Ce portrait de tyran renvoie implicitement une fois de plus à César, tempérant, énergique, maître suprême dans sa ville et solitaire<ref name=Grimal360/>.

La conférence donne souvent l’impression de ne pas aller droit au but. Les mêmes exemples peuvent servir plusieurs fois. Des digressions apparaissent, soulignées par Cicéron lui-même.

Ce désordre apparent obéit à des motifs pédagogiques et littéraires : il ne s’agit pas d’un discours prononcé au tribunal pour montrer qui est le coupable ; il faut amener l’interlocuteur à réfléchir en présentant la même question sous différents aspects ; car en philosophie, il n’y a pas de vérité absolue, ni de réponse universelle et parfaite sur le plan moral. Les Tusculanes suivent donc un rythme qui correspond à celui de la promenade que font le maître et son disciple.

Postérité

La définition provisoire que Cicéron fait de la mémoire comme réservoir situé dans l'âme, avant de la rejeter comme absurde, est reprise par François-René de Chateaubriand dans le Génie du christianisme<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Éditions

Notes et références

<references />

Bibliographie

Traductions

Ouvrages généraux

Articles

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