Action directe (théorie politique)

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}

Modèle:Voir homonymes Modèle:Confusion

Fichier:Ungovernable.jpg
« Peu importe pour qui ils votent, nous sommes ingouvernables », un Black Bloc en 2008.
Fichier:Gp-esso.jpg
Une action directe non-violente de Greenpeace contre Esso en 2003.

Une action directe, dans les domaines politiques et sociaux, est le mouvement d'un individu ou d'un groupe qui agit par lui-même, afin de peser directement sur un rapport de force pour changer une situation et ceci, sans déléguer le pouvoir à un intermédiaire (« représentant », professionnel de la politique, bureaucrate, etc.)<ref name=Russel>Joshua Kahn Russel, L'action directe, in Andrew Boyd, Dave Oswald Mitchell, Joyeux Bordel, Tactiques, Principes et Théories pour faire la Révolution, Les liens qui libèrent, 2015, Modèle:ISBN, lire en ligne.</ref>. Principalement rattachée à la mouvance anarchiste dont elle est issue, l'action directe peut être pacifique ou non. Elle est également utilisée de nos jours par des mouvements qui ne se réclament officiellement d'aucun courant de l'anarchisme.

Une action directe peut être légale ou illégale, elle ne correspond ni à un légalisme étroit ni à un illégalisme de principe. Elle n’est pas nécessairement violente, mais elle n’exclut pas obligatoirement la violence<ref name=Besnard1>Pierre Besnard, L'action directe, in Les Syndicats Ouvriers et la Révolution sociale, Paris, 1930, Modèle:Lire en ligne.</ref>. Il n’y a donc pas de forme spécifique à une action directe<ref name=Colson>Daniel Colson, L’action directe, Réfractions, n°7, automne 2001, Modèle:Lire en ligne, Modèle:Lire en ligne.</ref>.

La désobéissance civile est une forme d'action directe qui implique de ne pas respecter une loi volontairement, en plaçant la conscience morale au-dessus de la loi<ref name=Russel/>.

L'action directe est généralement opposée à « l’action indirecte ou politique »<ref group=n>Modèle:Citation bloc</ref>.

Éléments historiques

Fichier:Voltairine de Cleyre (Age 35).jpg
Voltairine de Cleyre à Philadelphie en 1901.

En 1912, dans son essai en défense de l'action directe, l'anarchiste américaine Voltairine de Cleyre souligne des exemples tels que ceux de la Boston Tea Party en faisant remarquer que Modèle:Citation. Elle précise, par ailleurs, le côté quasi-universel de son utilisation : Modèle:Citation<ref>Voltairine de Cleyre, De l'action directe, Mother Earth, 1912, Modèle:Lire en ligne.</ref>

En 1930, le syndicaliste révolutionnaire Pierre Besnard définit l'action directe comme « une action individuelle ou collective exercée contre l’adversaire social par les seuls moyens de l’individu et du groupement. L’action directe est, en général, employée par les travailleurs organisés ou les individualités évoluées par opposition à l’action parlementaire aidée ou non par l’État. [...] L’action directe peut être légale ou illégale. […] L’action directe n’est pas, cependant, nécessairement violente, mais elle n’exclut pas la violence. Elle n’est pas, non plus, forcément offensive. Elle peut parfaitement être défensive ou préventive […] »<ref name=Besnard1/>.

En 1963, depuis sa cellule de la prison de Birmingham, Martin Luther King explique sa philosophie de l'action directe : « Vous vous demandez sûrement : « Pourquoi choisir l'action directe ? Pourquoi organiser des sit-in, des marches, etc. ? La négociation n'est-elle pas un meilleur chemin ? » Vous avez tout à fait raison en faisant appel à la négociation. Car c'est bien là le but même de l'action directe. L'action directe non violente vise à créer un état de crise et une tension suffisante pour obliger à négocier une communauté qui s'y est toujours refusée »<ref>David L. Lewis, L'année 1963, in Martin Luther King, Encyclopédie Universalis, lire en ligne.</ref>.

En 2009, le philosophe Jean-Christophe Angaut précise « la notion d’action directe, telle qu’elle est élaborée à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, désigne une action menée directement par ceux qui sont concernés, indépendamment de toute médiation étatique (par exemple une grève générale expropriatrice, menée par les intéressés et qui consiste à mettre directement en place un autre mode de production, est une action directe ; un assassinat qui prétend défier le pouvoir d’État pour en préparer la conquête n’est pas une action directe) »<ref>Jean-Christophe Angaut, Carl Schmitt, lecteur de Bakounine, Astérion, 6 | 2009, lire en ligne.</ref>.

Origines syndicalistes

Modèle:Encadré

Fichier:Pouget.jpg
Émile Pouget, Le Sabotage, 1898 (réédition).

La notion d'action directe apparaît chez les syndicalistes révolutionnaires et les anarcho-syndicalistes au début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle.

En 1908, les Industrial Workers of the World américains la définit simplement comme « l’action économique des travailleurs, eux-mêmes, sans l’aide trompeuse des leaders réformistes ou de politiciens. Une grève qui est décidée, contrôlée et menée directement par les travailleurs est une action directe.., l’action directe c’est l’action commune sur le lieu de travail pour améliorer les conditions de celui-ci »<ref>Thierry Porré, Les Industrial Workers of the World, Le Syndicalisme d’action directe aux États-Unis, Le Monde libertaire, avril 1972, lire en ligne.</ref>.

Émile Pouget, leader de la Confédération générale du travail d'avant 1914 précise : « L’action directe, manifestation de la force et de la volonté ouvrière, se matérialise, suivant les circonstances et le milieu, par des actes qui peuvent être très anodins, comme aussi ils peuvent être très violents. C’est une question de nécessité, simplement. Il n’y a donc pas de forme spécifique à l’action directe. » (L'Action Directe, 1910)<ref>Alain Bauer, François-Bernard Huyghe, Les terroristes disent toujours ce qu'ils vont faire : Terrorisme et révolution par les textes, Presses Universitaires de France, 2018, p. 127.</ref>.

Refus radical des médiations politiques

L'action directe, individuelle ou collective, fonde l'autonomie des luttes ouvrières vis-à-vis des pouvoirs constitués. Pierre Besnard écrit, en 1930 : « Le syndicalisme révolutionnaire possède une méthode d’action bien à lui : l’action directe. » Pour tout de suite nous mettre en garde : « Il est, je crois, nécessaire d’en donner une définition aussi précise que possible. Cela me paraît même d’autant plus nécessaire que des erreurs de compréhension au sujet de l’action directe sont plus graves et risquent d’être plus dangereuses »<ref name=Besnard1/>.

Né de la réflexion sur l'échec de la propagande par le fait, l'action directe ne se résume pas à l'usage caricatural de la « violence directe ». Elle vise surtout à rompre avec les techniques d'encadrements institutionnels et à s'affranchir des idéologies sur lesquelles elles reposent. C'est donc par essence un refus radical des médiations politiques. Pour ses partisans, condition de l'émergence d'une créativité révolutionnaire, l'action directe généralisé a pour objectif la grève générale expropriatrice.

La notion d’action directe avec son rejet d'une politique qui demande aux gouvernements de modifier leur fonctionnement, en faveur d’une intervention physique contre le pouvoir d’État d'une manière qui préfigure elle-même une alternative, tout cela émerge directement de la tradition libertaire<ref>David Graeber, Les nouveaux anarchistes, [The new anarchists], New Left Review, n°13, janvier-février 2002, en français, en anglais.</ref>. Le concept d’action directe est une clé essentielle pour saisir la nature du projet libertaire<ref>Rédaction, Dico anticapitaliste : Qu’est-ce que l’action directe, Alternative libertaire, n°171, mars 2008, lire en ligne.</ref>.

Le syndicaliste Jacques Rennes décrit l’action directe comme « le procédé de commencement, de développement et de fin du syndicalisme » et considère que « l’action directe n’est pas seulement un acte de combat corps à corps, mais un acte de construction, un acte institutionnel […] l’action directe s’étend ainsi de la grève à la création de bibliothèques populaires […] parmi cent autres institutions. »<ref>Jacques Rennes, Syndicalisme français, Librairie Marcel Rivière, 1948, p. 106.</ref>. Il assigne, par ailleurs, d’autres dimensions à l’action directe. Ainsi dans la lutte contre le militarisme, le sabotage et le boycott sont-ils considérés, pour lui, comme des formes de l'action révolutionnaire.

Différents types d'actions directes

La classification ci-dessous est nécessairement arbitraire, dans la réalité les formes d'action ne sont pas aussi cloisonnées et peuvent passer d'une catégorie à une autre. Ainsi, par exemple des zones à défendre ou du Black Bloc.

Dans Désobéir : le petit manuel, Xavier Renou répertorie les objectifs (et actions non violentes) suivants<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> :
  • Sensibiliser le public (action théâtrale et action clown) ;
  • Ternir la réputation (harcèlement démocratique, remise du prix du pire, présence symbolique et continue) ;
  • Contester la légitimité (élection parallèle, décision politique de rupture, désobéissance juridique, destructions politiques, action symbolique de rupture, mise en danger de soi-même et usurpation civile) ;
  • Faire perdre du temps et/ou de l'argent (grève, occupation, blocage, perturbation, réappropriation, neutralisation et boycott).
Désobéir : le petit manuel liste également différents rôles à prévoir lors de telles actions, notamment : militants, coordinateurs, médiateurs (baisser la tension et expliquer le message), anges gardiens (prendre soin des militants), porte-paroles, contacts presse, contacts police, logistique, etc.<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Fichier:Drapeau Sea Shepherd.svg
Drapeau de Sea Shepherd Conservation Society
  • Action directe avec usage de la force sur la police : opposition physique à une expulsion, protection ou libération de manifestants arrêtés par la police lors de manifestations (voir Black Bloc).
  • Action directe révolutionnaire : sans médiation politique, des structures autonomes organisent une action directe massive et consciente qui se posent en alternative au pouvoir politique en place.

Quelques exemples d'actions directes

Action directe individuelle

Action directe collective

  • En 1999, des paysans français (parmi lesquels José Bové) « démontent » un McDonald's en construction, et amènent ainsi un débat public sur l'OMC, les OGM et la nourriture industrielle.
  • Des associations de défense de l'environnement, telles Greenpeace, utilisent des formes d'action directe non -violente, mais parfois illégales, pour alerter l'opinion<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} The Britannica Guide to Political Science and Social Movements - That Changed the Modern World, Britannica Educational Publishing, 2009, p. 361.</ref>.
Fichier:Rote Flora Demonstration 2011 (4).jpg
Black Bloc dans une manifestation pour la Rote Flora, à Hambourg en 2011.
  • En France, depuis 2009, le réseau international No Border apporte un soutien inconditionnel aux migrants de Calais qui veulent rejoindre la Grande-Bretagne. Il les aide à entreprendre des démarches administratives et ouvre parfois des squats pour les accueillir<ref name=Figaro1>Modèle:Article.</ref>. En 2013, les No Border sont les premiers à prendre l’initiative de la mise à l'abri des femmes migrantes à Calais<ref>Modèle:Article.</ref>.
Fichier:Cutters1.preview.jpg
indicationDeLangue}} Awalls, 30 Meters of the Wall Dismantled in Beit Mirsim, sur israel.indymedia.org, 2007</ref>

Notes et références

Notes

Modèle:Références

Références

Modèle:Références

Annexes

Modèle:Autres projets

Bibliographie et sources

Manuels
Autres langues
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Oscar Freán Hernández, « El paso a la acción directa », Cahiers de civilisation espagnole contemporaine, numéro 19, 2017 Modèle:Lire en ligne, Modèle:DOI.

Vidéo

  • Philippe Roziès, Lutter... ici et maintenant, LCP-Assemblée nationale, KUIV productions, 2013, 60 minutes, voir en ligne.

Articles connexes

Modèle:Colonnes

Liens externes

Modèle:Palette Modèle:Portail