Siné
Modèle:Voir homonymes Modèle:Homophone Modèle:Infobox Biographie2
Maurice Sinet, dit Siné, né le Modèle:Date de naissance<ref>Archives en ligne de Paris, Modèle:20e arrondissement, tables décennales des naissances 1923-1932, cote V11E 724, vue 19/21</ref>,<ref>D'après son acte de naissance no 3524 consultable à la mairie du Modèle:20e arrondissement de Paris</ref> dans le [[20e arrondissement de Paris|Modèle:20e]] de Paris et mort le Modèle:Date de décès à l'hôpital Bichat-Claude-Bernard dans le [[18e arrondissement de Paris|Modèle:18e]] de Paris, est un dessinateur et caricaturiste français.
Il était l'un des régents du Collège de 'Pataphysique.
Biographie
Enfance et jeunesse
Fils de Fabienne Ducrocq, Maurice Sinet passe son enfance à Paris, entre Barbès et Pigalle. Le sort de son père naturel, Laurent Versy, ferronnier d'art condamné plusieurs années aux travaux forcés, contribue à sa distance critique envers l'État, la justice et la police. Siné porte le nom du mari de sa mère, Albert Sinet, dont elle a divorcé pour se remarier avec Laurent Versy.
À quatorze ans, il entre à l’École Estienne et y étudie le dessin et la maquette. La nuit, il gagne sa vie en chantant dans les cabarets. Un jour, il tombe sur les dessins d'un Roumain devenu le plus célèbre des illustrateurs américains : Saul Steinberg. Ce sera l'une de ses principales sources d'inspiration artistique : Modèle:Citation
Entre 1946 et 1948, il est chanteur dans le groupe de cabaret Les Garçons de la rue<ref name=whoswho />.
Premiers dessins
À son retour du service militaire, qu’il passe en grande partie en cellule, il commence à dessiner et fait des retouches sur les photos des revues pornographiques de l'époque. Il publie ses premiers dessins au début des années 1950, par exemple dans le n°11 de la revue Fourire de Modèle:Date-, dans France Dimanche en 1952, ou encore dans Action, qui disparait en 1952, et reçoit le grand prix de l'Humour noir en 1957 pour son recueil Complainte sans paroles.
En 1957, avec Jean Yanne pour les textes, il dessine dans une revue anticléricale J'y va-t-y j'y Vatican puis dans Ça fait des bulles<ref>Bertrand Dicale, Jean Yanne : à rebrousse poil, First, 2012, lire en ligne.</ref>.
Une série de dessins basée sur des jeux de mots mettant en scène des chats contribue à le faire connaître ; il entre alors à L'Express comme dessinateur politique.
Il exprime ses opinions anticolonialistes pendant la guerre d'Algérie. En Modèle:Date-, il signe le Manifeste des 121, titré « Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie ».
En juillet 1961, avec notamment Francois Maspero, Nathalie Sarraute et Pierre Vilar, il est invité à Cuba pour célébrer la fête nationale qui commémore l'attaque de la caserne de la Moncada en 1953 par Fidel Castro. Il produit des dessins accompagnant un article de Georges Mattéi (membre du réseau Jeanson et "lieutenant" de Henri Curiel) dénonçant la torture pendant la guerre d'Algérie. L'article sera publié dans un supplément du journal Revolución de Carlos Franqui et Lisandro Otero<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Alors qu'il remplace brièvement François Mauriac au bloc-notes de L'Express lorsque celui-ci doit s'absenter pour raisons de santé, son « débloque-note » vaut au journal de nombreuses lettres indignées de ses lecteurs. Jean-Jacques Servan-Schreiber publiera une lettre d'excuses en première page du journal, ce qui n'arrangera pas ses relations avec Siné, celui-ci continuant à publier des dessins engagés dans le journal. Défendu par Jacques Vergès, alors avocat du FLN, il quitte L'Express en 1962 pour créer son propre journal, Siné Massacre, qu'il lance avec l'éditeur Jean-Jacques Pauvert. Il y exprime son anticolonialisme, son antisionisme, son anticapitalisme, son anticléricalisme et son anarchisme. Jacques Vergès fonde une revue tiers-mondiste, financée par le FLN, Révolution africaine, à laquelle Siné participe peu de temps, fin 1962. Jacques Vergès lance aussi en France le mensuel Révolution ; Siné y est nommé, avec le dessinateur Strelkoff, secrétaire de rédaction. Les deux dessinateurs ne publieront que peu de dessins dans les 12 numéros que comptera cette revue. Mais Siné manque de liberté sur certains sujets qui lui tiennent à cœur (religion, sexe, politique...), et préfère cesser cette collaboration<ref>Barbet Schroeder, L'Avocat de la terreur.</ref>.
En Modèle:Date-, il invente le logo et propose les couleurs (orange, rouge et noir) de la jeune Sonatrach<ref>Hocine Malti, Histoire secrète du pétrole algérien, La Découverte 2010, Modèle:P..</ref>, entreprise algérienne d'hydrocarbures.
En mai 1968, il fonde L’Enragé avec Jean-Jacques Pauvert et dessine dans Action.
Charlie Hebdo
En 1981, Siné rejoint l’équipe de Charlie Hebdo et signe la rubrique « Siné sème sa zone ». En 1981, Michel Polac fait appel à lui pour l’émission Droit de Réponse sur TF1. Après la privatisation de la chaîne, l’émission est supprimée en 1987 en raison d'un dessin de Wiaz titré « Bouygues, une maison de maçon, un pont de maçon, une télé de m… ». Siné passe à L'Événement du jeudi avec Loup.
En 1982, il est accusé par la LICRA d'incitation à la haine raciale pour des propos jugés antisémites tenus sur la « radio libre » Carbone 14 (voir l'article détaillé Affaire Siné). Il s'excusera de la tirade incriminée en publiant une lettre sous forme d'encart publicitaire dans le journal Le Monde, prétextant la colère et l'alcool, et la Licra retirera sa plainte en le félicitant pour cette Modèle:Citation. Siné est tout de même condamné, l'association Avocats sans frontières de Gilles-William Goldnadel poursuivant l'accusation<ref>Modèle:Article</ref>.
En 1992, il reprend la rubrique « Siné sème sa zone » du nouveau Charlie Hebdo, non sans quelques heurts avec la nouvelle direction.
Éviction de Charlie Hebdo
Modèle:Article détaillé Dans une chronique publiée le Modèle:Date- dans Charlie Hebdo, Siné écrit à propos de Jean Sarkozy une chronique<ref>Modèle:Citation</ref> fondée sur une information fournie par Patrick Gaubert, président de la LICRA, au journal Libération<ref>Christophe Ayad et Antoine Guiral, « Sarkozy comme chez lui en Israël », Libération, 23 juin 2008.</ref>,<ref>Delfeil de Ton, propos recueillis par Sarah Halifa-Legrand, « La phrase de Siné avait été prononcée par le président de la LICRA ! », Le Nouvel Observateur, 28 juillet 2008.</ref>. Cette chronique est dénoncée comme « antisémite » par Claude Askolovitch<ref>Modèle:Lien web</ref>. Il est renvoyé de la rédaction du journal par Philippe Val<ref>« Le dessinateur Siné renvoyé de Charlie Hebdo », L'Express, 16 juillet 2008.</ref> afin d'Modèle:Citation<ref>« Siné : Philippe Val répond aux polémiques », Le Nouvel Observateur, 6 août 2008.</ref>. Pour certains (dont Siné), ce renvoi ferait plutôt suite à des désaccords éditoriaux entre Siné et Philippe Val dans le contexte de l'affaire Clearstream<ref>Anna Borrel, « Modèle:Lien brisé », Marianne, 11 juillet 2008.</ref>.
Cette éviction entraîne un certain nombre de réactions. Deux tendances opposées s'affrontent dans les médias français, l'une prenant la défense de Siné, l'autre dénonçant ses propos comme étant antisémites. Philippe Val fait l'objet de nombreuses attaques affirmant que la chronique incriminée n'aurait été qu'un prétexte pour se débarrasser d'un collaborateur historique de Charlie Hebdo avec lequel il avait très peu d'affinités. La blogosphère s'enflamme pour le débat, prenant majoritairement le parti de Siné<ref>Sébastien Fontenelle, « Modèle:Lien brisé », Bakchich, 29 juillet 2008.</ref>. Des pétitions sont lancées dans les deux camps, et de nombreuses personnalités prennent parti pour l'un ou l'autre.
Siné est cité à comparaître le Modèle:Date- devant la Modèle:6e correctionnelle (presse) du tribunal de grande instance de Lyon par la LICRA pour « incitation à la haine raciale ». L'audience sur le fond a été fixée au Modèle:Date-. Elle se tient finalement les 27 et Modèle:Date-<ref>Paul Terra, « Val, Bedos, BHL, Filoche… Du grand guignol au procès Siné », Rue89, nouvelobs.com, 27 janvier 2009.</ref>,<ref>Paul Terra, « Siné fait un malaise, le procureur demande la relaxe », Rue89, nouvelobs.com, 28 janvier 2009.</ref>.
Le Modèle:Date-, il est relaxé à Lyon, les juges considérant que Siné avait usé de son droit à la satire<ref>Charlie Hebdo condamné dans l'affaire Siné, Val désavoué, Zineb Dryef, rue89.nouvelobs.com, 9 décembre 2010.</ref>. En mars, Siné est en revanche débouté d'une action en diffamation intentée à Paris contre Claude Askolovitch<ref>Modèle:Article.</ref>. Le juge a estimé que les propos poursuivis n'étaient pas diffamatoires et Modèle:Citation
Le Modèle:Date-, le tribunal de grande instance de Paris condamne Charlie Hebdo pour préjudice moral et financier à l'encontre de Siné. Le jugement précise en effet qu'Modèle:Citation. Les Éditions Rotatives, société éditrice de l'hebdomadaire, devront verser Modèle:Unité de dommages et intérêts à Maurice Sinet pour rupture abusive de contrat<ref>Zineb Dryef, Charlie Hebdo condamné dans l'affaire Siné, Val désavoué, rue89, nouvelobs.com, 11 décembre 2010.</ref>. Charlie Hebdo fait appel, et en Modèle:Date-, la cour d’appel de Paris confirme la condamnation et augmente le montant des dommages et intérêts à Modèle:Unité<ref name="libe-17-12-12">« Charlie Hebdo doit verser Modèle:Unité à Siné », Libération avec AFP, 17 décembre 2012.</ref>.
Siné Hebdo puis Siné Mensuel
Le Modèle:Date, Siné annonce sur son blog la sortie le 10 septembre de son propre hebdomadaire satirique, intitulé Siné Hebdo, avec pour rédactrice en chef son épouse Catherine Weil Sinet<ref>« Siné lance son propre hebdomadaire satirique », Le Nouvel Observateur, 27 août 2008.</ref>,<ref>« Siné hebdo : le journal mal élevé en kiosque chaque mercredi », sur le site sinehebdo.eu</ref>. Parmi la cinquantaine de collaborateurs se trouvent Guy Bedos, Philippe Geluck, Christophe Alévêque, Jackie Berroyer, Benoît Delépine, Isabelle Alonso, Denis Robert, Michel Onfray, Delfeil de Ton<ref>Jérôme Bouin, « Viré de Charlie Hebdo, Siné lance Siné Hebdo », Le Figaro, 27 août 2008.</ref>... Les actionnaires du journal sont Siné, son épouse Catherine, Guy Bedos, Michel Onfray et un ami du couple Sinet, Bruno Langlois, ainsi que l'Association des mal-élevés<ref>« Modèle:Lien brisé », Le Nouvel Observateur, 27 août 2008.</ref>.
D'après Siné, Modèle:Citation, Modèle:Citation et Modèle:Citation<ref>« Gros succès pour le premier numéro de Siné Hebdo », Le Nouvel Observateur, 11 septembre 2008.</ref>.
Faute de rendement suffisant, le journal s'arrête le Modèle:Date, comme annoncé le Modèle:Date<ref>« Siné Hebdo, c'est fini », Anne Crignon, Bibliobs.com, mis en ligne le 29 mars 2010, consulté le 16 avril 2010.</ref>. Toutefois, un an et demi plus tard, Siné, sa femme et une grande partie de l'équipe de Siné Hebdo reprennent l'aventure avec Siné Mensuel, « le journal qui fait mal et ça fait du bien », dont le premier numéro est mis en vente en Modèle:Date-<ref>Voir sur lefigaro.fr.</ref>. C'est un succès, puisqu'il est acheté par environ 50 000 lecteurs<ref>Voir sur sinemensuel.com.</ref>.
Décès
Siné résidait depuis plusieurs années à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis)<ref>Modèle:Lien web</ref>. Il meurt le Modèle:Date, à Modèle:Unité<ref>Modèle:Lien web.</ref>, des suites d'un cancer du poumon. Ses obsèques ont eu lieu le mercredi Modèle:Date au cimetière de Montmartre à [[18e arrondissement de Paris|Paris Modèle:18e]], 30e division, là même où il a été incinéré et inhumé.
Quelques mois auparavant, Siné avait préparé la couverture du magazine (hors-série)<ref>« Siné Mensuel : un hors-série pour rendre hommage à son fondateur », article de Thierry Wojciak, 18 mai 2016, sur le site cbnews.fr.</ref> en prévision de son décès. Même malade, il a tenu sa rubrique éditoriale avant sa dernière opération.
Ultime pied de nez à la mort, il a fait écrire sur sa tombe « Mourir ? Plutôt crever ! » et l'a ornée d'un cactus en bronze en forme de doigt d’honneur<ref>« Disparition de Siné : “Alea jacta est, comme dirait ce connard de César !” », article de Libération du 5 mai 2016 sur le site web du journal.</ref>,<ref>Lettre du Portugal de Siné pendant son séjour à la Révolution des Œillets (Modèle:1er mai 1974 et les jours suivants)</ref>,<ref> CRAVOS DE ABRIL, crónica inconveniente da Revolução dos Cravos – texte de Ricardo Costa illustré par Siné</ref>,<ref> SALUT! – texte de Ricardo Costa sur la vie et mort de Siné (pt)</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>.
Politique
Bien que de sensibilité anarchisante, il appelle en 2004 à voter pour la liste Euro-Palestine, menée entre autres, par Dieudonné, et soutenue par Alain Soral.
Il est membre du comité de parrainage de la Coordination française pour la Décennie de la culture de paix et de non-violence.
Sa maison à San-Gavino-di-Tenda en Corse est détruite par un attentat à l'explosif le Modèle:Date-<ref>Christian Dupian, « Modèle:Lien brisé », Marianne, 19 janvier 2004.</ref>.
Dessinateur de presse
Outre les titres déjà mentionnés, Siné a collaboré à de nombreux journaux<ref>Dico Solo, Plus de 5000 dessinateurs de presse & 600 supports en France de Daumier à l'an 2000, Aedis, Vichy, 2004.</ref>. Parmi ceux-ci à :
- Partisans (1961), textes du Che, de Raul Castro, F. Maspero (censurés au n° 2)
- Politique hebdo (1970)
- Libération (1986)
- L'Événement du Jeudi (1987-1998)
- Révolution (1991 - 1993)
- Rouge (1992)
- L'Humanité Dimanche (1989-1997)<ref>Caroline Constant, Hommage : Siné, in L'Humanité, 6 mai 2016</ref>
- L'Humanité Hebdo (1997-1998)
- L'Humanité (1996)
Illustrations
Grand amateur de jazz, Siné a illustré de nombreux livres sur cette musique<ref>Pour exemple : La Sinéclopédie du Jazz, André Clergeat- Siné, première parution 2003 - Hors série Joëlle Losfeld - Gallimard - Modèle:ISBN.</ref>, ainsi que des pochettes de disques<ref>Pour exemple : la pochette du disque Joséphine de Pierre Perret, paru en 1960 chez Barclay et celle du Tord-Boyaux du même auteur en 1964 aux Disques Vogue.</ref>.
Certains de ses dessins ont été utilisés pour l'illustration de la page de couverture d'ouvrages, comme Parents contre profs du journaliste Maurice Maschino, parce que le dessin permet d'un coup d'œil une approche parfaite du contenu : on y voit (avec à l'arrière-plan un tableau noir où est tracé Modèle:Citation) un prof couché sur le sol, manifestement occis par un jeune élève et son père, levant tous deux le bras gauche en signe de victoire et posant le pied gauche sur le corps de leur « adversaire vaincu ».
Il a également signé la couverture du livre La Marseillaise de Marc-Édouard Nabe en 1989, représentant le saxophoniste de jazz Albert Ayler.
Il a notamment illustré plusieurs couvertures de romans parus au Livre de Poche (dont Zazie dans le métro de Raymond Queneau).
Télévision et cinéma
- Patrick Roegiers et Jean-Pierre Berckmans co-réalisent en 1977 dans la série Le crayon entre les dents un film consacré à Siné (RTBF).
- Siné incarne le philosophe Bernard-Henri Siné, parodie de Bernard-Henri Lévy, dans l'émission Groland Magzine. Il apparaît également dans le film Louise-Michel, de Gustave Kervern et Benoît Delépine, durant une scène tournée dans le familistère de l'usine Godin, ainsi que dans Mammuth, des mêmes auteurs, où il joue le rôle d'un viticulteur.
- Le Modèle:Date, sort sur les écrans français le documentaire Mourir ? Plutôt crever ! qui lui est consacré, réalisé par Stéphane Mercurio.
Distinctions
- 1957 : grand prix de l'Humour noir
- 1960 : Ordre de la Grande Gidouille (Gonfanonier)
- 1984 : prix Honoré-Daumier
Ouvrages
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
- Numa Sadoul, Dessinateurs de presse : entretiens avec Cabu, Charb, Kroll, Luz, Pétillon, Siné, Willem et Wolinski, Glénat, Grenoble, 2014, 215 p. Modèle:ISBN
- François Forcadell, Siné graphiste, Éditions de La Martinière, Paris, 2015, 238 p. Modèle:ISBN
- Modèle:Article.
Liens externes
- Modèle:Liens biographiques
- Modèle:Officiel (et en même temps site de Siné Mensuel depuis le Modèle:Date-)