Alain Corbin

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Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Biographie2

Alain Corbin, né le Modèle:Date de naissance à Lonlay-l'Abbaye<ref>« Mon village natal se nomme Lonlay-l’Abbaye », raconte Alain Corbin. Modèle:Lire en ligne.</ref> (Orne), est un historien français, spécialiste du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle en France.

Ses travaux ont considérablement fait avancer l'histoire des sensibilités dont il est un des spécialistes mondiaux.

Biographie

Origines et formation

Alain Corbin est le fils d'Antoine Corbin<ref>Modèle:Lien brisé.</ref>, médecin guadeloupéen qui a fait ses études à Paris et qui prend une clientèle en 1931 à Courtomer, en Normandie<ref name=":0">Modèle:Lien web</ref>, et d'une mère normande<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>, issue d’une famille de propriétaires d’Essay. Alain Corbin grandit dans la petite commune de Lonlay-l'Abbaye. La maison où vit la famille porte sur son toit la sirène municipale<ref>Modèle:Lien web</ref>. Il a un frère aîné qui est devenu anesthésiste<ref name=Rigondet/>.

Dans Sois sage, c'est la guerre 1939-1945, l'historien évoque la place de la guerre dans son enfance : « j’appartiens à l’étroite cohorte d’individus dont la prise de conscience de soi coïncide exactement avec la transition entre le "temps de paix" – été 1939 – et le "temps de guerre" »<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Effectivement, il a connu l'exode dans les Landes en 1940 et la bataille de Normandie à huit ans<ref name=":0" />.

À partir de 1945, il fait ses études secondaires au petit séminaire de Flers qui est en fait un simple collège confessionnel<ref name="lepoint">Modèle:Lien web.</ref>. Il obtient le baccalauréat (série A, latin, grec) à l'âge de seize ans et s’inscrit à Paris en propédeutique à la Sorbonne et à l’Institut catholique en 1952<ref name=":1">Modèle:Lien web</ref>. Toutefois, après un échec à l'examen il retourne en Normandie.

Ainsi, après le baccalauréat, il fait des études d'histoire à l’université de Caen, où il a comme professeur notamment Pierre Vidal-Naquet<ref name="lepoint" /> et Michel de Boüard. Il y soutient, en 1957, un mémoire pour le diplôme d’études supérieures sur les biens nationaux dans le district de Caen sous la direction de Jean Vidalenc. Il est reçu à l'agrégation d'histoire en 1959<ref>Modèle:Lien web</ref>. Anne-Emmanuelle Demartini, son ancienne doctorante, explique qu'il s'agit « d'un parcours, sans classes préparatoires et à distance de l’engagement politique, qu’il estime lui-même "assez atypique" »<ref name=":0" />.

Il obtient un doctorat à l'université de Limoges en 1968<ref>Modèle:Lien web.</ref> et un doctorat d'État en 1973 à l'Université Blaise-Pascal<ref>Modèle:Lien web.</ref> avec une thèse publiée ultérieurement sous le titre Archaïsme et modernité en Limousin au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>Alain Corbin. Archaïsme et modernité en Limousin au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, 1845-1880, Paris, Marcel Rivière, 1975. Modèle:Nb vol. in-8°, Modèle:Nombre, 105 cartes et graphiques (réédité en 1999, en 2 volumes, aux Presses Universitaires de Limoges)</ref>. Or, sous l'influence d'Ernest Labrousse, sous la direction duquel il travaille ainsi que Michelle Perrot qui devient son amie<ref>Modèle:Lien web</ref>, la recherche en histoire du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle est marquée par une approche fondée sur l'histoire quantitative, sur les données économiques sérielles. Étant donné la rareté des archives de ce type disponibles en Limousin, Alain Corbin se voit obligé de diriger son attention vers d'autres sources relevant des structures anthropologiques, des mentalités, de la psychologie sociale. C'est ce sillon découvert à l'occasion de son travail de thèse que son œuvre approfondit<ref>Yves Déloye, Florence Haegel, "De l'histoire des représentations à l'histoire sans nom. Entretien avec Alain Corbin", Politix, Modèle:N°, 1993, Modèle:P..</ref>.

Carrière universitaire

Il enseigne au lycée Gay Lussac de Limoges entre 1959 et 1968. Entre janvier 1960 et février 1962, il effectue son service militaire en Algérie<ref name=":1" />. Il commence sa carrière dans l'enseignement supérieur en tant que chargé de cours puis assistant au collège littéraire universitaire de Limoges en 1967 et 1968. Il est ensuite maître-assistant à l’université de Tours<ref>Modèle:Lien web.</ref> (1969-1973) puis professeur dans cette même université entre 1973 et 1987, année où il rejoint l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne<ref name=":1" />.

Il travaille sur l’histoire sociale et l’histoire des représentations. On dit de lui qu’il est « l’historien du sensible », tant il a marqué la discipline historique par une approche novatrice de l’histoire des sensibilités.

On lui doit plusieurs ouvrages, dont Le Monde retrouvé de Louis-François Pinagot<ref>Les historiens parlent même d'études « Pinagotiques » pour caractériser ce type de recherches fouillées d'historien (entendu sur France Culture).</ref> (1998), « biographie impossible »<ref>Modèle:Lien web</ref> d’un sabotier inconnu choisi au hasard dans les archives départementales de l'Orne<ref>Modèle:Article</ref>. Ce travail s’inscrit dans le concept de la microhistoire.

En 2005, son successeur à la Sorbonne et ses étudiants lui ont rendu hommage dans un ouvrage collectif qui rend compte de son itinéraire (Anne-Emmanuelle Demartini et Dominique Kalifa (dir.), Imaginaire et sensibilités au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle : études pour Alain Corbin, Paris, Créaphis, 2006). Alain Corbin a influencé toute une génération d'historiens, parmi lesquels Emmanuel Fureix, Ivan Jablonka, Judith Lyon-Caen ou Sylvain Venayre.

Il a appartenu au Haut comité des commémorations nationales<ref>Modèle:Article.</ref>.

Durant l'ensemble de sa carrière, Alain Corbin a souhaité maintenir une distance forte au regard de tout engagement politique et idéologique, Anne-Emmanuelle Demartini explique que « manifestant peu d’intérêt pour l’idéologie, Alain Corbin récuse la posture de l’historien engagé et la mission civique de l’histoire, en défendant une conception de l’histoire fondée sur la curiosité et le plaisir de l’historien »<ref name=":0" />.

Vie privée

En 2012, il épouse Simone Delattre, historienne spécialiste de Paris au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>Anne-Emmanuelle Demartini, « Biographie d’Alain Corbin », Centre Jacques-Seebacher consulté le Modèle:Date-.</ref>, professeure en classes préparatoires aux grandes écoles. En 1963, il s'était marié à Annie Lagorce, enseignante, avec laquelle il a eu deux enfants<ref name=":0" />.

Apport à l'histoire des sensibilités

Le désir, les sens, les paysages

Il a travaillé sur le désir masculin de prostitution (Les Filles de noce, 1978), l’odorat et l’imaginaire social (Le Miasme et la Jonquille, 1982), l’homme et son rapport au rivage (Le Territoire du vide, 1990), le paysage sonore dans les campagnes françaises du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle (Les Cloches de la terre, 1994) et la création des vacances (L’Avènement des loisirs, 1996). Il a aussi publié un livre d’entretiens avec Gilles Heuré (Historien du sensible, 2000).

Le Miasme et la Jonquille

Modèle:Article détaillé Il s'agit d'un des principaux ouvrages d'Alain Corbin.

Genèse

Si l'on a souvent l'impression et la croyance que c'est l'historien qui fonde de nouvelles problématiques et de nouveaux questionnements, on oublie souvent que ce sont des facteurs externes et des recroisements de diverses circonstances qui permettent la genèse d'une œuvre.

Lors de ses recherches pour son premier ouvrage, Les Filles de noce. Misère sexuelle et prostitution au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Alain Corbin a été impressionné par les références olfactives qualifiant la personne prostituée ; les Éditions du Seuil lui demandant, par la suite, de sélectionner des extraits de l'hygiéniste du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Parent-Duchâtelet, il est également frappé de voir que l'auteur assimile l'étymologie, erronée, de « putain » à « la fille qui sent mauvais ». Cela recroise les travaux qu'il avait entrepris, et ajouté à cela, Corbin est amené à lire l'ouvrage de Huysmans, À rebours, où le personnage principal cherche à retrouver les parfums du passé.

Ce fil logique de ses travaux, avec notamment la prostituée et cet imaginaire olfactif, va le pousser à étudier ce qui est également vrai pour les autres types sociaux : les élites du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle cherchaient à se désodoriser pour se distinguer du peuple, de se distinguer de cette « marée humaine », la gestion de l'odorat permet de se distinguer. Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, la désignation péjorative s'accompagne très souvent en effet de références olfactives<ref>Entretien France Culture avec Laure Adler, émission Hors Champs.</ref>.

L'ouvrage

L'auteur s'y intéresse à ce qu'il nomme la « révolution olfactive » et explique que l’odorat est un « construit social » qui s'est lentement transformé au fil de l'histoire.

Alain Corbin montre comment les représentations des élites Modèle:Incise ainsi que celles du peuple vont se répercuter sur les grands principes qui régissent l'urbanisme. Les rues du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle sont en effet connues pour leur fétidité. L'eau suscite la méfiance ; les médecins l'associent à la notion de malsain. On pense alors que les individus sont gouvernés par leurs « humeurs ». La puissance des odeurs corporelles est supposée témoigner de la vigueur des individus. Prisons, hôpitaux mais aussi tribunaux ou casernes incarnent alors l'insalubrité.

L'auteur explique que le « seuil de tolérance » aux odeurs va évoluer, notamment sous l'effet de l'émergence d'une nouvelle perception des odeurs très clivée socialement. C'est l'époque où naissent les premières théories hygiénistes qui visent à « purifier » les villes en permettant à l'eau et à l'air de mieux circuler et d'emporter avec eux détritus et miasmes. C'est également la période durant laquelle on cherche à dé-densifier les villes en « dés-entassant » les hommes. On tente de « désodoriser » la sphère publique en se focalisant sur la puanteur supposée des plus pauvres de leurs habitants.

Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, un tournant s'opère. On n'amalgame plus les mauvaises odeurs et le peuple. On considère au contraire que la salubrité urbaine est le produit de celle de la population dans sa globalité. La bourgeoisie crée de nouveaux codes, valorisant les parfums discrets. Une épidémie de choléra, en 1832, fait toutefois renaître l'idée selon laquelle les classes défavorisées seraient des vecteurs de maladies et de puanteur. Un mouvement d'inspection sanitaire et sociale est créé.

Le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle marque enfin l'entrée dans un relatif « silence olfactif » : c'est la discrétion voire l'absence totale d'odeur qui est à présent recherchée.

Le Village des « cannibales »

Modèle:Article détaillé En 1986, Alain Corbin a publié Le Village des « cannibales » qui relate « l'Affaire de Hautefaye » et tente d'expliquer comment une foule de paysans venus à un foiral a massacré un noble accusé d'avoir crié « Vive la République ! » pendant la guerre franco-prussienne de 1870. L'historien décrit alors le contexte du village d'Hautefaye, l'histoire des violences politiques dans la région lors des décennies précédentes et le contexte d'angoisse lié au conflit militaire. Ensuite, Corbin revient sur le déroulement du massacre et, enfin, son procès au travers de la dimension politique de celui-ci.

L'histoire du temps qu'il fait

Alain Corbin est aussi l'un des précurseurs de l'étude de la sensibilité au temps qu’il fait, c'est-à-dire à la perception des phénomènes météorologiques par les hommes. Il s'est particulièrement intéressé à la pluie, et en a tiré un ouvrage collectif en 2013, La Pluie, le Soleil et le Vent : Une histoire de la sensibilité au temps qu'il fait<ref name=Rigondet>Modèle:Lien web.</ref>.

Publications

Ouvrages

Modèle:Chronologie de sorties par année

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}}, Paris, Flammarion, 1982, Modèle:Coll Modèle:ISSN Modèle:N°165 ; et rééd., 342Modèle:Nb p. Modèle:ISBN

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}}, Modèle:Nb p. Modèle:Isbn

  • La Douceur de l'ombre : l'arbre, source d'émotions, de l'Antiquité à nos jours, Paris, Fayard, 2013, 347Modèle:Nb p. Modèle:ISBN, prix du Livre environnement 2013 Veolia.

Articles

Décoration

Notes et références

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Annexes

Bibliographie

Liens externes

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