Gauche prolétarienne
La Gauche prolétarienne (GP), créée en France en Modèle:Date-, est une ancienne organisation d'extrême gauche.
Le mouvement se réclame de l'héritage du Mouvement du 22 Mars (antiautoritaire<ref>Michel Foucault, Dits et Écrits, Modèle:Vol. : 1954-1969, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des Sciences humaines », 1994, lire en ligne.</ref> et spontanéiste<ref>Rédaction, « La Ligue communiste s'en prend aux “mao-spontex” », Le Monde, 21 mai 1969, Modèle:Lire en ligne.</ref>), dont sont issus une bonne part de ses militants, et d'une fraction dissidente des marxistes-léninistes de l'UJC (ml)<ref name=July>Laurent Joffrin, Cécile Daumas, Rachid Laïreche, « Serge July : le 22 mars 1968, “personne ne voulait de leaders” », Libération, 21 mars 2018, Modèle:Lire en ligne.</ref> après la dissolution, par décret, de ces deux structures le Modèle:Date, à la suite des événements de mai-juin 1968. Dirigée par Benny Lévy, la GP est classée généralement dans le courant maoïste, tandis que Vive la révolution, fondée au même moment est Modèle:Citation.
La GP publie le journal La Cause du peuple dont les saisies à répétition, en 1970-1971, et la nomination de Jean-Paul Sartre à la direction de la publication, ajoutent à la notoriété de l'organisation<ref>Thierry Pfister, « À travers leurs publications les maoïstes s'interrogent », Le Monde, 28 janvier 1971, Modèle:Lire en ligne.</ref>.
Les GPistes s'identifient à des Modèle:Citation censés prolonger le combat des partisans antifascistes, selon eux Modèle:Citation en 1944 par Maurice Thorez en faveur de la bourgeoisie gaulliste. La GP développe un activisme intense et un illégalisme collectif revendiqué : entre 1968 et 1972 environ un millier de militants du mouvement sont incarcérés<ref name=Dejean>Mathieu Dejean, « Comment le maoïsme a séduit une partie de la jeunesse des années 68 en France », Les Inrockuptibles, 9 mars 2018, Modèle:Lire en ligne.</ref>.
La préoccupation pour des luttes dites Modèle:Citation et émancipatrices en général et le fait de repousser la construction du Parti à un futur inconnu au profit immédiat d'une organisation agissant directement au sein des « masses », ainsi qu'un certain éclectisme idéologique, ont poussé certains à y voir une certaine forme de spontanéisme, d'anarchisme<ref>Jean-Paul Étienne, La Gauche prolétarienne (1968-1973) : illégalisme révolutionnaire et justice populaire, Thèse de doctorat en Science politique sous la dir. de Jean-Marie Vincent, Université Paris-VIII, 2003.</ref> ou de gauchisme, bien que les GPistes se revendiquassent marxistes-léninistes.
Ainsi, selon Serge July, l'un de ses anciens militants, dans la revue Esprit, la Gauche prolétarienne serait Modèle:Citation<ref>Olivier Mongin, « Citizen July et Libération à travers les “trente bouleversantes” », Esprit, août/septembre 2006.</ref>. Les historiens ont aussi établi que la GP a très souvent recouru à la violence contre les personnes, officiellement revendiquée, allant des tabassages d'agents de maitrise de chez Renault<ref name=genr/> au sabotage de grues<ref name=genr/>, en passant par des incendies de commissariat<ref name=genr/> et l'enlèvement d'un cadre de Renault<ref name=genr/>, ce qui n'est pas le cas de l'autre organisation maoïste de la même époque, fondée aussi par des étudiants de Nanterre, Vive la révolution<ref name=genr>"Génération, Tome II - les années de poudre, par Hervé Hamon et Patrick Rotman, Éditions du Seuil, 1987</ref>.
Selon Christian Harbulot, militant de la Cause du peuple à Nancy, actif sur le campus de Jussieu à partir de l'automne 1973<ref name="Bourseiller, 369">Christophe Bourseiller, Les maoïstes. La folle histoire des gardes rouges français, Éditions du Seuil, collection « Points », 2008, Modèle:P..</ref> et présent<ref name="Bourseiller, 369"/> le [[1er novembre|Modèle:Abréviation discrète novembre]], rue Royale à Versailles, à la « réunion des chrysanthèmes » qui marque la dissolution de l'organisation<ref>Christophe Bourseiller, op. cit., Modèle:P..</ref>, et pour qui il serait utile de faire l’inventaire de cette époque<ref name=influ/>, la GP est morte avec son chef Benny Lévy, quand celui-ci a souhaité arrêter sous le prétexte que les ouvriers de Lip inventaient une nouvelle forme de libération<ref name="influ">"Benny Levy et l’agonie post-soixante-huitarde", par Christian Harbulot, dans Les Influences le 2 novembre 2013 [1]</ref>. Selon lui, ses intellectuels « compagnons de route » s’échapperont plus tard par le biais d’une philosophie postmoderne encensée par le microcosme parisien<ref name=influ/>.
Les origines en 1969
Après Modèle:Date- l'UJC(ml), dissoute, organise une « longue marche »<ref name=Gramsci>"DÉBAT CERCLE GRAMSCI 10 décembre 2015 LA GAUCHE PROLÉTARIENNE (1968-1974) Quelle histoire, quels héritages ?" avec Pierre BOISMENU et Alain MANTIN</ref> : les militants sont envoyés partout en France, dans les campagnes et les régions ouvrières<ref name=Gramsci/>. Pierre Boismenu part en Corrèze<ref name=Gramsci/>, Benny Lévy à Sochaux, Monique et André Cuisinier à Lyon, Gérard Miller dans la région nantaise, Jean Terrel, président de l'UNEF, Jean-Pierre Le Dantec et Gérard Vallerey dans les Côtes-du-Nord<ref>Christophe Bourseiller, op. cit., Modèle:P..</ref>.
À la rentrée de septembre, une crise éclate : le leader Robert Linhart se voit reprocher l'erreur d'avoir sous-estimé Mai 68<ref name=Gramsci/>. Il y a ceux qui disent « c’est le reflux, il faut fabriquer un Parti » et d'autres qui souhaitent continuer le mouvement. Minoritaires, ils quittent le parti, fondant à une quarantaine la Gauche prolétarienne, se souvient Pierre Boismenu<ref name=Gramsci/>, avec Benny Lévy et son frère Tony, Christian Riss, Jean Schiavo, Olivier Rolin, Jean-Claude Zancarini, Maurice Brover, Serge July, Alain Geismar, Jean-Paul Cruse, Jacques Theureau, Jean-Pierre Le Dantec, Bernard Liscia et Robert Linhart. Une autre minorité fonde Vive le communisme qui se transformera en Vive la révolution (VLR), avec l'architecte Roland Castro, Tiennot Grumbach, et l'historien Stéphane Courtois. La majorité de l'UJC(ml) tels Claudie et Jacques Broyelle, André et Monique Cuisinier, Arnold Bac ou Gérard Vallerey, a de son côté rejoint le Parti communiste marxiste-léniniste de France (PCMLF)<ref>Christophe Bourseiller, op. cit., Modèle:P..</ref>.
À l'automne 1968 aussi, parmi les dernières tentatives pour renouer avec le climat de Mai 68, une série d'assemblées de gauchistes au Quartier latin, dont celle de Modèle:Nombre dans un amphithéâtre à la Sorbonne. André Glucksmann, Serge July, Jean-Louis Peninou et Jean-Marc Salmon rédigent ensemble un petit livre prétendant en faire la synthèse, sur le Putsch monétaire, la dévaluation de Modèle:Unité du franc, exprimant le ressentiment de contre l'échec de Mai 68, attribué aux Accords de Grenelle signés par la CGT, dont la dévaluation a relativisé ses acquis. Au cours d'une séance de travail, des divergences apparaissent sur le rôle quelquefois positif des syndicats évoqué par Jean-Louis Peninou aussitôt rabroué, qui part avec Jean-Marcel Bouguereau rejoindre les Cahiers de Mai, devenus hebdomadaire. Ce ralliement veut faciliter l'entrée des révolutionnaires dans les organisations syndicales, pour en faire un cheval de Troie, en quelque sorte. Travailleurs manuels et intellectuels collaboreront ainsi et collecteront ensemble les informations touchant au monde ouvrier.
Toujours à la rentrée 68, parmi les étudiants qui avaient milité en juin à l'Usine Renault de Flins<ref>Archives Ina du 7 juin 1968 : de violents affrontements ont opposé la police aux manifestants (ouvriers et étudiants) à l'usine Renault de Flins. [2]</ref>,<ref>Antoine Bourguilleau, « 1968-1986 : “dix-huit ans d'ex-gauchisme” dénoncés par Guy Hocquenghem », Slate, 9 mai 2018.</ref> un groupe mené par Guy Hocquenghem rompt avec le courant majoritaire de la Ligue communiste révolutionnaire d'Henri Weber et Daniel Bensaïd, les deux auteurs de Mai 68, une répétition générale<ref name=voc/>,<ref name= autwev/>, pour former plutôt une « Modèle:3e tendance »<ref name= hoc>Antoine Idier, Les vies de Guy Hocquenghem (1946-1988), 2017.</ref> : ils sont aussi contre celle des « esthètes de la révolution », visant en particulier les frères Daniel et Gabriel Cohn-Bendit<ref name= hoc/>, et pour « la rigueur organisationnelle fondée sur l’autodiscipline et l’exigence militante »<ref name= hoc/>. Cette tendance groupe « spontanéiste et mouvementiste »<ref name=Nick494>Christophe Nick, Les Trotskistes, Fayard, 2002, Modèle:P..</ref> inclut aussi Marc Hatzfeld, Michel Besmond, André Glucksmann<ref name=Nick494/> et surtout sa compagne Françoise Renberg, qui s'oppose très vigoureusement<ref name="autwev">Henri Weber, Rebelle jeunesse, Paris, Robert Laffont, 2018, Modèle:P..</ref> au projet d'adhérer à la Quatrième Internationale trotskyste<ref name=voc/>. Parmi eux, André Glucksmann<ref name=Nick494/> et sa compagne Françoise Renberg rejoindront « Gauche prolétarienne » au printemps 1969, le congrès clandestin de la Ligue communiste en mai ayant confirmé leur marginalisation<ref name="voc">"Les vies de Guy Hocquenghem" par Antoine Idier, Editions Fayard, 2017 [3]</ref>.
Cette « Gauche prolétarienne », sans élection ni adhésions, prend corps en Modèle:Date-<ref name=genr/>, à l'issue de Modèle:Nombre de discussions entamées en Modèle:Date- entre Benny Lévy et Robert Linhart<ref name=genr/>, meneurs des anciens de l'UJCMLF, et Serge July et Alain Geismar deux militants de mai 1968 partis passer l'été à Cuba où ils ont écrit le livre Vers la guerre civile<ref name=genr/>,<ref>Serge July, Alain Geismar et Erlyn Morane, Vers la guerre civile, Paris, Éd. Premières, 1969.</ref>. La GP réunit sa propre « assemblée nationale ouvrière »<ref name="ponc">"Deuxième gauche, réformisme et lutte des classes" par Daniel Poncet 2016 [4]</ref> avec des établis maoïstes en entreprise<ref name=beuv/>, pour remplacer la ligne de « construction d'une CGT de lutte de classe »<ref name=beuv/> du PCMLF, qui se battait à l’intérieur de la CGT<ref name=ponc/> par celle d'un « combat contre les syndicats » pour « défendre » la création de comités de base, comme dès Modèle:Date- au tout nouveau Centre universitaire de Vincennes où ont été regroupés les gauchistes: en trois ans seulement, ces maoïstes passent du slogan « vive le syndicat » à la dénonciation du « nazisme syndical »<ref name=ponc/>.
La nouvelle GP expose sa doctrine en Modèle:Date-, dans la première de ses quatre brochures théoriques<ref name=Gramsci/> (tout d’abord Cahiers de la Gauche Prolétarienne, puis Cahiers prolétariens, dans la lignée des Cahiers marxistes-léninistes de l’UJCml althussérienne<ref name=Gramsci/>). Le premier numéro est intitulé « De la révolte antiautoritaire à la révolution prolétarienne » et déclare que Modèle:Citation<ref name=Gramsci/>,<ref> « De la révolte anti-autoritaire à la révolution prolétarienne », Cahiers de la Gauche Prolétarienne, Modèle:N°, avril 1969, supplément au Modèle:N° de la Cause du Peuple, Modèle:P.</ref>.
Le numéro 2 des Cahiers de la Gauche Prolétarienne, daté de septembre-Modèle:Date-, lance le mot d’ordre « se jeter dans le monde » car « ce n'est pas avec des idées qu'on fait avancer l'histoire, mais avec une force matérielle, celle du peuple qui se réunifie dans la rue ». Il publie un échange autour de la notion de « tribunal populaire », opposant ses militants Benny Lévy et André Glucksmann à Michel Foucault<ref> Sur la justice populaire. Débat avec les maos », page 340 et suivantes, cité dans "Michel Foucault : le G.I.P., l’histoire et l’action" par Audrey Kiéfer, thèse sous la direction de François Delaporte - Amiens [5]</ref>. Michel Foucault pense qu’il y a en quelque sorte une incohérence interne à parler de « tribunal populaire » car tribunal n’est pas l’expression naturelle de la justice populaire, tandis que les maoïstes de la Gauche Prolétarienne invoquent « une force matérielle, celle du peuple qui se réunifie dans la rue », autrement dit « on agit et après on voit » alors que pour le groupe rival Vive la Révolution, il faut au contraire analyser tout d’abord la situation puis fonder une théorie capable de faire la révolution. Pour la GP, la thématique de « la force matérielle » ira croissant, s'épanouissant dans « Élargir la résistance », Cahiers prolétariens, Modèle:N°, Modèle:Date-, supplément au Modèle:N° de la Cause du Peuple<ref name=Gramsci/>.
Les affrontements de 1969 avec la police, les contremaîtres et le PCF
Les violences de janvier 1969 à Vincennes
Le centre universitaire de Vincennes devient un bastion de la GP dans le sillage de l'occupation et des affrontements du Modèle:Date- avec les policiers<ref name=beuv>Chronologie des maoismes en France, par Christian Beuvain et Florent Schoumacher [httpsR://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=231#tocto2n20]</ref>. Les étudiants sont retranchés dans des escaliers obstrués avec des tables, des armoires et des chaises, bombardent les forces de l'ordre à l'aide projectiles variés<ref name=hatot/>. Les CRS, après trois heures d'affrontements, l'emportent et tout le monde est embarqué. Le lendemain, la presse se déchaîne contre les « casseurs » et diverses photos dressent l'inventaire des dégâts<ref name=hatot/>. Le ministre de l'Éducation nationale Edgar Faure est jugé coupable d'avoir péché par excès de libéralisme et accusé d'avoir offert avec l'argent des contribuables, un trop beau joujou aux gauchistes<ref name=hatot/>.
Le comité de base de février 1969 à Vincennes
Courant février, un « Comité de base pour l'abolition du salariat et la destruction de l'Université » voit le jour, dirigé, par Jean-Marc Salmon, Jean-Claude Dollé et André Glucksman et qui déborde sur sa gauche les fondateurs locaux de la Gauche prolétarienne menés par Gérard Miller et Jean-Claude Milner<ref name=hatot/>, qui sont stigmatisés dans un tract comme des « fausses couches de Lacan », tandis que les cours d'Henri Weber, maitre-assistant en philosophie et dirigeant d'un autre groupe gauchiste, la Ligue communiste, sont perturbés<ref name=hatot/>.
L'attaque contre les contremaitres du 17 juin 1969 à Renault-Flins
En avril et Modèle:Date-, chez Citroën, les maoïstes « traditionnels » dénoncent successivement le déroulement des élections<ref>L'Humanité rouge, Modèle:N°, jeudi 24 avril 1969.</ref> et une « médecine du travail au service des patrons »<ref>L'Humanité rouge, Modèle:N°, 8 mai 1969.</ref>.
Chez Renault, le Modèle:Date-, cinquante à cent militants de la GP prennent d'assaut l'usine de Flins, pour une bagarre générale avec les contremaitres et pour marquer l'anniversaire de la mort de Gilles Tautin le Modèle:Date de décès à Meulan, un lycéen, militant maoïste du Mouvement de soutien aux luttes du peuple et membre de l'Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes<ref>Christian Charrière, Le Printemps des enragés, Fayard, 1968, page 378.</ref>.
La direction de Renault, qui avait « eu vent de cette affaire »<ref name=flindubo/>, décide de ne pas faire appel à la police, mais au contraire de « mobiliser et d'armer la maîtrise afin d'unir et d'homogénéiser petits et grands chefs autour d'une action de commando » en réception des gauchistes<ref name=flindubo/> : les petits chefs sont regroupés autour des grands, qui en profiteront pour créer un « Comité de défense de la Régie »<ref name=flindubo/> Renault tandis que les maoïstes de la GP concluent triomphalement dans leur feuille au succès médiatique de l'opération<ref name="flindubo">"Flins sans fin..." par Nicolas Dubost, Éditions FeniXX [6]</ref>. Le chef du commando Olivier Rolin subit plusieurs fractures et cinq militants sont arrêtés, y compris Nicole Linhart, femme de Robert Linhart, établi GP maoïste chez Citroën, qui subit ensuite de nombreuses brimades.
Peu après, un premier noyau « Mao » à Renault-Billancourt s'est créée en juillet 69 grâce à deux intellectuels « établis » dans l'usine<ref name=cdpsept71>La Cause du Peuple, 15 septembre 1971.</ref>. Mais l'action GP « a commencé au métro Billancourt en février 70 », lors d'une « campagne contre l'augmentation des transports », menée « avec quelques étudiants »<ref name=cdpsept71/>. Mais après deux mois de passage massif sans payer, les policiers en civil interviennent et la GP revendique « avoir cassé la gueule à huit flics en civil »<ref name=cdpsept71/>, avec « nos solides drapeaux rouges », revendique la GP<ref name=cdpsept71/>. Les ouvriers sont dans le sillage « encouragés à s'armer dans les ateliers avec ce qu'ils trouvaient » et c'est « de là qu'on a pu faire la même chose à Citroën, puis le coup des tickets Volés et distribués un peu partout », affirmera encore la GP<ref name=cdpsept71/>.
L'attaque contre le PCF du 25 juin 1969 à Vincennes
Le « Comité de base » de Jean-Marc Salmon, Jean-Claude Dollé et André Glucksmann va dès Modèle:Date- bénéficier de l'émotion causée un mois plus tôt par l'agression devant chez lui par un militant du PCF, dans la nuit du 28 au Modèle:Date-, de l'ex-résistant communiste devenu maoïste Raymond Casas, un ouvrier maoïste qui avait pris la parole à la Sorbonne en Mai 68<ref>"Les Maoïstes" par Christophe Bourseiller- 1996- page 141</ref>,<ref>Raymond Casas relatera cette agression au cours des pages 230 à 233 de son livre « Mes années 68 ou le chant des lendemains » publié en 1998 </ref>.
Au matin du Modèle:Date-, les gauchistes vincennois découvrent que les « révisos » du PCF, en infériorité numérique dans l'Université, ont investi un des bâtiments pour veiller au déroulement des élections universitaires<ref name=hatot>Génération, par Hervé Hamon et Patrick Rotman, Éditions du Seuil, 1987</ref>, où seulement un étudiant sur dix ose voter. Ils montent à l'assaut des militants du PCF, armés de casques chaises et tables<ref name=hatot/>, pour un affrontement très violent<ref name=hatot/>, qui se renouvellera deux mois et demi plus tard sur le marché d'Argenteuil, une nouvelle action spectaculaire pour protester cette fois contre la politique de la municipalité contre les immigrés<ref name=hatot/>.
L'engagement dans la cause palestinienne
Un meeting à La Mutualité en janvier 1969
Au sein de la gauche française, « nous étions les premiers de Paris à défendre la cause palestinienne et notre identité juive était un non-dit », expliquera en 1986 Tony Lévy, mathématicien<ref name=hatot/> et frère de Benny Lévy, comme lui immigré d'Égypte. Chez les gauchistes, la victoire des Feddayin d'Al-Assifa en Jordanie le Modèle:Date- contre les troupes israéliennes entrées sur le territoire pour les en chasser, avait déclenché la première apparition du slogan « nous sommes tous des feddayin »<ref name="imag"> Images en lutte [7]</ref>. La plupart des pays arabes avaient jugé les activités de guérilla d'Al-Assifa, comme irresponsables et susceptibles d'entraîner une guerre prématurée avec Israël. Dès 1965, l'armée libanaise demandait que la presse libanaise ne publie pas de communiqués Al-Assifa et en Modèle:Date- les représentants arabes de la Commission mixte d'armistice avaient demandé la fin des activités d'Al-Assifa au motif qu'ils provoquaient des représailles israéliennes.
De fait, dès la création de la GP un meeting est organisé à La Mutualité en Modèle:Date-<ref name=hatot/> puis un bulletin Lutte palestinienne, pour suivre l'évolution des « comités Palestine » créés le Modèle:Date-, est fondé le même jour. Il vise à soutenir la guerre populaire, seul moyen pour le peuple palestinien de récupérer ses droits historiques et légitimes<ref name=cdppales>La Cause du peuple, datée du 10 février 1969</ref>. Ces comités Palestine « rejettent toute solution négociée » et soutiennent le mouvement de libération palestinien « dans sa volonté de détruire l'État d'Israël »<ref name=cdppales/>, ainsi que « sa guerre populaire, seul moyen pour le peuple palestinien de récupérer ses droits historiques et légitimes »<ref name=cdppales/> selon le journal de la GP. Leur activité reste embryonnaire mais est stimulée par la concurrence en mars du premier numéro de Lutte palestinienne, un bimensuel édité en Modèle:Date- par des étudiants arabes marxistes-léninistes, qui soutient le FPDLP, scission du FPLP de Georges Habache, et qui a pour directrice-gérante C. Krouch<ref name=imag/>.
Entre-temps, au Lycée Louis-le-Grand, le Modèle:Date-<ref name=hatot/>, un groupe d'extrême-droite mené par l'ex-parachutiste Roger Holeindre<ref name=hatot/> et équipé de coups-de-poing américains et barres de fer<ref name=hatot/>, doit faire face à une réaction massive des lycéens, parmi lesquels Antoine de Gaudemar<ref name=hatot/>, qui déjeunent au réfectoire et ont l'avantage du nombre, répliquent en lançant des assiettes, des verres, des plats, le commando d'extrême droite finissant par lancer une grenade artisanale, qui arrache la main d'un lycéen<ref name=hatot/>.
Le voyage de Geismar au camp palestinien de Karameh en Modèle:Date-
Ensuite, Alain Geismar et Léo Lévy, épouse de Benny Lévy, passent le mois d'Modèle:Date- au camp palestinien de Karameh, siège du Fatah<ref name=hatot/>,<ref name=imag/>. A leur retour, dans la nuit du Modèle:Nobr, la banque Rotschild est attaquée par une centaine de militants, dont une partie d'origine arabe<ref name=hatot/>. Les murs blancs de la prestigieuse banque, accusée d'être au rang des « oppresseurs du peuple palestinien » sont recouverts de slogans rouges : «El Fath vaincra!». Le lendemain, trois cents manifestants européens et arabes agressent à nouveau le siège de la banque<ref name=hatot/>, brisent les vitres du rez-de-chaussée, répandent de l'essence dans les bureaux et allument un incendie<ref name=hatot/>, puis au cours de la même attaque les locaux du quotidien L'Aurore rue de Richelieu subissent le même sort en raison de son soutien au sionisme<ref name=hatot/>.
La GP est alors accusée de jouer sur un populisme arabe en utilisant la question palestinienne<ref name=hatot/>. Un émissaire du FPLP de Georges Habache rencontre Olivier Rolin, parle d'attentats, de stages d'entrainement mais la GP décline l'invite.
Au cours du même été 1969, une délégation de Modèle:Nombre de l'Union socialiste allemande des étudiants (SDS) avait fait aussi un voyage [[Union socialiste allemande des étudiants#Le voyage de l'été 1969 en Jordanie|pour rencontrer l'Union générale des étudiants palestiniens, à l'occasion de son Modèle:15e congrès]]. Son président Hans-Jürgen Krahl se voit reprocher par la presse que le groupe du SDS n'ait pas visité aussi Israël et doit démentir qu'elle ait reçu une formation militaire, dans une lettre datée du Modèle:Date- à Amman. Quelques mois plus tard, le président par intérim du SDS, Udo Knapp, accompagné de Daniel Cohn-Bendit et Joschka Fischer à un congrès de solidarité avec l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) à Alger à la fin Modèle:Date-. Des photos montrent Joschka Fischer applaudissant la résolution finale appelant à la "victoire ultime du peuple palestinien"<ref>"Joschka Fischer and the Making of the Berlin Republic: An Alternative", par Paul Hockenos, page 89</ref>
Sociologie
Dès 1969, Serge July sera envoyé à Lille car accusé de déviationnisme et Alain Geismar condamné à de la prison ferme en raison de conflits avec la police qui ont commencé par l'incendie du commissariat de Mantes-la-Jolie à l'automne 1969<ref name=genr/>,<ref>"Les Années Mao en France: Avant, pendant et après mai 68" par François Hourmant Editions Odile Jacob, 2018 </ref>, tandis que Robert Linhart a des problèmes de santé et de service national, après s'être établi comme ouvrier spécialisé dans l'usine Citroën de la porte de Choisy à Paris. Le leader Benny Lévy fait alors « monter » à la tête de la GP d'autres militants comme André Glucksmann et sa femme Françoise.
Sur le plan sociologique, la GP est au confluent de deux groupes: une partie des militants nanterriens du Modèle:Citation<ref>Jean-Paul Étienne, La Gauche prolétarienne (1968-1973) : illégalisme révolutionnaire et justice populaire, Thèse de doctorat en science politique sous la dir. de Jean-Marie Vincent, Université Paris-VIII, 2003, page 45.</ref> dont le porte-voix Daniel Cohn Bendit est parti en Allemagne, et une quarantaine<ref name=genr/> de militants marxiste-léninistes de l'École normale supérieure de la rue d'Ulm<ref name=JacquesLeclercq>Jacques Leclercq, Ultras-gauches : A.utonomes, émeutiers et insurrectionnels 1968-2013, L'Harmattan, 2013, page 11 et suivantes.</ref>, à Paris, issus de l'Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes (UJC (ml)) fondée sous l'influence du philosophe marxiste et membre du PCF, Louis Althusser. Dans chacun de ces deux groupes, la GP est cependant en concurrence avec une autre mouvement maoïste créé après Mai 68, par Tiennot Grumbach et Roland Castro et leur journal Tout!.
Le centre universitaire de Vincennes devient très vite le principal bastion de la GP dans le sillage de l'occupation et des affrontements du Modèle:Date- avec les policiers. Courant février, un « Comité de base pour l'abolition du salariat et la destruction de l'Université » voit le jour, dirigé, par Jean-Marc Salmon, Jean-Claude Dollé et André Glucksman et qui déborde sur sa gauche les fondateurs de la GP<ref name="hatot" />.
Spontanéisme et ouvriérisme
Voyant dans la révolte étudiante de Mai et ses connexions avec les mouvements ouvriers critiques opposés à la CGT et au PCF un signe avant-coureur de la révolution à venir, les marxistes-léninistes développent d'abord, conformément à l'enseignement de Vladimir Ilitch Lénine, un travail de fraction au sein des grandes centrales ouvrières. Cette politique est un échec et oblige ceux qui vont fonder la Gauche prolétarienne à élaborer une nouvelle analyse politique. À partir de 1969-1970, les Modèle:Citation développent un point de vue Modèle:Citation : ils appellent à dépasser les organisations ouvrières Modèle:Incise pour construire un Modèle:Citation parti communiste ouvrier à partir des luttes des peuples, d'où le caractère spontanéiste, ce parti étant censé apparaître Modèle:Citation pendant les actions. De fait, à cette époque, les militants de la GP interviennent dans de nombreux mouvements sociaux en France (grève des Nouvelles-Galeries de Thionville, Modèle:Date--Modèle:Date-), tribunaux Modèle:Citation à Lens, luttes des OS à Flins, mouvement des travailleurs arabesModèle:, etc.), interprétés comme autant de signes avant-coureurs de la révolution imminente.
Selon Serge July, l'un des fondateurs<ref>Jérôme Garcin, Serge July à propos de "Vers la guerre civile", Boîte aux lettres, France Régions 3 Dijon, 7 avril 1986, voir en ligne.</ref> : « C’était un mouvement étrange, hybride, une organisation que je définirais comme « stalino-libertaire », c’est dire le côté bizarre. En fait, la GP était un groupe d’agitateurs, la formule « maos spontex » nous allait très bien, à la fois autoritaire et libertaire, qui entendait soutenir toutes les révoltes des plus exploités, des plus marginaux, des mal-logés, des OS en révolte, des immigrés. Limite populistes. »<ref name="July" />
Pour le sociologue Gérard Mauger, Modèle:Citation<ref>Gérard Mauger, De « l'homme de marbre » au « beauf », Les sociologues et « la cause des classes populaires » », Savoir/Agir, 2013/4, Modèle:P., Modèle:DOI, lire en ligne.</ref>.
Reprenant une pratique initiée par l'UJCML, la GP généralise le mouvement des Modèle:Citation : il s'agit d'envoyer les militants, pour la plupart issus du milieu étudiant, travailler comme ouvriers non qualifiés dans les usines afin de Modèle:Citation les préjugés censés être inhérents à leur condition d'Modèle:Citation et de propager l'idée d'une révolution. Dans le milieu ouvrier, son discours trouve surtout un écho auprès d'ouvriers spécialisés peu qualifiés, notamment étrangers ou issus de l'immigration, souvent délaissés par les grandes centrales ouvrières de l'époque<ref>Documentaire de Perrine Kervran, « Descend de ton cheval, si tu es un ouvrier. Comment l'usine a vu débarquer les établis », émission La Fabrique de l'histoire sur France Culture, 19 février 2013.</ref>.
Personnalités marquantes
La GP a été dirigée par Benny Lévy (alias Pierre Victor) et Alain Geismar. Parmi ses militants, certains sont devenus célèbres pour leurs activités universitaires, littéraires ou politiques après la fin de l'organisation : Serge July, Olivier Rolin, Frédéric H. Fajardie, Gérard Miller, Jean-Claude Milner, Marin Karmitz, André Glucksmann, Gilles Susong, Christian Jambet, Guy Lardreau, Daniel Rondeau, Olivier Roy, Judith Miller, Dominique Grange, Gilles MilletModèle:, etc.
Rapport aux intellectuels, aux médias et au terrorisme
Rapport aux intellectuels
La GP, du fait du recrutement de ses membres fondateurs, oscille entre une grande Modèle:Citation par ses liens, par exemple, avec Althusser, Sartre, Foucault, son grand intérêt pour Lacan), son mépris des intellectuels (aspect Modèle:Citation dans le rapport aux ouvriers notamment), et une certaine fascination pour le discours violent. C'est aussi ces trajectoires sociales qui expliquent, en partie, l'hésitation sur la forme entre une organisation de type léniniste (parti clandestin limité à quelques membres, largement autocratique) et une organisation très libertaire de la politique : Modèle:Citation bloc
Ce point de vue apparaît notamment dans le journal de la GP, La Cause du peuple.
Rapport aux médias
La presse populaire, qui pour une grande part appartenait au groupe Amaury, dénonçait systématiquement<ref name=vu/> les campagnes d’action des casseurs de la Gauche prolétarienne, mais, ce faisant, jouait le rôle de caisse de résonance<ref name=vu/>. Par effet miroir, ce suivisme médiatique donnait souvent l’envie d’en rajouter<ref name=vu/>. C’est un phénomène qu’on a retrouvé en Allemagne où la presse Springer, pour vendre du papier, a souvent servi l’action violente, d’une façon qu'un ex-militant a ensuite qualifiée d’opportuniste et hypocrite<ref name=vu/>.
Le Nouvel Observateur parlait fréquemment des actions des maoïstes mais était loin de leur être favorable et même les critiquait parfois avec véhémence<ref name=vu/> tandis que Le Monde, dans sa rubrique « Agitation », relatait l’événement, souvent sans émettre de jugement<ref name=vu/>.
Rapport au terrorisme et à l'action violente
Le numéro spécial des Temps modernes du printemps 1972, titré « Nouveau fascisme, nouvelle démocratie », rédigé en partie par André Glucksmann eut un très fort retentissement dans les mouvances émergentes de la Fraction armée rouge allemande et des Brigades rouges italiennes<ref name=vu/>, comme certains de leurs membres déclarèrent par la suite<ref name=vu/>.
En Italie, les Brigades rouges, qui, à leur début, étaient des groupes très petits, sans résonance nationale, centrés sur quelques entreprises comme Siemens à Milan, ont bénéficié du soutien de la revue Contro Informazione de Toni Negri<ref name=vu/>. L’idée des fondateurs de cette revue était de désigner les failles du système, de faire des « enquêtes complètes »<ref name=vu/>, de donner des informations factuelles et de faire déboucher ce « travail d’investigation »<ref name=vu/> sur des « sanctions » très violentes, par exemple, les coups de feu tirés dans les jambes de responsables économiques dénoncés comme des fascistes, souvent sans preuve solide<ref name=vu/>.
Face à la prétendue « fascisation » de l'appareil d'État, la GP appelle à une « résistance populaire » mené par des « nouveaux partisans » et multiplie sabotages d'entreprises et incendies de bâtiments patronaux, attaques de commissariats, etc. De sa fondation en Modèle:Date- à sa dissolution à l'été 1970, le ministère de l'intérieur lui attribuera 82 attentats (sans menace pour la vie humaine)<ref>Dominique Damamme, Boris Gobille, Frédérique Matonti, Bernard Pudal (dir.), Mai-Juin 68, L'Atelier, 2008, page 301 lire en ligne</ref>. Ces attentats causent une répression policière : des centaines de militants sont dans la clandestinité, en prison (200 militants) ou en fuite à l'étranger, notamment en Belgique et en Italie. Alain Geismar<ref>Minutes du procès d'Alain Geismar, préface de Jean-Paul Sartre, Paris, France, Éditions Hallier, Documents L'Idiot International, 1970, 219 p.</ref> est condamné à Modèle:Nombre de prison.
La mort de Pierre Overney à Renault de Billancourt
Le militant ouvrier Pierre Overney fait la une de l'actualité lorsqu'il est tué, le Modèle:Date, par Jean-Antoine Tramoni, vigile de Renault au cours d'une action de la GP devant l'usine Renault de Boulogne-Billancourt, considéré par la GP comme une « forteresse ouvrière » qu'il fallait prendre à la CGT et au Parti communiste pour en faire la tête de pont d'une implantation durable dans la « classe ouvrière »<ref name=hatot/>.
Cette mort est précédée les mois précédents d'une série d'agressions physiques contre des agents de maitrise de l'entreprise<ref name=genr/> dont l'une à coup de chaîne de vélo<ref name=genr/>, racontée dans La Cause du peuple, Modèle:N°, daté Modèle:Date-. L'article est titré « Les Groupes ouvriers anti-flics à l'action »<ref>La Cause Du Peuple, Modèle:N°, 8 janvier 1971.</ref> à Renault-Billancourt et vante l'action des ouvriers contre un chef d'équipe, qui ont « multiplié les affichettes, salopé son bureau, crevé les pneus de son vélo »<ref name=recap>Récapitulatif raconté dans La Cause Du Peuple datée du 15 septembre 1971</ref>, tandis que des ouvriers ont « cassé la gueule » d'un autre<ref name=recap/> et qu'un troisième chef d'équipe a été frappé à coups de chaîne de vélo, à 6 h 30 du matin, devant la porte de l'usine<ref name=recap/>, avec jet d'un tract signé par « le groupe ouvrier antiflic »<ref name=recap/>, revendiquant l'agression avec le soutien de la GP<ref name=recap/>. Ce cadre est hospitalisé pendant plusieurs semaines. La semaine suivante, la GP présente un nouveau journal, J'accuse, dirigé officiellement par Liliane Siegel, amie de Jean-Paul Sartre, et dont les responsables en sont Robert Linhart, André Glucksman et Christian Jambet, bientôt remplacé par la compagne de Glucksmann. Le premier numéro est daté Modèle:Date- et il n'y en aura que cinq.
Le Modèle:Date- une grève chez Renault de Billancourt proteste contre le licenciement de deux des chefs d'équipe alors qu'un tract de la GP « glorifiait la casse »<ref name=recap/>. Deux jours après, la CGT lance à son tour une grève et rejoint même le mot d'ordre de « réintégration des Modèle:Nombre » maoïstes, mais « pour essayer d'attirer les travailleurs » et « faire croire que c'était un défilé syndical », selon la GP<ref name=recap/>.
Entre temps, Jean-Paul Sartre démissionne de la direction du Secours rouge en Modèle:Date- , tandis qu'en avril un groupe de femmes quittent Vive la Révolution - l'autre groupe de jeunes maoïstes - en dénonçant une culture machiste et violente, pour se rallier au Mouvement de libération des femmes (MLF). Toujours en avril 71, le journal de la GP dénonce, chez Renault-Billancourt, la CGT et la CFDT qui appellent « à une grève-bidon de deux heures avec manifestation pour la retraite à Modèle:Nombre et les 40 heures »<ref name=recap/> et le Modèle:Date-, le premier numéro de la fusion J'Accuse-La Cause du peuple titre à nouveau sur Renault-Billancourt, reprenant un slogan maoïste<ref>Modèle:Lien web</ref> : « Renault, une étincelle peut mettre le feu à toute la plaine »<ref>"La Cause Du Peuple, datée du 10 mai 1971</ref>. Le Modèle:Date-, J'Accuse-La Cause du peuple titre : « Comité de lutte de Renault, Dreyfus vient faire les cadences »<ref>Musée de la presse [8]</ref>, interpellant le patron de l'entreprise Pierre Dreyfus. À l'usine proche de Citroën-Balard, trois militants GP de Renault venus tracter sont « attaqués par le syndicat indépendant de Citroën »<ref name=recap/>, puis « constituent une milice » pour « rentrer dans l'usine pour casser la gueule aux indépendants » en juillet 71<ref name=recap/>, ce qui est censé avoir un grand écho dans les usines fascistes, comme Simca-Poissy, Citroën-Metz et Citroën-Clichy<ref name=recap/>.
À l'automne 1971, un long article de J'Accuse-La Cause du peuple raconte la saga depuis le début, en la glorifiant. Le journal évoque les mots d'ordre : « Renault ne sera pas Citroën »<ref name=recap/>, « Créons partout des Groupes ouvriers anti-flics » contre les agents de maîtrise<ref name=recap/>. Les incidents se multiplient à Renault-Billancourt<ref name=hatot/>. Un militant, licencié pour avoir refusé de donner un justificatif médical à une absence de plusieurs jours, donne un coup de poing au chef du département<ref name=hatot/>, ce qui est salué par un tract « tu en as reçu dans la gueule, la prochaine fois, on fera plus ! »<ref name=hatot/>. La direction de la Régie s'alarme et demande à la police d'assurer la protection de ses cadres<ref name=hatot/> dont l'un reçoit un pot de peinture de cinq kilos sur la tête<ref name=hatot/>. La CGT dénonce les provocateurs gauchistes<ref name=hatot/>, puis une brochure des maos déclare que leurs militants Modèle:Citation<ref name=hatot/>. Fin Modèle:Date-, un commando saccage le bureau d'un agent de maîtrise<ref name=hatot/>: Renault licencie deux militants de la GP<ref name=hatot/>, ce qui déclenche une grève de la faim le Modèle:Date-<ref name=hatot/> avec l'aide de Jean-Pierre Le Dantec<ref name=hatot/>, puis les affrontements où Pierre Overney trouve la mort en février.
L'affaire Pierre Overney sera suivie, quelques jours après, de l'enlèvement d'un cadre de Renault qui sera unilatéralement libéré deux jours plus tard<ref name=hatot/>, par la Nouvelle résistance populaire (NRP)<ref name=genr/>, l'organe de choc de la GP, dirigée par Olivier Rolin<ref name=hatot/>. Selon d'anciens dirigeants de la GP, elle aurait marqué un tournant les poussant à ne plus suivre cette voie violente<ref name=Gen>Hervé Hamon et Patrick Rotman, Générations, t. II, 1988, Modèle:P.400 sq.</ref>,<ref>Édouard Launet, Tombés pour les maos, Libération, 18 novembre 2008</ref>. Mais selon l'enquête de l'écrivain Morgan Sportes en 2008, les violences ont continué, en particulier contre le jeune militant Nicolas Boulte, qui sera à son tour tabassé<ref name=genr/>,<ref name="sportes">Morgan Sportès, Ils ont tué Pierre Overney : roman, Grasset & Fasquelle, 2008.</ref> pour avoir critiqué les méthodes de la GP chez Renault<ref>Baruch Zorobabel / Nicolas Boulte, Tentative de bilan du Comité de lutte Renault, Paris, 5 juillet 1972, Informations et correspondances ouvrières, supplément au Modèle:N°, octobre-novembre 1972, Modèle:Lire en ligne. </ref> après avoir dénoncé les nombreuses dérives de la GP chez Renault et se suicidera en 1975 après avoir écrit une lettre au journal Le Monde<ref name=genr/>.
L'affaire de Bruay en Artois
Par ailleurs, deux mois après l'affaire Pierre Overney, le journal de la GP, La Cause du peuple est sévèrement critiqué par Jean-Paul Sartre<ref name="genr" /> qui l'avait jusque-là soutenu. Après le numéro du Modèle:Date- de La Cause du peuple sur l'affaire de Bruay-en-Artois, Sartre reproche aux jeunes militants son contenu et l'appel au lynchage d'un innocent<ref name=genr/>.
André Glucksmann est alors un des dirigeants du mouvement de la GP tandis que Benny Lévy et Robert Linhart, leaders historiques, sont sur le déclin et qu'Alain Geismar est emprisonné<ref name=genr/>.
L'attentat de Munich en septembre 1972
Lors de la prise d'otages des Jeux olympiques de Munich, effectuée quelques mois plus tard par un commando palestinien, la GP exprime des réserves, comme le rappellera la veuve de Benny Lévy, tout en réaffirmant sa solidarité avec la lutte palestinienne, y compris par des meetings et une manifestation pour protester contre les excès de l'opération de représailles très dure décidée juste après la prise d'otage de Munich.
Jusque-là, La Cause du Peuple-J'accuse martelait : « Nous sommes tous des fedayins », le terme utilisé par les terroristes pour se dénommer<ref>Gabriel Enkiri, le 2 mai 2008 sur Alter Info</ref>.
Mais un mois après l'attentat, dans un grand article du journal de la GP J'accuse-La Cause du Peuple, codirigé par Robert Linhart, André Glucksmann et Françoise Renberg<ref>"La Tribu des clercs: Les intellectuels sous la {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ve{{#if:| }} }} République 1958-1990" par Rémy Rieffel</ref>, daté du Modèle:Date-, Jean-Paul Sartre déclare que « dans cette guerre, la seule arme dont disposent les Palestiens est le terrorisme, c'est une arme terrible mais les opprimés pauvres n'en ont pas d'autres (...) le principe du terrorisme est de tuer »<ref>"J'accuse...! 1898-2018: Permanences de l'antisémitisme" par Alexis Lacroix Edition Humensis -</ref>,<ref name=dipl/>, ce qui restera comme un dérapage souligné dans sa biographie, d'autant que sa position était différente en 1967 lors de la guerre des Six Jours, dans le numéro de sa revue Les Temps modernes publié à cette période<ref name=dipl>Alain Gresh, "Sartre, les juifs, Israël et la Palestine", blog.mondediplo.net, le 13 novembre 2012</ref>.
Les intellectuels engagés égyptiens Adel Rifaat (frère de Benny Levy) et Bahgat Elnadi se diront des années plus tard fiers d'avoir convaincu Benny Lévy, leader de la GP, de ne pas céder, finalement, à la tentation terroriste. Le résultat de « nuits entières de discussions passionnées et sans concessions », racontent-ils<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Benny Lévy deviendra plusieurs années plus tard un juif orthodoxe.
Les manifestations violentes du début 1973
L'année 1973 commence par une manifestation contre la venue de Golda Meir le Modèle:Date- à Paris, pour protester contre l'assassinat par le Mossad de Mahmoud Hamchari, représentant de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) en France, dans le cadre de l'opération de représailles décidée juste après la prise d'otage de Munich, même si la victime n'avait pas participé à cette prise d'otage<ref name="jju">Mémoires de Jacques Jurquet [9]</ref>. Un meeting a lieu dans une salle du théâtre Marcadet le Modèle:Date-<ref name =jju/>. Le philosophe Gilbert Mury y participe<ref name =jju/>, comme Alain Geismar<ref name =jju/>, des Palestiniens et Jacques Jurquet pour La Cause du peuple, qui assure un service d'ordre assez musclé. Le Modèle:Date- la manifestation au Quartier latin est violente<ref name =jju/>, les CRS chargèrent brutalement<ref name =jju/>. Le même jour, 26 tracteurs partis du Larzac, arrivent à Paris après six étapes, pour une grande manifestation de la Lutte du Larzac<ref>Modèle:Lien web</ref>. Bloquée à Orléans par les CRS, la marche des « 26 du Larzac » est soutenue par Bernard Lambert, ex-député MRP, du courant Paysans-Travailleurs, qui lui a trouvé de nouveaux tracteurs prêtés par des paysans d'Orléans afin qu'elle puisse arriver à son terme.
L'affaire Denis Mercier
Modèle:Section trop longue Le décès accidentel et inexpliqué de Denis Mercier en 1973, mis sous surveillance depuis fin 1969 par la DST<ref name=briere261>Modèle:Harvsp. </ref>,<ref name="defendi">"De 1969 à 1973, la DST avait infiltré la Gauche Prolétarienne" Entretien avec Dominique Defendi, par François Bonnet, le Modèle:1er avril 2008 dans Mediapart [10]</ref>, a coïncidé avec la fin de la Gauche prolétarienne<ref name= fanto/>, alors qu'il était un des plus proches conseillers de Benny Lévy<ref name="domdef">Fiche de lecteur du livre de Dominique Defendi, 2012 [11]</ref>. Le Modèle:Date-, après deux semaines de grève et d’occupation, Denis Mercier, Modèle:Nombre, ouvrier de l’usine Peugeot à Sochaux avait été emprisonné<ref name= fanto/>. N’appartenant à aucun syndicat ou parti politique<ref name=domdef/>, il est suivi par la police. Lorsqu’il sort de prison, il n’a plus de travail<ref name= fanto/>. Il sera choisi par Gaston Bouhé Lahorgue, directeur du bureau dijonnais de la DST<ref name=domdef/>, installé dans hôtel particulier de la rue de Chevreul<ref name=domdef/>, et un de ses meilleurs éléments chargé d'infiltrer la Gauche Prolétarienne, Dominique Defendi, recruté en 1969. Il multiplie les contacts, étudie les profils<ref name=domdef/>. En novembre 1969, la fiche de police de Denis Mercier échoue sur son bureau<ref name=domdef/>. Dominique Defendi l'approche chez lui à Bethoncourt, plusieurs fois, en se faisant passer pour un journaliste enquêtant sur les évènements de Mai 68<ref name=domdef/>. Il le paie de plus en plus<ref name=domdef/>, le fait réembaucher aux usines Peugeot avec sa femme puis lui donne des instructions et récolte des informations, par des rencontres dans les sous-bois, tôt le matin et tard le soir<ref name=domdef/>. Denis Mercier fait partie, le Modèle:Date-, des six militants maoïstes écroués à la prison de la Santé à Paris, après avoir diffusé des exemplaires de La Cause du peuple. Il devient ensuite l’un des principaux conseillers de Benny Levy. Dominique Defendi découvre alors que le ministre de l'intérieur, Raymond Marcellin, donne l’ordre à la DST d'organiser des attentats, avant les élections municipales de Modèle:Date-, afin d'orienter les votes en faveur de la majorité<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref name="domdef" />. Selon Dominique Defendi, le ministre lui aurait ainsi déclaré : « Il faut que les Français votent du bon côté [...] s'il y a quelques attentats, ça va les inquiéter et ils vont voter à droite »<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
En octobre 1970, la DST ordonne alors à Denis Mercier de préparer un attentat. Denis Mercier fait ainsi partie des 4 jeunes maoïstes arrêtés à proximité des usines Peugeot de Montbéliard le Modèle:Date- avec une bombe incendiaire, dans le but de mettre le feu à un camion chargé de voitures neuves. L'attentat était prévu pour le Modèle:Date- mais ce dernier est déjoué par les Renseignements généraux (RG), qui n'avaient pas eu connaissance de l'opération menée par la DST, ni du fait que Denis Mercier était un informateur<ref name="domdef" />,<ref>afauteadiderot.net/De-1969-a-1973-la-DST-avait</ref>.
Le Modèle:Date- le tribunal correctionnel de Montbeliard condamne Jean-Claude Roumestan, Dominique Fourré et Denis Mercier à six mois de prison ferme et Jean-Pierre Ferrand à quatre mois<ref name="vimont">"Les emprisonnements des maoïstes et la détention politique en France (1970-1971) Jean-Claude Vimont, dans la revue "Hypermedia" [12]</ref>, mais ils retrouvent la liberté en Modèle:Date-<ref name="vimont" />. La DST les a fait sortir de prison, contre l'avis du juge, grâce à des échanges interministériels. Malgré son imprudence, Denis Mercier va immédiatement monter à Paris, côtoyer les têtes pensantes de la GP, Benny Lévy, Alain Geismar, Olivier Rolin, et Serge July<ref name="fanto" />. Sa réputation de "tueur de flic" à Sochaux, même si elle repose sur une rumeur, fait "briller les yeux des jeunes militants de la GP"<ref name="domdef" />. Defendi sent son agent adhérer aux thèses maoïstes<ref name="domdef" />, ou en tout cas être tiraillé<ref name="domdef" />, le départ de sa femme et l'affaiblisement de la GP en 1973 n’arrangeant rien. Au bout du compte, "il ment à tous, à ses proches, aux flics, aux maos"<ref name="solub">"Mai 68 est-il soluble dans le roman ?" par Jean-Marc Parisis dans Le Figaro du 9 avril 2008 [13]</ref>. Mercier comprend qu’il est en train de tout perdre, la GP, la DST'<ref name="defendi" />, et ne pourra retravailler à l'usine, d'autant que Dominique Defendi démissionne des services secrets courant 73, pour devenir assureur<ref name="domdef" />, en laissant une note à sa hiérarchie en demandant de "surveiller Mercier de près" car il "risque de devenir dangereux et imprévisible". Quatre mois après, Denis Mercier percute en voiture un platane sur une route de campagne enneigée. Plus tard, le fils de Dominique Defendi tombe sur "Tigre en papier", le livre d'Olivier Rolin qui parle d’un « Juju », ouvrier chez Peugeot et « tueur de flics de l’est ». Peu après, son père confirme au fils qu’il s’agit bien de « son » agent infiltré. Le père noircit cinq grands cahiers. Son fils se documente et rencontre d’anciens contacts de son père puis écrit le livre L’Arme à gauche, qui révèle l'affaire en 2008. Le livre narre en particulier une conversation téléphonique entre l’un des chefs de la DST à Dijon et Raymond Marcellin, le ministre, qui donne des ordres pour fomenter des troubles avant les municipales de Modèle:Date-<ref name="fanto" /> ou la volonté de gagner à tout prix les législatives de Modèle:Date-<ref name="fanto">"Les fantômes de la Gauche prolétarienne revisités" par Hubert Artus dans L'Obs du 30 mars 2008 [14]</ref>. "Nous avons ainsi poussé Denis Mercier à préparer un attentat à Montbéliard contre un garage Peugeot, en Modèle:Date-. Mais la police a pu déjouer l’attentat", a raconté Dominique Defendi dans Mediapart<ref name="defendi" />. « Jusqu’aux élections de Modèle:Date-, nous avons continué notre travail en organisant quelques violences », a aussi raconté Dominique Defendi dans Mediapart<ref name="defendi" />. Le livre évoque aussi la tentative d’assassinat contre Paul Touvier, responsable de la milice sous Vichy. « À partir des informations de Mercier, nous avions appris que la GP envisageait de le descendre. Paul Touvier a eu très chaud », y mentionne Dominique Defendi.
D'autres militants de la GP seront accusés d'avoir travaillé pour la police, comme "Patrick" et "Jacky" qui avaient reconnu être coupables de l’attentat d’Hénin-Liétard dans la nuit du Modèle:Date-, mais subi seulement une condamnation symbolique, la cour les faisant bénéficier d’une exemption de peine en reconnaissant qu’ils avaient renseigné les services de police<ref>"Bassin minier: ces maoïstes qui voulaient venger les morts de la catastrophe de Fouquières", [15], lavoixdunord.fr, 22/12/2015</ref>, ou Joseph Tournel, ex-mineur de fond résidant à Bruay-en-Artois, qui est mis en scène dans Maos, roman de Morgan Sportès, sous le nom de "Uncle Jo"<ref>"Tombés pour les maos", par Edouard Launet, dans Libération 18 novembre 2008 []</ref> puis dans le suivant, Ils ont tué Pierre Overney, qui se situe à la même époque et dans le même milieu, la GP étant cette fois-ci infiltrée par les Renseignements généraux<ref name=solub/>. Ce que voulaient les RG et la DST, c'était introduire leurs indics jusqu'à la direction, racontera dans son livre Claire Brière-Blanchet, militante GP établie en usine<ref name=briere261/>. D'autres sources avaient confirmé l'infiltration de la GP, au plus haut niveau, via Joseph Tournel<ref name=cabnoir/>, en particulier lors de la parution en 2006 du livre de Frédéric Laurent<ref name=cabnoir/>, ancien journaliste à Libération, issu du militantisme gauchiste post-68, et qui avait été le principal collaborateur de François de Grossouvre lorsque celui-ci est venu, en Modèle:Date-, s'installer à la présidence de la République<ref name=cabnoir>"Le cabinet noir: avec François de Groussouvre au cœur de l'Élysée de Mitterrand" par Frédéric Laurent, Editions Albin Michel, 2006</ref>.
Tournel et Théret ont-ils joué aussi un rôle de premier plan ? Il n'existe pas d'autres preuves de leur travail régulier pour les services de renseignements. Comme Joseph Tournel, André Théret, autre ancien mineur du Bruaysis, était membre du comité exécutif de la GP. Le premier a témoigné dès le Modèle:Date- lors du procès Le Dantec - Le Bris, devant la chambre correctionnelle de Paris<ref name="resinf">"Les réseaux d’information maoïstes et l’affaire de Bruay-en-Artois" par Rémi GUILLOT Les Cahiers du journalisme n17 – Été 2007 210 [16]</ref>, alors qu'il habite dans la même ville qu'un cadre de la GP, François Ewald, professeur de philosophie au lycée de Bruay, au moment où la GP s'investit dans la région, ses responsables locaux étant très connus des services de police<ref name = resinf/> depuis les attentats contre les houillères ou les chantiers de Dunkerque. Tournel reçoit chez lui Jean-Paul Sartre lors de la préparation du Tribunal populaire de Lens en 1970<ref>"Sartre, le temps des révoltes" par Jean-Pierre Barou Stock, 2006 </ref>. La GP est alors vulnérable aux intoxications par des informations obtenues auprès de la police judiciaire de Lille, qui suit l'affaire<ref name = resinf/>, mais surtout aux surenchères de ses jeunes militants.
La manifestation violente du 21 juin 1973 lors d'un meeting d'Ordre Nouveau
Selon l'historien Jean-Luc Einaudi, qui supervisait à l'époque l’action des cellules et sections du PCMLF en région parisienne<ref name="Jean-Luc_EINAUDI"/>, le rôle des deux groupes « maoïstes » a parfois été sous-estimé dans l'émeute du 21 juin 1973 contre le meeting à la Mutualité à Paris du mouvement d'extrême droite Ordre nouveau, le gouvernement souhaitant alors surtout interdire la Ligue communiste après le succès des manifestations lycéennes de mars 1973 <ref name= Caron/>, la création de comité de soldats <ref name= Caron/>. Soumis à une pluie de centaines de cocktails Molotov, cinq cars de police ont été endommagés par les assaillants, avec 76 policiers blessés, dont 16 hospitalisés dans un état grave, et 9 sérieusement brûlés<ref>Direction centrale des renseignements généraux (DCRG): Faits et évènements survenus sur le plan politique, Bulletin quotidien, 22 juin 1973, Rapport à Monsieur le Président de la République, émanant du ministre de l’Intérieur [17]</ref>.
D'après Jean-Luc Einaudi, les militants et sympathisants du PCMLF ont tous été mobilisés, ainsi que ceux de la Gauche prolétarienne, qui se sont chargés Modèle:Cita de la fabrication et de l’utilisation de cocktails Molotov"<ref name="Jean-Luc_EINAUDI"/>, l'arme qui a causé l'essentiel des dégâts chez les gardiens de la paix, avec plusieurs grands brûlés handicapés à vie. Le journal télévisé de 20 heures, le lendemain, a montré des images de la puissance exceptionnelle de ces cocktails Molotov, d'un genre nouveau<ref>Journal télévisé de 20 heures du 22 juin [18]</ref>, lancés par des groupes casqués passant par les trottoirs, comme lors des affrontements des 8 et 9 mars 1971<ref name= Caron>"Paris, l'insurrection capitale" par Jean-Claude Caron, Editions Champ Vallon, 2014</ref> contre la police lors d'un précédent meeting d'Ordre nouveau. Les commandants d'unités policières présents sur le terrain le 21 juin 1973 attendaient au maximum 300 manifestants pacifiques, pas un millier, casqués et armés, avec des cocktails Molotov d'une formule plus dangereuse<ref name=sarrazin/>.
Dans les jours qui ont suivi, de nombreux témoignages ont été publiés sur l'inaction du commandement policier. Régis Debray, estimera à l'époque dans Politique Hebdo que la provocation policière était transparente « pour un enfant de huit ans <ref name=bensai/>». Selon les syndicats de policiers, le chef d'une station de métro proche de la Mutualité avait téléphoné trois fois à la préfecture entre 19 heures et 19 heures 20 pour signaler plus de cent personnes distribuant des engins incendiaires sur les quais<ref name=sarrazin/>, mais personne n'a réagi dans la salle de commandement<ref name=sarrazin/> et les messages radio aux unités ont systématiquement minimisé les chiffres reçus des observateurs en civil<ref name=sarrazin/>. La colère des policiers de base va alors monter dans les jours qui suivent. Dans l'après-midi du 25 juin, dans plusieurs commissariats, des policiers anonymes du Modèle:5e groupe de compagnies de district, particulièrement exposé le 21 juin<ref name=sarrazin/>, distribuent des tracts appelant à la grève et le 26 juin, ils refusent de monter dans les cars les menant à l'entrainement<ref name=sarrazin/>, tandis qu'à 8 heurs 30, sur la fréquence de la police, un message pirate affirme que le policier de Cochin Modèle:Cita et demande de cesser le travail immédiatement<ref name=sarrazin/>. Un autre message annonce à tort la mort d'un des grands brûlés<ref name="sarrazin">Article de James Sarrazin dans Le Monde le 30 juin 1973 [19]</ref>.
Le jeudi 28 juin, l'hebdomadaire Minute accuse Alain Krivine mais aussi Alain Geismar<ref name=genr/>, toujours leader de la Gauche prolétarienne et présent aux réunions de préparation de la manifestation, puis à une réunion au siège du PSU lorsqu'il faut éviter les sanctions après le dérapage<ref name=genr/>. Le ministre de l'Intérieur Marcellin demande l'interdiction de deux organisations gauchistes<ref name=genr/> mais n'en obtient qu'une, celle de la Ligue communiste, qui a mis en accusation sévèrement le gouvernement dans l'émission de télévision A armes égales, présentée par Alain Duhamel, six mois plus tôt<ref name=genr/>. Son dirigeant Alain Krivine avait brandi devant son interlocuteur le ministre Bernard Stasi une longue liste prouvant selon lui que le gouvernement faisait ficher des centaines de syndicalistes, journalistes et militants de partis politiques traditionnels<ref>vidéo de l'émission A armes égales du 13 décembre 1972, avec Alain Krivine face à Bernard Stasi, archives INA [20]</ref>. L'émission avait été diffusée à deux mois des élections législatives de 1973 où la droite a reculé et pour sa première émission de débat télévisée, Alain Krivine avait créé la surprise par un ton différent des meetings, en se préparant avec Coline Serreau et Costa Gavras<ref name="gourous">"Les gourous de la com: Trente ans de manipulations politiques et économiques" par Aurore GORIUS et Michaël MOREAU aux éditions La Découverte, 2012 [21]</ref>. Raymond Marcellin dénonce alors les professeurs qui ont aidé à fabriquer les cocktails dans des grands établissements, parmi lesquels l'École normale supérieure<ref name=genr/>.
Deux réunions des organisations d’extrême gauche avaient servi à préparer la manifestation contre le meeting d'Ordre nouveau<ref name="Jean-Luc_EINAUDI"/>. La première se déroule à l’imprimerie de la Ligue communiste, représentée par Michel Recanati<ref name="Jean-Luc_EINAUDI"/>. La Cause du peuple, journal de la Gauche prolétarienne est représenté par Alain Geismar, leader de la Gauche prolétarienne, le PCMLF par Jean-Luc Einaudi. "Ligne rouge" (groupe marxiste-léniniste) et l’Alliance marxiste révolutionnaire de Nicolas Baby sont aussi présents. Chaque organisation doit mobiliser son propre service d’ordre et ses militants et se charger de les équiper en vue d'un éventuel affrontement<ref name="Jean-Luc_EINAUDI"/>.
Michel Recanati qui a fait l'objet le 9 juillet d'un mandat d'arrêt pour infraction à la "loi anti-casseurs"<ref name="recanatijuge"/>, s'est présente spontanément le 17 septembre avec son avocat Yves Jouffa au cabinet du juge d'instruction<ref name="recanatijuge"/>, devant lequel il a déclaré aux journalistes quel a été son Modèle:Cita: il a été Modèle:Cita. Il souligne que Modèle:Cita<ref name="recanatijuge">Article dans Le Monde du 19 septembre 1973 [22]</ref>. Écroué après trois heures trente d'audition<ref name=recanatijuge/>, il est libéré un mois après et bénéficiera d'un non-lieu de la Justice en 1974.
De son côté, Jean-Luc Einaudi, par des entretiens par courriel avec le professeur Christian Beuvain<ref>courriels les 30 janvier, puis les 3, 18 et 21 février, et enfin 9 et 15 mars, Modèle:1er et 4 avril de 2013</ref>, rapportés par la revue Dissidences et repris dans le livre de l'ancien dirigeant du PCMLF, Jacques Jurquet<ref> A contre-courant-1963-1986, Paris, Le Temps des cerises, 2001, préface de Jean-Luc Einaudi</ref>, a détaillé, en tant que témoin oculaire, le rôle des militants parisiens du PCMLF<ref name="Jean-Luc_EINAUDI"/> lors de cette manifestation. Il sera élu peu après secrétaire général de l'organisation de jeunesse du PCMLF<ref name="Jean-Luc_EINAUDI"/>.
Deux mois avant la manifestation, en Modèle:Date-, Jean-Luc Einaudi avait publié sous pseudonyme de "André Colère", une brochure intitulée «la fascisation en France », (supplément au Modèle:N° de L'Humanité rouge)<ref name="Jean-Luc_EINAUDI"/>, dans laquelle il écrit notamment : "Partout où le fascisme se manifeste, la riposte de masse doit venir, en n’oubliant pas que le danger vient de l’État, que c’est lui qu’il faut frapper"<ref name="Jean-Luc_EINAUDI"/>. Une seconde édition de cette brochure paraîtra à la mi-Modèle:Date- (supplément au Modèle:N° de L’Humanité rouge)<ref name="Jean-Luc_EINAUDI"/>, avec une postface tirant les leçons de la manifestation du Modèle:Date- contre le meeting du groupe d’extrême droite Ordre nouveau<ref name="Jean-Luc_EINAUDI"/>.
Selon Daniel Bensaïd, qui a défendu avant et après le principe de cette manifestation, et dénoncé dans Rouge du Modèle:Date-, ceux qui estiment avoir eu "raison d’être absents"<ref name="bensai">"21 juin, provocation ou pas" par Daniel Bensaïd dans Rouge] du 13 juillet 1973 [23]</ref>la manifestation du Modèle:Date- "fut presque aussi violente" que celle du Modèle:Date- 1973<ref name=bensai/>. Deux mois après les violences du Modèle:Date-, il entreprend un voyage en Argentine, à l’automne 1973, tandis que plusieurs membres de la Commission très spéciale (CTS), chargés de la manifestation, comme Romain Goupil, invoquent le coup d'État au Chili du Modèle:Date- pour cesser de militer.
L'autodissolution en novembre 1973
En 1973, l'expérience autogestionnaire de Lip, dans laquelle la CFDT joue un rôle central, voit la GP marginalisée et sa direction de plus en plus en cause, jusqu'à finalement décider de se dissoudre le Modèle:Date-, non sans s'inquiéter sur d'éventuels dérapages de membres qui refuseraient cette dissolution<ref>Hervé Hamon et Patrick Rotman, Générations, Modèle:Nobr, 1988.</ref>.
Selon l'enquête de l'écrivain Morgan Sportes en 2008, cette décision n'était pas vraiment un choix, la GP étant alors entièrement infiltrée par des indicateurs de la police<ref name="sportes"/>. Certains militants continuèrent et organisèrent un soir l’incendie de plusieurs dizaines de panneaux Decaux ou stoppèrent la projection du film Raid sur Entebbe, dont la version longue était sortie le Modèle:Date- au cinéma, simultanément dans quatre grandes salles de cinémas en découpant l’écran au cutter<ref name="vu">"Vu de l’intérieur", entretien avec un ex-militant [24]</ref>, thèse confirmée par David Defendi dans son livre L'Arme à Gauche édité quelques jours après la même année. D'autres organisent l’assassinat, en 1977, de Jean-Antoine Tramoni, vigile aux usines Renault et meurtrier de Pierre Overney cinq ans plus tôt.
Postérité
Quelques militants continuent la GP quelques années encore, évoluant par exemple vers le mouvement autonome. L'expérience de La Cause du peuple donne naissance, entre autres, au journal Libération.
En 1974, une partie de la base de la Gauche prolétarienne refuse l'auto-dissolution prononcée par la direction de l'organisation. Certains militants vont donc continuer à publier La Cause du peuple jusqu'en 1976Modèle:Refnec. Deux autres groupes apparaissent à la même époque dans le sillage de l'auto-dissolution : les Brigades internationales (BI) et Vaincre et vivre<ref>Christophe Bourseiller, Les maoïstes. La folle histoire des gardes rouges français, Éditions du Seuil, collection « Points – essais », 2008, Modèle:P.360-368.</ref>. En 1977, les derniers militants de La Cause du peuple créent le collectif Offensive et autonomieModèle:Refnec. Par ailleurs, des militants de la Gauche prolétarienne rejoindront le Parti communiste maoïste<ref>Modèle:Article.</ref> ou l'Organisation communiste marxiste-léniniste – Voie prolétarienne<ref name="Origines">Origines de l'OCML-VP.</ref>.
Le suicide de certains de ses militants, comme Nicolas Boulte en 1975 et Michel Recanati en 1978, accélérera aussi la fin de ce mouvement<ref>https://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=231</ref>.
La victoire de la gauche le 10 mai 1981 accélérera définitivement la dissolution de ce mouvement.
Pour finir, en 1986, Guy Hocquenghem dénoncera également dans sa Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary cette trahison de ses anciens camarades militants dont Serge July et Bernard Henri-Lévy de ce mouvement ainsi que leur ralliement au profit du néolibéralisme incarné par François Mitterrand à la suite des orientations prises par celui-ci sur le Tournant de la rigueur de mars 1983<ref>https://blogs.mediapart.fr/jean-jacques-birge/blog/091117/lettre-ouverte-ceux-qui-sont-passes-du-col-mao-au-rotary</ref>,<ref>https://www.monde-diplomatique.fr/2003/07/ACCARDO/10293</ref>,<ref>https://www.youtube.com/watch?v=L2M70KFwdgQ</ref>.
Polémiques
Après Mai 68, Nicolas Boulte rejoint la Gauche prolétarienne et « s'établit » comme ouvrier chez Renault à l'usine de Boulogne-Billancourt<ref>Morgan Sportès, Ils ont tué Pierre Overney : roman, Grasset & Fasquelle, 2008, page 158.</ref>,<ref>Denis Pelletier, Religion et politique autour de Mai 68, Socio, 10|2018, lire en ligne, Modèle:DOI.</ref>. Il est alors actif dans une structure créée par la GP dans l'usine, le Comité de lutte Renault.
Très critique par rapport aux pratiques de ce comité, il rédige, sous le pseudonyme de Baruch Zorobabel, au printemps 1972, une Tentative de bilan du Comité de lutte Renault qui est publiée en octobre par la revue conseilliste Informations et correspondances ouvrières<ref>Christian Beuvain, Florent Schoumacher, Chronologie des maoïsmes en France, des années 1930 à 2010, revue électronique Dissidences, Modèle:N°, printemps 2012, lire en ligne.</ref>,<ref>Centre international de recherches sur l'anarchisme (Lausanne) : notice.</ref>,<ref>Baruch Zorobabel / Nicolas Boulte, Tentative de bilan du Comité de lutte Renault, Paris, 5 juillet 1972, Informations et correspondances ouvrières, supplément au Modèle:N°, octobre 1972, Modèle:Lire en ligne.</ref>.
Dans ce mémoire, l'auteur analyse une « idéologie de l'activisme coupée de la réalité quotidienne » : par manque d'implantation réelle chez les ouvriers, les maos sont contraints pour exister à mettre en œuvre une stratégie « militariste » de surenchère permanente dans l'affrontement avec les agents de maitrise aux portes de l'usine. C'est, d'après l'auteur, ce type d'action qui est à l'origine du meurtre de Pierre Overney, le Modèle:Date-, par un vigile de Renault<ref>Rémi Hess, Le maoïsme, l'analyse et les analyseurs, L'Homme et la société, Modèle:N°, 1973, Analyse institutionnelle et socianalyse, Modèle:Doi, page 41.</ref>.
En 2008, Morgan Sportès reprend cette trame dans son livre Ils ont tué Pierre Overney.
Publications
En plus du journal La Cause du peuple, la Gauche prolétarienne publie un organe théorique : Les Cahiers de la Gauche prolétarienne.
- De la révolution antiautoritaire à la révolution prolétarienne, Modèle:N°, Modèle:Date-.
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
Essais historiques et journalistiques
- Christophe Bourseiller, Les maoïstes : la folle histoire des gardes rouges français, Plon, 1996.
Bibliographie et ouvrages contemporains
- Génération, par Hervé Hamon et Patrick Rotman, Éditions du Seuil, 1987.
- Patrick Jarrel, Éléments pour une histoire de l'ex-gauche prolétarienne : Cinq ans d'intervention en milieu ouvrier, N.B.E., 1974.
- Philippe Lardinois, De Pierre Victor à Benny Lévy, de Mao à Moïse ?, Luc Pire, 2008.
- Jean-Pierre Le Goff, Mai 68, l'héritage impossible, La Découverte, 1998.
- Jeannine Verdès-Leroux, La foi des vaincus. Les « révolutionnaires » français de 1945 à 2005, Fayard, 2005 Modèle:ISBN.
- Christian Beuvain, Florent Schoumacher, Chronologie des maoïsmes en France, des années 1930 à 2010, revue électronique Dissidences, Modèle:N°, printemps 2012, texte intégral.
- Mathieu Dejean, Comment le maoïsme a séduit une partie de la jeunesse des années 68 en France, Les Inrockuptibles, Modèle:Date-, Modèle:Lire en ligne.
Études sociologiques
- Christian Chevandier, La Fabrique d'une génération. Georges Valero, postier, militant, écrivain, Les Belles Lettres, 2009.
- Marnix Dressen, De l'amphi à l'établi, Belin, 2002.
- Virginie Linhart, Volontaires pour l'usine. Vies d'établis (1967-1977), Éditions du Seuil, collection « L'épreuve des faits », 1994.
Témoignages d'anciens militants de la GP
- Baruch Zorobabel / Nicolas Boulte, Tentative de bilan du Comité de lutte Renault, Paris, Modèle:Date-, Modèle:Lire en ligne.
- Collectif, Les nouveaux partisans : Histoire de la gauche prolétarienne, Éditions Al Dante, 2015, Modèle:ISBN.
- Modèle:Ouvrage.
- Frédéric H. Fajardie, Jeunes femmes rouges toujours plus belles, La Table ronde (roman), 1987.
- Robert Linhart, L'Établi, Les Éditions de Minuit, 1978 (étude ethnologique romancée et autobiographique)
- Jean-Pierre Martin, Le Laminoir, roman, Champ Vallon, 1995.
- Jean-Claude Milner, L'arrogance du présent. Regards sur une décennie, 1965-1975, Paris, Grasset, coll. « Figures », 2009 Modèle:ISBN
- Jean Rolin, L'Organisation, Gallimard, 1996 (roman)
- Olivier Rolin, Tigre en papier, Seuil, Fiction et Cie, 2002 (roman)
- Daniel Rondeau, L'Enthousiasme, Les Cahiers Rouges, Grasset, 2006 ; première édition, Quai Voltaire, 1988.
- Laurent Joffrin, Cécile Daumas, Rachid Laïreche, Serge July : le 22 mars 1968, « personne ne voulait de leaders », Libération, Modèle:Date-, Modèle:Lire en ligne.
- Dominique Grange, Jacques Tardi : Lise et les Nouveaux Partisans, Delcourt (éditions), 2021.
Récits et enquêtes divers
- David Defendi, L'arme à gauche, Flammarion, 2008.
- Virginie Linhart, Le jour où mon père s'est tu, Éditions du Seuil, collection « H.C. – essais », 2008.
- Jean-Pierre Martin, Éloge de l'apostat, Éditions du Seuil, coll. « Fiction & Cie », 2010.
- Morgan Sportès, Maos, Grasset, 2006 (Prix Renaudot des lycéens 2006).
- Id., Ils ont tué Pierre Overney, Grasset, 2008.
Films documentaires
- Jean-Pierre Thorn, Oser lutter, oser vaincre, 1968, France, (95 min)<ref group="n">Mai 68 à l'usine Renault de Flins, la base déborde le syndicat et occupe l'usine sans attendre les mots d'ordre. cineclubdecaen.com</ref>.
- Anne Argouse, Hugues Peyret, Mort pour la cause du peuple, France 3, Modèle:Date-<ref group="n">Le 5 mars 1972, plus de Modèle:Unité forment un cortège funéraire qui accompagne dans les rues de Paris le cercueil d'un jeune inconnu, Pierre Overney. Dans la foule certains ont le poing levé et crient « Nous vengerons Pierrot !» haute-normandie.france3.fr</ref>.
- Benny Lévy, la révolution impossible, film itinéraire, de la création de la Gauche prolétarienne à la mort de Benny Lévy, son dirigeant en 2003. Témoignages, entre autres, d'Olivier Rolin, Michel Lebris et archives sur Foucault, Sartre, Levinas. Modèle:Nombre. Production Arte/SZ Productions. Réalisation Isy Morgensztern
- Notes
Vidéographie
- Arrestation de Jean-Paul Sartre, JT 20H, ORTF, Modèle:Date-, voir en ligne.
- Interviewes de militants de la Gauche prolétarienne à la fac de Grenoble II, Vingt quatre heures sur la deux, ORTF, Modèle:Date-, voir en ligne.
- Isabelle Sommier, Recomposition de l’extrême-gauche dans l’après-68, Colloque Mai 68 en quarantaine, Canal-U, 2008, voir en ligne.
- Gérald Mury, Christian Mottier, Les maoïstes, Temps présent, Radio télévision suisse, Modèle:Date-, voir en ligne.
Travaux universitaires
- Jean-Paul Étienne, La Gauche prolétarienne (1968-1973) : illégalisme révolutionnaire et justice populaire, Thèse de doctorat en Science politique sous la dir. de Jean-Marie Vincent, Université Paris-VIII, 2003, texte intégral.
- David Hamelin, Entretien avec Jean-Paul Cruse, Dissidences, Modèle:N°, printemps 2012 revuesshs.u-bourgogne.
- Modèle:Chapitre.
Articles connexes
- Secours rouge (France)
- Mao-spontex
- Le journal La Cause du peuple (CdP)
- Libertaire
- Gilles Tautin
- Revolutionärer Kampf
- Lotta continua
- Gauchisme
Liens externes
- Modèle:Autorité
- Modèle:Bases
- Modèle:Dictionnaires
- Système universitaire de documentation - publications liées.
- Gallica - documents en ligne.
- Documents de la Gauche prolétarienne (dont Coup pour Coup), photos de la mort de Pierre Overney, mp3.
- Témoignage d’un ancien militant de la GP sur la mort de Pierre Overney.
- Témoignage de Jean Paul Cruse, ancien militant de l’UJCML et fondateur de la GP.