Michelle Perrot
Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Biographie2
Michelle Perrot, née Michelle Roux<ref>Son nom patronymique est indiqué dans un article de L'Histoire, Modèle:N°. Cf. bibliographie.</ref> le Modèle:Date de naissance<ref>Notice d'autorité personne sur le site du catalogue général de la BnF.</ref> à Paris, est une historienne, professeure émérite d’histoire contemporaine à l'université Paris-Diderot et militante féministe française.
Par ses travaux pionniers sur la question, elle est l'une des grandes figures de l'histoire des femmes. Elle a aussi travaillé sur l'histoire du mouvement ouvrier, et sur le système carcéral français.
Biographie
Famille et études secondaires
Michelle Perrot est issue d'une famille bourgeoise<ref name=":0" /> : dans l'entre-deux-guerres, son père est grossiste en articles de cuir dans le quartier du Sentier à Paris, rue Greneta<ref name="T">Michelle Perrot, interviewée par Gilles Heuré, « L’historienne Michelle Perrot : “L’histoire des femmes est toujours un peu regardée avec condescendance” », telerama.fr, 4 mars 2019.</ref>. Mobilisé durant la Première Guerre mondiale, il en est revenu désabusé et a adopté des points de vue peu conformistes : il incite sa fille à faire du sport, à poursuivre ses études et à avoir une vie indépendante. En 2002, elle dit de lui : Modèle:Citation<ref name=histoire2002>Modèle:Article. </ref>
Sa mère, issue d'une famille de Modèle:Citation<ref name=histoire2002/>, Modèle:Citation, a fait ses études secondaires au lycée FénelonModèle:Sfn,<ref name="Le Monde">Modèle:Article.</ref>.
Michelle Perrot fait ses études secondaires au cours Bossuet<ref>35, rue de Chabrol, dans le Modèle:10e. Actuellement lycée-collège Bossuet-Notre Dame.</ref>,<ref name="T"/>, un établissement catholique traditionaliste<ref name=":3">Modèle:Article.</ref> : Modèle:Citation<ref name=histoire2002/>. Parmi les professeures, pour la plupart des religieuses, auxquelles elle demeurera attachée<ref name=":2">Modèle:Lien web.</ref>, se trouvent quelques étudiantes, notamment Benoîte Groult<ref>Michelle Perrot, interviewée par Hélène Frouard, « Les femmes ont une histoire », Sciences humaines n°296, octobre 2017, p. 24-27.</ref>, qui y enseigne l'anglais. Sur le trajet entre l'école et l'appartement familial, accompagnée de sa gouvernante, elle croise des ouvriers et des prostituées<ref>Modèle:Lien web.</ref> : cette expérience la marque et fonde en partie ses engagements futurs en direction de la « marge »<ref name=":3" />.
Après la rue Grenetta, la famille déménage à Montmorency (Val-d'Oise)<ref name="Le Monde"/>.
Études supérieures et carrière universitaire
De 1947 à 1951, elle fait des études d'histoire à la Sorbonne, où elle reçoit l'enseignement d'Ernest Labrousse, à l'instar d'Alain Corbin, avec qui elle reste amie<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Elle fait sous sa direction un DES sur les Coalitions ouvrières de la Monarchie de Juillet. Au départ, elle aurait souhaité travailler sur le féminisme (1949 est l'année de la publication du Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir), mais Labrousse l'en a dissuadée. Si pour elle « écrire sur [la classe ouvrière] était un moyen de la rejoindre »<ref>Modèle:Lien web.</ref>, l'historienne consacre aussi de longs développements dans sa thèse à la « xénophobie » ouvrière et à sa « violence », sujet sur lequel elle revient régulièrement<ref name=":2" />.
Elle est ensuite reçue à l'agrégation et nommée professeur de lycée, tout en préparant (toujours sous la direction de Labrousse) une thèse de doctorat sur les grèves ouvrières du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle.
En 1953, elle épouse un autre historien, Jean-Claude Perrot<ref name="Le Monde"/> ; par la suite, elle fait toute sa carrière sous son nom d'épouse.
Professeure au lycée de jeunes filles de Caen, elle y côtoie, en tant que collègues, la future philosophe et historienne Mona Ozouf et la future biologiste Nicole Le Douarin, avec lesquelles elle se lie d'amitié. À Caen, elle travaille avec des membres de la Mission de France (prêtres ouvriers). Avec Jean-Claude Perrot et Jean Cuisenier (par la suite directeur du Musée national des arts et traditions populaires), elle mène des enquêtes sur les pratiques religieuses, démographiques et culturelles des ouvriers de la Société métallurgique de Normandie, à la manière de Gabriel Le Bras et Henri Lefebvre.
En 1960, elle organise avec Jean Maitron, qu'elle trouve « extrêmement sympathique » (« il avait été communiste, trotskiste et caetera... et finalement anarchiste […], il avait un accent bourguignon très marqué<ref name=":1">Modèle:Lien web.</ref> ») un colloque sur « Le militant ouvrier », dont un des résultats est la création de la revue Le Mouvement social, principale revue d’histoire ouvrière, élargie ensuite à l’ensemble du mouvement social, au mouvement féministe et, plus récemment, aux « études de genre ».
Elle est nommée assistante de Labrousse et soutient sa thèse en 1971.
Elle est ensuite nommée professeure à l’université Paris-Diderot, dont elle est professeure émérite d’histoire contemporaine.
Engagements
Du christianisme de gauche au communisme
Michelle Perrot milite d'abord dans un groupe de chrétiens progressistes fondé par Jacques Chatagner, qui publiait le mensuel La Quinzaine. En 1955, Rome suspend l’expérience des prêtres ouvriers, considérés comme des fourriers du communisme. La Quinzaine, ayant protesté, est condamnée. C'est pour cette raison que Michelle Perrot rompt avec l’Église et avec la foi de sa jeunesse.
Attirée par le communisme, elle adhère au PCF en 1955, au début de la guerre d'Algérie, pensant que le PCF serait la principale force d’opposition à cette guerre. Cependant, elle est Modèle:Citation<ref name=histoire2002/>. Elle quitte le PCF dès 1958, mais reste cependant une « compagne de route ».
Contre la torture
Dans le sillage de Pierre Vidal-Naquet, assistant à l’université de Caen, elle s'engage dans le combat contre la torture en Algérie, participant au comité Audin créé à Caen en Modèle:Date- incluant aussi son époux et les époux Ozouf, Jacques et Mona, avec qui ils forment « une bande de copains »<ref name=":1" />.
Contre le négationnisme
En Modèle:Date-, elle fait partie des 34 signataires de la déclaration rédigée par Léon Poliakov et Pierre Vidal-Naquet pour démonter la rhétorique négationniste de Robert Faurisson<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
La cause des femmes
Le mouvement féministe émerge dans le sillage de Mai 1968. Michelle Perrot participe à des manifestations, pétitions, meetings. Avec Françoise Basch, elle fonde à l’automne 1974, un « Groupe d’études féministes » (GEF), non mixte, très actif pendant quelques années, où l’on aborde des sujets comme l'avortement, le viol, l'homosexualité, la prostitution, le travail domestique, la psychanalyse<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> et où des contacts avec les women's studies sont noués.
Au printemps 1973, avec Pauline Schmitt-Pantel et Fabienne Bock, Michelle Perrot crée un cours sur les femmes à l'université de Paris VII (Jussieu) intitulé : « Les femmes ont-elles une histoire ? ». L’interrogation témoigne du balbutiement de la discipline au niveau universitaire, au point que c’est à des collègues sociologues qu’elles vont faire appel pour inaugurer ce cursus avec une série de conférences. La première porte sur « La femme et la famille dans les sociétés développées » par Andrée Michel, « le Modèle:Date-, dans une salle comble, surchauffée par la présence d’étudiants gauchistes hostiles au cours parce que s’occuper des femmes c’était se détourner de la révolution… »<ref>Michelle Perrot, Les femmes ou les silences de l’histoire, Flammarion, 1998.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>.
Elle anime également des séminaires sur divers thèmes de l'histoire des femmes et dirige des maîtrises et des thèses de doctorat sur ces mêmes thèmes. Elle a dirigé une cinquantaine de thèses. La première fut soutenue par Marie-Jo Bonnet en Modèle:Date- sur Recherches historiques sur les relations amoureuses entre les femmes du {{#switch: au
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Dans une tribune parue dans Le Monde le Modèle:Date-, elle affirme que Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref>.
En mars 2020, elle déclare : « Dans les années 70, le social dominait chez les gens progressistes : on pensait social avant de penser genre. Et ce que les années 70 ont fait apparaître avec éclat, c'est notamment le mouvement de libération des femmes : c'est un point-origine très important »<ref name=":0" />.
Carrière journalistique et audio-visuelle
Michelle Perrot a longtemps collaboré au quotidien Libération ; elle a co-produit et co-présenté l'émission Les Lundis de l'Histoire, sur France Culture, jusqu'à son arrêt en Modèle:Date-.
Elle a également collaboré à l'émission Secrets d'Histoire consacrée à George Sand, intitulée George Sand, libre et passionnée, diffusée le 2 août 2016 sur France 2<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Fonctions de conseil
Elle a été membre du Conseil national des programmes et du Conseil national du sida<ref>Voir la liste à jour des membres du CNS sur leur site : http://www.cns.sante.fr/spip.php?rubrique11</ref>, nommée par Michel Rocard<ref name=":1" />.
Elle est membre du comité de parrainage de la Coordination pour l'éducation à la non-violence et à la paix.
Apport à l'histoire du mouvement ouvrier et des prisons
Elle a notamment travaillé sur les mouvements ouvriers (Les ouvriers en grève, Mouton, 1974, sa thèse d'État dirigée par Ernest Labrousse), pour dit-elle « faire l'histoire par le bas »<ref name=":3" />, les enquêtes sociales, la délinquance et le système pénitentiaire (sur cette question, ses principaux articles ont été réunis dans Les ombres de l’histoire. Crime et châtiment au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Flammarion, 2001), collaborant avec Michel Foucault et animant de 1986 à 1991 avec Robert Badinter un séminaire sur la prison sous la Troisième république à l'École des hautes études en sciences sociales<ref>« Michel Foucault : le malentendu. Entretien avec Michelle Perrot », dans Remi Lenoir (dir.), Michel Foucault. Surveiller et punir : la prison vingt ans après. CREDHESS, Paris, 1996, Modèle:P..</ref>. Son ouvrage Les Ouvriers en grève est salué par l'historien Roger-Henri Guerrand<ref>Modèle:Article.</ref>.
Apport à l'histoire des femmes et à l'histoire du genre
Mais Michelle Perrot a surtout contribué à l’émergence de l’histoire des femmes et du genre, dont elle est l’une des pionnières en France. Elle a notamment dirigé, avec Georges Duby, l’Histoire des femmes en Occident<ref>Modèle:Article.</ref> (5 vol., Plon, 1991-1992)<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref> et a publié l’ensemble de ses articles sur la question dans Les femmes ou les silences de l’histoire, Flammarion, 2001. Pour elle, si le féminisme est une liberté universelle<ref>Modèle:Article.</ref>, il doit être mâtiné, contrairement au féminisme universaliste des années 1970, de différentialisme, et prendre en compte les différences de couleur de peau, de classe sociale, etc. : Modèle:Citation bloc
Publications
- Enquêtes sur la condition ouvrière en France au 19e siècle Paris, Microéditions Hachette, 1972, 104 p.
- Les ouvriers en grève, 1871-1890, Paris-La Haye, Mouton, 1974, 900 p.
- Délinquance et système pénitentiaire en France au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Annales. Économies, sociétés, civilisations, 1975.
- L'Impossible prison. Recherches sur le système pénitentiaire au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, collectif, Ed. Seuil, 1980 Modèle:ISBN
- Georges Duby et Michelle Perrot (dir.), Histoire des femmes en Occident, Plon, Paris, 1990-1991 (5 vol.)
- Images de femmes, (coécrit avec Georges Duby), Paris, Plon, 1992, 189 p.
- Les femmes ou les silences de l'histoire, Paris, Flammarion, 1998.
- Modèle:Ouvrage, Modèle:Lire en ligne. Modèle:Commentaire biblio
- Mon histoire des femmes, Éditions du Seuil, Paris, 2006, 251 p. Modèle:ISBN.
- Histoire de chambres, Paris, Le Seuil, 2009 - Prix Femina essai 2009.
- Mélancolie ouvrière, Paris, Grasset, 2012 Modèle:ISBN.
- Des femmes rebelles, Tunis, Elyzad, 2014
- (collectif) Qu'est-ce que la gauche ?, Fayard, 2017.
- Jean-Claude Perrot, Michelle Perrot, Madeleine Rebérioux, Jean Maitron, La Sorbonne par elle-même, envoyé par Sophie Cœuré, Paris, Editions de la Sorbonne, coll. «Tirés à part, 2018.
- Modèle:Ouvrage<ref>Modèle:Article.</ref>.
- Le Chemin des femmes, Paris, Robert Laffont, Modèle:Coll., 2019, Modèle:Nb p. Modèle:ISBN
- La place des femmes : une difficile conquête de l'espace public / Michelle Perrot ; avec la collaboration de Jean Lebrun, Textuels, DL 2020<ref>Modèle:Lien web.</ref>
- La tristesse est un mur entre deux jardins, Michelle Perrot et Wassyla Tamzali, Odile Jacob, 2021<ref>Modèle:Lien web.</ref>
- Liberté, égalité, fraternité Cynthia Fleury, Mona Ozouf, Michelle Perrot, Éditions de l'aube, DL 2021<ref>Modèle:Lien web.</ref>
- Avec Eduardo Castillo : Le Temps des féminismes, Michelle Perrot, Grasset, 2023<ref>Modèle:Lien web.</ref>
Hommages et distinctions
Décorations
- Modèle:Déco GOLH le 31 décembre 2021<ref name="jo31122021">Modèle:Légifrance.</ref> (commandeur en 2017<ref>Modèle:Légifrance.</ref>).
- Modèle:Décoration
Récompenses
- 2010 : prix de l'Union rationaliste<ref>Remise du prix de l'Union rationaliste 2010 à Michelle Perrot.</ref>
- 2014 : prix Simone-de-Beauvoir pour la liberté des femmes<ref>« Le prix Simone-de-Beauvoir pour la liberté des femmes attribué à Michelle Perrot », Le Monde, 24 décembre 2013.</ref>
Hommage
- 2022 : choix de son nom comme dénomination de la promotion des élèves conservateurs du patrimoine de l'Institut national du patrimoine<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
- Modèle:Article.
- Modèle:Article.
- Modèle:Chapitre.
- Modèle:Chapitre.
- Modèle:Article.
- Dominique Kalifa, « Michelle Perrot : l’histoire ou la quête des vies perdues », dans A. Burguière et B. Vincent (dir.), Un siècle d’historiennes, Paris, Des femmes, 2014, Modèle:P..
- Séverine Liatard, notice Modèle:Citation, Le Maitron en ligne.
- Modèle:Article.
Articles connexes
- Condition féminine
- Femmes sous la Révolution française
- Féminisme
- Genre (sciences sociales)
- Histoire du genre