Castel Béranger

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Modèle:En-tête label Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Monument

Le Castel Béranger est un immeuble d'habitation Art nouveau dont l'entrée principale se situe 14 rue Jean-de-La-Fontaine dans le [[16e arrondissement de Paris|Modèle:16e de Paris]].

Premier immeuble de rapport à loyer modéré édifié dans ce style à Paris, il est entièrement conçu et supervisé entre 1895 et 1898 par Hector Guimard (1867-1942) qui, s'inspirant des principes rationalistes d'Eugène Viollet-le-Duc comme des innovations esthétiques de Victor Horta, en retire une notoriété immédiate.

Les façades du Castel Béranger, asymétriques, affichent des retraits, des saillies, des jeux de matériaux, de couleurs et de formes dont certains soulignent les agencements intérieurs. La fantaisie créatrice de Guimard se signale en outre par l'emploi et le dessin inédit des ornements de ferronnerie et des vitraux. Mais elle éclate plus encore à l'intérieur du bâtiment : l'architecte, conformément à l'idéal qui fonde l'Art nouveau et usant beaucoup de l'arabesque, imagine dans ses moindres détails la décoration, des parties communes aux appartements, tout en cherchant à rationaliser les espaces.

L'ensemble compte alors Modèle:Nombre pas très grands, tous différents, parmi lesquels, au Modèle:6e, quatre ateliers d'artistes occupés entre autres par le peintre Paul Signac et l'architecte-décorateur Tony Selmersheim. Si le Castel Béranger déroute le public par son aspect, il remporte dès son achèvement le premier concours de façades de la ville de Paris. Il contribue surtout à lancer dans la capitale l'architecture Art nouveau et ce que son créateur nommait le Modèle:Citation.

Un siècle après sa construction, le Castel Béranger est devenu une copropriété. Classé monument historique en 1992, il ne se visite pas.

Description du bâtiment

Le Castel Béranger est une résidence privée dont sont visibles l'extérieur, y compris côté cour, et ce qui peut être aperçu du vestibule à travers le portail.

D'une surface au sol totale de Modèle:Unité, il se compose de deux édifices parallèles en gros rectangulaires, situés l'un derrière l'autre : le premier, longeant au sud-est la rue Jean-de-La-Fontaine, dissimule le second, qui lui est relié par un étroit corps de logis côté nord-est, tandis que la cour tout en longueur qui les sépare ouvre au sud-ouest sur l'impasse hameau Béranger Modèle:Incise. Les trois bâtiments s'élèvent sur six étagesModèle:Sfn.

Le peintre Paul Signac a décrit ainsi le Castel pour La Revue blanche du Modèle:Nobr : Modèle:Citation

La façade sur la rue Jean-de-La-Fontaine n'est en effet pas symétrique, ni vraiment plane, ni uniforme, ce qui semble la diviser en différents pans élancés, certains terminés par des linteaux triangulairesModèle:Sfn. Le rez-de-chaussée et le premier étage sont en pierre de taille claire, ainsi qu'une partie à gauche légèrement saillante ; le reste est en meulière, ou en brique rouge pour le pan de droite plus enfoncé et le sixième étage. Oriels, balcons aux rambardes ouvragées, hippocampes ornant les ancres de chaînage, sont irrégulièrement disséminés sur la façade et plusieurs linteaux de fenêtres surmontés d'un arc. Au cinquième étage, dans l'angle sud-est lui-même en retrait, se creuse une petite loggia carrée<ref name="AN1">Le Castel Béranger 14, rue La Fontaine - Pais 16e , L'Art Nouveau, 2021.</ref>,<ref name="PLD1">Magazine Paris la douce - Auteur Caroline Hauer.</ref>,Modèle:Sfn.

Le portail d'entrée principal, inscrit dans un arc de cercle et encadré de deux colonnes sculptées, associe des plaques de cuivre poli et des arabesques en fer forgé turquoise, au travers desquelles se laisse entrevoir le vestibule tapissé de panneaux de grès vernissé et flammé dont les teintes oscillent du vert au cuivréModèle:Sfn,<ref name="AN1" />,<ref name="PLD1" />.

Les deux façades latérales du hameau Béranger, où dominent la meulière et la brique, sont également asymétriques, avec des encorbellements variés, et longées par une grille rompue de quelques arabesquesModèle:Sfn. Celle-ci permet de voir au fond la brique rouge du petit bâtiment nord-est, percée de fenêtres en escalier, tandis que les deux façades donnant sur la cour intérieure offrent plusieurs décrochements, dont une partie en métal saillante comme une tour. Modèle:Citation

Historique de la construction

La conception et la réalisation du Castel Béranger peuvent être retracées dans les grandes lignes grâce entre autres aux archives d'Hector Guimard, conservées pour la plupart au musée d'Orsay<ref>Le Cercle Guimard - Dans les musées.</ref>. Le chantier lancé à l'Modèle:Nobr dure environ deux ans et demi : l'architecte-décorateur, en véritable maître d'œuvreModèle:Sfn, travaille sans relâche aux divers aménagements, sa frénésie novatrice se révélant surtout à l'intérieurModèle:Sfn.

Naissance du projet

Hector Guimard, âgé de vingt-sept ans, est encore inconnu lorsqu'il se voit confier la charge d'ériger un immeuble de rapport dans le [[16e arrondissement de Paris|Modèle:16e de Paris]].

Au milieu des Modèle:Nobr, Hector Guimard Modèle:Incise a à son actif, comme réalisations architecturales, une salle de café-concert, le petit pavillon de l'électricité à l'Exposition universelle de 1889 et plusieurs villas ou hôtels particuliers du quartier d'AuteuilModèle:Sfn,Modèle:Sfn. C'est sans doute par l'intermédiaire de leurs propriétaires (les Roszé, Jassedé, Delfau), ou encore de la veuve du sculpteur Jean-Baptiste Carpeaux, qu'il est introduit dans la communauté bourgeoise catholique de ce coin du Modèle:16e, où il réside, et qu'il fait la rencontre d'Élisabeth Fournier (1835-1923), une veuve cherchant à investir dans l'immobilier locatifModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Auteuil ne s'embourgeoise véritablement qu'une dizaine d'années plus tard, avec l'arrivée d'une ligne de métro : en cette toute fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, le quartier abrite encore des ouvriers, des artisans, des commerçants, et les boutiques y voisinent avec des entrepôts ou des fabriquesModèle:Sfn,<ref name="Paris">Modèle:Ouvrage.</ref>. Élisabeth Fournier y a acquis, à l'angle de rue Jean-de-La-Fontaine et du hameau BérangerModèle:Sfn, une parcelle de terrain à bâtir prise sur l'ancien parc du château de la Tuilerie. Visant la classe moyenne, elle souhaiterait compenser par le nombre de logements construits la relative modicité des loyersModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Le Modèle:Nobr est déposé à la préfecture de la Seine un premier projet peut-être encore d'inspiration néogothiqueModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Suit le Modèle:Nobr une seconde demande, qui concerne un triple immeuble de rapport comptant Modèle:Nombre et s'accompagne de plans datés du mois de marsModèle:Sfn.

Photo en couleur d'une façade d'immeuble étroite, avec des encorbellements arrondis et des parties en métal
L'hôtel Tassel à Bruxelles, œuvre de Victor Horta.
Photo en couleur d'un palier avec colonnes fines, mosaïque au sol, arabesques sur la rampe d'escalier et les murs
Escalier de l'hôtel Tassel.



En attendant la validation des services de voirie, Guimard surveille son chantier de l'école du Sacré-CœurModèle:Note, avenue de La Frillière, et celui du second étage de l'atelier Carpeaux, boulevard ExelmansModèle:Sfn.

Au cours de l'été, répondant grâce à une bourse d'études gagnée peu avant à une invitation de l'architecte-décorateur Gustave Serrurier-BovyModèle:Sfn, il effectue à Liège et à Bruxelles, Modèle:Citation, un voyage qui Modèle:Incise va être Modèle:CitationModèle:Sfn. Il y rencontre en effet Paul Hankar, découvre les envois du groupe de Glasgow mené par Charles Rennie Mackintosh : mais les travaux de Victor Horta (1861-1947) surtout constituent pour lui une révélation, en particulier la façade aux oriels arrondis et la décoration intérieure luxuriante de l'hôtel Tassel, qu'il prend en photoModèle:Sfn,Modèle:Sfn et dont il entend bien tirer partiModèle:Sfn.

Le Modèle:Nobr est délivré le permis de construire de ce qui s'appelle encore sur le papier le « Castel Fournier »Modèle:Sfn et pour lequel la veuve a donné carte blanche à son architecteModèle:Sfn.

Évolution et réalisation

De retour à Paris, Hector Guimard modifie sensiblement le projet de son nouvel immeuble sans toutefois toucher à sa structureModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Il n'est plus temps de bouleverser les plans d'ensemble avalisés par la préfectureModèle:Sfn : l'ossature du bâtiment et l'organisation de ses volumes resteront conformes à la demande déposée en juinModèle:Sfn. En revanche, quitte à convaincre sa commanditaire d'investir un peu plus, le jeune architecte va laisser libre cours à sa fantaisie créatrice pour les ornements des façades et les décors intérieursModèle:Sfn.

Photo en couleur d'un coin d'immeuble avec matériaux de diverses couleurs, et ornements de balcon et de gouttière en fer forgé clair, bleu-vert
Angle sud-ouest et loggia : pierre de taille, meulière, brique beige ou rouge, fer forgé.

Ceux-ci vont être élaborés simultanément au fur et à mesure qu'avance le gros œuvre, entamé dès réception du permis de construire et achevé en décembre de l'année suivante : encorbellements et cheminées sont ainsi dessinés au Modèle:Nobr, ajouts extérieurs du dernier étage et entourages de portes durant l'été. Modèle:Nobr, plusieurs appartements sont déjà prêts mais la décoration du vestibule et des cages d'escalier est encore à l'étudeModèle:Sfn. Au Modèle:Nobr, alors que des travaux de revêtement (sols, murs) ou d'ornementation (vitraux, quincaillerie) se poursuivent dans les parties communes et certains intérieurs, Modèle:Nombre sur 36 sont déjà louésModèle:Sfn.

S'agissant des matériaux de construction, la pierre de taille nécessaire aux soubassements s'impose aussi pour la façade de la rue Jean-de-La-Fontaine, la plus cossue ; sur cour et côté impasse règnent, parce que plus économiques, la meulière et la briqueModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Celle-ci, rouge, grise ou émaillée de tons verts, bleus et roses, est utilisée là où elle ne peut fragiliser l'édifice (parties hautes, avant-corps)Modèle:Sfn,<ref name="PBnFT3">Le Castel Béranger, 1895-1898 – Pierre et brique, Passerelle(s) de la BnF, 2015.</ref>. Comme beaucoup d'architectes de l'Art nouveau en Europe, Guimard a à cœur de mêler également dans les appartements et les parties communes divers matériaux plus ou moins « nobles »Modèle:Sfn Modèle:Incise et d'en exploiter qui sont d'invention récente, tels le lincrusta tiré du linoleum par Frederick Walton en 1877, la brique de verre creuse mise au point en 1886 par l'ingénieur Gustave FalconnierModèle:Sfn,<ref>Le Castel Béranger, 1895-1898 – Brique de verre, Passerelle(s) de la BnF, 2015.</ref>, ou encore le verre « américain » opalescent de TiffanyModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn.

En accord avec un principe fondamental de l'Art nouveau et la conception qu'en a justement Victor Horta, le Castel Béranger est une œuvre d'art totaleModèle:Sfn,Modèle:Sfn dont l'architecte, se faisant décorateur, prend en charge le second œuvreModèle:Sfn,<ref name="Paris" />. En plus des grilles, frises ou garde-corps, d'une lanterne pour la cour, d'une fontaine avec son robinet, il a dessiné tout ce qui pouvait être orné à l'intérieur : murs du vestibule dont le grès flammé évoque une grotte ou un abysseModèle:Sfn, linteaux, frises et manteaux de cheminées également en grès flammé<ref>Le Castel Béranger, 1895-1898 – Grès flammé, Passerelle(s) de la BnF, 2015.</ref>, rampes et tapis d'escaliers, mosaïques des sols, vitraux, lambris, papiers peints, fourneaux, lavabos, robinets, serrures, poignées de portes et de fenêtres, pitons de tringles, etc.Modèle:Sfn,Modèle:Sfn.

À part les cheminées, leurs miroirs et le mobilier de toilette, il ne crée pas de meubles pour les appartements puisque les locataires apporteront les leurs<ref name="LCG1">Extraits de l'Album Béranger mis en ligne par Le Cercle Guimard.</ref> mais, soucieux de détails pratiques, installe dans le vestibule une cabine téléphonique, commodité très rare à l'époque, et invente un casier à courrier Modèle:InciseModèle:Sfn. Ses nombreux dessins témoignent de sa productivité comme de sa méthode : laisser d'abord aller sans frein son imagination puis épurer peu à peu en rationalisantModèle:Sfn.



Photo sépia colorisée par endroits montrant un homme barbichu à un bureau dans un décor chargé
Hector Guimard dans son agence-atelier du Castel Béranger (vers 1900).

Le maître d'œuvre passe commande à une bonne trentaine d'entreprises, comme celles du fameux Alexandre Bigot pour les céramiques<ref name="PBnF2">Le Castel Béranger, 1895-1898 – Les entreprises qui ont participé au Castel Béranger, Passerelle(s) de la BnF, 2015.</ref> ou du sculpteur strasbourgeois Jean-Désiré Ringel d'Illzach pour les fontes de l'extérieurModèle:Note : hippocampes aux allures d'enseignes et, sur les rambardes des balcons, masques stylisés à l'effigie probable de l'architecteModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Note. Il reste que la production de la plupart des pièces de décor est contrôlée sur place dans ses ateliers : jusqu'en 1904 en effet, son agence est située dans l'angle du rez-de-chaussée, et il s'est réservé un logement en étageModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Dans le courant de l'Modèle:Nobr, le triple immeuble est entièrement terminé et occupé<ref>Le Castel Béranger, 1895-1898 – Histoire du castel Béranger, Passerelle(s) de la BnF, 2015.</ref>,Modèle:Note.

Aux fondements du « style Guimard »

Modèle:Citation : sa célébrité mais aussi son style datent de cet ouvrage, qui développe l'impératif Art nouveau d'un lien intime entre structure et ornementModèle:Sfn,<ref name="Carac">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Héritier de Viollet-le-Duc

Tous les historiens d'art et d'architecture s'accordent à voir en Hector Guimard un continuateur d'Eugène Viollet-le-Duc.

D'une lecture approfondie du père de l'architecture moderneModèle:Sfn, Guimard a retenu Modèle:Incise l'idée de moderniser les habitations en lien avec les principes fondamentaux du rationalisme, de faire renaître les arts décoratifs et apparaître à l'extérieur certains agencements intérieursModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Dans les grandes lignes, estime l'historien de l'architecture et du patrimoine Jean-Michel Leniaud, les façades du Castel Béranger et en particulier celle de la rue Jean-de-La-Fontaine restent Modèle:Citation : planéité, en dehors de quelques bow-windows, combles en bâtière, ouvertures en rectangle ou plein cintre, lucarnes, mélanges de quelques couleurs et appareils (pierre et brique, meulière et brique coloréeModèle:Sfn)Modèle:Sfn. Modèle:CitationModèle:Note. L'historien de l'art Philippe Thiébaut, jugeant au contraire qu'on ne peut parler de planéité, insiste surtout sur l'asymétrie des façades du Castel, car c'est pour lui ce qui fait de ce bâtiment Modèle:Citation : celui-ci, rappelle-t-il, considérait la symétrie comme une simple habitude visuelle et non une condition de l'artModèle:Sfn.



C'est aussi un précepte de Viollet-le-Duc que de varier les matériaux et les couleurs dans un triple souci économique, architectonique et esthétique, de façon qu'ils accompagnent les articulations des façades et qu'ils servent, avec les formes choisies, à la visibilité de l'architecture intérieureModèle:Sfn,Modèle:Sfn,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Ici Modèle:Citation Modèle:Incise. De même à l'intérieur, comme pour souligner les étapes de la construction, il a laissé visibles les poutrelles métalliques qui soutiennent les hourdis de bois Modèle:Incise, leur assignant un rôle décoratifModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Pour finir, même si ces choix esthétiques ont pu être dictés avant tout par un souci d'économie et de rentabilitéModèle:Sfn, le jeune architecte s'est attaché à optimiser l'espace, à y faire entrer la lumière, à favoriser l'aération. Ainsi n'y a-t-il pas d'ascenseur et l'escalier de service, proche de l'escalier principal, en est-il séparé par un mur en briques de verreModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Les appartements ne sont pas très grands (une soixantaine de mètres carrés divisés en trois ou quatre piècesModèle:Sfn) mais les longs couloirs en sont bannis au profit d'antichambres desservant les pièces, qui communiquent également entre elles ; certaines salles à manger voient leur mur de refend remplacé par des colonnettes en fonteModèle:Sfn ; les salles de bain sont ramenées à des cabinets de toilette et Modèle:Citation, selon les principes de Viollet-le-Duc dans L'Histoire d'une maison (1873)Modèle:Sfn.

Émule de Horta

Hector Guimard élabore son langage décoratif en conférant une valeur hautement expressive à la ligne, à l'instar de Victor Horta mais d'une autre manièreModèle:Sfn.

Photo en couleur d'un coin de pièce aux tons chauds dont les murs en relief tarabiscotés sont encadrés d'arabesques en fer forgé
Vestibule du Castel Béranger.

Le peintre paysagiste Paul Signac poursuit ainsi sa description du Castel Béranger pour La Revue blanche : Modèle:Citation

Guimard est en effet revenu de Bruxelles convaincu que Modèle:Citation. Encore inspiré dans sa prime jeunesse par le style néogothique, il manifeste déjà dans ses dessins d'architecture, ses aquarelles et sa calligraphie une originalité qui se déploie après sa rencontre stimulante avec HortaModèle:Sfn.

L'architecte belge, refusant d'emprunter ses formes directement à la nature, aime à dire que ce qui l'intéresse dans la plante n'est pas la fleur ni la feuille mais la tige, qui va d'ailleurs devenir un symbole de l'Art nouveau<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Guimard garde à l'esprit l'abondance de courbes dans la décoration de l'hôtel Tassel mais l'interprète de façon personnelleModèle:Sfn pour en obtenir surtout des effets de mouvement<ref name="Carac" />. Selon l'Allemande Gabriele Fahr-BeckerModèle:Note, la tige n'est pas chez lui un ornement graphique comme chez Horta, ni un élément de dynamisme abstrait comme chez l'architecte belge Henry Van de Velde : tirée de la nature sans pour autant l'imiter, la tige Modèle:Incise lui sert à définir des espacesModèle:Sfn.

Jean-Michel Leniaud cite les piliers de la cour d'entrée, la porte et les vitraux de la cabine téléphonique, la fontaine de la cour intérieure, les ferronneries et les peintures comme éléments rappelant les lignes fluides de Horta mais en Modèle:CitationModèle:Sfn. L'oriel métallique à l'angle du deuxième étage serait encore Modèle:Citation, selon Georges Vigne, tandis que toute l'originalité de Guimard se manifesterait dans le portail du Castel, le graphisme des mosaïques au sol et des vitraux, celui des lambris réalisés en lincrusta-waltonModèle:Sfn et des papiers peints destinés chacun à un type de pièce<ref name="CGPP">Le Cercle Guimard - Réédition des papiers peints.</ref>,<ref name="PBnF2" />.



Selon Philippe Thiébaut, Modèle:Citation : dessinant des motifs volontiers abstraits, elle va devenir représentative de ce style « coup de fouet » qui caractérise l'Art nouveau notamment en France<ref name="PBnF3">Le Castel Béranger, 1895-1898 – Hector Guimard, Passerelle(s) de la BnF, 2015.</ref>. Le Castel Béranger, où il éclot, donne en tout cas à Guimard l'Modèle:Citation.

D'hier à aujourd'hui

Devenu soudain célèbre sinon apprécié, Hector Guimard sait très bien orchestrer son auto-promotion. Plus de la moitié de ses constructions n'en sont pas moins détruites, ainsi que celles d'autres architectes de l'Art nouveau, de l'entre-deux-guerres à la fin des Modèle:Nobr, la promotion immobilière profitant d'une désaffection vis-à-vis de ce style<ref name="PBnF3"/> : le Castel Béranger doit attendre la dernière décennie du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle pour être classé et partiellement restauré.

Accueil et promotion

Dessin en légère contre-plongée d'un immeuble vu depuis l'angle permettant de voir ses trois façades
Album Castel Béranger, vue d'ensemble (planche 1).

Si le Castel Béranger ne fait pas l'unanimité auprès de ses contemporains, son concepteur en profite pour lancer autour de lui une formidable campagne publicitaireModèle:Sfn.

Sur papier clair, dessin de motifs assez fondus ponctués régulièrement d'un motif flammé très contrastant
Album Castel Béranger, un des papiers peints (pl. 37).

L'édifice est critiqué par ceux qui dénient toute valeur esthétique aux créations de l'Art nouveau telles qu'en expose au même moment le collectionneur et marchand d'art Siegfried Bing dans sa galerie de la rue Chauchat. Il l'est aussi, d'après Jean-Michel Leniaud, par certains héritiers de Viollet-le-Duc qui, Anatole de Baudot en tête, estiment que Guimard s'exonère de toute réflexion rationaliste vraiment profonde sur l'emploi des matériaux et la fonction d'un bâtiment, trahissant par là l'esprit du maître et risquant de stériliser son propre talentModèle:Sfn.

D'autres critiques émanent d'une partie du public et de la presse : il est question de « Castel dérangé »Modèle:Sfn et, tandis que l'hebdomadaire Le Rire en publie une caricature, le poète Jean Rameau ironise dans les colonnes du Gaulois du Modèle:Nobr sur ce que certains riverains ont surnommé Modèle:Citation et où Modèle:CitationModèle:Sfn. Certains résidents confient d'ailleurs à l'architecte leur malaise face par exemple aux ramages stylisés des papiers peints : Modèle:CitationModèle:Sfn,<ref name="AN2">Le Castel Béranger et ses papiers peints, L'Art nouveau, 9 mars 2019 (conférence de Guimard).</ref>. Paul Signac, emménageant dès le Modèle:Nobr dans un atelier situé au milieu du Modèle:6e, trouve qu'Modèle:CitationModèle:Sfn,<ref name="AN3">Critiques sur le Castel Béranger, L'art nouveau, 9 mars 2019.</ref>.

Le peintre oublie toutefois en quelques mois ses réticences et les Modèle:Citation de Guimard pour ne plus être sensible qu'aux aspects pratiques de cette habitation moderne, où il aura bientôt pour voisin l'architecte-décorateur Tony SelmersheimModèle:Sfn,Modèle:Sfn. L'architecte et critique d'art Frantz Jourdain prend ardemment la défense des audaces innovantes de son jeune confrèreModèle:Sfn, tandis que le critique d'art Victor Champier fait un long éloge de l'édifice dans le numéro de Modèle:Nobr de sa Revue des arts décoratifs<ref>« Castel Béranger », article de Victor Champier paru en 1899 dans la Revue des arts décoratifs (pages 1 à 10).</ref>. Le Castel Béranger, simple immeuble de rapport, devient Modèle:Citation, d'autant que son créateur lui a donné une publicité qui irrite même certains de ses amisModèle:Sfn.

Dès 1896, il autorise l'architecte Louis-Charles Boileau à consacrer un article au Castel, tout en gardant le contrôle des images et cartes postalesModèle:Sfn. En 1898, il prépare un luxueux album qui paraît en novembre chez Rouam & Modèle:Cie sous le titre L'Art dans l'habitation moderne, le Castel Béranger, œuvre de Hector Guimard : 65 planches de dessins, photographies et aquarelles de sa main, reproduits en couleurs par héliogravureModèle:Sfn,<ref>L’art dans l’habitation moderne. Le Castel Béranger, œuvre de Hector Guimard, édité à Paris par la Librairie Rouam en 1898., Cité de l'architecture et du patrimoine, 2021.</ref>, présentent l'extérieur du Castel, quantité de détails décoratifs des intérieurs, plus quelques modèles de meubles qui ne s'y trouvent pas mais complètent cette opération promotionnelleModèle:Sfn,Modèle:Sfn.



En Modèle:Date- est prévue en outre dans les salons du Figaro une exposition monographique avec deux conférences de l'architecte-décorateur Modèle:Incise : il s'arrange pour en repousser l'inauguration au 4 avril, de façon à pouvoir faire valoir son succès au premier concours de façades de la ville de Paris, qu'il fait graver à gauche du portail principal du CastelModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. L'expérience conforte Guimard dans l'idée qu'il doit user de tout un éventail publicitaire s'il veut promouvoir son œuvre et sa conception de la modernitéModèle:Sfn.

Réhabilitations

Après un demi-siècle de désintérêt et de destructions, la redécouverte des chefs-d'œuvre subsistants d'Hector Guimard conduit à réévaluer l'importance du Castel Béranger.

Modèle:Citation Avec cette réalisation serait bel et bien née une esthétique nouvelle, à partir de quoi son concepteur, perfectionnant son écriture personnelle jusqu'à la Première Guerre mondiale, a eu tendance à considérer le « style Guimard » comme seul synonyme de modernitéModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Certains détails tels les ferronneries inspirent de fait d'autres créateurs pour des immeubles locatifs parisiensModèle:Sfn et Guimard devient un « architecte d'art » Modèle:Incise très demandéModèle:Sfn,Modèle:Sfn et qui va, jusqu'à la Première Guerre mondiale, édifier nombre d'hôtels particuliers et de villas dans et hors de la capitale, sans compter la commande des entrées et édicules du métro de ParisModèle:Sfn.

Photo en couleur sur fond noir d'arabesques bleues avec plaques cuivrées
Plaque de cuivre du portail principal.

À compter des Modèle:Nobr, ce que ses détracteurs appellent le « style nouille » tombant peu à peu en discrédit, l'architecte évolue dans ses projets et réalisations, jusqu'à abandonner pour un appartement plus « moderne » l'hôtel particulier qu'il s'était fait bâtir avenue Mozart entre 1909 et 1912Modèle:Sfn. La pression immobilière fait le reste : les bâtiments Art nouveau sont massivement détruits dans la capitale et une grande partie de l'œuvre de l'architecte disparaît, dès les Modèle:Nobr malgré les efforts de son ancien condisciple à l'École des Beaux-Arts de Paris Auguste Bluysen, après-guerre en dépit de ceux de sa veuve, Adeline Guimard, rentrée des États-Unis en 1948 avec la volonté de perpétuer le souvenir de son mariModèle:Sfn, et jusqu'à la fin des Modèle:Nobr (villas privées, édicules du métro)<ref name="PBnF3" />,<ref>L’œuvre bâti, Le Cercle Guimard, 2021.</ref>.

Au même moment pourtant renaît en France l'intérêt pour l'Art nouveauModèle:Sfn. Alors ministre d'État chargé des Affaires culturelles, André Malraux obtient l'inscription du Castel Béranger sur l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques le Modèle:NobrModèle:Sfn, et un arrêté du Modèle:Nobr précise qu'il est à protéger au titre de manifeste de l'Art nouveau. L'immeuble est classé monument historique le Modèle:Nobr<ref>Modèle:Base Mérimée.</ref>.

Transformé en copropriété en 1998, l'ensemble du Castel Béranger est réhabilité et restauré entre 1999 et 2001. Une autre campagne de restauration est engagée en 2009-2010 : la consultation du fonds Guimard conservé au Musée d'Orsay permet alors notamment de reconstituer une partie de l'ancien atelier de Guimard<ref>Le Castel Beranger - 14 rue La Fontaine Paris, XVIe, Archives Atelier Monchecourt & Cord, 2021.</ref>, de restituer les décors du hall d'entrée, et de rétablir, sinon la lanterne de la cour ou le robinet de la fontaine, la fameuse plaque de cuivre<ref>Archives en ligne de Sébastien Cord, architecte du patrimoine.</ref> qui avait disparu du portail d'entrée de la rue Jean-de-La-FontaineModèle:Sfn.

En Modèle:Date-, pour le Modèle:150e de la naissance de l'architecte, se tient une exposition à la [[mairie du 16e arrondissement de Paris|mairie du Modèle:16e de Paris]] en vue de laquelle l'association Le Cercle de Guimard fait réaliser une maquette du Castel Béranger et rééditer par l'Atelier d'Offard, selon la technique initiale d'impression à la planche, certains papiers peints<ref name="CGPP" />,<ref>Exposition des 150 ans : votre aide est la bienvenue !, Le Cercle Guimard, 11 mai 2017.</ref>.

Notes et références

Notes

Modèle:Références

Références

Modèle:Références

Voir aussi

Modèle:Autres projets

Bibliographie

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Articles connexes

Liens externes

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