Abbaye aux Hommes
Modèle:Infobox Édifice religieux
L'abbaye aux Hommes, ou abbaye Saint-Étienne de Caen, est une des deux grandes abbayes, avec l'abbaye aux Dames, fondées par Guillaume de Normandie le futur conquérant, vers 1060<ref>Modèle:Article.</ref>, à Caen, dans le département du Calvados, en région Normandie.
L'ancienne église abbatiale Saint-Étienne est devenue église paroissiale après la Révolution. Les bâtiments conventuels transformés en lycée au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle abritent depuis les années 1960 l'hôtel de ville. L'abbaye offre un très bel ensemble architectural construit entre les {{#switch: XVIII
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}} et l'impact de l'église Saint-Étienne de Caen est essentiel sur l'histoire de l'art en Normandie et en Angleterre. L'église est classée au titre des monuments historiques sur la liste de 1840, le cloître et les bâtiments conventuels en 1911 et les autres constructions inscrites en 1927 et 1928.
Localisation
L'abbaye aux Hommes est située dans la commune de Caen, dans le département français du Calvados. Elle s'élève à l'ouest du centre-ville ancien et donna le nom de Bourg-l'abbé au quartier qui l'entoure.
Historique
De la fondation au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle au déclin de l'abbaye au Modèle:S mini-
La fondation de l'abbaye
L'abbaye Saint-Étienne de Caen, SANCTS STEPHANUS CADOMEUSIG, ou abbaye-aux-Hommes, est une abbaye bénédictine du diocèse de Bayeux, de la province ecclésiastique de Rouen.
Vers 1050 ou 1051, Guillaume de Normandie épouse Mathilde de Flandre, qui est sa parente à un degré interdit par le droit canonique : 6ém°, mais peut être accepté par le pape si une dispense est demandée, ce que Guillaume n'a pas fait. L'archevêque de Rouen Mauger, son « demi oncle » (fils de Modèle:Richard II et de la concubine Pépia), qui était son tuteur et qui appréciait peu de perdre son tutorat, lança une excommunication contre le couple. En 1059, le pape Modèle:Nicolas II reçoit Lanfranc de Pavie, écolâtre de l'abbaye du Bec, principale personnalité intellectuelle de Normandie, qui fait la liaison entre le duc et le pape. Le grand historien Michel de Boüard est allé à Rome pour rechercher les preuves de l'excommunication papale, et n'a pas trouvé trace de sanction. En 1059, pour témoigner de leur foi, Guillaume et Mathilde construiront quatre hôpitaux : à Caen rue Saint-Jean, à Bayeux au même endroit qu'aujourd'hui, à Rouen et à Cherbourg ou de grandes plaques de marbre rappellent l'événement.
Il existe d'autres raisons politiques : Guillaume, fils légitime de Robert le Magnifique et d'Arlette, car présenté officiellement aux barons selon le droit scandinave qui le reconnaissent comme successeur et au roi de France qui deviendrait son parrain (?), doit combattre pendant toute la première partie de son règne les barons de Normandie, qui le considèrent comme bâtard, vaincus à la bataille de Val-ès-Dunes (aux moissons de 1047). Il cherche donc à asseoir davantage son autorité sur la basse Normandie où la rébellion a été la plus forte. Cela passe par la construction de châteaux, mais également par la fondation d'abbayes, selon un schéma classique en Normandie depuis le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>Modèle:Chapitre.</ref>. Le duc décide donc de densifier le réseau d'établissements monastiques en Basse-Normandie, alors beaucoup plus lâche que dans la vallée de la Seine mieux contrôlée par les ducs de Normandie. L'abbaye aux Hommes, comme l'abbaye aux Dames, ont toutefois dans ce dispositif une place privilégiée. En effet, sur les dix-huit abbayes élevées durant le règne de Guillaume le Conquérant, seules deux, celles de Caen, sont fondées directement par le duc lui-même, les autres étant créées par des seigneurs locaux et reconnues ensuite par le duc<ref name="bouet">Modèle:Chapitre.</ref>. La fondation des deux abbayes caennaise s'inscrit donc dans un dessein politique plus large qui vise à faire de Caen un point d'appui plus proche de la sédition que Rouen qui se trouve dans la partie orientale du duché, d'autre part les batailles de Mortemer 1054 et Varaville 1057 l'incline fortement à construire une importante place forte au centre du duché en même temps qu'un glacis sur les frontières bretonnes. En choisissant de s'y faire inhumer Modèle:Incise Guillaume et Mathilde inscrivent dans la durée l'attention des ducs-rois non seulement pour l'abbaye, mais également pour la ville de Caen qui, d'un gros bourg de constitution anarchique, devient la capitale secondaire de la Normandie<ref>Giovanni Coppola, « L'essor de la construction monastique en Normandie au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle : mécénat, matériaux et moines-architectes », Annales de Normandie, 1992, Modèle:Vol., no 4, Modèle:P. Modèle:Lire en ligne.</ref>. Les descendants de Guillaume confortent ensuite le lien des deux abbayes avec la dynastie ducale et royale. Ainsi, fait exceptionnel, Guillaume le Roux dépose les insignes royaux (couronnes et sceptres) de ses parents au trésor des deux abbayes où ils sont inhumés.
Vers 1063, Guillaume décide de la fondation d'une abbaye bénédictine dédiée à Saint-Étienne au centre d'un quartier nouveau à l'Ouest de Caen, le Bourg-l'Abbé qui se trouve sur des terrains de paroisses appartenant à la cathédrale de Bayeux qui les cède à la reine Mathilde de sorte que les moines de l'abbaye aux Hommes se trouvent sous la dépendance spirituelle de l'abbesse de Caen. C'est pour se soustraire à cette dépendance qu'ils construisent l'église Saint-Nicolas de Caen pour les paroissiens du Bourg-l'Abbé<ref>M. Gervais: Note sur l'église Saint-Nicolas, dans : Mémoires de la société des antiquaires de Normandie, 1844, Volume: 14, pages: 384-396.</ref>.
Le financement de la construction de la première abbaye
Le chroniqueur Guillaume de Poitiers décrit la fondation de l'abbaye par Guillaume le Conquérant : « Pour l'établir abbé du monastère de Caen, il lui fallut user, pour ainsi dire, d'une pieuse contrainte ; car Lanfranc s'y refusait moins par amour pour l'humilité, que par crainte d'un rang trop élevé. Ensuite, Guillaume le Conquérant enrichit ce monastère de domaines, d'argent, d'or et de divers ornements ; il le fit construire à petits frais, d'une grandeur et d'une beauté abordable, et peu digne du bienheureux martyr Étienne, par les reliques duquel il devait être honoré et auquel il devait être consacré. »
Le Modèle:Date-, Guillaume est couronné roi d'Angleterre, Caen se trouve placé entre les deux moitiés de l'État anglo-normand. L'extraordinaire réussite matérielle des Normands parait dans l'abbaye et si le plan ambitieux a sans doute été conçu avant la conquête de l'Angleterre, le succès foudroyant de 1066 a permis son exécution rapide car Guillaume n'a pas hésité à spolier au profit des abbayes de Caen la principale fondation de Harold, à Waltam en Essex, et elles ont pu recueillir pendant trois siècles, les redevances de nombreux villages anglais et du quartier de la City de Londres.
Dans les chartes de fondations qui sont complétées par ses principaux barons, Guillaume le Conquérant prouve l'attachement qu'il porte à cette réalisation. Il donne en l'honneur du bienheureux Saint-Étienne premier martyr pour assurer les besoins du culte : Cheux, Rots, Fleury-sur-Orne, Étavaux, Ifs, Hubert-Folie, Bourguébus, Bras, Dive et Cabourg avec les hommes, les moulins, les eaux, les prairies, les pâturages, les forêts, les revenus et les coutumes, toute la partie de Bourg-l'Abbé depuis le mur de l'Ouest en suivant la route du Vieux-Saint-Étienne à Bayeux et celle de Bretteville-sur-Odon, ainsi que toutes les terres et les droits coutumiers. Il ajoute le lit du Viel Odon depuis Venoix jusqu'à l'Orne, les forêts de Maupertuis, de Torteval, de Foulogne et du Quesnay avec les eaux, terres et toutes les dépendances, un marché à Baupte, une foire de trois jours à Caen, un cellier sur la Seine à Rouen quitte de tous droits, le droit de juger les hommes avec la basse et la haute justice et le pape accorde sa protection et le privilège d'exemption.
Il donne en Angleterre les manoirs de Northam, Frampton, Welles, Biencomer, Pansfeld, l'église de Cosham avec les territoires et les dîmes, l'église de Morton, une maison et des terres à Londres. Aux dons du duc s'ajoute celles de Roger de Montgomery qui donne le bois de Trun et une forêt, Robert de Mortain, frère du duc la ville d'Hutteville<ref name="1855_hippeau_page345">Modèle:Ouvrage.</ref>.
Tout est en place pour construire : les territoires capables d'apporter le bois des charpente et des échafaudages, les paroisses avec des carrières de pierre à Fleury-sur-Orne et Bretteville-sur-Orne car la mise en œuvre des nouvelles techniques comme le mur épais normand nécessite une grande quantité de pierre, les revenus pour payer les ouvriers et la justice pour gérer les litiges<ref name="coppola">Gionanni Coppola, « L'essor de la construction monastique en Normandie au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle : mécénat, matériaux et moines-architectes », Annales de Normandie, 1992, Modèle:Vol., no 4.</ref>.
La construction de l'abbaye
Les moyens pour construire mis en place, il faut trouver des intellectuels capables d'avoir la culture nécessaire, une vision complète du projet et des détails dans le respect de la règle de Saint Benoît, la connaissance de la géométrie, l'exacte disposition des bâtiments conventuels autour de l'église chœur de l'abbaye, du langage de l'architecture qui se développe dans toutes ses parties, de transmettre oralement la typologie du bâtiment le plus important : l'église avec son plan bénédictin que l'on retrouve dans de nombreuses églises de France, Italie, Allemagne et Angleterre.
Il y avait certainement dans tous les grands Ordres, des religieux spécialisés de la construction des églises en plus de moines capables de diriger les ouvriers spécialisés et l'ensemble du chantier.
Les clercs italiens comme Guillaume de Volpiano, Lanfranc de Pavie, Anselme de Cantorbery mettent grâce à leurs disciples normands, les apports lombards et bourguignons, l'appui indéfectible des ducs, le duché au premier rang de la civilisation intellectuelle et architecturale des {{#switch: XII
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}} du monde occidental<ref name="coppola"/>.
Le duc confie en 1063 la construction à Lanfranc qui avait donné son avis au bienheureux Herluin pour la reconstruction de l'abbaye Notre-Dame du Bec puis le nomme abbé de Saint-Étienne en 1066 et archevêque de Canterbury en 1070 où il reconstruit la cathédrale de Canterbury détruite par un incendie trois ans auparavant. L'abbaye est construite entre 1065 et 1083<ref name="bouet"/>.
La conquête de l'Angleterre, en 1066, en apportant des moyens supplémentaires, mais aussi la présence de carrières de pierre à ciel ouvert à proximité, expliquent la rapidité de cette construction. Elle est dédicacée au moins trois fois, en 1073, 1077 et 1081<ref name="perouse">Modèle:Ouvrage</ref>.
La dédicace la plus solennelle a lieu le Modèle:Date-<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. C'est le deuxième abbé de Saint-Étienne, Guillaume Bonne-Âme qui assiste<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> à la dédicace de l'église. La solennité est présidée par l'archevêque Jean d'Avranches, entouré des évêques ses suffragants et d'un grand nombre d'abbés et de seigneurs. Elle a lieu en présence du roi et de la reine Mathilde, de leur fils Robert, de Lanfranc, archevêque de Canterbury et de Thomas, archevêque d'York. On place sur l'autel la grande charte de fondation et les autres chartes des vassaux qui avec leurs nouvelles richesses dues à la conquête ajoutent de nouveaux dons<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Le Modèle:Date-, Guillaume le Conquérant meurt à Saint-Gervais de Rouen. Il est inhumé dans l'église Saint-Étienne. Son épitaphe latine indique : Modèle:Citation étrangèreModèle:Efn.
L'abbaye au Moyen Âge
À la fin Modèle:Date-, le roi de France Philippe Auguste occupe Caen. Les abbayes caennaises conservent leur patrimoine anglais jusqu'au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, où Modèle:Henri IV les confisque pour subventionner la reprise de la guerre de Cent Ans<ref name="Lucien_MUSSET" />.
Le Modèle:Date-, lors de sa visite du Modèle:Date-, l'archevêque de Rouen, Eudes Rigaud trouve Modèle:Nobr dans le monastère, tous prêtres sauf trois et fait des remontrances sur le comportement<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
La guerre de Cent Ans met l'abbaye en première ligne des combats. Après la prise de Caen par les Français en 1346, les religieux reçoivent l'ordre de fortifier l'enceinte, Saint-Étienne se trouvant en dehors des fortifications de la ville.
Le Modèle:Date-, Modèle:Henri V s'empare de Caen, la trahison d'un moine de l'abbaye de Saint-Étienne joue un rôle décisif dans cet épisode, mais préserve les tours de façade de l'abbatiale de la destruction qu'avait projeté les défenseurs français. Le Modèle:Date-, le roi de France Modèle:Charles VII réoccupe Caen.
Le début du régime de la commende et le déclin de l'abbaye
En 1485, le régime de la commende est institué à l'abbaye aux Hommes, au bénéfice de Modèle:Souverain3, évêque de Chartres et désormais, les abbés seront des grands seigneurs, favoris royaux, peu présent dans l'abbaye et soucieux d'encaisser de gros bénéfices<ref name="Lucien_MUSSET" />. La vie des moines devient plus séculière que religieuse, les officiers et particulièrement le cellérier ont tendance à constituer des bénéfices et il y a moins de moines. La commende est la revanche de l'épiscopat contre le système des exemptions. En réalité on perçoit l'esprit de lucre chez ses prélats fastueux et courtisans, bien des abbayes possédant les revenus d'un évêché. Elle modifie profondément l'organisation bénédictine en privant la communauté de son chef traditionnel. Le pouvoir effectif et l'influence à la fois spirituelle et temporelle sur les destins du monastère passe aux mains des prieurs.
Vers 1490, l'abbé Charles Ier de Martigny fait construire un nouveau logis abbatial.
En 1562 et 1563, pendant les guerres de Religion, l'église est pillée par les troupes de Montgommery puis abandonnée. Les vitraux, les orgues et le mobilier sont détruits. Le tombeau de Guillaume le Conquérant, magnifique mausolée en marbre, surmonté d'un gisant, et qui fut édifié à la demande de son fils Guillaume le Roux, roi d'Angleterre est profané en 1562 par les protestants. Les restes sont confiés à un moine, bailli de l'abbaye, nommé Michel de Semallé. Mais en 1563, une nouvelle intrusion des protestants provoque la fuite des moines et les ossements sont dispersés à l'exception d'un seul os, sauvé par Charles Toustain de la Mazurie, le poète ami de Jean Vauquelin de La Fresnaye. Cet os est replacé dans le tombeau en 1642 par le prieur Jean de Baillehache, après la restauration du chœur. En 1742, les moines obtiennent du roi Modèle:Souverain2 l'autorisation non seulement de déplacer le tombeau dans le sanctuaire mais aussi de le réduire à un simple caveau recouvert d'une pierre tombale. Ce fémur gauche aurait été retrouvé lors de l'ouverture d'un caveau maçonné se trouvant dans le chœur de l'abbatiale, le Modèle:Date-<ref>Modèle:Article.</ref>.
La tour-lanterne s'écroule en 1566, détruisant les voûtes du chœur. Le chœur, en ruines, a failli être rasé sur décision du Parlement de Rouen. Un moine de l'abbaye, Jean de Baillehache, obtint l'annulation de cette décision et entreprit la reconstruction du chœur et la restauration de l'abbatiale. L'église est de nouveau consacrée le Modèle:Date-.
=== Le renouveau de l'abbaye aux {{#switch: XVIII
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Les mauristes et la reconstruction des bâtiments conventuels
Le Modèle:Date-, les religieux de l'abbaye signent un traité avec la Congrégation de Saint-Maur ; des premiers travaux de réfection sont effectués et le Modèle:Date-, les religieux de Saint-Maur s'installent dans l'abbaye<ref>Georges Bouet, Analyse architecturale de l'Abbaye de Saint-Étienne de Caen, Caen, Le Blanc-Hardel, 1868, Modèle:P..</ref>. Les mauristes redressent l'abbaye spirituellement, en rétablissant la discipline religieuse, et matériellement en reconstruisant les bâtiments conventuels qui tombaient en ruine. Du cloître, il ne reste alors que les fondations. La cuisine, bâtiment octogonal rappelant celui de l'abbaye de Fontevraud ou de l'abbaye de Glastonbury, documenté par Andrew Coltee Ducarel<ref>A Tour through Normandy, described in a letter to a friend, 1754, réédité en 1767 sous le titre Anglo-Norman Antiquities considered, in a Tour through part of Normandy, illustrated with 27 copperplates</ref>, tombe en ruine et la plupart des bâtiments ont également perdu leur toiture. Les travaux de rénovation, menés par le moine architecte Guillaume de La Tremblaye, lui-même assisté par les frères Bayeux, débutent en 1704<ref name=blanchard92>Modèle:Harvsp.</ref>, mais ils sont interrompus faute de moyens en 1706<ref>Modèle:Harvsp.</ref> avant de reprendre en 1710<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. En 1715, Guillaume de La Tremblaye meurt et le projet est repris par dom Miserey qui le modifie en allongeant l'aile des hôtes vers le sud ; une aile en retour, parallèle à l'aile du réfectoire, devait également être construite à la place de la salle des Gardes pour fermer la cour sud, mais l'éviction des moines pendant la Révolution a entraîné l'abandon du projet<ref name=villedecaen/>. En 1727, les moines font remblayer les terrains à l'est de l'abbaye afin d'aménager un jardin à la française sur la grande esplanade ainsi formée<ref name=trebutien>Guillaume-Stanislas Trébutien, Caen : précis de son histoire, ses monuments, son commerce et ses environs, Caen, A. Hardel, 1879.</ref>. Un nouveau logis abbatial est construit de 1755 à 1759 dans le Clos de la Pépinière<ref name="1855_hippeau">Célestin Hippeau, L'Abbaye de Saint-Étienne de Caen, 1066-1790, Hardel, Caen, 1855.</ref>, parcelle comprise entre le rempart du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et le mur séparant l'enclos de la rue de l'abbatiale. Les travaux sont finalement terminés en 1764<ref name=lenglart>Philippe Lenglart, Caen, architecture et histoire, éditions Charles Corlet, Condé-sur-Noireau, 2008.</ref>.
L'intégration de l'abbaye dans le dispositif urbain
Dans la deuxième partie du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, les édiles caennais décident d'aérer la ville médiévale en programmant plusieurs projets d'urbanisme. Le baron de Fontette, nommé intendant de la Généralité de Caen en 1752, mène à bien certains de ses projets. Il décide notamment de créer un nouvel axe pour dévier la circulation de la rue Saint-Martin, axe historique permettant l'accès à l'ouest de la ville. En 1755<ref name="1855_hippeau" />, un accord est passé entre l'abbaye et la ville de Caen en vue de percer une nouvelle rue à travers les jardins de l'abbaye entre la place des Petites-Boucheries et une nouvelle place octogonale, aménagée à l'emplacement des anciennes fortifications de la ville et sur laquelle vient déboucher la rue Écuyère. La partie sud de ce nouvel axe, appelé rue Saint-Benoît (actuelle rue Guillaume-le-Conquérant), est lotie par les moines de Saint-Étienne. Sur la place, rapidement baptisée place Fontette, on prévoit également d'ériger deux pavillons à l'entrée de la nouvelle rue ; en contrepartie de la construction du pavillon sud, l'abbaye obtient la propriété des terrains auparavant occupés par les fossés, les contrescarpes et les fortifications de la ville<ref name="1855_hippeau" />. Le pavillon des moines est achevé en 1758 et les jardins de l'abbaye sont étendus jusqu'à la nouvelle place. Malgré ces travaux, la communauté est à la veille de la Révolution française dans une excellente situation financière<ref>Alain Corbin, « Les Biens nationaux de première origine dans le district de Caen », Annales de Normandie, 1989, Modèle:Vol., Modèle:N°, Modèle:P..</ref>.
Liste des abbés
- Galerie de portraits des abbés
L'abbaye après la Révolution
L'expulsion des moines
Le Modèle:Date-, se réunit dans l'abbaye, l'assemblée de la noblesse du bailliage de Caen<ref>Laurent Ridel, « Nobles normands », Patrimoine normand, Modèle:N°100, janvier-février-mars 2017, Modèle:P..</ref>.
Le Modèle:Date-, les religieux sont chassés de l'abbaye en vertu de la loi du Modèle:Date--Modèle:Date-<ref>Georges Bouet, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>,<ref>Robert Patry, Une ville de province : Caen pendant la Révolution de 1789, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, 1983, Modèle:P..</ref>. Le Modèle:Date-, la ville décide d'acheter l'abbaye aux Hommes « au nom des pauvres de l’Hôtel-Dieu » ; mais le bâtiment est finalement alloué à différentes administrations<ref>Louis Huet, Histoire de la paroisse Saint-Étienne de Caen, Évreux, Imprimerie de l'Eure, 1892, Modèle:P..</ref>. Le district de Caen<ref name="1855_hippeau" /> et le Directoire, puis l'administration préfectorale s'y installent<ref name="refecture">Site de la préfecture du Calvados.</ref>. En 1793, l'église Saint-Étienne est transformée en temple dédié au culte de la Raison et de l'Être suprême. Le Modèle:Date-<ref name=lenglart/>, l'Académie de Caen, rebaptisée « lycée de Caen », est installée par le général Dugua dans les locaux de l'abbaye. À la suite de l'entrée en vigueur en 1802 du Concordat de 1801, le culte catholique est rétabli dans l'ancienne abbatiale, mais cette dernière devient église paroissiale et les religieux ne font pas leur retour à l'abbaye.
Seul l'ancien logis abbatial des bénédictins, construit dans les années 1750, est transformé à partir de 1810<ref name=trebutien/> en monastère des Visitandines<ref name=PA14000027>Modèle:Base POP Mérimée.</ref> afin d'accueillir les sœurs chassées pendant la Révolution de leur ancien couvent transformé en caserne (actuel Quartier Lorge)<ref>Modèle:Base POP Mérimée.</ref>. Elles aménagent et agrandissent les bâtiments existants et font élever en 1812 une première chapelle provisoire, suivie d'une deuxième église, remplacée elle-même par l'édifice actuel construit entre 1890 et 1892<ref name=PA14000027/>. Les sœurs aménagent également un grand jardin dans le sud de l'enclos.
La transformation en lycée
Finalement, l'administration préfectorale quitte l'abbaye en 1806<ref name="refecture" /> afin d'y aménager le Lycée impérial (actuel lycée Malherbe), fondé le Modèle:Date-. En 1841, on y adjoint une école primaire élémentaire<ref name=trebutien/>. L'abbaye est transformée au cours des années pour accueillir les élèves. En 1842, l'aile des hôtes est achevée alors que l'ancien logis abbatial du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle est démoli<ref name=lenglart/> ; seul un écusson portant les armoiries de Modèle:Souverain3, évêque de Castres et premier abbé commendataire de l'abbaye<ref name=villedecaen>Site de la ville de Caen.</ref>, situé dans la galerie nord du cloître rappelle le souvenir de ce bâtiment construit en 1490<ref name=lenglart/>. Dans les années 1880, les cellules de moines ont été abattues<ref name=lenglart/> pour faire place à des dortoirs communs.
En 1810<ref name=trebutien/>, les jardins de l'abbaye sont amputés d'une partie de leur emprise afin d'aménager une place reliant la place Fontette à la Prairie ; l'esplanade est alors plantée de marronniers et on installe une grille pour séparer la promenade des lycéens de l'espace public nouvellement créé, baptisé place du Parc (actuelle place Guillouard) et agrémentée en 1882 d'une statue provenant de la place de la République.
Deux nouveaux bâtiments sont également construits dans les jardins : le « couloir des classes » (actuellement occupé par le service de l'État-civil) construit de 1828 à 1830<ref>Charles-Hippolyte Pouthas, « Le collège royal de Caen sous l'administration de l'abbé Daniel – 1827-1839 » dans Mémoires de l'Académie nationale des sciences, arts et belles-lettres de Caen, Caen, Henri Delesques, 1905.</ref> et le « Petit lycée » (actuellement occupé par les services de la police municipale). Lors de la séance du conseil municipal du Modèle:Date-, il est en effet décidé de construire Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref> ; le bâtiment est inauguré en 1885<ref name=caenavant1940>François Robinard, Caen avant 1940 : rétrospective de la vie caennaise de 1835 à 1940, Caen, Éditions du Lys, 1993 Modèle:Lire en ligne.</ref>.
L'abbaye pendant la Seconde Guerre mondiale
À la suite d'actes de sabotage perpétués près d'Airan par la Résistance en Modèle:Date-, les autorités d'occupation décident de faire arrêter des otages en représailles ; dans la nuit du Modèle:Date- au Modèle:Date- et dans les jours qui suivent, Modèle:Nobr, communistes, syndicalistes ou juives, sont rassemblées par la police et la gendarmerie françaises dans le Petit Lycée, puis amenées à la gare de Caen d'où elles sont déportées vers des camps de concentration ou d'extermination<ref name=caenete44>Caen, été 1944.</ref>.
Pendant la bataille de Caen, le lycée est transformé en centre d'accueil de la défense passive, le CA Modèle:N° Lycée Malherbe. L'ensemble formé par l'ancienne abbaye, le palais de justice et le monastère de la Visitation, devenu le plus important des cinq centres d'accueil, abrite une foule de Modèle:Unité début juillet et plus de 8 000 à la mi-juillet à la veille de la libération de la rive gauche de la ville<ref name=caensgm>Caen et la Seconde guerre mondiale.</ref>. L'ancienne abbaye sert également d'hôpital complémentaire à l'hôpital principal aménagé au Bon-Sauveur ; cet établissement compte Modèle:Nobr à la mi-juin et 500 à la mi-juillet quand l'hôpital est obligé de fermer à cause des bombardements allemands depuis la rive droite de l'Orne<ref name=caensgm/>. Des croix rouges, fabriquées avec les moyens du bord, sont disposées sur les murs et les toits du lycée, ainsi que dans le parc, afin de signaler cet îlot sanitaire aux bombardiers ; le secteur est ainsi protégé des bombardements aériens, mais de très nombreux obus, envoyés par les Alliés, puis par les Allemands, font plus de Modèle:Nobr (Modèle:Nobr et une trentaine de blessés)<ref name=caensgm/>. Les réfugiés s'installent dans l'abbatiale et dans les anciens bâtiments conventuels, les dortoirs du premier étage étant réservés aux malades et ceux du second étage aux personnes âgées impotentes et grabataires ; les caves de l'abbaye servent d'abris en cas de bombardement. Les corps des victimes décédées sont entreposés dans le couloir des classes et un cimetière provisoire est creusé dans le parc. Le directeur de la Défense passive et des centres d'accueil, Joseph Poirier, dirige les opérations depuis l'abbaye aux Hommes, l'hôtel de ville de la place de la République ayant été détruit<ref name=caenete44/>.
Le Modèle:Date-, les troupes anglo-canadiennes entrent dans Caen ; les responsables alliés se rendent à l'abbaye où le préfet Cacaud a transféré ses bureaux<ref>Édouard Tribouillard, Caen après la bataille, la survie dans les ruines, Rennes, Éditions Ouest-France, 1993.</ref>. Le Modèle:Date-, après que Michel Cacaud, investi par le gouvernement de Vichy, a passé officiellement le pouvoir au nouveau préfet Pierre Daure, les résistants caennais hissent le drapeau tricolore sur un lampadaire de la place Monseigneur-des-Hameaux et chantent la Marseillaise, marquant ainsi symboliquement la libération de la rive gauche de l'Orne<ref name=caenete44/>.
La transformation en hôtel de ville
Après la Seconde Guerre mondiale, la décision fut prise de construire un nouveau lycée. Les locaux libérés devaient être occupés par le musée des beaux-arts de Caen et par le musée de Normandie nouvellement créé<ref>Jean-Yves Marin et Jean-Marie Levesque (dir.), Mémoires du château de Caen, Caen, Skira-Seuil, 2000.</ref>. La construction du nouveau lycée n'étant pas jugée prioritaire, ce projet traîna en longueur. Finalement, les deux musées ont été aménagés dans l'enceinte du château de Caen et c'est l'administration municipale qui occupe désormais l'abbaye depuis l'ouverture du nouveau lycée Malherbe en 1961.
Afin d'accueillir décemment l'hôtel de ville, les locaux ont été restaurés. En 1964, les jardins à la Française de l'esplanade Jean-Marie Louvel ont été redessinés par Louis Bouket d'après des plans du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name="villedecaen" /> ; afin d'aménager les Modèle:Unité de l'esplanade, la statue de Louis XIV, qui trônait sur la place depuis 1882, a été déménagée sur la place Saint-Sauveur et l'aile en retour du Petit Lycée, désormais occupé par la police municipale, a été démolie. Le Modèle:Date-, la première réunion du conseil municipal se déroule dans la salle capitulaire<ref name="villecaenchrono">L'abbaye aux Hommes – Chronologie sur le site de la Ville de Caen.</ref>.
Description
<imagemap> Image:Abbaye hommes plan.png|vignette|centre|redresse=2.5|Cliquez sur l'image pour obtenir les informations correspondant à chaque bâtiment.
poly 325 142 344 144 348 130 378 133 376 144 423 151 422 141 484 149 509 169 506 194 488 210 468 215 455 215 415 211 415 199 319 187 Église abbatiale (XIe-XVIIe siècles) poly 158 201 189 202 190 194 222 195 219 271 191 269 194 217 160 214 Palais ducal (XIVe siècle) poly 331 356 352 356 352 416 331 416 Salle des gardes (XIVe siècle) poly 161 177 172 182 160 203 192 398 290 495 349 513 410 523 555 523 559 534 412 534 291 516 180 404 146 193 Fortifications (XIVe siècle) poly 162 175 166 175 186 147 187 128 190 96 209 80 260 63 443 49 516 181 527 214 545 295 556 351 561 403 563 430 554 522 559 530 566 501 569 431 569 389 561 328 553 278 541 241 525 187 505 137 482 89 453 39 358 42 245 58 195 73 182 94 Tracé hypothétique des fortifications rect 323 481 341 490 Boulangerie (XVIIe siècle) poly 341 190 332 272 408 281 417 212 435 214 419 383 388 382 395 305 329 298 324 355 332 357 331 376 300 371 319 187 Bâtiments conventuels (XVIIIe siècle) poly 339 190 417 198 408 280 331 272 Cloître (XVIIIe siècle) poly 277 176 318 184 318 204 276 199 Pavillon d'entrée (XVIIIe siècle) poly 261 60 639 118 632 181 233 118 Rue Guillaume le Conquérant poly 153 225 80 236 82 257 58 261 58 277 75 277 89 359 152 354 139 282 163 279 Monastère des Visitandines (XIXe siècle) poly 50 262 80 259 79 239 154 226 151 197 181 144 181 104 87 174 42 213 Ancien clos de la Pépinière poly 78 362 176 350 182 402 293 510 161 502 124 489 106 473 Ancien clos de la Pépinière poly 521 170 648 185 644 218 518 204 Couloir des classes (XIXe siècle) rect 557 403 611 430 Petit Lycée (XIXe siècle) poly 437 213 484 214 500 202 642 220 652 253 688 308 686 346 660 378 635 386 622 413 419 383 Esplanade Jean-Marie Louvel (XVIIIe siècle) poly 247 380 300 383 309 395 309 417 242 415 Vestige du temple gallo-romain poly 309 427 362 430 350 517 294 509 271 483 306 463 Musée d'initiation à la nature
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</imagemap>=== L'église abbatiale ({{#switch: au
| e | er | = Modèle:S mini-{{#ifeq: XVII|-| – | XVII }}Modèle:S mini- siècle
| Modèle:S mini-{{#ifeq: au|-| – | au }}Modèle:S mini- siècles
}}) === Modèle:Article détaillé Le style de l'abbaye est influencé par l'art lombard. Lanfranc est d'ailleurs originaire de Lombardie et sa ville, Pavie est sous le patronage de saint Étienne. Les tours de la façade possèdent une architecture proche de celles visibles à Ravenne et Milan.
En résumé, l'abbatiale Saint-Étienne est héritière des innovations accomplies dès 1040 à Notre-Dame de Jumièges, elle-même s'inscrivant dans la tradition carolingienne et ottonienne : alternance des piles, vastes tribunes voûtées, articulation en doubles travées, déambulatoire, massif à deux tours. D'autres éléments sont totalement nouveaux : façade harmonique, continuité parfaite entre le vaisseau de nef et la façade, coursière faisant le tour de l'édifice et voûtement sexpartite. L'influence de cette abbaye, dont la construction coïncide avec la conquête de l'Angleterre par les Normands, apparaît à Winchester, Ely, Peterborough ou encore à la cathédrale de Durham.
L'ancienne abbatiale fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par liste de 1840<ref name="Mérimée">Modèle:Base POP Mérimée.</ref>.
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Façade ouest.
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Le chevet vers 1885.
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Vue générale du chevet.
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Le chœur.
Le palais ducal (Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle)
Le palais ducal, également appelé palais de Guillaume ou Logis du Roi, a été construit au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, probablement pour accueillir les hôtes de marque de l'abbaye<ref name=lenglart/>. Endommagé lors des guerres de religion, le bâtiment est transformé à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle en écurie et en grenier. Après la Révolution française, il sert de magasin à vivres pour l'armée. En 1840, les plans pour établir l'École normale d'instituteurs dans le palais sont adoptés par le conseil des bâtiments civils<ref>Modèle:Lien web</ref>. La société des antiquaires de Normandie envisage d'utiliser le bâtiment pour y installer ses collections, mais le musée des antiquaires de Normandie est finalement aménagé dans l'ancien collège du Mont en 1854<ref>Lucien Musset, « Historique sommaire du Musée des antiquaires (1824-1963) », Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie, Modèle:Tome (1963-1965), Caen, 1965, Modèle:P. Modèle:Lire en ligne.</ref>.
En 1865, une chapelle est construite à partir d'un prétoire du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. En 1887, l'École normale d'instituteurs est transférée dans les nouveaux locaux de la rue Caponière (actuellement rectorat de Caen). À cette date, il est converti en École normale des institutrices. Le bâtiment fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le Modèle:Date-<ref name="Mérimée" />. Depuis 1961<ref name="villedecaen" />, l'édifice est la propriété de la ville de Caen. Le rez-de-chaussée sert de salle de réception et le premier étage héberge les archives municipales, le reste du bâtiment étant inoccupé. Le Modèle:Date-, l'artothèque de Caen est inaugurée dans les bâtiments restaurés<ref>Virginie Jamin, « Rénové, le palais ducal accueillera l'artothèque » dans Ouest-France, édition de Caen, Jean-Luc Évin (dir.), Rennes, 17 décembre 2009 Modèle:ISSN Modèle:Lire en ligne.</ref>.
L'ancien logis est aujourd'hui isolé du reste des bâtiments de l'abbaye. Mais à l'origine, il formait le côté ouest d'une grande cour et était relié au reste des bâtiments conventuels par le prétoire<ref>Plan de l'abbaye aux Hommes dans le Monasticon Gallicanum, 1684</ref>. Le bâtiment de trois niveaux est aujourd'hui long de Modèle:Dunité<ref name="lenglart" />. Il a été prolongé en 1864-1865 par l'architecte départemental Léon-Florentin Marcotte de deux travées par un bâtiment néo-gothique en saillie sur la façade et dont le rez-de-chaussée est occupé par une chapelle. Avant cette date, la façade orientale avait déjà été altérée par l'architecte municipale Émile GuyModèle:Efn. Les ouvertures basses et irrégulières du rez-de-chaussée ont été modifiées. À l'étage noble, les huit baies en tiers-point, murées pour la plupart, ont été rouvertes et inscrites dans des ogives supportées par des colonnes. Au niveau supérieur, les ouvertures rectangulaires ont été transformées en oculus inscrites dans des arcs décoratifs incrustés. Trois contreforts ont été détruits et la corniche a été refaite à neuf. Enfin, le pignon sud et la tourelle d'escalier centrale ont été repris pour unifier l'ensemble. La façade occidentale, qui s'ouvre sur une cour au pied des anciennes murailles de l'abbaye, n'a pas été concernée par les travaux du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle ; elle est percée au rez-de-chaussée par des arcades en plein-cintre et aux niveaux supérieurs par des fenêtres de forme quasiment carrée. Au rez-de-chaussée de l'ancien palais, une grande salle offre un très beau vestige de la construction gothique d'origine : une série de colonnes octogonales, alignées sur un axe central, soutient des voûtes en ogive.
En 2012-2013, le palais a fait l'objet d'un vaste programme de restauration : démolition d'un niveau de plancher dans les combles afin de créer une salle d'exposition avec vue sur la charpente, inversion d'un escalier afin de créer une nouvelle entrée, destruction du mur d'enceinte du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle pour créer une esplanade devant le bâtiment, création d'une terrasse accessible au public, etc.
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Avant la restauration du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.
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L'ancien palais en 1910.
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La façade principale en 2017.
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L'ancienne chapelle construite en 1865 après la restauration de 2013.
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Cour ouest.
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L'ancienne chapelle avant la démolition de l'escalier en 2013.
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L'ancienne chapelle après la démolition de l'escalier en 2013.
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Les combles avant la démolition du plancher en 2013.
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La grande salle d'exposition après démolition du plancher.
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Salle gothique du rez-de-chaussée.
La salle des gardes (Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle)
La salle des gardes est un bâtiment construit au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name=villedecaen/>. Elle était utilisée comme salle de réception lors de la venue des hôtes de marques à l'abbaye. La salle à l'étage servait également de palais de justice quand l'abbé rendait des jugements concernant ses terres ou quand l'Échiquier de Normandie, itinérant jusqu'en 1499, passait par Caen ; le rez-de-chaussée était alors utilisé comme salle des pas perdus. Les États provinciaux de Normandie siégeaient aussi à l'occasion dans cette salle.
Ravagé lors des guerres de religion, l'édifice connaît le même sort que le palais ducal en étant transformé en écurie et en grenier. La salle prend son nom actuel au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, bien qu'elle n'ait jamais servi à abriter la moindre garnison. Désirant fermer la cour sud des nouveaux bâtiments conventuels en construction, les moines projettent de détruire le bâtiment ; ils commencent par démolir une tour abritant l'escalier menant à l'étage.
La Révolution française sauve l'édifice de la destruction, mais il est sérieusement détérioré quand l'abbaye est transformée en établissement scolaire. En 1804, des baies et la rosace sont murées, tandis que de nouvelles ouvertures carrées sont percées sur la façade ; on installe des cloisons et on multiplie les planchers afin d'installer des salles de classe. En 1828-1830, ces dernières sont transférées dans le couloir des classes que l'on vient de construire dans les jardins à l'est ; on abat alors toutes les cloisons et tous les planchers afin d'aménager un gymnase. En Modèle:Date-, le gymnase est provisoirement transformé en hôpital militaire<ref name="caenavant1940" />.
La salle des gardes fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le Modèle:Date-<ref name="Mérimée"/>. Entre 1968 et 1976, la salle des gardes est restaurée avec soin par Jean Merlet, chef des monuments historiques, grâce à une description de l'édifice faite par Arcisse de Caumont à laquelle était jointe une gravure réalisée en 1767 par Andrew Coltee Ducarel<ref name=lenglart/>. La salle à l'étage sert de salle de délibération du conseil municipal depuis le Modèle:Date-.
L'édifice de deux niveaux fait Modèle:Dunité. Plus ancien que le reste des bâtiments conventuels, il est légèrement désaxé par rapport aux bâtiments du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.
Au sud, la façade est ouverte par trois hautes fenêtres ogivales couronnées d'un gable. Elle est encadrée par deux tourelles octogonales qui étaient à l'origine coiffées par des pyramides à huit pans. Au nord, la façade est percée d'une rosace fermée par vitrail, restaurée grâce à des gravures anciennes, dont le centre représente un château, emblème de Caen au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Sur la façade orientale, on peut encore voir les vestiges de l'ancienne tour abritant l'escalier ; de forme carrée, elle était renforcée par des contreforts et couronnée par une haute toiture à quatre pans. Les façades sont percées de baies en tiers-point décorées de pilastres cannelées.
Au rez-de-chaussée, sont exposés les résultats de la fouille menée sur le site en 1974 et entre 1979 et 1981 ; au centre de la salle, le squelette de la première Caennaise connue, une femme ayant vécu vers -1000 avant Jésus-Christ, est disposé dans une sépulture recouverte d'un tombeau vitré.
À l'étage, la voûte en forme de coque de bateau renversée a dû être reconstruite en châtaignier, mais les deux poutres d'origines, en chêne, ont été conservées ; cette voûte était autrefois peinte d'armoiries qui n'ont malheureusement pas pu être restituées<ref name=villedecaen/>. Au sol en revanche, la céramiste Françoise Bizette, secondée par Catherine Le Couey, a pu reproduire le pavage à l'ancienne constitué de pavés de briques vernissées dont une partie était conservée par la Société des antiquaires de Normandie<ref name=trebutien/> ; ces carreaux représentent soit les armoiries de villes et de provinces (Caen, Normandie, Angleterre, Flandre) ou de personnages (abbés, des bienfaiteurs et grands seigneurs y ayant séjourné), soit des symboles religieux ou des motifs géométriques, soit enfin la conquête de l'Angleterre de 1066<ref name=villedecaen/>. Les deux cheminées détruites au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle ont également pu être restaurées.
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La salle des gardes dans son état d'origine<ref name="1855_hippeau" />.
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L'angle nord-est de la salle des Gardes transformée en gymnase.
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L'angle nord-est de la salle aujourd'hui.
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Façade nord.
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Angle sud-ouest.
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Salle du conseil, de nuit.
Les fortifications (Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle)
Des remparts dressés en 1347, et détruit au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, il n'en subsiste que des vestiges : une muraille et une tour, rue du Carel, et la tour Guillaume au fond de la cour du palais ducal, rue Lebailly et sur l'esplanade Jean-Marie Louvel. La tour située dans la cour de l'ancien palais ducal fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le Modèle:Date-<ref name="Mérimée"/>. La tour de la rue du Carel fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le Modèle:Date-<ref name="Mérimée"/>.
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Vestiges des remparts construits au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.
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Tour d'angle, rue du Carel.
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Tour de la rue Lebailly.
La boulangerie (Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle)
Situé à l'extrémité sud de l'enceinte de l'abbaye, ce petit bâtiment du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et une partie de l’ancienne charetterie abritent, depuis 1974, les collections du Musée d'initiation à la nature.
Les bâtiments conventuels (Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle)
L'ensemble formé par le bâtiment situé à l'entrée, le cloître avec les bâtiments qui l'entourent et les deux ailes placées à la suite fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le Modèle:Date-<ref name="Mérimée"/>.
Le cloître
Le cloître a été reconstruit à la place de l'ancien par Guillaume de la Tremblaye. La construction a duré plusieurs décennies<ref name=lenglart/> :
- galerie est (1725-1728) ;
- galerie nord (1734-1736) ;
- galerie ouest (1741-).
Les galeries sont de type toscan : les arcades en plein cintre sont encadrées par de fausses colonnes rectangulaires légèrement en saillies surmontées de chapiteaux doriques comme à l'abbaye d'Ardenne reconstruite à la même époque. À l'intérieur, les arcades sont rythmées par des arcs-doubleaux reposant sur le même type de fausse colonne. Le plafond des arcades est constitué de voûtes d'arêtes doubles déprimées avec lunettes longitudinales et transversales et de plafonds centraux octogonaux bordés de nervure<ref name=lenglart/>. Le même dispositif a été employé à l'abbaye aux Dames, mais le cloître n'y a jamais été fermé par manque de moyen.
Lors de la restauration de l'ancienne abbaye dans les années 1960, le jardin « à la française » inspiré de ceux de Le Nôtre ont été reconstitués. Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, il avait été transformé en terrain d'exercice et en cour de promenade pour les lycéens.
L'aile est
Les travaux de reconstruction de l'abbaye ont commencé par l'aile orientale. La première pierre a été posée le Modèle:Date- par l'évêque de Bayeux, Monseigneur de Nesmond, et par l'intendant de la généralité, Nicolas Joseph Foucault<ref name=blanchard92/>. Le gros œuvre et les sculptures de la façade sont achevés en 1713 et la toiture est terminée en 1715. Les travaux aboutissent en 1726<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Ce bâtiment, long de Modèle:Nobr<ref name=trebutien/>, a été construit dans l'alignement du croisillon sud de l'église abbatiale. Il est composé de trois niveaux de Modèle:Nobr de haut, du sol jusqu'à l'entablement, et d'un toit mansardé.
Du nord au sud, on trouve :
- l'escalier des Matines ;
- l'ancienne sacristie ;
- l'ancienne salle du chapitre, ancienne chapelle du lycée, actuellement salle des mariages ;
- l'ancien scriptorium, ancienne salle des fêtes, d'examens et de remise des prix du lycée, aujourd'hui lieu d'expositions temporaires.
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Vue d'ensemble depuis l'esplanade.
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Fronton du pavillon central.
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Ancienne salle du Chapitre.
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Chaire dans l'ancienne salle du Chapitre.
L'aile du réfectoire
Dans les caves, on peut trouver un pressoir de la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle les moines l’utilisaient pour la fabrication du cidre destiné à leur propre consommation. Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, il était toujours en activité pour le compte du lycée.
On y trouve au rez-de-chaussée d'est en ouest :
- l'escalier d'honneur ;
- le réfectoire, qui conserve cet usage quand l'abbaye est utilisée comme lycée, aujourd'hui salle de réception de l’hôtel de ville.
Le pavillon d'entrée
Ce bâtiment a été construit entre 1730 et 1734 pour accueillir la porterie, le parloir et le bureau des officiers.
L'esplanade Jean-Marie Louvel (Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle)
En 1727, un mur de soutènement est construit au sud<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le canal du petit Odon est voûté<ref>Modèle:Harvsp.</ref> et les terrains à l'est de l'abbaye sont remblayés de vingt-cinq pieds<ref name="1855_hippeau" />. Le pied du chevet de l'église Saint-Étienne se trouve de ce fait légèrement enterré. Sur cette grande esplanade, on aménage des jardins à la française, formés de parterres, de bosquets et de labyrinthes<ref name=trebutien/>. Dans les années 1750, ce jardin est agrandi après que les moines ont reçu la propriété des terrains autrefois occupés par les fossés, les contrescarpes et les fortifications de la ville de Caen.
Quand l'abbaye est transformée en lycée, le jardin connaît de profondes transformations. Il est amputé de sa partie orientale en 1810 afin d'aménager la place du parc (actuelle place Louis Guillouard). Au nord et au sud-est, sont construits de nouveaux bâtiments dans les années 1820 et 1880. Le reste du terrain est planté de marronniers afin de former un parc à l'usage des élèves du lycée.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, des croix rouges sont disposées dans le parc afin de signaler aux bombardiers l'îlot sanitaire aménagé dans le lycée. Un cimetière provisoire est également creusé dans le parc.
Dans les années 1960, l'esplanade, baptisée Jean-Marie Louvel en l'honneur d'un ancien maire de Caen, est restaurée d'après les plans originaux du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et redevient un jardin à la française. Celui-ci prend sa forme actuelle dans les années 1990 après la construction du parking sous la place Louis Guillouard.
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Esplanade avant 1882.
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Vue vers l'est.
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Vue vers l'ouest.
Lieu de tournage
En Modèle:Date-, l'équipe de l'émission Secrets d'Histoire a tourné plusieurs séquences à l'abbaye dans le cadre d'un numéro consacré à Guillaume le Conquérant, intitulé Guillaume le Conquérant : à nous deux l'Angleterre !<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Voir aussi
Bibliographie
- Gallia christiana, tome XI, pages 420-429, instrum : page 72
- Dom Michel Germain, Matériaux du Monasticon Gallicanum, Modèle:Manuscrit « Regalis abbatiæ S. Stephani Cadomensis scenographia 1684 »
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Article
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Arrest contradictoire de la Cour des aydes de Rouen : qui condamne les religieux de l'Abbaye de Caën au payement du droit de subvention à l'entrée, à l'exception des boissons de leurs crù consommées pour leur provision : a l'effet de quoy il est permis de faire deux visites par an dans leur maison, & qui leur fait deffenses de vendre aucunes boissons en détail dans ny hors l'enclos de leur maison : du Modèle:Date-, Cour des aides de Rouen, [Sl.s.n.], 1684
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
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Notes et références
Notes
Modèle:Crédit d'auteurs Modèle:Références
Références
Articles connexes
- Patrimoine religieux de Caen
- Abbaye aux Dames
- Guillaume le Conquérant
- Architecture normande | Architecture médiévale normande
- Art roman
- Liste des monuments historiques du Calvados