Mai 68

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}

Modèle:Voir homonymes Modèle:Confusion Modèle:Infobox Événement historique

Les événements de mai-Modèle:Date-, ou plus brièvement Mai 68, désignent une période durant laquelle se déroulent, en France, des grandes manifestations ainsi qu'une grève générale et sauvage, accompagnée d'occupations d'usines et de bâtiments administratifs, de la généralisation de forums de discussions et propositions sociales et politiques, d'une paralysie presque complète du système économique et de l'administration, et d'une ébauche d'organisation de relations sociétales égalitaires dans toute la France.

Précédés par le mouvement de 1967 contre les ordonnances sur la sécurité sociale, les événements de mai-juin 1968 apparaissent d'abord comme une rupture fondamentale dans l'histoire de la société française, matérialisant une remise en cause des institutions traditionnelles, mais l'historiographie de Mai 68 a ensuite rappelé aussi, à partir des années 1990, que près de dix millions de personnes ont fait grève juste avant la négociation des accords de Grenelle qui actent un relèvement de 35 % du SMIG, le salaire minimum. La révolte étudiante parisienne et dans les villes universitaires, a gagné le monde ouvrier et pratiquement toutes les catégories de population sur l'ensemble du territoire, pour constituer le plus important mouvement social du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle en France. Modèle:Article détaillé Ce mouvement est caractérisé par une vaste révolte spontanée antiautoritaire, de nature à la fois sociale, politique et culturelle, dirigée contre le patriarcat, le paternalisme, les structures autoritaires, le capitalisme, le consumérisme, et pour l'instauration de relations égalitaires dans le travail, les études, la famille, et, plus immédiatement, contre le pouvoir gaulliste en place.

Les événements de mai-juin provoquent la mort d'au moins sept personnes<ref name=FJ> F. Joignot, Y a-t-il eu des violences policières en Mai 68 ?, Le Monde, Idées, 7 mars 2018 </ref> et des centaines de blessés graves dans les affrontements, aussi bien du côté des manifestants que des forces de l'ordre.

Contexte

Contexte économique

Paradoxalement, la crise de mai-Modèle:Date-<ref>Rédaction, « Combien de temps aura duré 68 ? », Libération, 19 janvier 2018, Modèle:Lire en ligne.</ref> survient au terme d'une décennie de prospérité inégalée. Sur le plan économique, c'est l'apogée des « Trente Glorieuses », avec un taux de croissance stable de l'ordre de 5 %<ref name="SinéMensuel-75">Siné Mensuel, numéro 75, mai 2018, P.12-13 : entretien avec Ludivine Bantigny, auteure de Mai 68. De grands soirs en petits matins</ref>. Le PIB par habitant en parité de pouvoir d'achat augmente lui aussi beaucoup pendant les années 1960, de l'ordre de 5 % par an<ref name="Mirlicourtois">Modèle:Lien web.</ref>. Les conditions de vie s'améliorent en parallèle : entre 1954 et 1968, le taux de foyers disposant d'une baignoire ou d'une douche passe de 10 % à la moitié, et ceux équipés d'une toilette d'un quart à la moitié<ref name="Mirlicourtois" />. La société de consommation s'est installée dans les mœurs, sans que l'on prenne vraiment conscience de toutes ses implications ni des déséquilibres mondiaux qui se développent.

Toutefois, la société française est jugée très inégalitaire, l'indice de Gini est élevé : certains sont exclus de cette période d'enrichissement rapide<ref name="Mirlicourtois" />.

En outre, cette croissance est aussi liée à la concurrence internationale accrue dans le cadre du marché commun européen lancé par étapes à la suite des traités de Rome de 1957<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Les barrières douanières entre les Six sont levées le Modèle:Date-. Dans ce contexte, la pression sociale et salariale s'accroît tandis que persistent de profondes inégalités<ref name="SinéMensuel-75" /> :

  • nombreuses fermetures d'usines dans le textile, la mécanique, la métallurgie ;
  • entre Modèle:Nombre d'emplois ;
  • cinq millions de personnes sous le seuil de pauvreté ;
  • deux millions de personnes perçoivent des salaires de l'ordre de Modèle:Nombre ou Modèle:Nombre par mois.

Depuis plusieurs mois, voire une année, des symptômes importants d'une détérioration de la situation économique française ont fait leur apparition. Le nombre de chômeurs s'accroît régulièrement : début 1968, ils sont déjà près de Modèle:Nombre, soit un taux de chômage de 2 %. Les jeunes se trouvaient les premiers touchés et en 1967, le gouvernement doit créer l'ANPE<ref name="Mirlicourtois" />. La grande grève des mineurs de 1963 a signalé le malaise d'un monde de la mine qui vit ses dernières années avant le début d'une crise fatale. Un nombre important de grèves se tiennent aussi entre 1966 et 1967, en région parisienne comme en province. Deux millions de travailleurs sont payés au SMIG et se sentent exclus de la prospérité, dont beaucoup d'ouvriers des usines, de femmes ou de travailleurs immigrés. Les salaires réels commencent à baisser et les travailleurs s'inquiètent pour leurs conditions de travail. Les syndicats s'opposent ainsi aux ordonnances de 1967 sur la Sécurité sociale. Des bidonvilles existent encore, dont le plus célèbre est celui de Nanterre, directement sous les yeux des étudiants.

Même les catégories les plus privilégiées ne sont pas sans motifs d'inquiétude : la massification de l'enseignement supérieur a entraîné sur les campus d'innombrables problèmes de locaux, de manque de matériel, de transports. En 1967-1968, le gouvernement reparle aussi de « sélection scolaire », ce qui inquiète les étudiants.

Contexte politique

Fichier:Bundesarchiv B 145 Bild-F026341-0036, Paris, Arc de Triomphe.jpg
Paris, début 1968.

Sur le plan politique, le mouvement survient en une période d'usure de la République gaullienne, en place depuis 1958. En 1965, lors de la première élection présidentielle au suffrage universel direct tenue depuis 1848, le général de Gaulle a été mis en ballottage par François Mitterrand et Jean Lecanuet à la surprise générale. Aux élections législatives de 1967, sa majorité à l'Assemblée nationale se réduit à un seul siège. Les centristes tel Valéry Giscard d'Estaing assortissent de réserves critiques leur soutien au pouvoir (le « oui, mais » de 1967). Les démocrates-chrétiens tels Jean Lecanuet restent hostiles. L'extrême droite ne pardonnent pas au général le procès de Vichy ou l'« abandon » de l'Algérie française. Les gaullistes s'irritent du maintien à Matignon de Georges Pompidou, jugé trop conservateur. Quant à ce dernier, une sourde rivalité l'oppose depuis 1965 au général de Gaulle, dont il lorgne en silence la succession. Le Modèle:Date-, le slogan « Dix ans, ça suffit ! » traduit dans les défilés une certaine lassitude de l'opinion.

De Gaulle était arrivé au pouvoir grâce à des tensions sociales particulières survenues autour du coup d'État du 13 mai 1958 en jouant habilement de circonstances exceptionnelles en apparaissant comme un recours après l'émeute du 13 mai et la prise du pouvoir par l'armée à Alger. De ce fait, aux yeux de ses opposants, la légitimité de son régime reste fortement entachée par les soupçons d'un « coup d'État » originel. En dépit des succès du pouvoir (fin de la guerre d'Algérie et de la décolonisation, résorption de la crise économique, monétaire et financière, croissance soutenue) et de l'acclimatation progressive de la Constitution française du 4 octobre 1958 renforçant le pouvoir exécutif par un régime semi-présidentiel, renforcé par l'élection du président de la République au suffrage universel direct et ayant recours durant plusieurs années aux référendums] (voir comme exemple le Référendum français sur l'élection au suffrage universel du président de la République), ses pratiques autoritaires suscitent une critique croissante. Ainsi l'ORTF, détentrice du monopole de l'audiovisuel, se fait ouvertement le relais de la propagande officielle. À Paris, le préfet Maurice Papon, responsable des tueries du 17 octobre 1961 et de l'affaire de la station de métro Charonne le 8 février 1962, n'a été remplacé qu'en 1967 par Maurice Grimaud, lettré humaniste venu de la gauche mendésiste. D'autre part, la politique extérieure de prestige de Charles de Gaulle et son nationalisme ne répondent pas nécessairement aux attentes plus matérielles, culturelles et sociales de la majorité des Français, vu son âge (78 ans). En Modèle:Date-, un célèbre éditorial de Pierre Viansson-Ponté dans Le Monde constate que « la France s'ennuie »<ref>Modèle:Article.</ref>, reprenant le constat prophétique de Lamartine sous le gouvernement Guizot quelques années avant la révolution de 1848<ref>Modèle:Article.</ref>.

Le Parti communiste français, de loin la première force de gauche, peine à se déstaliniser. Les bureaucraties d'URSS et d'Europe de l'Est répugnent aux jeunes militants d'extrême gauche, dont le modèle se situe désormais plutôt du côté de Cuba ou de la Chine.

Parallèlement, les gauches non-communistes ne parviennent pas à sortir de leurs divisions et de leurs discrédits. Donc, un espace ouvert pour que des groupuscules « gauchistes » (trotskistes, prochinoisModèle:Etc.) se multiplient en marge des grandes organisations officielles. La politisation et l'agitation sont entretenues dans la jeunesse, par exemple, par les comités Vietnam, formés majoritairement de lycéens et étudiants, qui dénoncent « l'impérialisme américain » visible par la guerre du Viêt Nam. La guerre froide fait aussi naître des idées antinucléaires.Modèle:Référence nécessaire

Les universités de Clermont-Ferrand, Nantes, Montpellier ou Nancy sont en ébullition bien avant le Mouvement du 22 mars, qui leur fait référence dans ses premiers tracts<ref name="dupuydecour">"Mise en perspective historique sur les événements de mai 19683 par Catherine Dupuy, professeur au lycée Jacques Decour? [1]</ref>.

Origines culturelles

Mai 68 ne se comprend que dans un monde en rapide mutation. L'accélération de l'exode rural et de l'urbanisation, l'augmentation considérable du niveau de vie, la massification de l'éducation nationale et de l'université, l'avènement de la culture des loisirs, du spectacle et des médias de masse, représentent des changements accélérés et sans précédent en moins d'une génération.

Les années 1960 sont aussi celles de l'affirmation de la jeunesse (qui représente un tiers de la population) en tant que catégorie socio-culturelle et politique à part entière. En particulier, la jeunesse a maintenant sa propre culture, avec une presse qui lui est destinée (Hara-Kiri, Actuel), des émissions de radio très suivies (Salut les copains) ou ses chanteurs attitrés (les Rolling Stones, les Beatles, Johnny HallydayModèle:Etc.). Elle a aussi ses propres malaises et ses propres revendications (notamment en matière de liberté sexuelle) que les pouvoirs publics et le monde adulte tardent à comprendre.

Sur le plan religieux, la France, encore très catholique, vient de suivre avec passion le concile Vatican II, qui a profondément rénové Modèle:Incise le catholicisme traditionnel, et surtout les mouvements d'action catholique. En particulier, les Scouts de France représentant à l'époque une part non négligeable des jeunes chrétiens, ont modifié les rapports hiérarchiques dans leurs structures en remettant en cause, à partir de 1964, un modèle de type militaire et introduisant la collégialité des décisions au sein des équipes. La Jeunesse étudiante chrétienne en ébullition doit être reprise en main par la hiérarchie dès 1964. Le mouvement des prêtres ouvriers, dont la condamnation est levée en 1965, reprend son essor. De nombreux chrétiens se préoccupent de rénover les relations des fidèles aux autorités religieuses, de revisiter les pratiques et les dogmes, voire de concilier foi et révolution.

Sur le plan sociologique, la dynamique de groupe s'est répandue pendant les années 1960 dans les formations des responsables de toutes les organisations et des entreprises. La mode est au débat.

Toutefois, les clivages sociaux sont encore extrêmement rigides. 92% des étudiants viennent encore de la bourgeoisie. Le paternalisme autoritaire est omniprésent. On commence à ouvrir des lycées « mixtes »Modèle:Note, mais de nombreux établissements scolaires sont encore réservés aux garçons ou aux filles. Celles-ci ne sont pas autorisées à porter le pantalon. Par ailleurs, il est interdit de fumer dans un établissement, et les garçons, dans les universités, n'ont pas le droit d'accèder aux internats de filles.

La France a autorisé l'usage de la pilule contraceptive en Modèle:Date-, mais elle est encore peu répandue. L'éducation n'a pas encore connu de réformes structurelles, et le décalage est criant entre les aspirations d'une jeunesse et les cadres moraux qu'ils ressentent comme dépassés.

Sur le plan philosophique, plusieurs auteurs ont eu une influence importante au moins sur une partie du mouvement, pendant et après : le freudo-marxiste Wilhelm Reich, dont le livre " La fonction de l'orgasme " paru en 1927 en anglais et son manifeste, Modèle:Lien, est paru en 1936 ; le livre d'Herbert Marcuse L'Homme unidimensionnel, sous-titré Essai sur l'idéologie de la société industrielle avancée, paru en France en 1964 puis réédité en 1968 ; les ouvrages des membres de l'Internationale situationniste tels le Traité de savoir vivre à l'usage des jeunes générations, de Raoul Vaneigem, paru en 1967 ; La Société du spectacle, de Guy Debord, paru en 1967; et leur pamphlet collectif " De la misère en milieu étudiant considérée sous ses aspects économique, politique, psychologique, sexuel, et notamment intellectuel et de quelques moyens pour y remédier. "; À l'École normale supérieure de la rue d'Ulm, le philosophe communiste Louis Althusser a formé une génération de penseurs marxistes-léninistes français, qui forment l'embryon des premières organisations maoïstes.

Cependant, peu des penseurs éminents de l'époque prennent part en personne au mouvement, dont l'explosion les surprend autant que tout le monde. En général, ils sont initialement perplexes ou réservés, voire hostiles.

Une partie de la jeunesse radicalisée regarde avec fascination vers les mouvements révolutionnaires du tiers-monde : Ho Chi Minh, Che Guevara, Fidel Castro servent de modèle pour certains, et l'irruption sur la scène chinoise des jeunes gardes rouges donne l'impression que la jeunesse en tant que telle peut avoir un pouvoir politique dans la société et remettre en cause l'autorité des adultes et des pouvoirs. On suit aussi attentivement les luttes menées aux États-Unis par le mouvement d'émancipation des Noirs, ou encore par les sit-in et les diverses recherches du mouvement hippie et étudiant, notamment à l'université de Berkeley. En Modèle:Date-, des incidents retentissants opposent étudiants du Mouvement des étudiants allemands socialistes (Sozialistischer Deutscher Studentenbund) et autorités de l'Allemagne de l'Ouest. Le caractère international de ces mouvements permet de replacer les événements français au sein d'une dynamique mondiale.

Prémices

Modèle:Section vide ou incomplète

Origines immédiates

Modèle:Article détaillé Le Mouvement du 22 Mars, prenant le relais de la contestation menée par de petits groupes (tels les situationnistes, les enragés de René Riesel et les anarchistes), se fait connaître ce jour-là en occupant la salle du conseil des professeurs au dernier étage du bâtiment B, la tour administrative de la faculté de Nanterre. Sa principale revendication est la protestation contre des arrestations d'étudiants opérées deux jours plus tôt lors d'une manifestation contre la guerre du Viêt Nam<ref>Rédaction, « La salle du Conseil de la faculté des Lettres de Nanterre occupée », L'Obs, Modèle:1er avril 2008, Modèle:Lire en ligne.</ref>. Le Modèle:Date, une journée « anti-impérialiste » est organisée à l'université de Nanterre, conduisant notamment à l'interruption d'un cours de René Rémond. Le doyen Pierre Grappin décide alors la fermeture administrative de la faculté, ce qui provoque la diffusion du mouvement de contestation, dès le lendemain, au Quartier latin et à la Sorbonne, et le début, proprement dit, de Mai 68<ref>Jean-Pierre Duteuil, Nanterre, vers le mouvement du 22 mars, préface de Daniel Cohn-Bendit, Acratie, 1988.</ref>,<ref>Jean-Pierre Duteuil, « Les groupes politiques d'extrême-gauche à Nanterre », Matériaux pour l'histoire de notre temps, 1988, Modèle:N°, Mai-68 : Les mouvements étudiants en France et dans le monde, Modèle:P., 1988, Modèle:Lire en ligne.</ref>,<ref>Mazuy Rachel, Le Cornu Daniel, « Chronologie des événements à Nanterre en 1967-1968 », Matériaux pour l'histoire de notre temps, Modèle:N°11-13, 1988, pp. 133-135 Modèle:Lire en ligne.</ref>.

Antiautoritaire<ref>Michel Foucault, Dits et Écrits, vol. 1 : 1954-1969, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des Sciences humaines », 1994, Modèle:Lire en ligne.</ref>, le mouvement est porteur d'un idéal politique très libertaire<ref>Rédaction, « Deux mille étudiants réunis à Nanterre », L'Obs, 26 mai 2008, Modèle:Lire en ligne.</ref> au sens des libertés individuelles et très critique vis-à-vis de la société de consommation, de l'autoritarisme, de l'impérialisme. Le mouvement joue aussi de thèmes touchant à la vie de tous les jours, comme le droit d'accès pour les garçons aux résidences universitaires des filles et la libération de la sexualité.

Mouvement spontanéiste, le Modèle:Date- émerge par sa pratique systématique de l'action directe (occupations de bâtiments administratifs, notamment) et se développe grâce à la démocratie directe en assemblées générales ouvertes à tous. Tout en refusant l'institutionnalisation en « organisation », il provoque un processus d'auto-organisation des étudiants « ici et maintenant »<ref>Jean-Marc Salmon, « Le désir du 22 Mars », L'Homme et la société, Modèle:N°29-30, 1973, Analyse institutionnelle et socianalyse, pp. 3-20, Modèle:Doi, Modèle:Lire en ligne.</ref>.

Fichier:Serge July par Claude Truong-Ngoc février 2014.jpg
Serge July
Fichier:Daniel Cohn-Bendit (1968).jpg
Daniel Cohn-Bendit en 1968.

Il n'y a pas eu à proprement parler de « figures de proue » du mouvement, qui est demeuré « multiforme » et sans organisation centralisée. Certains sont cependant devenus, a posteriori, des emblèmes du mouvement, même si leurs discours, singuliers, ne sauraient résumer la diversité d'opinions qui existaient au sein du mouvement et si, pour certains, ce discours postérieur a parfois consisté à réécrire les événements : parmi eux, Serge July et Daniel Cohn-Bendit<ref>Rédaction, « Cohn-Bendit dans le Nouvel Observateur », L'Obs, 22 mai 2008, Modèle:Lire en ligne.</ref>,<ref>Philippe Artières, « 22 mars 1968 : l'émergence de Cohn-Bendit », Le Figaro, 21 mars 2008.</ref>. Ce dernier a publié son autobiographie, "Le Grand Bazar", aux Editions Denoël, dès 1975. Ce livre est la première publication de la photo Daniel Cohn-Bendit face à un CRS devant la Sorbonne, de Gilles Caron, cinq ans après son décès, utilisée en couverture de l'ouvrage et l'une des plus médiatisée au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

L'écrivain Robert Merle (prix Goncourt 1949), professeur d'anglais à la faculté de Nanterre, a consacré un roman entier, Derrière la vitre, à la journée du 22 mars et à celles qui l'ont précédée. On y retrouve beaucoup de figures de l'époque, ainsi qu'une analyse des causes et rêves du mouvement<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Cet ouvrage sur les événements, est complété par celui de Kristin Ross sur les discours qui ont été tenus sur Mai 68, de 1968 à nos jours<ref name="Ross 2010"/>.

Les causes de ce mouvement sont diverses. Des analyses évoquent l'idée qu'une grande rigidité cloisonnait les relations humaines et les mœurs et celle d'un début de dégradation des conditions matérielles après la période de reconstruction suivant la Seconde Guerre mondiale. À l'époque, de nombreux bidonvilles jouxtent Paris, notamment celui de Nanterre. Les étudiants qui se rendaient dans la faculté fraîchement construite découvrirent ce milieu, la pauvreté, la condition ouvrière. Le mécontentement naissant dans le milieu étudiant sera relayé par celui qui se profilait depuis plusieurs années dans le secteur ouvrier.

Événements

Modèle:Article détaillé

Fichier:Paris July 1968.jpg
Paris en juillet 1968.

Les événements superposèrent essentiellement un mouvement étudiant et un mouvement ouvrier, tous deux d'exceptionnelle ampleur. Au-delà des revendications matérielles ou salariales, et de la remise en cause du régime gaullien installé depuis 1958, ils virent se déployer une contestation multiforme de tous les types d'autorité. Une partie active du mouvement lycéen et étudiant revendiqua notamment la « libéralisation des mœurs », et au-delà, contesta la « vieille Université », la société de consommation, le capitalisme, le patriarcat, le paternalisme et la plupart des institutions et valeurs traditionnelles.

Le « Mai français » s'inscrit par ailleurs dans un ensemble d'événements dans les milieux étudiants et ouvriers d'un grand nombre de pays. Il ne se comprend pas sans ce contexte d'ébullition générale de part et d’autre du rideau de fer, notamment en Allemagne, en Italie (Mai rampant), aux États-Unis, au Japon, au Mexique et au Brésil, sans oublier la Tchécoslovaquie du printemps de Prague ou la Chine de la révolution culturelle.

Pour la politiste Isabelle Sommier, le caractère international de Mai 68 s'explique par la crise internationale des partisans du marxisme à cette époque, l'émergence d'une sociabilité autonome de la jeunesse, les problèmes structurels apportés par la démocratisation des universités, et le rejet de la guerre du Vietnam<ref>Isabelle Sommier, « Les processus de diffusion des révoltes juvéniles de 68 », Histoire@Politique. Politique, culture, société, Modèle:N°, septembre-décembre 2008.</ref>.

En France, ces événements prennent cependant une coloration particulière car d'importantes manifestations d'étudiants sont rejointes à partir du Modèle:Date- par la plus importante grève générale du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle en France, dépassant celle survenue en juin 1936 lors du Front populaire<ref name="Ross 2010">Modèle:Harvsp.</ref>. Elle paralyse complètement le pays pendant plusieurs semaines et s'accompagne d'une recherche effrénée de prise de parole, d'une frénésie de discussions, de débats, d'assemblées générales, de réunions informelles et d'auto-organisation pour la fourniture de nourriture, et de recherche de plaisirs, dans la rue, à l'intérieur des organismes, des entreprises, des administrations, des lycées et des universités, des théâtres, des maisons de jeunes, des maisons de la culture, et plus généralement dans tout le pays, ses villages, ses cités et dans les familles.

Explosion souvent confuse et complexe, parfois violente, plus souvent encore ludique et festive, Mai 68 apparaît comme un moment d'illusion révolutionnaire lyrique, de foi ardente et utopique en la possibilité d'une transformation radicale de la vie et du monde. Ce que refléta notamment une prolifération d'affiches<ref name="SinéMensuel-75" />, de graffiti et de slogans imaginatifs, dont l'un est « Élections, piège à cons » <ref>Modèle:Ouvrage.</ref>Modèle:Etc.

Parfois qualifiée de « révolution manquée », et malgré le large recours à la rhétorique et aux symboles des révolutions françaises précédentes Modèle:Incise, Mai 68 ne vit en réalité aucune tentative de putsch ni de guerre civile, bien que plusieurs organisations et mouvances révolutionnaires, gauchistes, anarchistes et situationnistes, aient lutté activement dans le mouvement et participé à son organisation.

Phases

Fichier:Paysans, les grévistes ont besoin de vous.jpg
Une affiche de Mai 68 (non signée).

Modèle:Section à sourcer Les historiens divisent classiquement le déroulement de Mai 68 en trois phases, une « période étudiante » du 3 au 13 mai (le Modèle:Date- est la date de la grande grève qui a mobilisé tous les secteurs), une « période sociale » du 13 au 27 mai (la date des accords de Grenelle), et une « période politique » du Modèle:Date- au Modèle:Date- (date des élections législatives).

Avant comme après le rejet par la base, le Modèle:Date-, des accords de Grenelle, négociés par le Premier ministre Georges Pompidou avec les syndicats, Charles de Gaulle apparaît dépassé par les événements. Après sa disparition-surprise de 24 heures le 29 mai, il revient de Baden-Baden, quartier général de l'armée française en Allemagne, et reprend l'initiative en décrétant le Modèle:Date- la dissolution de l'Assemblée nationale.

La lassitude et le retournement de l'opinion publique, initialement favorable au mouvement, amènent un raz-de-marée gaulliste aux élections anticipées du Modèle:Date-. Les grèves cessent progressivement courant juin et les hauts lieux de la contestation, tels que la Sorbonne et l'Odéon à Paris, et les grandes usines, sont évacués par la police.

Mai 68 a suscité, dès l'époque, de nombreuses controverses et interprétations divergentes sur sa nature et sur ses causes, comme sur ses héritages. Il s'est prolongé en ouvrant la voie aux nouvelles formes de contestation et de mobilisation des années 1970 (nouveaux mouvements sociaux) telles que l'autogestion, l'écologie politique, les mouvements féministes, le « retour à la terre » avec des communautés alternatives ou bien la Lutte du Larzac, l'effervescence des luttes de libération (armées) en Corse, au Pays Basque, en Bretagne, en Alsace et aussi du nationalisme occitan, qui comporte comme les quatre autres exemples des composantes syndicales, culturelles, des organisations de masse et de jeunesse.

Au-delà du Mouvement autonome, qui est l'héritier plus ou moins direct des émeutes de 1968, l'événement a eu un impact considérable sur le plan social et surtout culturel, en étant à l'origine de nombreux « acquis sociaux » et de nombreuses réformes sociétales des années suivantes.

Résumé général des événements

Modèle:Pertinence section

Forces en présence

Fichier:Soyez réalistes, demandez l'impossible.jpg
Soyez réalistes, demandez l'impossible, affiche de Mai 68.

L'éclatement de la crise surprit le pouvoir, ainsi que pratiquement toutes les organisations, partis et syndicats organisés. Le camp du pouvoir ne fut pas plus uni que celui de la contestation. Le Parti communiste français et la CGT, refusèrent dans un premier temps de joindre leur cause à celle des étudiants vus comme « bourgeois » et a fortiori de leurs dirigeants d'inspiration libertaire ou issus des divers groupuscules gauchistes. Ceux-ci étaient souvent eux-mêmes divisés (maoïstes, trotskistesModèle:Etc.), dans sa frange la plus nombreuse, libertaire anti-léniniste, et incertains quant à l'attitude à avoir face au mouvement. Au sommet de l'État, la crise aggrava les divergences entre le général de Gaulle, peu compréhensif envers ce qu'il qualifie le 19 de « chienlit », et partisan d'une répression immédiate, et son Premier ministre, Georges Pompidou, qui préféra jouer la carte de la modération et de la compréhension pour mieux laisser le mouvement s'essouffler de lui-même. Les forces centristes et les gauches non-communistes (Pierre Mendès France, François Mitterrand) tentèrent difficilement de canaliser vers la construction d'une autre possibilité politique que le régime gaullien un mouvement antiautoritaire largement indifférent à la question de la prise du pouvoir.

Déroulement d'ensemble

Vendredi 3 mai

Fichier:Arrêté suspendant les cours à la Sorbonne- Archives nationales-20020476-301.jpg
Arrêté du recteur de l’Académie de Paris suspendant les cours à la Sorbonne, le Modèle:Date-. Archives nationales 20020476/301

Le vendredi Modèle:Date-, la cour de la Sorbonne est occupée par Modèle:Nombre à Modèle:Nombre manifestants selon les sources, dont une partie venus de Nanterre, fermée par le doyen Pierre Grappin après des affrontements. Plusieurs orateurs s'expriment dans des mégaphones lors du rassemblement dans la cour. Parmi eux, l'un des sept étudiants qui doivent passer en conseil de discipline à Nanterre le lundi suivant, Daniel Cohn-Bendit est filmé par l'ORTF. Ces images du Modèle:Date- ne sont diffusées que deux semaines plus tard, le Modèle:Date-, dans un reportage du magazine Zoom qui a subi de nombreuses coupes au montage<ref>Archives INA [2]</ref>.

Des étudiants s'arment de bâtons et de pierres, présentés comme "matériel anti-fasciste", car une rumeur annonce que le mouvement d'extrême droite Occident va organiser une marche sur l'établissement pour le faire évacuer par la violence. Le recteur de l'académie de Paris, président du conseil de l'université, requiert les forces de police pour « rétablir l'ordre en expulsant les perturbateurs ». La Sorbonne est évacuée de force, de nombreux étudiants arrêtés, mais des étudiantes appellent à les libérer. Dans la soirée, des centaines d'étudiants et de passants affrontent violemment les forces de l'ordre. Selon un rapport de police : « Ils appliquent une technique de harcèlement ponctuée de heurts sévères, mais de courte durée. À 20h25, trois commissaires […], conjuguant les efforts de leurs effectifs, dégagent les abords du Luxembourg au prix d'actions vigoureuses et en s'aidant de grenades lacrymogènes. Des ébauches de barricades sont successivement abandonnées par des manifestants agressifs qui, pour dégager certains des leurs, se ruent en bandes sur nos effectifs ». 574 personnes sont arrêtées, dont Jacques Sauvageot, le dirigeant de l'UNEF, principal syndicat étudiant, mais aussi José Rossi, Hervé Chabalier, Henri Weber, Guy Hocquenghem, Daniel Cohn-Bendit, Brice Lalonde, Bernard Guetta ou Alain Krivine<ref name="express1998" />.

Cette intervention des forces de l'ordre à la Sorbonne, à la demande du recteur Jean Roche, sans préavis ni négociations, est très mal vécue par les étudiants, qui se pensaient protégés par le statut universitaire. Dès le Modèle:Date-, le doyen de Nanterre, Pierre Grappin, le doyen de la Faculté des sciences de Paris, Marc Zamansky, et l'ancien recteur Jean Capelle critiquent cette violation du sanctuaire universitaire<ref name=Mercier>Modèle:Article.</ref>.

La journée d'émeute fait 481 blessés à Paris : Modèle:Nombre étudiants et Modèle:Nombre policiers<ref name="Zancarini">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Lundi 6 mai

Fichier:ACTION.jpg
Couverture d'un numéro du journal Action.

Le Modèle:Date-, huit étudiants de Nanterre, dont Daniel Cohn-Bendit, Jean-Pierre Duteuil et René Riesel, sont convoqués par le rectorat en commission disciplinaire ; les professeurs de Nanterre Henri Lefebvre, Guy Michaud, Alain Touraine et Paul Ricœur les accompagnent en soutien<ref name=Mercier/>.

Les étudiants réagissent aussitôt par des manifestations violentes contre les forces de l'ordre : jets de pavés, puis barricades. Ces manifestations reprennent ensuite à l'annonce de peines de prison pour les manifestants, pendant lesquelles commencent à fleurir les slogans libertaires. Le bilan est de plus de Modèle:Nombre policiers blessés et Modèle:Nombre arrestations<ref name="express1998" />.

Le président du SNEsup (syndicat des enseignants du supérieur), Alain Geismar, décide de soutenir les manifestants. Les membres du parti communiste et de certaines organisations d'extrême gauche (maoïstes de l'UJC(ml), derrière Robert Linhart) sont d'abord pris de court : pour eux, la révolution est censée venir des ouvriers, et non des étudiants ; de plus, les revendications du Mouvement du 22 Mars leur paraissent Modèle:Citation, Modèle:Citation et surtout Modèle:Citation. Après un moment de flottement, ils essayent toutefois de gagner les ouvriers à cette « révolte ». La CGT, pour sa part, ne les suit pas et son secrétaire général de l'époque, Georges Séguy, s'en explique plus tard devant les médias : Modèle:Citation.

Des manifestations de soutien aux étudiants parisiens ont lieu à Strasbourg et à Brest, tandis qu'au contraire à Dijon plusieurs centaines d'étudiants défilent aux cris de Modèle:Citation, entre autres slogans<ref name="Zancarini" />.

Le Modèle:Date-, Jean Schalit, ex-dirigeant de l'Union des étudiants communistes (UEC) qui avait rénové son organe de presse, Clarté, fonde le journal Action, auquel participent Reiser, Siné, Wolinski, ainsi que Jean-Paul Dollé, Jean-Marcel Bouguereau, Guy Hocquenghem, Bernard Kouchner, André Glucksmann. D'hebdomadaire, celui-ci devient rapidement quotidien, tirant jusqu'à cent mille exemplaires qui sont vendus dans la rue<ref name=Gen>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Vendredi 10 mai

Modèle:Article détaillé

Fichier:Tract 13 mai 1968 Caen.jpg
Tract appelant à la manifestation à la suite des événements parisiens du 10 mai.

Après une manifestation place Denfert-Rochereau qui a rassemblé en fin d'après-midi Modèle:Nombre lycéens et étudiants (Modèle:Nombre personnes selon la police), dans la nuit du Modèle:Date- au Modèle:Date-, les étudiants et lycéens occupent le Quartier latin et dressent plusieurs dizaines de barricades qui sont finalement prises d'assaut, à partir de deux heures du matin, par Modèle:Nombre policiers : c'est la Modèle:Citation. La dernière barricade rue Thouin tombe à 5 heures 30<ref>« Cette nuit-là du 10 au 11 mai de Gaulle dort » sur www.liberation.fr (consulté le 17 avril 2018).</ref>.

Au petit matin : Modèle:Nombre voitures détériorées, Modèle:Nombre incendiées<ref name="Zancarini" />, des rues dévastées et dépavées, comme après une scène de guerre, Modèle:Nombre policiers blessés et au moins une centaine de manifestants<ref name="Zancarini" /> « dont le nombre est impossible à déterminer, la plupart ne s'étant pas fait connaître ». Au total, 469 personnes sont interpellées. Parmi elles, selon les sources policières, on trouve Patrick Topaloff, Michel Vauzelle ou Évelyne Pisier<ref name="express1998" />.

Entre autres, Alain Krivine ou Hervé Chabalier, de la JCR, Daniel Cohn-Bendit, du Mouvement du 22 Mars, de nombreux « vieux » de l'Union des étudiants communistes (Alain Forner, André Sénik, Jean-Louis Peninou, Michel Butel, Prisca Bachelet, Serge July) ou de l'UNEF, René Riesel, Guy Debord, de l'Internationale situationniste, sont présents lors de ces manifestations.

Dans le Journal du dimanche, Philippe Labro<ref name="caron">Modèle:Ouvrage</ref> lance un Modèle:Cita aux radios privées RTL et Europe1 dans les colonnes du JDD, le dimanche 12 mai, au lendemain de la première nuit des barricades de Mai 68 qu'elles ont couvertes en direct en utilisant les fréquences de la police, alors que l'ORTF y a renoncé<ref name=Artières>Modèle:Ouvrage</ref> déclenchant une violente contestation de ses émissions par les contestataires.

Face à la répression policière, la population (y compris les professeurs<ref name=Mercier/>) a tendance, depuis les premiers jours, à éprouver majoritairement plutôt de la sympathie pour les étudiants<ref name="express1998" />. À l'aube, syndicats et partis appellent à une démonstration de solidarité pour le surlendemain. Le Centre catholique des intellectuels français (CCIF), dirigé par René Rémond, qui, en voyage en Italie, délègue ses pouvoirs à Jean-Marie Mayeur, s'abstient prudemment de toute déclaration concernant l'agitation étudiante, ne condamnant ni ne soutenant le mouvement<ref name=Mercier/> ; le professeur d'histoire Pierre Riché compare celui-ci aux contestations étudiantes du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name=Mercier/>. Les professeurs sont en effet divisés : à Nanterre, Anne Zink, Claude Willard, Denise Grodzynski, François Billacois, Jean-Claude Hervé, Pierre Goubert et Simone Roux sont plutôt favorables aux revendications étudiantes, sinon à leur forme<ref name=Mercier/>; Jacques Heers, Frédéric Mauro, François Crouzet, François Caron ou André Chastagnol s'y opposent<ref name=Mercier/>.

À Strasbourg, la faculté de Lettres est occupée ; à Aubagne les collégiens se mobilisent, revendiquant notamment la présence de délégués dans les conseils de discipline et conseils de classe ; à Marseille Modèle:Nombre lycéens se placent à l'entrée de la faculté de sciences<ref name="Zancarini" />.

Le Modèle:Date-, de retour d'Afghanistan, le Premier ministre Georges Pompidou cède aux revendications du SNESup et de l'UNEF et ordonne la réouverture des universités<ref name=Mercier/>. Il exige que les forces de police quittent la Sorbonne, afin de calmer la situation. On croit alors qu'il tergiverse et cède, mais en réalité ce mouvement est tactique : il espère que les excès des étudiants déconsidéreront leur mouvement au regard de l'opinion<ref>Lettre citée par Raymond Aron dans ses Mémoires, Modèle:P..</ref>. Sceptique face à cette ligne de modération tactique, le général de Gaulle reste pour l'heure à l'écart, en se réservant la possibilité d'intervenir si besoin.

Appel à la grève du dimanche 12 mai

Le Modèle:Date-, la CGT lance un appel à la grève générale pour le lendemain<ref name="fcul">"13 mai 1968 : la journée de l'unité" par Maïwenn Bordron, en collaboration avec Maria Contreras, sur France Culture, le 13/05/2018 [3]</ref>. L'avant-veille, soir du Modèle:Date-, le magazine télévisé Panorama, présentant ce qui se passait depuis le début du mois de mai, avait été censuré. Le samedi, les personnels de l'ORTF s'insurgent contre cette censure par un communiqué à l'AFP, le jour où les images sur les violences policières de la nuit de vendredi à samedi ont "bouleversé la France entière" ou presque, rappelle l'historienne Michelle Zancarini-Fournel<ref name=fcul/>. L'appel de la CGT est repris par les étudiants, la SNESup, un syndicat enseignant, la CFDT et la FEN (Fédération de l'Education Nationale) et Force Ouvrière<ref name=fcul/>. "Les appels syndicaux à la grève générale de vingt-quatre-heures insistent tous sur la solidarité entre étudiants et ouvriers : là où deux mondes demeuraient le plus souvent séparés, la violence policière vient les rapprocher", selon l'historienne Ludivine Bantigny dans son livre 1968<ref name=fcul/>.

Cet appel à la grève des 5 principaux syndicats suit de très longues tractations entre eux, de 10h à 18h, à la Bourse du Travail de Paris<ref name=fcul/>,<ref>L'explosion de mai", par Lucien Rioux et René Backmann </ref>. Alain Geismar, secrétaire général du SNESup<ref name=fcul/>, insiste pour que les figures du mouvement étudiant soient en tête du cortège juste à côté des leaders syndicaux qui n'en voulaient pas en raison du climat de violence verbale des deux précédentes semaines<ref name=fcul/>.

La "popularité du mouvement" fait que "tout le monde défile ensemble", derrière un "mot d'ordre commun"<ref name=fcul/> ("Dix ans ça suffit!"), qui "rassemble", car pour la première fois depuis le retour au pouvoir de Charles de Gaulle en 1958<ref name=fcul/>, le régime est remis en cause<ref name=fcul/>, expliquera Alain Geismar, secrétaire général du SNESup<ref name=fcul/>.

Lundi 13 mai

Fichier:Tract du comité d'occupation de la Sorbonne du 16 mai 1968, 19h Mouvement de Mai 68.jpg
Tract situationniste-enragés du comité d'occupation de la Sorbonne du 16 mai 1968.

Le lundi Modèle:Date-, une immense manifestation composée de lycéens, d'étudiants et de grévistes ouvriers et employés venus de toute la France traverse Paris<ref>Images d'archives, en couleurs, tout le long de l'immense manifestation du 13 mai 1968, Michel Julien [4]</ref>.

Au milieu de l'après-midi toutes les artères principales situées dans un polygone Gare de l'Est, Gare du Nord, Bonne Nouvelle, Châtelet, Bastille, République sont pleines des manifestants. Le syndicat CFDT, la CGT et la FEN parlent d'un million de manifestants.

Les estimations les plus sérieuses (surface occupée par la foule des manifestants) font état de Modèle:Nombre personnes. La préfecture de police en dénombre Modèle:Nombre, mais l'ORTF en annonce Modèle:Nombre<ref name="Zancarini"/>.

Les syndicats revendiquent également un total un million de manifestants dans une trentaine d'autres villes du pays.

Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir avaient demandé les jours précédents à rencontrer une délégation de Nanterre, où une assemblée générale a mandaté deux représentants, Alain Geismar et Herta Alvarez, lycéenne de 18 ans, fille d'anarchistes espagnols<ref>Avec qui Alain Geismar écrira Vers la guerre civile</ref>. Reçus chez Simone de Beauvoir jusqu'à 2 heures du matin, ils soulignent « l'humilité de Sartre, vérifiant qu'il comprend bien »<ref name="revolte">Sartre, le temps des révoltes, par Jean-Pierre Barou, Editions Stock, 2006 - [5]</ref>. Cette nuit de discussion vise aussi à écarter Alain Geismar d'éventuelles violences.

Une semaine plus tard, le Modèle:Date-, Sartre va aussi interviewer Daniel Cohn-Bendit<ref name="sartcoh">"L'imagination au pouvoir, une interview de Daniel Cohn-Bendit par Jean-Paul Sartre (1968) [6]</ref> sur le « programme » et les « objectifs » à long terme des étudiants, même si ce dernier refuse catégoriquement qu’il y en ait, car "définir un programme" serait "inévitablement paralysant"<ref name=sartcoh/> et car "ce désordre (...) permet aux gens de parler librement"<ref name=sartcoh/>. Daniel Cohn-Bendit écrit un mois après que "Personne chez nous n’a lu Marcuse. Certains lisent Marx, bien sûr, peut-être Bakounine, et, parmi les auteurs contemporains, Althusser, Mao, Guevara, Henri Lefebvre. Les militants politiques du Mouvement du Modèle:Date- ont à peu près tous lu Sartre"<ref>Jacques Sauvageot, Alain Geismar, Daniel Cohn-Bendit et Jean-Pierre Duteuil, La Révolte étudiante : les animateurs parlent, Paris, Éditions du Seuil, 1968, p. 70. </ref>.

Finalement la Sorbonne sera rouverte, sur ordre du Premier ministre Georges Pompidou et restera un des foyers de la contestation.

Grève au lendemain du 13 mai

Le débrayage général commence le jour de la manifestation puis, compte tenu de son énorme succès, se poursuit le lendemain, le mardi Modèle:Date-.

Au petit jour, 500 métallos de l'usine Claas de Woippy (Moselle)<ref name="jour">"Jour J Mai 68 - Edition Spéciale", par Fred Duval, Jean-Pierre Pécau, Fred Blanchard, Damien, et Fab Delcourt, 14 mars 2018 [7]</ref>, débraient, relayés quelques heures plus tard par les ouvriers de l'usine Sud-Aviation à Bouguenais, qui est la première usine occupée<ref name = jour/>, en référence aux occupations de 1936. Puis, la grève s'étend petit à petit à tout le pays. L'appel également lancé de la Sorbonne le Modèle:Date- par le comité d'occupation pour l'occupation immédiate de toutes les usines en France et la formation des conseils ouvriers suscite les craintes des autorités (communiqué de 19 heures de Pompidou).

Le chef de l'État, le général de Gaulle, en voyage officiel en Roumanie du Modèle:Date- au Modèle:Date-, n'accorde initialement pas beaucoup d'attention à ces manifestations. Il laisse son Premier ministre s'en occuper : on dira de celui-ci plus tard que « rares sont les hommes politiques, tel M. Pompidou, pour encaisser à ce point pendant les insultes »Modèle:Référence nécessaire.

Les situationnistes se retirent de la Sorbonne le Modèle:Date- après avoir constaté l'impossibilité de faire respecter la démocratie directe, qu'ils avaient tenté d'instaurer par le comité d'occupation élu, et s'en vont créer le Conseil pour le maintien des occupations, rue d'Ulm, pour tenter de susciter l'auto-organisation du prolétariat ouvrier dans les usines. Les différents léninistes présents dont les JCR s'emparent alors du pouvoir de la Sorbonne, qu'ils ne lâchent plus jusqu'à son évacuation au mois de juin après la défaite de la grève.

Grève générale

Fichier:French workers with placard during occupation of their factory 1968.jpg
Des travailleurs en grève devant leur usine occupée en juin.

Sans mot d'ordre aucun, et à la surprise des responsables de chaque camp, la grève générale symbolique prévue pour le Modèle:Date- ne s'arrête pas ce jour-là. Le mouvement ne fait au contraire que s'étendre rapidement dans les jours qui suivent : c'est la première grève générale sauvage de l'Histoire. C'est aussi la première fois qu'une grève générale paralyse un pays parvenu au stade de la société de consommation.

Des grèves et occupations d'usine spontanées se multiplient. La première a lieu à l'usine Sud-Aviation Bouguenais, en Loire-Atlantique, le Modèle:Date- avec Modèle:Nombre ; cette grève ouvrière à Nantes sera à la fois du premier et du plus long des mouvements ouvriers de Mai 68, prenant fin le Modèle:Date-<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Dans le Nord Pas-de-Calais, où la plus grande manifestation a eu lieu dès le 11 mai, 85% des mineurs sont en grève et des meetings géant se succèdent chez Usinor-Denain<ref>Mai 68 : le mouvement ouvrier dans le Nord Pas-de-Calais" Rétrospective de France 3 Hauts-de-France [8] </ref>. Le Modèle:Date-, dix millions de salariés ne travaillent pas (en grève ou empêchés de travailler).

Le Journal du dimanche est le premier à informer dès le dimanche 19 mai, en première page<ref name=pavard/>, de l'extension rapide de la grève avec occupation des locaux dans plus de cent grandes entreprises<ref name="pavard">Modèle:Ouvrage </ref>, au moment où démarre la grève des techniciens et journalistes de l'ORTF.

Les syndicats, débordés par la poursuite de cette grève spontanée au-delà de la journée du 13 mai, reprennent petit à petit la tête du mouvement. L'acceptation par les « grévistes sauvages » de leur autorité immobilise la grève dans une situation de statu quo qui perdure jusqu'au 30 maiModèle:Refnec. De la sorte, les portes des usines se referment devant les manifestations des étudiants venus défiler à Billancourt, au grand dam des « gauchistes » qui rêvent d'une union sacrée entre intellectuels et ouvriers. Mais les ouvriers eux-mêmes se méfient de ces étudiants qu'ils identifient à la classe montante de leurs dirigeants actuels. Cependant, les syndicats, par cette action, n'isolent pas seulement les ouvriers des influences « petites-bourgeoises » des étudiants, mais aussi des travailleurs d'autres entreprises et empêchent, de la sorte, qu'ils se reconnaissent ainsi des intérêts communs dans cette lutte. Quoi qu'il en soit, leurs revendications du moment ne peuvent en aucun cas être alignées sur les revendications typiques des grèves classiques lancées par la CGT ou la CFDT. Certaines restent, certes, traditionnelles par certains côtés (augmentation des salaires, meilleures conditions de travail), mais d'autres sont nouvelles : il s'agit, en effet, de revendications qualitatives (autonomie, responsabilité du salarié, forme de cogestion des entreprisesModèle:Etc.).

Le Parti communiste marxiste-léniniste de France, dans l'édition du Modèle:Date- de son journal L'Humanité nouvelle, parle de « première victoire révolutionnaire » et de « Pompidou capitulant devant la grève générale et les mobilisations des étudiants et ouvriers »<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Libération de la parole

Fichier:Odeon-Mai1968.jpg
Drapeaux rouge et noir au théâtre de l'Odéon, occupé par des étudiants et des artistes en mai 1968.

Dans tout le pays, la parole se libère et devient pour quelques semaines la raison d'être des Français. Enthousiasmé ou catastrophé, dubitatif ou méditatif, chacun selon sa sensibilité participe ou observe. Des dialogues intenses se nouent dans les rues, entre inconnus, et à travers les générations.

L'un des symboles de ces lieux de débats est le théâtre de l'Odéon à Paris, qui à partir du 16 mai, selon le communiqué lu lors d'une conférence de presse télévisée Modèle:Cita<ref>L'occupation de l'Odéon en mai 1968 [9]</ref>. Il devient aussi un lieu où l'on peut entendre s'affronter, dans des débats pris très au sérieux jour et nuit, quelques syndicalistes délégués de chez Renault, des ménagères du quartier, des étudiants, un groupe de jeunes de droite de Neuilly-sur-Seine, un groupe de lycéens d'une banlieue ouvrière, des artistes célèbres (Michel Piccoli, Raymond Rouleau, Sami Frey), des professeurs, un conseiller municipal, un ou deux cadres d'entreprise, pendant que quelques défenseurs de la libération sexuelle se retrouvent dans les coulisses du théâtre.

De son côté, Jacques Chirac est mandaté par Pompidou pour aller rencontrer clandestinement les syndicats afin de préparer les futures négociationsModèle:Référence nécessaire, les syndicats étant, il est vrai, les seuls à encore tenir à peu près le pays alors que l'autorité de l'État est devenue pratiquement inexistante, et le gouvernement de l'Élysée complètement fantoche selon le témoignage de Michel JobertModèle:Référence nécessaire.

Basculement

Modèle:Section à sourcer Les accords de Grenelle du 27 mai, négociés entre Pompidou, le patronat et les syndicats, laissent croire un moment à la reprise du travail en échange d'une fournée d'acquis sociaux. Les acquis envisagés sont sans précédent depuis la Libération, voire depuis les accords Matignon du Modèle:Date, mais aussi sans commune mesure avec ces mêmes accords, ceux de Grenelle étant plus à même d'être remis en cause que ceux de 1936 : droit syndical dans l'entreprise, augmentation du SMIG de 35 %, paiement des jours de grève à 50 %Modèle:Etc.

Le point de basculement coïncide avec l'annonce des accords de Grenelle faite par le secrétaire général de la CGT, Georges Séguy, aux ouvriers de Boulogne-Billancourt.

Dissolution de l'Assemblée nationale

Fichier:Le pouvoir est tranquille.jpg
Une affiche de Mai 68.

C'est justement ce Modèle:Date-, qu'au plus fort de la contestation et du désarroi, de Gaulle disparaît pendant plusieurs heures, à la surprise générale. Pompidou et la majorité sont alors plongés dans une certaine angoisse. Sans prévenir personne, de Gaulle va consulter le général Massu en Allemagne, au lieu de se rendre comme annoncé à Colombey. Veut-il s'assurer symboliquement le soutien de l'armée, dont nul ne souhaite en réalité l'intervention ? Veut-il déconcerter l'adversaire et jouer sur la peur du vide, alors que l'opinion commence à se retourner devant l'absence de perspective du mouvement ? Épuisé et déconcerté, a-t-il eu un authentique moment de passage à videModèle:Note, voire la tentation de se retirer ? Il semble que toutes ces raisons se soient conjuguées.

Dans un entretien avec Michel Droit, le Modèle:Date, de Gaulle déclare : Modèle:Citation<ref>Film De Gaulle, le géant aux pieds d'argile, Arte, 13 août 2013.</ref>.

Revenu à Paris le lendemain midi 30 mai, de Gaulle accepte la proposition de Georges Pompidou de dissoudre l'Assemblée nationale pour organiser de nouvelles élections législatives<ref>Pour les débats parlementaires, l'échec de la motion de censure et la position des différentes forces politiques en présence, voir Modèle:Article.</ref>.

Fichier:Photographie 30 mai - Archives nationales- 98AJ-4DE-NC.jpg
La manifestation de soutien au général de Gaulle, le 30 mai 1968.

L'après-midi, tandis qu'une marche de soutien au gouvernement, menée par André MalrauxModèle:Note et Michel Debré, réunit sur les Champs-Élysées entre 300 000 (selon la préfecture de police) et un million de manifestants (selon les gaullistes), de Gaulle fait un discours offensif : il annonce qu'il ne se retire pas et qu'il ne change pas de Premier ministre. Il organise des élections législatives anticipées Modèle:Citation. De la sorte, de Gaulle fait ressortir, dans son discours, la vieille rivalité entre le parti communiste et le gaullisme: Modèle:Citation. Il annonce aussi qu'il est prêt à mettre en œuvre l'article 16 de la Constitution qui permet au chef de l'État, dans des circonstances jugées exceptionnelles, de s'octroyer le pouvoir absolu dans le pays si le peuple ne se plie pas à ses décisions : Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Dans son communiqué du Modèle:Date-, le Parti communiste marxiste-léniniste de France dénonce alors les « accents d'apprenti dictateur » de De Gaulle, comparé à [[Napoléon Ier|Napoléon {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:|  }} }}]] au moment du coup d'État du 18 Brumaire et met en garde les travailleurs contre « le danger fasciste », tout en pointant la responsabilité des « révisionnistes », c'est-à-dire du PCF et de la CGT<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Juin : fin du mouvement et affrontements

Modèle:Article détaillé

Fichier:Imagination Graphique 30 Flics a Flins.jpg
Une affiche de Mai 68.

Le 31 mai, l'essence revient dans les stations-services et la presse rapporte que des chars convergent vers Paris et que des unités en armes se regroupent au camp de Frileuse. La police et l'armée reprennent possession d'émetteurs de l'ORTF occupés.

Après Modèle:Référence nécessaire, alors que la base, depuis le 27, avait rejeté unanimement les accords de Grenelle, les syndicats laissent la place aux CRS pour chasser les derniers récalcitrants et éteindre ici ou là les derniers brasiers de révolte. Ainsi, plusieurs épisodes violents se déroulant début juin – affrontements à Renault-Flins les 7 et 10 et à Peugeot-Montbéliard-Sochaux le 11 – ont pour conséquence la mort de Gilles TautinModèle:Note, Pierre BaylotModèle:Note et Henri BlanchetModèle:Note. Les grèves cessent progressivement.

Une troisième « nuit des barricades » au Quartier latin les 11 et 12 juin n'est plus que le fait d'irréductibles. Le Modèle:Date-, plusieurs organisations « gauchistes » sont dissoutes. L'Odéon et la Sorbonne sont évacués sans difficulté par la police le Modèle:Date-. De nombreux journalistes grévistes de l'ORTF sont licenciés, tandis que la répression s'abat sur certaines figures du mouvement, tel Daniel Cohn-Bendit, interdit durablement de séjourModèle:Note.

Élections législatives de fin juin

Les élections des 23 et 30 juin s'achèvent sur un raz-de-marée électoral pour les gaullistes, dont le groupe emporte la majorité absolue à l'Assemblée, situation sans précédent. Mais ces jours ont aussi porté en germe un net refroidissement des relations entre Georges Pompidou et le général de Gaulle : aussitôt les élections remportées, ce dernier le remplace par Maurice Couve de Murville à la tête du gouvernement.

Néanmoins, les Français ont appris à apprécier en ces jours-là le vrai vainqueur de la crise : de Gaulle n'est plus irremplaçable et, après l'échec du référendum du Modèle:Date, suivi de sa démission immédiate, Georges Pompidou accède à l'Élysée, après élections. De Gaulle, pour sa part, vote depuis l'Irlande où il prend quelques jours de vacances avec son épouse.

L'échec politique du mouvement n'empêche pas un certain succès social et culturel : jamais ratifiés, les accords de Grenelle sont tacitement appliqués un temps avant d'être, les années passant, en grande partie absorbés par les multiples réformes, en particulier le passage du salaire minimum à Modèle:Unité par mois (environ 730 euros de 2018<ref>Modèle:Lien web.</ref>).

L'Université napoléonienne est démantelée fin 1968 par la loi Faure, la décentralisation relancée. Si la tentative du Premier ministre Jacques Chaban-Delmas (1969-1974) de satisfaire certaines aspirations de Mai 68 se heurte au plus grand conservatisme de Pompidou, d'autres demandes sont satisfaites par le président Valéry Giscard d'Estaing en 1974 (dépénalisation de l'interruption volontaire de grossesse, fin de la censure, majorité civile à 18 ansModèle:Etc.), puis par la gauche au pouvoir après 1981 (libéralisation de l'audiovisuel, loi Defferre sur la décentralisationModèle:Etc.).

Morts et blessés

Les événements ont causé, à l'échelle nationale, la mort d'au moins cinq à sept personnes<ref>Philippe Nivet, « Maurice Grimaud et Mai 1968 », Histoire@Politique, 2015/3, Modèle:N°, pp. 18-32, Modèle:DOI, Modèle:Lire en ligne.</ref>,<ref name="roman68" />,<ref>Le psychiatre français Roland Coutanceau dans son ouvrage Les violences psychologiques : Comprendre pour agir (Dunod, 2014) donne sans plus de précision le chiffre de 7 morts, page 206.</ref>. Le chiffre probable est de sept morts, toutes survenues après le Modèle:Date-<ref>« Le nombre de morts en 1968 est aujourd'hui le plus souvent nié, passé sous silence ou épisodiquement hypertrophié (voir « Les 19 morts de 1968 », chiffre avancé par Alain Delale et Gilles Ragache, La France de 68. « Soyons réaliste demandons l'impossible », Paris, Seuil, 1978, p. 230. Le chiffre probable est de 7 morts toutes survenues après le 24 mai. » – Michelle Zancarini-Fournel, Le Moment 68. Une histoire contestée, Le Seuil, 2008, page 42, note 129.</ref>,<ref name=FJ/>.

De plus, selon Raymond Marcellin, nommé ministre de l'Intérieur le Modèle:Date-, les affrontements avec les forces de l'ordre ont fait environ 2 000 blessés, dont 200 graves<ref>Jean-Pierre Le Goff, La gauche à l'agonie. 1968-2017, edi8, 2017, page 135, note 24.</ref>.

On crédite parfois le préfet de police de Paris, Maurice Grimaud, d'avoir « évité tout mort à Paris », notamment grâce à sa lettre aux policiers : « Je veux leur parler d’un sujet que nous n'avons pas le droit de passer sous silence : c’est celui des excès dans l'emploi de la force »<ref>Maurice Grimaud, Lettre du préfet Maurice Grimaud aux fonctionnaires de police, 29 mai 1968, Modèle:Lire en ligne.</ref>. On oublie souvent que son appel à la modération dans la répression vient bien tard, le Modèle:Date-<ref>« La lettre de Maurice Grimaud aux policiers », Le Monde, 16 mai 2008, Modèle:Lire en ligne.</ref>, alors que de nombreux et graves dérapages des forces de l'ordre ont eu lieu depuis les premiers jours du mouvement<ref name=roman68>Sonya Faure et Cécile Daumas, « Le roman 68 : sous les clichés, les faits », Libération, 19 janvier 2018, Modèle:Lire en ligne.</ref>.

Maurice Grimaud signale de plus qu'un CRS, le commandant Journiac, est gravement blessé au front par un pavé jeté des toits, dans la nuit du 10 au 11 mai, rue Gay-Lussac, à Paris<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Il meurt un an plus tard, dans un accident de voiture, à la suite d'un malaise occasionné par les séquelles de sa blessure<ref name=express1998>Modèle:Article.</ref>.

Mort du commissaire René Lacroix à Lyon

La mort qui cause le plus de retentissement est celle du commissaire René LacroixModèle:Note, à Lyon dans la nuit du 24 mai. Selon les dires de la police (qui se révéleront faux, deux ans plus tard, lors du procès Raton et Munch) il est mort « écrasé par un camion dont la pédale d'accélérateur est bloquée »<ref name="express1998" />. En 2008, lors des 40 ans de Mai 68, un témoin affirme avoir vu « ce camion envoyé de derrière. Il a foncé tout droit puis a calé devant la première rangée de forces de l'ordre. La pierre sur l'accélérateur avait certainement sauté », sans écraser quiconque<ref name=":1">Modèle:Lien web.</ref>.

Dans leur rapport d'autopsie publié dans le Bulletin de médecine légale et de toxicologie médicale de novembre et décembre 1970, les docteurs Védrinne et Vitani, médecins légistes, confirment les constatations du docteur Louis-Paul Rousset, chirurgien de garde à l'hôpital Édouard-Herriot de Lyon : ce document de médecine légale, qui précise l'étendue et la gravité des lésions, permet d'affirmer que le décès du commissaire Lacroix est bien consécutif à un choc traumatique et hémorragique secondaire à l'écrasement dont il a été victime.

Cependant, ces conclusions des médecins légistes font l'objet de controverses en 1970 lors du procès de Raton et Munch, accusés d'être à l'origine de la mort du commissaire Lacroix. Ce procès est le théâtre d'un énorme rebondissement le dernier jour : le témoignage du docteur Grammont, l'interne de l'hôpital Édouard-Herriot qui s'est chargé du commissaire Lacroix et qui a conclu à un infarctus<ref name=":1" />. « Ce médecin avait lu dans les journaux que le commissaire avait été renversé par le camion, ce qui lui avait brisé plusieurs côtes. Du coup, il avait décidé de venir spontanément à la barre pour dire que c’était faux et que le policier présentait tous les signes d’un infarctus »<ref name=":0" />. Selon le docteur Grammont, alors interne de l'hôpital et qui s'est chargé du commissaire Lacroix aux urgences, le commissaire Lacroix est mort d'une crise cardiaque plus d'une heure après son arrivée aux urgences de l'hôpital Édouard-Herriot : « Le commissaire venait d'avoir un infarctus. C'est en lui faisant un massage cardiaque, que je lui ai cassé plusieurs côtes. Sur les électrocardiogrammes, on doit voir qu'il est mort d'un infarctus, mais ces preuves ont disparu »<ref name=":1" />.

Le Modèle:Date-, Raton et Munch sont relaxés<ref name=":0">Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Le décès du commissaire Lacroix constitue un basculement dans la perception des événements par la population.

« Les étudiants n’apparaissent plus comme les victimes d’une répression policière excessive, mais comme les responsables d’une violence meurtrière »<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Conséquences

Sur le plan politique

Accords de Grenelle

Une augmentation de 35 % du SMIG à Modèle:Unité par mois et de 10 % des salaires, la création de la section syndicale d’entreprise, actée dans la loi du Modèle:Date, font entre autres l'objet des accords de Grenelle, à la suite de négociations menées en particulier par le jeune haut fonctionnaire Jacques Chirac, et la reprise du travail s'effectue progressivement au début du mois de juin. La police et la gendarmerie évacuent au fur et à mesure les différents lieux occupés.

Décret de dissolution du 12 juin 1968

Fichier:Décret portant dissolution de 11 organisations d'extrême gauche -Archives nationales- 20100357-62.jpg
Décret du Modèle:Date- portant la dissolution de 11 organisations d'extrême gauche Archives nationales 20100357/62

Le décret présidentiel du 12 juin 1968, en application de la loi du 10 janvier 1936 sur les groupes de combat et milices privées, dissout onze mouvements jugés extrémistes<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, dont :

Le décret épargne toutefois l'organisation d'extrême-droite Occident. René Capitant, ministre de la Justice, argüe : « Le mouvement Occident a employé la violence, parfois, mais il ne s'est pas dévoilé comme un mouvement subversif »<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

La dissolution de l'Organisation communiste internationaliste, de la Fédération des étudiants révolutionnaires et du groupe Révoltes est annulée, à la suite de trois requêtes (l'une émanant de Pierre Boussel, alias Lambert) pour annulation du décret en raison d'un excès de pouvoir, accepté par le Conseil d'État<ref>Conseil d'État statuant au contentieux, Modèle:N°76230 76231 76235, publié au recueil Lebon, M. Henry, rapporteur, M. Bertrand, commissaire du gouvernement. Lecture du mardi 21 juillet 1970.</ref>.

L'Internationale situationniste, qui apparaît rétrospectivement comme le mouvement le plus subversif et qui a le plus inspiré les idées de Mai 68, n'est pas concernée par ce décret de dissolution, mais ses membres jugent préférables de s'exiler, un temps, en Belgique.

Dissolution de l'Assemblée nationale le 30 mai 1968

Fichier:Discours du général de Gaulle- 30 mai 1968- Archives nationales - AG-5(1)-1447.jpg
Allocution prononcée par le général de Gaulle à la radio le Modèle:Date- Archives nationales AG/5(1)/1447

La dissolution de l'Assemblée est un droit exclusivement réservé au Président de la République. Cette démarche consiste à annuler le mandat de tous les députés en exercice et de provoquer des élections législatives anticipées. Les élections législatives de Modèle:Date- voient la très large victoire des gaullistes, regroupés dans le parti renommé pour l'occasion Union pour la défense de la République. On s'est beaucoup interrogé sur ce retournement de la peur, tant les médias donnaient l'impression que la population penchait pour le mouvement étudiant. Au fond personne à gauche n'avait donné l'impression de maîtriser ce qui se passait et la solution paraissait être provisoirement en dehors du mouvement, dans la stabilité institutionnelle. De plus les gaullistes reçoivent la confiance du pays car la dissolution a engendré une consultation directe du peuple à la suite des événements.

Référendum sur la régionalisation et le rôle du Sénat du 27 avril 1969 et départ du général de Gaulle

Modèle:Article connexe

Le général de Gaulle avait souhaité un référendum en Modèle:Date-. Georges Pompidou avait plaidé et obtenu la dissolution de l'Assemblée nationale. De Gaulle ne renonce pas à son projet de référendum. Il perçoit que Modèle:Date- a mis en exergue un besoin de démocratie plus directe et plus proche du peuple. Il imagine de décentraliser certains lieux de décision et de refonder le Sénat en changeant profondément ses critères de recrutement. C'est l'objet de ce référendum. Il met tout son poids politique dans la balance en promettant de partir si les Français répondent « non ». Le non l'emporte avec 52,41 % (80,13 % de votants, 77,94 % de suffrages exprimés). Comme il l'avait indiqué, le général de Gaulle part.

Défiance à l'égard du politique

La fin des années 1970 a été appelée par certains (comme Gilles Lipovetsky) « l'ère du vide ». L'élection de François Mitterrand en 1981, sur le thème très Mai 68 de « Changer la vie », apparaît comme une flambée d'espoir ou une crise de panique catastrophique, selon les courants, dans cette évolution politique en France. Mais cette attitude désillusionnée sur la classe politique reprend le dessus et est encore très présente avec une défiance croissante vis-à-vis du militantisme et du personnel politique.

Sur l'Université de Paris

Mai 68 étant largement provoqué par les problèmes liés à la massification de l'enseignement supérieur Modèle:Incise, la loi Faure du Modèle:Date- dissout l'Université de Paris en 13 établissements, numérotés de I à XIII, permettant d'absorber cette hausse d'effectifs. C'est la fin de l'ancienne Université de Paris telle qu'elle avait existé de 1150 à 1970, et la perpétuation du système français d'enseignement supérieur à deux vitesses, entre Grandes Écoles et Université.

Dans la sphère culturelle

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La manchette du Modèle:N° de L’Enragé.

D'une manière générale, Mai 68 a été une des plus grandes contestations de l'ordre existant. La singularité française est le lien entre la contestation intellectuelle et le monde ouvrier<ref name="Ross 2010" />.

Mai 68 est une ouverture brutale de la culture française au dialogue social et médiatique, qui s'infiltre dans tous les rouages de la société et de l'intimité familiale, et une étape importante de prise de conscience de la mondialisation de la société moderne (après les guerres « mondiales ») et de la remise en cause du modèle occidental de la « société de consommation ».

L'une des principales influences de Mai 1968 se situe au niveau socio-culturel, comme l'a reconnu François Mitterrand lors du Modèle:20e de Mai 68. On assiste à une désaffection des Français pour la sphère publique et politique et pour le militantisme en général.

Les événements de Modèle:Date- marquent une division politique qui a des répercussions dans la société française, par exemple lors de la scission de l'université Lyon-II en 1973. Actuellement, on situe parfois les personnalités politiques selon le « côté » des barricades où elles se situaient. Le qualificatif péjoratif de « gauchiste », créé par Lénine en 1920 dans La Maladie infantile du communisme (le « gauchisme »), entre alors dans le langage courant.

De nouvelles valeurs apparaissent. Elles sont notamment centrées autour de l'autonomie, de l'antiautoritarisme, la primauté de la réalisation personnelle, la créativité, la pluridisciplinarité et la valorisation de l'individu impliquant le refus des règles traditionnelles de la société et la remise en cause de l'autorité. La redéfinition de nouvelles règles se construit autour de l'idée d'autogestion et du communautarisme. Le concept d'autogestion est concurrencé par celui de cogestion, cher à Edgar Faure dans sa réforme de l'enseignement qui suit et, d'une manière générale, très en vogue dans les organisations politiques inquiètes de cette évolution jugée « anarchique ».

On considère souvent la libération sexuelle comme l'un des grands thèmes de Mai 68. En réalité ce n'est que dans les années suivantes (Modèle:Date- à Modèle:Date- essentiellement) que les débats sur les mœurs prennent place, corrélativement à l'arrivée des contraceptifs modernes. Le féminisme aussi se développe durant ces années, avec son mouvement le plus radical, le Mouvement de libération des femmes (MLF), dont la première manifestation publique a lieu en 1970 et qui joue un grand rôle dans l'implosion du militantisme traditionnel au profit de thèmes féministes, comme l'autorisation de l'avortement (1975), la remise en cause de la répartition des tâches dans le couple (« Qu'est-ce qui est plus long : faire cuire le steak d'un révolutionnaire ou celui d'un bourgeois ? »), la « naissance sans violence ».

La dénonciation des régimes de l'est se confirme (publication de L'Archipel du Goulag, Le Cri des pierres). Cette désillusion concernant le communisme, juste après un engagement politique intense Modèle:Incise, débouchera sur un pessimisme généralisé dans les milieux de gauche, un autodénigrement systématique de tout ce qui a pu exister avant mai 68.

L'influence de Mai 68 est manifeste dans la pédagogie scolaire en France. De disciple, l'élève devient un sujet pouvant intervenir dans la pédagogie dont il est l'objet : c'est la coéducation. La dimension de la parole libre, du débat, s'accroît. La discipline autoritaire fait place à la participation aux décisions. Les enseignants ont été parfois déstabilisés dans l'idée qu'ils se faisaient de leur métier. On a critiqué ensuite cette évolution jugée souvent trop permissiveModèle:Référence nécessaire. Elle a aussi été à l'origine de la participation des élèves et des parents aux conseils de classe et de la redéfinition des règlements scolaires dans les établissements dès Modèle:Date-.

Dans le cinéma

Dès Modèle:Date-, le renvoi d’Henri Langlois, directeur de la Cinémathèque française, avait ému les réalisateurs. Le cinéma milite par le biais de cinétracts, certains de la main de Jean-Luc Godard. Des états généraux du cinéma s’organisent.

Le Festival de Cannes est interrompu, notamment sous la pression des cinéastes contestataires présents (beaucoup venant de la Nouvelle Vague) comme Roman Polanski, Jean-Luc Godard, François Truffaut, Claude Lelouch. Aucun prix n'est remis. L'année suivante est créée la Quinzaine des Réalisateurs par la Société des Réalisateurs de Films, une sélection parallèle du festival se réclamant des cinéastes<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Dans le domaine économique et social

Le conflit de la société des montres « Lip », conduit par Charles Piaget du Syndicat CFDT, à Besançon en 1973, est une illustration très médiatisée de cette évolution, avec une expérience de mise en œuvre de l'autogestion de l'entreprise.

Cette influence a aussi des conséquences en 1973 dans des mouvements de remise en cause de l'armée et de la force de frappe nucléaire et d'une manière générale dans les mouvements écologiques (Brice Lalonde) et anti-militaristes (la lutte du Larzac, dont est issu José Bové, le courant de la non-violence) et les fameuses ONG comme « Médecins sans frontières » (Bernard Kouchner), directement issues de la prise de conscience planétaire des mouvements de Mai 68. C'est aussi la période de la naissance de l'idée de « Halte à la croissance ? » (1972), titre d'une publication du Club de Rome fondé en 1968<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Si l'on en croit le magazine L'Expansion, le rythme annuel d'augmentation de la productivité « s'accrut » pendant les trois années qui suivirent Mai 68.

Modèle:Article connexe

Dans le monde chrétien

Une partie des chrétiens est bouleversée par les événements qu'ils perçoivent dans le sillage du Concile de Vatican II, même si l'encyclique Humanæ vitæ, publiée en Modèle:Date-, est surtout connue pour son refus de la contraception.

La communauté œcuménique des Frères de Taizé devient l'un des pôles structurants de ce bouleversement. Au début des années 1970, jusqu'à quarante mille jeunes, venus du monde entier, mais beaucoup de France, se rassemblent autour d'eux chaque semaine de Pâques dans le petit village bourguignon de Taizé, qui compte d'ordinaire cinquante habitants. Chacun est invité à participer au « Concile des jeunes ». On crée des « fraternités », dans le monde communiste comme dans le monde occidental ou en Amérique latine, à l'image des premiers chrétiens et auprès des plus pauvres. Ces extraits de textes de Taizé expriment le bouleversement chrétien en écho aux événements de Mai 1968 : Modèle:Citation, Modèle:Citation. Ce « signe de contradiction » deviendra ultérieurement « signe de réconciliation ».

À cette époque s'amplifie également le mouvement des prêtres ouvriers et le mariage des prêtres. Surtout le nombre de pratiquants dans les églises occidentales traditionnelles va suivre une décroissance considérable et traumatisante pour les responsables religieux.

Musique et "révolution sexuelle"

Cette période s'accompagne d’une « révolution du droit » en Occident : les femmes acquièrent le droit à la contraception, par une loi de 1966 en France<ref>1967 en France.</ref> puis le droit à l'avortement sept ans après Mai 68<ref>1975 en France.</ref>.

La question de la révolution sexuelle, appelée parfois aussi "libération" a ainsi été évoquée en France dès le début des années 1960 puis en 1966 dans un numéro de la revue Partisans « Sexualité et répression » <ref>Alain Giami, « Misère, répression et libération sexuelles », Mouvements, volume 20, n⁰ 2, 2002, p. 23-29.</ref> et un deuxième sur le même thème paraîtra en 1972 avec une section importante à la répression de l’homosexualité.

Durant l'été 1967, l'expression Summer of Love (en français Été de l'amour) désigne les événements qui se déroulèrent dans le quartier de Haight-Ashbury, à San Francisco (Californie), où des milliers de jeunes du monde entier se réunirent librement pour écouter de la musique, dans un rassemblement associé au mouvement hippie. L'expression peace and love fait alors référence aussi la guerre du Viêt Nam en cours.

Analyses

Fichier:La liberté est le crime qui contient tous les crimes.jpg
La liberté est le crime qui contient tous les crimes. C'est notre arme absolue !, sur un mur de La Sorbonne en Mai 68.

Modèle:Pertinence section Mai 68 a fait l'objet d'un certain nombre d'interprétations. On a pu y voir un grand moment de l'histoire du mouvement ouvrier avec l'une des plus importantes grèves générales. D'autres ont vu dans le mouvement de Mai 68 un mouvement étudiant anti-autoritaire contestant les hiérarchies établies. D'autres encore ont considéré Mai 68 comme un mouvement étudiant et lycéen visant la libéralisation des mœurs, commençant par la mixité dans tous les établissements de l'éducation nationale. Ce mouvement a été alors analysé comme le ferment de l'individualisme post-moderne. Se pose la question de savoir quelle est la nature des événements de Mai 68 et de son héritage en particulier contestataire<ref>Irène Pereira, « Les héritages contestataires de Mai 68 », Sens public, 16 février 2009, Modèle:Lire en ligne.</ref>.

Contrairement à ce qui a pu être écrit a posteriori, Mai 68 n'est pas le résultat d'une « génération spontanée » : tous les acteurs majeurs du mouvement ont déjà une forte expérience militante, souvent issue de l'opposition à la guerre d'Algérie, de l'émergence du gauchisme anti-stalinien des années 1960 et du mouvement libertaire.

Pour l'historien René Gallissot, « Mai 68 fut [par ordre décroissant] un mouvement anti-autoritaire, un mouvement a-nationaliste, un mouvement contre-culturel »<ref>René Gallissot, « Mai 68 : qu'est-ce qu'un mouvement social ? Au-delà du mouvement ouvrier », L'Homme et la société, Modèle:N°, 1990, « Crise du monde ouvrier et nouveaux mouvements sociaux », Modèle:P., Modèle:Lire en ligne, Modèle:DOI.</ref>.

Selon le sociologue Alain Touraine Modèle:Citation<ref>Alain Touraine, Comment sortir du libéralisme, Fayard, 1999, Modèle:Lire en ligne.</ref>.

Pour l'historien Patrick Rotman Modèle:Citation<ref>Patrick Rotman, Mai 68 raconté à ceux qui ne l'ont pas vécu, Seuil, 2008, page 14.</ref>.

Alain Geismar, une des personnalités marquantes des événements, met l'accent sur l'Université : Modèle:Citation<ref>Alain Geismar, Mon Mai 1968, Librairie Académique Perrin, 2008, page 195.</ref>.

L'historienne Michelle Zancarini-Fournel évoque Modèle:Citation<ref>Michelle Zancarini-Fournel, Le Moment 68, une histoire contestée, Seuil, coll. « L'Univers historique », 2008 Modèle:ISBN, extraits page 13.</ref>.

Le professeur de sciences politiques Boris Gobille affirme : « Au moment où il survient, Mai 68 a quelque chose de proprement inouï : non pas tant parce qu'il n'a pas été anticipé et que son ampleur surprend, mais parce qu'il fait entendre publiquement des paroles auparavant refoulées, réduites au silence ou même pas imaginées, et parce qu'il inscrit sur la scène du visible et dans l'arène publique, des acteurs, des sujets, des enjeux et des pratiques qui n'y avaient pas droit de cité jusqu'alors »<ref>Boris Gobille, Mai 68, La Découverte, 2009, Modèle:Lire en ligne.</ref>.

Une analyse générationnelle voit dans Mai 68 le symbole de l'arrivée au pouvoir de la génération des Baby boomers par opposition aux générations précédentes, même si cette analyse peut être nuancée<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Répercussions internationales

Modèle:À compléter

Belgique

Le Modèle:Date-, le Cercle du Libre Examen de l'université libre de Bruxelles organise un rassemblement contre la dictature des colonels en Grèce où sont invités à prendre la parole Mélina Mercouri, Vassilis Vassilikos (auteur du livre dont est inspiré Z, le film de Costa-Gavras), l'association Rigas Phereos et l'Association belge pour la défense de la démocratie en Grèce<ref>« Ce 13 mai donc, nous nous préparions à recevoir Mélina Mercouri, invitée par le cercle du Libre Examen », Willy Decourty (préf. Philippe Vincke), Bruxelles, le 13 mai 1968, Luc Pire, Bruxelles, 2008, Modèle:Lire en ligne.</ref>. À l'issue de cette réunion, plusieurs centaines d'étudiants constitués en « assemblée libre » organisent l'occupation de l'auditoire Paul-Émile Janson<ref>« À l'issue de ce meeting, l'occupation du Janson s'organise, rassemblant plusieurs centaines de personnes qui forment aussitôt une « assemblée libre », structure dont il sera beaucoup question par la suite, tandis qu'un mouvement du 13 mai […] », Serge Govaert, Mai 68. C'était au temps où Bruxelles contestait., De Boeck, coll. Pol-His, 2001, page 59, Modèle:Lire en ligne.</ref>. Cette occupation durera 47 jours. Cette date marque le début du Mai 68 bruxellois et les politologues parleront d'un « Mouvement du Modèle:Date- »<ref>Courrier hebdomadaire du CRISP, Centre de recherche et d'information socio-politiques, numéros 413 à 426, 1968, page 38, Modèle:Lire en ligne.</ref> à l'origine des événements<ref>Willy Decourty, Bruxelles, le 13 mai 1968, Luc Pire, Bruxelles, 2008, présentation en ligne.</ref>. Ce n'est pas le seul campus à vivre son Mai 68, à l'université de Liège également, les étudiants entrent en contestation.

Répercussions historiques et politiques

Les répercussions historiques de Mai 1968 se sont invitées dans la campagne pour l'élection présidentielle française de 2007, lorsque le candidat Nicolas Sarkozy affirme que Mai 68 a Modèle:Citation<ref>Modèle:Citation dans L'Obs 30 avril 2007 [10]</ref>,<ref name="belach">Mai 68 : Macron ne s’interdit rien par Charlotte Belaich — 5 novembre 2017 [11]</ref> s'attirant la critique de Daniel Cohn-Bendit<ref name="itwlm">"Daniel Cohn-Bendit : Modèle:Citation propos recueillis par Richard Werly, interview dans Le Monde du 01 mai 2007 [12]</ref>. Le débat se poursuit à l'automne suivant, quand Henri Weber l'accuse d'Modèle:Citation, jusqu'aux Modèle:Citation<ref>Le Mai 68 imaginaire de Nicolas Sarkozy, par Henri Weber, dans Le Figaro du 14/10/2007 "[13]</ref>.

Modèle:Citation, a dénoncé l'écrivain Michel Houellebecq<ref>Liquider Mai 68, une idée aussi vieille que Mai 68 dans La Dépêche du Midi [14]</ref>. Modèle:Citation, selon l'universitaire Serge Audier<ref>La pensée anti-68 (La Découverte)</ref>. Dès 1985, Luc Ferry publie, avec Alain Renaut, un livre intitulé La pensée 68, dans lequel il remet brutalement en cause une partie de la production intellectuelle de l'époque<ref name =itwlm/>. Ce débat reprend lors de l'élection présidentielle française de 2017 lorsque Maël de Calan, candidat à la présidence de LR, estime que « Sur le plan économique, l’esprit de 68 a favorisé l’essor de la consommation de masse. Il fallait « jouir sans entrave » : une société de consommation et de loisirs allait ainsi définitivement supplanter une société de privation et de travail<ref> Dans une tribune publiée le 25 octobre sur le Figaro.fr</ref>,<ref name=belach/>. »

Quelques slogans soixante-huitards, écrits et peints

Modèle:Article détaillé Modèle:Autres projets

Fichier:Paris - hôtel de Chimay - Courtyard 02.JPG
L'école des Beaux-Arts de Paris dans l'ancien hôtel de Chimay, où l'Atelier populaire a sérigraphié 415 affiches différentes.

Des artistes du mouvement de la figuration narrative, regroupés en particulier au Salon de la jeune peinture au début des années 1960, ont tenu un discours militant marqué à l'extrême gauche et donnaient à leur art un objectif de transformation sociale. Bernard Rancillac, Eduardo Arroyo, Gilles Aillaud et Henri Cueco ont ainsi participé à l'Atelier populaire des Beaux Arts<ref name="Axelle">Interviews de l'architecte François Guys du peintre Pierre Buraglio et du peintre Michèle katz, par Axelle Simon dans "Mai 68 revisité à travers ses affiches" France 24 le 22/05/2018</ref>,<ref>« Gérard Fromanger, la Figuration narrative », sur RTBF, 27 juillet 2015.</ref>. L'École des Beaux-Arts, occupée pendant 46 jours<ref name=Axelle/> dès le Modèle:Date-<ref name="dupuydecour" />, sélectionnait les projets d'affiche, punaisés sur une corde<ref name = GérardFromanger/>, tous les soirs lors d'une assemblée générale<ref name=Axelle/> à 19 heures<ref name = GérardFromanger/>, qui durait entre une heure et dix heures<ref name = GérardFromanger/>.

Une grande partie de ces affiches réagissent à chaud à l'actualité du jour<ref name=Axelle/>, et collant à une réalité de souffrance, salaires et conditions de travail, selon son animateur permanent le peintre Pierre Buraglio<ref name=balland/>,<ref name=Axelle/>, dans un climat d'ouvriérisme<ref name = GérardFromanger/>. Plus de dix mille personnes y sont passées, dont 300 artistes, selon le peintre Gérard Fromanger<ref name="GérardFromanger">"L'atelier populaire de l'ex-Ecole des Beaux-Arts. Entretien avec Gérard Fromanger" par Laurent Gervereau sem-linkGérard Fromange, revue Matériaux pour l'histoire de notre temps 1988 [15]</ref>.

Les salariés des différents secteurs<ref name = GérardFromanger/> s'y pressent pour Modèle:Cita<ref name=dupuydecour/>,<ref name=Axelle/>,<ref name=balland>Balland Vasco Gasquet, 500 affiches de mai 68, Éditions Balland, 1977.</ref> à cet atelier très politisé, où les artistes deviennent des Modèle:Cita<ref name=Axelle/> se mettant Modèle:Cita<ref name=Axelle/>, produisant en un mois, en sérigraphie, jour et nuit, 600.000 à un million d'affiches<ref name=Axelle/>, toute placardées sur les murs, dont certaines reproduites à 3 000 exemplaires<ref name=dupuydecour/>. Les artistes, parmi lesquels des militants maoïstes, du PCF, des JCR de la FER ou des ex-"Jeune Peinture"<ref name = GérardFromanger/>, créent une Modèle:Cita de sérigraphie<ref name = GérardFromanger/>. Une exposition pour le cinquantenaire de Mai 68 à l'École des Beaux-Arts en a exposé 415 différentes.

L'affiche de Bernard Rancillac « Nous sommes tous des Juifs et des Allemands » , dessinée le Modèle:Date- et représentant Daniel Cohn-Bendit après son expulsion en Allemagne, est la seule des 415 qui n'a jamais été affichée dans la rue par les étudiants<ref>Artprecium Vente aux enchères d'oeuvres d'art [16]</ref>, même après sa reformulation votée par l'assemblée générale des étudiants, qui a décidé le Modèle:Date- de remplacer le slogan par Nous sommes tous « indésirables », selon une déclaration de l'historien Christian Delporte le Modèle:Date-.

Les initiatives locales fleurissent aussi sur le plan artistique. Dans l'usine Berliet occupée à Vénissieux, en banlieue de Lyon, les lettres du fronton sont inversées pour former le mot liberté<ref name=dupuydecour/>.

D'autres slogans prennent la forme de graffitis, la plupart sur les murs de Paris par Christian Sebastiani, que son camarade de l'Internationale Situationiste Guy Debord baptisera en 1972 « le poète des murailles »<ref name="Faubert">" Abrégé du situationnisme 30 Mars 2013, par Patrice Faubert aux Editions [17]</ref>, avec des bombes de peinture destinées au combat de rues<ref name="Lewino">" entretien avec Walter Lewino, le 18 avril 2010 par Raphaël Meltz. Petites histoires de la grande époque, 21 juin 2010 [18]</ref>. Le sociologue Jean-Pierre Le Goff explique, trente ans après, le rôle des slogans de Mai 68 : Modèle:Citation bloc

La grève se diffuse à partir du Modèle:Date- par capillarité, des grands sites de production industrielle vers les usines plus modestes<ref name=dupuydecour/>. Dans les hôpitaux, et aux PTT, les grévistes veillent au traitement des urgences, pour n’autoriser que les appels ou les soins de première nécessité<ref name=dupuydecour/>.Le secteur tertiaire (poste, hôpitaux, banques, grands magasins) a cessé de fonctionner à la fin de la première semaine, le Modèle:Date-<ref name=dupuydecour/>, ce qui fait remonter le chiffre de 7 millions de grévistes<ref name=dupuydecour/>.

Plusieurs de ces slogans, considérés comme faisant partie de Mai 68 sont antérieurs au mouvement et leurs auteurs parfois en opposition à ce mouvement.

Certains de ces slogans seront repris et détournés par la publicité commerciale<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Slogans en lien avec l'actualité immédiate

Slogans situationnistes contre le temps perdu par l'aliénation, le travail et les bureaucraties

Slogans sur les médias

Modèle:Article détaillé

Slogans sur la répression politique

Autres slogans

Affiches

Modèle:Article détaillé Modèle:Autres projets

Fichier:Imagination Graphique 59 Poison.jpg
Une affiche de Mai 68.

À partir du Modèle:Date- à Paris, l'« Atelier populaire », émanation de l'École des beaux-arts de Paris, produit plusieurs dizaines d'affiches en sérigraphie<ref>Gallica, voir en ligne.</ref>, avant d'être rejoint par d'autres « ateliers populaires » à Strasbourg, Montpellier, Marseille, Lyon, Grenoble, Dijon, Caen et Amiens. Imprimées à plusieurs milliers d'exemplaires, ces centaines d'affiches<ref>Modèle:Lien web.</ref> marquent le visuel des événements et l'image qui en reste plusieurs décennies après<ref>Victoria Holly Francis Scott, La beauté est dans la rue : art & visual culture in Paris, 1968, University of British Columbia, 2000, Modèle:Lire en ligne.</ref>.

Aucune de ces affiches n'est signée, si ce n'est collectivement : « Atelier populaire ». Pas de droit d’auteur individuel, mais une mise en avant du travail collectif au service des travailleurs en lutte. « Travailler sur sa petite idée personnelle, même juste, c’est rester dans le cadre étroit de la conception bourgeoise », précise un tract adressé aux « camarades créateurs »<ref name="Affiche">Judicaël Lavrador, « Beaux-Arts : la lutte s’affiche », Libération, 30 mars 2018, Modèle:Lire en ligne.</ref>. En l'absence d'auteurs connus, ces affiches sont entrées dans le domaine publicModèle:Refnec.

En mai et Modèle:Date-, l’intersyndicale de la Bibliothèque nationale de France (BnF) prend part aux mouvements. Dans le même temps, une centaine d’agents volontaires font preuve d’ingéniosité et s’activent pour collecter tracts, affiches, banderoles, qui forment aujourd’hui un témoignage unique du mouvement de Mai 68<ref>Marie-Renée Morin, Il y a 40 ans à la BN…, 2008, Modèle:Lire en ligne.</ref>. En 1982, elles sont réunies, en partie, par la BnF en un ouvrage à l’occasion de l’exposition « Les affiches de mai 68 ou l'Imagination graphique » (consultable en ligne) ; en 2008, la BnF organise une nouvelle exposition d'affiches et de photographies « Esprit(s) de Mai 68 - Prenez vos désirs pour des réalités »<ref>BnF, Esprit(s) de Mai 68 - Prenez vos désirs pour des réalités, exposition, 2008, voir en ligne.</ref>.

Déclinaisons régionales

L'évolution du récit de Mai 68 en 50 ans

Historiographie de Mai 68

Dans les arts et la culture

Iconographie

Caricature

Les évènements de Mai 68 ont donné lieu à une importance productions de caricatures contre le pouvoir en place mais aussi le système politique traditionnel occidental<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Peinture

Filmographie

Cinéma

Télévision

Documentaire
Téléfilm

Musique

Chansons

Littérature

Sources et bibliographie

Modèle:Article détaillé

Sources primaires

  • Tracts de Mai 68 : BNF, cote 4 Lb61 600 (1968)
  • Affiches de Mai 68 : BNF, GrFol Lb61 600 (1968, 1-30)

Bibliographie

Modèle:Trop d'ouvrages

Années 1968-1970

En Modèle:Date-, 124 livres sont déjà répertoriés sur le sujet dans les catalogues de la Bibliothèque nationale de France (désormais BnF).

Années 1980-1990

Années 2000-2009

Depuis 2010

  • Robert Gildea, « La génération française de 1968 : points de vue personnel et politique », dans L’Amuse-Bouche : La revue française de Yale. The French-Language Journal at Yale University. 1(1), 39-48, 2010.
  • Jean-Philippe Legois, Les Slogans de 68, EDI8, 2010, extraits en ligne.
  • Xavier Vigna et Jean Vigreux, Mai-Modèle:Date-. Huit semaines qui ébranlèrent la France, Dijon, EUD, 2010.
  • Alexandru Matei, « Langages révolutionnaires chez les socialistes utopiques et chez les révoltés de Mai 68 : de l’idéal de liberté à la liberté devenue mythe », Revue internationale d'études en langues appliquée, Modèle:N°, 2011, Modèle:Lire en ligne.
  • Laurence Bernier-Renaud, Scènes situationnistes de Mai 68 : Enquête sur une influence présumée, s/d Jean-Pierre Couture, Thèse présentée à l’École d’études politiques, Université d’Ottawa, 2012, Modèle:Lire en ligne.
  • Christian Delporte, Denis Maréchal, Caroline Moine et Isabelle Veyrat-Masson (dir.), Images et sons de Mai 68, 1968-2008, Nouveau Monde éditions, 2014, extraits en ligne.
  • Éric Brun, Les situationnistes. Une avant-garde totale (1950-1972), Paris, CNRS Éditions, coll. « Culture & Société », 2014, Modèle:ISBN, extraits en ligne.
  • Julie Pagis, Mai 68, un pavé dans leur histoire, Presses de Sciences Po (Paris), 2015, extraits en ligne.
  • Guy Ciancia, Lille en Mai, chroniques anarchistes, Passez Muscade, 2015, présentation éditeur.
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  • Denis Langlois, Et si la révolution était possible, éditions Scup, 2018.
  • Dominique Lacout, Mai-68, ou La Métaphore désenchantée, Le Temps des C(e)rises/AnArké, 2018.
  • Jacques Wajnsztejn, Mai 68 à Lyon. Retour sur un mouvement d’insubordination, La Bauche, Éditions À plus d’un titre, 2018<ref>Serge Quadruppani, « Mai à l’usine », Le Monde diplomatique, mai 2018, Modèle:Lire en ligne.</ref>.
  • Lola Miesseroff, Voyage en outre-gauche : Paroles de francs-tireurs des années 68, Éditions Libertalia, 2018, Modèle:ISBN<ref>Serge Audier, Mai 68 : la petite bibliothèque, Le Monde des Livres, 8 mars 2018, lire en ligne.</ref>.
  • Agnès Callu (dir.), Le Mai 68 des historiens, Presses universitaires du Septentrion, Villeneuve d'Ascq, 2018.
  • Boris Gobille, Le Mai 68 des écrivains. Crise politique et avant-gardes littéraires, Paris, CNRS Éditions, coll. « Culture et société », 2018.
  • Romain Cruse, Le mai 68 des Caraïbes, Éditions Mémoire d'encrier, 2018.
  • Julien Besançon, Les murs ont la paroles, Points, 2018.
  • Jean-Philippe Legois, Les slogans de Mai 68 (initialement paru en 2008 chez le même éditeur), Éditions First, 2018.
  • Mathieu Dubois, Les conséquences économiques de Mai 68 : du désordre social français à l'ordre monétaire européen, Peter Lang, 2018.
  • Commémorer Mai 68 ?, anthologie avec des textes de Jean-Paul Aron, Antoinette Fouque, Annie Le Brun, Gilles Lipovetsky, Pierre Nora, Jean-Paul Sartre et de Philippe Sollers, préface de Sophie Doudet, Paris, Gallimard, coll. « Folio Le Forum », 2018.
  • Maurice Blanchot : Mai 68, Révolution par l'idée, édition de Jean-François Hamel et Éric Hoppenot, Gallimard, 2018 (posthume).
  • Collectif, « Écritures de la contestation. La littérature des années 68 », Études françaises, numéro préparé par Jean-François Hamel et Julien Lefort-Favreau, vol. 54, n° 1, 2018, 183 p. (http://revue-etudesfrancaises.umontreal.ca/volume-54-numero-1/).
  • Philippe Buton, Histoire du gauchisme : l'héritage de Mai 68, Paris, Perrin, 2021, 560 p. Modèle:Isbn.
  • Chapitre d'un livre de témoignage de Jean-Jacques Kupiec sur les prémices de Mai 68 (Février-Mars-Avril) dans le milieu lycéen publié sur le site Ytali.com

Articles

Photographies

Affiches

Vidéographie

Discographie

Émissions radiophoniques

Chronique de Mai – Mai 68, vingt ans après… de Dominique Chagnaullaud, série de sept émissions d'une heure réalisées par Jean-Jacques Vierne à l'occasion du Modèle:20e des événements. Première diffusion sur France Culture entre le [[1er avril|Modèle:1er]] et le Modèle:Date. À base d'archives sonores, ces chroniques reprennent les principaux événements de Mai 68, de Nanterre à sa fin :

Expositions

Fichier:Mai 68 expo tracts.jpg
Mai 68, le tract en révolte, 2018.

Jeu de société

Presse de Mai 68

Notes et références

Notes

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Références

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Annexes

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Articles connexes

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Liens externes

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