Contre-culture
Une contre-culture, aussi orthographié contreculture<ref>La graphie soudée contreculture est recommandée par les Rectifications orthographiques du français en 1990. Cette forme était déjà attestée antérieurement aux rectifications.</ref>, est un mouvement culturel contestataire. Il peut en exister plusieurs simultanément au sein d'une même société<ref name="www.futura-sciences.com/philosophie/la-culture-reflet-dun-monde-polymorphe_227">Modèle:Lien web</ref>.
Étymologie et usages
Ce néologisme est généralement attribué au sociologue Theodore Roszak, qui publie en 1969 Modèle:Lien<ref>Modèle:Lien web</ref>. On trouve cependant le terme « contraculture » sous la plume de Modèle:Lien en 1960 dans la American Sociological Review éditée par l'association américaine de sociologie. Yinger publie en 1982 Countercultures: The Promise and Peril of a World Turned Upside Down.
Dans le domaine des études culturelles (Cultural Studies), une contre-culture se définit comme une sous-culture partagée par un groupe d'individus se distinguant par une opposition consciente et délibérée à la culture dominante<ref name=":0">Hebdige, D. (2008). Sous-culture, le sens du style. Zones, Éditions la Découverte. Traduit de l’anglais par Marc Saint-Upéry, titre original Subculture : the Meaning of Style. (1979).</ref>.
Selon le sociologue britannique Dick Hebdige Modèle:Citation<ref name=":0" />.
On ne peut définir le terme de contre-culture sans se référer à la polysémie du concept de culture, entendue comme Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Si la culture populaire se réfère à la tradition, à l’héritage, le terme contre-culture se définirait plus comme un phénomène émergeant d'une opposition à la culture dominante, formée d’éléments de la culture populaire<ref>Alexandra Madoyan Trautmann (2017). Apports, enjeux et paradoxes liés à l’exposition de la culture punk dans les institutions muséales [mémoire de maîtrise]. Université de Montréal.</ref>.
Pour Roszak, la contre-culture se base sur des principes rejetant la Modèle:Citation ou la Modèle:Citation grâce à un ensemble de valeurs, de codes, de manifestations culturelles et artistiques<ref>Roszak, T. (1969). The making of a counter-culture : reflections on the technocratic society and its youthful opposition. Berkeley : University of California Press.</ref>.
Le terme « contre-culture » désigne l’ensemble des cultures « alternatives » des jeunes de la classe moyenne – les hippies, les « flower children », les yippies – ayant émergé au cours des années 1960 et connu leur apogée pendant la période 1967-1970. Comme le soulignent Hall et al. (1976)<ref>Hall Stuart, Clarke John, Jefferson Tony et Roberts Brian (1976), « Subcultures, Cultures and Class : A Theoretical Overview », in Stuart Hall et Tony Jefferson (eds.), Resistance Through Rituals : Youth Subcultures in Post-War Britain, Londres, Hutchinson.</ref>, la contre-culture peut être distinguée des sous-cultures [...] par la forme explicitement politique et idéologique de son opposition à la culture dominante (intervention politique, philosophie cohérente, rédaction de manifesteModèle:Etc.), par la création d’institutions « alternatives » (presse underground, communes, coopératives, boulots alternatifsModèle:Etc.)<ref name=":0" />.
Critiques du concept
Le concept a été soumis à un certain nombre de critiques. Ainsi, pour le chercheur en sciences sociales Peter Clecak le fait d'identifier l'idéologie contre-culturelle à un mouvement de jeunes hippies blancs et bourgeois est une manière étriquée de comprendre le phénomène<ref name=":1">Modèle:Article</ref>. Un des présupposés de cette idéologie repose sur l'idée de former une communauté alternative (basée par exemple sur le partage de certains goûts musicaux), mais révèle une Modèle:Citation voire une idée romantique de celui-ci qui a pu voir le jour dans les écrits de la fin des années 1960 et au début des années 1970<ref name=":1" />. A contrario, peu de preuves empiriques vont dans le sens de l’idée selon laquelle les sous-cultures comme le punk ou le goth étaient uniquement constituées de membres de la classe ouvrière, leurs membres ne pouvant être assignés à une classe sociale unique<ref>Andy Bennett (2011), « The post-subcultural turn : Some reflections ten years on », Journal of Youth Studies, 14(5), p. 493 - 506.</ref>. En effet, les personnes se réclamant de cette idéologie appartenaient à une grande variété de groupes sociaux et culturels<ref name=":1" />. Pour Clecak, le terme contre-culture relèverait plus d'un mot fourre-tout, car il se réfère à un grand nombre d'activités et d'idéologies qui a peut-être fédéré les aspirations d'une jeunesse en une voie commune, mais seulement pendant une brève période (la fin des années 1960). La contre-culture a vu naître un large éventail de groupes différents qui ont ainsi pu trouver le moyen d'exprimer leurs identités et de Modèle:Citation<ref>Peter Clecak (1983), America’s Quest for the Ideal Self : Dissent and fulfilment in the 60s and 70s, Oxford, Oxford University Press.</ref>.
De plus, Sheila Whiteley a pu monter que Modèle:Citation Selon Andy Bennett, Modèle:Citation de telle sorte qu’ils font désormais partie d’une Modèle:Citation. Néanmoins, « la notion englobe l’utopique mais aussi le dystopique et, bien que des festivals comme ceux de Monterey (1967) et Woodstock (1969) y soient associés, le décès de personnalités aussi iconiques que Brian Jones, Jimi Hendrix, Jim Morrison ou Janis Joplin, le désordre nihiliste d’Altamont ou le spectre de Charles Manson jettent un voile sombre sur la question » <ref>Cf. Andy Bennett, 2012</ref>.
Selon Heath et Potter, la contre-culture est un mythe contre-productif, qui propose de s’évader et d’échapper au conformisme, mais en offrant une solution trop radicale : Modèle:Citation, pour Modèle:Citation. Dans leur ouvrage<ref name=":2">Modèle:Ouvrage</ref>, ils énoncent l’idée que si des décennies de rébellion contre-culturelle n’ont rien changé, c’est parce que la théorie de la société sur laquelle repose l’idée contre-culturelle est fausse et ne propose aucun modèle de société viable.
Modèle:Citation Révolte consommée : le mythe de la contre-culture <ref name=":2" />, de Joseph Heath et Andrew Potter
Genèse
Dans les années 1970, le terme est utilisé pour caractériser l'explosion des mouvements contestataires de la jeunesse du monde libre envers la domination culturelle de la bourgeoisie. L'extrême gauche idéaliste et le maoïsme vont récupérer ces mouvements et l’insurrection des jeunes sera canalisée pour aboutir, en France aux Accords de Grenelle de 1968.
La conscience et la contestation du puritanisme sexuel, l'interdiction de l'avortement, entraînent des luttes pour la révolution sexuelle. Il s'agit de courants nés dans les années 1960 aux États-Unis (culture hippie notamment) et qui éclosent après Mai 68 en France<ref name="www.futura-sciences.com/philosophie/la-culture-reflet-dun-monde-polymorphe_227"/>.
En France, la contre-culture fut représentée par des organes de presse comme le magazine Actuel (première et deuxième époques), le quotidien Libération (première époque) puis Catalogue des Ressources, la librairie Parallèles, le Novamag et les Éditions Alternatives, les premières radios libres, les labels de musique indépendants, les Éditions des femmes, etc.
Selon l'époque, on peut aussi associer le terme contre-culture<ref>Modèle:Lien web</ref> à divers mouvements ou tendances :
- La musique contestataire a eu un rôle majeur dans la diffusion de ces idées<ref>Sur les rapports entre contre-cultures et musiques populaires, cf. revue Volume !, 2012, Modèle:N° et 9-2.</ref>. On peut citer en exemple le bebop, le free jazz, le chant de révolte, chanson engagée, le rock indépendant, le heavy metal, le punk rock, le reggae, le hip-hop, la techno avec le mouvement des free parties.
- On retrouve également la notion de contre-culture dans le cinéma underground et les arts de la rue. Elle est présente dans les comics underground.
- On peut voir dans l'activisme et le militantisme politique (le mouvement hippie, l’anarchisme, le féminisme) une forme de contre-culture.
- Cette forme de culture à recours à des moyens de communication alternatifs utilisant comme support le sticker, le tract ou flyer, les fanzines et les webzines, l'affichage politique ou culturel et ou encore les arts graphiques (les graffitis, la peinture murale, l'art postal).
- Le terme contre-culture peut également évoquer des mouvements underground comme la Beat Generation, le do it yourself, le mouvement freak, le mouvement punk, le mouvement skinheadModèle:Etc.
Histoire
Si l'on peut dater le début de ce mouvement à la publication de The True Believer en 1951, il se développera surtout quatre ans plus tard en 1955 avec Rosa Parks et le Boycott des bus de Montgomery. C'est en 1960, avec l'élection John Fitzgerald Kennedy , que ce mouvement se lance réellement pour culminer en 1968-1969 puis régresser après la fin de la guerre du Viêt Nam en 1972-1973 et l'arrivée de Jimmy Carter à la Maison-Blanche en 1977. L'assassinat par Mark Chapman le 8 décembre 1980 de John Lennon, dernière personnalité connue incarnant ce mouvement – Brian Jones, Jimi Hendrix, Janis Joplin, Jim Morrison et Phil Ochs étant décédés les années précédentes – clôturera donc cette période de liberté enchantée quasi-absolue et empreinte d'un certain idéalisme<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Notes et références
Modèle:Traduction/Référence Modèle:Références
Annexes
Bibliographie
- Andy Bennett (2012), "Pour une réévaluation du concept de contre-culture"| Volume ! la revue des musiques populaires, Modèle:N°, Nantes, Éditions Mélanie Seteun
- Sheila Whiteley (2012), "Contre-cultures : musiques, théories et scènes", Volume ! la revue des musiques populaires, Modèle:N°, Nantes, Éditions Mélanie Seteun.
- Compte rendu de Les Diggers. Révolution et contre-culture à San Francisco, d'Alice Gaillard (2009), sur « Monde(s) du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle » : http://sites.google.com/site/mondesduxxiesiecle/comptes-rendus/les-diggers-revolution-et-contre-culture-a-san-francisco-d-alice-gaillard
- Christophe Bourseiller et Olivier Penot-Lacassagne (2013), Contre-cultures!, CNRS éditions.
- Heath et Potter (2004), Révolte consommée (titre original : The Rebel Sell)
Articles connexes
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